I.1.1.4. Politique du gouvernement congolais
démocratique pour la lutte contre le chômage
a. Evolution de la population active, de l'emploi et du
taux du chômage de 2003 a 2015
1. Evolution de la population
active
A propos de l'évolution de la population active, dans
la période 2003-2015, son augmentation annuelle est passée de
839.300 unités en 2003 à 1.914.700 unités en 2015, pour un
total de la population active qui est passé de 33,9 millions en 2003
à 49,7 millions en 2015.
2. Evaluation de l'emploi et du chômage par
le Gouvernement de la RDC (2003-2015)
A propos de la création des emplois et du
chômage : deux méthodes différentes ont
été utilisées par le Gouvernement dans la période
(2003-2015), chacune avec des conséquences différentes sur
l'évolution de l'emploi et du chômage.
· Méthode traditionnelle
utilisée jusqu'en 2012
La première méthode utilisée par
l'Administration [Institut National de Statistique (INS), Banque Centrale du
Congo (BCC)] jusqu'en 2012, regroupe les emplois dans deux secteurs, secteurs
public et privé.
Entre 2003 et 2012, avec la méthode traditionnelle, la
création des emplois a été caractérisée par
une courbe assez erratique. Cependant globalement, la création des
emplois a varié à la baisse, de 2003 à 2012, partant de
625.300 emplois créés en 2003 à 103.000 emplois
créés en 2012, avec quelques piques en termes de hausse ou de
baisse.
D'une façon détaillée on peut voir ce qui
suit :
- La part des travailleurs de l'Administration
représente en moyenne 6% du total des travailleurs ;
- La part des travailleurs du secteur privé formel,
représente 94% ;
- La part des Indépendants est de 0% ;
- Le secteur privé considéré est
formel ;
- Il n'y a pas de rubrique représentant les emplois des
indépendants ou des personnes installées sur leur compte
personnel ;
- Les emplois crées ou détruits
considérés sont, ceux du secteur formel constitué de
salariés des secteurs public et privé (affiliés à
l'INSS ou non).
On voit donc pourquoi au courant de la période, le taux
de chômage est resté à la hausse de manière
générale, en passant, comme on le voit ci-haut, de 48,5% en 2003
à 53,2% en 2012. (Rapport annuel BCC 2012). C'est parce qu'il n'existe
pas pour cette méthode une rubrique fourre-tout dite des emplois
« des indépendants ».
· Nouvelle méthode
« Période de 2012 à 2015 »
Avec la nouvelle méthode, la période 2012 et
2015 est caractérisée par un fort taux de création
d'emplois qui va de 1,900 million d'emplois créés en 2012
à 2,570 millions d'emplois en 2015. Avec un taux de chômage qui
est passé de 51,4% en 2011 à 43,% en 2014 (Rapport annuel BCC
2013) et à 39,6% en 2015 (Condensé Hebdomadaire d'Informations
Statistiques BCC n°15/2015).
La nouvelle approche a créé le concept
« Auto-emploi » ou
« Indépendants »,
considérés comme personnes installées sous leur compte
personnel.
Ainsi, les emplois (19,5 millions) enregistrés sous la
rubrique de travailleurs du secteur privé en 2012 (dans le Rapport
annuel de la BCC 2012, Annexe/Tableau n°I.43, p. 73) ont brusquement et
curieusement été enregistrés sous une nouvelle rubrique
créée dans le Rapport annuel de la BCC 2013, mais pour la
même année (2012), appelée
« Indépendants » pour un total de 22.469.679,5
unités.
Le total des emplois du secteur public est réduit de
1,21 million à 920.855 unités pour la même année. Le
total des emplois du secteur privé est maintenu à 19.482,2
unités. Le total cumulé de travailleurs est réduit de 20,7
millions d'unités à 940.337,2 unités. Le total des
indépendants ex nihilo est fixé à 22.469.679,5
unités. Ainsi donc, à partir de 2012, l'Administration a
changé d'approche, d'hypothèse et de thèse, en
définissant une nouvelle ventilation de la population active.
Comme on le voit, le niveau de l'emploi n'est plus seulement
la somme des travailleurs des secteurs public et privé.
A ces deux secteurs formels s'ajoute une nouvelle
catégorie « les Indépendants »
c'est-à-dire des personnes qui se sont installées à leur
propre compte, donnant ainsi naissance à une nouvelle rubrique
« la population active occupée » qui, est la somme
de 3 dernières rubriques.
La nouvelle approche d'évaluation du taux de
chômage repose sur la thèse selon laquelle tous les jeunes qui
arrivent sur le marché d'emplois au cours d'une année
donnée, trouve du travail ; soit comme travailleurs du secteur
public, soit comme travailleurs du secteur privé, soit encore, et plus
largement comme indépendants, installés à leur propre
compte.
En effet, selon cette nouvelle ventilation, en RDC, tout jeune
qui arrive sur le marché de l'emploi, en milieu rural ou en milieu
urbain, trouve du travail, si pas dans le cadre d'un contrat formel, mais comme
indépendant.
