4. 4. Effets des caractéristiques de la maladie
sur l'itinéraire thérapeutique
Les caractéristiques de la maladie correspondent
à la maladie rencontrée, à son évolution dans le
temps et à sa gestion, et agissent sur le recours thérapeutique
ou le maintien. Pour notre étude, nous retenons le type de pathologie et
son degré de gravité.
62
4. 4. 1. Itinéraires thérapeutiques selon la
typologie de la maladie
Le concept de maladie renvoie à des
réalités diverses quant à sa définition. Ainsi,
pour HERZLICH, 1983, p.189 « La maladie est d'abord un fait social :
sa nature et sa distribution sont différentes selon les époques,
les sociétés, les conditions sociales». La maladie
prend en considération les perceptions et expériences de
l'individu en relation aux problèmes de santé.
Il est important de noter que le type d'enquête
effectué ne permet pas de cerner exactement la morbidité mais
plutôt la perception des individus relativement à leur état
de santé. La perception individuelle d'un état de santé
est étroitement liée à des facteurs économiques,
sociaux et culturels. Ensemble, ils conditionnent les comportements
thérapeutiques. Il ne s'agit ici que de chiffres globaux des
pathologies, symptômes et traumatismes impliqués dans les
itinéraires thérapeutiques étudiés.
Les trois pathologies les plus fréquentes sont le
paludisme, la diarrhée et les infections respiratoires aiguës
(IRA).
Il convient de souligner que la collecte des données
s'est déroulée durant les mois de décembre et de janvier.
Elle s'inscrit donc en fin de saison pluvieuse et correspond au début de
la saison sèche et la période du froid. A cette époque le
paludisme est en régression, beaucoup de retenues d'eau ayant
déjà tari et l'harmattan gênant les anophèles
adultes (agents vecteurs du paludisme). La saison sèche et froide
connaît par contre le pic des maladies respiratoires, favorisées
par la baisse des températures et l'harmattan.

40
70
60
50
30
20
10
0
1,1
Paludisme Diarrhée IRA Maux divers Affections de
la
peau
Aucun recours Consultaion Moderne Consultation
Traditionnelle Automédication
51,7
Graphique 4. 6 : Recours
thérapeutique selon le type de
pathologie
47,2
7,1
42,9
50
63,2
5,3
31,6
Maladie
40
10
50 50
10
40
25
Autres
25
12,5
37,5
Source : Enquête de terrain, (2008)
63
De ce graphique, il ressort qu'en cas de présomption du
paludisme, 46 mères (51,7%) font appel en premier recours à une
structure moderne de soins et 47, 2 % font l'automédication.
En effet, le «palu» ou la « fièvre
» étant considéré, à tort, comme moins grave
que d'autres pathologies, il ne constitue pas un symptôme d'appel. Cette
nomination ouvre, par contre, la voie à l'automédication
(traditionnelle et moderne) et particulièrement à une
phytothérapie censée être efficace pour ces affections
ressenties.
Lorsqu'il s'agit de la diarrhée, la moitié des
mères préfèrent l'automédication suivie des soins
modernes (42,9%). Les maladies diarrhéiques constituent un
problème de santé publique en zone tropicale surtout en milieu
rural où elles sont l'une des causes principales de mortalité
infantile. Ce sont des maladies liées à l'hygiène,
transmises par voie orale à travers la consommation d'eau ou d'aliments
souillés.
Les infections respiratoires aiguës (IRA), qui se
caractérisent par la toux, font l'objet de consultations massives dans
les services de soins de type moderne (63,2%).
Les mères utilisent dans la moitié des cas,
l'auto-traitement des enfants pour les maux divers ou les affections de la
peau.
Les raisons évoquées pour
l'automédication sont surtout la connaissance des médicaments
adéquats et du mode de traitement de la maladie, le manque d'argent pour
la consultation des services de soins modernes mais aussi une certaine
confiance qu'elles accordent à ce mode thérapeutique.
Le système de soins moderne est exclusivement
utilisé pour la confiance que les mères font à celui-ci du
fait de l'efficacité du traitement qui y est effectué.
De même, la consultation des tradipraticiens se justifie
par la perception de la maladie jugée non « naturelle
». La survenue de la maladie doit pouvoir se comprendre et le
traitement devient plus facile d'autant plus que la cause de la maladie est
connue. En témoignent ces propos d'une mère de 27 ans :
« On ne peut soigner certaines maladies au dispensaire, lorsque c'est
une vieille qui l'a mangé, c'est inutile de l'emmener au dispensaire.
C'est pourquoi je n'aime pas donner mon enfant à une vieille de plus de
50 ans ». Cela traduit aisément la perception de l'origine de
la maladie que peut avoir une mère en milieu rural.
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