1.1.8 Les résultats attendus
Cette étude débouchera, a priori, sur :
Ø Une présentation des aléas
étudiés.
Ø L'identification des variables naturelles en cause
dans le phénomène d'inondation et des remontées de
capillarité.
Ø Le mode d'action des variables naturelles en cause
dans le phénomène d'inondation et des remontées de
capillarité.
Ø Les facteurs de peuplement du site d'étude.
Ø Réalisation d'une carte de
susceptibilité.
Ø Une identification et une hiérarchisation des
enjeux exposés aux inondations et aux remontées de
capillarité.
Ø Répertorier les menaces sanitaires
liées aux risques étudiés.
1.1.9 La revue de la littérature
La thématique qui est la nôtre nous a conduit
vers une littérature très variée que nous pouvons
regrouper autour des axes suivants :
Ø Ouvrages généraux
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol8.png) L'urbanisation
C'est le processus de création et de
développement des villes. Pigeon P. (1994) pense que la ville naît
de la polarisation des flux de personnes et de biens de son environnement
immédiat et lointain. Ainsi les migrations qui en résultent,
influencent en retour l'espace urbain. Il y a en effet un jeu
d'action /retro - action entre la ville et la campagne environnante. Ce
qui est source de nombreuses mutations de l'espace urbain. L'émergence
des risques naturels, spécialement celui d'inondation fait partie de ces
mutations. Il préconise que la gestion des risques naturels soit
intégrée, qu'elle puisse combiner une gestion moins
réglementaire mais davantage pragmatique de la
vulnérabilité ; aux travaux de correction en tenant compte
du phénomène dans sa globalité. Ce document nous a permis
de comprendre la complexité des rapports entre la ville et son
environnement, les défis qu'implique la croissance spatiale d'une ville.
Bref que la ville est un organisme vivant qui se régule et s'auto
régule.
Granotier B. (1980) ; Laulan Y. (1974) ; Canel P.,
Décis Ph., Giraud (1990) ; Antoine Ph., et al (1987) ; se sont
intéressés aux villes africaines. Il ressort de leurs
publications que les villes subsahariennes se distinguent par leur paysage
hétéroclite et la misère qui y est rampante. Pour eux, le
monde urbain en Afrique se caractérise par un dualisme qui laisse
apparaître une ville bien aménagée correspondant à
la ville coloniale et une ville anarchique où évoluent les
populations déshéritées. Celles-ci sont exclues de la
plupart des biens et services classiques d'une ville et doivent donc faire face
à tout type de problème dont celui des inondations. Ces travaux
témoignent non seulement des difficultés à calquer le
modèle d'urbanisation à l'occidental, mais aussi des
conséquences socio-spatiales d'une mauvaise maîtrise de ce
phénomène. Ces auteurs rangent généralement les
inondations dans le cortège des phénomènes qui contribuent
à la marginalisation des quartiers non planifiés. Grâce
à ces publications nous réalisons que le processus de
construction des villes africaines est un facteur de vulnérabilisation
d'une catégorie de population.
Mainet G. (1986), Mouafo D. (1992), Dongmo J.L. (1980),
Haeringer PH. (1993), ont traité de l'urbanisation au Cameroun avec
comme objet d'étude la ville de Douala qui nous intéresse. Sans
mener un travail spécifique sur les problèmes d'inondation, ils
remarquent néanmoins l'ampleur de ce phénomène sur la
ville et spécialement dans les quartiers périphériques.
Leurs analyses convergent vers la reconnaissance du poids de l'héritage
climatique, géomorphologique et pédologique du milieu naturel qui
doublée de la pression démographique et foncière constante
dans le déclenchement des inondations des quartiers de la ville de
Douala. Ceci participe d'une recherche des causes des inondations, susceptible
d'éclairer notre réflexion
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol10.png) Les inondations
Le phénomène d'inondation est un sujet
très fouillé dans la littérature, tout d'abord parce que
c'est un problème ancien Allard P. (2000), ensuite parce que le risque
d'inondation continue et continuera de planer sur nos
sociétés, « le risque zéro »
étant une pure chimère Veyret Y. et al (2004). Laganier R. (2006)
étudie le risque d'inondation en le mettant en relief avec le
territoire. Ceci lui permet de jeter un regard critique sur les outils de
gestion du risque d'inondation dans les bassins versants de la Semoy, l'Aude et
la Lys en France. A la fin de l'analyse, il recommande que le risque soit
intégré au territoire, non pas un territoire administratif mais
celui qui lui est propre et qui ne respect pas très souvent les limites
conventionnelles (administratives) ; Il abonde dans le même sens en
prescrivant une gestion concertée du risque entre tous les acteurs,
cette dernière doit s'inscrire dans une politique holistique en
adéquation avec la réalité du terrain. L'apport de cette
étude, pour nous, est indiscutablement : les méthodes
originales d'évaluation de l'efficacité des plans de lutte contre
les inondations (P.P.R.I ; P.E.R ; P.O.S ...) ; La mise en
exergue des facettes de cet alea et de sa flexibilité qui lui permet de
contourner des mesures purement techniques visant à le contrer ; Il
procède finalement à une évaluation minutieuse de la
vulnérabilité des habitants de la zone étudiée. Cet
ouvrage nous aidera à concevoir une enquête sur la
vulnérabilité dans notre zone d'étude, même si un
effort de contextualisation reste à fournir.
