3-L'Etat Camerounais
Les multiples crises politiques qui se sont
répétées en République Centrafricaine ont
entrainé des conséquences négatives pour le Cameroun. La
gestion de ces problèmes a nécessité et nécessite
encore la mobilisation de plusieurs acteurs. Ainsi, à Garoua Boulai
comme à Ngaoui et Bertoua, les autorités administratives et
militaires, sous le contrôle de l'Etat camerounais ont investis pour
faire face à cette situation.
L'instabilité politique en Centrafrique a offert un
cadre propice au désordre et au foisonnement des bandes armées
qui sèment la terreur aux confins du Cameroun du Tchad et de la
RCA16. Ces problèmes transfrontaliers, les mouvements des
personnes et des biens sont des préoccupations communes à ces
pays, ils ont crée une plate-forme de coopération entre les Etats
pour la résolution des problèmes concrets. C'est ce qui a
obligé le Cameroun et la RCA à nouer davantage leur relation
bilatérale par les signatures de plusieurs conventions de
coopération depuis les années 1965 et 198017. Ainsi,
le 8 août 1965 c'est le lancement de la commission mixte qui porte sur le
traité de tracé et de la gestion de frontière commune, la
situation des personnes et de leurs biens, le code des nationalités
et
14GbowéGbowéSimplice, 2010, p. 158.
15 Entretien avec Dandjouma Victor le 25 juin 20014
à Meiganga.
16Saibou Issa, 2006, « La prise d'otage aux
confins du Cameroun, de la RCA et du Tchad : une nouvelle modalité du
banditisme transfrontalier », Polis/RCSP/CPSR, Vol 13, n°1-2, pp
119-146. 17GbowéGbowéSimplice, 2010, p. 129.
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de transport. Le 24 juillet 1969, c'est la convention en
matière de police qui porte sur le règlement, la circulation des
personnes et des biens, et interdit de s'immiscer dans les affaires
intérieures aux deux Etats18.
D'autre part, Les autorités administratives
décentralisées ont fait de même dans leur circonscription
administrative. En effet, c'est à plusieurs reprises que les
autorités camerounaises des régions frontalières ont
convoqué leurs homologues centrafricains pour débattre sur les
problèmes communs. C'est le cas du sous-préfet de
l'arrondissement de Garoua Boulai qui a convié son homologue
centrafricain de la sous-préfecture de Bouar lors du 20 mai 2010 pour
débattre sur la question de l'insécurité
transfrontalière19. In grosso modo, il est important
de noter que face à la recrudescence du phénomène de
l'insécurité transfrontalière au niveau des
frontières de ces deux pays, depuis les années 2000, on a
assisté à l'intensification de la coopération et de la
signature des accords dans le domaine sécuritaire entre les deux
pays.
Au plan local, l'Etat camerounais a pris des dispositions en
vue d'assurer la sécurité dans les régions
frontalières comme à l'intérieur du pays. En effet, face
aux épineux problèmes d'insécurité que
génèrent les conflits politiques et la situation des
réfugiés centrafricains, l'Etat a mis un accent dans le secteur
militaire des villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua. Ainsi, un nouveau
poste de B.I.R a été créé à Garoua Boulai en
200320, un escadron composé de plusieurs pelotons fut
installé en 2013, un déploiement de la DGRE rattaché
à la présidence de la république, du commissariat de
surveillance du territoire et du SEMIL. On note également dans cette
ville, une augmentation considérable de l'effectif des gendarmes dans
les brigades et postes de gendarmerie et plusieurs policiers qui arrivent sous
forme de détachement pour la relève21. L'Etat
camerounais, pour préserver son pays de toute contamination de guerre et
la circulation des armes, a procédé à la fermeture des
frontières à Garoua Boulai et à Ngaoui, lieux qui sont les
principales portes d'entrée surtout lorsqu'on sait que les conflits en
Afrique sont des faits fluide.
18 A-H. OnanaMfege, 2004, Le cameroun et les
frontières : Une dynamique géopolitique complexe, Paris,
L'Harmattan, P.223.
19 Entretien avec Abdouraman Moustapha le 25 juin 2014
à Garoua Boulai.
20 Monographie de la commune Garoua Boulai 2010.
21 Entretien avec Kanou Emmanuel le 24 juin 2014
à Ngaoui.
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Dans les villes de Ngaoui on note une création de trois
postes de sécurité dont une de la gendarmerie, et les deux autres
de la police et de la douane en 199222.En 2013, un poste de
contrôle en aval a été créé entre les
frontières camerounaises et centrafricaines. Comme à Garoua
Boulai, il existe également des militaires qui arrivent sous forme de
détachement pour la relève. Lors des journées de
marchés, toutes les voitures qui vont à Ngaoui sont
escortées par des éléments du B.I.R qui détiennent
leur base à Meiganga23.
À Bertoua, en plus des corps cités pour les cas
de Ngaoui et Garoua, il existe également des patrouilles qui sont
menées toutes les nuits par les ESSIR. Pour les soldats centrafricains
qui ont intégré les trois villes, l'Etat camerounais se rassure
que ceux-ci sont sous le contrôle des forces de l'ordre et que leurs
armes sont stockées à la garnison militaire de Bertoua.
Au niveau international, l'Etat camerounais a envoyé un
grand nombre de ses soldats au côté de la MISCA pour le maintien
de l'ordre en RCA. Selon Martin Samonsa, soldat de cette mission militaire, la
MISCA est composée à majorité des
Camerounais24. On note également de nombreux convois
militaires camerounais qui escortent les populations camerounaises et
centrafricaines pour leur retour au Cameroun. Bref, on constate une attention
de l'Etat camerounais vers ces trois localités plus que par le
passé. En effet, l'Etat camerounais exerce des efforts louables dans la
gestion des conséquences des crises centrafricaines comme le reconnu le
représentant du Secrétaire Général des Nations
Unies :
Les autorités camerounaises sont
particulièrement mobilisées pour cette cause. Je tiens à
les féliciter pour leurs efforts et pour leur politique en faveur des
réfugiés. Nous avons tenus à le dire aux membres du
gouvernement, en leur réitérant la disponibilité des
Nations Unies à continuer à les accompagner dans la recherche des
solutions pérennes aux difficultés actuelles25.
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