CONCLUSION PARTIELLE
L'éclairage sur les conflits de gouvernance
foncière à la C.O.C avec l'avènement de la
décentralisation laisse entrevoir une arène où les acteurs
et les instances de contrôle de l'accès à la terre
s'identifie chacun par son action. L'appropriation foncière ici ne peut
être effective sans passer par un conflit car non seulement nous sommes
dans une zone d'accueil de migrant, il est toujours très difficile de
concilier et de satisfaire les attentes de toutes les parties prenantes.
L'Etat, garant de toutes les terres du territoire national, ne
peut se prononcer de façon directe sur le problème, de peur que
la situation conflictuelle présente ne s'aggrave davantage. De ce fait,
il use des stratégies que ce seul travail à lui seul, ne peut
résoudre. La décentralisation survenue au Cameroun dans les
années 2007 aura eu pour conséquences, la multiplication des
instances de régulation de l'accès à la terre (plus de
pouvoir aux collectivités décentralisées : les Mairies)
rendant encore plus difficile la résolution des conflits
afférents, inhérents aux problèmes des anciennes
plantations, à leurs créations et dans un spectre plus
élargie aux localités de Foumbot et de Kouoptamo.
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CONCLUISON GENERALE
Le pays Bamoun, pays de contraste et de richesse culturelle,
concentre une histoire riche et très profonde. Les structures
foncières y sont très anciennes et ont une tendance actuelle au
dépassement. Celles-ci se complexifient davantage avec la
création par les colons français, des grandes plantations qui
entraina non seulement l'introduction d'un titre foncier comme garant de la
propriété foncière, mais aussi et surtout aura
drainé d'importantes masses de populations des hautes de l'Ouest et du
Nord-Ouest en particulier vers le plateau Bamoun qui se situe juste en
contrebas de celles-ci et donc sujette à l'envahissement.
Les conséquences sont sans précédents :
passage immédiat d'une situation d'un territoire vide à une
concertation sur les pleins, réduction des jachères vue que la
brousse est finie. Les multiples conflits fonciers à caractères
sanglants ainsi que les multiples pertes en vies humaines recensées sont
autant de preuve qui témoignent en faveur du fait que La cohabitation de
plusieurs communautés aux intérêts
hétéroclites sur un même espace est très difficile
dans ce contexte.
Le cas de la C.O.C n'en n'est pas un cas isolé. En
effet, la superposition de plusieurs sources du droit (traditionnel, moderne,
positif) sur cet espace, non pas de structurer et de règlementer
l'acquisition foncière ici, ont entrainé le
dépérissement de cette plantation agricole à
caractère industrielle. La reprise par les nationaux de ce domaine, a
suscité plusieurs questionnements et font dorénavant de cette
plantation, un lieu, une arène perpétuelle d'affrontement et de
tension entre les différents acteurs, confirmant la première et
la deuxième hypothèse de recherche selon laquelle :
« L'absence de clarification claire, des droits d'accès
et d'usage au moment de l'implantation des paysans explique en partie les
conflits observés »
En définitive, la question du foncier dans les
anciennes plantations coloniales au Cameroun aura eu pour étude cas
celle de la C.O.C. il est très embarrassant, car nous laisse entrevoir
une compagnie agricole à l'abandon, un potentiel agricole quasi
inefficient, où des acteurs du jeu foncier s'affrontent tel une
arène, avec des logiques d'acquisitions foncières
différentes : Quel avenir pour les ruralités Camerounaises ?
D'autant plus que tous les discours politiques sont à la promotion et
à la vulgarisation de ce secteur d'activité.
Que ce soit l'Etat, les instances traditionnelles ou les
paysans, tous ont une logique convergente, celui du contrôle de
l'accès à la terre. Il s'agit ici dans ce No man's Land non
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pas seulement des rapports fonciers au premier sens agricole,
mais des rapports de pouvoirs entre les différents acteurs.
Les réalités foncières actuelles, dont la
tendance est à l'aggravation des problèmes fonciers, constituent
une source d'inquiétudes pour la paix sociale et pour le
développement locale. Une urgence s'impose face à cette situation
: trouver des solutions aux problèmes fonciers actuels afin de
libérer davantage les acteurs locaux des contraintes que constituent les
diverses formes d'insécurité foncière. Mais la voie pour y
arriver ne semble pas si évidente quand on se trouve à une
échelle locale dont les faits sont aussi diversifiés que
contrastés, c'est-à-dire une multitude d'acteurs avec de
multiples pratiques parfois opposées. Les solutions proposées par
l'Etat très souvent se retrouvent inefficaces et incapable de garantir
une sureté foncière à tous. La décentralisation
bien qu'effective au Cameroun, tarde encore à s'affirmer. En effet, du
fait du pluralisme institutionnel des organes étatiques, la
résolution des conflits et litiges fonciers devient difficile. Face
à tous cela donc, les solutions sont à inventer par les
différents acteurs selon leurs logiques d'actions.
Quelle peut être la suite de ce présent
travail ?
Ce travail de recherche réalisé dans le cadre
d'un Master 2 recherche en géographie mérite d'être
approfondi dans le cadre d'une thèse et cela pour un certain nombre de
raisons. En effet, les thématiques du foncier et de la
sécurisation foncière des acteurs ruraux est d'actualité
aussi bien à l'échelle mondiale qu'à l'échelle du
Cameroun. Les évolutions de réalités agro foncières
en milieu rural au Cameroun détermineront l'avenir du pays.
Il est pertinent de poursuivre la recherche sur le foncier et
la sécurisation foncière en faisant le lien étroit avec le
nouvel ordre administratif que constitue la mise en oeuvre de la
décentralisation au Cameroun. Mais au regard des limites que
représente le fait de circonscrire l'investigation sur des questions
dont les implications débordent les limites administratives communales,
il paraît plus approprié d'élargir le champ d'étude
à toute la région agro foncière du pays Bamoun,
particulièrement de voir la situation foncière dans les autres
plantations en vue de rendre compte des enjeux en oeuvre.
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