II. Les innovations dans la commercialisation et la
transformation du lait de vache :
Exemple du GIE Dental Bamtaré
Toro.
Jadis, le commerce des produits laitiers se faisait sous forme
de troc (thipaal) ; les éleveurs spécifiquement des
femmes, écoulaient leur production laitières dans les villages
d'agriculteurs (remobé) et de pêcheurs
(cubbalbé) contre du riz, maïs, mil, et du
niébé.
Actuellement, le système d'échange des produits
laitiers se fait généralement contre la monnaie ; des
avancés sont notés avec l'initiative révolutionnaire
entamée par le GIE Dental Bamtaré Toro, dans le cadre de
la transformation et de la commercialisation du lait. En effet, Le Dental
Bamtaré Toro est une association pour le développement,
crée le 15/01/1987, dans la communauté rurale de
Guédé-village et regroupe vingt (20) villages. Sa première
activité est l'alphabétisation. En 1992, pour palier au manque de
vétérinaire elle a formé 43 auxiliaires
vétérinaires, choisis dans chaque village de la communauté
rurale.
Dental Bamtaré Toro, s'est investi dans
l'exploitation des produits laitiers, par l'implantation d'une unité de
conservation et de transformation laitière à Taredji. Cette
unité laitière, dirigée par une femme peulh, montre une
rupture de la hiérarchisation sociétale dans le Fouta et
l'engagement des femmes dans la modernisation de l'élevage. Cette
laiterie achète de lait frais chez les éleveurs des villages
peuls environnants, le transforme en lait caillé et le met dans des
sachets propres à l'entreprise sous le label Dental. Ce produit laitier
transformé est vendu sur place à Taredji, dans les centres
urbains comme Dioum et Podor et dans les marchés
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hebdomadaires tels que Fanaye, Guia par les revendeurs. Les
éleveurs qui ravitaillent la laiterie sont
rémunérés chaque mois en fonction de la quantité du
lait fournit. Les producteurs laitiers sont organisés d'après
Djiby Ba coordinateur à la laiterie, qui témoigne, « Les
villages d'éleveurs nous produisent du lait ; chaque village a une
section avec qui nous discutons des modalités de partenariat. ». En
effet, ce système de commercialisation formalisé, amorce une
professionnalisation du secteur de l'élevage bovin. Ainsi, les
éleveurs associés à cette entreprise ont été
déchargés des vas et viens dans les maisons d'agriculteurs pour
vendre leur produits laitiers ; ils ont désormais une destination unique
qui est l'unité laitière et ne bazardent plus le prix du lait
selon l'entretien avec Sada Sow, agent service communautaire de
Guédé-village. Ainsi, l'éleveur producteur du lait
à la laiterie pourra percevoir une bonne somme d'argent à la fin
du mois et subviendrait à ses besoins vitaux en laissant son cheptel
bovin à l'abri de la vente.
Par ailleurs les variabilités climatiques influent sur
la commercialisation de ce produit laitier issu des bovins. En effet, en
période d'hivernage, la production laitière fournit par les
éleveurs diminue et devient très élevée en
période d'hivernage. De ce fait, le prix acheté par
l'unité laitière n'est pas fixe ; il varie en fonction de la
quantité du lait de lait produit et livré. Ainsi, la production
laitière est de 40litres en moyenne par jour.
Ce mode d'exploitation des produits laitiers entamé par
le GIE Dental Bamtaré Toro, ouvre les éleveurs dans le
marché de l'innovation du secteur de l'élevage qui regorge
d'énormes potentielles de développement non exploitées
allant des déjections animales ; à la fertilisation des sols, en
passant par la viande jusqu'à la peau de la vache.
Pour conclure ce chapitre, nous avons vu la stratégie
des éleveurs pour la multiplication des cheptels bovin qui se
résume en : investissement des revenus agricoles et le recours aux
institutions financières en période de soudure.
L'élevage bovin constitue une source d'épargne
des agro-pasteurs afin de financer la campagne agricole, sans emprunts à
la CNCAS.
L'accès aux financements par les éleveurs bovins
est un mode de gestion permettant aux éleveurs de satisfaire leurs
besoins vitaux, en saison sèche et de vendre quelques têtes de
bovin à bon prix en saison des pluies, pour le remboursement du
prêt.
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