SECTION III. ENFANT EN CONFLIT AVEC LA LOI COMME
PHENOMENE DE MASSE
Le comportement de l'enfant
pris
individuellement
ne lèse pas trop.
C'est par contre, quand il
est associé qu'il
présente plus de
probabilité de commettre un
crime. Car, il trouve
ici un
maintien, un appui,
quand il est
accompagné.
D'où, il est
important de comprendre la
situation de l'enfant en
conflit avec la loi
comme un phénomène de masse en dégageant ses
caractéristiques.
C ependant, lorsqu'on
veut décrire la
criminalité en
dégageant ses
caractéristiques, il
convient, avant toute chose,
de bien situer le
phénomène étudié dans
la culture dans
laquelle il
s'intègre1.
Ainsi, la
criminalité sous
examen s'intègre dans la
culture congolaise en
général, et dans la
culture Kinoise en
particulier.
De ce fait, nous
allons aborder la
criminalité
juvénile comme un
phénomène social (§1)
qui présente un pourcentage important
dans le milieu urbain
(§2) à cause souvent de
l'inadaptation
sociale (§3).
§1. L'enfance en conflit avec la loi comme
phénomène social
Il faut de
prime à bord signaler
que la
criminalité est
étroitement liée à
la société car, il
y'a eu toujours au sein
d'une société une
dissidence se plaçant
en marge de la
loi2.
1 BOUZAT (P.) et PINATEL (J.), Traité de droit
pénal et de criminologie, 3ê éd., Tome III, Dalloz,
Paris, 1975, p. 82
2 BOUZAT (P.) et PINATEL (J.), op.cit, p.
82
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La
criminalité
constitue donc un phénomène
social commun à tout
le temps et à toutes les
sociétés
c'est-à-dire, il ne
peut y avoir d'infraction
que lorsqu'il y a une
société1
§2. L'enfance en conflit avec la loi comme
phénomène urbain.
L'E.C.L.
comme phénomène social
communautaire est
essentiellement
urbain. Car, entre
la ville et la
campagne, on constate, sur
le plan
écologique que la
criminalité
urbaine est quantitativement
supérieure à la
criminalité
rurale, et
qualitativement
différente
d'elle, que
la première varie
dans une certaine mesure en raison de
l'importance des villes.
Un travail de Denis SZABO a
démontré qu'il existe une
corrélation
significative
entre
l'urbanisation et
la délinquance2.
Au contraire, il
existe une
corrélation
négative entre la
délinquance et la
population éparse3.
C'est une idée
généralement reçue en
criminologie
que le taux de la
criminalité est
plus élevé dans
les villes et que la
criminalité
urbaine a une orientation
différente de celle de
la
criminalité
rurale4. Encore
s'agit-il de
savoir pourquoi et comment ?
Les résultats ne
sauraient étonner en
raison du caractère épars de
la population,
car il existe moins
de possibilités des rapports
sociaux. On peut dire
plus les rapports sociaux
sont nombreux, plus les
chances de
criminalité sont
grandes.
En espèce, il ressort des
études antérieures à
celle-ci qu'en RDC,
les accusés ruraux étaient avant 1960
plus nombreux, mais
les accusés urbains
le sont devenus
depuis.
1 KASONGO MUIDINGE, op.cit,
2 BOUZAT (P.) et PINATEL (J.), op.cit, p.
151
3 Ibidem
4 GASSIN (R.), Criminologie, 5ê éd.,
Dalloz, Paris, 2003, p. 368
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Déjà un auteur
l'a fait savoir en
étudiant les
mécanismes
criminogènes dans une
société
africaine1 . Pour
expliquer comment
l'urbanisation
influence le
développement de la
délinquance des jeunes,
cet auteur retient trois
variables :
1. La
détribalisation
entrainant la
désocialisation
familiale ;
2. L'inadaptation de
l'enseignement produisant
des déclassés sans
débouchés ;
3. L'absence de
loisirs
organisés entrainant
la formation des
bandits.
Quant aux jeunes
délinquants, l'auteur
y distingue
trois types
:
1. Les jeunes désoeuvrés de 17 à 18 ans
accomplissant des délits contre
les biens ;
2. Un type composé des jeunes occupant
des emplois de
services (boys) soumis à des
pressions
considérables par
l'étalage d'un
luxe qu'ils côtoient
quotidiennement et qui
commettent surtout des vols
domestiques ;
3. Un type de délinquants
plus précoce, encore
écoliers, à
l'étiologie
incertaine. Cette
analyse est à comparer avec celle de
la délinquance au
Congo-belge d'avant
l'indépendance,
ajoute l'auteur2
Cette situation est
observée aujourd'hui
suite à la
pression sociale
enregistrée dans la
vile de Kinshasa,
laquelle due à la
pauvreté, la
misère et au chômage. Tout
le monde veut vivre à
Kinshasa la
capitale, pensant que
la vie est facile,
la vie est belle.
Aussi, le manque
d'infrastructures de base
à l'intérieur du pays
oblige les jeunes à fréquenter
la ville.
1 HOUCHON (G.), « Les mécanismes
criminogènes dans une société urbaine africaine »,
RICPT, 1967, pp. 271-292
2 GASSIN (R.), op.cit, p. 272
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M. Denis SZABO
estime que le rôle
criminogène du milieu
urbain semble plus
réduit actuellement qu'il
ne l'était à
la fin du
siècle
dernier. Il explique ce
fait par deux raisons
majeures :
l'intégration plus
poussée de la société
contemporaine et la
diminution de
l'anti-anomie
ville-campagne1
Il en reste plus
qu'à l'heure
actuelle, la
densité de la
population urbaine,
parce qu'elle
multiplie des contacts
sociaux, offre des occasions
multiples de
délinquance en général,
et juvénile en
particulier.
D'une manière
générale, il
résulte des
statistiques
criminelles que
la
criminalité
urbaine est la plus
importante quantitativement
que la
criminalité
rurale dans la plupart des
Pays en Voie de Développement.
Et cette situation
s'explique souvent par le
fait de l'inadaptation
sociale de
population.
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