CONCLUSION
Notre stratégie intégrée qui
définit l'élaboration d'un Plan de Gestion des Risques
Environnementaux (PGRE) articulé en cinq axes dont : le cadre
politico-institutionnel, la matrice des directives stratégique et
opérationnelle, le cadre législatif et
juridico-règlementaire, le capital humain et les dispositions finales
fait une démonstration d'un modèle de
régulation pouvant contribuer à réduire les risques
environnementaux au sein des projets de développement comme
celui de l'adduction d'eau potable en milieu urbain au Cameroun.
Le PGRE propose donc la création de trois structures
stratégiques et opérationnelles à savoir :
l'unité de prévention, l'unité de protection (police
environnementale) et l'Agence de Régulation du Secteur de l'Eau
Potable (ARSEP). En appui à ces structures, une plate-forme de
concertation pour la coordination de la médiation sociale. Au plan
légal et réglementaire la mise en oeuvre d'un projet de
charte sur la gestion des risques environnementaux. Ledit plan propose
également un guide de sélection des ressources humaines
compétentes pour ce domaine (ressources administratives et techniques)
et relève les opportunités et les menaces probables pour
l'opérationnalisation de cette stratégie.
Le PGRE nous amènerait donc à valider notre
hypothèse selon laquelle : la mise sur pied d'une
stratégie intégrée permettra de réguler le
risque environnemental au sein du projet.
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CONCLUSION GéNéRALE
A travers cette étude, nous avons porté nos
efforts de réflexion sur la Gestion des risques environnementaux
au sein d'un projet structurant de grande envergure à Douala : le Projet
CAMWATER Phase II. Le but de ce projet est de pallier à
l'insuffisance de l'eau potable fournie quotidiennement à la capital
économique du Cameroun, conjointement par CAMWATER et la CDE en vue d'en
faire passer la quantité de 150,000m3/jour à 250,000
m3/jour.
Après avoir défini la notion de risque qui est
« la combinaison de la probabilité d'occurrence d'un
évènement et de ses conséquences négatives »
(Norme ISO/IEC Guide 73), nous avons cherché à comprendre sur le
plan environnemental, quels en sont ceux auxquels le projet est exposé.
Pour se faire, nous avons choisi les méthodes de recherche
utilisées en géographie telles que l'observation directe, la
recherche documentaire, les entretiens libres et semi-dirigés et les
entretiens dirigés avec l'aide d'un conducteur. A cela nous avons
ajouté les analyses par les approches de :
? Ishikawa qui nous a permis de construire un
diagramme de cause à effet ;
? PDCA (Plan-Do-Check-Act) pour l'application
du principe de l'amélioration continue
? SWOT (Strength- Weaknesses- Opportunity-Treats)
qui est un outil anglais d'analyse stratégique ;
? Le Diagramme de Pareto basée sur la
loi de 80/20, à savoir que 20% des causes produise 80% d'effets.
Il est apparu pour ce projet que les risques sont multiples et
variés. Ils sont liés à l'environnement politique et
économique pour sa conception et son financement. Ainsi, il a fallu que
le Cameroun sorte des griffes du FMI et de la Banque Mondiale en se
libérant des plans d'ajustements structurels pour qu'il puisse trouver
un partenaire à savoir la République Populaire de Chine pour
l'accompagner à la réalisation de ce projet. Ils sont aussi
liés à l'environnement écologique (les
contraintes du terrain), social (les pratiques des acteurs et
des populations riveraines) et sécuritaire (la
protection physique du réseau et des infrastructures des risques
permanents ou conjoncturels comme ceux des mouvements terroristes à
l'exemple de Boko Haram).
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Après avoir mis en exergue les risques environnementaux
autour du projet CAMWATER Phase II, nous nous sommes posé la question de
savoir si la gestion de ces risques contribue à l'atteinte des
objectifs du projet à savoir l'amélioration de la quantité
et la qualité de l'eau potable que la CDE livre quotidiennement
à la ville de Douala.
Nos hypothèses de travail sur la pollution
éventuelle de l'eau potable transportée dans toute la ville par
les tuyaux de distribution ont été confirmées par
l'existence par -ci, par-là dans les quartiers des points de
cassures de ces tuyaux soit par les populations riveraines, soit par les
véhicules lorsque les tuyaux traversent les routes en terre dans les
quartiers. Ces points de cassures constituent les portes
d'entrée de la contamination par les eaux de pluie de
ruissellement qui charrient toute sorte de saleté dont les
microbes, les bactéries, et même des éléments
chimiques dangereux.
