Unies
En l'absence de définition dans la charte du concept
MPSI, et vue la plus large discrétion qui en résulte au
bénéfice du Conseil de sécurité, une approche
empirique s'impose. Avant d'y procéder, il y a lieu de remarquer avec
J.M. Sorel que « cerner la menace contre la paix, c'est établir
« par défaut » tout ce qui peut venir troubler une situation
supposée paisible »72.
La guerre constituait un signal fort pour, qu'à priori,
il n'y ait aucun doute sur l'existence d'une MPSI 73 . Or,
« des concepts fondamentaux comme ceux d'«ennemi» ou de
«menace», si clairs et si précis pendant toute la durée
de la guerre froide, ont vu leur sens s'altérer sans que l'on sache
désormais à quoi ils correspondent exactement
»74.Il convient ainsi de déterminer les MPSI dans
le cadre des activités des Nations Unies avant le 11 septembre 2001
(paragraphe 1) d'une part et après le 11 septembre 2001 (paragraphe 2)
d'autre part.
Paragraphe 1 : De l'identification des MPSI avant le 11
septembre 2001
Si la guerre existe toujours, il faut reconnaitre qu'elle a
perdu son sens classique, à savoir l'affrontement entre Etats. Cet
état de fait modifie les formes de la menace contre la paix et la
sécurité internationales et semble surtout rendre caducs «
les modes de raisonnement trop liés à la problématique
de la guerre et de la paix (qui) ne sont plus adaptés au système
contemporain, caractérisé par la mondialisation des
échanges, les préoccupations économiques et le choc des
cultures »75. Il fallait donc élaborer la
stratégie nouvelle, d'autant plus que le système de
sécurité, tel qu'il était décrit par la charte, ne
paraissait pas toujours opérationnel. D'où la nécessite de
déterminer à nouveau les MPSI à travers le sommet du
Conseil de Sécurité du 31 janvier 1992 (A) et la décision
du Conseil de Sécurité dans cette réunion qui a
donné naissance à l'Agenda pour la paix (B) du Secrétaire
Général de l'ONU.
A : Le sommet du Conseil de Sécurité du
31 janvier 1992
Dès la fin de la guerre froide, les Etats ont pris
conscience que d'autres menaces devaient faire l'objet d'attentions
particulières des Nations unies. La réunion du
72J.M. SOREL, « L'élargissement de la
notion de menace contre la paix », in Le chapitre VII de la charte des
Nations Unies, Colloque de Rennes, Paris, Pedone, 1995, p.14.
73 Adrian MENDY, op cit ,p. 1771
74I. RAMONET, « Un monde sans boussole »,
Manières de voir, n° 21, Le désordre des Nations unies, Le
Monde diplomatique, 1994, p.6-7.
75B. BADIE et M.C SMOUTS, Le retournement du monde.
Sociologie de la scène internationale, Paris, FNSP Dalloz, 1992,
p.148.
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Maliki Amadou
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Conseil de Sécurité du 31 janvier 1992, qui
s'est tenue exceptionnellement au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, a
ainsi été l'occasion d'élargir la notion de MPSI. Ainsi,
cette réunion a fait l'objet de plusieurs controverses du point de vue
de l'extension des MPSI : on a désigné le
sous-développement comme « la plus grande menace à la
paix et à la sécurité dans le monde »76 ;
on a mentionné parmi les causes d'une PMSI, un « courant massif de
refugies Ȉ la suite d'une guerre civile77 ; on a
parlé de « menaces non militaires contre la sécurité
future et la prospérité de l'humanité »78
; on a souligné, à propos de certaines « violations
généralisées des droits de l'homme, l'existence de
situations inacceptables qui, à terme, constituent une menace directe
à la paix et à la sécurité internationales ; on a
aussi souligné, parmi les causes contre la paix, les actes de terrorisme
»79. Ces diverses positions sont reflétées,
quoique d'une manière synthétique, dans la déclaration que
le président du Conseil de sécurité a faite au nom des
membres du Conseil à l'issue de la même réunion.
Selon cette déclaration, « la paix et la
sécurité internationales ne découlent pas seulement de
l'absence de guerres et de conflits armés. D'autres menaces de nature
non militaire à la paix et à la sécurité
internationales, trouvent leur source sans l'instabilité qui existe dans
les domaines économique, social, humanitaire ou écologique
»80.
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