3-La lutte contre l'insécurité
De nombreuses guerres civiles, des rebellions et des
changements des régimes ont jalonné l'histoire de la
République Centrafricaine et celle du Tchad. A cause de ces facteurs, et
du fait de la crise économique, l'on a assisté à la
résurgence de la criminalité transfrontalière et dans
certaines villes et campagnes camerounaises 20 .L'instabilité
permanente en Centrafrique, a un impact assez négatif pour le Cameroun
en général et pour les villes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua
en particulier. Cette situation a des conséquences néfastes parmi
lesquelles le trafic illégal et la prolifération des
ALPC21. De nombreuses populations en provenance de la Centrafrique
sont présentes dans notre zone d'étude. Certes, les raisons pour
lesquelles ces populations ont quitté leur pays sont multiples, mais, la
fuite de la répression ou de la rigidité des régimes
politiques, la fuite des balles, les exactions des coupeurs de route et des
preneurs d'otages sont des fondamentales22. La
pénétration et l'installation des centrafricains dans les villes
de Ngaoui, Garoua Boulai et Bertoua revêt un caractère
négatif sur le plan sécuritaire. Cependant, la
sécurité des populations est un aspect essentiel dans les
missions régaliennes de la commune. Ainsi, c'est dans ce sillage que les
communes de notre zone d'étude ont pu poser les actions en vue d'assurer
la sécurité de ses populations distinctes.
Outre le volet de l'octroi des terres, la lutte contre
l'insécurité telle que les agressions, les assassinats, les
voles, les violes les prises d'otage et les bandits de grand chemin constituent
une autre préoccupation des communes de Ngaoui, Garoua Boulai et
Bertoua. Cette lutte se traduit par la mise sur pied d'un comité
t'autodéfense ou d'un comité de vigilance qui regroupe en son
sein des jeunes et des hommes capables d'intervenir en cas d'une attaque. En
effet, s'il est vrai que cette commission tarde encore à bien se
structurer dans la commune de Bertoua, notons que dans les communes de Garoua
Boulai et de Ngaoui c'est un secret de polichinelle de signaler sa
présence ancienne23.
Dans l'arrondissement de Ngaoui, cette commission de lutte
contre l'insécurité est assurée par les soldats de la
chefferie de Ngaoui. Ces soldats vulgairement appelés « Dogari
» en fulfulde travaillent au compte de la commune24.
Ceux-ci perçoivent de fortes
20 Saïbou Issa, 2006, « La prise d'otage aux
confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad : une nouvelle
modalité du banditisme transfrontalier », Polis/RCSP/CPSR, Vol 13,
n°1-2, pp119-146.
21 Ibid.
22 Entretien avec Poutia Jean le 19 juillet 2014
à Ngaoui.
23 Entretien avec Abdouraman Labi le 26 juillet
2014.
24 Ibid.
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sommes d'argent tous les fins de mois en guise de leur
salaire25. En 2003 par exemple, les combattants pro-Patassé
vaincus par la troupe Bozizé avaient regagnés les confins de
Ngaoui avec leurs armes. C'est grâce à ces « Dogari
», qu'on a pu les maîtriser26. En outre, ils ont
également lutté contre ce groupe de bandits
dénommés « Hamagamba » qui sont des experts
bandits dans le vole de bétail et des prises d'otage27. Notre
visite dans la prison de la chefferie de Ngaoui nous a permis d'observer
quelques prisonniers à majorité centrafricains qui attendent leur
déferlement à la prison du poste de gendarmerie de Ngaoui. En
effet, il faut aussi noter que ces agents communaux de sécurité
qu'on rencontre aussi bien dans la commune de Ngaoui que celle de Garoua Boulai
travaillent en pleine collaboration avec les forces de l'ordre. Ainsi, en cas
d'une moindre situation ceux-ci ne tardent pas d'alerter les forces de maintien
de l'ordre.
Ces actions des communes en matière de
sécurité, ont servis servit à la restauration et la
stabilité de la paix dans ces différentes villes. Elles ont
contribué à mettre un accent sur la sécurité des
populations hôtes que celle des réfugiés en
renforçant les efforts louables des forces de sécurité qui
sont parfois inférieurs en nombre. En gros, un nombre important de
centrafricain réside dans les villes de Bertoua, Garoua Boulai et
Ngaoui. Cette forte présence a favorisé un boom
démographique d'où la résurgence de certains
problèmes sociaux dont l'insécurité. Dans les villes qui
constituent la zone de notre étude, les réfugiés
centrafricains sont cibles et acteurs même de l'insécurité.
Ce phénomène a pris une proportion importante à partir de
2005. Ainsi compte tenu de l'ampleur du phénomène de
l'insécurité, les communes des bortherlands de ces trois
localités, pour réprimer le phénomène, ont dû
mettre sur pied les comités d'auto-défense.
En fait, ces comités d'auto-défense crées
sous l'impulsion des autorités communales visent à aider les
forces de maintien de l'ordre qui sont toujours en nombre
insuffisant28 dans ces trois villes afin de maîtriser et
minimiser ce fléau. C'est dans ce contexte que Ngaoui et Garoua Boulai,
fiefs ou réservoir des réfugiés centrafricains et creuset
de l'insécurité urbaine, les différents maires ont
respectivement mis sur pied un comité d'auto-défense et un
comité de vigilance afin de réduire la recrudescence des vols
domestiques et empêcher les actes de vandalisme qui entrainent
l'insécurité dans ces villes.
25 Ibid.
26 Entretien avec Kanou Emmanuel le 19 juillet 2014
à Ngaoui.
27 Entretien avec Abdouraman Labi le 26 juillet
2014.
28 Dans le poste de gendarmerie de Ngaoui on rencontre
seulement neuf gendarmes.
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