AVANT PROPOS
Nous exprimons nos profonds sentiments de gratitudes au
Professeur Séraphin MVUDI MATINGU qui, en dépit de ses multiples
occupations, a bien voulu diriger ce mémoire. Mes remerciements
s'adressent également au chef de travaux Elie KUKUNGAMA KUMBI KUMBI, qui
est resté pour nous plus qu'un rapporteur.
Nous exprimons notre reconnaissance à l'endroit de tous
les professeurs de la faculté de sciences économiques et de
gestion de l'Université de Kinshasa, très particulièrement
aux très respectueux Monsieur le doyen de la FASEG prof. Joachim TIKER
TIKER et le vice doyen le professeur LIYUNDULADIO NZINGA, au défunt
prof. MUBAKE MUMEME Michel, à le regrettée prof. LUKUSA DIABONDO
Théophile et ainsi qu'au monsieur le professeur jean G. NYEMBO SHABANI,
et au professeur florentin MOKONDA BONZA de m'avoir incité à
l'esprit scientifique.
L'agriculture et la croissance inclusive en
RDC Madue Wanet Joël
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ACRONYME ET ABREVIATIONS
BM : Banque Mondiale
DSCRP : Document de la Stratégie de Croissance et de
Réduction de la
Pauvreté
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
FASEG : Faculté des Sciences Economiques et de
Gestion
FMI : Fonds Monétaire Internationale
IDE : Investissement Direct Etrangers
IDH : Indicateur du Développement Humain
INERA : Institut National pour les Etudes et la Recherche
Agronomiques
ITIPAT. : Institut pour la Technologie et l'Industrialisation
des Produits
Agricoles Tropicaux
ONU : Organisation des Nations Unies
PAM : Programme Agricole Minimum
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNB : Produit National Brut
PNIA : Programme National d'Investissement Agricole
RDC : République Démocratique du Congo
SNSA : Service National de Statistique Agricole
VAR : Vecteur Auto Régressif
UNIKIN : Université de Kinshasa
ZES : Zones Economiques Spéciales
0. INTRODUCTION GENERALE
L'agriculture et la croissance inclusive en
RDC Madue Wanet Joël
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01. ENONCE DU PROBLEME
Vue à travers des lunettes macroéconomiques, la
RDC connait à long terme une stagnation de sa productivité
agricole et son économie reste non résiliente, extravertie et
vulnérable aux chocs extérieurs, la réduction des prix des
matières premières exportées et l'augmentation constante
des prix des produits importés détériorent les termes de
l'échange de la RDC. L'activité économique se subdivise en
trois secteurs : le primaire (l'agriculture et les mines), le secondaire (la
transformation des produits issus du secteur primaire), et le tertiaire
(l'ensemble des facilitations encadrant la production et la distribution des
biens). La production reste cependant le mot-clé, car c'est le bien
à créer qui justifie et conditionne les services
subséquents, et le bien originel est celui du secteur primaire (le
produit de la terre, qu'il soit agricole ou minier), lui qui ouvre la voie
à la transformation (le secteur secondaire) et aux facilitations de tous
genres (le secteur tertiaire). Et au sein du secteur primaire, l'agriculture
impose sa préséance sur les mines, pour ces trois raisons
essentielles : (i) c'est elle qui, en le nourrissant, subvient quotidiennement
au besoin physiologique élémentaire de l'homme ; (ii) elle
fournit ensuite les intrants du secteur manufacturier de l'agro-industrie ;
(iii) et, au plan national, elle sécurise l'indépendance du
ventre, car un pays peut manquer de mines mais pas d'agriculture.
