2) les instances de contrôle ou les arènes de
négociation et de l'accès à la terre
L'histoire du peuplement et des changements politiques est
à l'origine de la tendance observée à l'empilement des
instances politico-légales et elle contribue ainsi à la
structuration des arènes foncières et des
légitimités (J.P. Chauveau et al ; in Résultat du
projet CLAIMS 2006).
Le terme « arène de négociation »
utilisés dans la lignée des travaux de l'anthropologie du
développement (Olivier De Sardan, 1995 ; Léo Montaz, 2015), tient
compte du fait qu'il existe en matière de foncier plusieurs instances de
régulation que ce soit des conflits ou de
l'accès à la ressource. Les différents
mécanismes utilisés par ceux qui y ont recours s'apparente
à une arène de combat où les plus forts l'emportent sur
les plus faibles.
Ce terme ainsi utilisé ne s'applique qu'à
l'intérieur de la plantation de la C.O.C. où l'on y observe des
oppositions diverses entre gardiens de la plantation et paysans, gardiens et
Nji Ngwen, ou encore entre paysans et Nji Ngwen.
a) les chefs traditionnels (Nji Ngwen)
L'expression «chef traditionnel« est en rapport avec
l'arrivée du colonisateur européen. Elle entre dans le
vocabulaire juridique et administratif camerounais avec l'arrêté
du 4 juillet 1933 sous l'expression «chef indigène«. Ce
même texte détermine les chefs supérieurs, les chefs de
groupement et les chefs de villages. Le chef traditionnel de nos jours
relève directement de l'autorité hiérarchique du
représentant de l'Etat dans sa circonscription. Il est important de
relever que dans le processus de la gestion des terres en pays Bamoun et
à la C.O.C en particulier, leur intervention n'est pas clairement
étayée par les textes officiels.
Les plantations de la C.O.C sont installées sur les
territoires de trois chefs traditionnels (Nui Ngwen) tous des
auxiliaires nommés par le roi des Bamoun, qui représente le chef
de premier degré. Ainsi nous avons : à Nkoundoumbain dont
dépend le village Nkoupa're, l'on a Nji Ntouotmboum ; Nji Mewouo
à Petponoun-Mbandjou ; Njindoùt à Fechieya-Njitande. Ces
chefs représentent une instance d'arbitrage et de régulation de
l'accès à la terre à la C.O.C. ils sont des nobles, ce qui
veut dire qu'ils peuvent installer des personnes sur les terres rurales qui
leur appartiennent sans pouvoir être remis en cause du point de vue de la
coutume. A cet effet, conscient du pouvoir dont ils sont investi, les Nji Ngwen
installent des individus sur les terres quittent à réclamer des
terres dans les domaines de la C.O.C. qui est aujourd'hui à l'abandon
bien même qu'elle possède un titre foncier, gage de la
propriété privée inaliénable.
Le territoire Bamoun est subdivisé en territoire
lignagers dépendants des Nji Ngwen, à l'intérieur de ces
territoires, nous rencontrons les anciennes familles autochtones, qui au fil du
temps (10 à 30 ans) ont acquis également le droit de disposer des
terres tout autour de la C.O.C. mais en cas de litiges, ils se
réfèrent toujours aux Nji Ngwen d'abord et aux autorités
administratives et régaliennes si la solution n'est pas trouver au
niveau de la chefferie du Nji Ngwen. Le Nji Ngwen apparait donc ici comme
étant la première instance de contrôle et de
régulation des conflits.
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