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Agriculture et croissance inclusive.

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par Joël Madue wanet
Université de Kinshasa - licencié en économie publique 2014
  

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CHAPITRE QUATRIEME

PISTES POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AGRICULTURE

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

61

Le chapitre qui précède a montré que l'industrie et le commerce ont plus d'incidence dans la croissance économique alors que l'agriculture a moins d'incidence. Pour que l'agriculture joue réellement et efficacement ce rôle de « take off » de l'économie nationale, elle doit être performante. De tout temps, il est de coutume en RDC de proclamer que l'agriculture est la priorité des priorités sur le chemin qui mène à la croissance économique. A l'épreuve des faits, ce n'est là qu'une vue de l'esprit, devenue un simple slogan à force d'être répétée. L'ossature de ce chapitre s'articule autour de trois sections d'importance inégale. La première section consacre ses délibérations vers l'asphyxie des secteurs producteurs des biens alimentaires, la deuxième section examine en profondeur la modernisation du secteur agricole et enfin la troisième section aborde les produits à relancer et l'élevage et la pêche.

4.1. L'ASPHYXIE DES SECTEURS PRODUCTEURS DES BIENS ALIMENTAIRES

Alors que le bateau économique de la RDC sombrait faute d'un capitaine expérimenté, le Roi de l'Agro-industrie, Monsieur William DAMSEAUX, vient de jeter l'éponge et décider de fermer ses activités agro-industrielles sur l'ensemble du territoire national. Le Groupe Orgaman a nourri pendant plusieurs dizaines d'années la population de l'ancienne province de Léopoldville pour ne parler que d'elle. Il était propriétaire d'une société de pêcherie industrielle dans le lac Albert et dans l'Océan Atlantique. Bien avant l'indépendance, il avait des élevages bovins et dominait le marché de la volaille qu'il élevait dans la ceinture verte de Kinshasa.

La chute de ce groupe a été précédée par la faillite de l'Elakat au Katanga, du groupe multinationale britannique UNILEVER qui était implantée dans le Bandundu où elle produisait industriellement de l'huile de palme, de J.V.L. dans le Bas-Congo et tant d'autres entreprises agro-industrielles. Le fait capital est que derrière le dépôt du bilan de l'Elakat, du groupe Orgaman, d'UNILEVER et de J.V.L se profile une évidence :

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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notre pays n'est plus autosuffisant alimentairement. Il est devenu

importateur des produits vivriers pourtant à son accession à
l'indépendance (le 30 juin 1960), la RDC était autosuffisante sur le plan alimentaire, et même exportatrice nette des produits agricoles.23 On n'est pas indépendant tant que l'on ne dispose pas de l'indépendance du ventre : La quasi-totalité des biens alimentaires qu'on trouve dans des Grandes Surfaces de Kinshasa et de Lubumbashi sont importés et donc achetés de l'extérieur. Il s'agit entre autres du riz, du sucre, du fromage, maïs, des pommes de terre, de la farine de blé, de la viande bovine, des poulets, etc. même les cure-dents, alors que nous hébergeons la deuxième méga-forêt du monde après l'Amazonie. Autant dire que la République Démocratique du Congo dépense pour nourrir la population l'essentiel de ses maigres devises tirées de la vente de ses ressources minérales.

Tableau 6 : importations des produits vivrières (en tonnes), 2005-2010

Produits

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Huile végétale

-

30042,4

46378,9

15919,4

53653,7

48482,0

Maïs

-

167,0

160,3

442,9

6348,3

-

Farine de maïs

-

1304,1

10166,2

3666,9

23205,0

35377,0

Farine de

froment

34140,0

25371,5

36529,3

28077,6

55425,0

40747,0

Riz

262662,0

519645,6

185532,9

111454,8

178796,4

102743

Haricot

-

3801,2

6458,5

8517,4

11771,5

11508,0

Petit pois

-

190,8

1876,8

-

10569,5

-

sucre

-

53961,0

102015,0

96682,0

138860,0

67045,0

Source : SNSA, ministère de l'agriculture/ agriculture en chiffre

23 Lire pour ce faire STEPHAN SMITH : negrologie : POURQUOI L'AFRIQUE MEURT, paris, hachette littérature, 2003, p.p.51-52.

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Un chercheur universitaire de Lubumbashi finit par émettre malgré tout sur la même longueur d'onde que bon nombre de ses pairs puisqu'il observe que :

« Autre problème à résoudre pour Lubumbashi : l'absence d'autosuffisance alimentaire. Depuis toujours, la ville dépend trop largement de l'extérieur pour se nourrir. Le repas d'un lushois moyen, composé de pâté de farine de maïs et de poissons chinchards, (...J est dans sa totalité d'origine étrangère. La Zambie fournit de maïs, la Namibie le chinchard, l'huile de palme raffinée vient de Malaisie, le sel de cuisine du Botswana, etc.»24

*

* *

Ce constat nous interpelle, car il montre à quel point le secteur agricole est à l'agonie. Cependant, nourrir la population en recourant massivement aux importations revient à financer la production alimentaire, les travaux des champs, les élevages et les pêcheries des pays étrangers au détriment des agriculteurs, éleveurs et pêcheurs autochtones. Ce faisant, la RDC se suicide pour avoir oublié que la dépendance alimentaire est la plus contraignante de toutes. bu reste, recourir massivement aux vivres importés pour approvisionner le marché national alors que ces vivres peuvent être produits dans le pays, c'est programmer la mort inexorable de l'agriculture et des agriculteurs ainsi que du secteur agro-industriel local. Il n'existe pas de pays développés et même des nations en transition qui dépendent de l'extérieur pour la consommation de leurs biens alimentaires de base. La première indépendance d'un pays est de trouver l'essentiel de ses biens alimentaires à l'intérieur des frontières nationales sans recourir massivement aux importations.

24 J. MULOWAYI KATSHIMWENA : « Lubumbashi, cent ans d'histoire » ouvrage collectif paru en 2013 aux éditions le harmattan.

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L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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production agricole de la RDC

12%8%

81%

8%

2011

CEREALES

RACINES ET TUBERCULES LEGUMINEUSES OLEAGINEUX FRUITS

Tableau 7 : toute la production agricole de la RDC (2011) en tonnes

CEREALES 1519639 8%

Maïs

1156106

 

Riz Paddy

318748

 

Millet/Sorgho

44782

 

RACINES ET TUBERCULES

15462724

81%

Manioc

15025515

 

Patate Douce

250607

 

Igname

91334

 

Pomme de terre

95268

 

LEGUMINEUSES

198089

1%

Haricot

116250

 

Niebe

63660

 

Petit Bois

1380

 

Pois Cajan

5957

 

Voandzou

10842

 

OLEAGINEUX

412879

2%

Arachide

393901

 

Soja

18978

 

FRUITS

1535268

8%

Banane Douce

316983

 

Banane Plantin

492151

 

Banane a bière

726134

 

AGREGATS

19128596

100%

Source : SNSA, Ministère de l'agriculture/ agriculture en chiffre.

Il saute aux yeux que ce tableau illustre qu'il y a une forte domination du manioc (racines et tubercules : 81% du total de la production agricole), signe de caractère marqué d'une agriculture dédiée à l'autosubsistance alimentaire. Et la place du manioc dans le menu des congolais mérite une attention particulière. Cependant, malgré ce tonnage important vous ne trouvez pas une seule minoterie qui moud le manioc dans tout le Congo, pour produire la farine de manioc pourtant manipulé quotidiennement par des millions de ménagères et aucune infrastructure de stockage appropriée n'y a été construite pour le manioc. Par ailleurs, la faiblesse des autres postes de production (19)%, explique la présence massive d'aliments importés (céréales, fruits, légumes, etc.) dans les rayons des surfaces commerciales des grandes villes du pays. Ce qui veut simplement dire que le congolais ne se nourrit pas de l'agriculture du Congo Démocratique, il dépense beaucoup plus pour des produits vivriers importés, mais que la RDC peut tout aussi bien produire en bonne qualité.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon