Problématique et essai de définition d'une stratégie de communication pour la valorisation des résultats de recherche en agronomie à l'université d'Abomey-Calavi (UAC).( Télécharger le fichier original )par Stéphane SONON INSTITUT INTERNATIONAL DE MANAGEMENT de Cotonou (Benin) - Master en Communication - Marketing 2011 |
C. Difficultés et faiblesses liées à la valorisation des résultats de recherches agronomiques à l'UACIdentifiant les facteurs qui entravent l'application des résultats de recherche dans le domaine agricole, un rapport de mission de la FAO daté de 198011(*), a signalé plusieurs facteurs parmi lesquels : le faible niveau et la non polyvalence des encadreurs de base du développement, le manque de ressources au niveau des organismes chargés du transfert de la technologie aux utilisateurs, l'incohérence des objectifs visés avec les préoccupations réelles des producteurs et avec la durée du projet, l'incohérence des techniques constituant le paquet technologique proposé, le manque de ressources au niveau des utilisateurs pour se procurer les moyens de productions nécessaires à l'application des technologies proposées à partir des résultats de recherche, le rapport défavorable des prix aux producteurs par rapport aux prix des facteurs de production, le manque de débouchées pour le surplus de production et/ou la mauvaise organisation des productions agricoles. Une trentaine d'années après, ce rapport est encore d'actualité, révélant que les mêmes obstacles persistent au niveau de l'Université d'Abomey-Calavi. Ils sont multiples et multiformes. 1. Insuffisance multiples et multiformes · Les barrières linguistiques Dans un pays à 90% analphabète, le fort taux d'analphabétisme constitue une faiblesse à l'appropriation des résultats de recherches par la grande masse qui n'a pas accès aux publications scientifiques en langue étrangère et à tous les autres modes intellectuels de divulgation des résultats de recherches décrits. Seul le domaine de l'agriculture semble pallier un tant soit peu cette situation grâce aux services de vulgarisation du MAEP12(*). · Préoccupations des enseignants différentes des préoccupations de valorisation La constante qui se dégage chez les enseignants enquêtés -et comme chez la plupart des chercheurs - est qu'ils mènent leurs recherches avant tout pour un but académique : l'évolution de leur carrière d'enseignant -chercheur. Dès lors, la préoccupation du chercheur s'arrête souvent à la publication de ses résultats dans une publication de référence pour son évolution professionnelle. Quant à l'impact des résultats sur la société et son exploitation, ni la formation de chercheur, ni ses capacités financières et matérielles, ni son temps ne lui permettent de procéder à la valorisation des résultats en direction des entreprises ou des autres cibles. · Les supports de vulgarisation inadaptés Les résultats des enquêtes ont montré que bien que n'étant pas analphabètes, les responsables d'entreprises par exemple sont peu informés des résultats de recherche à l'Université d'Abomey-Calavi. Il se pose dès lors, un véritable problème d'inadéquation des supports de communication des résultats de recherches de l'UAC, aux cibles bénéficiaires des recherches que sont les acteurs socio-économiques. Ce qui justifie tout le sens du présent travail de recherche. · Des efforts d'encadrement sans moyens d'encadrement Si à l'instar des vulgarisateurs du MAEP, plusieurs chercheurs ont tenté de partager leurs innovations aux populations, cet effort est souvent annihilé par le manque de moyens humains, matériels et financiers. Car le plus souvent, c'est sur leurs ressources propres ou sur les reliquats des projets- dont la grande partie a été consacrée aux recherches -que ces fonds sont puisés. Ce qui pose le problème de l'absence de stratégie au niveau de l'Université, voire au niveau national pour la dissémination des résultats obtenus dans les projets de recherches en phase de finition. · Absence d'une stratégie et d'un mécanisme nationale de valorisation L'absence d'une stratégie nationale à coté de l'absence d'une stratégie à l'Université est source de multiples situations regrettables. Car, non seulement il est noté une absence totale d'initiative de valorisation à la fin d'un projet de recherches ou à la suite d'une découverte d'un chercheur, mais des incohérences dans les approches méthodologiques sont constatées dans les efforts de valorisation lorsqu'elles existent. Ce qui fait apparaitre des dysfonctionnements, voire des oppositions sur le terrain entre les structures de l'Etat, les ONG et les chercheurs. La création d'une Agence nationale de la Valorisation