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Gestion des risques environnementaux dans le projet Camwater phase II à  Douala.

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par Daniel ESSAPO
UNIVERSITE DE DOUALA-CAMEROUN - MASTER PROFESSIONEL EN ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMNT DURABLE 2013
  

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INTRODUCTION GéNéRALE

L'accès à l'eau potable est une priorité des politiques urbaines conduites dans presque tous les pays du monde, notamment dans les pays en développement. La question de l'eau préoccupe toutes les catégories sociales et tous les secteurs des industries alimentaires. La croissance démographique, l'urbanisation et l'industrialisation rapide, l'expansion de l'agriculture et du tourisme, ainsi que le changement climatique, exercent des pressions croissantes sur l'environnement en général et les ressources en eau en particulier. Il serait donc indispensable que cette ressource vitale soit gérée méthodiquement pour satisfaire les besoins des populations et les contraintes économiques.

« Les risques, et notamment ceux qui sont involontaires, semblent être de moins en moins acceptés socialement. Nos concitoyens exigent naturellement une protection contre la mort, mais aussi contre la maladie et l'inconfort. Dans ces conditions, l'impact de l'eau sur la santé fait désormais l'objet d'une exigence accrue » (MATTEI, J-F 1996). La gestion des risques est une approche large, intégrée et structurée. Son objectif premier est la protection de la santé humaine (BOLDUC, 2003).

En effet, la gestion des risques environnementaux dans un projet d'eau potable en milieu urbain, qui nous préoccupe dans cette étude sera appréhendée comme étant un ensemble des processus qui visent à permettre la production et à prévenir les contaminations de cette eau par toutes sortes de germes microbien , bactérien ou par des éléments chimiques nocifs charriés par les eaux de pluie de ruissèlement, dès que ces eaux entrent en contact avec l'eau potable au niveau de tous les points où les tuyaux seraient cassés. Depuis l'école primaire, il nous a été donné d'apprendre que « l'eau potable est un liquide incolore, inodore, sans saveur et sans danger pour la santé ». Pour un réseau urbain relevant du Service Publique de l'Eau (SPE), la potabilité est garantie par l'état (Décret N° 2001/ 163/ PM du 08 Mai 2001). Il ne sera donc pas question ici de faire la biochimie de l'eau produite à Yato.

Pour cette étude, la potabilité de l'eau qu'en lieu et place de l'Etat, de par un contrat d'affermage, les entreprises Cameroon Water Utilities Cooperation (CAMWATER) et la Camerounaise des Eaux (CDE) livrent conjointement à la ville de Douala dans le cadre du projet CAMWATER Phase II qui est le support de notre travail, sera donc une disposition préalable, un prérequis qu'il importera de gérer avec le maximum d'attention, c'est-à-dire en fait de manière prudentielle pour éviter et prévenir tout risque environnemental , c'est-à-dire tout incident dommageable au plan de l'environnement politique et économique dans lequel

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cette eau est produite d'une part ; au plan de l'environnement écologique, social et sécuritaire dans lequel cette eau est transportée, stockée et distribuée à la population d'autre part.

Parce que le corps de l'homme est constitué de 70% d'eau, l'eau potable est un bien indispensable à l'existence humaine. Aussi a-t-on pu dire que « l'eau, c'est la vie ». KAMRAN (1990)1, estimait que : « Si vous interrompez l'alimentation en pétrole, ce sont les moteurs qui s'arrêtent ; mais si vous interrompez l'alimentation en Eau, c'est la vie qui s'estompe. ». On a vu les mots « Donnez-nous de L'Eau » écrits en arabe sur les flancs d'une montagne au Nord de la Mauritanie et cette image parue dans ce documentaire sur l'Odyssée montrant une femme afghane et son fils avec une pancarte où il était transcrit : « Mon Dieu, apportez nous de l'eau ». Plus encore, au Nord du Yémen, des femmes devaient dévaler 26 kilomètres par jour, sous le poids d'énormes baquets pour obtenir de l'eau. Au Cameroun, on a vu ces dernières années dans la capitale Yaoundé, des camions-citernes de la police et des sapeurs-pompiers distribuer de l'eau potable dans les quartiers ! Ces évènements nous démontrent combien l'eau est vitale pour l'existence humaine dans les quatre coins du globe terrestre.

Malgré cette importance avérée, l'accès à cette ressource pose encore d'énormes difficultés dans plusieurs régions du monde, non seulement pour avoir l'eau potable en quantité suffisante mais aussi pour en maintenir la potabilité depuis la source de captage jusqu'au robinet du dernier consommateur. En effet, selon Gauthier (2004), au cours des cinquante dernières années, si la population mondiale a triplé, les surfaces irriguées ont été multipliées par six et la demande en eau par sept. D'autres statistiques du même auteur montrent que un milliard quatre cent millions environ d'êtres humains dans le monde n'avaient toujours pas accès à l'eau potable en 2003 et parmi eux, 450 millions se situaient en Afrique. Selon International Water Management Institute (IWMI), au cours des dix dernières années, la consommation de l'eau dans le monde a quadruplé. Tous ces éléments mettent en exergue l'urgence de la prise de conscience et l'élaboration des mesures efficaces pour atténuer le besoin alarmant de l'eau potable dans nos cités.

1KAMRAN Iman, ministre de l'énergie et des ressources Turc d'avant 1990 lors d'une communication ministériel : « Si vous interrompez l'alimentation en pétrole, ce sont les moteurs qui s'arrêtent ; mais si vous interrompez l'alimentation en Eau, c'est la vie qui s'estompe. ».

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Les pressions exercées sur les ressources en eau mettent en lumière l'interdépendance hydrologique, sociale, économique et écologique dans les bassins des fleuves, des lacs et des aquifères. Elles rendent nécessaire une plus grande intégration des politiques des différents acteurs qui déploient les réseaux aéro-souterains en ville tel que les canaux d'évacuations des eaux pluviales, électricité, télécommunication et gaz. Tous ces réseaux qui exploitent les mêmes emprises des routes urbaines commandent une relation dynamique entre les acteurs gouvernementaux, privés et les populations locales pour assurer la viabilité des décisions qu'ils prennent en vue d'atteindre les objectifs d'un développement durable. (Global Water Patnership 2010)

Le Global Water Patnership souligne qu'en l'an 2000 l'accent devait être mis en particulier sur la réalisation effective de l'approche de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) dans les bassins des fleuves, des lacs et des aquifères. Dans ce cadre, il a mis au point un manuel de procédure pour prendre des décisions liées à la gestion de l'eau. En effet, recommande-t-il, les gouvernements devraient mettre en place des systèmes de gestion dont les objectifs sont d'atténuer les impacts des catastrophes naturelles et de fournir de l'eau pour des usages productifs et sociaux, tout en veillant à la protection de l'environnement.

Selon UN Habitat (2006), l'impact environnemental devient un enjeu de plus en plus important. Plusieurs sources encouragent une réduction de cet impact, notamment les gouvernements, les associations professionnelles, les chaînes d'approvisionnement et les partenaires financiers en mettent en exergue la responsabilité environnementale qui devient collective : elle concerne tout le monde partout où on est et quel que soit ce que l'on fait.

Longtemps négligée dans nos pays où les gens disent par plaisanterie ou par raillerie que « la saleté ne tue pas le noir », la gestion de l'environnement depuis quelques décennies commence à avoir une place de choix dans les projets de grande envergure. Par exemple en Ethiopie et à Djibouti, s'il y a un aspect à retenir ces vingt dernières années ce sont les projets d'adduction d'eau et la gestion de l'environnement qui auront particulièrement marqué les activités. C'est également le cas du Cameroun où la politique des « Grandes Réalisations » s'articule autour des grands projets de développement comme l'extension du réseau d'eau potable dans la ville de Douala (projet qui est à la base de notre étude). L'importance stratégique du volet environnemental dans la conception et la mise en oeuvre de ces ouvrages pour la sécurité des populations et la survie de la biodiversité est remarquable.

Douala capitale économique du Cameroun, située au fond du Golfe de Guinée et abondamment arrosée par le fleuve Wouri et ses affluents, est par contre une des villes où la carence en eau potable s'est fait vivement sentir ces dernières années. Ce paradoxe induit des

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problématiques qui freinent la modernisation de cette grande métropole afin qu'elle soit une ville en développement durable à l'horizon 2035. La réalisation de la phase II du projet CAMWATER pour la ville de Douala dont le but est de porter la fourniture en eau potable de 150,000m3 /jour à 250,000m3/jour s'inscrit dans cette dynamique. La ville de Douala étant « bénie » par son riche potentiel en ressources littoraux dont le port, n'est pas seulement au centre des activités économiques au Cameroun mais aussi de la sous-région d'Afrique centrale. C'est ainsi qu'on l'appelle souvent : « le noyau économique de la zone CEMAC ». Cette situation accentue la pression sur les ressources naturelles de la ville, notamment l'eau potable.

