Décentralisation et démembrement territorial en RDC. Enjeux et perspectives.( Télécharger le fichier original )par Serge Ilunga Université de Lubumbashi - 65 2013 |
2.2. StructuralismeLe structuralisme est une théorie qui, ainsi que l'indique son nom, est conçue à partir du mot structure qui est sollicité par diverses définitions. Le dictionnaire de poche Larousse définit la structure comme la manière dont les parties d'un tout sont arrangées entre elles48(*). André Lalande définit la structure comme un tout formé de phénomènes solidaires, tels que chacun dépend des autres et peut être ce qu'il est que dans et par sa relation avec eux49(*). Herbert Spencer, après avoir établi un parallélisme entre l'organisation et l'évolution des organismes vivants et celles des sociétés, conclut que la société peut être considérée comme un organisme et mieux comme un organisme social. À partir de là, il considère le mot structure comme synonyme du mot organisation, c'est-à-dire tout arrangement de cellules, d'organes, de parties50(*). Jean Piaget considère une structure comme un système de transformations, qui comporte des lois en tant que système et conserve ou s'enrichit par le jeu même de ses transformations, sans que celles-ci aboutissent en dehors de ses frontières ou fassent appel à des éléments extérieurs51(*). Raymond Aron définit, pour sa part, la structure comme le caractère propre des relations réciproques des éléments dans l'ensemble52(*). Roger-Gerard Schwartzenberg définit une structure comme un ensemble de propositions, de rôles, de groupes stratifiés, liés les uns aux autres suivant des rapports fonctionnels, dans un équilibre constamment refait53(*). Pierre Rongère donne du mot structure trois sens. Selon elle, le mot structure désigne ce qui est permanent, stable, par opposition à l'avènement ou au cas particulier. Le mot structure désigne ensuite un ensemble d'axiomes déterminés, qui rend compte de toutes les implications nécessaires et covariations entre les éléments d'un système tel qu'il permet d'en déduire, par calcul ou opération logique, toutes les caractéristiques et toutes les forces possibles, à partir de la connaissance de sa logique interne. Enfin, le mot structure désigne une réalité dans laquelle on constate l'existence de relations déterminées entre les éléments, telles que modification d'une relation affecterait l'ensemble ; les propriétés de l'ensemble sont caractérisées par ces relations et non par la juxtaposition des éléments ni par la nature de ceux-ci.54(*) Claude Lévi-Strauss a, lui aussi, présenté le structuralisme sous deux formes ou modèles : le modèle mécanique et statistique. Le modèle mécanique, qui correspond plus ou moins au modèle conceptuel de Guy Rocher, décrit la structure telle qu'elle est vécue. Le modèle statistique, qui correspond plus ou moins au modèle théorique de Guy Rocher, confère à la structure un caractère abstrait, se situe au-delà des consciences des sujets-acteurs. Il considère que la structure est à découvrir par l'observation du réel et par déduction logique55(*). Pour Lévi-Strauss, le rôle du structuralisme est de découvrir cette structure non consciente, de la dégager du réel concret et de l'exprimer sous la forme d'une règle générale, d'une « loi » scientifique ou d'un modèle explicatif de la réalité. Il refuse, cependant, d'opposer le concret à l'abstrait et de reconnaître au second une valeur priviligiée ; la forme, observe-t-il, se définit par opposition à une matière qui lui est étrangère ; mais la structure n'a pas de contenu distinct, elle est le contenu même appréhendé dans une organisation logique conçue comme propriété du réel56(*). * 48Larousse, op.cit, p. 916 * 49Lalande A., vocabulaire technique et pratique de la philosophie, 9èédition revue et augmentée, PUF, Paris 1962, pp. 1031-1032. * 50Spencer H., The principles of sociology, éd. D. Appleton and company, 3è édition, 1925, vol. I, p. 462, cité par Mulumbati Ngasha, op.cit., pp. 235-236. * 51Piaget J., Le structuralisme, PUF, Paris 1970, p. 6, cité par Mulumbati Ngasha, op.cit., p. 236. * 52Aron R., « Note sur la structure en science politique » dans sens et usages du terme structure, éd. Mouton, Paris la Haye, 1962, p. 108. * 53Schwartzenberg R.G., Sociologie politique, éd. Montchrestien, Paris 1972, p. 137. * 54Rongère P., Méthodes des sciences sociales, éd. Dalloz, Paris 1971, p. 44. * 55Lévi-Strauss C., Anthropologie culturelle, éd. Plon, Paris 1958, pp. 311-316. * 56Lévi-Strauss C., « La structure et la forme », cité par Mulumbati Ngasha, op.cit., p. 237. |
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