1.2. L'APPORT SPECIFIQUE DE L'AGRICULTURE DANS LA
CROISSANCE ECONOMIQUE
L'agriculture a toujours constitué la base de toute
économie et en particulier dans une première phase de
développement. A ce titre, la croissance économique reste
tributaire de l'expansion du secteur agricole. C'est ici qu'on épouse la
pensée du célèbre économiste ROBERT
BADOUIN qui a mis l'accent sur le rôle de l'agriculture
dans la croissance économique, avec ses trois fonctions essentielles
notamment :
(i) le rôle de lancement (c.à.d. un accroissement
du volume de production agricole est inducteur d'activités nouvelles :
apparition des
industries de transformation, commercialisation,
transport, conditionnement, emballage, etc.) ; (ii) le rôle de
financement (primo, dans cette optique le secteur agricole comme principale
source de l'épargne qui est basé sur le surplus agricole.
Secundo, le mode de formation de l'épargne se fait par le
mécanisme de fiscalité ou de parafiscalité. Par
L'agriculture et la croissance inclusive en
RDC Madue Wanet Joël
41
l'impôt foncier, l'impôt sur les consommations,
etc.) ; (iii) le rôle de l'ajustement (par les équilibres qu'il
permet d'établir sans lesquels tout effort lors de l'accession au
développement serait voué à l'échec).
D'où cet hymne aux vertus de l'agriculture, hymne
écrit et chanté par Bob TUMBA MATAMBA
en ces termes :
« L'agriculture fait office de l'infrastructure de
base sur laquelle s'appuient les deux superstructures que sont le secteur
industriel et celui des services. L'industrie se nourrit de l'agriculture,
avant d'alimenter à son tour les services. Cette chaîne de
solidarité intersectorielle, partie de l'agriculture comme centre
d'impulsion, engendre des effets d'entraînement cumulatifs qui feront
exploser la superstructure (l'industrie et les services) jusqu'à la
rende dominante dans la composition de la pyramide du PIB, au détriment
même de la part relative de l'agriculture [...]
».19
A travers cet hymne à la gloire de l'agriculture se
profile une autre réalité beaucoup plus important que le secteur
tertiaire est, dans l'ordre chronologique, l'ultime mais plus gros
bénéficiaire de l'effet domino des richesses induites,
résultat d'interaction entre les trois secteurs économiques.
L'agriculture, foyer de départ et donateur de feu d'artifice, devient
minorisée dans la pyramide de l'économie nationale. Mais cette
magie de l'expansion économique n'est possible qu'à la condition
d'une totale intégration de l'agriculture dans la structure productive.
Dans cette lignée du décalage progressif vers le tertiaire, on
vient à parler du secteur quaternaire des activités
économiques, qui regroupe les industries hi-Tech (les technologiques
informatiques, l'ingénierie aérospatiale- lancement des
satellites, la bio-industrie, etc.) ainsi que les autres services très
sophistiqués (recherche et éducation de pointe, ingénierie
financière, médecine de pointe etc.)
19 Voir Bob TUMBA MATAMBA : « la priorité
agricole RD Congo/AFRIQUE » op.cit. p.p.139-140
L'agriculture et la croissance inclusive en
RDC Madue Wanet Joël
42
En fin de compte, les services sont devenus la principale
production des économies mondiales, quoiqu'étant une production
immatérielle et non stockable. Dans les pays développés,
les services y représentent entre 70 et 80% de la production nationale
(PIB) et sont devenus, en dernier ressort, le principal moteur de la croissance
économique. Mais par un seul point de départ : seule
l'agriculture qui peut jouer le rôle catalyseur au bénéfice
de toute la pyramide de l'économie nationale.
L'agriculture et la croissance inclusive en
RDC Madue Wanet Joël
43
|