4.2.1.4. Les instituts de recherche agronomique
Oui, pour lancer la roue du développement, il est
impérieux de faire de l'agriculture priorité des
priorités. Mais peut-on donner vie à l'agriculture, à une
agriculture porteuse d'avenir sans qu'en amont existent des centres de
Recherche agronomique qui fixent les semences,
27 YUNUS, vers un monde sans pauvreté,
l'autobiographie du « banquier des pauvres » cité par Vital
KAMERHE : « LES FONDEMENTS DE LA POLITIQUE
TRANSATLANTIQUE »Op.cit. p.p.135
L'agriculture et la croissance inclusive en
RDC Madue Wanet Joël
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améliorent les boutures, inventent de nouvelles
espèces végétales, proposent les meilleurs engins
aratoires ?
L'agriculture congolaise est donc centrée sur la
production de vivres et principalement les tubercules, dont le manioc, produit
pondéreux et de faible valeur. Depuis des décennies, les cultures
des denrées alimentaires n'ont pas varié et leur nombre n'a pas
varié. Il se limite à moins de 10 spéculations, dont le
maïs, le manioc, le riz, le haricot, l'huile de palme etc. Mais ce qui est
vrai, c'est que le Congo, l'on a guère jusqu'ici tenté de varier
les cultures traditionnelles alors qu'il existe de nombreuses espèces de
plantes dont nous ignorons les propriétés. La recherche
agronomique peut avoir le pouvoir d'industrialiser certaines cultures et leurs
donner les utilisations que l'on ne soupçonne pas, car la
révolution dans l'agro-industrie passe impérativement par une
modification de la filière agricole traditionnelle : « du champ
à l'assiette » doit se muer en « du champ à l'usine, et
l'usine au marché ». L'introduction de la notion
d'usinage est une cassure qui enterre la notion d'autosubsistance et fait
disparaitre l'assiette comme destination privilégiée des produits
agricoles. Ce produit emprunte désormais le chemin de l'usine, et au
sortir de la fabrique, il sera happé par le marché.
Prenons le cas du Kasaï Oriental. Les Baluba cultivent une
plante appelée « mudibu » dont ils
consomment les feuilles comme légumes, la chair du fruit ressemble
à celle du melon, et son enveloppe sert de calebasse. Cependant, faute
d'un institut de recherche, cette plante continue de pousser à
l'état sauvage et donc risque de disparaître.
Il en est de même d'une boisson «
indigène » appelée «
munkoyo » consommée au Kasaï
Oriental et dans le Haut- Katanga. L'arbuste dont elle est extraite à la
propriété d'hydrolyser extrêmement rapidement un empois
d'amidon en sucre fermentescible. Mais par défaut d'un institut de
recherche agricole, cette bière très répandue et
appréciée par la population n'est pas industrialisée.
L'arbre dont la racine sert à fabriquer le « munkoyo
» pousse lui aussi à l'état sauvage et est
appelé à disparaître
L'agriculture et la croissance inclusive en
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puisqu'il n'attire pas l'attention des scientifiques. Et
pourtant, grâce à l'un de ses instituts de recherche scientifique,
la Zambie a industrialisé la bière dit « kibuku
», faite à partir des déchets de la farine de
maïs. On remarquera que cette bière est produite dans des usines,
mise en bouteille, vendue dans les grandes surfaces et cantines ainsi que dans
les restaurants et hôtel où elle peut être servie comme
boisson sous pression.
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Tout compte fait, parmi les éléments qui font le
plus défaut en RDC, on citera en premier lieu les Instituts de
recherches agronomiques chargés de mettre au point des techniques
adaptées aux produits agricoles du terroir. Il en existe un en
Côte d'Ivoire, l'I.T.I.P.A.T Ses recherches ont abouti à lancer un
produit révolutionnaire : une poudre très bon marché
fabriqué à partir d'igname ou de la banane plantain, poudre qui,
par adjonctions d'eau, se transforme instantanément en une sorte de
purée semblable à le purée de pommes de terre.
Mais, pour la RDC il reste tant d'autres matériaux
à exploiter. Ainsi, les bananes peuvent servir à la fabrication
de sirops, de sodas aromatisés, de farine pour les enfants, de
crème de fruits, de vin blanc, et de fourrage pour le bétail.
L'ananas peut donner des résultats analogues : jus, sirops, tranches
séchées, parfums pour la confiserie. Les avocats, à partir
des écarts de triage, peuvent fournir de l'huile destinée aux
industries de parfumerie.28 En tout état de cause, le
succès de tout programme agricole dépend entre autres de la
qualité des instituts de recherche agronomique, situés en amont
de l'activité, travaux des champs.
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