1.3 Le parcours quotidien du cheptel bovin des
pâturages du jeeri et une transhumance tournée vers le sud (ferlo,
Sénégal oriental).
Le mode de prise en charge alimentaire n'a pas beaucoup
varié à l'échelle du jeeri. Il reste un parcours
journalier sur les pâturages du tapis herbacé, disponibles dans un
espace multidimensionnel dépourvu d'aménagements agricoles,
à l'instar de quelques périmètres des champs de cultures
sous pluies. Ici, les pâturages sont liés à une bonne
pluviométrie ; les troupeaux bovins pâturent dans l'aire
géographique du jeeri et reviennent le soir au village
d'origine pendant la saison des pluies. Cette dernière marque le temps
de repos des éleveurs ; du fait de l'abondance et l'accès facile
aux pâturages verts. C'est pourquoi, les sociétés
pastorales
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durant cette période, se livrent le plus souvent aux
mariages, aux événements culturels et religieux, après une
bonne pluviométrie, source de stabilité dans le secteur de
l'élevage.
Les modifications notées dans la politique alimentaire
du cheptel bovin des éleveurs du jeeri, résident dans la
réorientation de l'itinéraire de transhumance après la fin
des pâturages, en saison sèche (ceedu). Auparavant, les
éleveurs peulh du jeeri, venaient s'implanter dans le waalo
afin d'exploiter les résidus de récolte des champs de
décrue qui étaient des cannes de mil, de sorgho et de
niébé. Ainsi, la vaine pâture arrivait à assurer la
nourriture du cheptel, en attendant l'arrivé prochainement de la saison
des pluies (nduggu) qui marque le retour du cheptel au
jeeri.
Aujourd'hui, à chaque fin des pâturages dans le
jeeri, les éleveurs orientent le parcours du bétail vers
le ferlo et le Sénégal oriental pour accéder aux
pâturages. Cette nouvelle orientation des éleveurs vers le sud est
relative à la nouvelle configuration spatiale de la vallée,
conduisant à une dislocation des échanges entre agriculture et
élevage. En effet, beaucoup d'éleveurs soutiennent d'une part,
une difficulté d'accès aux pâturages dans le Walo, à
cause des exploitations agricoles nécessitant l'accompagnement quotidien
des troupeaux par un berger et d'autre part à l'accès aux
résidus de récolte, qui est désormais un produit
commercialisé, jugé aussi très cher par l'éleveur.
Ainsi, l'éleveur du jeeri, préfère transhumer
vers le sud où l'accès aux pâturages est gratuit ; au lieu
de dépenser beaucoup d'argent dans l'achat de vaine pâture et du
paiement des dommages de divagation.
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