2) Les types actuels de l'élevage bovin dans la
communauté rurale de Guédé-village.
2.1 L'élevage bovin en zone waalo.
L'élevage sur parcours (élevage mobile) et
l'élevage à domicile (l'élevage sur place) constituent
actuellement les deux principaux types de l'élevage bovin dans la CR de
Guédé-village. En effet, le développement agricole de la
vallée, par la modernisation des systèmes d'exploitation agricole
a diminué l'accès des bétails dans le waalo,
à cause des aménagements hydro-agricoles.
Les acteurs de l'élevage mobile sont les
éleveurs disposant d'un grand nombre de cheptel bovin (jargaa)
qu'ils ne peuvent nourrir sur place. Ainsi, ces éleveurs font
parcourir dans les lieux non cultivés les troupeaux bovins, sous la
conduite quotidienne d'un berger (gaynako).Ce dernier est
chargé d'amener les bovins aux pâturages, aux points d'eau du
fleuve (toufdé), mais aussi de les surveiller contre les
divagations dans les périmètres agricoles.
2.2 L'élevage bovin en milieu jeeri.
Dans la partie jeeri, les bovins ont plus de
liberté avec l'absence des aménagements agricoles. Ils peuvent
parcourir cet espace sans la conduite d'un berger ; il les attend aux forages
qui sont des lieux d'abreuvement du cheptel. En effet, les forages constituent
aujourd'hui des lieux de forte concentration du cheptel bovin. Le travail du
berger dans le jeeri, consiste à assurer l'abreuvement de son
cheptel qui est un travail pénible ; vu le nombre élevé
des troupeaux qui convergent dans ces lieux, à la recherche d'eau.
Ainsi, la différence de l'élevage de la zone waalo et du
jeeri, réside sur le fait qu'en milieu jeeri, le
troupeau à l'exception de vaches laitières (mbessdi)
peut passer des jours à paitre dans la nature, sans retour au
village d'origine.
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Par contre à l'échelle du waalo, le
cheptel en plus d'être surveillé de près par le berger,
rentre chaque soir et obtient une complémentation d'aliments de
bétail (tourteaux d'arachides, son de riz) et de la paille du riz.
2.3 Etude comparative de l'élevage de
transhumance et l'élevage à domicile.
Comparé à l'élevage sur parcours
(élevage de transhumance), l'élevage à domicile ou
élevage de case est un type d'élevage auquel le cheptel est
totalement pris en charge, par son propriétaire sur place. Ce type
d'élevage est en général pratiqué dans les
agglomérations urbaines à Taredji, Mbantou, Guia. Le cheptel
dépasse rarement 10 têtes et les acteurs sont pour la plupart des
agriculteurs, des opérateurs économiques, surtout les femmes et
même des fonctionnaires (enseignants, infirmiers). En effet, les
éleveurs de case réinvestissent dans l'achat de bovins des
revenus issus des récoltes, du commerce et des salaires. Dans ce
système pour nourrir l'animal, l'éleveur achète des
aliments de bétail (tourteaux d'arachide, farine basse, son de riz)
.Certains qui sont des agriculteurs ramènent de l'herbes, dans des sacs
qu'ils récupèrent dans leurs champs et des résidus de
récolte pour ravitailler leurs bêtes, le soir quant ils reviennent
à la maison.
D'autres qui ont des activités connexes comme le
commerce, en plus des aliments achetés, payent des enfants pour qu'ils
leur ramènent des résidus de récolte. Ainsi, c'est un
système d'élevage intensif où l'éleveur est
voué à l'engraissement de ses bêtes pour les vendre
à bon prix dans les marchés hebdomadaires, ou pendant les
événements culturels (mariages, cérémonies
culturelles, religieuses).
Malgré l'ancrage à la transhumance, les peulh
qui sont les principaux éleveurs adoptent petit à petit
l'élevage à domicile. En effet, certains retiennent des bovins
devenus faibles par manque de nourriture ou problème de santé
dans leurs domiciles et les prennent en charge, afin de les intégrer
dans le cheptel après rétablissement.
D'autres, retiennent une vache laitière qu'ils prennent
en charge à domicile afin de se procurer du lait en période
sèche ; un moment de faible productivité laitière des
vaches .En guise d'illustration, Mamadou Ba éleveur à
Maffré témoigne, : « durant la saison sèche
(ceedu), la production laitière est très faible, c'est pourquoi
je retiens dans ma maison deux vaches laitières que je nourrit par des
pâturages ramassés dans la nature et des tourteaux d'arachide
que
60
j'achète à chaque marché hebdomadaire
de Taredji ». En effet, conscient que leurs repas journaliers se font
généralement à base de lait, les éleveurs
dépensent assez d'argent dans l'achat d'aliment de bétail durant
la saison sèche (ceedu) afin de rendre très productif
les vaches laitières.
Tableau 6 : présentation des types de
l'élevage bovin dans notre terroir de recherche.
Modes de l'élevage bovin
|
Systèmes de production en élevage
bovin
|
Avantages
|
Difficultés
|
Elevage sur parcours
|
les bovins parcourent les
|
diversification du
|
récurrence des divagations du bétail
|
ou de transhumance
|
aires de pâturages ;
|
mode d'accès à la
|
dans les périmètres irrigués ;
|
|
aliments de
|
nourriture ; cheptel
|
dégradation des ressources
|
|
complémentation (son de
|
bovin important ;
|
naturelles par surpâturage du
|
|
riz, ognons, rakal) des
|
liberté de
|
cheptel bovin ; faible productivité ;
|
|
cheptels de la zone waalo
|
déplacement du
|
élevage dépendant de la
|
|
au retour le soir. La
|
bétail dans la zone
|
pluviométrie.
|
|
distance de parcours
varie en fonction de la disponibilité du
pâturage.
|
jeeri.
|
Récurrence des cas de vol
|
Elevage à domicile
|
Bovins prisent en charge
|
Stabulation des
|
Fort taux d'investissement;
|
ou « élevage de
|
sur place par le
|
bovins ; source de
|
Animal bovin sécurisé
|
case »
|
propriétaire dans son
domicile ; achat
quotidien d'aliment de bétail.
|
revenu après vente ; bovin d'appoint
|
|
Source : (enquête de terrain, projet ESCAPE,
2013).
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