1.1.2 Solvabilité et Soutenabilté
Les approches traditionnelle et récente permettent de
mieux cerner la différence entre la solvabilité et la
soutenabilté de la dette. La première traditionnelle,
considère qu'un pays peut rembourser sa dette lorsqu'il dispose de
ressources suffisantes pour le faire. La seconde approche, plus récente,
considère que des pays qui ont la capacité de rembourser ne le
feront que s'ils y trouvent leur intérêt.
? Analyse de la capacité de remboursement :
approche traditionnelle:
Quoique la terminologie ne soit pas fixe dans la
littérature théorique, il importe de distinguer deux notions, que
nous nommons ici solvabilité d'une part et soutenabilté d'autre
part.
Au plan théorique, le critère de
solvabilité est tel que la dette finit par s'annuler. C'est un
critère assez peu opérationnel.
En pratique, ce qui importe essentiellement, c'est que le pays
puisse continuer à recevoir des financements extérieurs. La
condition pour cela est qu'il paye régulièrement les
intérêts sur l'encours de ses dettes. Cette condition
diffère fondamentalement de la première, puisqu'elle est
compatible avec le fait que l'encours de la dette progresse
régulièrement. Pour traduire cette condition sur le plan
quantitatif, on utilise la notion de soutenabilté. Le critère de
soutenabilté n'est qu'un ratio déterminé
(généralement le rapport D/Q, encours de la dette divisé
par le PIB tend vers une limite finie).
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Dans les modèles théoriques on considère
en général que ce critère est suffisant : le fait que les
ratios d'endettement ne connaissent pas de tendance explosive suffirait
à assurer la possibilité de continuer à s'endetter. Dans
la réalité, il est cependant difficile d'en rester là : le
plafond atteint en cas de "soutenabilté" peut être très
élevé, un niveau insupportable dans la mesure où il existe
malgré tout un niveau minimal de consommation (ou de dépenses
publiques) qu'il faut pouvoir continuer à assurer.
En plus, l'analyse de ce niveau minimal est difficile à
mener sur le seul plan économique, car il dépend de la
capacité des gouvernements à faire accepter à leurs
citoyens une réduction de leur niveau de vie. Il est possible d'obtenir
une évaluation empirique des seuils en observant les valeurs des
indicateurs atteints par les pays qui n'ont pas pu ou n'ont pas voulu honorer
la totalité du service de leur dette.
? Approche récente : la solvabilité comme
résultat d'un calcul d'optimisation des agents
Au début des années quatre-vingt, un nouveau
courant théorique a proposé une approche différente. Le
remboursement de la dette est analysé comme le résultat d'une
volonté de payer, correspondant à la maximisation de son
intérêt par le débiteur, en l'absence de toute
possibilité de saisie de garanties par le créancier
(Eaton et Gersovitz, 1981 ; Eaton, Gersovitz et Stiglitz, 1986 ; Cohen,
1986 etc.). Il ne s'agit donc plus, comme dans les anciens
modèles, d'établir si le débiteur disposera ou non
à terme des ressources suffisantes pour payer, mais s'il a
intérêt à le faire. Cette approche débouche
notamment sur la thèse du surendettement : dans certains cas, les agents
des économies très endettées n'auraient plus
intérêt à investir, car une partie très importante
de la productivité marginale de leur investissement serait
prélevée par les créanciers.
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