En matière des ressources naturelles et des
potentialités agricoles, la RDC est riche, plus riche que beaucoup de
nations aujourd'hui développées et industrialisées. La RDC
dispose d'une variété d'immenses ressources agricoles,
minérales, aquatiques, forestières, énergiques et
animales. Ce à quoi il faut ajouter les ressources halieutique. Enfin,
elle possède de grandes étendues de terres fertiles, en
même temps qu'une pluviométrie abondante et comme disait
Franz FANON « l'Afrique a la
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forme d'un revolver dont la gâchette est placée
au Congo ».1 Cette position géostratégique forte
avantageuse et cette variété d'immenses ressources font de la RDC
une puissance économique potentielle en Afrique. Malheureusement, la RDC
est sous-exploitée en termes agricoles, Le pays possède 80
millions d'hectares (ha) de terres arables en friche, dont seuls 9 à 10%
sont actuellement cultivées.
Les vastes étendues disponibles pour le pâturage
permettraient d'élever plus de 40 millions de têtes de
bétail alors que le troupeau national n'en compte actuellement
qu'environ 700.000 (contre 1,5 millions en 1990).2 Pour les
éleveurs traditionnels congolais, le nombre de têtes de
bétail est un élément de prestige social, tout au plus une
réserve stratégique, à l'image d'un compte bancaire
bloqué à très long terme, pour faire face aux
imprévus uniquement. Ce patrimoine échappe à l'ordinaire
économique, il est dormant. La productivité agricole a connu une
baisse constante depuis un demi-siècle et la régression des
cultures pérennes/industrielles (café, cacao, thé,
hévéa, palmier à huile, coton) a été
spectaculaire. La RDC était le premier producteur africain du coton avec
plus de 180.000 tonnes de graines produites par 800.000 petits producteurs : la
production de coton a pratiquement disparu aujourd'hui (moins de 6.000t/ an).
De même, les productions d'hévéa, d'arabica, de robusta et
de thé ont toutes chuté de façon spectaculaire.
Il sied de noter que la transformation industrielle des
produits agricoles étant faible, ce qui signifie que le lien entre les
secteurs primaire et secondaire étant quasi-inexistant dans un Congo
champion de l'exportation des matières premières à
l'état brut. En RDC, non seulement l'agriculture constitue un atout
absolu, elle est même un avantage comparatif certain, dans la perspective
des échanges internationaux. Elle constitue la plus grande richesse
d'investissement caché. Sa part dans le
1 Voir notamment l'ouvrage de Vital KAMERHE : «
LES FONDEMENTS DE LA POLITIQUE TRANSATLANTIQUE DE LA RDC, la terre d'espoir
pour l'humanité », Op. p.33
2 Voir J.P. Chausse, Thomas KEMBOLA, R. NGONDE :
«L'agriculture : pierre angulaire de l'économie congolaise
» p.4. Editions MEDIASPAUL, 2012.
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revenu national a atteint jusqu'à 50% dans les
années 1990, en partie à cause de l'effondrement des autres
secteurs de l'économie nationale.
Depuis 2002, la RDC donne des signes évidents de
vitalité en réalisant une forte croissance économique. Le
PIB réel ayant augmenté de plus de 8% en moyenne au cours de la
période 2002-2015. Ce niveau de la croissance réjouit les
gouvernants, nettement supérieure à la moyenne africaine de 5,8%,
traduit la vigueur de l'activité économique. Cette croissance a
été impulsée par la performance du secteur minier, du
commerce de gros et de détail, des bâtiments et travaux publics.
Néanmoins, l'analyse de la qualité de cette croissance met en
lumière sa nature faiblement inclusive. En effet, elle reste
caractérisée notamment par sa faible capacité à
réduire la pauvreté et à générer des emplois
décents pour la majorité de la population. Cette situation est
considérée comme un symptôme de maladie et non un signe de
santé. Dans le même d'ordre d'idées, le secteur minier
porteur de cette croissance économique est géré par les
expatriés et il contribue faiblement au trésor public. C'est dans
cette perspective que nous nous sommes préoccupées de savoir
pourquoi la croissance économique de la RDC n'est pas inclusive.
Au regard du rôle que doit nécessairement jouer
l'agriculture dans la croissance économique, quelques questions majeures
méritent d'être posées :
? Quelle est l'incidence de l'agriculture dans la croissance
économique ?
? Quels sont les facteurs explicatifs du
phénomène du non inclusivité de la croissance
économique en RDC ?
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