1.1.6.2 Présentation des concepts ou
conceptualisation en rapport avec l'objet d'étude
Nous avons choisi de structurer ce travail autour de trois
principaux concepts :
Ø Le risque
Dans son étymologie le mot risque vient d'un terme
italien du moyen âge : risco, provenant lui - même du
latin : resecum qui signifie
« coupant » ; risco désigne
littéralement le roché escarpé, l'écueil (Veryet et
Al., 2004).Le sens qu'on accorde à ce terme aujourd'hui varie selon les
milieux. Pour le commun des mortels, le risque représente un danger, une
menace, une potentialité de perte conformément aux racines
étymologiques du mot. Tandis que chez le géographe ce terme a un
sens plus systémique.
De manière classique le risque est décrit
suivant l'équation : risque = aléa +
vulnérabilité. Le risque est donc la confrontation d'un
aléa (phénomène naturel dangereux) et d'une zone
géographique où existent des enjeux qui peuvent être
humains, économiques ou environnementaux. Cette définition est
insuffisante elle ne laisse pas apparaitre le résultat catastrophique
possible de cette confrontation. La cindynique, science qui étudie les
risques, les définit comme « la probabilité
d'occurrence de phénomènes d'intensité donnée
dommageables pour une société donnée.»
L'analyse critique et la fonctionnalité de ce parangon
conceptuel du risque révèlent quelques failles, en rapport avec
la vraisemblance de l'épithète naturel à aléa et
l'incapacité de la vulnérabilité à exposer les
réalités qu'elle recouvre (Pigeon P., 2005). Pourtant beaucoup
d'auteurs et même de décideurs continuent de travailler sur ce
paradigme, « le dogme pourrait-on dire, est : risque =
aléa + vulnérabilité » (Pigeon, 2003cité
par Metzger et D'ercole 2011).
Présentant les confusions conceptuelles ou usuelles de
la division traditionnelle du risque en aléa et
vulnérabilité, Carrega P., propose d'ajouter une troisième
composante : la susceptibilité. Cet auteur la définit comme
« la potentialité qu'un aléa puisse entrainer un
développement dangereux ». Il s'agit en quelque sorte du
maillon manquant entre les deux piliers du risque. Autrement dit l'aléa
et la vulnérabilité ne permettent pas de comprendre la
distribution géographique non seulement de l'intensité du
phénomène mais surtout des dommages possibles à
l'intérieur d'un espace donné. Le supplément ici est la
perspective d'étudier et de quantifier simultanément les facteurs
physiques aggravants du risque (à priori indépendants de
l'aléa exemple : la topographie, le sens des masses d'air...) et
les facteurs humains (à priori indépendants de la
vulnérabilité exemple : l'urbanisation, les remblais, la
présence d'une autoroute,...). La conceptualisation du risque suivant le
modèle aléa - susceptibilité -
vulnérabilité, répond selon Carrega au besoin
« de quantifier » de prédire efficacement le risque
pour en garantir une meilleure prise de décision.
Dans un article, « réflexion sur les
notions et les méthodes en géographie des risques dit
naturels », Pigeon P. expose, outre les ambiguïtés
posées par la définition classique du risque, les
problèmes d'ordre méthodologiques qui en découlent. Pour
lui, la géographie des risques naturels devrait vider les
absurdités sou jacentes de son discours et redéfinir ses
méthodes afin d'avoir dans un premier temps un discours logique ensuite
de donner une plus grande opérationnalité à ses concepts.
Pigeon P., pour sa part, définit le risque en tant que :
« probabilité d'occurrence de dommage compte tenu des
interactions entre processus physiques d'endommagement (aléas) et
facteurs de peuplement (vulnérabilité) ». Il
entend par processus physiques d'endommagement la modification que subit le
phénomène naturel et induite par le peuplement qui en retour lui
donne un potentiel destructeur. Cette action (peuplement) - rétroaction
(milieu agressif) met l'homme au coeur de la genèse du risque
(anthropisation de l'aléa) ; les facteurs de peuplement
résument les actions et/ou les non-actions territoriales (modes
d'occupation du sol, densité de peuplement, politiques de gestion...)
pouvant conduire à « l'endommagement effectif ou
potentiel ». Une telle conception bouleverse les habitudes et
les pratiques car elle impose de sortir de l'analyse courante monocausale (soit
c'est le milieu naturel qui entretient le risque soit c'est la
société) pour effectuer une analyse combinatoire. De plus
l'endommagement effectif ou potentiel s'évalue suivant une
démarche à postériori. Cette approche
conceptuelle a prouvé son opérationnalité à
Chablais (Pigeon P. 2005).
La notion de risque hydrologique quant à elle renvoie
au risque lié à l'eau. L'adjectif
« hydrologique » est pris ici au sens relatif à
l'eau et non au sens propre (relatif à l'hydrologie). Certes, elle est
peu usitée et n'est définit dans aucun texte officiel mais elle a
été indirectement « officialisée » par
le CNRS dans l'un de ses programmes nationaux qui porte sur cette
problématique et qui s'appelle « risques
hydrologiques » au même titre que d'autres programmes sur
« les risques volcanologiques » et les « risques
sismiques » (Carbonnel J., et Margat J., 1996).
Au cours de cette étude, qui vise justement à
étudier les risques hydrologiques dans les quartiers Nkolmintag, Nylon
et Tergal, sous le prisme aléa -susceptibilité-
vulnérabilité nous nous en tiendrons à la
définition du risque tel que proposée par Carrega P. Toutefois
nous envisagerons également la vulnérabilité selon
l'acception de D'Ercole R.

I
SUSCEPTIBILITE
VULNERABILITE
I- approche classique ;
II- approche de l'étude
-- Fig. 2 : conceptualisation du
risque naturel inspirée de Carrega
Ø L'aléa
L'alea se définit, au sens large, comme toute source
de danger. L'alea peut sembler impropre que son équivalent anglo-saxon
« hasard » pour designer la composante naturelle
du risque (Laganier R 2006), « l'aléa
caractérise le phénomène physique »
(OnanaV.P., 2005). On retrouve cette approche chez
Carrega, « l'aléa est par contre
considéré comme assez indépendant de l'homme, il est
l'évènement naturel à la source du
risque ». En cindynique, il se définit à partir de
son intensité : c'est alors, la probabilité d'occurrence
d'un phénomène d'intensité donnée. Au sens le plus
complet, l'aléa est donc un évènement ou un processus
naturel défini par une intensité, une occurrence spatiale et
temporelle (Dauphiné, 2001). De ce qui précède
l'aléa est un élément distinct de la
vulnérabilité car supposé naturel. Or cette distinction
n'est jamais facile à opérer « on peut se demander
au fond où cesse l'aléa et où commence la
vulnérabilité ?» (Carrega 2003). Ce
problème se pose de manière précise en milieu urbain,
lorsqu'il s'agit d'étudier les inondations, puisqu'ici on assiste
à une anthropisation de l'aléa par l'imperméabilisation
des surfaces, la réduction des chéneaux d'écoulement, la
colonisation des champs d'expansion des crues... (Meva'a D., et al., 2010).
Compte tenu de cette interrelation indéniable entre le peuplement des
zones à risque et les transformations de l'aléa, Pigeon parle
d'endommagement physique au lieu d'aléa. L'endommagement physique, n'est
rien d'autre que les modifications apportées par l'homme à un
phénomène qui au départ est naturel, inoffensif mais dont
la dangerosité lui est attribuée par l'action humaine.
Pour nous, l'aléa est un phénomène
naturel doté d'une dynamique intrinsèque ou provoquée,
potentiellement dommageable aux sociétés. Nous opérons
ainsi, une subtile distinction entre les fondements naturels de la source de
danger et sa manifestation destructrice, fruit d'un ajustement aux processus
naturels ou humains. Par conséquent l'aléa ici est rendu agressif
en raison de la susceptibilité, c'est-à-dire, la propension du
milieu à jouer sur l'intensité du phénomène.
La littérature
Crue
CONCEPT DIMENSIONS
COMPOSANTES
VARIABLES
INDICATEURS
Les marqueurs spatiaux
Spatiale
Un ancien marécage
Eaux stagnantes
Observations directes
Inondations
Documents d'urbanisme
Structure en charge
Gestion
Territoriale
Action institutionnelle
Protection
Action individuelle
ALEA
Niveau de la nappe
Quartier
Densité de drainage
Spatiale
Encaissement
Site
Remontées de capillarité
Etat des murs et du plancher
Humidité
Intensité
Temporelle
Fréquence
Eaux résurgentes
Saisonnière
Intermittente
Liens de dépendance
Liens interdépendants
Liens indirects
Fig. 3 : Conceptualisation de
l'aléa en rapport avec l'objet d'étude.
