Les mutations dans les systèmes financiers ont
entraîné de nombreux changements dans le monde avec
l'avènement des financements directs. En Occident, l'activité
traditionnelle des banques repose sur l'intermédiation
financière1 entre emprunteurs et prêteurs. Ainsi, le
décloisonnement des marchés a fait perdre à la banque une
bonne partie de ses positions privilégiées (J.M.Sahut, 1998). Les
entreprises ont tendance à recourir de plus en plus pour la finance
directe (marché de capitaux à long terme), de moins en moins pour
la finance indirecte (marché de capitaux à court terme). En
effet, d'après une étude faite par D. Saîdane en 2001 sur
les banques européennes, le taux d'intermédiation
financière2 oscillait autour de 76% à 50%
respectivement en 1978 et en 2000. En outre, le taux d'intermédiation
des banques commerciales africaines, en particulier celles de la Tunisie prouve
le phénomène de désintermédiation pendant cinq ans.
Ce taux a subi des fluctuations sur les cinq ans (1995 -2000) ; allant de 85%
à 81%. A l'ère de la globalisation financière, une
économie se développe rapidement grâce à
l'avancée des technologies. L'essor des TIC a transformé à
la fin du XXème siècle les pays
développés en sociétés de l'information. Celles-ci
se trouvent au centre des investigations dans les pays en développement
qui souhaitent en réalité bénéficier des atouts
ainsi que les privilèges qui en résultent. Au Cameroun, les
banques commerciales ne sont pas restées en marge de cette mutation
technologique. Ainsi, la BEAC a finalement adopté les nouvelles
technologies pour recentrer l'activité des banques commerciales. Cela se
fait à travers la mise en place des nouveaux systèmes de paiement
et de règlement. De ce fait, toutes les banques sont arrimées
à SYSTAC et à SYGMA. Les innovations et émergences
technologiques dans le domaine économique contraignent les banques
à investir progressivement dans le domaine des TIC.
L'innovation et l'émergence des TIC sont de nature
à influencer le mode de fonctionnement des établissements de
crédit de la CEMAC3 et leur restructuration. En effet, les
technologies de l'information sont devenues un outil de rentabilité dans
l'activité bancaire (Rowe, 1994). De plus, cet outil de
rentabilité lui confère une place primordiale dans les
prestations des services et suscite des interrogations permanentes sur la
qualité et la sécurité des services offerts
c'est-à-dire les garanties et la protection de la clientèle. La
gestion des TIC constitue une clé essentielle d'efficacité,
d'efficience dans les activités bancaires (Thenet et Guillonzo, 2002).
L'introduction
1 Intermédiation financière, notion
utilisée par Gurley et Shaw dans « La monnaie dans une
théorie des actifs financiers » Gryas, Paris 1960
2 Le taux d'intermédiation
financière est défini comme le rapport entre les crédits
distribués aux agents non financiers par des établissements et le
total de financement externe agents non financiers.
3 CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale créée le 16/03/1994
à Ndjaména (Tchad)
Mémoire rédigé par ESSONO Micfel
Cyrille 9
Impact des Technologies de l'In~ormation et de la
Communication dans le secteur bancaire camerounais
des technologies de l'information qui s'accompagne d'une
modification du processus de création de la valeur
ajoutée4, les banques de la CEMAC en particulier celles
camerounaises font face à la compétitivité et au respect
des normes internationales notamment les règles prudentielles. Ainsi,
à partir de notre recherche, nous nous proposons d'examiner l'impact des
TIC sur l'activité bancaire. Une question va alors se poser : quelle est
l'incidence des TIC sur la gestion de l'activité des banques au Cameroun
? Ce questionnement nous entraîne à explorer les voies et moyens
susceptibles de conduire à l'atteinte des objectifs de notre
étude.
La réflexion visée dans le cadre de cette
étude est d'évaluer les TIC dans les mutations économiques
et financières. Il consiste à montrer l'enjeu qui structure notre
économie dans le cadre des accords de partenariats économiques et
de libre échange. Elles sont porteuses de création d'emplois avec
un contenu riche en valeur ajoutée.
La spécificité dans le secteur bancaire est
qu'il entraîne une « relation double » avec la clientèle
grâce au développement généralisé des TIC.
Ces dernières ont permis à la banque d'adapter ses services au
besoin de la clientèle en offrant des services de proximité tels
que la consultation à domicile de compte, à effectuer des
paiements à partir des guichets automatiques de billets (GAB/DAB) et la
mise en place d'une variété de cartes bancaires5
Dans le cadre de la politique de refonte de la BEAC, nous
envisageons judicieusement de mettre en relief un certain nombre
d'hypothèses suivantes :
> la première dégage les
raisons pour lesquelles les banques camerounaises introduisent les TIC dans
leur activité :
- soit pour la maîtrise des coûts de
réalisation de bonnes performances ou l'assurance de leur survie dans le
marché très ouvert et hautement compétitif ;
- soit pour produire efficacement à niveau de
coût inférieur (réalisation d'économies
d'échelles, réduction des coûts de transactions) où
plus les outils informatiques sont fiables plus il y a une réalisation
des économies d'échelles.
> la deuxième recherche la
pertinence des mutations sur le plan de la gestion des ressources humaines et
de leur capacité à utiliser les technologies de la
communication.
4 La valeur ajoutée se définit de deux
manières complémentaires :
* de manière soustractive, en terme de produit : VA=
valeur de la production - coût des consommations immédiate.
* de manière additive, en termes de revenu : VA= somme
des rémunérations allouées aux facteurs de production qui
sont à l'origine de cette création de valeur. LA DICOTHEQUE
FOUCHER : dictionnaire d'économie et des faits économiques et
sociaux contemporains (C. Bialès, M. Bialès, R. Leurion, J.-L.
Rivaud).
5 Variété de cartes bancaires (carte de
retrait, carte de paiement, carte de crédit) ; d'après Michel
Jeantin & Paul Le Cannu (1999) « Droit commercial et instrument de
paiement et de crédit des entreprises en difficultés ».
Mémoire rédigé par ESSONO Micfel
Cyrille 10
Impact des Technologies de l'In~ormation et de la
Communication dans le secteur bancaire camerounais
> la troisième expose
l'introduction des TIC dans le travail qui contribue à motiver les
ressources humaines des banques à élargir leurs
compétences pour continuer à demeurer performantes dans le
temps.
La problématique de l'impact des TIC dans le secteur
bancaire a donnée lieu à de
nombreuses études réalisées à
travers le monde. Ces études se fondent sur les domaines variés.
Ainsi, en Occident, Lejeune, Prefontaine et Ricardo, (2001)6
montrent que les TIC sont un puissant facteur de transformation de
l'organisation des banques, pour autant que leurs potentiels soient
complétés par les ressources et les compétences : la
qualité de processus et du rôle primordial des personnes.
Badoc, Layssière et Copin (1994) montrent la
nécessité pour les banques de s'arrimer aux
technologies nouvelles pour développer de nouvelles
activités, explorer de nouveaux marchés, enfin mettre en place
des services financiers virtuels7. Ainsi, dans la zone CEMAC, en
particulier au Cameroun, l'amélioration des canaux de distribution
nécessite des changements fondamentaux dans l'exécution des
processus existants. A ce titre, les nouveaux processus ne diffèrent pas
des anciens. Toutefois, ils représentent une nouvelle manière de
faire des choses. L'introduction des TIC au sein des institutions
financières entraîne une révision fondamentale de gestion
de la relation avec la clientèle dans son ensemble (Negro, 2000). En
effet, les organismes et institutions ont adopté d'importantes
modifications de nomenclature (Joëlle Farchy et Pascal Froissart, 2006)
dont la finalité est de mesurer l'impact des TIC sur l'économie
et leurs effets en terme de gain, de productivité et de croissance. Fort
est de constater que les services financiers ont une forte intensité
d'information. Ainsi, ces services sont les premiers à utiliser les TIC
modernes afin d'accroître l'efficacité à chaque phase de la
chaîne financière. C'est pourquoi nous allons montrer la
contribution des TIC dans les services financiers et l'accroissement des
opérations utilisant l'Internet, le Télex (ou le Fax), la
téléphone mobile ou le GAB à partir des cartes bancaires
(Michel Jeantin et Paul Le Cannu, 1999). En outre, les TIC ont la
possibilité de rendre l'explosion des grandes transactions
financières internationales entre les banques, grâce à la
mise en place de nouveaux protocoles de paiement en ligne et systèmes de
règlement brut en temps réel (BEAC, 2007).
L'intérêt de cette étude se situe sur
deux angles : le premier sur l'académie et le second sur la
société et l'économie.
v Sur le plan académique
6 Lejeune A., Préfontaine L. & Ricard
L., « Les Chemins vers la Performance : L'approche Relationnelle et la
Transformation des Entreprises, Gestion, 26, 3, (2001), pp45-51.
7 Badoc M., Lavayssiere B. & Copin E.,
E-marketing de la banque et de l'assurance. Éditions d'Organisation,
1994.
Mémoire rédigé par ESSONO Mickel
Cyrille 11
Impact des Tecknologies de l'Information et de la
Communication dans le secteur bancaire camerounais
Le choix du problème des TIC au coeur des
opérations bancaires se justifie par l'absence quasi-totale d'une base
théorique écrite sur ce phénomène au Cameroun.
C'est pour cette raison que cela nous incite à apporter notre modeste
contribution dans le domaine bancaire.
v Sur le plan socio-économique
L'économie aura plus souvent été
étudiée dans son ensemble ou alors le secteur bancaire dans sa
globalité. Aussi, une étude spécifique des TIC dans
l'activité des établissements de crédit nous
amènerait à appréhender l'impact socio-économique
propre à celles-ci. A cet effet, notre étude explore l'un des
moyens de connaissance de l'environnement de ce secteur d'activité.
Les TIC ne sont pas un phénomène particulier
à une région ou à un pays, mais un fait que connaissent
beaucoup de métropoles des pays en développement comme celles des
pays occidentaux. En Afrique centrale, cadre global de notre recherche, le
phénomène des TIC est répandu dans nos métropoles
(politiques et économiques des pays de la CEMAC). Cependant, cette
étude est pratiquement cadrée sur le cas spécifique de
Yaoundé. Il n'en demeure pas moins que l'influence reste quasiment la
même sur le secteur camerounais ainsi que celui de la CEMAC pour autant
que « les mêmes causes dans les mêmes conditions produisent
les mêmes effets ». A ce titre, de nombreuses voies d'investigation
sont employées dans les études pour la recherche des
informations. Il s'agit d'une recherche exploratoire (Einsenhardt, 1989 ;
Einsenhardt et Graebner, 2007) qui repose sur les instruments
méthodologiques qualitatifs classiques :
- l'analyse des documents internes aux établissements
de crédit disponibles portant sur la littérature ayant un lien
étroit avec le présent thème ;
- l'analyse des questionnaires : l'un adressé à
la Direction générale et à la Direction informatique et
l'autre adressé aux services utilisant l'outil informatique.
La plupart de nos questions découleront non seulement
de la littérature, mais aussi de l'observation. L'observation porte sur
la clientèle et consiste à prêter tout simplement une
attention à la pratique d'une activité et d'en tirer des
enseignements.
Nous pouvons aussi emprunter la voie des questions orales
(entretien) afin de recueillir certaines informations utiles pour notre sujet.
Nous prendrons en compte les comportements des agents économiques.
A cet effet, pour utiliser rationnellement les informations
recueillies, nous analysons dans la première partie des Technologies de
l'Information et de la Communication dans l'activité bancaire : une
évolution récente et lente, et dans la deuxième partie,
nous analyserons l'incidence des technologies de l'information et de la
communication dans le secteur bancaire.