CHAPITRE III : LE SYSTEME ACTUEL DE PRODUCTION EN
ELEVAGE BOVIN.
Etudier le système actuel de production de
l'élevage bovin dans ce chapitre, revient à montrer les
stratégies présentement utilisées par les éleveurs
pour nourrir et faire abreuver l'animal bovin, selon les différentes
formes de l'élevage bovin pratiqué, dans les zones
géographiques de la CR de Guédé-village.
I. Les différents types d'élevage bovin
dans notre périmètre de recherche.
1) La stratégie traditionnelle dans la gestion de
l'élevage bovin.
L'élevage bovin est une activité historique dans
la moyenne vallée du fleuve Sénégal. Il a participé
avec l'agriculture et la pêche à l'organisation
socio-économique et politique des populations Halpulaars,
polarisées par les ressources hydrographiques. En effet, la convoitise
de l'espace de la vallée par des acteurs agricoles (agriculteurs,
pêcheurs, éleveurs) a amené ces derniers à
s'organiser pour que chacun d'eux pratique aisément son activité
agricole. La crue du fleuve était la période florissante des
pêcheurs (cubbalo) pour l'importance de poissons
capturés. La décrue permettait aux agriculteurs de semer des
cultures vivrières, telles que mil, maïs et sorgho, sur les terres
humides. La fin des récoltes permettait l'accès du bétail
dans les champs (niaygaal), à la recherche de vaine
pâture. Ainsi, cette organisation sociale de la vallée dont les
activités étaient complémentaires dans l'utilisation de
l'espace de production et le mode d'échange des produits agricoles
(poissons, lait, mil, maïs, sorgho). Elle fut une réussite
cohabitation, source de bon climat social entre acteurs d'activités
différentes sur un seul terroir.
Durant cette époque, le système d'élevage
était essentiellement de type transhumance entre la zone waalo
et jeeri. En effet, en période d'hivernage, les
éleveurs s'implantaient dans la partie jeeri pour nourrir le
cheptel bovin du pâturage abondant, arrosé par les eaux de pluies.
C'était la période de repos des éleveurs qui ne sillonnent
plus des dizaines de kilomètres à la recherche d'eau et de
pâturage pour le bien être du cheptel.
En saison sèche, après la fin des
pâturages et l'épuisement des mares d'eau du jeeri, les
éleveurs repliaient avec leurs familles et bovins, dans la partie
waalo afin de bénéficier gratuitement de la vaine
pâture dans les champs de décrue et du fleuve, pour l'abreuvement
du cheptel. Ce système de transhumance décerne aux
sociétés pastorales, essentiellement peulh, un caractère
nomade du fait d'une mobilité nécessitant le déplacement
de toute la famille du chef de ménage (jom gallé)
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avec le troupeau. De ce fait, ces déplacements
périodiques des troupeaux bovins entre waalo et jeeri
constituaient le mode d'adaptation des éleveurs face aux variations
bioclimatiques de la vallée du fleuve Sénégal .Cependant,
ce système de l'élevage traditionnel dans la moyenne
vallée du fleuve Sénégal, va connaitre une
véritable mutation avec l'aménagement hydro-agricole des terres
du waalo et la multiplication des forages, dans la zone
jeeri.
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