Ø La susceptibilité
La notion de susceptibilité est bien connue dans le
domaine de la médecine spécialement celui de la recherche
génétique. Il s'agit d'un paradigme selon lequel les infections
communes seraient favorisées par des dizaines de gènes de
susceptibilité, chacun d'eux apportant une modeste contribution au
déclenchement de la maladie. Laurent Abel et Jean-Laurent Casanova
(2011) expliquent que : « des pathologies graves et
communes telles que la lèpre et la tuberculose reflètent en fait
l'existence d'un gène majeur de susceptibilité, du moins dans
certaines populations. »
Ce concept est introduit dans l'étude
géographique des risques par Carrega. Les travaux de terrain de cet
auteur ont montré que la quantification et la spatialisation des
risques, en vue de les prévenir, ne peut convenablement se faire suivant
le schéma simpliste aléa-vulnérabilité. En effet,
la susceptibilité est : « le potentiel physique de
développement d'une crise », il l'explique de la
manière suivante : « à conditions
météorologiques égales... une averse donnée
provoque une plus forte crue sur un substrat imperméable (argiles) et un
réseau hydrographique hiérarchisé ». Ce
troisième agrégat du risque est nécessaire dans la
caractérisation de la sensibilité spatio-temporelle
(extrêmement variable) d'un lieu à un risque donnée. Il
s'agit des éléments du milieu naturel qui, sans être
rattachés directement à l'aléa peuvent l'aggraver, en
créant une sorte de forçage. Dans cette logique l'aléa est
d'autant plus dommageable que l'espace où il se produit est susceptible.
La prise en compte de ce conditionnement naturel permet d'établir une
cartographie fine de l'intensité du phénomène.
Susceptibilité
Conjoncturelle
Physiographie
Altimétrie
Interannuelle
Relief
Structurelle
Relief
Climat
Hydrosystème
Sol
Mensuelle
Superficielle
Souterraine
Structure
Texture
Topographie
Altitudes
Pentes
Hauteur mensuelle des pluies
Distribution annuelle des pluies
Hauteurs journalières du le plus mois pluvieux
Séquences journalières du mois le plus pluvieux
Longueurs et largeurs des drains
Hauteur de la lame d'eau et débit
Variation piézométrique
Ecoulement souterrain
Superposition des couches de sol
Coupe du sol
La perméabilité
La porosité
CONCEPT DIMENSIONS
COMPOSANTES VARIABLES
INDICATEURS
Liens de dépendance
Liens interdépendants
Liens indirects
Fig. 4 : Conceptualisation de la
susceptibilité en rapport avec l'objet d'étude
inspirée de Carrega
Ø La vulnérabilité
Ce concept « souffre d'un trop - plein
sémantique puisqu'il évoque aussi bien la dépendance ou la
fragilité, la centralité, la complexité, l'absence de
régulations efficaces, le gigantisme ou la faible
résilience » (Fabiani J F. et Theys J. 1987) il existe donc une pluralité de
définition parfois contradictoires (Veyret Y. et al., 2004).
Les ingénieurs, les aménageurs, les
économistes définissent la vulnérabilité comme
« le niveau de conséquences prévisibles d'un
phénomène sur des enjeux (hommes, biens,
milieux) » (P.P.R, 1997). Cette conception est analytique, parce
qu'elle procède d'une estimation quantitative de la
vulnérabilité. Elle repose par conséquent sur une juste
évaluation des éléments dommageables. Or cette
évaluation, faite avant la catastrophe, comporte volontairement des
biais (D'Ercole et al., 1994) et ne peut être fidèle à la
réalité.
Dans les sciences sociales, ce concept, partie faible de la
définition des risques (Gilbert, 2009), est à
géométrie variable. Veyret in les risques
naturels (2004) présente d'abord son évolution et
propose ensuite une approche communément admise. En effet, initialement
la vulnérabilité exprime le degré de perte et de dommage
causés par la survenance de l'aléa. Par la suite, elle
s'étend au degré au degré d'exposition à la source
de danger. Plus tard elle devient l'incapacité pour un bien ou un groupe
social à absorber la catastrophe. La vulnérabilité est
alors fonction du seuil d'acceptabilité et de la résilience du
groupe social en danger. La tendance actuelle venant de l'école anglo -
saxonne consiste à distinguer deux types de
vulnérabilité :
- La vulnérabilité biophysique : c'est
« une fonction de l'aléa, de l'exposition et de la
sensibilité aux impacts de l'aléa ». Cette
vulnérabilité n'est rien d'autre que le croisement entre un
élément naturel (physique) source de danger et un complexe
d'éléments pouvant être endommagés (biologique). Les
enjeux sont définis comme vulnérables lorsqu'ils sont sensibles
à l'aléa. Du reste l'exposition à une source de danger
sans conséquence dénote d'une absence de fragilité du
système biologique. Toutefois, son évaluation se fait à
posteriori, c'est-à-dire qu'elle vise à comptabiliser les
dommages après une catastrophe au détriment d'un examen de la
solidité, de la résistance du système avant la survenance
de l'aléa. Ce concept a servi de base aux travaux sur les risques
liés au changement climatique.
- La vulnérabilité sociale quant à elle
fait appel à une mécanique « d'auto
régulation du système vulnérable » En
d'autres termes elle s'exprime ou se mesure à partir de
« la capacité d'absorption du choc, de réponse et
de redressement par rapport à l'impact de l'évènement sur
la population ». La vulnérabilité proviendrait
donc de l'incapacité d'un retour à l'état initial. Les
enjeux sont d'autant plus vulnérables qu'ils recouvrent difficilement
l'équilibre ancien après le choc. Cette approche se soucie peu de
l'aléa et met l'accent sur la capacité des structures mentales ou
socio - économiques à digérer la catastrophe. Dans ce
cas, la vulnérabilité résulte du
déséquilibre fragilités - capacités. Cette
école réalise un compromis entre ce que les auteurs appellent la
vulnérabilité passive (propension à subir l'aléa)
et active (propension à modifier l'aléa). Sur le plan pratique il
est moins évident de déterminer la vulnérabilité.
Dans le cadre d'un travail sur la vulnérabilité
des villes africaines face aux changements climatiques lancé par le
CLUVA, la vulnérabilité est subdivisée et
étudiée en quatre variables : « asset
vulnerability » (vulnérabilité individuelle),
« institutional vulnérability »
(vulnérabilité institutionnelle), « attitudinal
vulnerability » (vulnérabilité sociale), enfin
« physical vulnérability »
(vulnérabilité physique). Il faut noter que cette traduction
littérale décrit difficilement le contenu de chacune des
variables. Toutefois l'existence des vulnérabilités montrent que
cette notion est intégrative et qu'il s'agit en réalité
d'un système.
On retrouve cette idée de système chez D'Ercole
(1994), qui définit la vulnérabilité comme,
« l'expression synthétique d'un certain contexte, d'un
certain nombre de conditions propices, ces dernières étant
susceptibles d'engendrer des dommages et/ou dysfonctionnements majeurs en cas
de concrétisation de l'aléa ». Selon cet auteur,
vu que les risques en milieu urbain sont intrinsèques au système
urbain (November V., 1994), on ne peut convenablement les étudier,
spécialement la partie vulnérabilité, que dans ce
système. Peut-on parler de la vulnérabilité liée
aux phénomènes naturels indépendamment de la
vulnérabilité liée aux phénomènes
sociaux ? L'approche systémique est donc de mise. Cette
dernière conçoit la vulnérabilité, objet
d'étude composite où se distinguent les facteurs de
vulnérabilité et les éléments de
vulnérabilité. Cette distinction est créée
artificiellement afin de simplifier la compréhension des interrelations
et interactions qui se combinent au coeur d'un système
vulnérable. D'après cette logique, il existe trois
démarches dans l'approche de la vulnérabilité : la
démarche qualitative portant sur les facteurs de
vulnérabilité ; la démarche semi-quantitative portant
à la fois sur les facteurs de vulnérabilité et les
éléments de vulnérabilité ; la démarche
quantitative relative aux éléments de
vulnérabilité.
En somme le concept de vulnérabilité est
polysémique, il varie en fonction de chaque auteur. Dans ce travail nous
nous appuierons sur la conception de D'Ercole qui premièrement embrasse
notre approche méthodologique (systémique globale) et
deuxièmement la perspective d'analyse qu'elle offre, cadre bien avec
notre problématique (démarche semi-quantitative). Cependant, nous
n'aborderons que des facteurs préalablement définis et des
éléments repérables sur le terrain. Economique
Locale
Superstructurelle (facteurs)
Prix du loyer
Profession des chefs de ménage
Socioprofessionnelle
Revenu mensuel des chefs de ménage
Sociale MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE
Origine des chefs de ménage
Sociodémographiques
Statut, ancienneté
Biens estimables
Habitations, chantiers
Individuelle MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE
Mobiliers, commerces
Vie humaine
Biens non estimables MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE
Santé
Infrastructurelle (éléments)
Services publics
Communale MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE
Transcommunale
MATERIELLE MATERIELLE
Marchés, gare routière
Avenues
Aires sociales
Collectif MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE
Relance économique dès 1945
Contingente
Crise des années 1990
Prix des terrains
CONCEPT DIMENSIONS
COMPOSANTES VARIABLES
INDICATEURS
VUNERABILITE
Fig. 5 : Conceptualisation de la
vulnérabilité en rapport avec l'objet
d'étude inspirée de
D'Ercole
Ø Marchés, gare routière
Avenues
Aires sociales
La santé
De manière Courante, la santé se confond
à l'absence de maladie, pourtant elle va bien au delà d'un
dysfonctionnement biologique du corps humain. Selon L'O.M.S (1946)
« La santé est un état de complet bien être
physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de
maladie ou d'infirmité ». Cette définition est
assez satisfaisante car elle prend en compte toutes les dimensions de
l'individu. Cependant elle semble être un idéal, un luxe hors de
portée des êtres humains. Peut-on espérer atteindre un
état de santé quand on sait combien cette dernière est
précaire ?
Hippocrate propose une réponse « si
quelqu'un désire la santé il faut lui demander s'il est
prêt à supprimer les causes de sa maladie. Alors seulement il est
possible de l'aider ». C'est une solution un peu radicale,
puisqu'il existe des maladies d'origine congénitale ou sociétale.
L'idée dans cette affirmation est bien de montrer que la santé ne
se résume pas à la prise de médicaments et qu'elle est un
enjeu ou un capital susceptible d'être dégradé par des
agents pathogènes d'origines diverses (biologiques, psycho - sociales,
environnementales)
La santé s'exprime et s'exerce donc dans chacune de
ces dimensions, biologique, psycho - sociale, environnementale (La charte de
Ljubljana 2006). Dès lors la recherche en santé échappe
aux seules préoccupations biomédicales (Lebel J. 2003) ;
elle épouse par conséquent une démarche
transdisciplinaire. Les sciences comme l'anthropologie, la sociologie, la
psychologie ont une tradition de l'étude de la santé humaine.
L'intérêt pour cette notion en géographie est assez
récent surtout dans les pays en développement et se justifie par
le fait que les questions de santé exigent l'étude de
l'écologie de la maladie.
L'écologie de la maladie est tout ce qui contribue
à l'émergence de la maladie (la charte de Ljubljana 2006). Elle
fait appel à une démarche écosystémique dans
laquelle le géographe s'intéresse aux conditions naturelles et
humaines capables de déterminer le développement des agents
infectieux à l'extérieur du corps humain. Au bout du compte c'est
une discipline qui est au coeur des problèmes de santé, tant il
est vrai que bon nombre de maladies sont d'origine environnementale (O.C.D.E
2003).
Dans ce travail la santé se décline en
deux dimensions :
Elle est d'une part, une réalité
spatiale, dans ce sens où les caractéristiques
du milieu physique déterminent très souvent la distribution
géographique des maladies et donc de la santé. C'est le cas des
zones de forte prévalence ou d'endémicité de certaines
maladies liées à un habitat naturel qui leur est propice. Or
cette écologie de la maladie peut être créée ou
amplifiée par les aléas naturels.
D'autre part, la santé revêt une dimension
socio-économique, puisque d'un côté le coût
élevé des soins de santé, l'absence d'assurance maladie,
la vente au noir des produits pharmaceutiques de qualité douteuse. De
l'autre, les modes de construction, l'incivisme des populations, une vision
fataliste de la maladie, l'auto médication... sont autant de
paramètres qui influent sur la santé des populations dans notre
zone d'étude.Coûts de traitement
Coûts d'internements
Accès aux soins de santé
Les établissements sanitaires
Discours courants sur la maladie
Lien entre maladie et milieu de vie
Maladies hydriques
Hybridation des traitements
Exposition des puits
Disposition des latrines
Remontée de capillarité
Humidité accrue
Prévalence des maladies hydriques
Achat de médicaments dans la rue
Eaux stagnantes
Inondations
Suivi médical
Offre de soin de santé
Perceptions et conceptions
Pratiques sociales
Insécurité
Inconfort
Etat de santé des populations
Insalubrité
Economique
Sociale
La maison
Le quartier
Spatiale
SANTE
Socio- économique
CONCEPT DIMENSIONS
COMPOSANTES VARIABLES
INDICATEURS
Liens interdépendants
Liens indirects
- Fig. 6 : Conceptualisation de la santé
en rapport avec l'objet
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