B- L'impact des actions des communes de Garoua Boulai,
Ngaoui et Bertoua sur le plan socioculturel
1-Intégration réussie des
réfugiés centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui,
Bertoua
Plus que les catastrophes naturelles, les guerres sont de
véritables productrices des réfugiés et des personnes
déplacées. La république Centrafricaine depuis son
indépendance est un foyer de crises, et de désordre politique.
Cet état de chose est la principale source de déplacement de ses
populations en direction des pays voisins. Le Cameroun depuis son
indépendance est une terre d'accueil des réfugiés
centrafricains. Ainsi, à l'aube de leur première arrivée,
l'on a assisté à une nette démarcation entre les
populations et ces nouveaux venus. Pour le cas des derniers
réfugiés qui sont arrivés en 2013, cette
démarcation n'est pas seulement observée entre les populations
locales et ceux-ci mais elle s'observe aussi entre les réfugiés
eux-mêmes19. Leur intégration au sein des populations
hôtes n'est pas sans difficultés, vu les différences qui
existent entre les deux populations. Cependant, avec la médiation des
autorités municipales, on note une certaine tolérance voir
même une certaine générosité des populations locales
face aux réfugiés centrafricains. En effet, les maires ont
souvent convoqué les chefs traditionnels locaux et les responsables des
refugiés et ensembles, ils ont discuté sur l'importance
d'accueillir les réfugiés centrafricains, et les risques qu'ils
courent si cela n'est pas fait20. Ils ont également
interpellés les réfugiés sur le respect des populations
locales en leur rappelant toutefois les
19 Les refugiés qui arrivent de la RCA sont
des musulmans et les chrétiens qui ne s'entendent pas. La guerre qui se
déroule en Centrafrique aujourd'hui est une guerre religieuse qui oppose
la « Seleka » qui est composé à majorité des
musulmans et les « Anti Balaka » qui sont composés à
majorité des chrétiens.
20 Entretien avec Abdouraman Labi le 17 juin 2014
à Ngaoui.
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droits et les devoirs d'un réfugié en terre
étrangère21. On assiste alors à une
réorientation de la nature des relations qui existaient entre les
populations réfugiés et leurs hôtes camerounais. Des
refugiés pour qui les populations hôtes n'éprouvaient
autrefois que de l'aversion, se sont assimilés aux populations locales.
D'abord, installés à la lisière des villages, les
réfugiés se sont vus octroyer des terrains dans les quartiers et
se sont installés au sein des populations locales. D'autres ont investis
et sont devenus des hommes d'affaire. C'est le cas d'El Hadj Mouhamadou Sani
domicilié à Ngaoui dont on estime son chiffre d'affaire à
plus de 57 000.000 de FCFA (Cinquante-sept millions)22. À
côté de ceux-ci, nombreux sont les réfugiés
centrafricains qui ont détruit leurs maisons autrefois construites en
matériaux provisoires pour les reconstruire avec des matériaux
durables. Ces reconstructions traduisent le refus d'un retour en
Centrafrique23. Garoua Boulai par exemple, les enfants par le biais
de l'école, sont devenus des intellectuels et occupent des postes dans
l'administration de la commune de Garoua Boulai24. Tout ceci montre
à quel point les réfugiés centrafricains ont
dépassé le stade de simples étrangers pour être
plutôt des frères.
In fin, de nombreux réfugiés
centrafricains se sont mêlés puis assimilés aux populations
locales au point où on a de la peine aujourd'hui à identifier les
réfugiés centrafricains de la population hôte. On peut
alors dans certains cas parler de l'intégration effective des
réfugiés centrafricain dans leur nouvel environnement vital.
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