RESUME
La République Centrafricaine est un Etat en constance
instabilité politique. Depuis son accession à
l'indépendance en 1960, ce pays est victime de plusieurs coups d'Etat.
C'est un foyer de rébellions, creuset de coupeurs de route, des preneurs
d'otage et les bandits de Grand chemins. Lorsque ce pays est en état de
crise, ce sont les villes frontalières du Cameroun, notamment Garoua
Boulai, Ngaoui et Bertoua, qui constituent les lieux de convergence par
excellence. La porosité des frontières entre ces deux Etats et
l'accroissement du nombre d'immigrés centrafricains dans ces trois
villes camerounaises dus à ces crises entrainent diverses
conséquences. Cette situation a suscité l'intervention des
communes des borderlands camerounais qui ont réalisé de
nombreuses actions sur les plans politique, économique, social et
culturel. Plusieurs autres acteurs ont aussi accompagné les communes
dans la réalisation de cette tâche. Ces actions ont eu un impact
considérable sur l'Etat camerounais en général, les
réfugiés centrafricains et les populations locales en
particulier.
Mots clés : République Centrafricaine,
Actions, Communes, Borderlands camerounais, Conflits, Conflits
centrafricains.
X
ABSTRACT
Central African Republic is in constant political
instability. Since its accession to Supreme magistracy, the country has been
victim of many states penalties. It is the area of great tensions; zone of
hostage kidnappers and high way robbers. Each time that country deals with
conflicts, the Cameroonian frontier towns such as Garoua Boulai, Ngaoui and
Bertoua are where constantly refugees run to. The porosity of the frontier
between Cameroon and Central African Republic and the increasing number of
Centrafrican refugees in the above mentioned towns lead to many consequences.
Such situation has always called upon the interventions of the Cameroonian
borderlands Councils which have engaged many actions towards political,
economic, social and cultural domains. Others actors have joined the councils
in the accomplishment of then heavy task.Actions leads on the field have great
impact in Cameroon in general, on the Centrafrican refugees and mostly onlocal
population.
Keywords: Central
African Republic, Actions, Councils, Borderland, Cameroonian Borderlands,
Conflicts, Centrafrican Conflicts.
xi
CARTE DE LOCALISATION DE LA ZONE D'ETUDE
INTRODUCTIONGÉNÉRALE
A-PRESENTATION DU SUJET
Les conflits sont actuellement l'image la plus forte que nous
envoie l'Afrique surtout l'Afrique centrale en particulier l'Etat de la
République Centrafricaine auquel s'attache notre étude. Si l'on
ajoute à une violence endémique et dispersée les atteintes
massives au droit humanitaire, la pauvreté et le sous
développement, les catastrophes naturelles, l'expression du SIDA, la
dictature ou la défaillance des autorités politiques et la
prédation économique, on pourrait alors parler des sept plaies de
l'Afrique 1 . Dès l'accession à l'indépendance,
René Dumont la considérait mal partie. On a parfois aujourd'hui
l'impression d'un continent perdu, dont on pourrait écrire un
précis de décomposition2.
Après leur accession à l'indépendance en
effet, nombre de pays de l'Afrique deviennent le théâtre des
conflits armés. Cette situation est due aux profondes mutations qui se
sont opérées au sein des sociétés africaines sur le
plan des valeurs ; mutations qui ont engendré des contradictions d'ordre
social et idéologique. Au lendemain des indépendances, l'on
assisteà plusieurs conflits entre Etats qui déchirent le
continent même si quarante ans plus tard le reconnait Amara
Essy3, ils deviennent des conflits internes d'origine diverses. Ces
conflits résultent de « blocages intentionnels profonds, d'impasses
politique, d'insuffisance de légitimation au pouvoir, de l'échec
des procédures d'alternances et de mal gouvernance »4.
En d'autres termes ces conflits ont dégénéré des
conséquences graves qui minent la quasitotalité de l'Afrique.
La région de l'Afrique centrale est l'une des
régions du continent où l'on rencontre depuis quelques
décennies la plupart des conflits armés. Situé au coeur de
cette région, le Cameroun s'apparente à un havre de paix. Il est
ainsi victime des conséquences des crises de ses voisins. Ratifié
en 1951, le Cameroun signe la convention relative au statut du refugié
et son protocole additif de 1967, il offre l'hospitalité à ses
frères africains et se retrouve ainsi submergé par des
dégâts des refugiés qui sont de plus en plus croissants.
1 S. Sur, Questions internationales « Les
conflits en Afrique » N°5 janvier-février 2004, p. 1
2 V.Fouche et J.H Jézéquel, 2004, «
Conflits en Afrique subsaharienne, structuration et faiblesse du nouvel
interventionnisme » in Les conflits dans le monde, Presses de
l'université de Laval, Québec, pp. 155-165
3 Amara Essy était Président de la
commission de l'Union Africaine en 2000.
4 Amara Essy, 2002, « L'Union Africaine
face aux enjeux de paix, de sécurité et de
défense» in Dominique Bangoura (Dir), « L'Union Africaine
face aux enjeux de paix, de sécurité et de défense, actes
des conférences de l'OPSA, l'Harmattan, Paris.
2
Cette situation nécessite une action de plusieurs
acteurs5. Des bases du HCR sont installées au Nord Cameroun
en ce qui concerne la gestion des conséquences des conflits tchadiens et
nigérians, tandis que dans l'Adamaoua et l'Est du pays, on note les
actions du HCR, de l'Etat, de la population locale et celles des
communes6.
De prime à bord, il est important de préciser
que l'Afrique qui est un continent vieux de plusieurs millénaires a
connu d'innombrables conflits de nature différentes et qui ont
engendré de multiples problèmes. Les communes des régions
frontalières camerounaises ont donc développé des
stratégies de gestion des conséquences de ces conflits. Ils n'ont
pas attendu l'intervention des Nations Unies pour mettre sur pied un
système de gestion afin de faire face aux problèmes
soulevés. Ainsi, dans l'Adamaoua et à l'Est du Cameroun, en plus
des acteurs qui interviennent dans la gestion des conséquences des
conflits centrafricains, apparait la participation active des communes.
Participation qui a été essentielle et sur laquelle repose en
partie notre étude. De tout ceci, il résulte que cette action des
communes nécessite des gros moyens et illustre parfaitement
l'organisation d'un Etat décentralisé. Une réflexion
approfondie centrée sur cette gestion et de tout ce qui en
découle s'avère intéressante d'où le choix du
thème intitulé « Les communes des borderlands
camerounais face aux conflits centrafricains de 1960 à 2013. Cas de
Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua ». S'inscrivant dans le champ de
l'histoire politique et des Relations internationales, le choix de ce sujet se
justifie par plusieurs raisons.
|