Victoria Ullmann Mai 16
Approche stratégique
d'un projet ERP :
Comment faire de l'ERP, un atout pour
l'entreprise?
Sous la Direction de Madame Émilie Canet
Professeur
à l'Université Paris-Dauphine
Université Paris-Dauphine
Master 1 Management Général Mémoire de fin
d'année
|
|
Résumé :
Depuis la fin des années 1990, de plus en plus
d'entreprises et organisations adoptent le système intégré
ERP (Enterprise Resource Planning). Les raisons de sa mise en place peuvent
être différentes selon le contexte et les objectifs de
l'entreprise, mais les échecs demeurent extrêmement nombreux. Un
certain nombre d'études se sont intéressées à ce
phénomène et ont montré que l'insuffisance de
réussite des projets informatiques était, en partie, du à
un mauvais alignement de la stratégie d'entreprise à celle du
système d'information.
Nous tentons d'appliquer, à travers la
littérature, la notion d'alignement stratégique au cas
particulier de l'ERP et souhaitons mettre en évidence
l'intérêt d'une telle approche.
Dans la première partie de cette étude, nous
nous attachons à comprendre les nouveaux défis et
impératifs des organisations. Le but étant de démontrer
que l'ERP est susceptible de représenter un véritable outil au
service de la stratégie des entreprises lorsqu'il est motivé par
des raisons stratégiques. Dans une seconde partie, nous fournissons des
éléments d'attention permettant de limiter les risques
d'échec de ce projet ou d'en maximiser les bénéfices.
Notre travail nous a permis de mettre en lumière la
nature complexe et nécessaire d'adopter une approche stratégique
de l'ERP pour prétendre réussir un tel projet.
Mots-clés : ERP, approche stratégique,
alignement stratégique, système d'information.
Abstract :
Since the end of the 1990's, more and more companies and
organisations have adopted the ERP system. The reasons of its implementation
are different according to the context and the goals of the companies but the
failures remain very high. A various amount of studies have been tackling the
phenomenon and proved that the insufficient success of IT project was due to a
wrong alignment between corporate strategy and computer system.
We are trying to apply through literature, the notion of
strategic alignment to the specific case of ERP and we are highlighting this
way of thinking.
In the first part of the study, we are understanding the new
challenges and needs of the organisations. The aim is to demonstrate that the
ERP is likely to represent a veritable tool to the service of strategic
alignment when it's motivated by strategic reasons.
In the second part, we are providing elements in order to
limit the risks of any failure in the project and to maximise the benefits.
Our work have allowed us to highlight the complex nature and
the necessity to adopt a strategic approach of the ERP in order to succeed in
the project.
2
Key words: ERP, strategic approach, strategic alignment,
information system.
3
Remerciements
En premier lieu, je tiens à remercier Madame
Émilie Canet, tutrice de ce mémoire de fin d'année, pour
son aide et ses conseils qui m'ont aidés à aborder ce travail de
synthèse et d'analyse. Nouveau et non aisé, ce travail a
été un réel enrichissement et je la remercie d'avoir
accepté de m'encadrer pour ce sujet.
Je remercie également Madame Anouck Adrot, professeur
ayant dispensé le cours de « Management des Systèmes
d'information » cette année, sans qui, il n'aurait pas
été possible d'aborder cette thématique. Ses cours m'ont
apporté la matière nécessaire à la
réalisation de ce mémoire.
4
5
Table des matières
Résumé 2
Remerciements 3
Liste des sigles 8
Liste des figures 9
Introduction générale 11
Première Partie : l'ERP, un outil s'inscrivant
au service de la stratégie 14
Chapitre 1 : Un système d'information pour
accompagner le changement et le
développement de l'entreprise
14
A/ La place des systèmes d'information dans les
entreprises 14
B/ L'alignement du système d'information : un exercice
indispensable et complexe 15
1. Finalité des SI 15
2. De nouveaux défis 17
3. Réponse partielle à ces défis 21
C/ Une solution : l'ERP 22
1. Présentation des ERP 23
2. Les bénéfices attendus d'un projet ERP 24
Conclusion chapitre 1 25
Chapitre 2 : l'ERP, système
intégré au service de la stratégie 26
A/ Les motivations stratégiques au démarrage
d'un projet ERP 26
1. Origines d'un projet ERP 26
2. Dimensions stratégiques des ERP 29
B/ Alignement stratégique de l'ERP 30
1. Bénéfices économiques de l'ERP 31
2. Bénéfices organisationnels de l'ERP 33
3. Àla conquête d'un avantage
concurrentiel 34
C/ L'ERP : un support à la prise de décision
36
1. Prise de décision et différents niveaux
hiérarchiques 36
2. La Business Intelligence : au service des cadres dirigeants
38
3.
6
Des outils au service des cadres intermédiaires et
opérationnels 39
4. Des outils pour aider les employés 40
Conclusion chapitre 2 40
Deuxième Partie : Mettre en oeuvre une
démarche d'alignement stratégique 42
Chapitre 1 : État des lieux des projets ERP
42
A/ Risque des projets ERP (cas de l'entreprise Hershey)
42
B/ Facteurs clés de succès et d'échec des
projets ERP 46
Chapitre 2 : Les points d'attention pour une mise en
oeuvre effective du projet ERP 47
A/ Phases d'implémentation d'un ERP 47
B/ Un audit d'alignement stratégique 49
C/ Orientations stratégiques 50
D/ Stratégie de mise en oeuvre 52
1. Connaître la raison qui a motivé la
décision du projet 52
2. Comprendre les processus métiers et les exigences
clés 52
3. Établir une analyse économique du projet 53
4. Assurer une bonne gestion et un engagement suffisant de
ressources 53
5. S'assurer d'un engagement fort des cadres dirigeants 54
6. Ne pas se précipiter dans la mise en place du
système 54
7. La conduite du changement 55
E/ L'importance d'un comité de pilotage pour assurer
l'alignement 55
F/ L'implication des acteurs, une condition nécessaire
au succès du projet 57
1. Engagement et participation des utilisateurs 58
2. Formation des utilisateurs finaux 59
Conclusion Partie 2 61
Conclusion Générale 62
Bibliographie 64
7
8
Liste des sigles
BA : BUSINESS ANALYTIC
BI : BUSINESS INTELLIGENCE
BU : BUSINESS UNITS
BPR : BUSINESS PROCESS REEGINEERING
CRM : CUSTOMER RELATIONSHIP MANAGEMENT
DSI : DIRECTEUR DES SYSTÉMES D'INFORMATION
DG : DIRECTEUR GÉNÉRAL
ERP : ENTERPRISE RESOURCE PLANNING
KPI : KEY PERFORMANCE INDICATORS
MOA : MAÎTRISE D'OUVRAGE
MOE : MAÎTRISE D'OEUVRE
PGI : PROGICIEL DE GESTION INTEGRE
RH : RESSOURCES HUMAINES
SAAS : SOFTWARE AS A SERVICE
SAP : SYSTEMS, APPLICATIONS AND PRODUCTS IN DATA PROCESSING
SCM : SUPPLY CHAIN MANAGEMENT
SI : SYSTEME D'INFORMATION
SIG : SYSTEME D'INFORMATION DE GESTION
SIAD : SYSTEME INTERACTIF D'AIDE À LA
DÉCISION
TI : TECHNOLOGIE DE L'INFORMATION
TIC : TECHNOLOGIE DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
9
Liste des figures
Figure 1 L'entreprise étendue 19
Figure 2 Origines d'un besoin en ERP 28
Figure 3 Théorie des coûts de transaction
appliquée à l'impact des technologies de
l'information sur les entreprises 32
Figure 4 Théorie
des coûts d'agence appliquée à l'impact des technologies
de
l'information 32
Figure 5 L'ERP et l'amélioration de la
productivité
opérationnelle 34
Figure 6 Données nécessaires à la prise de
décision de chaque niveau hiérarchique 36
Figure 7 Causes principales d'échec de mise en oeuvre d'un
projet ERP 45
Figure 8 Les six étapes clés de
l'implémentation d'un ERP 47
Figure 9 Rôle et responsabilités du comité de
pilotage 57
10
11
Introduction générale
Les systèmes d'information sont devenus des outils
prépondérants dans la gestion des activités par les
entreprises et les organisations. La mise en place d'un ERP (Enterprise
Resource Planning) est un projet typiquement « système
d'information ». Ce dernier est devenu un outil presque standard pour les
grandes entreprises mais également pour bon nombre de PME depuis que de
nouvelles offres sont venues les satisfaire. Comment peut-on expliquer leur
émergence ?
Les usages des technologies de l'information et de la
communication ont induit de nouveaux modes d'organisation et il apparaissait de
plus en plus difficile d'appréhender la complexité des
systèmes d'information (Laudon et Laudon, 2014). Auparavant, les
organisations multipliaient les outils informatiques pour répondre aux
besoins de chaque activité. Or, ce fonctionnement en silos était
source d'erreurs et d'inefficience pour une grande majorité des
entreprises. C'est ainsi que dans les années 1990, des
développeurs de systèmes informatiques eurent l'idée de
créer un système intégré permettant à
l'organisation de disposer de données communes, accessibles à
tout instant et pour toute fonction.
Depuis, l'ERP traduit en français par PGI pour «
progiciel de gestion intégré » s'est largement
répandu. En effet, en 2010, près de 80% des grandes entreprises
françaises étaient équipées d'un ERP (Deixonne,
2011). Pour comprendre un tel engouement, il convient d'en comprendre la
définition. Willis et al. (2002) définissent l'ERP comme
étant «
intégréì qui permet
à l'entreprise de standardiser son système d'information pour
relier et automatiser ses processus de base. ». Il constitue alors le
coeur du système d'information puisque détient la capacité
de couvrir à lui seul l'ensemble des besoins de l'entreprise.
Cependant, malgré un taux d'adoption
élevé, les résultats des ERP sont à relativiser.
Une étude réalisée par Standish International
révèle que « le taux de succès des ERP n'est que
de 9%, que les projets abandonnés en cours d'implémentation sont
de 37% et enfin, que 50% d'entre eux aboutissent avec un excédent de
budget ou de délai. »
Ces informations contradictoires nous ont conduit à
nous intéresser à cette technologie. En effet, le fort taux
d'adoption des ERP couplé à leur taux important d'échec
nous ont donné envie de nous intéresser de plus près aux
enjeux auxquels ils se lient. Ajoutons à cela qu'une
12
future expérience professionnelle dans le domaine des
technologies de l'information est venue conforter notre choix.
Étant donné le rôle croissant des
systèmes d'information au sein des organisations et à l'heure
où de nombreux défis émergent, une conception nouvelle de
l'ERP commence à être adopter et a pour but de dépasser la
vision traditionnelle de ce dernier. Après avoir partiellement justifier
les échecs de ces projets par l'absence de stratégique claire de
l'entreprise, l'absence de stratégie des systèmes d'information
ou le mauvais accompagnement au changement, la littérature tend à
mettre en lumière la nouvelle nécessité d'adopter une
approche stratégique d'un projet ERP.
L'alignement stratégique est une démarche
consistant à faire coïncider la stratégie des
systèmes d'information sur celle de l'entreprise. La littérature
existante souligne l'influence effective de l'alignement stratégique
dans l'implémentation d'une technologie de l'information (Shankar et al.
2009). Par ailleurs, (Kalifa et Kefi, 2005), (Walsh et Renaud, 2013) ont
démontré que les technologies de l'information étaient en
mesure d'apporter une contribution accrue à la performance des
entreprises lorsque leur mise en oeuvre était alignée aux besoins
stratégiques de la firme. À l'inverse, des travaux montrent que
le fait de ne pas prendre en compte la stratégie d'entreprise lors de la
mise en place d'un ERP représente un facteur pouvant grandement
compromettre la réussite d'un projet SI (Maddox et Boyle, 2007), (Yen et
Sheu, 2004).
Toutefois, il existe peu de travaux qui se sont
intéressés à l'effet de l'alignement stratégique
dans le contexte précis de l'ERP. C'est ainsi, que tout au long de ce
travail, nous nous attacherons à répondre à la
problématique suivante : dans quelle mesure une approche
stratégique de l'ERP peut-elle permettre de maximiser les nombreux
bénéfices offerts par ce système ?
Pour mettre en évidence cette problématique,
notre présentons de manière détaillée un
état de l'art sur le sujet des ERP. Nous confrontons,
synthétisons et analysons les travaux menés jusqu'alors sur ce
dernier.
13
Pour organiser notre revue de littérature, nous nous
sommes appuyés sur un large ensemble d'ouvrages et d'articles comportant
des données thématiques validées empiriquement et datant
des années 1990 à nos jours.
Notre recherche a principalement pour objectif de mieux
comprendre l'intérêt d'une approche stratégique d'un projet
ERP. Cette question implique de s'interroger, dans un premier temps sur les
finalités d'un tel projet, puis de se focaliser dans un second temps sur
les processus et les prérequis à privilégier pour
prétendre atteindre les objectifs qui ont motivés la
décision de ce projet.
Ainsi, dans une première partie nous étudions
les nouveaux défis des organisations justifiant l'intérêt
d'une approche stratégique des systèmes d'information. Puis, nous
tentons de démontrer à travers la littérature que les
systèmes ERP représentent des outils au service de la
stratégie d'entreprise, et ce, à travers divers moyens.
Dans une seconde partie de ce travail, nous fournissons des
éléments pour une mise en oeuvre effective de l'alignement
stratégique de l'ERP. Cette partie est davantage un travail de
réflexion autour de la littérature existante. Elle se divise en
deux sous-parties. La première consiste à présenter et
justifier les causes d'échecs des projets ERP. La seconde tente de
fournir des points d'attention permettant d'optimiser la réussite d'un
tel projet. Il convient de noter que cette partie n'a pas la prétention
d'être exhaustive car il n'existe pas de consensus général
sur la question.
14
Première Partie : l'ERP, un outil s'inscrivant au
service de
la stratégie
Afin de comprendre quel serait l'apport d'une approche
stratégique d'un projet ERP, il est essentiel de commencer par exposer
les différentes théories mises en lumière par un certain
nombre d'auteurs concernant les systèmes d'information. Ainsi,
l'objectif de cette première partie est d'étudier le rôle
et la place des systèmes d'information dans l'environnement actuel pour
ensuite nous concentrer sur les contributions stratégiques de l'ERP.
Chapitre 1 : Un système d'information pour
accompagner le changement et le développement de l'entreprise
Tout au long de ce chapitre nous nous attacherons à
expliquer le nouveau rôle des systèmes d'information dans les
organisations. Nous établirons également le lien entre ces
derniers et la stratégie de l'entreprise, pour ensuite nous concentrer
sur les apports d'un système intégré spécifique :
l'ERP.
A/ La place des systèmes d'information dans les
entreprises
Les systèmes d'information sont devenus
omniprésents dans toute organisation. La mondialisation explique
partiellement l'émergence de ces derniers en ayant fait naître un
besoin de coordination croissant.
