SECTION III
INTERPRETATION DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
IV.3.1. Interprétation
des résultats
Evaluer l'efficacité du système financier au
développement économique a été le défi que
nous nous sommes assignés par le présent mémoire. Les
différents résultats trouvés jusqu'ici suffisent pour
trancher sur l'efficacité ou l'inefficacité du système
financier de la RDC face à son développement économique.
Au regard de nos résultats, il s'avère que :
ü La profondeur financière a une influence
positive mais non significative sur le développement économique
en RDC. Concrètement, une augmentation du Ratio M2/PIB de 1 % entraine
une augmentation du PIB par habitant de 0.048 %. Sachant que l'agrégat
M2 en RDC est essentiellement constitué de billets en circulation et des
dépôts à vue, il va de soit que les dépôts
à termes dans les banques sont moins importants. Ces résultats
confirment la théorie qui soutient qu'à court terme, le stock de
masse monétaire peut agir sur la productivité par le canal du
taux d'intérêt. En effet, plus de monnaie entraine une baisse du
taux d'intérêt, ce qui encourage la demande de crédit, le
financement des investissements et de la croissance.
ü L'ensemble de l'épargne mobilisée par le
secteur bancaire a une influence négative et non significative sur le
développement économique. Cette situation peut s'expliquer par la
théorie d'Harrod et Domar vue au premier chapitre de notre travail. La
faiblesse de l'épargne, due à l'informalité de certaines
pratiques financières et l'exclusion financière, mais
également à la pauvreté serait donc, complètement
absorbée par la dépréciation du capital et ne permettrait
pas un régime de croissance. L'analyse de la causalité nous
révèle que l'instabilité politique en RDC cause
l'épargne qui à son tour cause le PIB par habitant. La
régression pour sa part nous montre qu'un taux d'épargne de 1 %
en RDC réduit le PIB par habitant de 4,5 %. Donc, cette causalité
de l'épargne vers le PIB est de nature à réduire son
importance. Rappelons qu'en théorie, l'épargne est une des
conditions d'amélioration du PIB/habitant mais seulement si elle permet
de financer les investissements productifs. A défaut du respect de ce
principe, une augmentation de l'épargne ne peut avoir d'influence
positive sur le PIB. Or l'analyse de la causalité nous a
révélé que l'épargne en RDC est affectée par
l'instabilité politique et ne cause pas le crédit bancaire qui
à son tour ne cause pas l'investissement dont l'effet sur le PIB n'a pas
été non plus justifié par un lien de causalité.
Nous avons vu au deuxième chapitre que l'efficacité du
système financier réside dans sa capacité à
répondre aux exigences de l'épargne et de l'investissement dans
un but création des richesses. Comparé à nos
résultats, tout laisse croire que le système financier de la RDC
est inefficace.
ü L'inflation a une influence significativement positive
sur le développement économique. Déjà l'analyse de
la causalité de Granger nous a révélé qu'il existe
une causalité bidirectionnelle entre l'inflation et le PIB. Les
résultats de la régression tranchent qu'une augmentation du taux
d'inflation de 1 % entraine une variation, dans le même sens, de 0,003 %.
Ce qui explique l'hypothèse d'une inflation modérée qui
stimulerait la production. En effet, il a été
démontré qu'à court terme, face à une anticipation
de l'inflation, les agents économiques font des arbitrages dans leurs
décisions : alors que les ménages décident de
consommer plutôt que de détenir les actifs monétaires, les
entreprises augmentent leur rythme de production dans le but d'accroitre leur
chiffre d'affaire. Ce qui agit accroit le PIB par habitant. De même, une
croissance de la production traduit une disponibilité de l'offre qui,
une fois dépassera le niveau de la demande, finit par entrainer une
baisse des prix.
ü De manière globale, il se dégage que
l'instabilité politique a largement contribué au marasme
économique en RDC. En effet, nos estimations révèlent une
contribution négative et significative de cette variable à la
croissance du PIB par tête. Ce qui confirme que l'instabilité
sociopolitique est de nature à déstabiliser le cadre
macroéconomique et à gêner la croissance économique
en ce sens que les conflits affectent négativement le processus de
mobilisation des recettes publiques, détruisent les stocks des capitaux
humain et physique et jouent négativement sur le processus
d'accumulation du capital. Sa causalité vers l'épargne
témoigne donc cette dynamique.
|