s'impose de fait. · Absence d'un cadre de concertation entre acteurs socioéconomiques et les chercheurs en agronomie de l'Université. Au-delà de l'absence d'une Agence nationale de valorisation des recherches déjà signalée, l'Université devrait disposer d'une structure au niveau universitaire afin de faciliter la valorisation des résultats de recherche, et constituer ainsi, un cadre permanent d'échanges et de négociation partenarial entre les chercheurs et les acteurs socioéconomiques. Les contrats de financement, les contrats d'appropriation par les entreprises ou autres organisations, les objectifs de recherches et la finalité de leurs résultats pourraient être discutés avant toute recherche. · Manque de moyens pour la structure de valorisation à l'Université Si un Vice-Rectorat chargé de la Recherche Scientifique existe au sein de l'Université, c'est une division non opérationnel appelé « Statistique et Vulgarisation », qui selon les textes, devrait s'occuper de la Valorisation. Mais au sein même de la direction de la recherche, peu de services sont opérationnels à ce jour. Le personnel est insuffisant ainsi que les ressources matérielles et financières. · La dépendance aux financements de la coopération internationale universitaire Trois sources principales alimentent le budget de la recherche : les subventions de l'Etat, les ressources générées par les structures de recherche et enfin les ressources provenant de la coopération internationale. Mais il est regrettable de noter dans les projets de recherche à l'Université d'Abomey-Calavi la dépendance totale des chercheurs, des financements de recherche de la coopération internationale. Autrement dit, les innovations technologiques ne sont pas ou ne seront pas alors adaptés aux besoins des communautés nationales. Cette forte dépendance induit une dépendance sur la stratégie de valorisation. Soit, elle n'est pas définie ou prévue par les partenaires financiers du projet de recherches, soit lorsque la stratégie est prévue, elle ne suit pas nécessairement l'orientation politique profitable à l'économie nationale. · Isolement des populations des sources d'information Généralement éloignées des universités et isolées des sources d'informations classiques (radio, télévisons, presse) par leurs coûts et leurs contraintes techniques, les populations à la base subissent également un enclavement géographique et un enclavement liés aux TIC dans un environnement où la multiplicité des langues locales constitue également une barrière. · Manque de volonté politique Le peu d'importance accordée aux recherches scientifiques au Bénin par les Gouvernements déteignent nécessairement sur les moyens et actions à entreprendre pour la valorisation. Ainsi, le Chercheur de l'Université d'Abomey-Calavi comme dans les autres universités du Bénin- dont la place est déjà négligée par les politiques dans le développement du Benin-, a peu de soutien dans les actions liées à la valorisation de ses recherches. Ce qui l'amène à demeurer le « chercheur qui découvre pour l'évolution dans la carrière » évoqué plus haut. 2. Contraintes d'ordre général à la recherche au Bénin Les contraintes à la valorisation ne sauront occulter les difficultés liées à la recherche au Benin en général. Lesquelles difficultés se retrouvent liées aux éléments suivants : déficit d'investissement, personnel peu qualifié dans certains laboratoires de recherche, insuffisance organisationnelle et matérielle, manque de laboratoire, espace exigu pour les recherches, promiscuité, pour manque d'espace, de plusieurs laboratoires sans lien véritable, absence de véritables systèmes nationaux de recherche, non fonctionnalité du CNRST et du Comité Scientifique Nationale, absence d'un véritable programme de recherche au sein des structures et entre structures, objectifs de Recherche dépendant des objectifs des partenaires financiers, non valorisation des résultats de recherche. Face à tous les obstacles, quelle stratégie de communication adopter pour favoriser la valorisation des résultats de recherche à l'UAC ? D'où l'intérêt de ce travail dont la problématique, les objectifs, les résultats attendus et les hypothèses de recherche envisagés méritent d'être précisé. * 11 Rapport de Mission de consultation de la Fao sur l'identification des facteurs qui entravent l'application des résultats de recherche dans le domaine agricole * 12 les CERPA et SECPA essaient de jouer un rôle de vulgarisation auprès des paysans dans leur langue locale. Mais cela ne concerne pas précisément les recherches à l'Université, mais les recherches de l'INRAB. |
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