Mouganga M.D. (2007) montre l'impact des inondations sur
l'aménagement de l'espace urbain. En effet à partir de ses
travaux menés dans la ville de Libreville, il montre que les inondations
sont déclenchées par une combinaison d'éléments
naturels et qu'elles sont aggravées par la squattérisassion des
zones vulnérables par des populations peu nanties. Autrement dit,
l'insuffisance de l'offre foncière, de logement et l'absence de
planification rigoureuse de l'occupation des espaces sensibles, aboutissent
à une grande exposition des populations à faible niveau de vie.
L'analogie de cette production scientifique avec notre sujet d'étude est
frappante, d'où son intérêt.
Tadonki G. (1992) à son tour montre que les inondations
dans le bassin versant du Tongo Bassa sont un facteur aggravant de la
marginalisation des groupes de populations migrantes installées
clandestinement dans cette zone. Il expose également les techniques
originales déployées par ces populations pour contrer les effets
ravageurs de ce phénomène. Sa conclusion est en quelque sorte une
interpellation des autorités urbaines à tirer avantage de la
formidable énergie débauchée par ces riverains pour
valoriser ce site marécageux. Cette approche humaniste n'est pas
nécessairement partagée, toutefois ce travail retient notre
attention à partir du moment où l'unité écologique
explorée (marécage) est similaire à la nôtre.
Wade S., Rudant J.P., Ba K., Ndoye B. (2007)
s'intéressent aux inondations qui touchent régulièrement
la côte Sénégalaise précisément dans la ville
de Saint Louis, située sur le site amphibie du delta du fleuve
Sénégal. Ces auteurs mettent à contribution la
télédétection et les SIG (Système d'Information
Géographique) dans l'étude de ce phénomène ;
ils réalisent une collecte minutieuse des données satellitaires
(Landsat) climatiques, hydrologiques et cartographiques. Ce qui leur permet
ensuite d'analyser le fonctionnement des crues. Si dans cette analyse les
auteurs soulignent l'importance des caractéristiques du milieu sur les
inondations ils ne font pas fi des facteurs sociaux (dynamique urbaine) qui
exposent les populations. Cette approche a le mérite d'intégrer
l'utilisation des SIG dans la compréhension du risque d'inondation.
Zoning A. (2010), travaillant sur les villes de Yaoundé
et Douala se situe dans la même mouvance. A l'aide des images
satellitaires et des SIG, il réalise une cartographie fine du
phénomène d'inondation dans ces métropoles. Ce qui permet
de discriminer les zones ou les quartiers les plus vulnérables de ceux
qui le sont le moins. Onana V. pour sa part, se sert des images satellitaires
pour mettre en relation la croissance spatiale de la ville de Douala et
l'aggravation des phénomènes d'inondation.
Fogwe Z. et Tchotsoua M. (2007) publient les résultats
d'une analyse froide et rigoureuse de la lutte contre les inondations dans la
ville de Douala depuis deux décennies, leurs conclusion est
amère, que d'énergie gaspillée ! Et des sommes
d'argent trébuchantes dépensées sans résultat
durable. Ils critiquent notamment la méconnaissance du
phénomène se traduisant par la réalisation de travaux
ponctuels et inefficaces par les autorités urbaines en charge de ces
questions. Le second auteur, a également publié une série
d'article sur les problèmes des inondations dus, en grande partie,
à la présence du barrage de Lagdo dans la vallée de la
Benoué.
Ø Ouvrages spécialisés
- Les risques naturels
La littérature relative à cette
thématique abonde, spécialement les articles. Parmi les auteurs
consultés nous avons : Carrega P. (2003) ; D'ercole R.
(1998) ; Pigeon P. (2005) ; Veyret Y. (2004) ; November V.
(2004). Il s'agit pour l'essentiel des travaux de réflexion
épistémologique qui renseignent sur l'évolution et les
ambiguïtés des concepts rattachés au risque. En effet tandis
que les uns proposent une redéfinition de ces concepts (Pigeon), les
autres préfèrent les maintenir, soit en intégrant de
nouveau concept (Carrega), soit en élargissant les domaines de ces
concepts. Ces publications nous ont permis de nous situer par rapport à
ces divergences conceptuelles et même méthodologiques.