On peut donc le constater dans les paragraphes ci-haut
cité que cette thèse implique aussi que la RDC d'ici 2025 aura un
taux de chômage qui atteindra « ZERO » début
2024 et sera négatif fin 2024 et début 2025.
Voilà pourquoi, le taux de chômage est
passé de 51% en 2012 à 43% en 2014 et 39,6% (en 2015).
· Risque et conséquence de la nouvelle
méthode du Gouvernement
La nouvelle méthode d'évaluation de l'emploi et
du chômage instituée depuis 2012 comporte un danger social,
politique et sécuritaire.
En considérant que toute nouvelle demande sur le
marché du travail non absorbée par les secteurs public ou
privé formel, l'est par l'auto-emploi ou le secteur
d'indépendants qui offre 96 % d'emplois, la nouvelle méthode
entretient l'idée que pour les autorités politiques et leur
administration tout va bien, le peuple est au travail et qu'il existe bien une
cohérence entre le taux de croissance à deux chiffres et le
vécu quotidien des populations.
Or, tous ces emplois, dans l'hypothèse même
qu'ils seraient créés, restent précaires, sans revenus
substantiels et dépourvus de toute couverture de l'Etat.
En effet, selon la BCC sur 19,5 millions de travailleurs du
secteur privé, 352.000 seulement, soit 1,8%, sont affiliés
à l'INSS et les 1.200.000 de l'Administration ne sont affiliés
à aucune assurance sociale. Que dire alors des emplois du secteur
dit « des Indépendants » et qui
représentent désormais les 94 % des emplois créés
dans notre pays ?
· Caractéristiques de la population
inactive en RDC
En RDC, le problème de précarité ne
concerne pas seulement la tranche de la population active qui ne travaille pas,
soit 20 millions d'habitants, appelés communément
chômeurs.
Il concerne également et surtout la population inactive
c'est-à-dire, les enfants et les jeunes qui sont aux études, ou
ne sont pas au travail, ainsi que les vieillards.
Car, pour les enfants et les jeunes, ils sont, soit sous la
charge des membres de familles qui ne travaillent pas (39,6%), soit sur celle
de ceux qui travaillent mais dont les revenus restent dérisoires.
Il est à noter bien que les emplois en RDC couvrent
60,4% de la population active en 2015, ils sont, selon les statistiques du
Gouvernement, constitués à 96% d'indépendants ou personnes
installées sur leur compte propre. D'où leur caractère
précaire.
La population inactive faite des vieux et des vieillards est
constituée des personnes qui, dans leur majorité, ont, soit
quitté le marché de l'emploi sans avoir jamais travaillé,
soit, travaillé sans cotiser au cours de leur carrière et ne
disposent donc pas d'une quelconque couverture sociale.
Notons que le taux d'affiliation à l'INS est de
1,8% des travailleurs du secteur privé ; 0% pour la Fonction
publique. Ces personnes dépendent, au nom de la solidarité
africaine, des parents sans emplois viables.
· Effets du chômage en RDC face au taux de
croissance démographique
Le chômage, dans notre pays est structurel. Il est
alimenté par une économie faiblement monétarisée et
bancarisée, caractérisée par la faiblesse des
échanges entre les milieux ruraux et urbains et par l'absence des
infrastructures de base.
La pauvreté du pays, elle-même source du
chômage, peut se mesurer par le rapport entre le PIB et sa population.
En effet, comme on le voit :
o Un Congolais de la RDC gagne et dépense en moyenne
par an 500 $, soit 1,4 $ par jour ;
o Un Congolais du Congo-Brazza gagne et dépense en
moyenne par an 5.000 $, soit 14 $ par jour ;
o Un Gabonais gagne et dépense en moyenne par an 10.000
$, soit 28 $ par jour ;
o Un Belge gagne et dépense en moyenne par an 50.000 $,
soit 140 $ par jour.
Les pays voisins attirent vers eux les populations congolaises
que la faiblesse des revenus monétaires et le fort taux de chômage
poussent hors du pays à la recherche d'un paradis social.
· La pression démographique
D'ici 2025, la population congolaise, avec un taux de
croissance démographique de 3%, va approcher le double, soit #177;150
millions d'habitants. La population kinoise, en ce qui la concerne, avec son
taux de croissance démographique de 5%, va atteindre dans 7 ou 8 ans, 20
millions d'habitants, agglomérés sur 5% de sa superficie de
10.000 km².
La population kinoise, à elle seule, va dépasser
celle de l'Angola dans 7 ans et représentera le quintuple de celle du
Congo-Brazza.
Face à la précarité liée au
problème de revenu, de logement, de transport, d'alimentation, de
santé, et à la croissance démographique qui s'annonce,
doublée de la hausse du taux chômage qui l'accompagne, il va se
poser un grave problème de sécurité et de stabilité
de notre Etat avec des effets sur les Etats voisins.
Les tendances migratoires des jeunes de nos milieux ruraux et
urbains vers Kinshasa et vers les Etats voisins sont à redouter.
Aucun Gouvernement ne pourra résoudre le
problème du chômage dans les années à venir, si on
n'y travaille pas dès aujourd'hui et dans le cadre d'une politique
d'intégration régionale
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