La vulnérabilité des ressources en eau aux impacts des changements climatiques dans le bassin versant du Bani à Douna.( Télécharger le fichier original )par Sidiki BOIRE Bamako - Maîtrise en Géographie, Option: Aménagement du territoire 2007 |
I-2. Analyse de la vulnérabilité au niveau du bassin:Comme nous l'avions évoquée, la vulnérabilité est la susceptibilité d'un système naturel ou humain à être affecté par les effets des changements climatiques. Pour le cas du moyen Bani, nous évoquons la vulnérabilité sociale, la vulnérabilité économique et la vulnérabilité environnementale. I-2-1. Vulnérabilité sociale:La population du Moyen Bani est vulnérable dans sa structure. Selon le recensement général de la population en 1998, la zone a une population estimée à 187 742 habitants. Selon les tranches d'âge, elle est repartie comme suit : 0 à 14 ans : 35,4%; 15 à 59 ans; 57,2%; 60 et plus : 7, 4%. Par sexe, les hommes représentent 49,2% contre 50,8 % pour les femmes. La population active, c'est-à-dire le groupe dont l'âge est compris entre 15 et 59 ans, est de 57,2%, soit 107 388 habitants. Si nous considérons ces chiffres, nous constatons qu'il y a une tendance à la féminisation de la population. Les hommes, étant les gros travailleurs, sont moins nombreux. Avec les aléas climatiques, nous observons des indicateurs montrant la vulnérabilité de cette population: diminution des revenus des ménages avec l'augmentation des dépenses, perte de pouvoir d'achat, crise alimentaire. Cette situation a engendré une migration (saisonnière et permanente) massive de toutes les catégories socioprofessionnelles de la zone (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs) vers d'autres zones à la recherche du minimum vital. Le taux d'absence par rapport à la population totale est de 16,6% et par rapport à la population active (15 à 59 ans) il est de 25%7(*). Sur les plans sanitaire et éducatif, avec la baisse du pouvoir d'achat de la population, peu d'actions ont été faites, en moyenne on a un centre de santé communautaire pour plus de 10 villages et une école pour 23 villages.
I- 2-2. La vulnérabilité économique:L'économie du moyen Bani repose sur le secteur primaire (l'agriculture, l'élevage et la pêche). L'agriculture occupe la première place dans l'économie de la zone et emploie plus de 90% de la population. Les systèmes de production sont du type agro - pastoral et les spéculations agricoles portent sur les cultures sèches (mil, sorgho, maïs etc..). Les productions agricoles sont destinées à la consommation locale et le surplus est le plus souvent écoulé sur les marchés hebdomadaires locaux. Mais, depuis quelques décennies, la zone connaît un déficit pluviométrique et par conséquent, une dégradation générale des conditions de vie. Les populations qui cultivaient du riz pluvial ou riz flottant, l'ont abandonné au profit des cultures sèches car les étangs, les mares et le lit d'inondation du fleuve Bani se sont tous progressivement asséchés. Les cultures sèches souffrent également des extrêmes climatiques et leurs rendements baissent continuellement. Les agriculteurs compensent ce déficit en faisant toujours de nouvelles friches. C'est ainsi que les superficies cultivées pour les céréales sont passées de 18 500 ha en 1987 à 72 020 ha en 2000 soit une hausse de 53 520 ha8(*). L'élevage joue un grand rôle. Elle porte sur l'élevage des bovins, des ovins et caprins, des asins et des équins. Ces animaux profitaient de l'herbe fraîche; et sèche, et des résidus de récolte. Avec la persistance de la sécheresse au cours des dernières décennies, l'équilibre agro-pastoral qui préexistait dans la zone s'est nettement modifié. Les éleveurs des grands ruminants (bovins surtout), sont tous rares car les espèces fourragères se sont raréfiées. Ils se sont dirigés vers le sud, dans les zones pastorales de Koutiala et de Sikasso, où les conditions sont un peu meilleures. Seuls sont nombreux, les petits ruminants qui bénéficient de l'abondance de la végétation épineuse et xérophile. La pêche est l'activité principale des Bozos et des Somonos installés sur les bourrelets des berges. Elle est pratiquée sur le long du Bani de Douna à Tabara en passant par Nani, Sakarala, Ngoron, Talodaga, Dogona et Goualabougou. Cette activité économique, non moins importante pour la zone, dure en moyenne 6 à 8 mois selon les années, et est repartie en quatre périodes: la période de crue, pendant laquelle la pêche, moins importante, est pratiquée dans les plaines d'inondation, la période de hautes eaux, durant laquelle la pêche se trouve moins importante. La période de décrue, de novembre à février, est propice à la pêche. La période d'étiage, d'avril à juin, après la levée des mises en défend des plans d'eau du cours principal du Bani. Les engins de pêche utilisés par les pêcheurs se composent essentiellement de filets maillant, de filets éperviers, de palangres, de lignes, de nasses, de sennes, de harpons. Les pêcheurs tirent leur revenu de la pêche. Mais la faiblesse des pluies et celle des crues ont anéanti cette activité. On assiste à la diminution des productions halieutiques et à la disparition de certaines espèces de poissons. C'est pourquoi, maintenant certains pêcheurs se sont convertis en extracteurs de sable, en agriculteurs, en éleveurs, en commerçants ou tout simplement déserté la zone. * 7 - PMB (étude agro-socio-économique, 1984) * 8 - PMB (étude-agro-socio-économique, 1984) |
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