2-L'octroi des parcelles de terre aux
réfugiés centrafricains et aux organismes internationaux de prise
en charge par les communes de Garoua Boulai, Ngaoui et Bertoua
L'installation spontanée désigne l'installation des
refugiés ayant traversé les
frontières de leur pays d'origine vers les pays les
plus proches pour y chercher refuge. Dès leur arrivée au
Cameroun, les réfugiés centrafricains ont été
accueillis et soutenus par les communes qui les ont installés dans les
villages et parfois au sein de la ville. Ce favoritisme vient du fait que les
refugiés et les agents communaux sont à majorité des
6 Registres d'état civil des communes de Garoua
Boulai, Bertoua et Ngaoui. 7Entretient avec Pkao Raymond le 28 juin
2014 à Garoua Boulai.
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frères et partagent bien des liens culturelles, de
fraternité et d'amitié8avec ces
réfugiés. Dans la zone de notre étude, l'octroi des terres
par les communes pour la gestion des crises centrafricaines s'est fait en deux
étapes. D'une part, nous avons l'octroi des terres aux personnes
réfugiés elles-mêmes et d'autre part, celui octroyé
aux organismes internationaux de la prise en charge des
réfugiés.
a-Octroi des parcelles de terre aux
réfugiéscentrafricains par les communes de Garoua Boulai, Ngaoui
et Bertoua
C'est un secret de polichinelle de signaler la présence
ancienne des réfugiés centrafricains au Cameroun. Elle s'accroit
au gré du temps et des circonstances9. Or, présents au
Cameroun depuis des décennies, c'est à partir de juillet 2007 que
les réfugiés centrafricains vont bénéficier de la
prise en charge des organismes internationaux10. C'est dire que les
Centrafricains au Cameroun avant 2007 ont dû bénéficier
d'une prise en charge assurée par les communes. C'est dans cette logique
que les communes de Bertoua, Garoua Boulai et Ngaoui vont répondre aux
appels pressants de la population centrafricaine. Les populations hôtes
de ces trois villes offrent de plus en plus des logements
réfugiés, mais c'est presque tous les jours qu'on observe
toujours dans les rues de ces trois villes des personnes qui passent des nuits
à ciel ouvert. D'autres par contre, souffrent de la faim car
étrangers de leur état, ces populations centrafricaines n'ont pas
des sources de revenues pouvant assurer leur survie. C'est pour pallier
à ces problèmes que les communes de ces trois localités
vont prêter main forte aux réfugiés centrafricains en leur
octroyant des quartiers, des villages et des terres arables pour
l'agriculture11.
La commune de Ngaoui, à travers son plan
d'aménagement s'assure que les populations centrafricaines
présents dans sa circonscription communale obtiennent des conditions de
vie favorables dont elles ont besoin pour leur
épanouissement12. Ainsi, le maire a octroyé à
ces populations un quartier et des secteurs pour la pratique de l'agriculture
comme nous pouvons le constater dans la photo ci-dessous.
8 Il y'a pas de loi qui autorise les communes
à prendre charge des refugiés. Leurs actions au regard des
refugiés sont surtout fondées sur les liens d'amitié de
culture et de fraternité les populations hôtes de la RCA et du
Cameroun sont un peuple trait d'union.
9 Y. Zoctizum, 1983, histoire de la Centrafrique
1879-1959, tome 1, Paris, Harmattan, p 30
10 Le PAM, le HCR, l'UNICEF se sont
intéressé aux réfugiés centrafricains à
partir de 2007.
11 Entretien avec Oumarou Guedala Alipha le 29 juin
2014 à Garoua Boulai.
12 Entretien avec Abdouraman Labi le 27 juillet 2014
à Ngaoui.
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Photo 8 : Le quartier des
réfugiés centrafricains dans la ville de Ngaoui
(c) : Gambo réalisé le16 juillet à Ngaoui
La photo 8 nous présente un imposant quartier des
réfugiés centrafricains dans la ville de Ngaoui. Situé
juste à 3km13 de la République Centrafricaine, ce
quartier a été crée par la commune de Ngaoui en 2003 suite
à la deuxième importante vague des réfugiés venue
lors de l'accession à la magistrature suprême de
Bozizé14. Ce quartier sert aussi de lieu de refuge depuis
bientôt onze ans aux personnes qui fuient la hache de guerre en RCA. Il
représente aussi le secteur des activités commerciales entre les
populations centrafricaines et camerounaises. Dans ce quartier, on note aussi
la présence des maisons construites en tôle ou en ciment. Ce
passage des matériaux provisoires aux matériaux modernes de
construction traduit leur installation définitive dans ce quartier.
Dans la commune de Garoua Boulai, en plus d'un vaste site
situé au coeur de la ville, on note également plusieurs autres
villages qui ont été crées. En effet, il faut
préciser que la création de ces villages a toujours pris en
compte les décisions des communes. Pour ce qui est des terres
octroyées pour la création des villages voilà comment se
présente le modèle architectural.
13 Dion Essongué Marinette, p 49
14 Entretien avec Poutia Jean le 19 juillet 2014
à Ngaoui.
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Photo 9 : Le village Tihomo situé
à 10km de Garoua Boulai
(c) : Gambo réalisé 16 juin 2014 à Tihomo
La photo 9 met en relief l'espace qui a été
octroyé aux réfugiés centrafricains en 2013 par la commune
de Garoua Boulai. Sur cette image, nous apercevons des bâtiments
confortables qui ont été nouvellement construis. Ici, il faut
préciser que ces bâtiments sont construits par le concours de
plusieurs hommes d'affaire centrafricains ayant fui les atrocités en
RCA15. A la différence des plus démunis, cette
catégorie des refugiés centrafricains ont un village à
part entier baptisé « Tihomo ». Ce nouveau village
qui signifie milieu des arbres en Gbaya, porte le nom d'un autre village qui
est situé non loin de là. Le baptême de ce village par ce
nom est un signe de dépendance. Selon Djaoro koundé, ce nouveau
village doit porter le nom de « Tihomo II »16.
Cette image met également en exergue les bois entassés sur des
échelles à fabrication traditionnelle. En effet, malgré
les dommages que cause la destruction de ces arbres, ils servent
néanmoins de bois de chauffe aux réfugiés.
15 Entretien avec Alim Hayatou le 19 juillet 2014
à Tihomo
16 Entretien avec Djaoro Koundé le 19 juillet
2014 à Tihomo.
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