Résumé
Ce travail a porté sur l'analyse de l'influence de la
fréquence des récoltes des feuilles sur la croissance et le
rendement de manioc à Walungu et dans la Plaine de la Ruzizi. Pour ce
faire, quatre variétés de manioc ont été
plantés à des différents écartements et soumis
chacun à des différentes fréquences de coupes des feuilles
(coupe à chaque mois, coupe après chaque deux mois, coupe chaque
trois mois et une parcelle témoin dans laquelle les feuilles n'ont pas
été récoltées). L'essai a été conduit
en plit-plit-plot et les répétitions ont étés
installées dans la basse altitude (Plaine de la Ruzizi) et dans la haute
altitude (Walungu). Les observations ont portées sur les
paramètres de croissance (Diamètre au collet, hauteur de la
plante, nombre des branches, nombres des ramifications secondaire etc.), les
paramètres de rendement en feuilles (poids frais des feuilles), les
paramètres de rendement en tubercules ( poids des tubercules
commercialisables, les nombres des tubercules commercialisables et non
commercialisables etc.) et enfin le rendement en boutures ( longueur des
matériels de plantations , Nombres de matériels de plantation
etc.) La fréquence de coupe des feuilles n'a pas eu d'effets sur le
rendement en tubercules dans la basse altitude comme dans la haute altitude
pour toutes les variétés, par contre, le rendement a
été plus influencé par le site et les écartements.
En outre, le rendement en feuilles a été plus influencé
par les fréquences des coupes des feuilles et les écartements, en
plus l'interaction des écartements et la fréquence de
récolte, le site et les écartements ont par contre
significativement influencé le rendement en biomasse. Le nombre des
matériels de plantation et les poids ont été
influencés d'une manière très hautement significative par
les sites et écartement et enfin, les variétés ont
influencées significativement le nombre et les poids des
matériels des plantations.
Mots clés : systèmes culturaux, fréquence
des coupes feuilles, rendement, manioc, plaine de la Ruzizi et Walungu.
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INTRODUCTION
Problématique et justification du
travail.
En Afrique, la productivité du manioc reste
actuellement largement en dessous de la production possible par hectare. Au
Congo, il devrait être possible de tripler la productivité par
hectare, du niveau actuel (10 à 12 tonnes par hectare) vers 30 tonnes
par hectare. Cela demande surtout des bonnes variétés, des bonnes
techniques agricoles ainsi que la gestion intégrée de la
fertilité des sols et la plantation de la culture à l'endroit qui
lui convient (Anonyme, 2010).
Le manioc est considéré comme une plante qui
s'adapte dans différentes zones éco-physiologiques, les
mécanismes fondamentaux pour une telle tolérance incluent la
sensibilité stomacal aux déficits atmosphériques et
édaphiques de l'eau, associé à des capacités
d'enracinement profondes qui empêchent la déshydratation grave des
feuilles (Komi, 1994).
Ainsi, dans les pays en voie de développement, il
existe, outre l'alimentation humaine, trois autres utilisations essentielles du
manioc. Il s'agit notamment du fourrage pour les animaux domestiques, des
applications industrielles (par exemple l'amidon) et de l'exportation de
cossettes. (Wheatley et al., 1995 ; Ceballos, 2002) ;
En RD Congo, il est consommé à très
grande échelle sous diverses formes dont les principaux sont la
consommation des feuilles (comme légumes et dans des sauces) et la
consommation des tubercules, soit comme chikwange, foufou, etc. (Onwueme ,1978
; (Mbago et al, 2012). La feuille de manioc est l'organe principal
impliqué dans la perception et la conversion légère de
l'énergie solaire en carbone organique, mais aussi à la nutrition
minérale et hydrique de la plante par aspiration foliaire, par contre,
l'absorption des nutriments dépend aussi de la structure
physique et chimique du sol (Malinowski, 2013) mais aussi des
conditions de l'environnement.
Toutes fois, les auteurs ont montré que la
récolte des feuilles chez le manioc une fois pendant le cycle culturale
diminue le rendement en tubercule à plus de 25%, elle est en plus un
moyen efficace pour la transmission des maladies chez le manioc, par contre
elle diminue la teneur en acide cyanudrique du tubercule (Khong et al,
2005 ; Phenvichitk et al, 2006). De plus, prélever 4 ou 5 fois
en une année les parties aériennes de la plante revient à
exporter de grandes quantités de nutriments notamment de l'azote dans le
champ.
Les carences en éléments nutritifs dans le sol
affectent la production photosynthétique et produit les tiges minces
etc. (Mg, N, P) ce qui influe négativement sur la production
foliaire.