- Caractéristiques du milieu naturel
Même si les documents exploités n'avaient pas
toujours un lien direct avec notre zone d'étude, ils ont éclairci
beaucoup de points de notre analyse.
Suchel B. (1988), travaillant sur les climats du Cameroun
décrit les caractéristiques climatiques du bassin
géologique de Douala dans lequel se trouve la ville de Douala. Il montre
que le climat ici subit fortement l'influence de la mousson atlantique dont le
paroxysme est atteint au mois d'août. Focalisant sur les
précipitations Tchiadeu G. (2010) s'intéresse à la date de
démarrage des pluies dans la ville de Douala. Grâce à une
méthode qui paraît la plus objective il détermine, sans
doute avec un certain degré d'incertitude, la date du début des
pluies dans la ville de Douala. Ses résultats sont d'autant plus
importants pour cette étude qu'ils donnent une précision sur
l'élément principal responsable du déclenchement des crues
qui entrainent parfois des inondations.
Quant aux sols, Bertrand R. et Gigou J. (2000) mettent en
relief l'influence des paramètres des sols tropicaux (indice de
stabilité, texture, structure, stabilité...) sur la
productivité agricole. Nous emprunterons certaines techniques d'analyse
des caractéristiques sols afin d'établir la contribution de
ceux-ci aux phénomènes d'inondation et de remontée de
capillarité dans les quartiers étudiés.
L'hydrosystème est un élément central du
phénomène d'inondation dans son ouvrage pédagogique
intitulée les eaux courantes (Cosandey et al., 2003)
ressort les formules et les méthodes utiles aux différents
calculs hydrologiques. En effet cet ouvrage donne la possibilité
d'explorer les notions d'évapotranspiration, bilan hydrique,
d'appréhender les mouvements horizontaux et verticaux de l'eau aussi
bien dans le sol qu'à la surface. C'est une aubaine pour ce travail dont
le centre d'intérêt réside dans le fonctionnement de
l'hydrosystème du terrain d'étude.
Dans un autre registre, celui de la pollution des eaux de
surface Fogwe Z. (2005) montre que les eaux du bassin versant de la Mgoua
auquel appartient notre zone d'étude sont largement polluées par
les effluents industriels et domestiques. Tandis que Moukoko N., Gaye C. (2001)
mais cette fois à Brazzaville relèvent le problème de
contamination des eaux des nappes souterraines par rejets domestiques. Ils
concluent que les nappes des sites de bas fond ou des plaines sont plus
susceptibles d'être infectées lorsque les sources de pollution
sont à proximité et en aval du sens d'écoulement des
nappes phréatiques. Bien que géographiquement
éloigné de notre zone d'étude ce sujet montre que la
résurgence des eaux gravifiques n'est pas sans risque sur la
santé des populations. Les remontées de capillarité qui
s'observent dans les domiciles à Nkolmintag, Nylon, Tergal ne sont pas
anodines.
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol13.png) La zone Nylon
Le PDU (1980) dans son étude de factibilité
réalisée par le cabinet Halcrow fait une description plus ou
moins monographique de la zone Nylon en vue définir une meilleure
méthodologie d'aménagement des quartiers de la zone Nylon. La
quintessence de ces travaux peut s'effectuer suivant une double articulation il
s'agit d'une description sommaire du milieu naturel et des résultats
des enquêtes socio- démographiques sur le statut socio
-économique des chefs de ménage.
Ismaïla (2005) pour sa part, s'interroge justement sur le
bilan de ce projet. Il constate que les réalisations de l'ARAN ont beau
être nombreuses elles restent cependant insuffisantes au niveau des
avancées en terme des conditions de vie. L'opération a donc un
succès mitigé pour le moment et les populations au centre de ce
projet, quoique assistée par des O.N.G demeurent très
vulnérables.
Tchounkoué S. (1978) Roumy M. (1973), Lemaire A.
(2004), ont également travaillé sur la zone nylon. Leur
contribution présente les vicissitudes de la zone nylon à
s'intégrer dans la ville en termes d'équipement,
d'intégration aux différents réseaux, de normalisation de
l'habitat...
Mbassi Elong (1972) travaillant sur le problème
d'accès et de qualité de l'eau à Douala
spécialement dans la zone Nylon expose des résultats d'analyse
bactériologiques qui attestent que les eaux souterraines ici sont
contaminées. Il va plus loin en montrant que cet espace
marécageux est un gîte larvaire de l'Aèdes principal
vecteur de plasmodium falciparum et de plasmodium vivax agents
pathogènes du paludisme. Cette contribution nous permet d'envisager les
eaux des inondations et des remontées de capillarités comme des
habitats naturels des vecteurs de cette maladie.
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