Selon Reix (2004), les systèmes d'information peuvent
se définir comme étant « la combinaison de ressources
logicielles, matérielles et sociales pour produire, traiter et
transmettre de l'information ». Ainsi, le système
d'information ne se compose pas que d'une technologie d'information, d'autres
ressources viennent s'y ajouter. La technologie se réfère
à toutes les ressources qui soutiendront la production, le traitement et
la transmission des informations. Les ressources sociales incluent les
ressources humaines et l'ensemble des utilisateurs et clients.
Les systèmes d'information permettent aux organisations
de partager des informations, d'archiver et de traiter de larges
quantités de données. Ils permettent également de prendre
des décisions à partir de données
générées par la technologie. Ainsi, les SI offrent de
nouvelles perspectives aux organisations en leur permettant de redéfinir
des activités avec deux objectifs majeurs : la recherche
d'agilité et de flexibilité.
15
Selon Deyrieux (2004), le système d'information «
capitalise le savoir collectif et structure fortement l'organisation, les
décisions et le management. Il doit rendre l'information pertinente au
bon endroit et au bon moment »
Comprenant les potentiels des technologies de l'information,
les entreprises dépensent massivement pour s'équiper d'un grand
nombre d'outils informatiques. Beaucoup d'entre elles en profitent pour
repenser leurs modèles d'affaires et saisir les opportunités
qu'offrent ces derniers. Ainsi, en jouant un rôle majeur dans les
opérations quotidiennes de l'entreprise et dans la prise de
décisions, les systèmes d'information ont profondément
modifié l'organisation des entreprises et sont venus apportés des
solutions en matière de coordination, d'intégration et de
transversalité.
Cependant, certaines entreprises les utilisent de façon
plus efficiente que d'autres en adoptant une approche stratégique des
systèmes d'information. Lorsqu'une entreprise part de sa
stratégie générale, elle identifie clairement des
objectifs qui seront ensuite déclinés en plans d'actions. Cette
approche permet d'assurer une meilleure cohérence des choix et une
meilleure déclinaison des orientations choisies en axes
opérationnels.
B/ L'alignement du système d'information : un
exercice indispensable et complexe
En fonction du contexte et de l'environnement dans lequel se
trouve l'entreprise, différentes approches peuvent être
engagées. Toutefois, lorsqu'une organisation souhaite aligner sa
stratégie à ses systèmes d'information, elle partira
nécessairement de cette dernière pour la décliner en
orientations répondant à des besoins fixés au
préalable.
1. Finalité des SI
La finalité des systèmes d'information est avant
tout de servir la stratégie de l'entreprise. Selon Alfred Chandler
(1962), « la stratégie d'une entreprise consiste à
déterminer les objectifs et les buts fondamentaux à long terme
d'une organisation, puis à choisir les modes d'action et d'allocation de
ressources qui lui permettront d'atteindre ces buts, ces objectifs ».
Ainsi, pour demeurer pérenne, l'entreprise doit avoir la capacité
d'exercer des choix stratégiques qui permettront de donner une vision et
un cadre à ses actions futures.
16
Cependant, force est de constater, que dans l'économie
dans laquelle nous vivons, les stratégies des entreprises
évoluent constamment de manière s'adapter à
l'environnement. Ainsi, au vue de la concurrence, l'entreprise doit de plus en
plus faire preuve de créativité et son analyse stratégique
doit nécessairement intégrer l'ensemble des pressions qui
s'exercent sur elle. Nous verrons que ces pressions tendent à se
multiplier et de plus en plus d'acteurs viennent régir sur le
fonctionnement d'une entreprise, on parle alors d' « entreprise
étendue ».
De cette constatation, nous pouvons émettre que les
objectifs et les besoins de l'entreprise doivent régulièrement
être révisés et des changements, le plus souvent
multidimensionnels, doivent être engagés. Nous constatons
également que les grandes entreprises ont à gérer un grand
nombre d'outils technologiques hétérogènes et faisant
interagir une multitude d'acteurs. Tous les systèmes d'information
s'accompagnent d'enjeux et de risques, notamment dans leur gestion. Les
différents projets engagés par les entreprises font donc face
à des problématiques transverses, qui ne sont toujours pas
maîtrisées.
Il est alors aisé de comprendre qu'il est difficile
pour les entreprises d'aligner leurs systèmes d'information à
celle de leur stratégie globale pour deux raisons principales : la
complexité de l'environnement et la complexité des
systèmes d'information. Pour faire face à cela, les entreprises
doivent enrichir leur approche en terme de politique des systèmes
d'information et doivent relever de nombreux défis.
En premier lieu, il convient de définir de façon
claire la stratégie de l'entreprise. Cette étape revêt d'un
caractère fondamental, car si elle n'est pas clairement
identifiée et communiquée, le résultat en tout point de
l'implémentation d'une technologie de l'information risque d'être
bien décevant.
Plusieurs acteurs contribuent à (re)définir la
stratégie. Tous doivent être impliqués en amont, pendant et
en aval de l'implémentation d'un système d'information pour
être en mesure d'accompagner la stratégie et de la traduire au
niveau opérationnel. Pour ce faire, ils doivent analyser des
systèmes stratégiques permettant d'aligner les TI avec leurs
activités en les utilisant les plus efficacement possible et en
communiquant les bonnes pratiques à leurs collaborateurs. «
Plus une entreprise parvient à aligner ses technologies de
l'information sur ses objectifs commerciaux, plus elle sera rentable
», « Or, un quart seulement des entreprises parviennent
à aligner les TI avec leurs activités commerciales »
(Laudon, Laudon, 2014).
17
Partant de ces nombreux échecs, nous nous sommes
questionnés sur les préalables nécessaires permettant
à une entreprise de réaliser des choix les plus cohérents
possible en fonction de sa stratégie.
Avant même de songer à l'implémentation
d'un nouveau système d'information, la direction générale
et le DSI doivent, ensemble, se poser plusieurs questions cruciales telles que
: « Quels sont nos besoins, nos motivations ? », « Pourquoi
avons nous besoin d'un nouveau système d'information et dans quelle
mesure celui-ci pourrait nous permettre de répondre à nos enjeux
stratégiques ? ». Les objectifs stratégiques les plus
souvent énoncés sont la recherche d'une meilleure
expérience client, la diminution des prix avec une tentative de
réduction des stocks, et la conquête de nouveaux marchés
(Rosenthal-Sabroux, 2009).
Ce premier questionnement peut paraître évident
puisqu'essentiel, mais nous constations que bien souvent, les entreprises ont
tendance à implémenter une nouvelle technologie de l'information
sans avoir penser de façon claire à sa finalité. Dans ce
cas, elles tentent autant que possible d'adapter leur stratégie
après l'implémentation, mais il est souvent trop tard, et les
résultats en terme de performance ne sont alors pas bons, ou
inférieurs aux attentes initiales de la hiérarchie.
Une autre question à laquelle il est nécessaire
de répondre peut être : « Quelles sont les perspectives de
l'entreprise et quel avantage compétitif est recherché ? ».
Une fois parvenu à y répondre, il sera possible de définir
des objectifs de performance en se questionnant sur la finalité
concrète du nouveau système. L'entreprise pourra par exemple
viser à être meilleure que ses concurrents, plus réactive
et générer davantage de profit.
De nos jours, les entreprises dépendent de plus en plus
de la pertinence de leurs systèmes d'information pour répondre
à leurs objectifs. Alors, en vue des nombreux défis auxquelles
elles sont confrontées, il apparaît de plus en plus essentiel
d'adopter une approche stratégique réaliste des systèmes
d'information.
2. De nouveaux défis
L'alignement stratégique entre les systèmes
d'information et les objectifs de l'entreprise est devenu une
préoccupation constante des entreprises. Selon Carvalho et
Rosenthal-Sabroux
18
(2009), son but premier est de « fixer des objectifs
et des orientations pour que le SI soit un vecteur réellement
contributif de la stratégie de l'entreprise, créent de la valeur,
apportent un avantage concurrentiel et des bénéfices
économiques visibles ». Pour parvenir à atteindre ces
objectifs, l'entreprise doit prendre en compte un ensemble de contraintes et de
pressions liées à l'environnement.
L'hyper compétition conduit les entreprises à
repenser régulièrement leur processus ainsi que leurs ressources
et besoins. Les ressources informationnelles dont les sources se sont largement
diversifiées constituent à la fois de véritables leviers
stratégiques et de véritables risques pour les organisations
puisqu'il est très difficile de contrôler la
véracité des informations qui fusent.
La révolution digitale transforme les modèles
d'affaire des entreprises et conduit à imaginer de nouvelles pratiques
dans les organisations. Dans ce sens, les systèmes d'information doivent
être capables de prendre en considération ces changements de la
société puisque ses finalités ont largement
évolué. Ainsi, pour assurer une cohérence entre tous les
composants de l'entreprise, une vision globale et systémique de la
stratégie doit émerger.
De ce fait, les technologies d'information n'ont plus la
même nature qu'autrefois. Elles n'ont plus seulement pour vocation de
rationaliser les processus pour accroître la productivité. Elles
doivent désormais répondre à quatre impératifs
majeurs. Selon Cornu-Emieux et Poissonier (2009), ces défis peuvent
être résumés ainsi :
- Satisfaire aux besoins de l'entreprise étendue
- Repenser la place du consommateur
- S'adapter rapidement aux évolutions de l'entreprise et
de son environnement - Capacité à répondre aux attentes
des collaborateurs
2.1) L'entreprise étendue : un SI pour se
coordonner
Puisque les entreprises ne possèdent pas toutes les
compétences et ressources nécessaires à leur
évolution, elles ont besoin de partenaires et d'un ensemble d'acteurs
pour évoluer au sein de la société. Elles s'associent donc
à eux.
19
Mais, pour que ces derniers aient la capacité de
contribuer au bon fonctionnement de l'entreprise, il apparaît
nécessaire d'assurer une transmission des informations. Cette
transmission permet de rendre accessible à l'ensemble des parties
prenantes toute information concernant l'entreprise. Nous parlons alors d'une
logique d'ouverture mettant en commun des connaissances et
compétences.
Ainsi, un ensemble d'applications permettent de faire le lien
entre l'entreprise, ses acteurs internes et externes. Le digital et
spécifiquement les infrastructures informatiques peuvent assurer une
intégration informatique rendant possible une collaboration avec une
multitude d'acteurs.
Mais, la gestion d'une entreprise étendue
s'avère complexe car se heurte à de nombreuses
difficultés. En transmettant ses informations, l'entreprise se livre
à des risques. Elle génère une interdépendance, et
la logique d'ouverture rend difficile le contrôle de ses ressources.
Ainsi, la gouvernance des systèmes d'information doit être
parfaitement défini afin de limiter tout risque.

Figure 1 : L'entreprise étendue,
Rosenthal-Sabroux, Carvalho (2009)
2.2) La transformation de la relation client
La forte concurrence entre les entreprises a conduit à
intensifier les exigences des consommateurs. Aussi, les clients sont de plus en
plus susceptibles de représenter une ressource importante et
stratégique pour les entreprises.
20
Alors, un des enjeux majeurs est de parvenir à
fidéliser les clients existants, et attirer de nouveaux clients. Un
défi qui ne peut être relever sans leur faire profiter de quelque
chose que d'autres entreprises n'offrent pas.
Pour cela, il s'avère de plus en plus important de leur
fournir un grand nombre d'informations concernant l'entreprise, ses produits,
ses perspectives etc. Mais, pour interagir avec « cette multitude
» (Nicolas Colin, 2015), l'entreprise doit détenir des
ressources et des moyens comme des infrastructures informatiques suffisamment
sophistiquées, et des ressources humaines capables de s'en servir
à bon escient. Les entreprises doivent donc reconnaître ces
changements pour consolider leur réputation tout en minimisant les
nombreux risques qui règnent sur elles.
2.3) L'enjeu de flexibilité
Pour s'adapter aux évolutions de l'environnement et
concurrencer les offres des nouveaux entrants, les entreprises doivent
être en mesure de se réinventer rapidement et d'innover. Pour
cela, il apparaît nécessaire de rendre flexible les processus.
Difficile d'y parvenir sans engendrer d'importants coûts
et en prenant en compte les nombreux facteurs susceptibles de remettre en cause
l'efficacité de l'organisation. Les systèmes d'information
peuvent donc constituer des freins importants à l'évolution de
l'entreprise car ils rendent longs, coûteux et incertains le changement
organisationnel.
Pour autant, si l'entreprise se contente de ses acquis et
résiste aux changements, elle ne pourra pas rester pérenne. La
flexibilité et l'ouverture peuvent lui permettre de la rendre
désirable et les systèmes d'information représentent des
leviers lui permettant par exemple de lancer de nouveaux produits, ou
d'améliorer le service aux clients.
2.4) La satisfaction des attentes des nouvelles
générations de collaborateurs
Les nouveaux outils informatiques représentent des
opportunités importantes pour évoluer et répondre aux
attentes des collaborateurs. De nouvelles technologies leur correspondent
davantage car leur permettent de travailler de manière plus autonome et
flexible. C'est
21
l'exemple du cloud et les nouvelles offres d'ERP où des
offres internet viennent fournir de nouvelles opportunités de
développement pour les entreprises.
Ajoutons à cela que les évolutions
technologiques et les nouvelles exigences des consommateurs favorisent
l'arrivée de nouveaux entrants. Internet est parvenu à
détruire certains avantages que détenaient les plus grandes
entreprises traditionnelles. Aujourd'hui, beaucoup se font disruptées
par des acteurs qui ont saisi leurs faiblesses et en ont profité pour
satisfaire davantage les consommateurs.
Des entreprises essentiellement technologiques interviennent
sur les chaînes de valeur des firmes traditionnelles pour en saisir une
grande partie de la valeur ajoutée. À l'ère du digital, il
n'existe plus de réelles barrières à l'entrée car
de nombreuses ressources et compétences sont facilement accessibles. La
révolution digitale a donc compromis les avantages compétitifs
que pouvaient détenir certaines entreprises.
Alors comment les entreprises peuvent faire face à ces
nombreux défis ? Comment peuvent-elles parvenir à aligner leurs
stratégies à leurs technologies ?
3. Réponse partielle à ces défis
Les systèmes d'information doivent être
utilisés à des fins stratégiques, et ce, de manière
quotidienne. Au sein d'une entreprise, il existe un ensemble de processus et
d'activités : des activités principales auxquelles viennent
s'ajouter celles de support. Toutes deux vont contribuer à
répondre aux défis de l'entreprise.
Certaines activités créent directement de la
valeur, d'autres gênèrent des coûts importants. Cependant,
pour que l'entreprise puisse atteindre « l'excellence
opérationnelle », elle doit identifier des processus transversaux
visant à coordonner les différentes activités. Les
systèmes d'information vont donc intervenir sur l'ensemble de la
chaîne de valeur de l'entreprise.
Autrefois, les différents départements d'une
entreprise fonctionnaient en silos. De nouveaux modes de collaboration sont
devenus nécessaires pour les entreprises et sont permis par des TI
capables d'organiser l'entreprise autour de processus clés. Cependant,
il convient d'identifier ces derniers et donc souvent repenser les processus
existants. L'idée est d'imaginer des processus transversaux capables de
répondre aux défis que nous avons cité ci-dessus et qui
22
vont concerner les produits, la chaîne logistique, les
clients, les ressources humaines et le pilotage (André Deyrieux, 2004).