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Au cours d'une expérimentation menée en
Thaïlande, le rendement total en feuilles sèches était de
710 kg/ha si les feuilles étaient récoltées uniquement
lors de la récolte des racines tubéreuses, à 11,5 mois
après plantation. Mais ce rendement passait à 2,6 tonnes si les
feuilles étaient coupées à cinq reprises dans le
même temps. Le rendement total en protéines foliaires augmentait
également, de 170 kg/ ha pour une seule coupe de feuilles à 650
kg/ha, comparable à une bonne récolte de
soja.
Cependant, plus la fréquence des coupes de feuilles
augmentait, plus le rendement racinaire final déclinait, passant
d'environ 40 tonnes/ha pour une unique récolte de feuilles à
moins de 25 tonnes pour cinq récoltes de feuille. Le nombre des feuilles
et la vitesse d'émission des feuilles dépendent des
variétés et son stade physiologique (Segnou, 2002).
Les bonnes pratiques agricoles et l'utilisation de sols
riche/fertile suivant les variétés sont essentielles pour
maintenir la production soutenable afin de satisfaire la demande
élevée et courante des produits à base du manioc (Ande
et al., 2008).
En effet, la densité de plantation de manioc favorise
le développement de plusieurs rameaux secondaires, la ramification
secondaire devient plus abondante pour certaines variétés
cultivées à densité faible par contre, la chute des
feuilles augmente avec une forte densité de plantation, réduisant
ainsi l'Indice de la Surface foliaire (Cock et al., 1977). Un plant
situé dans des conditions de faible densité de plantation
présente un nombre élevé d'apex sur une tige. Par
conséquent une gestion efficace et une bonne compréhension de la
condition de sol est nécessaire pour une meilleur production et un plant
cultivé à densité faible valorise mieux la biomasse
produite à la récolte (Howeler, 1994).
La densité de plantation influence probablement tous
les traits de cultures sur le manioc, la distance entre les rangées de
plantes influence la hauteur de la plante, de la tige et le diamètre de
la canopée, le nombre de feuilles, et le rendement en tubercules (Rojas
et al, 2007). De plus, la densité de plantation maintient la
relation avec d'autres composantes du système de production, y compris
le cultivar, l'eau et les éléments nutritifs appliqués, la
concurrence avec les mauvaises herbes, et l'incidence des maladies et des
ravageurs (Ayoola; Makinde, 2007; Lopez-Bellido et al, 2005; Opara-nadi; LAL,
2006).
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Les résultats ont montré que le manioc produit
à une grande diversité de sol mais, le bon système de
gestion et d'emblavage de sol détermine le rendement.
Objectif général et
spécifiques.
Notre étude se fixe comme objectif général
de faire une analyse d'effets de la fréquence des coupes des feuilles
sur la croissance et le rendement de manioc sous différentes
densités de plantation à Walungu et dans la Plaine de la Ruzizi.
, et spécifiquement à :
? Appréhender la zone agro-écologique ayant un bon
renouvellement foliaire.
? Evaluer et donner les éléments de
référence techniques optimisant la production du manioc.
Question de recherche.
? Est- ce que placer différentes variétés
dans différentes pratiques culturales (écartement,
variétés, la fréquence de coupe des feuilles)
influencerait les rendements de manioc?
? Est-ce que placer différentes variétés
de manioc dans différentes zones agro écologiques influencerait
le rendement de manioc?
Hypothèses
Nous partons des hypothèses selon lesquelles, les
pratiques culturales inappropriés notamment l'écartement
réduit, les variétés érigées et la
fréquence de coupe des feuilles influenceraient la baisse de rendement
chez le manioc. Le rendement chez le manioc serait plus élevé
dans la région de basse altitude qu'en haute altitude et permettrait aux
paysans de récolter fréquemment les feuilles.
Intérêt du sujet
Beaucoup moins de recherches de développement ont
été consacrées au manioc qu'au maïs, riz etc., ce
manque d'intérêts scientifique a conduit à des traitements
et méthodologies inappropriés de la culture de manioc, c'est
pourquoi nous avons pensé intéressant de mener une étude
sur les effets de la fréquence des coupes des feuilles sur la croissance
et le rendement
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de manioc sous différentes densités de
plantation à Walungu et dans la Plaine de la Ruzizi (FAO, 2008).
Structure du travail
En plus de l'introduction et de la conclusion, ce travail
comprend 3 chapitres. Le premier présente la revue de la
littérature sur les rendements chez le manioc. Dans ce chapitre,
l'influence des sites, des variétés, des écartements et
des fréquences de récoltes des feuilles sur le rendement en
feuilles et en tubercules sont largement discuté.
Le deuxième chapitre est consacré
entièrement à la méthodologie utilisée lors des
expérimentations en champs et l'enquête sur terrain. Le
troisième quant à lui est consacré à la
présentation, interprétation et discussion des
résultats.
Au niveau de la croissance, le cycle végétatif
s'allonge avec l'augmentation de l'altitude, certaines maladies deviennent plus
virulentes et les cultures plus sensibles, alors que l'attaque
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