4.4. L'ELEVAGE
Lorsqu'il nous arrive de faire du shopping pour consommer de
la viande fraîche dans des grandes surfaces commerciales,
éparpillées dans la ville de Kinshasa, une attention
particulière est attirée sur l'absence quasi totale des viandes
fraîches locales. C'est dire que notre agriculture ne fournit pas
l'essentiel à la population citadine. Mais que la RDC peut tout aussi
bien produire en bonne qualité. Car il dispose d'atouts
considérables pour le développement des élevages : bovins,
porcins, ovins, capriciens et avicoles. Elle est capable de s'auto-suffire en
viande et d'en réserver un surplus pour l'exportation. Les vastes
étendues de savanes boisées et d'herbages aujourd'hui
inexploitées, près de 90 millions d'hectares de pâturage,
soit un plus du tiers de la superficie totale du pays, qui pourraient
accueillir quelque 40 millions de unités gros bovins et fournir
près de 1,5 millions de tonnes de viande par année, même en
élevage extensif, soit 23 kg/ habitant.
La production animale : cheptels totaux en RD Congo
espèces
|
têtes
|
BOVINS
|
748.348
|
OVINS
|
904.984
|
CAPRINS
|
4.058.237
|
PORCINS
|
981.154
|
VOLAILLES
|
20.127.655
|
Source : SNSA 2011
L'agriculture et la croissance inclusive en
RDC Madue Wanet Joël
80
La production de viande a été fortement
chutée par les évènements sociopolitiques qui ont
bouleversé le pays, notamment les évènements de la fin des
années 1990 et du début des années 2000. En outre, selon
les enquêtes budget consommation, la consommation annuelle de la viande
à Kinshasa (3,3 kg/habitant) a diminué de 50% depuis 1975, tandis
que celle de poisson (frais et conservé, notamment le mpiodi) s'est
maintenue à 10-11 kg/habitant.35 Les principales contraintes
au développement de l'élevage en RDC : manque d'encadrement des
coopératives d'éleveurs, pénurie d'obtention d'aliments
pour le bétail, absence de vaccinations et de services
vétérinaires, absence de la recherche scientifique dans le
domaine de l'élevage et la production animale fait défaut de
races améliorées pour la reproduction de toutes les
espèces animales et infrastructures en ruines. Les conflits fonciers
constituent également de sérieux obstacles. En tout état
de cause, la terre est là, les espaces sont là, moindre
encouragement au niveau des gouvernants permettra à la RDC de
réduire sa dépendance vis-à-vis de l'extérieur en
ce qui concerne les denrées alimentaires.
4.5. LA PECHE
En matière de pêcherie, la RDC est riche en cours
d'eau. Le réseau formé par le fleuve Congo et ses affluents ne
constitue pas la seule source halieutique du pays. Il faudra compléter
cette richesse avec les réserves de poissons qui pullulent dans les
multiples lacs du pays. Cette richesse est propice au développement de
la pêche industrielle et artisanale comme au développement de la
pisciculture à grande échelle. Il est évident que ce
potentiel est actuellement sous-exploité. Souvent, les poissons de
qualité tels que le capitaine, le tilapia... meurent de vieillesse dans
le fleuve, les lacs et les rivières du Congo. L'absence
d'investissements et d'encadrement dans ce secteur a fait que depuis les
années 1980, le pays
35TOLLENS,E.
« les défis :sécurité alimentaire et cultures de
rentes pour l'exportation. Principales orientations principales orientations et
avantages comparatifs de l'agriculture en RD Congo », table ronde sur
l'agriculture en RDC, p.p.20, mars 2004.
L'agriculture et la croissance inclusive en
RDC Madue Wanet Joël
81
est devenu importateur du poisson chinchard (200.000 tonnes en
2006) qui représente une valeur d'environ 75 millions d'USD (FAQ).
Seule la pêche artisanale qui fournit l'essentiel des
poissons consommés par la grande majorité des populations
riveraines. Ne bénéficiant pas des structures adéquates de
conservation, ni de transformation, les poissons d'eau douce du Congo sont soit
vendus en l'état, soit transformés en poissons fumés ou
salés. Tout compte fait, le développement de la pêche doit
être impérativement renforcé par l'adoption de techniques
et d'équipements modernes de pêche (canots à moteur), par
l'organisation des pêcheurs pour faciliter la commercialisation de leurs
produits. Des diverses innovations techniques, telles que les lampes au
kérosène pour la pêche de nuit, les filets en
matière synthétique et la motorisation des bateaux. Des routes
rurales et des infrastructures commerciales sont donc cruciales pour le
développement du sous-secteur de la pêche.36
*
* *
Il convient de signaler que la production animale souffre de
la concurrence d'importations massives de viandes et poissons surgelés
à bon marché. La raison en est le prix extraordinairement bas des
produits alimentaires importés. La viande, de poissons et de poulets qui
viennent de l'Europe, de l'Amérique du Nord et de l'Asie du Sud-Est sont
intensément subventionnée par les pays exportateurs. Ces produits
vivriers se vendent au quart du prix de celles produites localement. Par
conséquent il y a disparition des producteurs autochtones des vivres.
C'est là une des voies utilisées pour freiner
économiquement le Tiers-Monde.37
36Voir J.P. Chausse, Thomas KEMBOLA, R.
NGONDE Op.cit. p.15. Editions MEDIASPAUL, 2012
37 Voir à ce sujet SHIVA VANDANA, le
terrorisme alimentaire. Comment les Multinationales affament le
Tiers-Monde. Op.cit.
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