Si les systèmes d'information peuvent optimiser la collaboration et la
coordination entre acteurs, ils sont également en mesure de stocker des
données hétérogènes et les transformer en
données cohérentes et utilisables.
Les systèmes d'information permettent également
d'aider les employés de tout niveau hiérarchique, à
prendre des décisions opérationnelles et stratégiques,
grâce notamment à des systèmes de « business
intelligence ». Ces systèmes sont conçus pour permettre aux
différents utilisateurs de prendre de meilleures décisions pour
relever les différents défis auxquels fait face l'entreprise.
Au final, les technologies de l'information sont susceptibles
de créer de la valeur pour l'entreprise et ses parties prenantes. Mais
les défis que doivent relever les entreprises donnent lieu à de
nouveaux besoins en systèmes d'information. Les nouvelles offres ERP
(Enterprise Ressources Planning) représentent un type de système
intégré capable de prendre en considération ces nombreux
enjeux et d'aider les entreprises à rendre cohérent leur
système d'information en répondant au mieux à leur
approche stratégique.
C/ Une solution : l'ERP
« La mise en place d'un ERP est un projet typiquement
« système d'information » » (Rosenthal-Sabroux, Carvalho,
2010). La demande croissante des organisations pour toujours plus
d'informations, de partage, et de flexibilité est un des facteurs
essentiels qui est venu expliquer le succès grandissant des ERP
auprès des entreprises.
Willis et al. (2002) définissent l'ERP comme
étant « un système
intégréì qui permet à l'entreprise de
standardiser son système d'information pour relier et automatiser ses
processus de base. Il fournit aux employés les informations
nécessaires pour diriger et contrôler les activités
essentielles de l'entreprise le long de la chaîne logistique, de
l'approvisionnement à la production/ exploitation jusqu'à la
vente et à la livraison au client final. Les employés n'entrent
qu'une seule fois les informations, qui sont alors mises à la
disposition de tous les systèmes de l'entreprise. » De part
cette seule définition, il nous est facile de comprendre les raisons
pour lesquelles les entreprises implémentent des ERP au vu des
défis que nous avons énoncés au cours de la partie
précédente.
23
1. Présentation des ERP
Auparavant, les entreprises fonctionnaient avec un grand
nombre d'outils informatiques distincts qui généraient une
duplication d'informations et une coordination entre acteurs peu optimale. Les
systèmes d'informations étaient, en effet, composés de
nombreuses applications ne communiquant pas toujours entre elles et souvent
installées sur des plateformes hétérogènes. Ils
venaient alors compromettre la bonne marche de l'entreprise puisque sources
d'erreurs et d'inefficience.
Or, la taille des entreprises ainsi que le nombre de
départements devenaient de plus en plus importants, et l'architecture
des systèmes d'informations, de plus en plus complexe. De nouveaux
outils informatiques s'avéraient nécessaires pour permettre de
répondre à ces besoins, mais plus particulièrement
à ces nouveaux enjeux.
Les éditeurs de solutions informatiques ont alors
développé des logiciels permettant une intégration
informationnelle complète, les ERP. Ces derniers permettent aux
entreprises de disposer et de partager des informations fiables, mises à
jour en temps réel et permettant à ses utilisateurs d'être
plus efficaces dans leur travail.
Les motivations d'un tel projet sont souvent
stratégiques et les besoins peuvent être multiples. Cependant,
l'ERP est principalement adopté pour assurer une intégration des
données et des processus et vient offrir aux entreprises la
possibilité d'être plus réactive.
Bien que ce système soit coûteux, il est
aujourd'hui adopté par grand nombre d'organisations et de nouvelles
offres sont proposées aux PME et PMI. Il existe en effet
différents ERP en fonction de la cible commerciale et de la taille de
l'organisation. Selon François Blondel (2009), un ERP « est
conçu et développé d'une manière homogène et
modulaire. Il peut être personnalisé pour s'adapter au contexte et
aux besoins de l'entreprise dans laquelle il est installé. Il utilise
des règles de gestion s'appuyant sur les « bonnes pratiques »
de la profession. »
De son côté, Jean-Luc Deixonne (2011), identifie
plusieurs caractéristiques de l'ERP qui peuvent être
résumées ainsi :
- « La couverture de l'ensemble des besoins en terme de
systèmes d'information d'une entreprise ainsi que la prise compte
automatique des dépendances entre les différentes
24
fonctions pour permettre l'unicité de la saisie des
données, et l'intégration entre les besoins par fonctions et ceux
des processus transverses.
- La prise en compte des approches
multi-sociétés, multi-sites, multi-disciplines, multi-devises
etc. qui lui permet d'en faire un produit reconnu et utilisable dans des
environnements internationaux.
- L'ergonomie et un système de navigation identique
quels que soient les modules qui le composent et qui permettent d'adresser les
différentes fonctions ou processus.
- La portabilité sur la base de standards du
marché notamment en terme de matériel, de système
d'exploitation, de base de données.
En outre, L'ERP permet d'organiser, de codifier et de
standardiser des processus. Mais quels bénéfices concrets peut-on
attendre d'un ERP, pourquoi les ERP ont connu un succès grandissant
auprès des organisations et dans quelle mesure peuvent-ils permettre de
répondre aux nouveaux besoins de l'entreprise ?
2. Les bénéfices attendus d'un projet ERP
Une entreprise qui souhaiterait détenir un avantage
concurrentiel en tentant d'être plus réactive que ses concurrents,
peut ressentir le besoin d'implémenter un ERP. Ce dernier est en mesure
de lui permettre d'optimiser ses processus en les automatisant et en les
harmonisant. Il peut également l'aider à optimiser la
coordination entre acteurs en permettant à chacun de disposer
d'informations dont ils ont besoin en temps réel (principe de
l'intégration de l'information).
En effet, en homogénéisant le format des
données et en centralisant la base de données, il va rendre
l'information accessible et permettre une meilleure coordination tout en
réduisant le coût et le cycle de production. Les managers et leurs
collaborateurs pourront ainsi être plus réactifs s'ils
détiennent les données dont ils ont besoin en temps
réel.
D'un point de vu opérationnel, l'ERP va permettre de
planifier des activités, car aidera l'entreprise à anticiper les
futures demandes, sur le moyen terme mais aussi sur le long terme et par
conséquent, l'ERP peut aider les managers à prendre de meilleures
décisions.
Si l'entreprise profite des bénéfices qu'offre
l'ERP, elle sera en mesure de détenir un avantage compétitif
grâce à des prises de décisions stratégiques. Une
étude réalisée par le Panorama Consulting (2011) explique
que « la disponibilité des données,
l'amélioration des
25
interactions métiers, la baisse des coûts de
main-d'oeuvre et la réduction des délais »
représentent les bénéfices que les clients du progiciel
ERP attendent le plus.
De son côté, Jean-Luc Deixonne (2011)
résume les bénéfices attendus de l'ERP en six points :
- automatiser, consolider la production d'information ou outiller
la prise de décision
- optimiser le coût de possession
- supprimer les dysfonctionnements et la non-qualité
- introduire de nouvelles fonctionnalités
- maîtriser un processus de bout en bout
- centraliser des fonctions
Ainsi, l'ERP peut être à même de
répondre aux défis de l'entreprise. Cependant, plusieurs facteurs
sont à prendre en considération, et plusieurs prérequis
apparaissent nécessaires pour prétendre réussir un projet
ERP. Nous les présenterons tout au long de notre seconde partie.
Conclusion chapitre 1
Ce chapitre nous a permis de mettre en évidence les
facteurs explicatifs de l'émergence des systèmes d'information.
Il nous a également permis de comprendre que la stratégie des
systèmes d'information fait le lien entre la stratégie
générale de l'entreprise et la mise en oeuvre du projet
informatique.
Nous nous sommes ensuite attachés à
étudier spécifiquement l'ERP et avons démontré que
ce dernier proposait une offre transversale aux organisations puisqu'il
concilie intégration de l'information, des processus et de la
communication.
Ainsi, nous pouvons émettre que les ERP sont à
même de répondre aux besoins d'évolution des organisations.
Cependant, la réussite d'un tel projet nécessite d'adopter une
approche stratégique et de se questionner sur un grand nombre de
facteurs si l'entreprise souhaite garantir une cohérence dans ses
choix.
Dans un deuxième chapitre, il conviendra d'approfondir
notre démarche. Nous tenterons d'expliciter dans quelle mesure l'ERP
peut représenter, d'une part, un outil répondant aux besoins
stratégiques des entreprises, et d'autre part, un outil permettant
d'optimiser les prises de décision.
26
Chapitre 2 : l'ERP, système
intégré au service de la stratégie
Au cours du premier chapitre, nous avons tenté de
comprendre dans quelle mesure les stratégies des entreprises influaient
sur les orientations données aux systèmes d'information et nous
avons montré qu'il était essentiel de se munir d'une vision
claire de sa stratégie avant d'implémenter une technologie de
l'information. Cependant, notre rapport nous conduit à nous concentrer
sur les choix stratégiques à l'origine du besoin en ERP
spécifiquement. Tout au long de ce chapitre, nous tenterons d'expliquer
dans quelle mesure les ERP peuvent apporter une contribution majeure à
la stratégie de l'entreprise.
A/ Les motivations stratégiques au
démarrage d'un projet ERP
Dès les années soixante-dix, les premiers
progiciels ERP sont apparus. Dans les premières années de leur
existence, les entreprises choisissaient de s'équiper d'un ERP pour des
raisons purement organisationnelles car les structures devenaient de plus en
plus complexes.
Mais depuis une vingtaine d'années, nous faisons face
à une évolution des besoins des entreprises, et les raisons d'un
projet ERP ne sont plus tout à fait les mêmes. Les prises de
décision concernant ces projets vont varier en fonction des situations,
du contexte environnemental dans laquelle se trouve l'entreprise mais aussi de
la vision donnée par la direction pour le futur de l'entreprise. Ainsi,
la littérature met en évidence qu'il existe plusieurs facteurs
qui influencent l'adoption des ERP.
1. Origines d'un projet ERP
Les motivations de l'implémentation d'un projet ERP
proviennent souvent d'une stratégie pensée par la direction
mêlant à la fois besoins et décisions. Il s'agit, pour la
plupart du temps, d'une volonté de réduire les coûts,
notamment informatiques, réduire les délais de production afin de
satisfaire au mieux la clientèle etc.
Dans tous les cas, l'implémentation d'un ERP viendra
soutenir les objectifs fondamentaux de l'entreprise, qu'il s'agisse d'un
changement uniquement opérationnel ou d'un changement majeur.
Deixonne (2005) se propose de synthétiser les origines
des besoins en ERP selon différentes couches d'une pyramide. Chaque
couche représente un couple décision/besoin.
27
En bas de la pyramide, nous avons des besoins qui
nécessitent des décisions obligatoires puisqu'il existe, au sein
de l'entité des dysfonctionnements visibles des SI existants. Ces
derniers peuvent être de plusieurs natures : le parc applicatif est trop
hétérogène, les SI ne répondent pas aux
différents enjeux de sécurité, les SI sont trop
coûteux et ne permettent pas d'atteindre les objectifs
stratégiques définis par la hiérarchie etc. L'entreprise
souhaite alors adopter un ERP pour répondre à « un
besoin de survie ».
Ce premier niveau demeure la première motivation des
entreprises concernant les projets ERP, mais n'est pas suffisante selon
l'auteur.
Ensuite, d'autres décisions peuvent
s'avérer nécessaires pour répondre à des
dysfonctionnements essentiellement opérationnels. L'ERP peut être
en mesure de centraliser les fonctions ou d'harmoniser les processus dans un
groupe d'entreprises où les entités ne parviennent pas à
communiquer et fonctionner de manière optimale. En terme de
contributions, il va permettre de simplifier les processus existants, en les
harmonisant.
En effet, pour les entreprises internationales, L'ERP peut
permettre d'uniformiser les stratégies et donner une vision informatique
commune à travers une plateforme. Pour ces entreprises, l'ERP peut se
révéler être efficace puisque peut révéler un
grand nombre de dysfonctionnements. Il peut également permettre
d'identifier de bonnes pratiques qui seront par la suite
généralisées. Aussi, une entreprise peut souhaiter mettre
en place un ERP pour répondre à un besoin d'intégration ou
simplement faire preuve de transparence envers les parties prenantes.
Enfin, la partie supérieure de la pyramide
concerne la décision directement stratégique qui vise à
accroître la performance de l'entreprise. En effet, depuis les
années 2000, l'implémentation d'un ERP a eu tendance à se
justifier par la volonté de renforcer ou de maintenir sa position
concurrentielle sur le marché. Cette dernière étape vise
à repenser l'organisation d'une entreprise, en rénovant les
systèmes d'information existants ou alors en s'investissant dans un
projet d'optimisation. Elle vise principalement à répondre aux
nouveaux enjeux à laquelle l'entreprise doit faire face.
28
La figure 2 résume ces différentes couches de la
pyramide :

Pallier à des dysfonctionnements opérationnels
Pallier à des dysfonctionnements des SI existants
Accroître la performance de l'entreprise
Figure 2: Origines d'un besoin en ERP
De leurs côtés, Laudon et Laudon (2014)
expliquent que plusieurs facteurs peuvent être à l'origine d'un
besoin en ERP. Nous les résumerons en quatre points :
- La recherche d'une meilleure accessibilité aux
informations
- La recherche d'une plus grande productivité notamment
en tentant d'atteindre l'excellence opérationnelle. Dans ce cas, l'ERP
permet d'opter pour une approche globale et donc aller au delà d'une
approche sectorielle.
- La recherche d'une relation optimale entre différents
acteurs de l'organisation pour répondre aux nouvelles exigences de
l'entreprise étendue. En effet, les interdépendances
s'étant multipliées, les entreprises tentent de rétablir
une bonne coordination entre les différentes parties prenantes. Cette
démarche peut être profitable pour le fonctionnement
général de l'entreprise.
- La recherche d'un avantage compétitif. L'ERP peut
permettre de prendre de meilleures décisions concernant les
activités de l'entreprise, mais aussi être à l'initiative
d'un lancement de nouveaux produits.
La littérature tente également d'expliquer
à quels moments il est généralement propice de s'engager
dans un tel projet. Par exemple, lorsque la taille de l'organisation grandit et
qu'il y a un besoin croissant de coordination qui se fait ressentir. Lorsque la
direction d'un groupe d'entreprises décide d'aligner les
stratégies des systèmes d'information à l'échelle
du groupe. Ou encore, lors d'une fusion ou rapprochement nécessitant de
rationnaliser les processus.
29
De part son investissement coûteux, il était plus
fréquent que ce soit de grandes organisations qui les
implémentent. Mais, la littérature montre qu'aujourd'hui le
besoin et le recours à un ERP tend à se généraliser
et ne concerne pas uniquement les grandes entreprises, au contraire. «
Alors que le marché des grands comptes sature, celui des PME/PMI
offre des perspectives de croissance très intéressantes »
(Carvalho et Rosenthal-Sabroux, 2009). C'est pourquoi, les éditeurs
d'ERP ont développé de nouvelles solutions pour répondre
à ces marchés qui ont des motivations souvent similaires aux
grandes organisations, mais avec des ressources financières moindres.
