Première partie : Analyse du sondage et
interprétation.
La population étudiée est intégralement
constituée d'étudiants de la deuxième année de
licence d'économie et gestion de l'UPEC. Pour une majorité, il
s'agit de L2 Plus avec la présence d'autres étudiants de la L2
« classique ».
Notre échantillon comporte une population
majoritairement féminine : 66,7 % des sondés sont des femmes
contre 33,3 % d'hommes. Cette différence peut s'expliquer par la
concentration de l'échantillon et par la structure sociale des
études supérieures. En effet, les femmes semblent davantage
disposées aux longues études (de plus de trois ans après
le baccalauréat) en raison de certaines qualités : la
maîtrise de soi, l'autodiscipline, la concentration et la
persévérance. Ce constat est visible dans la
quasi-totalité des pays du monde en raison des contextes sociaux et des
théories du genre qui associent les femmes à un caractère
plus calme et plus littéraire que les hommes.
Pour insister sur la particularité de cet
échantillon, 46,7% des participants habitent dans le 94,
département de l'Université Paris-Est Créteil, 20% dans le
93 ou encore 10% dans le 91.
Des jeunes de
l'UPECoptimistes avec des motivations très diverses.
A la question « Ressentez-vous, d'une manière
ou d'une autre, l'envie de changer le monde ? », les
interrogés ont quasiment réponduà l'unanimité
« oui ». 80 % d'entre eux sont convaincus que des
changements sont à réaliser dans le futur proche. Ce n'est
d'ailleurs pas si étonnant étant donné que les 18-25 ans
ont toujours été considérés comme la
génération active pour faire bouger les lignes, qui plus est
à l'heure des nouvelles technologies, capables d'accentuer leur
voix.Cette réponse peut être analysée sous deux
plans : elle reflète un optimisme non caché des
étudiants qui n'est plus à prouver. Dans un contexte de
chômage étudiant important et de croissance économique
limitée, les 18-25 ans sont motivés par l'initiative comme le
prouve l'engouement croissant pour l'entrepreneuriat qui se fait de plus en
plus présent dans le paysage français. Cependant, cela peut
également être interprété comme un signe de
frustration. Non contents de leur situation personnelle, de l'évolution
du marché du travail ou de la croissance des inégalités au
sein de notre pays, ces derniers éprouvent alors peut-être ce
besoin de changement. Les motivations de réponse à cette question
sont donc assez floues.
Afin d'en savoir plus sur leurs moyens d'action, je me suis
ensuite interrogé sur leurs activités et si ces dernières
étaient liées à leur réponse
précédente. Parmi les 24 personnes ayant répondu
« oui », seuls sept personnes, soit 30%, ne pratiquent pas
d'activité extra-scolaire. A l'inverse, une seule personne sur les cinq
ayant répondu « non » ne pratique pas
d'activité. Autrement dit, même les étudiants qui ne
ressentent pas l'envie de changer le monde s'expriment dans des
activités extra-universitaires. On y retrouve notamment un peu plus
d'une personne sur deux qui pratique une activité sportive, sixayant une
activité professionnelle, cinq faisant partie d'une association, trois
exerçant une activité artistique et deuxqui sont
impliquées dans une activité entrepreneuriale. Les motivations
des étudiants sont donc diverses.
La question suivante avait donc pour vocation de
déterminer ces raisons de pratiquer des activités
extra-universitaires. Les étudiants ont ici pu choisir plusieurs
motivations, afin de cerner l'ensemble des facteurs qui les poussent à
agir. Des éléments de réponse sur la nature de
l'engagement étudiant nous ont été fournis : on
constate très clairement que les motivations dites
« émotionnelles » supplantent les motivations
« rationnelles ». Le besoin de se défouler arrive en
tête avec 14 des interrogés, une motivation personnelle souvent
reliée au sport. 13 personnes ont déclaré que cela leur
apportait du bonheur ou leur permettait de partager des
évènements avec les autres. La relation avec autrui est ici
prépondérante : les jeunes souhaitent changer le monde, mais
pas seulement d'un point de vue individuel. Ils désirent
améliorer la situation d'un collectif voire de l'ensemble des personnes
par la même occasion. Seulement cinq personnes ont confié que cela
leur donnait un sentiment d'importance et quatre que leur engagement
était effectué pour être mentionné dans leur
curriculum vitae. Cela renforce l'idée que la motivation de l'engagement
étudiant est davantage portée vers l'altruisme, une
hypothèse qui vient contraster les théories sur l'individualisme
comme moteur de la Société d'aujourd'hui. Cependant, il faut tout
de même considérer la possibilité d'un biais dans ces
conclusions : outre le fait que cet échantillon est trop petit pour
refléter l'ensemble de la population étudiante en France, il est
fort probable que certains interrogés aient
délibérément décidé de ne pas mentionner la
dernière option « Pour le CV » en raison du
caractère rationnel et calculateur de cette dernière.
Plus précisément, les étudiants semblent
principalement motivés par la frustration. Au-delà d'une envie
d'améliorer leur quartier ou leur ville, ils pratiquent une
activité pour remédier aux sentiments
négatifscausés par leurs problèmes personnels. Cela vient
corroborer l'idée de la frustration comme levier d'action. En effet,
beaucoup d'initiatives trouvent leur origine dans un problème à
résoudre ou une situation jugée intolérable. C'est une
grande source de motivation qui frappe toutes les générations, y
compris les 18-25 ans malgré leurs conditions de vie de plus en plus
difficiles.
Causes de l'engagement des
étudiants de l'UPEC et avis sur son utilité.
Nous savons donc que les jeunes voient dans leur action le
moyen d'améliorer le collectif, mais sont-ils plus sensibles à
des activités collectives ou, comme on pourrait se l'imaginer avec les
nouvelles technologies, prédisposés à des activités
individuelles ?
Pour répondre à cette interrogation, la
question : « Pensez-vous qu'une action collective est plus
efficace qu'une action individuelle pour obtenir ce que l'on
recherche ? » leur a été posée. La
réponse estune nouvelle fois quasi unanime : pour 83,3 % d'entre
eux, l'action collective est plus pertinente. Encore une fois, il s'agit
là d'une réponse aux antipodes de certains préjugés
sur cette population et pourtant en y réfléchissant, ce n'est pas
si surprenant. Le monde étudiant est une source de réseau
impressionnant où les individus sont en échange constant et
où les relations sociales sont facilitées. Dans ces conditions,
l'esprit de solidarité et l'organisation collective sont fortement mis
en avant. Des groupes possédant les mêmes revendications peuvent
se former rapidement et s'organiser de manière plus simple que dans le
cas des actifs déjà présents sur le marché du
travail.
On observe que les 16,7% des sondés ayant
répondu « non » pratiquent une activité
sportive ou ne pratiquent tout simplement pas d'activité. Il existe
nombreuses valeurs collectives dans le domaine du sport, mais on peut
émettre l'hypothèse que les valeurs individuelles prennent ici le
pas et reflètent donc un certain individualisme. Aucune de ces personnes
ne fait partie d'une association : la dualité est donc ici
très marquée.
J'ai ensuite souhaité savoir pour quelle cause les
étudiants de la L2 économie-gestion étaient le plus
sensibles.
Tout d'abord, 47% d'entre eux ont déclaré que
leur principale préoccupation était l'aide aux plus
démunis, à savoir les foyers en difficulté et les
sans-abris. 26,7% sont tournés vers l'environnement, qui arrive
deuxième position pour cette question. Il ne s'agit pas d'une surprise
étant donné la place toujours plus grande qu'occupe
l'environnement. La COP 21, les différentes mesures prises et
appliquées ou encore l'apparition de certains symptômes du
réchauffement climatique rendent ce résultat logique. 10%
souhaitent utiliser leur temps d'activité pour aider les
réfugiés politiques, un avis de plus en plus fréquent avec
les évènements géopolitiques actuels. Enfin, la politique
et le sport (en tant que diffuseur de valeurs) viennent clore les options
proposées aux interrogés. On notera ici que la réponse
« Autre » n'a pas été sollicitée. La
politique avec seulement deux personnes arrive dernière, un fait qui
tend vers le manque d'implication politique de la génération
actuelle des 18-25 ans. Cela répond à un ras-le-bol et à
une offre politique jugée insuffisante et inefficace dans un monde
où les agents privés ont un pouvoir important. Il est
également possible que le chômage des jeunes très
élevé (20% en France en 2015) enfle ce rejet.
Il m'est alors apparu important de quantifier le ressenti des
étudiants à propos de leurs activités et engagements. Pour
cela, une échelle allant de 1 à 10 a été mise
à disposition, avec comme extrêmes 1 pour
« inutile » et 10 pour « très
utile ».
Les interrogés sont en majorité optimistes sur
l'efficience de leurs actions. En effet, 46,7% d'entre eux ont répondu
sept ou huit. Seulement 15% ont répondu « moins de
5 ». Les étudiants sont doncconvaincus que l'engagement
étudiant a un réel poids en plus d'être favorables à
une action collective pour améliorer leur quotidien ainsi que celui de
la Société. On peut alors supposer qu'au-delà du
changement de priorités des 18-25 ans, leurs motivations pour faire
bouger les choses sontrestées intactes.
Il est tout de même important de noter que les personnes
ne pensant pas l'action collective comme plus efficace que l'action personnelle
ont toutes, sans exception, évaluées l'utilité de
l'engagement étudiant avec des notes inférieures ou égales
à 5.
Questions sur le service
civique :
Le service civique est un programme gouvernemental
créé il y a six ans afin d'offrir aux jeunes un moyen d'effectuer
une expérience valorisante tout en apportant une plus-value à
leur environnement proche. Plus de 85 000 jeunes ont déjà
profité de ce projet et son image est positive dans toutes les couches
de la population française.
Afin de faire un parallèle viable avec les
études nationales, j'ai repris la question commune à beaucoup de
sondages étudiants : « Pensez-vous que le service
civique est une bonne chose ? ». En cohérence avec
l'échantillon de notre étude, le « oui »
s'est imposé avec 86,7% des étudiants. Pour l'essentiel des
sondés, il s'agit d'une opportunité tant pour le jeune que pour
l'organisme ou la commune qui en profite.
L'étude des avantages et inconvénients
relevés dans celui-ci pourrait-nous permettre de mieux cerner les
motivations à ce projet et à terme l'engouement de l'engagement
étudiant. Pour cela, j'ai demandé aux interrogés quels
étaient le principal avantage et le principal inconvénient du
service civique selon eux.
Concernant l'avantage prépondérant, la
réponse est unanime : 53,3% ont répondu que le service
civique permet de « transmettre des valeurs de
solidarité » et donc d'apprendre à vivre en
Société. Ce graphique en forme de radar nous permet de constater
que l'apport collectif supplante grandement l'apport personnel dans le cas de
notre échantillon.Concernant les autres réponses, 20% d'entre eux
pensent que cela apporte « une première expérience
utile » pour la suite de leur parcours professionnel/universitaire et
13,3 % qu'il permet « l'intégration des jeunes ».
Par opposition, la question du principal inconvénient
dans la réalisation du service civique leur a également
été posée. 36% regrettent le manque d'accessibilité
à ce programme : la contrainte d'âge, par exemple, ne les
encourage pas à s'y investir. Pour 33%, les missions proposées
dans ce cadre ne conviennent que trop peu aux aspirations et
intérêts des jeunes. Cette réponse va dans la logique d'un
engagement autonome. Les 18-25 ans de la génération Y sont
motivés par une activité qui les passionne et souhaitent
l'exercer par eux-mêmes et non de manière
« conventionnelle » où ils peuvent être
dirigés. Seulement 13,3% pensent qu'il n'est pas assez
rémunéré, un élément accordant de la
crédibilité sur l'évolution des motivations des nouvelles
générations, axées sur le bien-être et le partage
avant la recherche pécuniaire. Enfin, 6,7% pensent que le jeune va
prendre la place d'un salarié, 6,7% déclarent que le service
civique ne présente pas d'inconvénient majeur à leurs yeux
et 3,3% ont répondu « Autre ».
L'engouement pour le service civique est donc principalement
freiné son inadéquation avec le besoin d'autonomie et les
désirs des étudiants.
Professions des parents et engouement à
l'engagement étudiant.
Les études sociologiques de Pierre Bourdieu ont
conclues dans les années 90 qu'il existait une différence de
chances et de réussite entre les enfants des classes
« populaires » et aisées. Cette théorie,
mainte fois reprise pour s'intéresser à d'autres problèmes
liés à la répartition du savoir entre les individus a
inspiré cette sous-partie. En effet, je me suis questionné sur un
possible rapport entre l'origine sociale et économique des
étudiants et sur leur engagement dans la cité, car il m'a
semblé que cette dernière peut avoir un effet conséquent.
J'ai tout d'abord demandé aux étudiants
quelle(s) étai(en)t la ou les professions de leurs parents : 40%
des interrogés ont au moins un parent cadre, 16,7% un parent
exerçant une profession intermédiaire, 33,3% un parent
employé, 13,3% un parent ouvrier, 23,3% un parent entrepreneur et enfin
une seule personne a au moins un parent agriculteur.
J'ai recueilli leur avis afin d'avoir une vision globalesur ce
sujet. A la question « Pensez-vous que l'origine sociale est un
facteur déterminant de l'action étudiante ? »,
53,3% ont répondu « Oui » : il y a donc ici un
réel débat. L'origine sociale pourrait en effet jouer sur
l'engagement des étudiants de plusieurs manières. Tout d'abord,
l'accès à l'information ou à des contacts de la famille
proche peut apporter des opportunités pour la création d'un
projet ou la participation à une initiative. De plus, le savoir
incorporé peut permettre une réflexion plus aboutie et donc
motiver à l'action.
Profession des parents
|
Employé(s)
|
Profession intermédiaire
|
Agriculteur(s)
|
Cadre(s)
|
Entrepreneur(s)
|
Ouvriers
|
Avis
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|
|
|
|
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Oui
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8
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2
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1
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5
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3
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3
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Non
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2
|
3
|
0
|
7
|
4
|
1
|
On constate qu'il n'existe pas ici de lien évident
entre la profession exercée par les parents d'un étudiant
interrogé et sa réponse concernant le rôle de l'origine
sociale dans l'engagement, sauf dans le cas des enfants d'au moins un parent
employé ou ouvrier.
Empiriquement, les enfants d'ouvriers ou d'employés
étaient davantage concernés par ce problème que les
enfants de cadres. Il est cependant très probable que la recherche de
mixité sociale dans le supérieur depuis un peu plus d'une
décennie ainsi que les dispositifs pour aider les enfants de familles
« plus populaires », si cela a encore un sens dans notre
contexte de standardisation du savoir, ont résolu en partie ces
inégalités. De même, la notation de l'utilité de
l'engagement étudiant entre 1 et 10 conforte cette idée
d'hétérogénéité des réponses au sein
de chaque classe.
Profession des parents
|
Employé(s)
|
Profession intermédiaire
|
Agriculteur(s)
|
Cadre(s)
|
Entrepreneur(s)
|
Ouvriers
|
Note
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0
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0
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0
|
0
|
0
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0
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1
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0
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0
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0
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0
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0
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0
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2
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0
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0
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0
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0
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0
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3
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0
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1
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1
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0
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4
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0
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0
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0
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5
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3
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0
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0
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1
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2
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0
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6
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1
|
0
|
0
|
0
|
0
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0
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7
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3
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3
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0
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4
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1
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2
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8
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2
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0
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1
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1
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1
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2
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9
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0
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0
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0
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2
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0
|
0
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10
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0
|
0
|
0
|
1
|
2
|
0
|
Présence des initiatives ponctuelles au sein de
l'échantillon.
Comme dit précédemment, les nouvelles
technologies ont modifié la structure de l'action étudiante. Les
regroupements « à l'ancienne » ont partiellement
cédé place à des outils informatiques ou à des
adhésions individuelles. La question « Participez-vous aux
initiatives suivantes ? » a pour objectif d'identifier si les
tendances actuelles sont vérifiables dans notre échantillon. Afin
d'y parvenir, il a été permis la sélection de plusieurs
réponses car les étudiants peuvent s'impliquer de diverses
manières dans la vie de la Société.
On observe dans un premier temps la très faible
présence des sondés dans l'engagement syndical. Seulement deux
d'entre eux sont membres d'une association ou d'un syndicat étudiant. Il
semblerait que conformément aux aprioris sur les nouvelles
générations, le manque de présence dans les groupes
politisés est vérifié ici. Cependant cela signifie-t-il
pour autant que les étudiants sont moins impliqués ?
Il apparait que non : la grande majorité d'entre
eux participent à des actions de soutien. Huit d'entre eux sont
donateurs, et donc par conséquent assez détachés de
l'association bénéficiaire. Le point important ici est le poids
des actions collectives. Pour rappel, 83,3 % des sondés sont convaincus
de la pertinence d'une action collective pour faire bouger les choses. On
retrouve ici ce ressenti avec la participation de 13 personnesà des
maraudes, qui constituent des activités permettant de partager des
moments de manière directe et surtout à travers un collectif.
Paradoxalement, la deuxième option qui arrive en tête est
directement issue de la « révolution de
l'engagement » : 11 étudiants soutiennent des projets
à travers la signature de pétitions, notamment en ligne sur des
plateformes du type Avaast. Cet outil est à la fois
l'expression d'une implication plus personnelle mais il se détache
surtout des maraudes par un côté social
délibérément moins présent. Enfin, neuf personnes
ne participent pas à ces initiatives.
Les étudiants de l'UPEC sont adeptes d'activités
traditionnelles et d'autres plus récentes, un mix qui leur permet un
engagement plus flexible que celui des générations
précédentes. En effet, en optant pour des maraudes et des
pétitions où il n'existe pas de contrainte de présence
minimum, ils sont sûrs de pouvoir s'impliquer sans pour autant sacrifier
le temps nécessaire à la réalisation de projets personnels
ou professionnels. Néanmoins, il nous est impossible de statuer que
l'engagement étudiant est autant présent qu'auparavant en raison
des étudiants ayant déclaré qu'ils ne participaient
à aucune de ces initiatives et en raison de la possibilité de
répondre à plusieurs réponses. En effet, les
étudiants de L2 à l'UPEC faisant des dons sont davantage
orientés vers les maraudes. Cet effet cumulatif nous empêche de
conclure quoi que ce soit avant au vu de notre taille d'échantillon,
trop petite pour obtenir une diversité de réponses distinctes.
Les études nationales pourront probablement apporter une plus-value sur
ce point.
Questions sur le lien
entre réussite académique et engagement.
On associe très souvent les étudiants
engagés à de bons élèves, capables de transposer
leur savoir dans leurs activités extra-universitaires pour en retirer
une expérience conséquente. Il est aussi très commun
d'assimiler les étudiants qui travaillent à des
élèves en difficulté en raison des heures occupées
à effectuer un job. Qu'en est-il vraiment ?
Afin de lever ces interrogations, trois questions ont
successivement été posées afin d'utiliser les
réponses des sondés pour se faire une idée dans notre
échantillon. Afin de connaitre leur situation universitaire, j'ai
demandé aux étudiants de spécifier leur moyenne
académique avant de leur demander si les études
constituaient un frein à l'engagement pour eux. Enfin, ils ont
dû répondre à une ultime question portant sur les apports
de leurs activités/actions dans le domaine universitaire ou personnel.
Sans grande surprise, une grande partie des interrogés
étant des PLUS, 70% d'entre eux possèdent une moyenne
académique supérieur à 12/20, tandis que 30% sont entre 10
et 12. Aucun des sondés ne possède une moyenne inférieure
à 10. J'ai choisis le seuil de 12/20 pour distinguer les
étudiants qui réussissent leur année et ceux qui ont plus
de mal car elle symbolise un pallier au-delà duquel les concernés
sont souvent entre la bonne performance et l'excellence. Cette majorité
de « bons étudiants » est très
intéressante car elle va permettre de surligner, ou non, une relation
entre réussite et engagement. Le temps passé à
réviser et à s'impliquer dans ses cours est-il une contrainte
pour s'engager dans d'autres activités ou au contraire une ressource
pour dépasser des obstacles ?
Les étudiants sont sur cette question très
partagés. 36,7% considèrent que leurs études apportent un
réel plus à leur expérience. Que ce soit dans une
activité professionnelle, artistique ou encore sportive les
études sont donc pour eux une source de créativité, de
connaissances, de savoir-faire et de motivation. De la même
manière que les études favorisent la lecture et d'autres
activités intellectuelles, on serait vite tenté de
généraliser cette hypothèse. Cependant, 26,7%
déclarent qu'il existe pour eux une relative incompatibilité
entre études et engagement extérieur. Ils considèrent que
l'énergie investie dans une activité extra-universitaire ne le
sera pas dans leur cursus et « qu'à trop s'éparpiller
on ne fait rien de bien ».Il est intéressant de voir qu'aucun
des étudiants qui pensent cela ne pratique une activité
professionnelle, qu'ils jugent probablement trop lourde à assurer en
parallèle de leurs études.
On remarque que la quasi-totalité des personnes ayant
répondu qu'il s'agissait d'un plus dans leurs études
possèdent une moyenne académique supérieure à
12/20. Cependant, il ne s'agit pas d'un élément probant dans le
sens où plus de 75% de l'échantillon est composé
d'étudiants avec plus de 12 de moyenne générale.
Enfin, 36,7% pensent que leurs études n'entravent pas
la pratique d'une activité mais qu'elles n'apportent pas pour autant un
plus. Pour ces étudiants, il n'existe pas de
complémentarité ni de concurrence directe entre études et
engagement.
