Les moyens de lutte sont basés sur le traitement et la
prophylaxie. Que ce soit chez l'homme ou les animaux, les trypanocides,
utilisés depuis plus d'un demi-siècle, ont entraîné
des chimio-résistances ou ne se montrent actifs que
vis-à-vis d'un nombre limité d'espèces de trypanosomes.
Les différents trypanocides sont en règle générale
des composés arsenicaux, des diamidines ou des dérivés de
l'urée. Ce sont souvent des composés assez toxiques ou mal
tolérés qui sont utilisés chez le cheval par comparaison
avec les ruminants ou les camélidés.
Le Diminazène acéturate (Bérénil
®), surtout utilisé chez les ruminants, à la posologie de
3,5 ou de 7 mg/kg en une seule injection par voie IM est efficace
vis-à-vis des trypanosomoses africaines et T. evansi.
Vis-à-vis de T. brucei, la posologie est de 7mg/kg.
L'Isométamidium (Trypamidium ou Samorin®) peut
être utilisé, à titre préventif (0,5 mg/kg, 2
à 5 fois par an) ou à titre curatif (0,25 à 0,5 mg/kg) en
injection IM ou IV, se montre efficace contre les trypanosomoses africaines.
La Suramine sodique (Moranyl® ou Naganol®) a
été l'un des premiers trypanocides actif vis-à-vis de
T. evansi et des trypanosomoses africaines à la posologie de 7
à 10 mg/kg par voie IM, 3 à 4 injections à 8 jours
d'intervalle.
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La Pentamidine (Lomidine®) a été
utilisée pour le traitement de T. evansi à la posologie
de 2,5 à 3 mg/kg par voie IV, 3 injections espacées de 2 à
4 jours.
La Melaminophenylarsine (Cymelarsan®), utilisé
entre 0,3 et 0,6 mg/kg par voie sous-cutanée chez les ruminants, est
active vis-à-vis de T. evansi
[56].
La prophylaxie est axée sur la lutte contre les
glossines. A cette fin, plusieurs techniques ont été
utilisées.
Application d'insecticides sur l'animal
Un traitement insecticide peut être répandu
directement sur l'animal ou dans le milieu, ou encore appliqué sur des
supports particuliers.
Pour les espèces d'intérêt
vétérinaire, la diversité et l'extension des biotopes
larvaires sont telles que la lutte chimique contre les phases larvaires n'est
pas envisageable. La désinsectisation des bâtiments et du
matériel d'élevage avec des préparations rémanentes
du type de celles utilisées pour le bâtiment domestique est
possible, mais n'a pas été évaluée.
En revanche, de nombreuses techniques d'application et
plusieurs préparations d'insecticides (et acaricides) sont utilisables
directement sur le cheval : douchage, et épandage (« pour-on
»).
La capture des trypanosomes au filet
C'est la technique la plus archaïque, mais encore
employée en Afrique. Cette technique manuelle requiert l'utilisation
d'un filet type filet à papillon. Ce mode de capture peut sembler
fastidieux, mais il a tout de même fait ses preuves. Par contre, faute
d'isolement des régions traitées, des mouches immigrantes peuvent
envahir à nouveau les territoires assainis. Ceci dit, cette condition
est valable quel que soit le mode de lutte.
? L'Ecran
L'écran correspond à un simple morceau de tissu
de 1m2 environ, imprégné de
deltaméthrine à raison de 75 mg de substance
active par m2. Il est suspendu à
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une potence fichée en terre, tous les 100 m, dans des
zones correspondant à l'habitat des glossines. Ainsi, G. m.
submorsitans, qui fréquente, en saison sèche, les galeries
forestières, est affectée à 75% par les écrans
(figure 24).