2. Dimensions stratégiques des ERP
Nous avons expliqué que l'ERP pouvait être
adopté par tout type d'organisation, quelque soit sa structure et que
son adoption provenait principalement de choix stratégiques. Il est
à présent intéressant de nous pencher sur les dimensions
stratégiques.
Tout d'abord, le fait même de mettre en place un ERP
peut être assimilé à une action stratégique. En
effet, l'ERP implique d'investir massivement dans un système
d'information et nécessite de s'engager à long terme. Cette
première dimension stratégique est d'autant plus visible pour les
PME/PMI car « leur capacité à absorber des échecs
est limitée. Le choix d'investir dans les TI revêt donc, plus
encore que dans les grandes entreprises, un enjeu stratégique
majeur. » (Rougès et al., 2007). Ainsi, aucune direction ne
décide d'implémenter un projet ERP sans avoir identifié
les enjeux qu'il implique.
Les fonctionnalités proposées par les
éditeurs de ce progiciel seront en adéquation avec les choix qui
ont motivé l'entreprise à implémenter un ERP. En effet, Il
existe différents produits selon l'entreprise, ses besoins et son
marché. Ainsi, l'entreprise aura la capacité de décliner
ses orientations stratégiques de l'ERP en domaines techniques.
Rosenthal-Sabroux et Carvalho (2009) expliquent qu'il existe
différentes approches dans l'implémentation d'une technologie de
l'information :
La politique du logiciel en elle même peut être
différente. Par exemple, la stratégie appelée Big Bang
est celle qui nécessite une refonte importante des processus
puisque l'ERP sera installé dans toute l'entreprise et intégrera
les différentes fonctions de celle-ci. D'autres stratégies
peuvent être mises en place lorsque l'entreprise souhaite optimiser et
homogénéiser les processus existants. Enfin la stratégie
la plus utilisée est nommée Franchising Strategy :
30
elle consiste à implémenter un ERP en fonction
des processus de l'entreprise. Ainsi, les unités concernées par
un même processus se verront munir d'un système propre, et il y en
aura autant qu'il y aura de processus distincts. Ces ERP seront par la suite
reliés entre eux pour permettre une homogénéisation des
données.
Nous comprenons bien que le choix du logiciel ne peut
être fait sans avoir questionné au préalable les
opérationnels et leurs collaborateurs. Souvent des consultants
missionnés pour le projet demanderont à ces derniers la nature de
leurs tâches et les processus dans lesquels ils sont impliqués.
La politique technique et de sécurité va
également dépendre de la stratégie de l'entreprise. Si
l'entreprise souhaite détenir un fort contrôle sur ses
activités, nous devinerons que l'accès aux données devra
être bien conçue et contrôlée. Concernant la
politique technique, si une entreprise déploie une stratégie de
réduction des coûts, elle aura tendance à éviter une
quelconque surenchère technologique si celle-ci n'est pas pleinement
profitable à son fonctionnement.
La stratégie de l'entreprise régit aussi sur le
choix d'externalisation et de sous-traitance des systèmes d'information.
En principe les entreprises à forts enjeux feront le choix
d'implémenter la majorité de leurs outils informatiques en
interne pour maintenir un contrôle suffisant de leurs
activités.
Enfin, ces deux auteurs expliquent que la phase de conduite du
changement va fortement dépendre de la politique des ressources humaines
de l'organisation. Un projet aussi long que celui de l'ERP nécessite de
déployer et d'impliquer des ressources humaines compétentes et
volontaires. Mais, le changement ne se décrète pas, la direction
a un rôle extrêmement important à jouer si elle souhaite
faire évoluer les compétences dont l'entreprise a besoin.
B/ Alignement stratégique de l'ERP
Les projets ERP ont des impacts organisationnels importants.
Ainsi, pour décider de développer un projet d'une telle
envergure, les entreprises espèrent en retirer des
bénéfices majeurs. Nous verrons que les ERP peuvent
représenter un vecteur réellement contributif de la
stratégie en créant de la valeur pour l'entreprise.
(Rosenthal-Sabroux, Carvalho, 2010).
31
1. Bénéfices économiques de l'ERP
Deixonne (2011) explique qu'une des principales motivations
d'un projet ERP est la volonté d'accroître la performance
économique de la firme. Or, force est de constater que ce projet
nécessite des investissements importants. Il apparaît donc
essentiel d'étudier ses potentiels retombées
économiques.
L'ERP permet d'harmoniser le parc applicatif de l'entreprise.
Les acteurs contribuant au fonctionnement de l'organisation peuvent ainsi
travailler autour d'une même TI. Ceci contribue à diminuer les
coûts de maintenance du SI car ce dernier est moins dispersé. De
plus, si l'ERP est bien maîtrisé, l'harmonisation des applications
contribuera à diminuer les coûts technologiques de
l'entreprise.
l'ERP permet d'automatiser les processus et donc de les rendre
plus fluides. Ceci est un point fondamental puisqu'en éliminant les
tâches routinières, il contribue à réduire les
cycles et coûts de production tout en améliorant la qualité
des produits et services. Si l'entreprise y parvient, elle pourra en faire
bénéficier les clients, et diminuer le prix de ses produits.
Laudon et Laudon (2014) identifient, de leurs
côtés, deux principaux apports économiques de l'ERP, et
justifient leur démarche au travers de deux théories.
La théorie des coûts de transaction (Coase, 1937
; Williamson, 1985) montre qu'une technologie de l'information permet
d'améliorer la qualité des informations, la communication et les
relations entre les différents acteurs. L'entreprise étendue est
en interaction avec un grand nombre d'acteurs. Elle a recours à de
multiples contrats et ressources qu'elle ne possède pas toujours en
interne. Ainsi, elle engage des coûts pour assurer une bonne interaction
et un contrôle optimal de ses activités. Mais, ces coûts
étaient souvent trop importants pour lui permettre d'externaliser ou de
sous-traiter une trop grande partie de sa chaîne de production. Les TI
sont venues apporter une réponse partielle à cette
problématique. Elles permettent de diminuer les coûts de
transaction.
Au final, ces auteurs montrent que plus les coûts de
transaction diminuent et plus la taille de l'entreprise est susceptible de
diminuer car il est moins coûteux pour l'entreprise d'externaliser une
partie de sa production. Dans de nombreux cas, cette démarche, bien que
limitée, est plus profitable économiquement pour l'entreprise.

Figure 3 :Théorie des coûts de transaction
appliquée à l'impact des technologies de l'information sur les
entreprises (Laudon, Laudon, 2014)
La théorie de l'agence (Jensen, Meckling, 1976) permet,
elle, de démontrer que l'ERP est à l'origine d'une diminution des
coûts d'investissement supportés par l'organisation. L'entreprise
(le principal) engage des employés ou noue des contrats avec des acteurs
économiques (les agents). Selon cette théorie, les deux parties
n'auront pas nécessairement les mêmes objectifs. Ainsi, le
principal doit contrôler les agents, tandis que les agents auront
tendance à privilégier leurs propres intérêts. Ce
coût de contrôle peut s'avérer être important et l'est
d'autant plus lorsque le nombre d'agents augmente. Ainsi, dans une même
logique que la théorie précédente, les entreprises avaient
tendance à privilégier la production en interne pour ne pas avoir
à supporter de trop grands coûts. Mais, l'ERP est capable de
diminuer ces coûts, ce qui permet à l'entreprise d'externaliser
plus aisément, et à moindre coût, sa production.

32
Figure 4 : Théorie des coûts d'agence
appliquée à l'impact des technologies de l'information
33
(Laudon, Laudon, 2014).
Les ERP procurent donc des apports économiques en
venant diminuer certains coûts de management. De plus, nous pouvons
admettre qu'il fait profiter à l'organisation d'une meilleure
performance économique car sa productivité, la qualité de
ses biens, ses délais de production etc. seront meilleurs.
2. Bénéfices organisationnels de l'ERP
Selon Deixonne (2011), l'intégration procure des
apports importants en terme de fonctionnement de l'organisation. De plus, une
étude menée par Kouki et al. (2009), montre que les entreprises
qui ont implémenté un ERP dans une approche stratégique
reconnaissent que ce dernier représente « un outil important
pour l'efficience opérationnelle ».
D'une part, la centralisation des données permet aux
employés de se munir d'informations en temps réel, plus fiables
puisque sans manipulation particulière, et plus pertinentes au vue de
leurs activités quotidiennes. Ceci s'accompagne d'une suppression des
doublons, d'une diminution des activités manuelles et donc d'une
meilleure productivité. Ainsi, « l'intégration peut se
révéler très rentable si l'entreprise installe et utilise
correctement l'ERP » (Laudon, Laudon, 2014)
Dans une même logique, l'automatisation des processus
minimise les dysfonctionnements opérationnels et les coûts qui y
sont associés. Elle permet aux entreprises internationales de donner une
meilleure cohérence à leur stratégie en harmonisant leur
processus. Un langage commun est rendu possible et favorise la coordination
entre différentes unités ou entreprises d'un même
groupe.
Par ailleurs, cette base de données aide à
exercer un meilleur contrôle sur les activités et sur les
données qui circulent. L'ERP permet en effet de tracer les
données et donc de limiter le risque qu'une donnée corrompue ne
biaise tout le processus.
Aussi, l'ERP offre de nouvelles perspectives en matière
organisationnelle. Les grandes entreprises traditionnelles manquent souvent de
flexibilité et de réactivité. Plusieurs recherches ont
montré que les TI contribuaient à remédier à ce
problème. En faisant émerger certaines difficultés, elles
initient par exemple les entreprises à repenser leur structure
hiérarchique. De plus en plus de directions souhaitent donner davantage
d'autonomie aux managers et aux collaborateurs. Ainsi, elles procèdent
à une horizontalisation de la structure
34
hiérarchique.
Ces mêmes recherches montrent que suite à cette
démarche, l'efficience opérationnelle est meilleure. En
permettant à tout niveau hiérarchique de détenir les
informations dont ils ont besoin pour leurs tâches, les employés
prennent de meilleures décisions.
Bien entendu, ceci représente des risques pour
l'entreprise, elle doit donc rester vigilante et s'adapter à ses
évolutions.
La figure 5 résume les apports opérationnels de
l'ERP :

Traçabilité de
l'information
Automatisation des
processus
Amélioration de la
productivité
opérationnelle
grâce à l'ERP
Contrôle
Intégration et
coordination
Figure 5 : l'ERP et l'amélioration de la
productivité opérationnelle
Tout ceci nous conduit à dire que l'ERP procure de
fortes chances d'accroître la performance organisationnelle de
l'entreprise. En améliorant la qualité des informations, la
coordination, la flexibilité de l'organisation etc., ce système
peut permettre à l'entreprise d'atteindre l'excellence
opérationnelle.
3. À la conquête d'un avantage
concurrentiel
La stratégie d'une entreprise peut se fonder sur la
recherche d'un avantage compétitif. Or, il y a toujours des entreprises
qui y parviennent mieux que d'autres. Toutefois, avec l'impact d'internet, une
entreprise même pionnière dans son industrie, n'est pas à
l'abris de se faire devancer par de nouveaux entrants ou par leurs concurrents
habituels. Il y a donc une nécessité accrue de toujours se
réinventer pour conserver sa position favorable sur le marché
35
ou la redynamiser.
Plusieurs leviers peuvent être déployés.
Mais alors, dans quelle mesure les systèmes d'information, et
spécifiquement, les ERP, peuvent-ils contribuer à maintenir ou
développer un avantage stratégique ?
Le modèle des cinq forces de Porter explique que la
stratégie d'une entreprise va dépendre de celles de ses
concurrents, de l'environnement dans lequel se trouvent ses clients et ses
fournisseurs. Mais aussi des nouveaux entrants sur le marché ainsi que
des produits de remplacement vers lesquels les clients peuvent se tourner si
ceux-ci les satisfaient davantage.
Partant de ce modèle, Laudon et Laudon (2014)
expliquent qu'il existe différentes façons de tirer profit d'un
ERP pour détenir un avantage ou tenter de le conserver dans un
environnement hyperconcurrentiel.
D'une part, les systèmes d'information permettent de
soutenir une stratégie consistant à réduire les
coûts de production et par la suite les prix de vente. Cette
dernière est permise grâce à une automatisation des
processus, une optimisation des stocks et une centralisation des données
relatives aux commandes.
Si la stratégie d'une entreprise consiste à se
différencier des autres en innovant, ou en proposant de nouvelles
offres, les SI peuvent largement contribuer à cette dernière. Ils
aident à tirer profit des expériences passées, des
données des clients, de leur comportement et permettent à
l'entreprise de proposer des offres qui correspondent davantage à leurs
attentes..
L'ERP peut également contribuer à exercer une
analyse pointue des données des consommateurs pour approcher un nouveau
marché en proposant de meilleures offres que les concurrents.
Grâce au Big Data, il est désormais possible d'analyser avec
précision les comportements des clients pour se concentrer sur un
marché de niche. Les applications CRM (Customer Relationship Management)
peuvent être intégrées au progiciel ERP pour permettre ce
type de démarche. Ce système peut aider à améliorer
les ventes de l'entreprise, notamment en consolidant sa relation avec les
clients.
Enfin, l'ERP permet à l'organisation d'interagir de
manière privilégiée avec ses clients et ses fournisseurs.
Beaucoup d'entreprises, comme Renault ou Toyota, utilisent leur système
informatique pour donner accès à un grand nombre de
données en temps réel à leurs fournisseurs.
Finalement, l'ERP offre de nombreux avantages permettant
à l'entreprise d'améliorer son fonctionnement global et
performance. Toutefois, il apparaît important de souligner que si l'ERP
peut contribuer à soutenir la stratégie, il n'apportera pas dans
tous les cas un avantage compétitif.
C/ L'ERP : un support à la prise de
décision
Au delà de représenter une aide à la
gestion des activités quotidiennes de l'entreprise, l'ERP dispose de
nombreux outils analytiques et d'indicateurs permettant d'améliorer les
prises de décision des acteurs. Cet aspect a fait l'objet de nombreuses
études. En effet, l'ERP a été considéré
comme étant un outil prometteur pour aider les gestionnaires à
prendre de meilleures décisions.
1. Prise de décision et différents niveaux
hiérarchiques
Depuis de nombreuses années, les décisions sont
de plus en plus décentralisées. Grâce aux systèmes
d'information, tout acteur de l'entreprise peut en effet disposer de
données leur permettant d'améliorer leur prise de décision
et leurs actions respectives. Traitées, ou non, elles seront de nature
différentes selon la position hiérarchique de chaque acteur.
