4.1.2 Les facteurs démographiques
4.1.2.1 Historique du peuplement de la zone
d'étude
En recoupant des sources historiques, nous avons pu retracer
le peuplement de la zone d'étude. L'occupation des quartiers Nkolmintag,
Nylon et Tergal découle d'une croissance spatiale anarchique liée
en partie aux errances de l'administration colonial. En réalité
l'étirement du tissu urbain dans la direction du sud - est,
consécutive de l'occupation du quartier périphérique New -
Bell, émane de décisions arbitraires prise d'abord par les
allemands ensuite par les français (Haeringer Ph., 1973).
En effet, l'empire allemand après la signature des
accords de protectorat avec les chefs Douala le 12 Juillet 1884, décide
ensuite d'installer son administration dans le quartier Bonanjo. Celle - ci
conçoit un projet d'équipement en infrastructures urbaines les
plateaux de la façade maritime (Bonanjo, Akwa, Deido) Mainet G.
(1986).
Au cours de la réalisation de ce projet,
l'administration allemande exproprie les populations natives et les implante
sans encadrement sur les versants Est des plateaux à aménager,
au delà de la « Frei zone » zone libre en
français, précisément dans les quartiers New Bell, New Akwa, New Deido. Ces déguerpissements entrainent une première
extension urbaine non planifiée.
Suite à l'arrivée de la puissance
mandataire à fin de la guerre de 1914, une autre dynamique spatiale sera
enclenchée. En effet le clan Bell meurtri par les expropriations,
profite pour refluer vers leur ancien territoire. Ce faisant, il libère
le quartier New - Bell, espace marécageux, et s'installe dans l'ancienne
« Frei zone » dont la véritable raison d'être était de
créer une démarcation spatiale entre la « ville
Blanche », propre, bien aménagée et la
« ville noire », dangereuse, et désordonnée -
en créant les quartiers tel que Bali, Bonadoumé (Mainet G.,
1986). La France hérite donc d'une situation foncière tendue.
Pourtant sa gestion et son aménagement de la ville porte, toute
proportion gardée, les mêmes schèmes
ségrégationnistes raciaux (Tadonki G., 1996). Puisque le plan
directeur d'urbanisme de 1925, envisageant l'extension des quartiers
européens et l'organisation des quartiers africains ne prend pas en
compte le quartier New - Bell ; alors considéré par
l'administration française comme « un bien collectif, en
indivision du clan Bell » (Dizian et Cambon 1962). Cette
exclusion entraine la naissance d'un bidonville, réceptacle pour les
nouveaux migrants désoeuvrés dont le nombre ne cesse de
s'accroitre.
Désormais le tissu urbain doit composer avec un nouvel
organisme, qui tel un kyste « s'auto régule ». Les
conséquences de cette situation sont très graves
« le cas de New - Bell avait déjà le
caractère d'une véritable catastrophe urbaine »
(Dizian et Cambon, 1962). C'est alors qu'en 1956 l'administration pour des
raisons de stabilité et de sécurité lance quelques travaux
de percement de rues, de construction certains équipement de base,
entrainant des déguerpissements (Baron C. et al 2003). Les populations
déguerpies, de revenu modeste, sont installées à
Nkolmintag, zone marécageuse frontalière à New - Bell.
D'autres populations, qui avaient des problèmes de
cohabitation avec les Bassa à Nkolounloung vont immédiatement
solliciter des terrains dans ce quartier en création. En
réalité des sources orales, que nous n'avons malheureusement pas
critiquées, relatent que la communauté Béti dans une
situation délétère avec les Bassa à Nkolounloung,
viendra s'installer dans le quartier et le baptisera du toponyme :
« Nkolmintag », qui signifie « colline de la
paix ». Ce réfèrent toponymique montre bien qu'il
y a eu une vague de migration dominante de cette communauté. Les
quartiers Nylon et Tergal seront des excroissances de Nkolmintag.
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