Notre revue de littérature et nos questions
spécifiques sur l'existence d'une politique de gestion des
risques environnementaux propre à ce projet à travers les
pratiques des acteurs et des populations riveraines et le caractère
contraignant du système de management au sein du projet nous ont permis
de faire une évaluation du cadre politico- institutionnel existant en
vue de répondre plus efficacement à l'objectif principal
de notre étude à savoir la gestion prudentielle des risques
environnementaux afin de garantir la quantité et la potabilité de
l'eau que consomme quotidiennement les citadins de Douala, par des
mesures de sécurité adéquates. Parmi ces mesures, nous
avons suggéré entre autres : la création au sein de
CAMWATER d'une Division de Gestion des Risques et de Protection
Environnementale des Infrastructures et du Réseau (DGRPEIR) qui
comprend deux unités opérationnelles à savoir :
l'Unité des Etudes et du Contentieux Environnemental et Social
(UECES) et l'Unité de Sécurisation des Infrastructures
et du Réseau (USIR). Nous avons aussi suggéré la
création d'une Agence de Régulation du Secteur de l'Eau
Potable (ARSEP) qui s'interposerait entre la CAMWATER et la CDE en vue
des arbitrages futurs comme l'ARSEL dans le secteur de
l'électricité. Nous proposons aussi
l'institutionnalisation systématique des
prélèvements dans les quartiers de la ville pour un
contrôle régulier de la potabilité de l'eau
que la CDE y livre tous les jours aux ménages.
Enfin, nous avons tenté de faire l'esquisse
d'une proposition de charte pour la gestion des risques environnementaux de
l'eau potable en milieu urbain basée sur le duopole
Santé-Environnement et sur les textes législatifs et
réglementaires de la République. L'Exposé
des
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motifs serait la synthèse de toutes les carences que
nous avons relevées çà et là dans cette
étude.
Nous ne doutons pas que si toutes les propositions faites
seraient prises en compte et implémentées par le Gouvernement et
ces partenaires que sont la CAMWATER et la CDE, il y aurait une
amélioration substantielle des conditions de vie des populations par
l'alimentation en eau potable en qualité et en quantité
suffisante jusqu'en 2025 comme envisagé dans le plan de
développement urbain de la ville de Douala, et même
au-delà. On réduirait ainsi au maximum la consommation des eaux
douteuses (sachet d'eau et autres) par la population. On apporterait aussi une
contribution significative dans la lutte contre les maladies hydriques.
Il apparait donc en définitive, comme le déclare
si bien Mme Michaëlle JEAN, secrétaire générale de la
Francophonie lors de son toast au Palais de l'Unité de Yaoundé le
14 Avril 2015 : « l'environnement est au coeur de toutes les
stratégies de Développement ».
Ainsi, dans une ville comme Douala, capitale économique
du Cameroun et même de la zone CEMAC, où la concentration humaine
et les activités socio-économiques sont importantes, il n'est pas
facile de creuser les tranchées partout le long des routes sans
contrarier les gens, sans frustrer les petits commerçants qui
construisent leurs baraques sur les trottoirs et les vendeurs à la
sauvette dont les étales débordent souvent sur les
chaussées. Dans un tel contexte, de simples campagnes de sensibilisation
ne suffisent plus. Pour éviter les émeutes, il a fallu mettre en
place une véritable structure de « médiation
sociale » avec la collaboration de l'A2D. A tous les
niveaux, l'Etat a été interpellé et le gouvernement a
réagi rapidement et avec efficacité. Grâce à la
coopération « Gagnant-Gagnant » avec la République
Populaire de Chine, Exim Bank of China a décaissé 52 Milliards de
FCFA pour financer le projet et l'entreprise CGCOC de la Chine a construit les
infrastructures avec une maîtrise admirable, sans avenant, et en
respectant le délai contractuel de livraison : 4 ans !
Dans le contexte d'un monde globalisé,
l'impératif de performance impose de la part des professionnels des
études environnementales et du développement durable que nous
voulons être, beaucoup de curiosité et d'humilité, un
éveil intellectuel permanant et une formation continue en vue
d'acquérir une certaine transdisciplinarité progressive. Car les
risques environnementaux impactent beaucoup de domaines et prouvent que dans la
vie, tout est lié par l'environnement. Les habitants de la ville de
Douala forment donc un tout avec leur milieu de vie et l'eau qu'ils consomment
est un déterminant majeur pour leur santé. Il
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serait donc important de penser que « la mise sur pied
des mesures de prévention comme celles développées dans la
stratégie intégrée de cette étude ainsi que
l'application stricte des loi et des règlement de la République
à tous les niveaux et la mise en oeuvre des moyens de protection (police
environnementale) modélisés dans cette étude de cas pour
assurer la potabilité de l'eau serait un impératif » ! Ces
aspects incomberaient donc à l'Administration du MINMEE, à la
CAMWATER et à la CDE acteurs du secteur de l'eau ainsi qu'aux
populations, premiers utilisateurs de cette ressource vitale. Pour tout dire,
le maintien de la potabilité de l'eau en milieu urbain serait une
question de civisme et un devoir citoyen pour tous.
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