La figure 6 ci-dessous résume les différents
niveaux hiérarchiques ainsi que la nature des données
nécessaires à leur mission :

Données générales, internes et externes,
consolidées : décisions non structurées
Données précises, internes et planifiées :
décisions semi-structurées
Cadres
dirigeants
Cadres intermédiaires
Données précises, internes et
détaillées : décisions structurées
Cadres opérationnels et employés
Figure 6 : Données nécessaires à la
prise de décision de chaque niveau hiérarchique
36
- Les cadres dirigeants prennent des décisions qui peuvent
avoir une incidence sur le
37
futur de l'entreprise. Leurs décisions sont plus
d'ordre général, et les données dont ils ont besoin auront
davantage pour vocation à vérifier les objectifs de performance,
ou, prendre des décisions stratégiques pour le futur de
l'entreprise. Ainsi, les données qu'ils exploiteront couvriront un
domaine vaste et peuvent être internes comme externes.
- Les cadres intermédiaires prennent des
décisions qui viendront soutenir celles des cadres dirigeants. Elles
peuvent être opérationnelles comme stratégiques, de court
terme comme de moyen terme. Ils auront besoin de données pour optimiser
les processus de l'entreprise, répartir au mieux les ressources,
définir des plans d'action des différentes équipes etc.
- Les cadres opérationnels ont pour principale mission
de gérer les équipes, de surveiller la performance de leurs
collaborateurs au profit des objectifs de la firme. Ainsi, les données
dont ils auront besoin seront précises et les aideront à
optimiser le travail de chacun en fonction des différentes contraintes.
Ils prennent à la fois des décisions structurées et non
structurées.
- Les employés doivent satisfaire les objectifs qui
leur sont fixés par les opérationnels. Pour y parvenir, ils
suivent des procédures particulières, et pour la plupart, bien
définies. Toutefois, ils peuvent prendre des décisions pour
optimiser leurs tâches personnelles. Il est bon de noter que, souvent, ce
sont les employés qui interagissent de manière
privilégiée avec les clients et les fournisseurs.
Pour chaque niveau hiérarchique, l'ERP sera en mesure
d'aider les acteurs grâce aux outils et modules intégrés
dans le système. Il viendra soutenir les différentes
étapes de la prise de décision à savoir: intelligence,
conception, choix puis mise en oeuvre, l'ERP viendra soutenir ces
étapes.
Entre autres, au cours de l'étape de l'intelligence,
l'ERP détecte des signaux importants venant éclairer certains
problèmes. Lors de l'étape de la conception, l'ERP relie les
variables d'action à leurs résultats éventuels. Au cours
de l'étape de sélection, il fournit des alternatives et
décrit leurs impacts en simulant et en faisant varier les variables
d'actions. Enfin, lors de l'étape de la mise en application, l'ERP
facilite la diffusion et l'explication de la nouvelle décision à
ceux qui se sont chargés de sa mise en oeuvre.
38
2. La Business Intelligence : au service des cadres
dirigeants
Les entreprises investissent de plus en plus dans les
systèmes de Business Intelligence (BI). Ces derniers peuvent se
définir comme étant « un ensemble de technologies et
d'applications conçues pour aider les utilisateurs à prendre de
meilleures décisions. » (Carvalho, Rosenthal-Sabroux,
2009).
Auparavant, les activités de BI étaient
réalisées grâce à une collecte manuelle de
données provenant de sources multiples. Il était difficile et
coûteux en temps comme en argent de générer de bons
rapports. Or, dans un milieu très concurrentiel, les dirigeants ont
besoin de garder un oeil constant sur les résultats en tout point de
l'entreprise.
Aujourd'hui, les solutions ERP s'accompagnent, pour la
plupart, de systèmes de business intelligence qui permettent aux cadres
dirigeants de se fournir de rapports dynamiques, quand ils le souhaitent. En
effet, l'ERP offre des fonctionnalités de logiciels de BI sous forme de
modules. Entièrement intégrés dans l'application et
disponibles en temps réel, ce système permet d'extraire des
données et vient soutenir la gestion et la décision avec un
accès à des rapports, des graphiques et des tableaux de bord qui
offrent une multitude d'informations.
Les données peuvent être extraites sous forme de
résumé, permettant par exemple, d'enquêter sur des
problèmes ou anomalies potentielles. En outre, ils permettent par
exemple à un directeur de production d'arrêter le processus
lorsqu'il y voit une anomalie afin d'identifier la cause avant que le
problème se généralise.
Ces outils peuvent être utilisés dans une
approche de long terme. En effet, ils aident à identifier les tendances
et les possibilités d'amélioration des processus. Si un directeur
de ventes a, par exemple, besoin de tous ses directeurs régionaux pour
élaborer un rapport commun des ventes du trimestre, il est probable que
chaque rapport soit différent en termes de format. Or, en utilisant un
logiciel BI, ce directeur pourra travailler avec le même ensemble de
données et générer un rapport qui fait sens pour lui.
Ce logiciel est également suffisamment robuste pour
pouvoir y entrer des données externes au progiciel, qui seront ensuite
croisées à celles de l'ERP. Ce sont des outils transversaux comme
des Management Information Systems (MIS) qui le permettent.
En rendant interopérables les différentes
applications, les systèmes de business intelligence aident à
examiner, évaluer, contrôler et identifier, par exemple, les
secteurs d'activité plus
39
rentables que d'autres, les produits ou services qui se
vendent le mieux. Les dirigeants ont alors la possibilité d'avoir une
vue d'ensemble sur les activités de l'entreprise, et sont en mesure de
prendre des décisions éclairées venant soutenir leur
stratégie ou la faire évoluer grâce à des
données consolidées et relativement fiables.
3. Des outils au service des cadres intermédiaires
et opérationnels
Si autrefois, les dirigeants prenaient la majorité des
décisions concernant l'entreprise et son fonctionnement, il est
aujourd'hui de plus en plus fréquent que les cadres
intermédiaires et opérationnels le fassent à leur
échelle.
Ces derniers ont pour mission d'assurer une atteinte des
objectifs définis par la hiérarchie. Pour cela, ils doivent
disposer d'outils leur permettant, par exemple, de décider des
ressources à mettre en place pour optimiser les tâches de leurs
collaborateurs.
Il apparaît donc nécessaire qu'ils aient une vue
sur les aspects importants des opérations commerciales, des processus,
mais aussi qu'ils puissent mesurer la performance générale de
leurs équipes.
Des extensions de l'ERP comme les systèmes
d'information de gestion (SIG) et les systèmes interactifs d'aide
à la décision (SIAD) leur viennent en aide.
Les SIG permettent de générer des rapports
réguliers et aident les cadres à surveiller, évaluer et
contrôler les activités de l'entreprise car ils transmettent des
informations sur les performances qu'ils génèrent. Ces rapports
permettent d'avoir une vision sur ce qui fonctionne ou ce qui fonctionne moins
bien afin d'adapter les pratiques, ou d'optimiser certaines tâches.
Notons que les SIG traitent généralement des problèmes de
l'entreprise et alertent les cadres lorsque des événements
inhabituels se produisent.
Tandis que les SIAD, aident les acteurs à prendre des
décisions en se basant sur des modèles analytiques, des
données opérationnelles et des outils de coordination. Ils
peuvent ainsi analyser de façon structurée ou non des
problèmes ou des défaillances. Entre autres, ils permettent aux
cadres de faire ressortir les données qui les intéressent
pourtant ensevelies sous des multitudes de données internes comme
externes au progiciel.
40
4. Des outils pour aider les employés
En ayant une visibilité sur le fonctionnement de
l'entreprise à leur échelle, les employés ont la
possibilité de prendre des décisions opérationnelles
majeures. Avec le progiciel ERP, ils ont accès à un
référentiel unique non seulement pour leur propre tâches
mais aussi pour de plus en plus de fonctions.
Cette transparence est une bonne chose pour le long terme de
l'entreprise. En revanche, si les employés ne sont pas en mesure de
détecter et trier les données dont ils ont besoin, elle peut
être source de surcharge informationnelle. Ainsi, la direction doit
être vigilante lorsqu'elle donne accès à des multitudes de
données à ses employés. Elle doit être
impliquée, communiquer et s'assurer que les employés parviennent
à s'en servir à bon escient.
Les employés sont les personnes souvent au plus proche
des clients, fournisseurs et autres parties prenantes. Bien que leurs
décisions ne soient pas d'ordre stratégique, elles peuvent
grandement soutenir les objectifs commerciaux de l'entreprise.
Les employés ont notamment accès à des
systèmes d'aide à la décision en groupe. Ce sont des
systèmes qui permettent le partage d'informations qui se rapportent
principalement aux activités opérationnelles et quotidiennes. Ces
outils peuvent également initier les employés à proposer
de nouvelles choses, pratiques et ainsi permettre à l'entreprise
d'innover.
Si ces outils peuvent venir en aide à tous les acteurs
de l'entreprise, il faut être en mesure de produire quelque chose de ces
données, et être en mesure de les analyser de façon
optimale. Cette problématique est rencontrée dans la plupart des
entreprises, et de nombreuses recherches ont montré qu'il y avait un
manque de gestion des connaissances, de formation des employés à
ces outils analytiques.
Conclusion chapitre 2
Ce chapitre nous a permis de montrer qu'au delà de
contribuer au développement de l'entreprise, l'ERP peut
représenter un véritable outil venant soutenir la
stratégie de l'organisation. Plus encore, il peut être à
même d'influencer cette dernière en mettant en lumière des
défaillances ou de potentielles opportunités qui s'offrent
à elle.
L'ERP peut être implémenté pour des
motivations purement stratégiques, et nous avons montré qu'il
était à même d'offrir de nombreux avantages à
l'entreprise en venant améliorer
41
sa performance économique et opérationnelle.
Par ailleurs, il aide tous les acteurs de l'entreprise
à améliorer leur prise de décision au profit de
l'organisation. Si tous les acteurs optimisent leurs tâches grâce
à ce système et les modules qui y sont intégrés, la
mise en place d'un ERP peut apporter de véritables
bénéfices à l'entreprise ainsi qu'à ses parties
prenantes.
Si une partie de la littérature nous relate les apports
du système ERP, il convient néanmoins d'insister sur le fait
qu'ils découlent bien souvent d'une approche stratégique de ce
projet. Dans ce cas, nous pouvons émettre que les ERP permettent de
soutenir la stratégie de l'entreprise. Ils créent de la valeur et
peuvent constituer une source d'avantage concurrentiel.
Toutefois, ce projet est long, coûteux et ses
bénéfices sont incertains. Le projet ERP est celui qui a connu le
plus d'échec. Beaucoup d'entreprises, même celles qui adoptent une
approche stratégique, ne parviennent pas à tirer pleinement
profit de ce système. De nombreuses recherches ont montré que ces
échecs étaient du à un manque d'accompagnement des acteurs
au projet ou à une stratégie mal définie par la
direction.
Dans une seconde partie, nous tenterons de mettre en
évidence les principales causes de ces échecs avant de proposer
une démarche mettant en lumière les prérequis
nécessaires ainsi que des conseils pour assurer un déploiement de
ce projet.
42
Deuxième Partie : Mettre en oeuvre une
démarche
d'alignement stratégique
Tout au long de notre première partie, nous nous sommes
attachés à montrer la nécessité d'adopter une
approche stratégique d'un projet ERP, pour espérer en retirer des
bénéfices majeurs.
Seulement, toutes les entreprises ne parviennent pas à
aligner leur système d'information à leur stratégie. Par
conséquent, les apports que nous avons énumérés
dans notre première partie ne sont pas garantis. Il existe de nombreux
risques inhérents à ce projet et de nombreux enjeux pour assurer
un bon déploiement et espérer un retour sur investissement
satisfaisant l'entreprise.
Nous tenterons de mettre en lumière les
préalables nécessaires à la réussite d'un tel
projet ainsi que les points d'attention que nous avons jugé utile
d'énumérer après avoir étudier des cas
d'échec de la mise en place d'un ERP.
Chapitre 1 : État des lieux des projets ERP
Ce premier chapitre consiste à mettre en exergue les
risques des projets ERP ainsi que les facteurs clés de succès et
d'échec de ces derniers. Il nous permettra notamment de saisir les
raisons pour lesquelles certaines organisations et entreprises ne sont pas
parvenues à profiter pleinement des opportunités offertes par le
système et nous tenterons d'illustrer nos propos par des exemples
concrets d'entreprises.
A/ Risque des projets ERP
Si les bénéfices potentiels des progiciels ERP
sont nombreux, les risques le sont tout autant. Un projet ERP est par
définition « long, coûteux et incertain ». Il peut
être source de nombreux problèmes pour les entreprises qui les
implantent.
Tout d'abord, la difficulté à travailler
ensemble, à bâtir une vision commune et à repenser les
différents processus en amont de son implémentation fut à
l'origine d'un grand nombre d'échecs. L'une des critiques phares d'un
projet ERP est qu'il nécessite de rendre formels les processus. Mais,
puisqu'il est impossible de tout formaliser, sa standardisation échappe
à certaines pratiques, et ceci vient compromettre l'efficacité du
système.
43
Dans une même logique, il est difficile et long à
mettre en oeuvre car il requière la participation et la mobilisation de
l'ensemble des acteurs de l'entreprise. Il est également relativement
rigide puisque son degré d'intégration est important.
Parmi les projets SI, l'ERP a connu le plus d'échec. La
littérature montre que beaucoup d'entreprises éprouvent des
difficultés à maîtriser leur budget et
l'échéancier du projet tant il s'avère complexe. Dans leur
livre, Management des systèmes d'information, Laudon et Laudon (2014)
s'appuient sur une étude du groupe Standish International qui
énonce que « seuls 32% des investissements en technologie ont
respecté les échéanciers, le budget et les
spécifications fonctionnelles ». Cette même étude
montre qu'un « projet sur six dépassait les coûts
prévus de 200% et les délais prévus de 70% ».
Laudon et Laudon tendent à justifier ces échecs par deux raisons
: d'une part, les entreprises ne parviennent pas à aligner leur
stratégie aux projets SI et dans ce sens, de nombreuses
incohérences et difficultés émergent. D'autre part, les
entreprises ont généralement une mauvaise maîtrise du
changement organisationnel. Elles minimisent la nécessité d'une
refonte des processus et ceci peut s'avérer crucial pour la bonne marche
de l'entreprise. C'est par exemple le cas de Dell Computer, qui
après avoir investi massivement dans un ERP, a du abandonner le projet
car celui-ci n'était pas adapté à sa nouvelle organisation
décentralisée. Mobil Europe a également abandonné
son projet suite à une fusion.
Aussi, il est souvent difficile de s'assurer de l'apport du
projet ERP et de mesurer concrètement le retour sur investissement.
Enfin, inutile de préciser que les projets ERP contribuent à
renforcer les enjeux liés à la gouvernance des projets et des
données. Des enjeux extrêmement importants et pourtant souvent peu
maîtrisés par les organisations.
Illustrons nos propos à travers un cas d'entreprise qui
a échoué dans son implémentation de l'ERP.
Le cas de l'entreprise Hersey
Hershey est le plus grand fabricant de chocolat en
Amérique du Nord. L'entreprise a été crée en 1894
et les produits de la marque sont vendus dans une soixantaine de pays dans le
monde entier.
En 1996, l'entreprise souhaite gagner en
compétitivité notamment en améliorant son service clients.
Elle décide alors d'implémenter un ERP pour gérer
l'intégration entre ces trois
44
systèmes existants à savoir : le logiciel SCM,
le logiciel CRM et IBM global service. Le but était d'harmoniser les
systèmes et de rendre plus fluide les processus.
Le coût global du projet était de 10 millions de
dollars et le temps d'implémentation recommandé du système
était de quatre ans. La direction souhaite finalement rendre le
système opérationnel dans un délai de deux ans et demi
environ, et l'entreprise choisi d'adopter une approche rapide de mise en place
de l'ERP nommée Big Bang approach.
Impacts de l'échec de l'implémentation
L'entreprise n'est pas parvenue à réduire ses
délais, au contraire. Elle a subit des problèmes relatifs
à l'exécution des commandes ; le temps de traitement et
l'expédition ont largement augmenté pendant et suite à la
mise en place de l'ERP. Ceci a conduit à des retards de livraison et les
distributeurs se sont retrouvés dans l'impossibilité d'envoyer
à temps les produits aux détaillants. Et ceci a compromis leur
crédibilité sur le marché.
Les stocks de l'entreprise ont commencé à
s'accumuler jusqu'à augmenter de 25% par rapport à l'année
précédente et le cours des actions de l'entreprise a brusquement
chuté la même année. Hershey a du justifié cet
échec et a annoncé que ces problèmes étaient dus
à une mauvaise gestion et un mauvais fonctionnement du système
informatique, à savoir l'ERP. L'échec du projet ERP a, au total,
conduit à une perte de 150 millions de dollars de chiffre d'affaires.
Raisons de l'échec
Hershey n'a pas respecté les délais
conseillés pour la mise en place de l'ERP et a précipité
son implémentation. Elle aurait dû respecter toutes les
étapes d'implémentation que nous expliciterons lors de la
prochaine sous-partie. Or, l'entreprise a opté pour un calendrier
déraisonnable en souhaitant réduire le temps
d'implémentation de près d'un an et demi.
En réalité, elle avait des impératifs car
a choisi de débuter le projet pendant une période où les
demandes des distributeurs étaient fortes en raison de la saison. Elle
aurait dû opter pour un moment plus opportun et implémenter l'ERP
dans une démarche progressive et concise.
En effet, au cours d'une période d'activité plus
lente, l'entreprise peut davantage se donner le temps pour explorer le
système. Il est d'ailleurs recommandé de réduire la
production pendant la période la plus critique de
l'implémentation. Cette démarche vise à éviter
autant que
45
possible une exposition aux dommages causés par des
erreurs qui sont difficilement détectables.
Sa stratégie a été de réduire les
délais et d'améliorer le service client. Or,
l'implémentation de l'ERP n'a pas été correctement
alignée avec la stratégie et les préalables
nécessaires à la réussite d'un tel projet n'ont pas
été respectés.
Au final, l'entreprise n'a pas procédé aux tests
nécessaires pour s'assurer que l'ERP était en adéquation
avec la stratégie globale mais également celle des
métiers. Les phases de tests sont extrêmement importantes pour
assurer une sécurité au système, et dans ce sens, elles ne
doivent jamais être négligées.
La figure 7 résume les principales causes d'échec
de la mise en oeuvre d'un ERP

Utilisateurs peu impliqués
Objectifs mal définis
Mauvaise définition de
la
dimension
stratégique du projet
Mauvaise implication du management
Fonctionnalités inadaptées
Causes d'échec
Ressources humaines
et/ou
financières
insuffisantes
Technologie
insuffisamment
maîtrisée
Projet mal préparé
Figure 7 : Causes principales d'échec de mise en
oeuvre d'un ERP.
Ces différents éléments nous permettent de
mettre en lumière la nature complexe de cet outil ainsi que les
différents risques inhérents aux projets ERP.
46
B/ Facteurs clés de succès et
d'échec des projets ERP
Les atouts d'un projet ERP varient largement d'une
organisation à une autre car dépendent de la manière dont
ce projet a été pensé et mis en oeuvre par
l'organisation.
Selon Laudon et Laudon (2012), pour mener à bien un
projet ERP, il est essentiel de bien connaître le fonctionnement actuel
de l'entreprise, mais également être capable de se projeter
à long terme afin de déterminer son fonctionnement futur. Ces
auteurs expliquent que « des actions importantes et complexes
d'analyse et de tests sont nécessaires pour comprendre le fonctionnement
de l'ERP ». Ceci permettra d'aligner au mieux l'ERP à la
stratégie et aux besoins opérationnels de l'entreprise. Il sera,
dans ce sens, possible de déterminer et d'organiser les changements
humains, organisationnels et techniques.
De son coté, Jean-Luc Deixonne (2011) se propose de
résumer les facteurs clés du succès au nombre de six :
- Mobiliser une équipe
- Confirmer les objectifs, identifier et résoudre les
questions ouvertes
- Identifier et résoudre les risques spécifiques
- Maximiser la productivité
- Anticiper, organiser et piloter le déploiement
- Valider la solution
- Mettre à jour les référentiels
existants
Ces différents points peuvent être difficiles
à mobiliser puisque les conditions dans lesquelles évoluent les
entreprises varient au cours des projets ERP. Les actions qui en
découlent peuvent conduire à des difficultés non
identifiées par l'outil.
L'entreprise doit donc avoir la capacité à
identifier les impacts de chaque étape puisqu'ils viendront conditionner
la réalisation des étapes suivantes. Pour chacune des
étapes, si la formalisation des objectifs et la définition d'un
périmètre précis sont correctement formalisés et
validés, ils seront à même de représenter des
leviers puissants pour l'équipe.
L'entreprise doit également impliquer et motiver tous
les acteurs de l'organisation qui utiliseront cet outil. Il s'agit de la
tâche prioritaire de la direction de projet. En premier temps, il
conviendra de clarifier les attentes des unités opérationnelles
en leur communiquant les
47
raisons de ce changement. Sans cela, le
phénomène de résistance pourra se révéler
être un réel obstacle à la réussite du projet. Puis,
les objectifs devront être définis en fonction de leurs attentes
car si l'outil se révèle être inadapté à
leurs besoins, la probabilité qu'ils détournent l'outil sera
importante.
Enfin, les entreprises doivent prendre en considération
un grand nombre d'éléments externes à l'organisation pour
être en mesure de répondre pleinement à leurs enjeux
stratégiques. Rappelons que la raison d'être une stratégie
ERP est de permettre d'accompagner et de pérenniser des changements
importants de l'organisation.
Pour résumer, nous pensons que le succès ou
l'échec d'un projet ERP va fortement dépendre des objectifs qui
auront été fixés par la hiérarchie, du suivi
régulier des résultats, et de l'accompagnement des
différents acteurs durant l'implantation du système. Les
entreprises doivent donc suivre un processus particulier dans le cadre du
passage à un système ERP.
Chapitre 2 : Les points d'attention pour une mise en
oeuvre effective du projet ERP
A/ Phases d'implémentation d'un ERP
La réussite globale d'un projet ERP dépendra
avant tout de la bonne synchronisation et coordination des différentes
phases de son implémentation.
Les auteurs ont identifié différentes phases de
la mise en place de ce système. Nous allons tenter de les
synthétiser autour de 6 phases : la planification, la conception, le
développement, la phase de test, le déploiement et enfin le
suivi.

planification conception développement test
déploiement suivi
Figure 8: les six étapes clé de
l'implémentation d'un ERP
La planification : Une équipe de projet se
crée. Durant cette phase, les acteurs identifient les problèmes
actuels et les différentes solutions en prenant en compte les
opportunités et les risques de chacune. Cette même équipe
définira un plan projet, qui servira de guide tout au long de ce
dernier. C'est au cours de cette phase que les objectifs de performance sont
discutés et déterminés.
48
La conception de la solution : Le choix du produit se
réalisera au cours de cette étape et il s'appuiera sur des
grilles de comparaison des critères techniques, fonctionnels et
commerciaux. L'équipe de projet définira ensuite les
différentes configurations de l'ERP, ses fonctionnalités, les
rôles de chaque acteur ainsi que les procédures standards. Il y
aura une formation de l'équipe projet. Pendant cette phase, la solution
globale se concrétise. Selon la complexité du projet, cette phase
sera plus ou moins longue.
Le développement : La phase de
développement consiste à décider de l'ensemble de la
solution du système. Cela inclut les activités de
paramétrage, de développement de la formation des utilisateurs et
toutes les personnalisations nécessaires. Une documentation sera
établit pour fournir aux utilisateurs toutes les informations dont ils
auront besoin pour son utilisation.
La phase de test : Cette étape consiste
à vérifier si les fonctionnalités de l'ERP sont
effectivement alignées avec les objectifs initiaux. La phase de test et
de développement sont souvent menées en parallèle afin
d'ajuster certains paramètres. Il s'agira de détecter les
dysfonctionnements dus à la non-conformité du progiciel. Des
scénarios de tests sont réalisés pour s'assurer que
l'architecture et les procédures du système sont les bonnes.
À la fin de cette étape, les utilisateurs devraient avoir
à leur disposition un système intégré leur
permettant d'exercer leurs tâches de façon optimale.
Le déploiement de la solution : L'équipe
de projet évaluera une dernière fois la solution choisie et fera
les derniers ajustements. On formera ensuite les derniers utilisateurs. Les
employés commencent alors à travailler avec le nouveau
système et cesseront d'utiliser le ou les systèmes existants. Il
est, dans ce sens, très important que tous aient
bénéficié d'une bonne formation et qu'ils aient
accepté au préalable cette nouvelle technologie.
Le suivi : Une fois que le système a
été correctement implémenté au sein de
l'entreprise, les missions de l'équipe de projet évolueront.
Cette dernière devra s'assurer que tout fonctionne de la manière
dont les utilisateurs l'entendaient. Cependant, la façon dont ces
derniers travailleront avec l'ERP va évoluer. Il y aura donc des
ajustements et des modifications à apporter au système. Par
exemple, s'il y a des changements structurels, il sera nécessaire de
déployer de nouvelles fonctionnalités dans le système.
Ainsi, même si la planification et les tests ont été
correctement réalisés, il y aura toujours un besoin d'alimenter
l'ERP pour que l'entreprise puisse se développer comme elle le souhaite
et selon les contraintes qui s'exercent
en permanence sur elle. Cette phase est aussi celle où
les premiers résultats sont mesurés par l'entreprise.
Ces différentes étapes montrent qu'il est
essentiel d'identifier de façon précise les besoins
stratégiques et opérationnels de l'entreprise afin de
réaliser des choix cohérents et optimaux pendant les longues
étapes de mise en oeuvre du projet.
B/ Un audit d'alignement stratégique
Pour s'assurer que le système ERP soit en mesure de
concourir aux objectifs de l'entreprise, il apparaît nécessaire de
réaliser au préalable un audit d'alignement stratégique.
L'audit se définit selon Carvalho et Rosenthal-Sabroux (2009) comme
étant « un examen méthodique de l'organisation de la
fonction informatique, des processus de gouvernance et des systèmes,
visant à s'assurer qu'ils répondent d'une manière efficace
et efficiente aux besoins et aux objectifs de l'entreprises ».
Selon ces deux auteurs, cet dernier offrira à
l'entreprise la possibilité de réorganiser ses processus de
façon appropriée et de manière à soutenir sa
croissance. Cette démarche devrait donc être menée avec un
but concret : vérifier que le système d'information vient
soutenir les objectifs d'affaires en gardant constamment en tête qu'il
représente un risque pour l'organisation.
Chronologiquement, un audit stratégique de l'ERP doit
d'abord permettre d'évaluer les nouveaux objectifs de l'entreprise
après les avoir discuter. Puis, le système informatique doit
être évalué afin de déterminer le niveau de soutien
qu'il permet en intégrant toutes les activités de l'entreprise
à savoir : les opérations, la production, le marketing, le
développement et tous les processus permettant la réalisation de
ces dernières. En troisième lieu, l'évaluation des risques
doit être effectuée pour assurer la représentation
concrète des objectifs et de la culture attribuée aux affaires.
Enfin, sur la base de ces étapes préalables, la formulation d'un
plan d'audit stratégique réussie intègre les principes
fondamentaux d'affaires, la technologie en elle même et le risque auquel
elle se lie.
Nous allons proposer une démarche permettant
d'optimiser l'apport de l'audit stratégique au sein de l'entreprise.
49
En premier temps, étant donné que chaque
organisation est unique, le plan d'audit stratégique
50
doit tenir compte du modèle d'affaires de l'entreprise
afin que l'auditeur (interne ou externe) ait une meilleure idée de la
façon dont l'ERP va affecter l'organisation. Des ressources telles que
les plans stratégiques, les plans d'affaires annuels, la gestion des
tableaux de bord de performance etc. peuvent fournir des informations
détaillées concernant les buts et objectifs de l'organisation.
Ensuite, devra s'organiser le processus de gestion des risques
qui peut se résumer en quatre objectifs clés :
· Identification du risque par rapport à la
stratégie de l'entreprise et hiérarchisation des activités
associées.
· Détermination du niveau de risque acceptable
· Conception et mise en oeuvre des activités
d'atténuation des risques
· Création d'activités de surveillance
continue visant à réévaluer périodiquement les
risques et
Au cours de ce processus d'évaluation des risques, il y
aura besoin d'une certaine forme de notes pour chaque risque identifié.
L'audit classifie habituellement les risques pour leur donner un aperçu
visible afin que la direction prenne les décisions adéquates pour
la suite du projet.
Le plan d'audit informatique peut à présent
être engagé. Le but principal de cet audit est de permettre
à l'entreprise de décider de quelle manière il faudra
allouer des ressources pour atténuer les différents risques
associés à l'ERP.
La meilleure approche de l'audit est de le fonder sur une
évaluation continue des risques c'est-à-dire en amont de
l'implémentation, mais également durant toutes les étapes
qui composent le projet.
Au final, un audit d'alignement stratégique
apparaît essentiel pour prétendre à une réussite
globale du projet. En outre, lorsqu'une entreprise adopte une approche
stratégique d'un projet SI, il est nécessaire que la direction
s'implique dans cette étape fondamentale.
C/ Orientations stratégiques
L'entreprise qui adopte une approche stratégique du
projet ERP va définir ses objectifs qui seront ensuite traduits en choix
et en plan d'actions. Pour assurer un bon alignement, il est
nécessaire de formaliser les orientations pendant la
première phase de l'implémentation du système.
Il s'agit d'une étape-clé d'une approche
stratégique de l'ERP. Plusieurs axes fondamentaux vont être
étudiés de manière approfondie, tels que :
-- la sécurité du système et des
données : une multitude de données seront
intégrées au sein du système. Il est donc
nécessaire que les enjeux de sécurité soient
étudiés dès la première étape. Les enjeux de
sécurité de l'information regroupent cinq critères qu'il
convient de respecter : intégrité, confidentialité,
accessibilité, continuité de l'activité et la
non-répudiation. Un ensemble de dispositifs doivent être mis en
place pour s'assurer que l'ERP contribue réellement au fonctionnement et
à la survie de l'organisation. Il ne doit pas être source de
risques trop nombreux pour l'entreprise. Le directeur des systèmes
d'information (DSI) aura, ici, un rôle extrêmement important et
dans ce sens, il doit être en étroite collaboration avec la
direction.
-- Les apports: le projet ERP implique de lourds
investissements. Il est donc nécessaire de se demander si ces derniers
sont vraiment se révéler pertinents pour toutes les parties
prenantes, si le risque n'est pas trop important pour l'organisation, si le
projet contribue réellement aux objectifs stratégiques de
l'organisation, et enfin, si les choix sont vraiment cohérents avec ce
que l'entreprise souhaite faire.
-- Les niveaux d'intégration, de centralisation et
de mutualisation : les entreprises souhaitant implémenter un ERP
recherchent généralement un fort degré
d'intégration. Toutefois, ces questions doivent faire l'objet
d'études de terrain pour respecter les différents enjeux et
doivent être décidées de façon.
-- Satisfaction des utilisateurs, facilité
d'utilisation : ce sont les salariés qui travailleront avec le
système. Il faut donc les satisfaire et modeler l'ERP de telle
façon à ce qu'il réponde à leur exigence.
Dès la première phase, il sera nécessaire d'aller au
contact des utilisateurs pour optimiser le paramétrage et les
fonctionnalités du système par la suite. De plus, le
système doit être ergonomique et facile d'utilisation.
51
Cette étape consiste donc à confronter une approche
métier avec une approche financière afin
52
de trouver une solution viable satisfaisant l'ensemble des
parties prenantes. L'idée est de construire une vision cohérente
du système et idéalement orientée sur le long terme. En
effet, cette phase d'orientation stratégique, si prise au
sérieux, permet de définir une vision à moyen ou à
long terme du système d'information.
Ces choix d'orientation et de priorités doivent
être validés par la direction générale et
partagés avec les directions opérationnelles, pour ensuite
être déclinés selon les différents axes de la
stratégie technique.
D/ Stratégie de mise en oeuvre
Pour toutes les organisations, il y a des obstacles et des
défis à surmonter pour répondre aux objectifs de
performance liés au système ERP. Pour les entreprises qui ont
échoué, le problème n'était pas tant dans le
progiciel mais dans la difficulté à adapter les pratiques de
l'organisation à ce dernier. Nous avons tenté de résumer
les pratiques communes et réussies aux implémentations d'ERP, que
nous appellerons par la suite, les « best practices » :
1. Connaître la raison qui a motivé la
décision du projet
Nous cessons de le répéter, mais une
implémentation réussie est caractérisée par un but
clairement défini et un ensemble d'objectifs réalisables. Ainsi,
toute entreprise souhaitant implémenter un ERP doit définir ses
besoins, établir des mesures de réussite et construire un plan
d'affaires à même d'articuler clairement les apports qu'attend la
direction de ce système.
Certaines entreprises ont tendance à s'inspirer de
leurs concurrents ou d'entreprises qui sont parvenues à satisfaire leurs
enjeux. C'est une méthode qui peut se révéler fructueuse,
mais il convient néanmoins d'avoir la capacité de s'approprier
cette dernière et de définir une vision claire et propre à
l'entreprise.
2. Comprendre les processus métiers et les exigences
clés
Toute entreprise doit parvenir à comprendre de
manière approfondie les processus existants. Cela est
particulièrement important pour les projets ERP car ces derniers sont
souvent destinés à modifier leur gestion. La définition
des besoins d'affaire et la compréhension des processus ne doivent pas
être des activités ponctuelles mais des processus continus qui
pourront être affinés régulièrement afin de prendre
en considération l'évolution des besoins de
l'organisation.
Une fois que les processus existants ont été
compris, il conviendra de définir et hiérarchiser les exigences
clés de l'entreprise. Elles sont la base d'une bonne sélection du
logiciel et d'un bon processus d'implémentation. Le choix du produit
doit s'accompagner d'une vérification de ses capacités
techniques. En effet, celles-ci doivent correspondent aux besoins
spécifiques de l'entreprise.
3. Établir une analyse économique du
projet
Il s'agit sans doute du point le plus délicat du
dossier de présentation du projet. L'analyse économique du projet
est un critère de décision majeur dans la mesure où elle
doit permettre de vérifier concrètement la valeur ajoutée
du projet. C'est dans cette partie du dossier que l'on doit par exemple
retrouver la valorisation des gains de productivité ou le montant de
l'économie réalisé par un tel changement
d'infrastructures. Un bon dossier présentera des avantages et des
apports tangibles en fonction des besoins.
Enfin, si l'on veut crédibiliser le dossier du projet
ERP, il est essentiel que l'analyse économique respecte les conditions
suivantes :
-- une analyse de toutes les charges
-- une évaluation de tous les coûts et gains portant
sur l'ensemble de la durée du projet
-- une analyse des risques et des incertitudes
-- l'économie du futur système qui doit pouvoir
être comparée avec le chiffrage des coûts du système
existant quand cela s'avère pertinent.
La plupart des entreprises ont besoin de cette analyse pour
s'assurer qu'elles aient un retour sur investissement suffisant avant d'engager
des investissements importants. De plus, la complexité des projets ERP
exige une analyse qui répond aux préoccupations et aux besoins de
toutes les parties prenantes. Elle peut, en effet, représenter un
support permettant de convaincre l'instance décisionnaire.
4. Assurer une bonne gestion et un engagement suffisant de
ressources
Une autre caractéristique permettant de distinguer les
bonnes implémentations des moins bonnes est la façon dont le
projet a été géré.
53
L'entreprise doit avoir un chef de projet dédié et
impliqué dans la planification et la gestion
54
continue du projet. Pas seulement, elle doit être en
mesure d'engager toutes les ressources nécessaires pour un tel projet,
que ce soit en amont, pendant ou après son implémentation.
Aussi, des examens réguliers concernant l'avancement du
projet devront être faits et rapportés aux instances de pilotage
afin que les décideurs aient la capacité de traiter de toutes les
questions qui pourraient se poser pour la suite.
Au final, il convient donc de dessiner un portefeuille de
projets qui s'appuiera sur les points suivants :
-- des enjeux, des objectifs, des modalités de
fonctionnement, des critères de prise de décision, et un suivi de
ces décisions
-- un dispositif de gouvernance complémentaire aux
instances de pilotage
-- un outil de collecte, d'analyse et d'aide à la
décision offrant une analyse du portefeuille des projets prenant en
compte les risques, contributions, coûts etc.
-- le périmètre du portefeuille
5. S'assurer d'un engagement fort des cadres dirigeants
Le soutien et l'engagement de tous les cadres dirigeants est
un prérequis fondamental. Sans le soutien de tous, le projet ne pourra
pas aboutir, ou alors, il ne parviendra pas à être mise en place
de façon optimale.
Souvent l'initiative d'un projet ERP vient du DSI, et le
soutien des cadres dirigeants n'est pas toujours facile à obtenir. Il
est pourtant indispensable puisque ces personnes sont en charge de
définir la stratégie de l'entreprise et de la faire
évoluer.
6. Ne pas se précipiter dans la mise en place du
système
Rien ne vaut une planification minutieuse avant de
déployer la solution. Une majorité des projets ERP ne respectent
ni le planning initial ni le budget d'origine. « Ces dérapages
sont, dans de nombreux cas, dus à des plannings et des budgets initiaux
mal estimés et irréalistes. » (Rosenthal-Sabroux,
Carvalho, 2010).
Le planning doit être défini avec tous les
acteurs et les utilisateurs, et tenir compte de toutes les contraintes. Dans ce
sens, les entreprises ont besoin de prendre le temps de construire un plan de
projet solide afin qu'il se révèle efficace par la suite.
55
Ainsi, celles qui y parviennent auront probablement des temps
de mise en oeuvre plus courts puisque le projet sera davantage
réaliste.
Il faut également porter une attention
particulière à la question de la migration des données. De
nombreuses entreprises ont tendance à se concentrer sur les aspects
purement techniques du logiciel, et mettent parfois de côté cette
problématique pourtant majeure. Les données représentent
des actifs stratégiques de l'entreprise et une mauvaise gestion de ces
dernières peut être source de nombreux risques. Il est donc
essentiel d'assurer une migration optimale de ces ressources entre les
systèmes existants et le nouveaux système intégré.
Elle représente un réel enjeu pour toute entreprise, puisque si
elle est mal opérée, cela aura un impact négatif important
sur les opérations commerciales de cette dernière.
7. La conduite du changement
Pour certains acteurs de l'entreprise, il peut être
difficile de s'adapter au changement, d'adapter leur comportement et pratiques
à ce nouveau système. Cela peut prendre du temps, et il
n'apparaît pas raisonnable de penser qu'ils puissent modifiés, en
un laps de temps courts, les habitudes qu'ils se sont forgés depuis un
certain nombre d'années pour certains. .
Leur hiérarchie doit comprendre que la gestion du
changement est un processus constant et permanent. C'est en effet, un point
essentiel et inhérent à la réussite d'un tel projet. Les
employés doivent se familiariser avec la technologie, les nouveaux
processus et leur nouveau rôle sur une période de temps assez
large de telle sorte qu'ils puissent accepter et intérioriser ces
changements.
Négliger cet aspect de mise en oeuvre ou le prendre en
considération qu'une fois après avoir décider de tous les
autres aspects peut entraîner une résistance organisationnelle et
générer des risques importants. Nous consacrerons une sous-partie
à cette problématique majeure.
E/ L'importance d'un comité de pilotage pour
assurer l'alignement
Concernant la gestion du projet, le terme de «
gouvernance » peut être sujet à des ambiguïtés.
Les entreprises ont des interprétations différentes de ce que
signifie ce terme, et ont, pour une grande majorité, des
mécanismes de gouvernance qui leur sont propres.
Toutefois, définir une gouvernance de projet implique
nécessairement d'établir une organisation du projet, de
définir les rôles et responsabilités des acteurs
impliqués, d'identifier
56
et former les compétences clés et enfin de
définir les instances de pilotage et de suivi du projet (Deixonne,
2011).
Autrement dit, la mise en oeuvre d'une gouvernance cherche
à résoudre la problématique de la circulation efficace des
informations afin de faciliter les prises de décision et le suivi du
projet. L'absence de consensus sur la mise en oeuvre d'une gouvernance
adéquate constitue un facteur critique de succès d'un tel projet
et la plupart des entreprises se rendent désormais compte de
l'importance de cet aspect.
Un aspect de la gouvernance d'un projet ERP qui a
généralement fonctionné et qui vient soutenir la
stratégie de l'entreprise tout au long du projet est la constitution
d'un comité de pilotage. Les différents auteurs s'accordent
à dire que ce dernier aura un impact important sur la réussite du
projet et sur l'alignement de la stratégie avec celle du projet SI.
À l'inverse, la faible implication de la direction
générale dans le suivi de projet constitue le risque principal du
contrôle d'avancement.
Le comité de pilotage est une instance de
décision et de pilotage stratégique du projet. Il supervise le
lancement et le suivi du développement de la solution, la conduite du
changement et la mise en oeuvre, puis le management du projet, l'arbitrage, et
l'allocation de ressources.
Pour répondre à ces enjeux, ce comité
doit pouvoir se réunir plusieurs fois par mois, notamment pendant les
périodes les plus critiques du projet. Ce type d'engagement permet de
garantir que l'implication de la hiérarchie est réelle et elle
sera plus aisément perçue par les employés.
Il est d'autant plus important que dans une approche
stratégique, il permet d'assurer un bon alignement entre la
stratégie globale de l'entreprise et les résultats de la mise en
oeuvre de l'ERP. Par exemple, si l'objectif initial est une réduction
des délais de livraison, le comité devra veiller à ce que
le nouveau système ERP simplifie tous les processus menant à la
livraison. Pour cette raison, les dirigeants doivent jouer un rôle plus
actif pour assurer des livrables clés tels qu'une documentation des
processus d'affaires et des plans reflétant les priorités
stratégiques globales de l'entreprise.
La préoccupation majeure des membres de ce
comité est de s'assurer que la direction de projet maîtrise le
projet. « Pour cela, ils doivent être attentifs à
l'avancement du projet et à ce que les facteurs clés de
succès soient opérationnels. » (Deixonne, 2011) Ils
assurent les
opérations de contrôles et font en sorte que le
projet ne dépasse pas le budget et l'échéancier
initialement prévus. Par exemple, les demandes de personnalisation du
système devraient être validés par le comité afin
qu'il puisse s'assurer qu'elles aient un rapport
coût/bénéfice adéquat par rapport aux risques.
Autrement, l'équipe de projet peut se retrouver coincé entre les
pressions exercées par les employés les plus résistants
aux changement et les exigences de la hiérarchie. Il est donc important
que le comité lui fournisse un soutien permanent afin d'assurer un
alignement des objectifs de chaque partie.
L'implication forte des différents métiers est
nécessaire, surtout dans les phases de cadrage initial et dans la
réception du produit. La mise en oeuvre du projet ERP ne peut pas
être entièrement délégué à des
personnes externes. Les différents cadres doivent être
impliqués et se sentir responsables du résultat du projet. Plus
impliqués ils seront et plus il sera facile d'identifier et
d'atténuer les risques inhérents au projet.
La figure 9 résume les grandes responsabilités du
comité de pilotage :

Comité de pilotage
* valide les orientations stratégiques du projet
|
* supervise les orientations et le calendrier du
|
projet dans sa globalité
|
* rend des arbitrages nécessaires
|
* contrôle la qualité, les délais et les
coûts
|
57
Figure 9 : rôle et responsabilités du
comité de pilotage
F/ L'implication des acteurs, une condition
nécessaire au succès du projet
Une des raisons principales des échecs des projets SI
réside dans le manque d'implication et d'accompagnement des acteurs
autour de ces derniers. Cet aspect, bien que fondamental, est souvent sous
estimé par la direction. Nous démontrerons que l'organisation
d'une stratégie de communication, l'implication et la formation des
utilisateurs finaux sont des aspects fondamentaux dans la réussite d'un
projet ERP.
58
1. Engagement et participation des utilisateurs
La décision d'implémenter un ERP peut être
perçue comme une menace par les acteurs de l'entreprise. Or, la
réussite d'un projet SI va fortement dépendre du degré de
participation des salariés à ce dernier. Ainsi, avoir la
capacité de mobiliser les employés et de les engager dans un tel
projet demeure un défi majeur de toute organisation.
Une entreprise qui parvient à relever les nombreux
défis techniques que soulève un projet ERP, peut se retrouver
bloquer en raison d'un manque d'implication voire d'une résistante au
changement des utilisateurs finaux. Retenir l'engagement des salariés
peut en effet se révéler compliqué. Alors comment faire
face à ce défi de taille et comment atténuer cette
résistance ?
Deixonne (2011) explique que « La communication n'est
pas vraiment identifiée par les entreprises comme un levier en termes
d'acceptabilité du produit par les utilisateurs finaux ».
Pourtant, si la direction ne parvient pas à communiquer les apports de
ce nouveau système, les risques d'échecs du projet
augmenteront.
Ainsi, il convient d'aider les employés à
comprendre les bénéfices qu'offre la technologie pour chacun
d'entre eux. Leur supérieur hiérarchique doivent être en
mesure de les éclairer sur les apports personnels de ce système.
En plus de communiquer les avantages potentiels de ce dernier, la
hiérarchie doit leur expliquer pourquoi ces changements ont lieu,
comment le nouveau système va permettre de répondre aux objectifs
stratégiques de la firme et comment celui-ci va affecter leur travail
quotidien. L'enjeu est donc de procéder à une bonne
communication, mais avant tout de prendre conscience de l'importance de cet
enjeu.
Il faudra ensuite définir et mettre en oeuvre les
changements organisationnels. Les employés doivent être
impliqués dans cette étape puisque la définition de ces
changements dépendra des besoins de chacun et des processus dans
lesquels ils sont impliqués. L'analyse des besoins est une étape
cruciale d'un projet ERP, il faut donc tout mettre en oeuvre pour qu'elle soit
correctement réalisée.
De plus, tous les auteurs s'accordent à dire que la
participation de l'ensemble des utilisateurs va conditionner la réussite
du projet et ceci pour deux raisons : d'une part parce que les besoins seront
mieux identifiés, et d'autre part parce qu'elle va aider à
accroître leur motivation et leur engagement.
La participation des salariés ne se limite pas à
l'étape de la définition des besoins, ils doivent
également être autorisés à
participer à la mise en oeuvre du système ERP. Familiers avec les
processus d'affaires, les utilisateurs doivent avoir la possibilité de
modeler et de façonner le système en fonction de leurs
priorités.
Au final, la participation des utilisateurs est
considérée comme un facteur clé de réussite d'un
projet ERP. Il est nécessaire de veiller à ce que les
utilisateurs soient à la fois désireux et capables d'utiliser les
systèmes ERP.
2. Formation des utilisateurs finaux
Sous-estimer l'importance de la formation des employés
est une erreur qui peut se révéler coûteuse pour
l'entreprise. De manière générale, les entreprises
n'investissent pas assez dans la formation. Il s'agit pourtant d'un moyen
efficace d'optimiser leur fonctionnement opérationnel.
Dans tous les cas, une formation est indispensable et il
existe plusieurs moyens de décider de la façon dont elle va
s'exercer. Certaines entreprises optent pour une approche selon laquelle
l'équipe de projet et les utilisateurs clés (une fois
identifiés) forment les autres utilisateurs. D'autres comptent sur une
formation dispensée par les fournisseurs du progiciel ou font appel
à des experts. Enfin, certaines optent pour une combinaison des deux
approches.
Un plan de formation
Quelque soit la méthode sélectionnée, il
conviendra en premier temps de définir de façon
détaillée les besoins en formation et les actions et ressources
à mettre en place. Un plan de formation bien pensé peut faciliter
le processus de transition pour les équipes concernées par le
projet. Pour cela, il est nécessaire de se poser plusieurs questions :
qui coordonnera la formation ? Quels seront les contenus de la formation ?
Combien de personnalisations devront être faites ? Quel processus est
à prévoir pour le déploiement de la formation ? Quelles
ressources supplémentaires devront être déployées ?
etc.
Les réponses à ces questions permettront de se
faire une estimation du budget qu'il est nécessaire d'allouer à
la formation. Elles aideront également à définir un plan
d'action cohérent et précis après avoir identifié
les besoins.
La personnalisation
59
Certes, tous les employés sont affectés par le
projet ERP et tous ont besoin d'une formation.
60
Mais, pour que la formation soit réellement efficace,
il est essentiel que les utilisateurs soient formés sur les fonctions et
les processus dans lesquels ils sont personnellement impliqués. En
effet, la formation à ce système sera plus efficace si elle
parvient à s'adapter à chaque acteur de l'entreprise en fonction
de leurs tâches, de leur travail et de la perception qu'ils se sont
faites de l'outil. La plupart des utilisateurs ont besoin de comprendre comment
l'ERP va fonctionner dans leur contexte particulier. L'idée est donc de
privilégier une formation axée sur les processus et sur les
individus.
Une formation continue
Une formation efficace est celle qui fait profiter aux
utilisateurs finaux de cours, d'ateliers, et de sessions tout au long de la
mise en oeuvre du projet, et au delà. Une seule session de formation,
même longue, ne suffit pas. D'autant plus que les utilisateurs devront
adapter leurs pratiques aux éventuels changements du système.
Des experts ou des ressources internes
compétentes
Si l'entreprise ne dispose pas de ressources humaines assez
compétentes et assez nombreuses pour exercer la formation en interne, il
peut être utile de faire appel à des experts. En effet, la
formation des ERP couvre différents aspects : des sujets techniques, la
révision des processus, la communication etc. Il ne faut donc pas
sous-estimer les besoins en formation.
Une formation en interne est considérée comme un
moyen peu coûteux de former le personnel. Mais cette option peut donner
lieu à des risques, si elle n'est pas planifiée correctement ou
si les moyens alloués ne sont pas suffisants. Les utilisateurs
clés seront essentiels car peuvent influencer et aider les autres
acteurs de l'entreprise. Mais ceci suggère qu'ils aient bien saisi et
compris les bénéfices du système ainsi que son
utilisation. Il est possible qu'ils n'aient pas les compétences ni pour
former, ni pour communiquer de façon efficiente. Dans ce sens,
l'entreprise doit en premier temps vérifier que ces utilisateurs soient
capables d'assurer une telle mission, sans cela, cette méthode donnera
lieu à des résultats insuffisants.
Pour résumer, le fait d'investir dans une formation
efficace, axée sur l'utilisateur final et les processus peut se
révéler être un élément essentiel pour une
bonne implémentation de l'ERP.
61
Conclusion Partie 2
Tout au long de notre seconde partie, nous nous sommes
attachés à mettre en évidence les différents points
inhérents à la réussite d'un projet ERP. Nous avons
montré que ce projet révèle de nombreux défis et
qu'il convient d'adopter une approche réaliste et extrêmement
rigoureuse pour assurer un déploiement optimal.
Ce projet nécessite également d'avoir la
capacité de se projeter sur le long terme, et dans ce sens, une
entreprise qui a l'intention de s'engager dans un tel projet doit prendre
conscience que les apports qu'il procure ne seront pas visibles à court
terme.
Aussi, nous avons tenté de mettre en exergue les
aspects qui nous ont semblés les plus importants comptes tenus des
exemples d'échecs que la littérature existante a
étudiés. Certes, adopter une approche stratégique du
projet ERP est la démarche la plus enrichissante, mais elle peut
être risquée si tous les acteurs de l'entreprise ne s'impliquent
pas pleinement à ce projet. Un projet ERP est « un travail
d'équipe » notamment parce qu'il va impacter
l'intégralité des parties prenantes de l'entreprise. Il est donc
du ressort de la direction de saisir ces nombreux enjeux et d'appliquer la
démarche la plus rigoureuse afin que tous les acteurs soient convaincus
des potentiels apports de ce système et soient par la suite
motivés pour atteindre les objectifs stratégiques et
opérationnels de l'organisation.
62
Conclusion Générale
Tout au long de notre mémoire, nous avons eu pour
objectif de réaliser un état de la littérature concernant
les systèmes ERP. Notre travail nous a permis de mettre en
évidence un certain nombre d'éléments théoriques
soulignant la nécessité d'adopter une approche stratégique
des projets informatiques. Nous avons ainsi pu développer le concept
d'alignement autour de la technologie ERP et montrer de quelle manière
ce dernier était en mesure de contribuer à renforcer les
bénéfices offerts par le système.
La littérature présentée nous a permis de
comprendre que l'ERP avait la capacité d'accompagner les entreprises
dans leur transformation stratégique en leur proposant une offre
transversale. En effet, il peut répondre aux besoins d'évolution
des entreprises et permet des changements organisationnels majeurs. De plus,
plusieurs auteurs ont affirmé que l'ERP contribuait à soutenir la
stratégie de l'entreprise de différentes façons. Il aide,
par exemple, les utilisateurs à prendre de meilleures décisions,
soit pour optimiser leurs tâches, soit pour guider l'entreprise vers de
nouvelles perspectives. Nous avons également pu mettre en
évidence que ce système, si adopté dans une approche
stratégique, était en mesure d'apporter ou de maintenir des
avantages compétitifs aux entreprises.
Ainsi, le concept d'alignement stratégique a
été considéré comme un élément
central impactant positivement les résultats d'un tel projet. Nous
pouvons désormais affirmer que même s'il aboutit souvent à
des échecs, le système ERP continue d'offrir de nombreux
bénéfices à l'entreprise qui le met en place.
Toutefois, long et complexe, ce projet nécessite
l'attention de toutes les parties prenantes. Une approche stratégique de
ce système ne garantit pas la réussite du projet, elle doit
être rigoureuse, prudente et réaliste. Pour cette raison, dans
notre seconde partie, nous nous sommes attachés à comprendre
quels étaient les points d'attention durant les différentes
phases de l'implémentation de l'ERP.
Ces différents points ont pour objectif d'assurer une
cohérence globale au sein de l'organisation. Dans cette partie, nous
avons souligné l'importance de la dimension sociale. Les acteurs
utilisateurs ont un rôle fondamental dans le développement de ce
projet. Le top management doit les impliquer durant toutes les phases.
Autrement, il sera difficile de répondre à leur besoin, et le
système perdra fondamentalement de sa valeur.
63
Pour conclure, ce mémoire nous a permis de mettre en
lumière la nouvelle finalité des systèmes d'information.
Ils viennent désormais servir la stratégie de l'entreprise et son
adaptation permanente à l'environnement.
Notre revue de littérature n'a pas la prétention
d'être exhaustive, elle fournit une vision assez générale
de la question pour en cerner l'importance et montrer les limites des
données disponibles sur le sujet. En ne faisant appel qu'à la
littérature existante, nous n'avons pas ajouter d'apports concrets
à cette dernière.
Pour cette raison, dans le cadre de notre mémoire de
master 2, notre travail viendra s'enrichir d'une étude empirique nous
permettant de confronter les théories que nous avons
développées avec les réalités du terrain. Nous
avons l'ambition de réaliser plusieurs études pour affiner notre
recherche et proposer des contributions managériales plus pertinentes
compte tenu du contexte. Cette analyse empirique aura pour but d'estimer plus
précisément l'impact de l'alignement stratégique de l'ERP
au sein d'entreprises d'un même secteur. Aussi, notre future
expérience professionnelle en Technology Transformation nous permettra
de prendre davantage de recul sur la littérature existante.
64
Bibliographie
Blondel, F. (2009). Bien gérer avec un ERP.
Paris: Dunod.
Buffard, P. (2010). Urbanisme des SI et gouvernance.
Paris: Dunod.
Chakravorty, S., Dulaney, R. and Franza, R. (2016). ERP
implementation failures: a case study and analysis. IJBIS, 21(4),
p.462.
Clarke, S. (2001). Information systems strategic
management. London: Routledge.
Cornu-Emieux, R., Poissonnier, H. and Verjus, J. (2009).
Stratégie et pilotage des systèmes d'information. Paris:
Dunod.
Deixonne, J. (2011). Piloter un projet ERP. Paris:
Dunod. Deyrieux, A. (2004). Le système d'information. Paris:
Maxima.
Gottschalg, O. and Zollo, M. (2007). Interest Alignment and
competitive advantage. Academy of Management Review, 32(2), pp.418-437.
Grabot, B., Mayère, A. and Bazet, I. (2008). ERP
systems and organisational change. London: Springer.
Grant, K., Hackney, R. and Edgar, D. (2010). Strategic
information systems management. Andover: Cengage Learning.
Hillman Willis, T. and Hillary Willis-Brown, A. (2002).
Extending the value of ERP. Industr Mngmnt & Data Systems, 102(1),
pp.35-38.
Kalika, M. and Kefi, H. (2005). Survey of Strategic Alignment
Impacts on Organizational Performance in International European Companies. In:
38th Hawaii International Conference in Information Systems. En ligne
https://basepub.dauphine.fr/handle/123456789/2094
[Accessed 15 May 2016].
Kirchhoff, B. (1979). From Strategic Planning to Strategic
Management. Academy of Management Review, 4(2), pp.296-298.
Kouki R., Pellerin R., Poulin, D. (2009), « Antecedents
of ERP Assimilation: The Cases of a Medium-Sized and a Large Manufacturing
Company, in Information and Communication Technology and Small and Medium Sized
Enterprises: From Theory to Practice », Poulin, D., Tran, S. (eds),
Cambridge Scholars Press.
Laudon, K. and Laudon, J. (n.d.). Management information
systems.
Maddox D., Boyle G., (2007), «Information technology
performance and process: four case studies», Perspectives on Irish
Productivity, chapter 22, pp.350-363.
Markus, M. and Tanis, C. (2000). Multisite ERP
Implementations. Estados Unidos:
65
Association for Computing Machinery.
Motwani, J., Mirchandani, D., Madan, M. and Gunasekaran, A.
(2002). Successful implementation of ERP projects: Evidence from two case
studies. International Journal of Production Economics, 75(1-2),
pp.83-96.
Nandakumar, M., Jharkharia, S. and Nair, A. (n.d.).
Organisational flexibility and competitiveness.
Porter M., (1986) « L'avantage concurrentiel », Paris,
InterEditions
Presley, A. (2006). ERP investment analysis using the strategic
alignment model. Management Research News, 29(5), pp.273-284.
Rajan, C. and Baral, R. (2015). Adoption of ERP system: An
empirical study of factors influencing the usage of ERP and its impact on end
user. IIMB Management Review, 27(2), p.77.
Ramanantsoa, B., Maillard, D. and Review, P. (2016). Vers
de nouvelles propositions de valeur - Nicolas Colin. [online]
Paristechreview.com. En ligne
at:
http://www.paristechreview.com/2015/02/19/nouvelles-propositions-valeur/
Ramias, A. (2003). Organizational alignment: The evolution of
a revolution. Performance Improvement, 42(1), pp.9-12.
Reix, R. (2011). Systèmes d'information et management
des organisations. Paris: Vuibert.
Rosenthal-Sabroux, C. and Carvalho, A. (2009). Management
et gouvernance des SI. Paris: Lavoisier.
Rougès J.-F., Poulin D., D'Amours S., Montreuil B.,
(2007), « Les Technologies de l'Information et de la Communication, levier
de performance pour les PME : revue d'une littérature ambiguë
», Conférence Internationale e-Commerce & Gouvernance de
l'Internet, Sousse, 19 & 20 octobre.
Schultz, J., Bierstaker, J. and O'Donnell, E. (2010).
Integrating business risk into auditor judgment about the risk of material
misstatement: The influence of a strategic-systems-audit approach.
Accounting, Organizations and Society, 35(2), pp.238-251.
Shankar, R. and Dimmitt, N. (2009). Improving project
portfolio management with strategic alignment.
Velcu, O. (2010). Strategic alignment of ERP implementation
stages: An empirical investigation. Information & Management,
47(3), pp.158-166.
Walsh, I., Renaud, A. and Kalika, M. (2013). The Translated
Strategic Alignment Model: A Practice-Based Perspective. Systèmes
d'information & management, 18(2), p.37.
66
Yen, H. and Sheu, C. (2004). Aligning ERP implementation with
competitive priorities of manufacturing firms: An exploratory study.
International Journal of Production Economics, 92(3), pp.207-220.