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Coopération internationale et appropriation parles osc des mécanismes de concertations avec l'état au Cameroun. Cas du programme d'appui à  la structuration de la société civile ( pasoc ) dans la ville de Yaoundé.

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par Théodore ENAMA AYISSI
Université Catholique dà¢â‚¬â„¢Afrique Centrale - Master 2 en Gouvernance et Action Publique 2013
  

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V- REVUE DE LITTERATURE

Avec les dynamiques politiques initiées au tournant des années 1980 et 1990, la problématique autour de la société civile présente une nécessité croissante de nos jours. Certains auteurs la considère à la fois comme un fait de mode ou comme un nouvel outil d'analyse de l'action collective30.

Ainsi, lorsque ce concept renaît à partir des années 1990, c'est en rapport à un « boom associatif » dans un contexte de transitions politiques. Cette transition, loin d'être uniquement un fait pour les pays du sud, traverse aussi bien l'Europe centrale et orientale, que les pays occidentaux31. En effet, c'est dans une option d'intégration et de participation à la gestion des affaires publiques et du renversement des théories relatives à l'existence d'un Etat oppressif32

30 PLANCHE Jeanne, La société civile, un acteur historique de la gouvernance, Paris, Editions Charles Léopold Mayer, 2007, p.7.

31 ADAM Ferguson & BERGIER M., Essai sur l'histoire de la société civile, Paris, P.U.F., 1992, p.26.

32 COLAS D., Le Glaive et le fléau. Généalogie du fanatisme et de la société civile, Paris, Grasset, 1992, p.381..

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que va véritablement « ré-émerger la société civile dans un contexte de crise des modèles politiques et économiques33 ».

Au niveau du Cameroun, le repli vers les OSC prend véritablement corps avec les élections législatives et présidentielles de 1992, avec la formation durant la même année des premiers gouvernements « multi partisans ». C'est de là que fut prononcée dans les discours officiels la notion de société civile34.

Si certains auteurs lui reprochent son caractère polysémique, notamment Colas D., qui estime qu'il s'agit d'« un mot de passe permettant de se parler sans savoir ce que l'on dit, ce qui évite de trop se disputer35 », notons qu'en Afrique comme partout ailleurs dans le monde, il s'agit certes d'un « concept controversé36 » mais dont l'ambition première est de constituer un vecteur de la participation des individus dans l'espace politique par la recherche de l'intérêt général ou encore la défense d'intérêts particuliers.

Par ailleurs s'il est de plus en plus perceptible d'envisager une ouverture d'espace dans les dynamiques décisionnelles au sein des Etats, lesquelles dynamiques intégrant à la fois l'Etat, le secteur privé et la société civile, des voix divergent sur l'importance et la nécessité de la société civile en contexte africain.

Dans cette logique, si l'on en croit bon nombre de travaux récents que nous pouvons qualifier de « sceptique », ce secteur ne remplit aucune de ses responsabilités en conformité au développement socio-économique des populations. Elle constitue en fait un obstacle pour l'entreprenariat des Etats car, malgré les efforts déployés en matière de structuration de la société civile, celle-ci manque considérablement de s'approprier ses lignes directrices. Si on en est arrivé à ce point, des auteurs tels que Séverin Cécile ABEGA estiment que cela est dû au fait que

l'impulsion de la société civile naît, non pas d'une analyse

intellectuelle rigoureuse, ou à partir d'une véritable théorie économique, mais à partir d'apriori et d'hypothèses venues d'oeuvres d'économistes américains aux travaux édulcorés et hâtivement adaptés37.

33 PLANCHE Jeanne, Op.Cit., p.14.

34 ABEGA Séverin Cécile, La société civile et la réduction de la pauvreté, Yaoundé, EDITIONS CLES, Yaoundé, 1999, p.13.

35 COLAS D., Op. Cit., p.44.

36 Ibid. p.32.

37 ABEGA Séverin Cécile, Le retour de la société civile en Afrique, Yaoundé, Presses de l'UCAC, 2007, p.86.

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On comprend alors qu'une telle base d'émergence ne saurait en réalité procurer une facilité d'appropriation par les acteurs appelés à incarner les instances de la société civile. Ainsi, en plus de constituer un obstacle pour le développement socio-économique des Etats africains, la société civile de par ses faiblesses, matérialise la crise de l'Etat en lui-même, par la création des frontières artificielles au sein de l'Etat, et la difficulté de l'Etat à constituer un peuple38.

Allant dans le même sens, certaines pensées s'orientent à considérer que le trop plein d'organisation inhibé dans le spectre des organisations de la société civile, encourage de manière très efficace, l'octroi par la bureaucratie des possibilités de détournement des crédits internationaux sous prétexte de s'employer à résoudre les problèmes des catégories sociales vulnérables. Ainsi, selon Claude ABE, « les promoteurs d'ONG jouent un rôle de courtier 39». Une autre appréhension s'érige sur la problématique en estimant que les difficultés rencontrées par les organisations de la société civile dans le cadre de l'appropriation des facilités et des stratégies de défenses des intérêts de la base, émergent au sein même de la société civile. En effet, certaines d'entre elles, se constituent sans fondements idéologiques, sans domaines d'interventions spécifique, ni d'objectifs clairs, manquant des moyens humains de qualité, de ressources financières et matérielles, parfois sans siège social. C'est ce qui fait observer à NGWAMBE M.F. que

il semble en effet que la création d'une association est

souvent plus liée à la recherche des financements qu'aux activités à

entreprendre. Ces organisations sollicitent auprès des structures

qu'elles jugent capables de les soutenir, aide, assistance, appui,

partenariat, collaboration et financement, parfois même avant d'être

opérationnelles40

On comprend alors que l'avènement de la démocratie avec notamment les libertés

d'expressions, a ouvert une porte au « tout permis » inculquant « l'idée selon laquelle on ne parle jamais pour tout le monde 41» dans la mentalité commune des OSC.

Bien que voulant démontrer les faiblesses de la société civile, un autre courant d'idées pense, que tout est parti avec les pratiques bureaucratiques et centralisatrices en vigueur au sein des Etats Africains obtenu du colonialisme. En effet, l'environnement institutionnel et

38 ABEGA Séverin Cécile, Société civile et Réduction de la pauvreté, Yaoundé, EDITIONS CLE, 1999, p.12.

39 ABE Claude, « Société civile et mobilisation de la solidarité en période de crise : entre courtage et altruisme », Cahiers de l'UCAC (Université Catholique d'Afrique Centrale), Yaoundé, 2010, p. 90.

40 NGWAMBE M.F., Etude préliminaire sur le mouvement associatif au Cameroun, Yaoundé, Ed. AFVP, 1997, p.6.

41 JULLIARD Jacques, Démocratiser la République, Paris, Bayard Ed., 1999, p.43.

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social n'est pas de nature à permettre l'initiative des acteurs sociaux. La stratégie politique mise sur pied au lendemain des indépendances est essentiellement focalisée sur la soumission du peuple à l'autorité42. Ainsi, malgré les initiatives de mise en responsabilité43 qu'expérimente l'Afrique de manière générale et le Cameroun en particulier, la plupart des efforts en matière d'implication de la société civile pour renforcer la concertation dans les choix de programmes de développement sont mal appropriés par les acteurs non étatiques du fait d'être constitués en mouvements ponctuels.

En opposition à cette tendance essentiellement critique vis-à-vis de la nécessité de la société civile, s'érige un autre courant de travaux que nous estimons militer pour la pleine nécessité de l'existence de la société civile. En effet, les institutions de l'Etat sont nécessaires à l'administration du pays. Tout Etat, pour gérer les différents besoins d'un pays, doit avoir de multiples institutions qui administrent le pays. Toutefois, « les institutions seules ne suffisent pas à créer une nation. Il ne suffit pas qu'un Etat se donne une bonne administration pour qu'il réalise la tâche d'unification et de développement du pays 44». Dans cette mouvance,

L'Etat doit laisser exister la société civile qui seule

permet l'émergence d'une conscience nationale. Il est alors essentiel que les citoyens puissent s'exprimer, se regrouper, jouir de leurs droits de prendre des initiatives pour leur bien particulier ou bien général45».

Ainsi, dans le contexte africain, il s'agit « là d'une sorte de réappropriation de la parole, trop longtemps confisquée par les institutions officielles de pouvoir46 .

Par cet acquis, la société civile est considérée comme un maillon essentiel dans la chaîne de construction sociale en ce sens qu'elle serait plus proche des populations et maîtriserait mieux leurs problèmes. Elle devient « l'instance d'intermédiation entre la base (la population) et le sommet qui peut être l'Etat47 » et les bailleurs de fonds.

Si les actions de ce tiers secteur sont surtout perceptibles au plan opérationnel, elles participent également à la coproduction, coréalisation et au suivi évaluation des politiques publiques entendues comme des

42 ELA Jean Marc, L'Afrique des villages, Paris, Karthala, 1996, p. 66.

43 Il s'agit selon la Banque mondiale de l'obligation des gouvernants de rendre des comptes de leurs actions aux citoyens

44 FAURE Pierre, La société civile, N'djamena, Cefod-Editions, 1994, p.14.

45 Ibid., p.15.

46 MONGA Célestin, Anthropologie de la colère, Société civile et démocratie en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, 1994, p.99.

47 ABEGA S. C., Op cit, p.16.

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productions d'actions visant à résoudre des problèmes publics définis à partir de l'interaction de divers sujets sociaux sur fond de situation sociale complexe donnée et de relations de pouvoirs prétendant permettre une utilisation plus efficace des ressources publiques et la prise de décision à travers des mécanismes démocratiques et ce avec la participation de la société 48.

Pour y arriver, les OSC devraient se structurer et s'approprier tous les mécanismes qui concourent à une approche leur situant à armes égales avec l'Etat et dont, l'éventail de possibilités comprend entre autres, « la négociation, le plaidoyer et même la contestation49 ». Cette approche justifie l'implication des partenaires au développement, notamment par l'implémentation et le financement de divers programmes afin d'appuyer les initiatives de la société civile. En effet, les acteurs de la société civile doivent non seulement «être informés et impliquées dans la consultation sur les politiques et stratégies de coopération50 » mais pour qu'ils s'approprient véritablement ces mécanismes, ils ont vocation à « recevoir un appui pour le renforcement de leurs capacités dans des domaines précis en vue d'accroitre leurs compétences51 ».

Toutefois, cette nécessité de renforcer les appuis de la société civile pour une collaboration fructueuse avec les structures étatiques ne rend pas suffisamment d'informations sur le degré d'appropriation de ces organisations des mécanismes de concertation. Dans cette logique, un travail qui s'intéresserait à évaluer le degré d'appropriation par les organisations de la société civile des stratégies de concertation dans le cadre de la mise sur pied des politiques nationales de développement, aura le mérite de rendre compte à la fois des dispositions mises en oeuvre par les partenaires au développement et des conséquences sur les organisations de la société civile.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote