3.2.1.4 Le lit des drains et la hauteur de la lame
d'eau
Pour obtenir les données de la largeur du lit majeur,
du lit mineur et de la hauteur de la lame d'eau, nous avons effectué des
mesures directes au mois de Mars sur le drain Casino, le drain Picasso, le
drain Lebipaga à l'aide d'un mètre ruban. Les mesures
réalisées en aval du drain Casino donnent une hauteur moyenne de
la lame d'eau de 9 cm, sur une section de 5m. Et une largeur maximale du lit
mineur de 1,30m et 5,90m pour le lit majeur. Quant au Picasso les mesures
ont été prises à l'amont où nous avons obtenu une
hauteur moyenne de la lame d'eau de 6 cm, sur 5 m ; pour un lit mineur de
1,90m de large et un lit majeur de 6m. Enfin, pour le Lébipaga, les
mesures ont été effectuées juste quelques mètres
avant qu'il ne rejoigne le quartier Brazzaville, nous avons enregistré
une hauteur moyenne de la lame d'eau de 4 cm sur 5 m, avec un lit mineur de
1,20m de large et un lit majeur de 5,50m.
Avec le phénomène d'urbanisation anarchique le
lit majeur des cours d'eau est parfois occupé ou obstrué par les
populations (planche3, page 55). Lors des crues majeures, le cours d'eau
reconquiert son espace de liberté entrainant des inondations assez
localisées et de moindre importance. Le lit mineur pour sa part est
l'arène où s'observe le dépôt des sédiments
transportés. Ce processus aboutit au rétrécissement du
chenal d'écoulement qui ralentit la vitesse d'écoulement des
eaux.
Photo1 : Maison construite sur un drain
photo2 : la reconquête de l'espace occupé par les eaux
Photo3 : Sacs remplis de sable, un dispositif anti-crues
photo4 : Bouteilles usagers qui obstruent un drain
Planche 3 : Urbanisation
anarchique et occupation du lit des cours d'eau
La profondeur de l'eau qui s'écoule est
étroitement liée aux précipitations. Elle diminue
considérablement en l'absence de pluie, mais augmente de manière
exponentielle pendant une averse, au point de regagner lit majeur (photo2 de la
planche3). Cette forte variation de la hauteur des eaux met à rude
épreuve le système de drainage.
3.2.1.5 Les débits
Le débit représente le volume d'eau qui
s'écoule dans un cours d'eau ou un fleuve en un point donné en
mètre cube par seconde (m3/s.). Il est tributaire de la
pente, du rythme des précipitations et des conditions
atmosphériques. A partir des données sus-jacentes nous avons
calculé, à partir de la formule hydraulique classique: d =
l*h*d - où (l) est la largeur du lit ; (h) la hauteur de la
lame d'eau et (d) la distance de la section d'écoulement des eaux - les
débits de base ou normaux de la zone d'étude au mois de Mars. Il
ressort que :
Le Casino possède un débit de base de 0,26
m3/s ; celui du Picasso est de 0,57m3/s enfin pour
le Lébipaga on a 0,87m3/s. Ces modestes débits de base
du mois de Mars signifient qu'à cette période précise
l'éventualité d'une crue débordante est peu probable. Dans
ce cas les débits instantanés sont plus significatifs.
Les débits instantanés se calculent lors d'une
crue. Parmi les méthodes qui permettent d'effectuer ce calcul nous avons
retenu la méthode de jaugeage aux flotteurs, car elle est
simple à effectuer, pratique et recommandée en l'absence d'un
outillage adéquat ; elle est néanmoins imprécise
(Cosandey, 2003). Lors du calcul des débits instantanés des cours
qui nous intéressent nous avons obtenu : 7,434 m3/s pour
le Casino ; 5,04 m3/s pour le Picasso ; 13,44 m3/s pour le Lebipaga.
Ces débits peuvent sembler dérisoires
comparés à ceux des grands fleuves. Mais beaucoup moins si on
considère l'écart entre le débit de base et le
débit de pointe (instantané). Cette dynamique saisonnière
des cours d'eau amène parfois les populations à occuper le lit
majeur, moyennant de graves désagréments en cas de crue
débordantes
Tableau 3: Fiche d'identité des drains de la zone
d'étude.
caractéristiques
Drains
|
Longueur (m)
|
Pente (0)
|
Largeur du lit mineur (m)
|
Largeur du lit majeur (m)
|
Profondeurs
de la lame
d'eau (cm)
|
Débits (m3/s)
|
Casino
|
880
|
2
|
1,3
|
5,9
|
9
|
7,434
|
Picasso
|
550
|
2
|
1,9
|
6
|
6
|
5,04
|
Lébipaga
|
550
|
60
|
1,2
|
5,5
|
4
|
13,44
|
Source : enquête de terrain 2010
Il faut dire que ces cours d'eau subissent des modifications
continuelles : dans un premier temps du fait de leur mobilité dans
un deuxième temps par les acteurs territoriaux. Ces cours d'eau sont
largement mis en cause dans le phénomène d'inondation. Quelques
fois des opérations qui visent à réduire leur
capacité de nuisance sont réalisés (curetage,
déguerpissement, nettoyage...). Actuellement ceux - ci sont
rétrécis, dénaturés et dépourvus de toutes
richesses faunistiques. Interrogé sur le Lebipaga, le chef du quartier
Tergal répond : « ce cours d'eau était
beaucoup plus grand, les pirogues y circulaient et les femmes du quartier,
à l'aide des nasses y péchaient du poisson». De ce
cours d'eau, il ne reste qu'une mince lame d'eau qui se fraie difficilement un
chemin dans son lit encombré. La perte de vitalité de ce cours
d'eau pousse les populations à occuper son lit inondable.
|