SECTION III. INTERPRETATION DES RESULTATS ET VALIDATION
DES
HYPOTHESES
3.1. Interprétation des
résultats
L'investigation économétrique nous a permis de
mettre en évidence les facteurs favorables et défavorables
à la rentabilité des banques.
Nos résultats économétriques indiquent
qu'il existe une relation négative entre la taille de la banque
(TB), et la rentabilité des banques (ROA). Une hausse de la
valeur des actifs de 1% entraînerait une dégradation des
rendements bancaires d'environ 0, 0269 point de pourcentage des actifs ou
2,69%.
La tendance à améliorer le niveau
d'économies d'échelle est source de charges et à tendance
à diminuer les profits. Les économies d'échelle ont des
effets stimulants sur les profits des petites banques et un impact
négatif sur la profitabilité des banques à grande taille
comme celles qui composent notre échantillon42.
La rentabilité des banques (ROA) est
affectée négativement par les capitaux propres (RCP). Selon nos
estimations le ratio RCP a un effet statistiquement négatif sur
la rentabilité des actifs (ROA). Toute augmentation des capitaux propres
d'un point de pourcentage des actifs induirait une baisse de la
rentabilité bancaire d'environ 0,1061 point de pourcentage des actifs
(soit 10,61%).
La réglementation prudentielle internationale qui
oblige les banques commerciales à augmenter leurs volumes des capitaux
pour prévenir le risque de l'insolvabilité a
dégradé le volume des crédits accordés aux agents
économiques et donc la marge des intérêts perçue et
par ricochet la rentabilité des banques.
42 D'autres auteurs (voir par exemple, ROUABAH,
2006) estiment cependant que la taille n'est pas une source d'économie
des coûts, soutenant ainsi que les grandes banques sont sujettes à
des inefficacités d'échelle.
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La théorie financière associe le risque de faillite
aux banques moins capitalisées. Théoriquement, les banques les
mieux capitalisées accèdent facilement aux fonds de financement
sur le marché parce qu'elles sont moins risquées et plus
solvables (MANSOURI et al, 2008).
En fait, la réglementation prudentielle impose aux
banques un niveau minimum de couverture des emplois par des ressources
stables.
Cependant, la politique de surcapitalisation a provoqué
une dégradation de la rentabilité des banques de notre
échantillon.
Les résultats de notre modèle empirique montrent
que le volume des crédits accordés (RCA) est
négativement favorable à la rentabilité des banques.
Toute augmentation des crédits accordés d'un
point de pourcentage des actifs induirait une baisse de la rentabilité
bancaire d'environ 0,02090 point de pourcentage des actifs soit 2,09%.
Comme les banques sont obligées de détenir des
fonds en vue de subvenir à la rescousse d'elles même en cas d'une
crise. Cela freinent la croissance du crédit pour reconstituer des
volants de fonds propres (FMI, 2012) et cela impacte négativement la
rentabilité des banques. Cela peut être également dû
à la qualité des actifs (crédits non performants) ce qui
confirme le rapport du FMI que les crédits non performants ont
négativement affecté la rentabilité des banques de
l'Afrique subsaharienne. (FMI, 2012)
Par ailleurs, le ratio de liquidité, calculé en
rapportant les dépôts aux crédits
(dépôts/crédits), reste toujours supérieur à
100%, ce qui montre que les banques opérant en RDC ont pu faire face aux
demandes de remboursement des déposants.
Les banques hésitent à distribuer des
crédits par crainte de ne pas recouvrir les fonds distribués et
tomber ainsi dans la crise d'illiquidité. La nature des
dépôts à majorité de courte durée oblige les
banques à ne pas prendre le risque de s'engager dans des financements
à moyen et à long terme et à assurer des fonds de garantie
afin de pouvoir faire face à d'éventuelles faillites.
En ce qui concerne les variables macro-économiques, la
croissance économique et l'inflation semblent affecter positivement le
rendement sur actifs des banques composant notre échantillon.
Une augmentation de la croissance du PIB réel par
tête de 1% induirait une amélioration de la rentabilité
bancaire de 0,59 point de pourcentage des actifs soit 5,93%. La croissance
économique (LPIBH) du pays a d'importantes incidences
positives, sur la performance des secteurs d'activité, y compris le
secteur bancaire.
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Quant à la variable taux d'intérêt, une
hausse du taux d'inflation d'un point de pourcentage entraînerait une
amélioration du rendement bancaire de 0,00177 point de pourcentage des
actifs soit 0,18%.
Les tensions inflationnistes produisent une extension et une
surévaluation des charges bancaires, mais ce sont les déposants
et les emprunteurs qui supportent de telles charges en dernier ressort.
L'inflation entraîne plus de charges d'investissement mais
également des taux de crédit élevés et donc plus de
revenus d'intérêt et de profits.
L'étude empirique de l'impact de l'environnement
macro-financier sur la rentabilité des actifs des banques commerciales
congolaises de notre échantillon a également induit des
résultats suivants :
Par rapport à nos estimations, la taille du secteur
bancaire (RTSB) n'est pas favorable à l'augmentation des
profits bancaires, Comme on peut le comprendre, une hausse de l'actif
consolidé des banques commerciales d'un point de pourcentage du PIB
entraînerait une baisse de la rentabilité (ROA) d'environ
0,00426621 point de pourcentage des actifs soit 0,427%.
La concurrence qui reflète en d'autres termes la taille
du secteur bancaire, pousse aussi à rechercher des niveaux d'efficience,
ce qui limite la montée de rentabilité des banques.
Pour ce qui est de la concentration bancaire (RCB), en effet,
selon nos estimations empiriques, une intensification de la concentration d'un
point de pourcentage du total des actifs du système bancaire
entraînerait une dégradation de la rentabilité des banques
d'environ 0,605267 point de pourcentage des actifs.
L'occupation de la part majeure du marché bancaire par
un nombre restreint d'acteurs bancaires a donc un effet négatif sur les
profits bancaires en RDC.
Tableau 3.6.Classement des banques selon le
critère de la performance structurelle (fixed effets cross
Effets spécifiques fixes
|
|
BIAC
|
-0.925375
|
BCDC
|
2.995038
|
Rawbank
|
0.962881
|
Trust Merchant Bank
|
-0.500639
|
BIC
|
-0.221506
|
Procredit bank
|
-2.310400
|
En ce qui concerne l'activité bancaire en RDC, pour
l'échantillon considéré, nous constatons dans ce tableau
que la BCDC est plus efficace en termes de la contribution structurelle de la
rentabilité car son coefficient spécifique est
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positif de 2,9950 suivi de la RAWBANK avec un coefficient de
0.962881, le reste des banques (BIAC, TMB, BIC et PCB) sous études n'est
pas efficace en termes de la rentabilité car leurs coefficients sont
négatifs.
3.2. Validation des hypothèses de travail
3.2.1. Première hypothèse (H01)
L'investigation empirique a donné les résultats
suivants :
? la contribution négative de la taille de la banque
à l'augmentation de la rentabilité des banques commerciales.
? la contribution négative des capitaux propres
à l'élévation de la rentabilité des banques
commerciales.
? la contribution négative des crédits
accordés à l'accroissement de la rentabilité des banques
commerciales.
? l'apport négatif de la taille du secteur bancaire
à la progression de rentabilité des banques commerciales.
? la contribution négative de la concentration bancaire
à l'expansion de la rentabilité des banques commerciales.
Nous acceptons donc l'hypothèse H01 que les
caractéristiques de la banque et du secteur bancaire seraient les
principaux facteurs explicatifs de la rentabilité des banques.
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