![](Contribution--l-etude-de-la-trypanosomose-equine-au-Cameroun32.png)
Figure 24 : Ecran. Source
: 157]
'( Le piège pyramidal
Comme pour l'écran imprégné, le
piège pyramidal ne fait pas office de système
de capture. Son rôle est d'attirer les glossines
grâce aux couleurs bleu roi et noir du tissu qui le constitue
(figure 25). Ces deux couleurs sont nettement plus attirantes
que le blanc et le rouge, eux-mêmes supérieurs au vert
120].
![](Contribution--l-etude-de-la-trypanosomose-equine-au-Cameroun33.png)
Figure 25 : Piège pyramidal.
Source : 158]
'( Le piège biconique
50
Il s'agit d'un système de capture, car le dispositif
attractif est surmonté d'une chambre grillagée de laquelle le
retour est impossible (figure 26).
Les glossines entrent par les ouvertures ovales
situées dans la partie bleue. Elles sont attirées grâce au
contraste permis par la couleur noire du tissu intérieur. Ensuite, elles
ont un trajet ascendant qui les mène vers la lumière mais aussi
vers un non-retour.
![](Contribution--l-etude-de-la-trypanosomose-equine-au-Cameroun34.png)
Figure 26 : Piège biconique de
CHALLIER-LAVEISSIERE. Source : 126].
? Le piège Nzi
C'est un modèle simple, basé sur des panneaux
rectangulaires bleus et noirs, créant le fameux contraste attractif. Le
corps du piège consiste en une configuration innovatrice du maillage de
la moustiquaire (figure 27).
Il atteint des espèces jamais prises au piège
auparavant sans pour autant compromettre le rendement des glossines prises
132].
![](Contribution--l-etude-de-la-trypanosomose-equine-au-Cameroun35.png)
51
Figure 27 : Piège Nzi.
Source : 126]
La découverte d'odeurs attractives (acétone,
octénol, phénol, en particulier) confère une meilleure
efficacité aux appâts 19].
Enfin, une autre caractéristique biologique des
tsé-tsé met à mal cette technique d'attraction puisqu'il
n'y a aucune femelle gravide de prise dans les pièges actuels. Il serait
doublement intéressant de les piéger car la mort de la
mère entraînerait celle des jeunes. Il s'agirait de faire d'une
pierre deux coups. Hélas, on ne connaît donc pas encore de
phéromones attirant ces femelles 139].
Il existe des méthodes de lutte indirecte contre les
glossines. Il s'agit là de techniques radicales qui ont
été plus ou moins abandonnées, car trop agressives,
notamment vis-à-vis de l'environnement. Parmi ces méthodes, il y
a :
L'éclaircissement forestier
Il s'agit d'obtenir, par un élagage
modéré des parties basses, un éclaircissement de la
végétation sous laquelle s'abritent les mouches et où
elles déposent leurs larves. Ainsi, les conditions thermiques et
hygrométriques qui leur sont nécessaires sont modifiées,
ce qui les amène à changer de biotope. Mais, cette méthode
s'avère coûteuse lorsqu'il est question d'importantes surfaces
à éclaircir. Par ailleurs, d'un point de vue écologique,
cette technique est
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relativement néfaste puisqu'elle modifie les sols qui
deviennent stériles du fait de l'érosion.
De nos jours, l'éclaircissement forestier se fait
aux abords des villages dans le but de protéger l'homme
de la maladie du sommeil [21].
La destruction du gibier
L'abattage du gibier fut proposé pour supprimer les
espèces sauvages réservoirs de trypanosomes et pour affamer les
glossines.
Cette méthode n'est plus utilisée de nos jours
pour plusieurs raisons :
Elle s'oppose au principe de protection de la faune sauvage, qui
se trouve être un véritable atout pour l'Afrique.
En l'absence de leurs hôtes de prédilection, les
glossines se nourrissent alors sur d'autres espèces disponibles.
La barrière d'isolement
Il est alors question de déboisements
intensifs, mettant à nu des couloirs de plusieurs
kilomètres de long, supposés empêcher le déplacement
des glossines.