Dans la continuité de ces observations, les personnes
qui pensent que le service civique n'est pas une bonne chose sont
comptabilisées dans les étudiants qui considèrent qu'il
n'est pas préférable d'effectuer en parallèle des
études des activités extérieures, ou du moins ceux qui
n'associent pas les études comme une ressource intellectuelle
utilisable.
Pour avoir un jugement sur ce que l'engagement étudiant
a apporté aux étudiants concernés, l'ultime question de ce
sondage a délivré des éléments de réponse
concordant avec les conclusions précédentes. Une nouvelle fois,
les étudiants ont pu sélectionner plusieurs réponses dans
l'esprit qu'une expérience peut apporter de multiples compétences
ou émotions. 19 personnes ont répondu que leur(s)
activité(s) extra-universitaire(s) les ont gratifiées d'un sens
des responsabilités, trop peu présent dans leur cursus. 18
personnes ont évoqué une plus grande confiance en soi,
élément essentiel pour progresser dans leur vie personnelle et
enfin 16 personnes ont apprécié le sens de l'autonomie
associé à leur activité.
Ces réponses sont en adéquation avec
l'idée que les étudiants sont toujours impliqués dans
l'engagement étudiant avec un besoin fort d'autonomie et d'initiative.
Conclusion de l'analyse du sondage :
Ce sondage avait pour but de tester les tendances et aprioris
sur l'engagement étudiant à travers un échantillon de
petite taille composé des L2 de l'Université Paris-Est
Créteil.
Malgré une
hétérogénéité importante de la population
étudiante, les 18-25 ans restent confiants en l'avenir et sont positifs
quant à leur parcours futur. On notera ici cependant que beaucoup
d'entre eux restent sceptiques sur leur capacité d'action personnelle.
C'est d'ailleurs la principale raison pour laquelle ils sont convaincus
à 83% qu'une action collective a plus de poids qu'une action
individuelle.
L'engagement étudiant des étudiants de la L2
Economie-Gestion de l'UPEC est motivé principalement par des valeurs
collectives et dans un second temps par les compétences que leur
engagement peut leur apporter. Ils sont notamment sensibles à l'aide aux
plus démunis et à l'environnement, des causes à
défendre qui sont revenues respectivement à hauteur de 46,7% et
26,7%.
Les activités dans lesquelles s'engagent les
étudiants sont essentiellement pratiquées comme
échappatoire et solution à la frustration qu'ils ressentent dans
leur quotidien. Plus précisément, ils y recherchent le besoin de
se défouler, l'envie de partager des expériences avec d'autres
personnes et le besoin de se sentir utile. On retrouve en tête des
réponses les pratiques sportives, associatives et artistiques qui
permettent à l'étudiant de s'épanouir personnellement tout
en participant à la vie de la Société de quelque
manière que ce soit.
Globalement, l'engagement étudiant est perçu
comme utile par les étudiants de l'UPEC et comme un levier probant pour
agir avec des résultats visibles. Dans cette idée, on retrouve
également un bon ressenti concernant le service civique, qui constitue
un moyen d'apporter quelque chose par son engagement. Il est principalement
considéré comme un facteur de transmission de valeurs sociales
(53,3%) et comme une première expérience utile (20%), des
réponses en accord avec les aspirations des étudiants.
Au-delà de la rémunération, la principale contrainte du
service civique à leurs yeux reste le manque d'accessibilité
(36,7%) et l'inadéquation entre missions proposées et
désirs des jeunes (33,3%).
L'origine sociale en tant que déterminant de
l'engagement étudiant divise les sondés. Selon les professions
des parents, les réponses des étudiants sont
hétérogènes et il n'a pas été possible de
conclure sur une réponse quant à une possible relation de
causalité.
De même, il nous a été impossible de
savoir si les étudiants de l'UPEC considèrent les études
comme un frein ou un moteur à leur engagement. Malgré une grande
proportion de « bons » étudiants, qui plus est
d'éléments de la L2 Plus et qui par conséquent se
côtoient quotidiennement, les réponses sont très
disparates. On obtient même un nombre d'interrogés
équivalent en accord sur le fait que les études ne sont pas un
obstacle mais opposés sur leur apport.
A postériori, ils sont une grande partie à avoir
acquis un plus grand sens des responsabilités, uneplus grande confiance
et plus d'autonomie à travers leurs différentes
activités.
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