Des six municipalités qui constituent la ville de Douala, Douala premier peut être considérée comme étant l'arrondissement le plus moderne. En effet, situé le long de la zone sud de la ville aux abords du Wouri, il est caractérisé par la zone portuaire, le centre commercial (Central Business District Akwa), le centre administratif de Bonanjo, la zone résidentielle et semi-résidentielle de Bonapriso, Bali et une bonne partie de Deido. Toute la valeur de cette municipalité se dégage de ces zones qui font d'elle une des plus importantes de la ville notamment au plan urbanistique. Cependant, des lacunes du système d'approvisionnement en eau potable impactent souvent négativement les relations entre la société de distribution d'eau (CDE) et ses clients dans cette partie de la ville. Cette étude arrive donc à point nommé, dans la mesure où ce projet d'adduction d'eau potable se veut urgent et l'analyse prudentielle du risque environnemental qui nous préoccupe sera effectuée pendant et après la pose des canalisations de la mise en oeuvre de la phase II dudit projet auquel nous avons participé pendant notre stage professionnel à l'Agence de Développement de Douala (A2D).

Cette étude serait donc une contribution nécessaire parmi les éléments susceptibles de diminuer l'occurrence des maladies hydriques et le risque d'agression de ce réseau par des populations irresponsables ou par la cohabitation désordonnée avec les autres réseaux urbains (drains des eaux pluviales, électricité, télécommunication, gaz etc...) dans la municipalité de Douala premier. La prise en compte de la zone de Bonaberi nous semble également utile. Car c'est par cet arrondissement que l'eau potable produite Yato pénètre à Douala par le canal du « pont-tuyau » qui traverse le fleuve Wouri. Les résultats de l'étude dans les arrondissements de Douala IV et Douala I seront projetés dans les autres arrondissements de la ville pour avoir une vision globale.

Comme l'indique le Docteur Fritz Ntonè Ntonè, 1 « L'accès à l'eau potable à Douala n'excède pas 35%. Les populations font de plus en plus recours aux puits d'eau

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artisanaux, aux forages et aux eaux minérales dont certaines sont de qualité douteuse, avec tout ce que cela comporte comme risque de maladies hydriques. » Il y aurait donc nécessité d'appuyer à l'avenir le projet de CAMWATER par une analyse environnementale non seulement avant les travaux comme cela a été le cas, mais aussi pendant et après les travaux.

Compte tenu de tout ce qui précède, cette étude réalisée pour l'obtention d'un Master II Professionnel en Environnement et Développement Durable à l'Université de Douala comprend trois parties :

-La première partie porte sur l'environnement de stage qui a permis notre imprégnation dans le milieu professionnel à savoir l'Agence de Développement de Douala (A2D) afin de suivre sur le terrain comme stagiaire la mise en oeuvre du projet CAMWATER Phase II.

-La deuxième partie porte sur le protocole de recherche. Il nous a permis d'élucider les aspects théoriques de l'étude de cas à savoir la gestion des risques environnementaux au sein du projet CAMWATER Phase II. Après une revue de la littérature sur ce qui se fait au niveau international, en Afrique et au Cameroun, notre approche méthodologique nous permet de cerner le sujet grâce à différentes techniques de collecte des données sur le terrain à savoir : l'observation dynamique et rigoureuse du projet, les entretiens libres, semi-dirigés et dirigés avec certains membres des équipes sur le terrain ainsi que les populations riveraines. A cela, nous avons ajouté d'autres approches d'analyse scientifique des données telles que :

-l'Ishikawa qui nous a permis de construire un « diagramme de cause à effet » afin de mettre en exergue les risques environnementaux au sein du projet ; le Plan-Do-Check-Act (PDCA) pour l'application du principe de l'amélioration continue ; le Strength-Weaknesses Opportunity-Treats (SWOT) qui est un outil anglais d'analyse stratégique ; le Diagramme de Pareto basé sur la loi de 80/20 à savoir 20% de cause produisent 80% d'effet.

-La troisième partie est consacrée à la vulgarisation des résultats de nos recherches obtenus lors des investigation sur le terrain dans le cadre du projet afin de formuler des propositions concrètes pour une stratégie intégrée qui prendra en compte le management des risques environnementaux avant, pendant et après la mise en oeuvre de certains projets structurants comme celui de l'adduction d'eau potable de CAMWATER en sa phase II dans la métropole de Douala et d'autres projets du même genre que l'Etat envisagerait de réaliser dans l'avenir.

1Le Docteur Fritz Ntonè Ntonè, Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Douala, communication numéro 1 faite lors de la cérémonie de présentation du plan de développement de CAMWATER le 22 Août 2013 dans la salle de conférence de l'Hôtel SAWA à Douala.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius