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Les communes des borderlands camerounais face aux conséquences des conflits centrafricains de 1960 à  2013. Cas de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua.

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par (pas de prénom) GAMBO
Université de Ngaounderé-Cameroun - Master 2014
  

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II-LES ACTIONS CULTURELLES DES COMMUNES DE BERTOUA, GAROUA BOULAI ET NGAOUI FACE AUX CONSEQUENCES DES CONFLITS CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN DE 1960 A 2013

L'effectif des réfugiés centrafricains dans les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua devient important à partir de l'année 200522. Situées dans les zones frontalières,

les communes de ces trois villes doivent faire face aux conséquences des crises

centrafricaines dont elles sont victimes. C'est dans cette optique d'assurer la sécurité et la paix que les communes vont réaliser les actions culturelles à l'endroit des réfugiés centrafricains. Cette initiative s'observe dans divers domaines tels que l'assistance pendant les décès, l'établissement des actes de mariage et le dialogue interreligieux.

1-Le dialogue interreligieux

En plus de ces exactions commises sur les civiles en République Centrafricaine, un conflit à teneur confessionnelle se profile. Le département d'Etat américain évoque même une situation « prégénocidaire » pour le cas du dernier conflit. Les membres de la Séléka sont essentiellement de confession musulmane, pratiquants ou non, alors que la population centrafricaine est composée à 80 % de chrétiens. Le conflit a cristallisé les sentiments d'appartenance religieux et, après les pillages de la Séléka, des groupes d'autodéfense chrétiens les anti-balaka, « anti-machette » en sango, qui avait déjà été formés ponctuellement par l'ancien dirigeantBozizé, se sont regroupés en septembre. Ils s'en sont pris aux populations musulmanes, assimilées aux anciens rebelles. Dès lors, les clivages religieux sont devenus saillants et ont alimenté un cycle de ripostes comme affirme le responsable de HumanRights Watch« On assiste à des représailles ciblées à la fois contre des villages chrétiens et musulmans, et les civils en sont les premières victimes. » Dès lors, de la Centrafrique vers le Cameroun, les mouvements des personnes respectent aussi bien le même circuit religieux.

Les peuples qui arrivent de la Centrafrique ont en effet, une perception autre du climat religieux qui se vit au Cameroun. Les centrafricains qui fuient les effets de la guerre et les intransigeances et la dureté des régimes politiques ont tous un même statut de réfugié au Cameroun. Ils sont par conséquent logés dans un même site par les organismes humanitaires qui ne tiennent pas souvent compte de leur appartenance religieuse. Cette

22 Rapport HCR 2010.

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situation est à la base de plusieurs conflits. Composé de deux groupes antagonistes, les réfugiés centrafricains ne semblent pas s'entendre. Ces mouvements de personnes de la Centrafrique vers le Cameroun a entrainé un transfert de haine qui s'illustre à travers la ségrégation religieuse, entre les populations des régions frontalières du Cameroun. La perception que chacun à de l'autre est une source de méfiance. En effet, les réfugiés qui arrivent de la RCA ont une vision globale de la guerre qui se vit dans leur pays. Selon Ousseini Hamoua, la guerre qui se déroule en Centrafrique n'est pas seulement interne, il s'agit d'une guerre qui oppose les musulmans et les chrétiens à l'échiquier internationale23. C'est pour résoudre ce problème que les communes des bortherlands camerounais ont posé des actions en vue de minimiser les risques d'une contamination de guerre aux populations locales.

Pour éviter une fracture culturelle et religieuse au sein des populations locales, les communes de Ngaoui, Bertoua et Garoua Boulai ont souvent organisé les assises pendant lesquelles les chefs traditionnels des réfugiés chrétiens, et musulmans, les responsables religieux, les chefs traditionnels locaux et les sous-préfets ont pris part24. Au cours de ces rencontres, les autorités traditionnelles et religieuses sont sensibilisées sur l'origine des multiples guerres qui ruinent la République Centrafricaine. En effet, c'est pendant ces rencontres qu'ils sont sensibilisés sur le fait les conflits religieux qui ont lieux en RCA n'ont pas une dimension internationale comme ils le pensent, il s'agit d'un problème interne d'un pays. En outre, ces responsables sont aussi sensibilisés sur l'importance de cohabiter et de promouvoir une coopération pacifique entre les deux religions. Les chefs traditionnels locaux sont aussi sensibilisés sur la nécessité de la prise en charge des réfugiés centrafricains mais surtout sur le risque qu'ils courent s'ils ne le font pas25.

Toujours dans la même continuité de promouvoir un climat serin dans le secteur religieux, les communes ont encouragé les différentes religions en octroyant des parcelles de terrain pour la construction des Eglises et des mosquées comme nous pouvons le constater dans les photos suivantes.

23 Entretien avec OsseiniHamoa le 26 juin 2014 à Garoua Boulai. 24Entretien avec Doka Firmin le 26 juin 2014 à Garoua Boulai.

25 Entretien avec Kpao Raymond le 26 juin 2014 à Garoua Boulai.

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Photo 16: EgliseEvangeliqueLuhterienne au Cameroun à GadoBadjeré

(c) : Gambo, réalisé le 14 juin 2014 à GadoBadjeré.

La photo 15 nous présente le bâtiment qui sert d'Eglise aux fidèles chrétiens des réfugiés de Gado Badjeré dans la commune de Garoua Boulai. C'est dans cette maison construite en matériels provisoire que se rassemblent les fidèles chrétiens tous les dimanches pour offrir un culte à Dieu. Une distance d'environ 350 à 500 m partage ce hall de la mosquée. En effet, cette position stratégique définie par la commune est dans l'optique d'éviter tout risque pouvant provoquer des conflits à cause de l'effet de la proximité. Les matériels provisoires de construction dont nous observons traduisent le souci des réfugiés d'avoir un lieu d'adoration le plus vite possible. En effet, avant la mise sur pied de cette maison, les fidèles avaient pour habitude de se rendre tous les dimanches à la grande congrégation de l'E.E.L.C de Garoua Boulai pour offrir un culte d'adoration à l'Eternel Dieu. Ainsi, c'est pour réduire la distance que les autorités religieuses de l'E.E.L.C en collaboration avec les magistrats communaux de Garoua Boulai ont jugé nécessaire de construire une maison provisoire pour servir d'Eglise aux réfugiés centrafricains. Tous les dimanches, un pasteur est dépêché depuis Garoua Boulai pour la prédication et il est secondé par un catéchiste de nationalité centrafricaine.

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Dans ce même village, la commune a également octroyé de l'espace favorable pour la construction d'une mosquée comme nous pouvons le voir dans la photo suivante.

Photo 17: Mosquée Centrale de GadoBadjeré

(c): Gambo, réalisé le 14 juin 2014 à GadoBadjeré.

La photo 16 présente un bâtiment neuf construit par les responsables religieux de la communauté musulmane à Gado Badjeréet qui sert de mosquée. Cette réalisation rentre dans le souci des communes de promouvoir une intégration religieuse dans ce nouveau village. Ainsi, la commune a encouragé les responsables musulmans à construire une mosquée sur un espace qu'elle leur a octroyé. Certes la construction de cette mosquée n'empêche pas à tous les fidèles musulmans de se rendre à Garoua Boulai tous les vendredis pour la prière comme c'est le cas chez les chrétiens, mais elle a du moins soulagé les personnes qui n'ont pas les moyens de déplacement surtout lorsqu'on sait qu'en période de ramadan les prières sont intenses et multiples.

En général, la construction des édifices religieuses et les multiples assises organisées par les communes de Garoua Boulai, Bertoua et Garoua Boulai sous le couvert des réfugiés centrafricains est salutaire pour tous. Ces actions ont favorisé depuis quelques années, un

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climat serin au sein de ces deux religions. Celles-ci en Centrafrique sont sources de multiples conflits qui déchirent le pays.

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