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THESE PROFESSIONNELLE
2ème ANNEE MASTER
MANAGEMENT
ET
STRATEGIE D'ENTREPRISE
« Comment l'Entreprise permet-elle à
ses salariés de
renforcer le lien entre les membres d'une
équipe, dans
une perspective de dynamiser la cohésion de
groupe ? »
Thèse rédigée par Aurélie
Boslé - Esch,
encadrée par Mme Dellinger et Mme Nuss
Année 2013-2014
1 | P a g e
PREFACE
Au regard du nombre important d'oeuvres traitant de cette
problématique, je n'ai pu les lire toutes. Néanmoins, je
considère celles que j'ai étudié, comme « suffisantes
» pour englober ma problématique et faire apparaitre mes
idées, les mettre en valeur mais aussi leur donner une valeur.
Je suis consciente qu'il existe d'autres idées, que
d'autres théories pertinentes et intéressantes circulent à
ce sujet, sur lesquelles je porterai très certainement mon attention
ultérieurement : dans le temps imparti il ne m'a pas été
possible de toutes les traiter. Elles feront certainement l'objet d'une
thèse ultérieure, car le sujet m'intéresse.
2 | P a g e
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier particulièrement Mesdames
Dellinger et Nuss, pour leurs conseils, et leurs apports en connaissances
spécifiques tout au long de ses deux années.
Mes remerciements se portent également à ma famille
et à mes amis pour leur soutien et leurs relectures.
3 | P a g e
RESUME
L'évolution et les changements rapides de
l'environnement ont en quelque sorte imposés aux organisations une
réadaptation de leur management. Pour rester concurrentielles il ne
suffit plus aujourd'hui de proposer des produits ou des services ayant un bon
rapport qualité - prix, permettant à l'entreprise de
réaliser de fortes économies d'échelle. Pour conserver sa
position ou se démarquer, les organisations doivent agir au sein
même de leur environnement interne, et plus particulièrement,
elles doivent revoir leur façon de manager. Il leur faudra s'armer de
patience et de courage, pour se donner les moyens et la volonté de se
redécouvrir eux-mêmes en tant qu'individu pour mieux comprendre
leurs collaborateurs en tant que personne, puis en tant que collectif, en tant
qu'équipe. Cela leur permettra de découvrir leurs besoins, leurs
attentes et la façon de les motiver. Il leur sera ainsi
nécessaire d'admettre qu'une bonne cohésion d'équipe et le
développement personnel de leurs collaborateurs sont tout aussi
importants que la qualité des produits ou services qu'ils proposent
à leurs clients, que les prix qu'ils pratiquent par rapport à la
concurrence ou encore que cela doive canaliser leur énergie comme
l'objectif de productivité les y encourage.
Cette thèse propose d'aborder dans un premier temps
quelques notions de psychologie humaine permettant de poser les bases communes
à chaque individu, puis d'étudier le comportement de l'individu
au sein d'un groupe, c'est-à-dire que nous chercherons à
comprendre sa relation aux autres et la façon à travers laquelle
nous pouvons gérer et améliorer cette relation à autrui.
Nous verrons comment il est possible, pour une organisation, de renforcer les
liens entre les membres d'une équipe, dans une perspective de dynamiser
la cohésion de groupe, forte de ces éléments sur
l'individu, à travers différents outils, comme l'Analyse
Transactionnelle, la Programmation Neurolinguistique, l'Ennéagramme,
l'Empowerment, mais également à travers différents modes
de management et de leadership.
4 | P a g e
SOMMAIRE
PREFACE 2
Remerciements 3
Résumé Error! Bookmark not
defined.
Introduction Error! Bookmark not defined.
I.
|
|
Comprendre et considérer la personne en tant qu'individu
|
8
|
|
A.
|
Fonctions fondamentales du cerveau
|
8
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|
|
1) La double-accommodation
|
8
|
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|
2) Individuation et Archétype du Soi
|
9
|
|
|
3) L'Intelligence émotionnelle
|
11
|
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|
4) Les 3 cerveaux
|
13
|
|
B.
|
Comportements intrinsèques de l'individu et connaissance
de soi
|
14
|
|
|
1) Les Etats du Moi via l'Analyse Transactionnelle AT
|
14
|
|
|
2) L'ennéagramme, outil de connaissance de soi
|
19
|
|
|
3) Point Focus : une technique prouvée, l'utilisation du
cheval comme un « outil » de
|
|
|
|
|
connaissance de soi et miroir de nos émotions
|
23
|
|
C.
|
Buts et Besoins de l'individu
|
25
|
|
|
1) Connaître ses besoins
|
25
|
|
|
2) Être assertif
|
27
|
|
|
3) La maturité du Moi
|
29
|
|
II.
|
|
Comprendre et considérer / intégrer l'individu au
sein d'un groupe
|
30
|
|
A.
|
Comprendre sa relation aux autres
|
30
|
|
|
1) Les différents profils, entre affinités et
oppositions
|
30
|
|
|
2) La confiance en soi, un outil de réussite
|
33
|
|
|
3) La mise en place d'objectifs
|
35
|
|
|
B.
|
Gérer sa relation aux autres
|
36
|
|
|
1) Notre communication
|
36
|
|
|
2) Les relations hiérarchiques : le manager face à
son N+1
|
38
|
|
|
3) Les relations hiérarchiques : le manager face à
ses collaborateurs
|
41
|
|
|
C.
|
Un management adapté et adaptable
|
44
|
|
|
1) Du management directif au management persuasif
|
45
|
|
|
2) Du management participatif au management
délégatif
|
46
|
|
|
3) Les nouvelles fonctions du manager
|
47
|
III.
|
|
Outils de Performance et de Développement Personnel
|
49
|
|
A.
|
Théories et Méthodes
|
49
|
5 | P a g e
1)
L'Analyse Transactionnelle : outil d'amélioration des
relations de travail 49
2) Devenir des « Super-Communicants » grâce
à la Programmation Neurolinguistique PNL 51
3) Aspirer à « l'Intégration » et
limiter la « Régression » grâce à
l'ennéagramme 53
B. L'environnement interne de l'organisation 57
1) Gestion du stress et du temps 57
2) Gestion des situations conflictuelles 60
3) Accroitre son leadership 63
C. Développement personnel et performance ? 65
1) Du manager-coach à l'équipe performante 65
2) Un management collaboratif et responsabilisant 66
3) S'investir en Empowerment 68
Conclusion 72
Bibliographie 73
6 | P a g e
INTRODUCTION
Notre condition d'hommes et de femmes implique que nous
passions plus ou moins 40 ans en entreprise. L'espérance de vie en
France, en 2012, est d'environ 83 ans1; cela signifie qu'environ un
tiers de notre vie est destinée à travailler. Une telle
vérité peut paraître effrayante pour certains et
agréable pour d'autres. Il est important pour que ce cheminement
s'opère dans de bonnes conditions, d'avoir une vie professionnelle
épanouie. Le métier exercé joue un rôle
prépondérant, certes, mais le management employé dans
l'entreprise et le climat de travail qui y règne, pèse
également énormément dans la balance. Les managers et
dirigeants se voient dotés de la lourde tâche d'analyser le
comportement de leurs subordonnés, de veiller à
l'équilibre professionnel de chacun d'entre eux et de renforcer les
liens intrinsèques. L'objectif est bien entendu double. Il y a un enjeu
économique, concernant la productivité de l'entreprise. Meilleur
est le climat de travail, plus les salariés sont productifs et plus cela
est rentable pour l'entreprise. Néanmoins, l'enjeu sur lequel notre
attention se portera principalement, est plutôt d'ordre relationnel, de
santé au travail et de cohésion de groupe. Nous allons en effet
nous demander comment une organisation peut permettre à ses
collaborateurs de renforcer les liens entre eux, dans la perspective de
dynamiser la cohésion de groupe. Dans leur livre2, Anne
Launay et Jean-Pierre Testa, expliquent : « Qu'il s'agisse de
l'utilisation du temps, du management des collaborateurs ou encore de la
gestion des conflits, le management efficace d'aujourd'hui suppose
désormais d'adopter une démarche de l'intérieur vers
l'extérieur. » Ainsi, avant de souhaiter manager un groupe, il est
nécessaire de comprendre et de considérer ses collaborateurs en
tant qu'individu, en tant que « Moi » en devenir, afin de les
investir au mieux dans une équipe, en tenant compte de leur nature, de
leur profil dominant, de leurs besoins intrinsèques et particuliers. Les
managers doivent comprendre pour pouvoir agir de façon à
respecter les directives du dirigeant d'entreprise, tout en assurant un climat
de confiance, de confort, de reconnaissance, donnant envie aux collaborateurs
de s'investir dans de bonnes conditions. Philippe Grall a écrit:
« In most situations, managers put pressure on their
teams and are obsessed with controlling them. In addition, the managers focus
on what's wrong with the team and the weaknesses that need improving. As a
result, team members have a low motivation and can't really enjoy what they do.
The effect is that people tend to protect themselves and are afraid to propose
ideas and take risks. »3
Ces situations sont absolument à éviter. Cela ne
relève pas de l'utopie, ni de l'idéalisme, il suffit juste
d'accepter de prendre conscience du malaise omniprésent dans de
nombreuses organisations, et de vouloir évoluer. Une démarche
allant de l'intérieur vers l'extérieur, comme mentionnée
ci-dessus, pourrait déjà apporter des évolutions positives
et avoir de remarquables retombées sur l'ensemble de l'organisation.
C'est selon cette approche que s'est construit cette thèse.
1 Source :
www.données.banquemondiale.org/pays/france
2 Anne Launay et Jean-Pierre Testa, Intelligence
Managériale, p.9, ESF Editeur, 2011
3 Voici la traduction que je propose : « Dans de
nombreuses situations, les managers mettent la pression à leurs
équipes et s'obstinent à vouloir les contrôler. S'ajoute
à cela que les managers portent leur attention sur ce qui ne va pas dans
l'équipe et sur les faiblesses qu'il faut améliorer. Ainsi, la
motivation des membres de l'équipe décroit et ils ne sont plus
satisfaits de leur travail. Cela a pour conséquence que les personnes
cherchent à se protéger elles-mêmes et sont
réfractaires à proposer des idées et à prendre des
risques. »
7 | P a g e
La compréhension et la considération de la
personne en tant qu'individu est primordiale. Des notions anatomiques et
psychologiques sur la formation de l'individu seront expliquées, un
passage traitera également de ses buts et besoins. Ces connaissances
spécifiques au « Moi » en devenir, permettront de mieux cerner
cet individu, et ainsi, d'apprécier sa présence en
collectivité c'est-à-dire ici au sein d'une organisation,
intégré dans un groupe. Possédant ces données
essentielles, nous serons à même de donner des
éléments de réponse à la question que nous nous
posons tous un jour : « Qui sommes-nous ? » mais dans un souci
d'humilité et de cohérence, nous nous limiterons simplement
à l'apport de réponses à notre problématique.
I. Comprendre et considérer la personne en tant
qu'individu
Stephen R. Covey, dans une de ses oeuvres4, a
écrit : « Manager de l'intérieur vers l'extérieur
signifie commencer par vous-même, avec la partie la plus personnelle de
vous-même que sont vos paradigmes, votre caractère, vos
motivations. » En accord avec cette affirmation, nous mettrons en exergue
dans cette première partie, les caractéristiques de l'individu.
Cela se traduit par une étude des fonctions fondamentales de son
cerveau, de ses comportements intrinsèques puis de ses buts et
besoins.
A. Fonctions fondamentales du cerveau
Le hasard de la Création, faut-il encore qu'il y ait eu
un hasard, a conçu un individu doté d'un grand nombre de
capacités, qui se sont tout naturellement développées au
cours de son évolution et de ses expériences. Ces attributs nous
apparaissent de façon instantanée, logique, mais nous en faisons
usage de manière consciente ou inconsciente, guidés par les Etats
du moi que l'on décrira dans les prochaines lignes. Bien-entendu, nous
ne verrons que les fonctions fondamentales du cerveau qui rentrent dans le
cadre de notre problématique, les développer toutes
m'amènerait, après ces études actuelles, vers une
thèse de psychologie.
1) La double-accommodation
Je me permets d'emprunter à Evelyne Dentz, PDG de
PSYNERGIE SA - Groupe PAXIA, l'exemple qu'elle emploie dans son livre
Equi-management, Pour une nouvelle écologie du
Manager5, lorsqu'elle aborde la notion de double-accommodation.
Il s'agit de celui de l'apprentissage de la conduite automobile. Chacun d'entre
nous se souvient de ses premières expériences derrière le
volant d'une voiture et de la difficulté à coordonner ses gestes
pour gérer la direction et la vitesse à l'aide du pédalier
et de la boite de vitesses. Les mots de notre moniteur auto-école
résonnent encore dans notre tête : « Sois maître de ton
véhicule ! Ne garde pas le nez sur ton volant ! Regarde loin devant toi
! Coordonne tes gestes ! ». Le jour où nous avons progressé
au point de pouvoir respecter ses consignes, nous avons compris ce qu'il
voulait dire par « Sois maitre de ton véhicule. » En effet,
lorsque nous conduisons un véhicule, nous devons être totalement
présent et donc concentré, mais aussi ne pas garder le nez sur le
volant, c'est-à-dire, ne pas rester focalisé
4 Stephen R. Covey, Les 7 habitudes des gens qui
réalisent tout ce qu'ils entreprennent, Editeur First, 2005
5 Evelyne Dentz, Equi-management, Pour une nouvelle
écologie du Manager, Editeur Les Presses du Management, 1995
8 | P a g e
sur une petite partie de son environnement mais en prendre
l'entièreté en considération. Cet exemple illustre
parfaitement le principe de la double accommodation. Rappelons simplement en
quoi consiste l'accommodation. Il s'agit, en biologie, du mouvement de l'oeil
qui ajuste sa configuration optique en fonction de la distance à l'objet
visé. Ce processus qui consciemment nous échappe, est continuel.
Ainsi, lors de la conduite automobile, notre vision passe d'une configuration
à l'autre : du détail d'avant-plan au panorama
d'arrière-plan. Il s'agit bien du mouvement de double accommodation
expliqué précédemment. Evelyne Dentz affirme qu'il est
possible de transposer « cette gymnastique oculaire à notre
activité intellectuelle qui fonctionne alternativement sur un mode
analytique et un mode synthétique. ». Il est bien-entendu certain
qu'un mode sera privilégier par rapport à un autre mais ce qui
compte c'est de trouver un juste milieu. D'après Evelyne Dentz, «
Etre à la fois capable d'être précis et attentif aux
détails et ensuite de replacer son action à l'intérieur
d'un champ plus vaste doit devenir un mouvement intellectuel naturel, une sorte
de respiration de l'esprit. » Cette démarche intellectuelle permet
donc à l'individu d'élargir ses perspectives, de s'ouvrir au
monde qui l'entoure et de faire des choix. Néanmoins, tous ces choix
n'interviennent pas toujours après un processus de réflexion. La
double accommodation est un outil inné dont dispose l'individu. Si l'on
se réfère à la définition de l'intelligence, comme
préalable à l'action, donnée par Evelyne Dentz, ce «
brassage » intellectuel pourrait en faire partie. « L'intelligence
est la capacité à donner du sens, à relier nos perceptions
entre elles pour construire une conception du monde pertinente. » Il
s'agit de l'intelligence émotionnelle, que nous verrons quelques lignes
plus bas. Malheureusement peu de personnes sont conscientes de ce processus de
double accommodation tant il est naturel. Elles n'y prêtent attention que
lorsqu'il est pris en défaut. Evelyne Dentz explique cet état
avec l'exemple suivant : lorsqu'un individu contemple certains tableaux
abstraits, il a l'intuition de ce « processus organisateur ». Cela
signifie qu'il se rend compte de l'objectivité de sa perception face aux
tableaux abstraits. Il ressent le cheminement de son esprit pour «
décoder » l'essence du tableau, pour voir et comprendre ce que le
peintre a voulu exprimer. Il reconnait ainsi cette fonction fondamentale de
notre cerveau. La double accommodation, capacité innée, semble
ainsi être une méthode judicieuse pour vivre pleinement «
l'ici et le maintenant », à condition d'avoir conscience de
processus.
Comme nous l'avons vu ci-dessus, la double accommodation est
un processus inné, mais sa mise en pratique est inconsciente pour la
majeure partie des individus. Ce processus peut entrer dans ce que C.G. Jung
(1875 - 1961), médecin, psychiatre, psychologue et essayiste suisse,
appelle « l'inconscient collectif ».
2) Individuation et Archétype du Soi
C.G. Jung distingue, en 1936, dans son étude Des
archétypes de l'inconscient collectif6, «
l'inconscient personnel » qui est « une couche superficielle de
l'inconscient » et « l'inconscient collectif » qui est «
une couche plus profonde qui ne provient pas d'expériences ou
d'acquisitions personnelles mais qui est innée ».
« Cet inconscient a des contenus et des modes de
comportements qui sont les mêmes partout et chez tous les individus. En
d'autres termes, il est identique
6 Carl Gustav Jung, Des archétypes de
l'inconscient collectif, Edition Princeltown University Press, 1936
9 | P a g e
à lui-même chez tous les hommes et constitue un
fondement psychique universel de nature supra-personnelle présent en
chacun de nous. »
C.G. Jung explique que « les contenus de l'inconscient
collectif sont des archétypes. » Par archétypes, C.G. Jung
veut parler des « contenus psychiques qui n'ont pas été
soumis à une élaboration consciente. » Il est ainsi
aisé d'en déduire que cette notion d'archétype se
rapproche de la définition de « l'esprit, ou d'un sens
inhérent à l'instinct, se manifestant selon l'attitude du
conscient humain, soit comme instinct, soit comme esprit »7.
Voilà en quoi le processus de double accommodation entre dans cet «
inconscient collectif ». Nous nous intéresserons ici qu'à
deux des onze notions clés de la pensée de Jung, les deux
archétypes nous aidant à avancer dans notre problématique,
que sont l'individuation et l'archétype du Soi. Notons que
l'archétype du Soi régit le processus d'individuation.
C.G. Jung définit l'individuation comme
« Le processus de formation et de particularisation de
l'individu ; plus spécialement de l'individu psychologique comme
être distinct de l'ensemble, de la psychologie collective.
L'individuation est donc un processus de différenciation qui a pour but
de développer la personnalité individuelle. »
Cela signifie que nous sommes tous dotés de bases
identiques communes, mais que nous utilisons les capacités fournies par
ces bases communes différemment, ce qui implique que nous
évoluions différemment et que nous nous forgions ainsi notre
propre personnalité. C.G. Jung explique aussi que « l'individuation
est une nécessité naturelle », que « l'entraver par des
règlementations rigides et même exclusives, selon des normes
collectives, porterait un grave préjudice à l'activité
vitale de l'individu. » Il explique aussi que « l'individu n'est pas
seulement une unité », « que son existence même
présuppose des rapports collectifs ». Il souhaite montrer le fait
que l'individuation n'est pas un synonyme d'isolement, bien au contraire,
l'individuation apparait comme une condition sine qua non d'une «
cohésion collective plus intensive et plus universelle. » Cette
notion de « cohésion collective universelle » peut paraitre
contradictoire. Elle doit se comprendre par le fait que l'individu se
considère en tant que personne capable de lier des liens avec autrui,
ces liens devenant une véritable relation à autrui, autonome et
différente des autres, unique en soi avec chaque personne. L'individu ne
doit ainsi plus se considérer comme appartenant à un groupe. Il
doit se distinguer par ses traits de personnalité acquis grâce aux
bases communes à chaque individu, et à partir de cela, il
acquiert une autonomie lui permettant de créer des liens et des
relations avec d'autres personnes, ayant réalisé ce même
processus personnel. C.G. Jung considère également le processus
d'individuation comme « l'élargissement de la sphère du
conscient et de la vie psychologique consciente. » Il ajoute dans une
autre de ses oeuvres, Dialectique du Moi et de
l'inconscient8, que
« La voie de l'individuation signifie : tendre à
devenir un être réellement individuel et, dans la mesure où
nous entendons par individualité la forme de notre unicité la
plus intime, notre unicité dernière et irrévocable, il
s'agit de la réalisation de son Soi, dans ce qu'il a de plus personnel
et de plus rebelle à
7 Source : Présentation succincte de onze
notions-clés de la pensée de Jung
8 Carl Gustav Jung, Dialectique du Moi et de
l'inconscient, Edition de 1986
10 | P a g e
toute comparaison. On pourrait donc traduire le mot
d'individuation par réalisation de son soi-même,
par réalisation de son Soi. »
L'individuation, comme énoncé
précédemment, est interdépendante de l'archétype du
Soi. Approchons-nous donc cette notion afin de mieux cerner encore ce qu'est
l'individuation.
Notons tout d'abord que « la réalisation du Soi
consiste en sa venue à la conscience. »9 En effet, comme
expliqué au début de cette thèse, l'individu évolue
dans l'environnement grâce à différents processus dont il
est conscient ou non. Ainsi, pour réaliser son Soi, il faut être
conscient de son existence. C.G. Jung considère le Soi comme « un
concept limite, au même titre que celui de chose en soi chez
Emmanuel Kant. » La chose en soi chez E. Kant10 (1724
- 1804, philosophe allemand), est un concept signifiant la
réalité telle qu'elle pourrait être pensée,
indépendamment de toute expérience possible. C.G. Jung
précise tout de même que le Soi n'est pas « une idée
philosophique, comme par exemple la chose en soi de E. Kant, mais une
notion psychologique expérimentale. » Cela signifie que «
Comme le Soi ne peut être saisi que dans des actes isolés, mais
demeure caché en tant que tout, à cause de sa nature globale,
nous pouvons seulement tirer des conclusions du peu que nous pouvons
expérimenter du Soi. » En d'autres termes, le Soi n'est perceptible
qu'en l'envisageant séparément, même s'il est universel,
tant sa raison d'être est unanime, il n'est possible que d'en percevoir
qu'une infime partie. Cette infime partie est celle détectable lorsque
le Soi est étudié dans sa fraction. C.G. Jung ajoute encore que
le Soi « doit être conçu comme une détermination
individuelle, comme la donnée existant a priori dont nait le
Moi. Le Soi préforme en quelque sorte le Moi. Il existe en effet avant
et dès le commencement, mais sous une forme latente, c'est-à-dire
inconsciente. » Ce que C.G. Jung cherche à nous faire comprendre,
c'est que pour que le Soi soit exploitable dans son entièreté,
l'individu doit être conscient de son contenu. Le passage de «
l'état potentiel à l'état actuel » est ainsi à
considérer comme la naissance du Soi. Dans Les racines de la
conscience11, C.G. Jung note « Nous créons en
quelque sorte le Soi par la prise de conscience de contenus inconscients.
» Cela confirme bien notre explication ci-dessus. Dominique Chalvin,
psychologue et sociologue, propose sa définition du Soi, dans son
ouvrage L'affirmation de Soi12. Cette définition du
Soi se veut simple, concise et compréhensible de tous. La voici : «
Le pronom Soi signifie un état du Moi à atteindre, plutôt
qu'un Moi déjà donné, et ceci dans un aspect volontariste.
» Nous nous rendons compte que cette définition coïncide avec
celle de C.G. Jung. En effet, il est ici aussi question d'un « état
à atteindre ». Toute chose étant égale par ailleurs,
pour atteindre cet état il est nécessaire d'être conscient
de son existence, il faut vouloir l'atteindre et se donner les moyens pour
l'atteindre, d'où cet « aspect volontariste ». Rimbaud a
écrit : « Nous ne sommes pas encore nés au monde. »
Cela illustre bien le processus de prise de conscience de Soi. Le moment
où nous en prenons conscience constitue notre naissance.
3) L'Intelligence émotionnelle
Nous avons vu précédemment avec Evelyne Dentz
que l'intelligence est un préalable à l'action. Nous
découvrons ici à travers les travaux de Daniel Goleman,
psychologue
9 Source : Présentation succincte de onze
notions-clés de la pensée de Jung
10 Source : mes cours de philosophie de mon
année de Terminale Littéraire, Lycée Fabert, Metz
11 Carl Gustav Jung, Les racines de la
conscience, Edition Buchet Chastel, 1971
12 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.11, ESF Editeur, 2011
11 | P a g e
américain, l'existence en chacun de nous d'un cerveau
émotionnel et d'une intelligence émotionnelle. Tout comme dans le
cas de la double accommodation, de l'individuation et de l'archétype du
Soi, nous ne sommes pas conscients de cette intelligence émotionnelle,
même si cette dernière est tout aussi innée, comme nous le
verrons plus loin. Notons que l'intelligence émotionnelle s'oppose
à l'intelligence rationnelle et à ce fameux QI, Quotient
Intellectuel. L'intelligence émotionnelle trouve donc sa source au sein
du cerveau émotionnel, aussi appelé cerveau limbique. Il est le
siège de nos émotions, de notre mémoire, de notre
faculté d'apprentissage. Un power point réalisé par
Isabelle Waltzing, chercheur en éducation à l'université
du Québec, nous indique que le cerveau rationnel s'est
développé à partir du cerveau émotionnel. Cela
implique que ce dernier s'est développé bien avant le cerveau
rationnel. Il est à noter que le cerveau limbique permet à
l'individu d'adapter ses réactions à son environnement. Le
processus est identique à celui étudié dans notre partie
sur la double accommodation, tout simplement car le processus de double
accommodation nait dans notre cerveau limbique. D'après Daniel Goleman,
« les émotions sont des incitations à l'action »,
action qui n'est pas automatique ni stéréotypée. Il ajoute
que « chaque émotion joue un rôle et prépare le corps
à un type de réaction particulière grâce aux
sécrétions d'hormones différentes. » Ainsi chaque
émotion se vit et se ressent différemment. Nous pouvons le
constater au cours de notre quotidien.
L'exemple du tableau abstrait d'Evelyne Dentz,
développé ci-dessus, devient ainsi encore plus clair. En effet,
le cerveau émotionnel est
«le siège de la pensée et contient des
centres chargés d'assembler et de comprendre les perceptions
sensorielles. Il ajoute aux sensations ce que nous pensons d'elles et nous
permet d'avoir des sensations sur les idées, les symboles, les produits
de l'imagination et les oeuvres d'art. »13
Ces émotions et notre façon de les vivre font de
chacun de nous des êtres à part, elles contribuent à notre
individuation selon la définition de C.G. Jung,
étudiée précédemment.
Nous venons ainsi de découvrir que nous sommes en
possession de deux types d'intelligence, l'intelligence émotionnelle et
l'intelligence rationnelle. Je souhaite ajouter quelques lignes sur
l'intelligence rationnelle, afin de bien distinguer ces deux notions.
L'intelligence rationnelle, connue sous le QI, provient du cerveau rationnel.
L'utilisation de cette forme d'intelligence engendre des réactions plus
lentes que l'intelligence émotionnelle. Elle analyse d'abord la
situation puis elle met en place une réaction. La pensée
précède le sentiment, c'est-à-dire que l'émotion
est reléguée en seconde position. Les jugements issus de
l'intelligence rationnelle sont généralement plus pertinents, car
ils ne sont pas générés par des émotions
équivoques. Quant au cerveau émotionnel, il fonctionne «
comme un radar », les réactions sont rapides sans processus
d'analyse. Il est néanmoins capable « de déchiffrer les
sentiments », mais ses « jugements intuitifs peuvent parfois
être erronés. » 14
Ces quelques lignes nous ont permis de comprendre que notre
quotidien est déterminé par ces deux formes d'intelligence,
innées et interdépendantes l'une de l'autre. Isabelle Waltzing
donne une définition succincte mais pertinente de l'intelligence
émotionnelle :
13 Source : Power Point d'Isabelle Waltzing
www.uqac.ca/pminier/cognit/emotion/iemot.ppt
14 Source : Power Point d'Isabelle Waltzing
www.uqac.ca/pminier/cognit/emotion/iemot.ppt
12 | P a g e
« L'intelligence émotionnelle recouvre la
maîtrise de soi, l'ardeur et la persévérance et la
faculté de s'inciter soi-même à l'action. » Cela nous
amène à nouveau à ce processus d'individuation et
d'archétype de Soi, dont il faut prendre conscience afin que nous
puissions nous construire en tant que personne et agir, inter-réagir
avec d'autres individus.
Ces trois points étudiés ci-dessus, nous ont
amené à découvrir les apports de notre cerveau limbique,
régissant nos émotions, également siège de nos
motivations et de notre mémoire. Il n'est fort heureusement pas le seul
à guider nos actions. Deux autres cerveaux viennent s'ajouter au premier
étudié : le cerveau reptilien et le cerveau cortical,
appelé aussi cortex.
4) Les 3 cerveaux
Voici un schéma pour illustrer ces trois cerveaux et leur
attribution.15
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe2.png)
Le cerveau reptilien comme nous pouvons le voir sur le
schéma, est le siège des réflexes. Ce cerveau s'apparente
à celui des reptiles, et c'est lui qui engendre les comportements
réflexes afin de préserver notre survie. Dominique Chalvin, dans
son livre Apprenez à vous connaitre16, fait
référence à cinq comportements réflexes
initiés par notre cerveau reptilien : la « réaction
automatique de défense », modélisée par exemple par
un mouvement de recul lorsqu'une personne rentre dans notre bulle (trop de
proximité physique avec autrui) ; la « réponse automatique
de rejet ou d'adhésion », réponse à un stimuli
extérieur faisant appel à nos sens et nous remémorant un
évènement ou une expérience heureuse ou malheureuse ; le
« réflexe d'imitation », comportement permettant de se
rassurer, en s'habillant par exemple de la même façon qu'un groupe
auquel on appartient afin de ne pas se faire remarquer, de ne pas être
dépareillé ; le « réflexe de routine » se
matérialisant par exemple par l'action de s'asseoir toujours au
même endroit en salle de réunion ou à la cantine ; puis le
« réflexe de camouflage ou de fuite » qui nous incite à
rester dans un coin pour ne pas nous faire remarquer et ainsi nous
protéger de l'environnement extérieur. Dominique Chalvin affirme
que pour mieux se
15 Source :
http://www.simpleslide.com/2010/08/30/comment-fonctionne-le-cerveau-humain-et-comment-en-tirer-parti/
16 Dominique Chalvin, Apprenez à vous
connaitre, p.15, Editeur ESF, 2010
13 | P a g e
connaitre, mieux se comprendre soi-même et mieux
comprendre les autres, il est nécessaire de reconnaitre ce «
langage reptilien » chez soi et chez autrui.
Précédemment nous avons fait
référence au cortex, voyons de quoi il s'agit exactement. Le
cerveau cortical est considéré comme « le sommet de
l'évolution du règne animal ». La locution latine suivante,
découverte dans la comédie Asinaria de Plaute est bien
connue : « Homo homini lupus est. » traduite par « L'homme est
un loup pour l'homme », c'est-à-dire que l'homme est la pire
espèce pour ces semblables, car il est doté d'une «
pensée consciente, de capacités d'abstraction, de
réflexion, d'imagination », le rendant capable du meilleur comme du
pire en toute connaissance de cause. Dominique Chalvin écrit que :
« Nous sommes conscients de nos automatismes et de nos
pulsions, que nous avons les moyens de les gérer. Il peut arriver nous
exprimions une colère justifiée ou que nous choisissions une
fuite raisonnée pour parvenir à un but réfléchi et
prévu. »
Le cerveau cortical se caractérise ainsi par sa
souplesse d'analyse et de réponse. Il nous permet de
réfléchir et d'analyser, de prendre de la distance par rapport
à la réalité, en faisant intervenir notre imagination et
nos capacités créatives avant d'agir. Dominique Chalvin ajoute
que « le cortex est un ordinateur logique et rationnel : il
réceptionne, analyse et stocke les données ». Ce cerveau
cortical agit donc comme un disque dur, un répertoire, une base de
données, dans lesquels se trouvent une multitude d'informations, que ce
cortex analyse et en tire des conclusions. Ces conclusions lui permettent de
nous diriger lorsque nous faisons des choix, prenons des décisions,
lorsque nous devons nous comporter d'une façon particulière,
lorsque nous devons anticiper ou encore nous « projeter dans l'avenir pour
trouver des solutions adaptées et efficaces. » N'oublions pas de
souligner que « le cortex utilise la parole pour communiquer» et
qu'il gère également nos capacités d'attention et de
concentration. Dominique Chalvin, toujours dans ce même livre Apprenez
à vous connaitre17, indique qu'un individu qui a «
un mode de fonctionnement reposant davantage sur le cerveau cortical,
présente un profil intellectuel, rationnel et imaginatif. » Si au
contraire, ce sont plutôt les cerveaux reptilien et limbique qui
prédominent, la personne a un profil « pragmatique et affectif
» et est dotée d'un « sens du contact non verbal » mais
aussi d'un caractère « imperméable à la logique
».
B. Comportements intrinsèques de l'individu et
connaissance de soi
Nous avons précédemment étudié les
fonctions fondamentales du cerveau, et nous avons démontré que
nos comportements sont les conséquences de l'utilisation inconsciente
d'un de nos trois cerveaux. Nous nous pencherons dans cette partie, sur les
comportements inhérents à chacun de nous, individus.
1) Les Etats du Moi via l'Analyse Transactionnelle AT
L'Analyse Transactionnelle est un outil magique
d'évolution et de communication, créé par Éric
Berne (1910 - 1970), psychologue américain fondateur de l'Analyse
Transactionnelle, dont nous explorerons une grande partie des facettes tout au
long de cette thèse. De nombreux psychologues, sociologues, formateurs
en développement
17 Dominique Chalvin, Apprenez à vous
connaitre, p.44, Editeur ESF, 2010
14 | P a g e
personnel, ont écrit à son sujet. J'ai choisi de
me baser sur l'étude d'une oeuvre que je considère comme
accessible et complète, pour rédiger ma thèse. Il s'agit
de L'analyse transactionnelle18, de René de Lassus, un
formateur pour adulte, spécialiste des relations humaines et animateur
de séminaire.
L'AT propose des réponses face à cette multitude
de comportements inhérents à l'individu. La première
réponse pour comprendre cette variété de fonctionnements,
est très simple : nous disposons en chacun de nous de trois parties
différentes, la psychologie les appelle notre Moi. Il apparait ainsi
logique que nous parlions des trois Etats du Moi. Notons tout de même
qu'il ne faut pas les confondre avec le Ca, le Moi et le Sur-Moi de Sigmund
Freud (1856 - 1939), neurologue autrichien.
Comme nous l'avons énoncé dans la partie
précédente, nos actes sont déterminés par les deux
formes d'intelligence, rationnelle et émotionnelle, présentes en
nous. Il en va de même avec les Etats du Moi. Ces derniers influencent
les décisions que nous prenons ainsi que notre façon d'agir et de
réagir face à une situation donnée. Selon l'Etat du Moi
qui est stimulé, la réaction sera différente. Les trois
différents Etats du Moi sont les suivants : l'Etat Parent, l'Etat Adulte
et l'Etat Enfant. Chacun de ces Etats dispose de caractéristiques
idiopathiques qui, comme nous le verrons plus loin, peuvent se subdiviser.
Voici le schéma de base permettant de visualiser les
trois Etats du Moi. Il représente la structure de la
personnalité. 19
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe3.png)
Dans cet ouvrage, introduit plus haut, René de Lassus
nous propose une expérience en utilise un exemple intéressant
pour illustrer et comprendre les grandes lignes de l'AT. Je vais n'en citer que
les éléments clés mais suffisamment pour que nous nous
prenions au jeu.
Alors imaginons
«Qu'un tube de dentifrice aux couleurs et à la
forme inhabituelle est déposé à notre insu près de
notre lavabo. Nous sommes intrigués, nous l'ouvrons et en badigeonnons
le miroir et les murs de la pièce. Cela nous amuse et nous faisons des
dessins avec la pâte. »
Nous nous sommes pris au jeu et nous avons visualisé
mentalement cette scène. Cet exemple, parmi tant d'autres, nous est
peut-être arrivé dans notre enfance. S'il ne s'agit pas de
dentifrice, le petit enfant que nous étions a certainement joué
avec de la pâte à modeler, ou de la pâte à sel, ou
encore du sable ! Cet enfant, qui souhaite jouer, s'amuser,
18 René de Lassus, L'analyse
transactionnelle, Edition Marabout, 1991
19 Source : René de Lassus, L'analyse
transactionnelle, p.32, Edition Marabout, 1991
15 | P a g e
qui s'exprime de façon spontanée, qu'il s'agisse
de l'expression de ses peurs, de ses joies, de ses déceptions ; cet
enfant sommeille toujours encore en nous, comme le matérialise cette
troisième bulle « Enfant », du schéma ci-dessus.
René de Lassus écrit que
« Ce petit enfant est plein de ressources importantes
pour notre vie et nos réussites. C'est lui qui nous maintient en vie -
c'est cette partie de notre être psychologique qui est la source de nos
pulsions, de nos désirs, de nos sentiments et aussi de ce que les
psychologues appellent nos affects - c'est-à-dire, cette
réalité psychique qui fait que les choses et les gens nous
attirent ou non. »
Cet Etat Enfant, fait appel au cerveau reptilien, vu
ci-dessus, siège des réflexes et de l'intuition. Cette
capacité intuitive permet ainsi de trouver une solution face aux
difficultés de notre quotidien.
Admettons maintenant qu'à la lecture de cet exemple,
des phrases comme « C'est inadmissible ! On ne joue pas avec du dentifrice
! » nous aient interpellées dans notre fort intérieur. Dans
ce cas-là, il s'agit de « messages parentaux »,
présents dans notre mémoire, tout droit venus de
l'éducation inculquée par nos parents, grands-parents,
ainés. Ces messages, certainement accompagnés « d'attitudes
parentales » forment les bases de notre apprentissage. Ils
représentent les valeurs qui nous ont été transmises,
telles le bien et le mal, le juste et l'erreur, le respect de soi-même et
des autres. Ces valeurs sont ancrées en nous, comme le sont
également les capacités de ce petit enfant, éternel en
nous. Cet Etat est donc l'Etat Parent, matérialisé par la bulle
Parent du schéma ci-dessus. Notons, comme le précise Renée
de Lassus, que les messages parentaux « contiennent
énormément de jugements sur les choses et les autres. » Il
semblerait, d'après certains psychologues, que 75% des paroles des
humains sont des jugements. Nous avons hérités de ces jugements
de nos aïeux, ces jugements se transmettant de générations
en générations comme un livre de recettes ou un grimoire,
patrimoine familial. Il n'y a pas besoin de réfléchir ni de
remettre cela en question, les choses ont été dites,
écrites, transmises, et conservées comme une image d'Epinal, pour
être réutilisées quand la situation l'encourage. Les
messages parentaux se composent également de messages bienveillants,
ayant pour but d'épauler, d'encourager, de soutenir. Notons que nous
retrouvons ces messages dans le comportement encourageant d'un manager
lorsqu'il adopte un leadership adaptatif avec ses collaborateurs.
Comme le montre le schéma ci-dessus, il existe une
troisième bulle, faisant référence au troisième
Etat du Moi, le Moi Adulte. Ce Moi Adulte est très important puisqu'il
est doté d'une fonction d'analyse, nécessaire pour se forger
soi-même sa propre opinion sur les personnes, sur les choses et sur
l'environnement. Il trouve sa source dans le cerveau cortical, vu
précédemment. Cette fonction d'analyse engendre une seconde
fonction, celle permettant d'équilibrer « les pulsions de l'Etat du
Moi Enfant et les normes contenues dans l'Etat du Moi Parent. »
Nous avons évoqués plus haut que ces deux de ces
trois Etats du Moi pouvaient se subdiviser. Etudions ces subdivisions, pour
cerner les subtilités de chacun de ces Etats.
Éric Berne a séparé l'Etat du Moi Parent,
avec d'un côté l'Etat du Moi Parent Normatif, aussi appelé
Parent Critique, et d'un autre côté le Moi Parent Bienveillant,
également connu sous le nom de Parent Nourricier ou Donnant.
16 | P a g e
Ci-dessous un schéma de la subdivision du Moi Parent et
ses explications.20
Parent Normatif
Dicte, dirige, impose, émet des principes, protège,
juge, critique, dévalorise et agresse
Parent Bienveillant
Aide, encourage, félicite, apprécie, prend en
charge à la place de l'autre, surprotège
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe4.png)
P
« Le Parent Normatif contient des règles, des
normes, des opinions, des valeurs, des
préjugés, des
modèles de comportement d'autorité, de dominance sur les autres.
»
« Le Parent Bienveillant contient les modèles de
comportement protectifs, sécurisants, encourageants,
compréhensifs et permissifs à l'égard des autres et de
soi-même. »
J'emprunte à René de Lassus, deux de ses
exemples21 de comportement du Parent Normatif et du Parent
Bienveillant, afin de bien illustrer ces deux parties de cet Etat du Moi
Parent.
« Un homme, une femme ou un adolescent qui, dans une
réunion de travail dit : « Ça ne marchera jamais ! » ou
« On a déjà essayé ça ! » à une
suggestion émise par un participant. » constitue en un exemple de
comportement de Parent Normatif.
« Un homme ou une femme qui, félicite un
collègue : « Bravo Lucien ! Tu as trouvé là une
excellente solution ! »
L'Etat du Moi Enfant, celui apparaissant en premier chez le
nouveau-né, est également subdivisé en deux parties par
Éric Berne : l'Enfant Libre, connu aussi sous le nom d'Enfant Nature ou
Spontané, et l'Enfant Adapté.
Voici un schéma de la subdivision de l'Etat du Moi Enfant
et ses explications.22
Enfant Libre
E
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe5.png)
Enfant Adapté
S'adapte aux besoins des autres (soumission), s'efface, se
dévalorise, prend systématiquement le contrepied
Exprime spontanément besoins, émotions,
sentiments.
Contient : capacité intuitive et source de
créativité.
20 Source : Renée de Lassus, L'analyse
transactionnelle, p.24, Edition Marabout, 1991
21 Renée de Lassus, L'analyse
transactionnelle, p. 28 - 29, Edition Marabout, 1991
22 Renée de Lassus, L'analyse
transactionnelle, p. 33, Edition Marabout, 1991
17 | P a g e
L'expression spontanée des sentiments chez l'Enfant
Libre lui évite les incompréhensions et les malaises si
fréquents dans les relations humaines.
Éric Berne, pour qui la capacité intuitive de
l'Enfant Libre lui constitue un apport important, en a fait une
troisième subdivision, qu'il a nommé « Petit Professeur
», en raison de sa capacité intuitive et créative
très forte. Cette capacité permet de détecter des signes
subtils imperceptibles à l'aide d'instruments scientifiques ou de
raisonnements rationnels. Un des exemples23 utilisé par
René de Lassus pour illustrer ce cas est le suivant : « Comment un
adulte sait-il, au cours d'une discussion avec son patron, que le moment est
propice pour demander un jour de congé ? » Bien entendu, nous
excluons ici toutes les réponses rationnelles du type « parce que
le patron vient de parler du caractère « calme » des
journées avoisinantes des jours de Fêtes de fin d'années.
»
Notons que dans l'Etat du Moi Enfant Adapté,
l'adaptation peut se faire à différents degrés. Il peut
s'agir d'une adaptation sociale aux demandes ou aux règles que l'on
accepte, mais aussi de soumission, de dévalorisation (rôle de
victime) ou de rébellion.
René de Lassus fait remarquer, que dans le milieu
professionnel, les managers et dirigeants rencontrent fréquemment la
même difficulté, qui est d'inciter les collaborateurs à
laisser aller leur créativité et à trouver des
idées pour résoudre un problème. Ainsi, en termes d'AT,
nous pourrions dire qu'il n'est pas évident d'outrepasser «
l'ensemble des interdits et des préjugés contenus dans le Parent
Normatif des participants vis-à-vis de l'usage des techniques de
créativité. »24
L'Etat du Moi Adulte, quant à lui ne se subdivise pas.
Il peut néanmoins fonctionner de deux façons biens distinctes. Il
est soit « tourné vers l'extérieur de la personne pour
analyser, interroger son entourage et son environnement, soit tourné
vers l'intérieur de la personne, à l'écoute attentive de
son propre Parent et de son propre Enfant. »25 René de
Lassus ajoute à cela, que lorsque l'Etat Adulte s'occupe de diriger
l'individu, il n'y a pas de crainte à avoir quant à
l'efficacité ou à la réussite de la personne dans
l'atteinte de ses objectifs, qu'il s'agisse d'objectifs personnels ou
d'objectifs collectifs, comme l'amélioration des relations
professionnelles ou encore la cohésion de groupe.
Je souhaite ajouter un schéma de l'AT reprenant
l'ensemble des Etats du Moi, afin de les mémoriser tous ensemble, car
ils sont interdépendants les uns des autres et chacun d'entre eux est
tout aussi important que l'un que l'autre.
Bien entendu, l'Analyse Transactionnelle va beaucoup plus loin
que ces quelques éléments que nous venons d'étudier, mais
il s'agit ici de donner des clés à la compréhension de
l'individu et de ses comportements. Ainsi, déjà dans un
état de conscience de nous-même plus avancé que d'autres,
nous sommes capables d'analyser nos actes, certaines de nos pensées,
mais également d'y prêter attention dans nos relations avec les
autres et au sein d'un groupe, et de commencer à comprendre les raisons
pour lesquelles les autres agissent ou pensent de la sorte. Ces
éléments individuels, personnels, intimes, sont autant de
réponses à la compréhension des individus qui nous
entourent et de leurs interactions au sein d'un groupe. Nous reviendrons
à cela plus loin dans cette thèse.
23 Renée de Lassus, L'analyse
transactionnelle, p. 37, Edition Marabout, 1991
24 Renée de Lassus, L'analyse
transactionnelle, p. 40, Edition Marabout, 1991
25 Renée de Lassus, L'analyse
transactionnelle, p. 46, Edition Marabout, 1991
18 | P a g e
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe6.png)
Voici donc le schéma récapitulatif des
différents Etats du Moi.26
2) L'ennéagramme, outil de connaissance de soi
Comme nous avons pu le constater depuis le début de
cette thèse, l'être humain est un individu complexe,
au-delà des ressemblances dans l'anatomie et dans les fonctions
cérébrales, chaque individu se développe
différemment, réagit aux stimuli extérieurs selon son
degré d'évolution, selon ses propres pulsions, selon ses propres
aspirations et motivations, ses craintes et ses compulsions, ancrées au
plus profond de son être, développant une personnalité
à part entière, qui le différencie des autres.
26 Renée de Lassus, L'analyse
transactionnelle, p. 50, Edition Marabout, 1991
19 | P a g e
De nombreux outils ont été imaginés afin
de cerner la personnalité de chaque individu par exemple en fonction
d'éléments appartenant aux humeurs humaines (appelée
caractérologie), au physique de la personne et plus
particulièrement à la forme de sa tête (appelée
phrénologie) ou encore celui que C.G. Jung a baptisé
classification en se basant sur l'opposition entre extraversion
(attitude d'un individu tourné vers le monde extérieur) et
introversion (attitude d'un individu se refermant sur lui-même). Notons,
sans étonnement, que cette classification se rapproche de l'Etat du Moi
Adulte vu précédemment dans l'Analyse Transactionnelle.
Il faut néanmoins rester prudent face à toutes
ces méthodes, car elles ont tendance à « enfermer »
l'individu et ses caractéristiques dans des « casiers »,
délaissant ainsi un grand nombre d'éléments importants
à la compréhension de ce dernier. Il est donc nécessaire
de retirer ses oeillères et d'entretenir une ouverture d'esprit large.
C'est ainsi que René de Lassus, dans l'avertissement de son livre
L'ennéagramme27, décrit cet outil :
« L'ennéagramme se prête davantage à
une perspective plus large. Il privilégie alors l'ouverture à la
propre complexité de chacun, comme à celle des autres. A la
compréhension des deux. A l'évolution personnelle et à
l'amélioration des relations avec soi-même, comme avec autrui.
»
Comme nous nous en doutons, l'ennéagramme est un outil
de connaissance de soi. Cette méthode est « fondée sur les
neuf tendances principales qui sont autant de contreparties des forces
fondamentales de l'être humain. » 28 Cela signifie en d'autres
termes que chacun d'entre nous possède neuf traits de caractère
et qu'à chacun de ces traits de caractère est associée une
force. René de Lassus, dans son livre L'ennéagramme, nous
explique que chacun possède en lui ces neuf traits de caractère,
qu'il appelle Type, mais que, parmi ces neuf, il y en a un qui est
prédominant. Ces types ne se subdivisent pas, mais contiennent
de nombreuses particularités, l'étude approfondie desquelles nous
permet de comprendre qui nous sommes et ce qui nous différencie les uns
des autres, mais aussi, par extrapolation, elle nous permet de mieux comprendre
les autres et de vivre en cohésion, en harmonie avec eux. L'objet de
cette partie n'est pas de détailler chacun des types, mais de
donner des grandes lignes, permettant de mieux comprendre comment la
connaissance de soi à travers de cette méthode est accessible.
Comme énoncé plus haut, cet outil se base sur
neuf forces principales et leur tendance respective, constituant notre
personnalité. Un des postulats de base pour les théoriciens
modernes de la méthode, est : « Chaque être humain appartient
à un type de personnalité. » 29
27 René de Lassus, L'ennéagramme,
p.91, Edition Marabout, 1997
28 René de Lassus, L'ennéagramme,
p.30, Edition Marabout, 1997
29 René de Lassus, L'ennéagramme,
p.21, Edition Marabout, 1997
20 | P a g e
Voici un tableau les illustrant.30
Forces Principales
|
Tendances Principales
|
N°1 : la capacité de perfection et
d'idéalisme
|
La colère
|
N°2 : l'amour
|
L'orgueil
|
N°3 : la capacité d'action
|
La tromperie
|
N°4 : la créativité et le sens artistique
|
L'envie
|
N°5 : le besoin de connaissance
|
L'avarice
|
N°6 : la loyauté
|
La peur
|
N°7 : la joie de vivre
|
La gourmandise
|
N°8 : le courage
|
L'excès
|
N°9 : l'acceptation et le soutien
|
La paresse
|
L'ennéagramme, comme nous pouvons le constater emploie
un vocabulaire particulier. Les forces principales peuvent se traduire
par qualités principales et les tendances principales aussi
appelées limites par défauts.
Ainsi, un individu de type 1 aura comme qualité
principale la capacité de perfection et d'idéalisme, à
laquelle est associé le défaut de la colère. Cette limite,
comme nous allons le voir, est considérée dans
l'ennéagramme comme une compulsion, c'est-à-dire comme
un comportement, une attitude que nous chercherons à éviter, de
laquelle nous chercherons à nous éloigner.
Rappelons donc que « ce qui nous différencie les
uns des autres, c'est l'ordre dans lequel certaines qualités
prédominent par rapport aux autres, et l'ordre dans lequel certaines de
ces limites prédominent par rapport aux autres. »31
Nous allons rapidement énoncer les attentes et la
compulsion des individus pour chacun des neuf types, afin de donner une
idée globale d'un aspect de la façon de vivre de chaque type de
personnalité. 32
« Ce qui compte pour le type 1, c'est d'être
reconnu pour la qualité de ce qu'il fait. Il ne veut pas être pris
en défaut et désire avoir toujours raison. Sa compulsion : il
veut éviter la colère.
Ce qui compte pour le type 2, c'est d'être
reconnu pour les qualités d'attention et de dévouement qu'il
offre. Il souhaite être aimé. Sa compulsion : éviter le
rejet et éviter de reconnaitre ses propres besoins.
Ce qui compte pour le type 3, c'est d'être
reconnu pour ce qu'il fait, ce qu'il réussit. Il a besoin d'être
apprécié. Sa compulsion est d'éviter l'échec.
30 René de Lassus, L'ennéagramme,
p.16, Edition Marabout, 1997
31 René de Lassus, L'ennéagramme,
p.26 - 27, Edition Marabout, 1997
32 René de Lassus, L'ennéagramme,
p.31 à 40, Edition Marabout, 1997
21 | P a g e
Ce qui compte pour le type 4, c'est d'être
reconnu pour son identité. Il veut être différent. Sa
compulsion est donc d'éviter la banalité.
Le type 5 a besoin d'être reconnu pour ses
connaissances et son savoir. Il est important pour lui de se sentir utile et
d'être au courant de ce qui se passe autour de lui, dans le monde. Sa
compulsion est d'éviter l'intrusion et le vide intérieur.
Ce qui compte pour le type 6, c'est d'être
reconnu pour sa droiture, pour sa capacité de survivre par
lui-même. Sa compulsion est d'éviter la déviance, la
trahison.
Ce qui compte pour le type 7, c'est d'être
reconnu pour son plaisir de vivre et de ne pas manquer de stimulants. Sa
compulsion est donc d'éviter la souffrance et l'enfermement.
Le type 8 a besoin d'être reconnu comme fort et
de pouvoir affirmer son autorité. Sa compulsion est d'éviter la
faiblesse.
Ce qui compte pour le type 9, est d'être reconnu
comme facile à vivre. Il ne veut pas être séparé de
ce à quoi il tient. Sa compulsion c'est d'éviter les conflits.
»
Ces neuf types, constituant notre personnalité,
correspondent à trois centres : le centre instinctif, le centre mental
et le centre émotionnel. Nous devons cette théorie à
Gurdjieff (1877-1949), ésotériste célèbre de la
première moitié du XX siècle. Ces trois centres et leurs
fonctions correspondent aux trois cerveaux que nous avons étudiés
précédemment, respectivement, le cerveau reptilien, le cortex et
le cerveau limbique (émotionnel). Les théoriciens de
l'ennéagramme reconnaissent aussi que l'individu utilise plus un centre
que l'autre, en fonction de l'environnement qui l'entoure et des stimuli
auxquels il est confronté.
Le centre instinctif correspond à nos pulsions,
à nos comportements inconscients et aux fonctions motrices de notre
corps. Les types 1, 8 et 9 en font partis. Ces types cherchent à ce que
leurs actions durent dans le temps, ils sont généralement
réticents au changement.
Le centre mental s'occupe de l'aspect intellectuel de nos
comportements. Il comprend les types 5, 6 et 7. Ces types se demanderont
toujours, avant d'agir, si cette action ou une autre aura du sens.
Le centre émotionnel, comme son nom l'indique, comporte
les aspects affectifs et émotionnels de nos comportements. Les types 2,
3 et 4 sont concernés. Pour eux, le coeur est primordial sur la
raison.
Cette théorie des trois centres nous montre
également que chacun des individus utilise ses trois centres et
l'énergie qui en émane, pour lui-même ou pour autrui. Entre
autre, il dirige cette énergie soit vers lui-même
c'est-à-dire vers l'intérieur de sa personne, soit vers les
autres ou vers un évènement, c'est-à-dire vers
l'extérieur de sa personne.
22 | P a g e
Voici un schéma illustrant mes propos, représentant
les neufs types et leur centre respectif.33
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe7.png)
L'ennéagramme, tout comme l'AT est très vaste et
nous pourrions écrire une thèse sur chacun de ces outils. Nous
nous contentons ici de leurs aspects principaux, nous permettant de nous
découvrir, de nous comprendre et de comprendre les autres.
3) Point Focus : une technique prouvée,
l'utilisation du cheval comme un « outil » de connaissance de soi et
miroir de nos émotions
L'Analyse Transactionnelle et l'Ennéagramme, que nous
avons étudiées, sont des outils relativement dogmatiques. Il
existe cependant des méthodes plus pragmatiques comme celle d'utiliser
les capacités extra-sensorielles d'un cheval et l'analyse du rapport
homme / cheval, que nous allons présenter ici.
Le cheval, mammifère -comme nous- est une proie. Tous
ses sens, pour sa survie, sont constamment en éveil. Il est toujours
prêt à fuir s'il sent un danger. C'est un animal grégaire
vivant en troupeau, qui a besoin de communiquer avec ses
congénères, tout comme nous avons besoin de contact avec d'autres
individus. Mais comment communiquent ces quadrupèdes ? Les chevaux
échangent entre eux par émission et réception de messages
corporels et sensoriels. Notons que le message corporel est un message
sensoriel passant par la vue ; mais j'ai fait volontairement cette distinction,
afin de bien introduire l'impact de l'attitude de l'homme dans la perception du
cheval, dans sa communication avec lui et le reflet que ce dernier va lui
renvoyer. Notons que le cheval ne sait pas communiquer autrement, il ne sait
pas mentir, il ne sait pas imaginer, ce qui fait de lui un être
authentique, un être vrai. Il ne cherche pas non plus à faire
plaisir, à nuire ou encore à donner ce qu'on attend de lui. Il
réagit simplement comme un cheval, il ne juge pas, il n'a pas de
réponses pré-faites, il s'adapte juste à la situation et
aux stimuli qui se présentent face à lui. Ainsi, nous pouvons
aisément comprendre que ses attitudes, ses comportements soient en tous
points identiques à ce qu'il voit et sent en face de lui. Cela signifie
qu'il va se comporter de la même manière que ce que les signaux
sensoriels de l'individu face à lui renvoient. Ces signaux sensoriels
reflètent l'état intérieur de la personne ou animal qui se
trouve à ses
33 Source :
www.trouver-sa-voie.fr
23 | P a g e
côtés. Pour le cheval, cela est une
réponse « logique » à ce que ses sens lui renvoient,
c'est-à-dire à ce qu'il voit (visuel) et à ce qu'il sent
(olfactif). Nous nous rendons compte que nous ne communiquons pas comme lui.
Notre communication passe par la parole et nous ne nous soucions que
très peu de notre gestuelle, de notre communication non verbale. Or, il
est important de garder à l'esprit que la communication non-verbale
représente 70% de notre communication. Notre cerveau d'Homme nous offre
les capacités de dire blanc et de penser noir, ou encore de sembler
calme et serein d'apparence et au fond de nous d'être
énervé, en colère. Entre Hommes, cela ne se
décèle pas toujours, mais face à un équidé,
cela est impossible. Ainsi, le cheval sentira qu'il y a un problème
entre ce qu'il voit et ce qu'il sent, il réagira donc en
conséquence. En fonction du « caractère » plus ou moins
sensible de l'équidé, sa réaction sera plus ou moins
forte, plus ou moins agressive, mais ce qui est certain c'est qu'il montrera
à l'individu que quelque chose ne va pas. Il nous rejettera ainsi le
malaise que nous ressentons à l'intérieur de nous, de
façon très visible, malaise dont nous n'étions
peut-être même pas conscient. C'est ainsi que le cheval est le
miroir de nos émotions. Il nous montre ce que l'on ne veut pas voir, ce
que l'on n'ose pas voir ou ce qui se trame en nous dont nous ne nous sommes pas
conscients. Antoine de Saint-Exupéry a écrit dans le Petit
Prince, « l'essentiel est invisible pour les yeux », le cheval
nous montre l'essentiel, et cet essentiel n'est-il pas de savoir qui nous
sommes et ce que nous ressentons ?! Serait-ce un anthropomorphisme de dire que
le cheval est doté d'empathie ? Si l'on considère l'empathie
comme « la capacité à écouter et à regarder
jusqu'à se sentir l'autre, non pas se mettre à sa place, mais
bien arriver à sentir à l'intérieur du corps de l'autre
»34, alors oui, le cheval sait faire preuve d'empathie, c'est
même cela qui assure sa survie ! Ainsi peu importe qui est face à
lui, il agira de la sorte. Il apparait donc comme une aide précieuse de
la connaissance de soi, il peut être un révélateur des
sentiments humains, pour peu que nous sachions l'écouter. Nous pourrions
croire que les humains sont aussi capables de cela, pour peu qu'ils y soient
sensibilisés et formés. Or les humains n'ont pas cette
capacité de sentir les phéromones associés aux
différentes émotions, car soyons en conscients, chacune de nos
émotions est reliée à une phéromone !
Pour illustrer ces notions prenons un des exemples issus du
livre Le Cheval, miroir de nos émotions, rédigé par
Isabelle Claude, expérience qu'elle a vécu avec une des
participantes à sa session de formation « Cheval et Personne :
Inter-relations ».
« Catherine a une longue expérience technique avec
des chevaux ; elle monte depuis de nombreuses années. (...) Elle est
attentive, souriante et calme pendant l'exercice en licol et longe. Tout se
passe bien. Chacun garde le même cheval pour l'exercice suivant. Nous
passons donc à la phase « renvoi » de l'état dans
l'instant. Elle me dit retrouver à peu près ces attitudes chez
les chevaux qu'elle côtoie par ailleurs. Je propose à Catherine un
état émotionnel proche de la colère. Après un
premier « non » catégorique, elle commence à identifier
cet état et dit qu'elle n'a jamais pensé que cet état
diffus qu'elle sent souvent, pouvait être de la colère. Je lui
propose de vérifier son état intérieur en présence
d'un cheval très réactif qui ne supporte pas les gens en
colère. Elle accepte. Je vais donc chercher Febus. Elle prend la longe.
Febus était très posé avec moi, mais il commence à
bouger, tourne la tête dans les sens, gratte du pied et, pour finir,
tourne violemment la tête, les dents apparentes. J'interviens avant qu'il
ne la morde, reprends la longe et tout rentre dans
34 Source : Isabelle Claude, Le Cheval, miroir de
nos émotions, p. 120, Edition Camais, 2010
24 | P a g e
l'ordre. Catherine est interloquée. Elle a pris
conscience ce jour-là d'un état qu'elle n'identifiait pas mais
qui revenait souvent, sans qu'elle y prête attention tellement il faisait
partie d'elle. »
Voilà un exemple fort, marquant, qui illustre bien nos
propos précédents. Notre nature humaine est ainsi composée
d'émotions, qui sont « un chemin vers soi, un chemin vers l'autre
»35, malheureusement nous sommes souvent peu conscients de la
force de nos émotions et de ce qui les déclenche. En prendre
conscience, les reconnaitre et les assumer, peut-être d'une grande aide
pour mieux se connaitre et pour mieux communiquer avec les autres.
C. Buts et Besoins de l'individu
Nous sommes maintenant en possession d'un ensemble
d'éléments et d'outils permettant de mieux comprendre les bases
biologiques de notre personne et les comportements qui peuvent en
résulter. Nous sommes à présent également
conscients qu'il nous est possible à travers diverses méthodes
d'apprendre à mieux se connaitre, à mieux connaitre les autres et
ainsi à améliorer les relations entre individus, grâce
à la compréhension de chacun. Néanmoins, outre l'aspect
indéniable de notre anatomie et du psychisme qui en découle, nous
avons tous des buts et des besoins plus ou moins similaires, que nous allons
étudier au cours des prochaines lignes.
1) Connaître ses besoins
Les besoins des individus varient selon les personnes et selon
les buts qu'elles se sont fixés. Quelqu'un qui souhaite être
sportif professionnel n'aura pas les mêmes besoins qu'une personne qui
désire pratiquer un sport comme loisir. Il existe néanmoins des
besoins identiques inhérents à chacun de nous, seule la
façon de les réaliser, de se réaliser diffère.
Abraham Maslow (1908 - 1970), psychologue américain, a
créé une typologie des besoins, plus connue sous le nom de
pyramide de Maslow ou encore pyramide des besoins, dont voici une
représentation. 36
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe8.png)
35 Source : Isabelle Claude, Le Cheval, miroir de
nos émotions, p.147, Edition Camais, 2010
36 Source :
www.rivegauche-yoga.org
25 | P a g e
Nous pouvons simplifier encore cette pyramide en deux parties
: les besoins fondamentaux (besoins physiologiques et besoins de
sécurité) et les besoins de croissance personnelle (tous les
autres).
Le postulat face à cette pyramide d'Abraham Maslow est
le suivant : « Un besoin nouveau (supérieur) n'émerge que
lorsque le (ou les) besoin(s) inférieur(s) a (ont) été
relativement satisfait(s). »37
Nous allons expliquer à quoi correspondent ces
différents niveaux de besoins, en partant du bas vers le haut, du besoin
le plus primaire au besoin le plus évolué.
Le besoin de survie est le besoin primaire par
excellence. Il s'agit bien entendu du besoin de nourriture, de boisson, de se
reproduire pour maintenir l'évolution de l'espèce, d'air pour
respirer, de sommeil pour se reposer. D'ordinaire, nous nous arrêtons
à cela ; or il y existe une autre sous-catégorie qui a toute son
importance, le besoin de strokes : positifs et négatifs. Les strokes
sont ni plus ni moins que des stimuli extérieurs, signe de contact
humain. Cela signifie simplement qu'un des besoins fondamentaux de l'être
humain est de recevoir des stimulations qu'elles soient positives ou
négatives, plutôt que d'être ignoré. Cette
distinction entre strokes positifs et strokes négatifs vient de
l'Analyse Transactionnelle. A travers cette dernière nous distinguons
comme strokes positifs : des expressions de considération, d'affection,
des remarques valorisantes, des jeux de plaisir, etc. Parmi les strokes
négatifs nous retrouvons : les remarques désobligeantes, la
déconsidération, les insultes, etc.
Le besoin de sécurité, au second niveau,
consiste pour l'être humain au besoin d'organiser sa vie et notamment
d'organiser sa survie.
Le besoin de reconnaissance, est assouvi lorsque nous
savons que nous comptons pour les autres. Les strokes entreront ici à
nouveau en jeu et leur impact sera important. Plus il y aura de strokes
positifs et plus le besoin de reconnaissance sera satisfait. Plus il y aura de
strokes négatifs, moins ce besoin de reconnaissance sera
contenté.
Le besoin d'estime d'un individu passe par
l'accumulation de signes de reconnaissance de personnes de son entourage,
professionnel ou privé. Ici seuls les strokes positifs sont
souhaités.
Le besoin de réalisation de soi, le haut de la
pyramide, est un besoin d'accomplissement personnel. C'est une manière
d'affirmer que nous sommes uniques et que tout ce que l'on réalise est
tout aussi unique que nous. C'est le besoin ultime de l'être humain, ce
à quoi chacun d'entre nous aspire.
Les buts et les besoins, les besoins et les buts... Ces deux
notions sont très proches, voir même interdépendantes. En
effet, le but n'est-il pas fonction du besoin et inversement ?
37 René de Lassus, La communication efficace
par la PNL, p.72, Edition Marabout, 1992
26 | P a g e
2) Être assertif
Définissons dans un premier temps cette notion.
D'après Dominique Chalvin38,
« L'attitude assertive suppose que l'individu se sent des
droits légitimes à s'affirmer et se sent la capacité de le
faire tout en continuant d'être accepté socialement parce qu'il
sait développer une certaine habileté, même en milieu
critique ou agressif. »
Cela signifie en d'autres termes, qu'une personne
exerçant son assertivité est un individu qui ose dire « oui
» tout comme « non » d'ailleurs, considérant cette
expression de ses sentiments comme naturelle, normale. Cet individu use de tact
et de respect nécessaire lorsqu'il agit de la sorte afin que ses
collaborateurs, que les personnes qui l'entourent, ne soient pas
choquées, outrées, ou vexées, et continuent de le
considérer et de l'écouter. Dominique Chalvin ajoute à
cela39
« Être assertif c'est aussi estimer que sa vie, et,
en particulier, sa vie professionnelle, n'est pas le seul fait du hasard ou des
bonnes relations. Être assertif, c'est gérer sa vie
professionnelle et être responsable de son propre comportement en se
dotant de buts assertifs. »
Ce que D. Chalvin souhaite nous expliquer ici, c'est que
l'individu ayant une attitude assertive est conscient qu'il faut se donner les
moyens pour réussir, que rien n'est le fruit du hasard, mais qu'en
fonction du but que l'on s'est fixé, l'attitude, le comportement, la
façon de faire, sera différente selon l'objectif à
atteindre. Nous définirons plus bas, ce que signifie un « but
assertif ».
Il existe deux types de buts, les buts assertifs et les
non-assertifs, et chaque être humain se sent attiré plus par l'un
que par l'autre, en fonction de ce qu'il souhaite, consciemment ou
inconsciemment.
Les buts non-assertifs sont des objectifs fixés pouvant
conduire à des attitudes très borderline et pas forcément
bien acceptées ni considérées par les personnes
extérieures à la situation, par les observateurs. En effet, il
peut arriver que l'individu devienne passif, agressif ou se découvre
manipulateur. Dominique Chalvin distingue cinq buts non-assertifs40
pouvant engendrer ces attitudes. Le premier est d'être aimé
plutôt que respecté. Une personne avec un tel penchant court le
risque d'entrer dans une situation de chantage affectif, prête à
tout faire pour un ou plusieurs individus, dans la vie professionnelle ou
personnelle, dans le seul but d'être aimée. Cette personne passive
entre dans un cercle vicieux, qui ne risque que d'empirer, et ne lui apportera
certainement plus satisfaction à un moment donné. Le second but
non-assertif auquel fait référence D. Chalvin, est le besoin de
se rendre indispensable aux yeux d'autrui. Cet état crée une
dépendance à l'autre, apportant très certainement à
cette personne une estime de soi, mais qui n'est pas saine sur le long terme.
Le troisième objectif non-assertif est la volonté de
posséder une totale maitrise, jusque dans les situations les plus
improbables. Cet individu souhaite se placer comme un héros, comme un
sauveur de l'humanité. « Gagner l'approbation permanente
38 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.71, ESF Editeur, 2011
39 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.71, ESF Editeur, 2011
40 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.71 - 72, ESF Editeur, 2011
27 | P a g e
de son entourage » est le quatrième but
non-assertif dont peut faire preuve un individu. En extrapolant, cela
reviendrait à dire, que la personne se soucie constamment de ce que
pense les autres, mais agit aussi pour les autres, n'ayant aucun contrôle
ni autonomie sur ces actes et ses pensées ! Le dernier but non-assertif
répertorié par D. Chalvin, est
d' »inspirer l'admiration ou la sympathie par son
abnégation au travail ou d'être plaint car surmené ».
Il ne faut pas confondre ici une personne carriériste, et une personne
fait preuve d'un dévouement sans limite pour son travail et souhaite
être reconnue pour cet abandon de soi à son entreprise ! Cette
aspiration à ce but, tout comme à celui d'être plaint d'un
éventuel surmenage, amène à des situations où le
collaborateur, le personnel, l'employé, devient un esclave de l'opinion
des autres.
Nous devons garder à l'esprit, que ces objectifs
non-assertifs, conscients ou inconscients, ne peuvent, sur le long terme, nous
conduire à des situations satisfaisantes, dans lesquelles nous sommes
épanouis et heureux. Il est ainsi plus que nécessaire d'imaginer,
de réfléchir et de développer des buts assertifs, qui ne
nous porteront pas préjudice et nous permettront de créer des
relations saines car respectueuses et durables avec autrui.
Nous avons vu ci-dessus
« Qu'être assertif c'est estimer que sa vie, et, en
particulier, sa vie professionnelle, n'est pas le seul fait du hasard ou des
bonnes relations. Être assertif, c'est gérer sa vie
professionnelle et être responsable de son propre comportement en se
dotant de buts assertifs. »41
Revenons à présent sur la notion de « buts
assertifs ». Au regard de la définition de l'attitude assertive,
nous pouvons considérer qu'un but assertif est un objectif que nous
avons choisi nous-mêmes en connaissance de cause. Cela signifie donc que
ce choix a été mûrement réfléchi, que les
avantages et les inconvénients inhérents ne nous étaient
pas inconnus, correspondant ainsi à ce que nous attendions comme
situation de vie, professionnelle comme privée. (Nous nous attacherons
ici uniquement au domaine professionnel.) Cela implique aussi que notre
réflexion nous a permis d'évaluer si ces buts étaient
compatibles avec l'environnement qui nous entoure, réalisables, et nous
a permis d'élaborer le cheminement à suivre pour les atteindre.
D. Chalvin, propose ici également cinq buts assertifs en relation
directe avec la vie professionnelle, que nous allons étudier. Il s'agit
de :
« Savoir situer son travail dans l'ensemble de son
existence parmi les autres buts de sa vie, obtenir un travail adapté
à ses goûts, traiter les difficultés avec lucidité
et réalisme, élaborer de bonnes relations professionnelles et
négocier avec le système pour optimiser buts personnels et autres
buts. »42
Il est donc nécessaire pour l'individu qui se veut
assertif, d'élaborer et de suivre une stratégie personnelle face
à sa vie professionnelle. Il est important de se demander ce que nous
attendons de notre travail et de nous donner les moyens de l'atteindre. Cela
passe par la définition de différents critères contribuant
à nos attentes, qu'il faudra comparer avec ceux des différents
postes vacants sur marché ou les diverses évolutions ou
possibilités dans notre emploi. Nous en venons ainsi au second point. En
ayant retenu différents critères, ceux contribuant à
l'accomplissement de nos attentes, nous sommes à même
41 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.71, ESF Editeur, 2011
42 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.72, ESF Editeur, 2011
28 | P a g e
d'accéder à un travail qui correspond à
nos goûts. Cela passe, comme énoncé
précédemment, par le choix entre deux voies. « Changer de
travail »43, impliquant de recommencer toutes ces
démarches administratives, longues et éprouvantes, ou simplement
gérer sa position professionnelle. Cette possibilité passe par la
connaissance du fonctionnement de son entreprise, notamment du processus
décisionnel. Il est bien entendu nécessaire de savoir où
nous nous situons dans l'entreprise, quelles sont nos aptitudes (savoir,
savoir-faire, savoir-être et savoir-évoluer). Forts de ces
fondements, nous nous devons d'être réalistes face aux
difficultés professionnelles. Nous devons être conscients du
stress, des déceptions et de l'implication que cette évolution va
engendrer. L'angoisse et l'anxiété doivent pouvoir être
maitrisées. Différentes méthodes permettent de diminuer
ces contrariétés, comme par exemple s'efforcer de cerner les
difficultés avec réalisme, objectivité et lucidité
en se posant les bonnes questions, ou encore adopter une ou plusieurs des cinq
attitudes assertives suivantes44 :
« Se défendre (à l'opposé de
l'attitude passive), exprimer son désaccord à un
supérieur, repérer les situations qui vous font des
problèmes et chercher à les débloquer, contrôler
l'image que vous produisez, ou encore reconnaitre que les autres ont des
idées, des talents, des sentiments différents des nôtres.
»
Nous reviendrons à ces attitudes plus loin lorsque nous
traiterons des relations hiérarchiques, car la frontière, entre
l'individu en tant que personne et l'individu au sein d'un groupe, est ici
très fine.
3) La maturité du Moi
Il me semble comme une évidence, de clôturer
cette première partie par la notion de maturité du Moi. En effet,
cette maturité du Moi ne peut exister sans la prise de conscience de
l'individu de ses capacités, capacités étudiées
tout au long des points énoncés précédemment. Selon
Dominique Chalvin, « la maturité du Moi est la reconnaissance du
Moi comme le désir d'être et comme la capacité de
s'affirmer, comme devenir et comme force. »45 L'individu doit
certes prendre conscience de ses capacités mais également de son
potentiel personnel afin d'évoluer, de faire évoluer les
personnes, les choses et les évènements qui l'entourent.
L'individu doit donc fuir les attitudes de passivité, les attitudes
risquant de le rendre dépendant ou agressif, comme nous l'avons
expliqué dans les buts non-assertifs. Il a pour tâches de
créer des comportements de défense afin de conserver une attitude
sereine et réaliste, pour qu'il sache exactement vers quoi et vers qui
il se dirige, et qu'il réalise cela avec une totale confiance en lui. La
maturité du Moi consiste ainsi à s'affirmer en tant que personne
à part entière, en tant qu'être unique, en tant
qu'être authentique, au cours de son évolution quotidienne.
Ainsi par maturité du Moi il faut comprendre «
maturité personnelle », « affirmation de Soi », mais
également « assertivness ».
Cette première partie, riche d'informations
liées à notre psychisme, d'éléments nous permettant
de comprendre notre comportement en tant qu'individu à part
entière, nous a aussi amenée sur des sentiers favorables à
la découverte du plus profond de nous pour
43 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.74, ESF Editeur, 2011
44 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.76, ESF Editeur, 2011
45 Dominique Chalvin, L'affirmation de Soi,
p.101, ESF Editeur, 2011
29 | P a g e
nous donner des éléments de réponse
à la question que tout le monde se pose un jour : « qui sommes-nous
? » Ces fondamentaux centrés sur l'individu même, sont,
à mon avis, des préalables pour comprendre l'individu au sein
d'un groupe et lui permettre de s'épanouir personnellement et
professionnellement au sein d'une organisation, au sein d'une équipe. Il
est ainsi plus que nécessaire pour un manager, pour un dirigeant, de
« porter une vision en accord avec leur projet personnel »
c'est-à-dire que le manager, que le dirigeant « collent à
leurs intuitions, qu'ils soient eux-mêmes et convaincus du
bien-fondé de l'idée»46 qu'ils vont
présenter. Il s'agit bien là, de mettre en application le
principe de l'assertivness, offrant la possibilité à chacun
d'élaborer un comportement en adéquation avec ce qu'il est, ce
qu'il veut être, et sa conviction dans le bien-fondé du projet,
lui permettra de le transmettre de la bonne façon afin que lui et son
projet soient acceptés et reconnus par ses collaborateurs. Nous allons
ainsi, dans une seconde partie, porter notre attention sur l'individu au sein
d'un groupe. Nous chercherons à comprendre sa relation aux autres, puis
nous verrons comment il peut gérer et améliorer sa relation avec
autrui. Nous terminerons cette deuxième partie par une approche
managériale qui tient compte de l'individu, le management
participatif.
II. Comprendre et considérer / intégrer
l'individu au sein d'un groupe
L'individu, cet être si simple d'apparence, mais
pourtant si complexe, si changeant, selon les situations, selon les personnes
qui l'entourent, est doté de milles et une facettes, qui, dans les
relations avec autrui, peuvent se révéler être de
véritables atouts, des armes redoutables, ou au contraire certaines
peuvent se transformer en frein si l'on n'y prête pas attention.
A. Comprendre sa relation aux autres
Comprendre sa relation aux autres c'est analyser les rapports
qui s'opèrent entre les différentes personnes. Nous traiterons
ici uniquement des relations du dirigeant, du manager avec les membres de
l'organisation et / ou de son équipe.
1) Les différents profils, entre affinités et
oppositions
Nous partons du postulat qu'il existe quatre types de
personnalité qui sont les plus fréquents. Notons que « types
de profils » et « types de personnalité » sont ici
à considérer comme des synonymes. Nous pouvons aussi parler de
« façons de penser » ou de « types de pensée
». Les quatre profils les plus répandus47 sont donc :
l'expert, l'organisateur, le communicant et le stratège.
Les caractéristiques de l'expert proviennent du cortex.
Rappelons-nous, cette partie du cerveau permet à l'individu de raisonner
de façon logique sur des faits, bien développée elle
permet de comprendre les aspects techniques avec aisance.
46 Evelyne Dentz, Equi-management, Pour une
nouvelle écologie du management, p.33 - 34, Les Presses du
Management, 1995
47 Source : Dominique Chalvin, Apprenez à
vous connaître, p.53, ESF Editeur, 2010
30 | P a g e
Les caractéristiques de l'organisateur et du
communicant, se situent au niveau du cerveau limbique, appelé aussi
cerveau émotionnel. Respectivement, elles sont un atout pour le
contrôle des émotions, la fiabilité et la tendance à
rechercher les aspects pratiques pour l'un, et pour l'autre elles sont facteur
d'une facilité de contact, d'une touche d'émotivité et
d'une importance certaine accordée à l'intuition.
Enfin le stratège qui puise aussi ses
caractéristiques au niveau du cerveau cortical, offre à ce profil
des atouts indéniables pour développer une vue d'ensemble,
être attiré par la nouveauté et faire preuve de
créativité.
Chacun d'entre nous cumule ces quatre profils, mais comme pour
tout, il y en a un voir parfois plusieurs qui se partagent le podium, selon le
vécu, l'expérience, la situation, mais aussi les habitudes.
Pour bien comprendre sa relation aux autres, il est
nécessaire d'identifier le profil dominant chez son interlocuteur, en
tenant compte des circonstances. Les circonstances peuvent être
liées au type de travail qu'il faut accomplir. En fonction de la nature
de la tâche, un profil sera privilégié alternativement par
rapport à un autre. Le métier pratiqué est
également à prendre en compte, car en fonction du métier
exercé, les personnes vont avoir des préférences, qui
deviendront des habitudes. Il faut donc être vigilent à cela.
Notre culture, le milieu social dans lequel nous évoluons, le type de
structure et le secteur d'activité dans lequel nous exerçons
notre métier, sont autant de circonstances à analyser pour
définir le profil de son interlocuteur. D'autres éléments
peuvent avoir de l'importance, mais ils ne se dévoilent que très
rarement dans le monde de l'entreprise. Il s'agit des traits réels de
personnalité, ceux liés directement à la
spontanéité de la personne. Le monde professionnel incite de
manière générale à rester sur ses gardes, à
ne pas trop se dévoiler, à rentrer dans le moule, ce qui limite
énormément l'expression de ses sentiments intérieurs.
Les éléments fournis ici ne permettrons pas de
faire une analyse détaillée de notre interlocuteur, mais ils nous
donneront une idée générale de qui il est et de la
relation que l'on va entretenir avec lui, c'est-à-dire de la
façon dont nous allons nous entretenir avec lui, pour ne pas le
contrarier, en connaissant les caractéristiques principales de sa
personnalité, pour la situation donnée. Il ne va pas sans dire
qu'il existe des nuances au sein même de chaque profil, mais nous ne les
étudierons pas ici.
Voici un schéma récapitulatif des quatre profils
avec leurs caractéristiques et la partie du cerveau dans laquelle ils se
situent.48
« Mode de fonctionnement gauche > et « mode de
fonctionnement droit > sont une autre appellation pour désigner
respectivement la partie du cerveau gauche et du cerveau droit.
48 Source : Dominique Chalvin, Apprenez à
vous connaitre, p.53, ESF Editeur, 2010
31 | P a g e
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe9.png)
Nous avons tous eu un jour cette sensation ou nous la
ressentons quotidiennement au travail, de façon plus ou moins
marquée, que le contact s'avère être moins facile avec
certaines personnes, que nous nous sentons plus à l'aise en
présence d'autres. Cela s'explique par la rencontre de deux
systèmes (cortical et limbique), de deux profils appartenant ou non au
même système, qui auront des affinités, des points en
commun ou non, qui seront plutôt conciliants et ouverts d'esprit, ou au
contraire qui resteront bornés dans leur idée pensant qu'ils sont
les meilleurs et qu'ils ont raison.
Philippe Billet, PDG de Massy Plastique, affirme que « la
diversité est une force pour une entreprise ». Cela a
été dit dans un contexte particulier, celui de l'embauche de
personnel issu de l'immigration, néanmoins c'est une
vérité qui se démontre dans de nombreux cas et contextes
différents. Nous allons découvrir pourquoi cette
réalité peut être universelle.
Une relation entre deux cerveaux différents peut
être une source de zones de confort. En effet, « les
différences s'attirent » comme nous entendons souvent, pour la
simple raison qu'à travers nos différences nous nous enrichissons
mutuellement. Sur le plan professionnel cette situation pourrait être
considérée comme le berceau de l'innovation, où brassage
d'idées et mise en place de concepts, de projets, jusqu'à leur
réalisation, serait d'une efficacité redoutable. Cela est une
vision très optimiste, peut-être trop idéaliste, car des
zones d'inconfort peuvent aussi naitre d'une telle relation. Lorsqu'une telle
zone se déclare, les dégâts sont plus importants que s'il
s'agissait d'une relation entre deux
32 | P a g e
cerveaux semblables. En effet, imaginons une situation
où l'un souhaite suivre son intuition et l'autre un raisonnement logique
! La situation est impossible à gérer et de forts conflits
risquent d'éclater. Notons que des profils diamétralement
opposés (se référer au schéma ci-dessus si
nécessaire), engendrent des situations des plus complexes, car dans ce
cas, il n'y a aucune zone de confort envisageable. Il s'agit du contexte
où un organisateur est opposé à un stratège et
où un communicant s'oppose à un expert. Ces situations sont
à éviter au maximum, il en va du manager, du dirigeant de
connaitre assez bien ses collaborateurs, de comprendre sa relation avec eux,
afin de savoir de quel profil ils se rapprochent et de ne pas les placer dans
la même équipe.
Nous venons donc de comprendre les différents impacts
de deux cerveaux différents dans une relation. Attardons-nous à
présent sur le cas d'une rencontre entre deux cerveaux semblables. Sans
hésitation, nous pensons que l'entente sera parfaite car ces derniers
sont sur la même longueur d'onde. En effet, il suffit d'assembler deux
profils de stratège ensemble pour avoir des merveilles dans la situation
où il y a un problème à résoudre ! Leur
façon de penser est symétrique, identique, tous deux s'accordent,
car ils communiquent de la même façon. Ce sentiment de
sécurité leur donne de l'assurance et le résultat s'en
ressent. Cette situation peut sembler idyllique, mais soyons conscient que rien
n'est infaillible et que chaque médaille a son revers. Certains risques
émanent tout de même d'une telle situation. Une routine peut
s'installer, dans le sens où seule une méthode de
résolution de problème sera employée, l'approche sera
ainsi toujours identique. Cette situation n'offre que très peu de place
à la nouveauté, et des tensions risquent d'apparaitre si le
manager souhaite introduire un nouveau membre dans cette équipe. Dans un
environnement professionnel où la concurrence externe tout comme interne
est à son comble, des compétitions saines entre les
collaborateurs peuvent vite se transformer en rivalité selon les enjeux.
Le risque de cette rivalité est à prendre en considération
par les managers et dirigeants. Nous entendons fréquemment l'expression
« trop de ... tue le... », ici nous pourrions écrire «
trop de ressemblances tuent les avantages » ! En effet, accumuler les
avantages d'un même profil, suppose aussi en accumuler les
inconvénients ! Nous retrouverons dans ce cas des individus emprunts
d'un tel formalisme qu'ils vont entrer dans un conflit pour des détails
!
L'enjeu est ainsi très important pour les dirigeants et
les managers de savoir quels profils sont présents parmi leurs
collaborateurs, afin d'organiser les équipes. Cette capacité
passe par la connaissance des relations interpersonnelles comme vues ci-dessus.
Nous serions beaucoup trop réducteurs si nous en restions là. En
effet, la relation aux autres ne s'arrête pas qu'à la
compréhension de nos collaborateurs ; elle passe également par un
processus de confiance en soi et la mise en place d'objectifs.
2) La confiance en soi, un outil de réussite
L'acquisition d'assurance de soi s'acquiert à partir de
bases solides, c'est un cheminement indispensable pour chaque individu qui y
tend. Pour les managers et les dirigeants, la confiance en soi est un
véritable outil de réussite dans leur dite fonction. Un manager
qui a confiance en lui transmet une image d'assurance, comme si cette aura le
suivait, et c'est bien ce dont ont besoin ses collaborateurs. Un manager qui a
confiance en lui va automatiquement donner confiance à ses
collaborateurs, et sur le long terme cette assurance sera renforcée chez
chacun d'entre eux. Cela leur permettra d'évoluer positivement dans
l'entreprise. Ils auront alors le sentiment d'être à l'aise, de se
sentir écoutés, utiles, reconnus, et pourront ainsi satisfaire
leur besoin de réalisation personnelle.
33 | P a g e
D'après les us et les coutumes, d'après les
croyances populaires, il semblerait que pour s'imposer auprès de ses
collaborateurs il faille constamment prouver que nous sommes « le plus
fort, le plus intelligent et le meilleur ». Or dans son livre
Equi-management, vers une nouvelle écologie du
manager49, Evelyne Dentz prône le contraire. Elle affirme
« nous subissons tous cette pression sociale qui nous pousse à
croire qu'être à la hauteur de cette mission c'est d'être
plus performant que tous les autres. L'ultime développement personnel
à atteindre correspond à l'opposé. » Atteindre
l'opposé signifie alors transmettre nos connaissances à nos
collaborateurs pour leur permettre d'être aussi performants que nous, au
risque qu'ils gagnent du terrain, notre terrain ! Evelyne Dentz ajoute
« L'objectif du dirigeant n'est pas de conserver son
territoire mais de conquérir de nouvelles terres. Maintenir le cap,
faire vivre les fondamentaux et dans chaque décision montrer la
légitimité de l'intérêt général est le
rôle assigné du dirigeant, inépuisable et épuisant.
»
Je rejoins complètement son avis. Il faut prendre deux
aspects en compte : le développement personnel et professionnel du
dirigeant et du collaborateur, mais aussi l'environnement concurrentiel des
marchés. En termes de développement personnel et professionnel,
il est certain que le dirigeant ne peut pas tout faire, par manque de temps,
par manque d'énergie, par esprit d'équipe. Ramener tout à
soi, s'occuper de toutes les tâches, ne peut durer qu'un temps, et risque
de créer le vide autour de soi, en l'occurrence autour du dirigeant.
Pour éviter cette situation où le collaborateur se sentirait
inutile, transparent et par la même occasion démotivé, il
est important pour le dirigeant / manager, de lui apporter des strokes
positifs, qui sont ici des éléments pour se perfectionner, pour
grandir dans l'entreprise et atteindre le même niveau que lui. Le
collaborateur sera motivé, impliqué et gagnera en confiance en
lui et en assurance. Le manager / dirigeant sera, s'il est honnête avec
lui-même, soulagé de savoir qu'en cas de nécessité
il pourra compter sur son collaborateur. Cette situation est donc
bénéfique pour chacun des parties. Le second aspect concerne
l'environnement concurrentiel externe de l'entreprise. Comme
énoncé précédemment, un dirigeant / manager ne peut
pas tout faire, il doit aussi « conquérir de nouvelles terres
». Cette conquête de nouvelles terres, peut être comprise
à deux degrés différents. Dans le premier cas, il peut
s'agir par exemple de mettre en place une stratégie visant à
gagner des parts de marché, c'est-à-dire de partir à la
conquête de nouveaux marchés afin de conserver sa place de leader
sur le secteur d'activité. Cela impliquera que le dirigeant / manager
aura moins de temps à consacrer à ses activités «
habituelles ». Dans le deuxième cas, il peut s'agir simplement
d'une évolution interne à la société, où le
dirigeant / manager souhaite se recentrer uniquement des tâches de
gestion organisationnelle, laissant à ses collaborateurs la mise en
pratique de ces dernières. Rappelons que tout cela n'est possible que si
le dirigeant / manager et son / ses collaborateur(s) ont confiance en eux. Nous
venons à plusieurs reprises de paraphraser un élément
clé du manager d'aujourd'hui : la délégation. Qu'est
d'autre que de former ses collaborateurs dans le but de leur transmettre tout
notre savoir, toutes nos compétences et de leur ouvrir les portes pour
« empiéter » sur notre terrain ? Comprendre sa relation aux
autres, c'est aussi ça, savoir déléguer, « accepter
de tout donner aux autres, ses idées,
49 Evelyne Dentz, Equi-management, Pour une
nouvelle écologie du management, p.80, Les Presses du Management,
1995
34 | P a g e
tous les outils et toutes les formations pour qu'ils
deviennent meilleurs que vous »50, nous explique Evelyne Dentz.
A cela elle avance même qu' « atteindre cette part
d'abnégation, vous comprenez que cela signifie avoir encore la certitude
qu'il nous reste quelques ressources personnelles, cela je l'appelle confiance
en soi. »51 Associer la confiance en soi à la
délégation et inversement, laisse penser qu'il n'est pas
aisé de déléguer. Evelyne Dentz nous explique avec
sincérité, en relation avec son expérience personnelle que
« si l'on a jamais éprouvé de la souffrance en
déléguant c'est que l'on n'a jamais réellement
délégué. »52 Une fois cette vision
égocentrique et cette situation plaisante, confortable de tout
s'approprier, dépassée, nous devons tenir compte d'autrui. Autrui
est ici à considérer comme des clients ou des collaborateurs
externes à l'entreprise. Il faut en effet se mettre à leur place,
et comprendre leurs réactions, leur sentiment lorsque nous leur
annonçons que nous allons confier cette partie de notre travail à
un de nos collaborateurs, qui leur donnera autant satisfaction que nous, si ce
n'est plus. Dans un tel cas, Evelyne Dentz se livre à nous et nous
confie
« Déléguer est forcément difficile
car la vraie délégation demeure une délégation de
pouvoir. Sans doute faut-il se sentir utile autrement et disposer d'un minimum
d'assurance pour accepter que les autres vous prennent tout, y compris l'ultime
gratification morale : la satisfaction d'un client. »53
3) La mise en place d'objectifs
La confiance en soi du dirigeant, du manager, nous venons de
le voir est un outil de réussite pour lui-même et pour ses
collaborateurs. Cette assurance est également nécessaire pour
remplir une autre tâche de manager : le pilotage d'équipe.
Piloter une équipe, rôle essentiel du manager,
mais piloter une équipe sans mettre d'objectifs clairement en place,
nous amène tout droit à la catastrophe ! L'objectif est comme
l'essence pour un moteur de voiture, l'objectif est un stimulateur de
mouvement, d'actions. Les objectifs doivent néanmoins suivre une logique
commune, sans quoi chacun amènera et entassera ses objectifs personnels,
créant une situation contre-productive, ce qui n'est pas le but dans une
organisation. Une organisation a pour vocation que tous ses collaborateurs
avancent dans le même sens, à l'unisson, d'un seul et même
mouvement, d'où la nécessité pour le manager de mettre en
place des objectifs clairs, précis, compréhensibles et de les
faire accepter par son équipe. Le manager agit alors comme un
catalyseur, qui va organiser et suivre les actions afin d'atteindre le but
fixé au départ. Evelyne Dentz affirme à ce propos
qu'« il s'agit d'une forme de structuration de l'action qui canalise les
rapports de force et génère des résultats.
»54 Les objectifs doivent donc être communiqués de
façon claire et précise, être réalisables et non
fantaisistes, mais aussi mesurables, qu'il s'agisse d'objectifs quantitatifs et
qualitatifs. Rappelons que pour mesurer
50 Evelyne Dentz, Equi-management, Pour une
nouvelle écologie du management, p.81, Les Presses du Management,
1995
51 Evelyne Dentz, Equi-management, Pour une
nouvelle écologie du management, p.82, Les Presses du Management,
1995
52 Evelyne Dentz, Equi-management, Pour une
nouvelle écologie du management, p.82, Les Presses du Management,
1995
53 Evelyne Dentz, Equi-management, Pour une
nouvelle écologie du management, p.83, Les Presses du Management,
1995
54 Evelyne Dentz, Equi-management, Pour une
nouvelle écologie du management, p.89, Les Presses du Management,
1995
35 | P a g e
la qualité des outils existent comme par exemple le
diagramme d'Ishikawa, diagramme de Pareto, histogrammes d'erreurs, etc. Une
collaboration forte entre manager et collaborateurs est de mise, afin de
déterminer ensemble les critères de mesure précis
permettant de juger si l'objectif est atteint ou non. Il est également
utile d'expliquer aux collaborateurs quelles sont les bases de départ,
et la finalité attendue. Cela évite les déceptions et les
erreurs grossières. Demandez à un collaborateur de
réaliser une tâche en lui donnant des explications floues,
superficielles, et vous aurez un résultat identique à la
façon dont la demande aura été formulée. Pour se
donner toutes les chances d'atteindre ce ou ces objectifs fixés, le
manager ne doit pas craindre de se répéter, c'est-à-dire
à dire de revenir sur les éléments clés visant
à faire aboutir les dits objectifs. « Le rappel
persévérant des objectifs est une loi de la communication
d'entreprise. »55 nous rappelle Evelyne Dentz. Pour illustrer
son propos, je lui emprunte une anecdote qu'elle cite dans son livre
Equi-management, vers une nouvelle écologie du Manager.
« J'ai fait preuve d'une certaine application à
instaurer dans mon entreprise le précepte du rappel de l'objectif et
notamment avec ma collaboratrice la plus proche. Un jour où elle avait
pour mission de former une nouvelle secrétaire, je la surpris à
expliquer « tu ne dois jamais perdre de vue que ta mission est d'aider les
consultants à atteindre leurs objectifs. Tu n'es pas ici pour faire du
secrétariat pour du secrétariat ! »56
Nous nous rendons vraiment compte, avec cet exemple concret,
de l'importance de la mise en place d'objectifs et de leur rappel. Cela permet
de légitimer la présence d'un collaborateur, du personnel de
l'organisation, et leur fait état de leur utilité en tant que
personne, en tant qu'eux-mêmes, au sein de l'entreprise et de leur
importance aux yeux de leurs collaborateurs. Cette relation à l'autre
est un moyen de s'accomplir, de se réaliser, atteignant ainsi le besoin
le plus élevé de la pyramide d'Abraham Maslow : la
réalisation de soi (self-actualization).
B. Gérer sa relation aux autres
Nous détenons à présent les bases pour
comprendre les autres, indispensables pour gérer et améliorer
cette relation à autrui. Pour arriver à cela, il nous est aussi
nécessaire de savoir comment nous communiquons, comment fonctionnent les
relations hiérarchiques et la façon dont nous pouvons
gérer nos carences respectives.
1) Notre communication
De prime abord, nous avons tendance à dire, ce qui
n'est pas faux, dans l'absolu, qu'il faut un émetteur et un
récepteur, puis un message transmis entre eux par des canaux. Cette
vision des choses, très archaïque, est tout à fait valable,
mais trop simpliste à notre niveau. Pour corser un peu plus les choses,
disons plutôt, selon l'Analyse Transactionnelle, que lorsque deux
personnes se rencontrent elles échangent un message grâce à
des transactions. Cet échange entre les Etats du Moi de deux personnes
peut être verbal comme non-verbal. Nous faisons ainsi à nouveau
appel à l'AT.
55 Evelyne Dentz, Equi-management, Pour une
nouvelle écologie du management, p.90, Les Presses du Management,
1995
56 Evelyne Dentz, Equi-management, Pour une
nouvelle écologie du management, p.90 - 91, Les Presses du
Management, 1995
36 | P a g e
Nous verrons qu'en fonction de la transaction que nous
émettons, nous invitons et conditionnons l'autre à y
répondre d'une certaine façon.
Reprenons les exemples donnés par René de Lassus
dans son livre L'Analyse Transactionnelle57.
« Quelle heure est-il ? » - « Quinze heure dix.
» : voici un exemple de transaction entre deux Etats du Moi Adulte de deux
personnes.
« Quels incapables ces politiciens ! » - « Ouais !
Vous avez vu comment ils ont réglé le problème des...
» : voici un exemple de transaction entre deux Etats du Moi Parent
Normatif dans leur fonction Critique de deux personnes. « J'ai envie
d'aller me promener. » - « Moi aussi, allons-y. » : voici un
exemple de transaction entre les Etats du Moi Enfant de deux personnes.
« Viens ici ! » - « Oui j'arrive. » :
voici un exemple de transaction entre un Etat du Moi Adulte et un Etat du Moi
Enfant.
« Tu as mal fait ce travail » - « Tu aurais pu
m'aider » : voici un exemple de transaction entre un Etat du Moi Parent et
un Etat du Moi Enfant.
Ces cinq transactions sont des transactions parallèles,
pour les quatre premières et croisée pour la dernière. Ce
type d'échange est direct, clair et sans ambigüité.
Des situations peuvent se présenter durant lesquelles
les transactions deviennent floues et ambiguës ; il s'agit alors de
transaction à double fond. Ces échanges ont souvent un sens
caché, subliminal. Il y a donc un décalage entre ce qui est dit
et ce qui est pensé. Nous distinguons ainsi deux niveaux : le niveau
social (ce qui est dit) et le niveau psychologique (ce qui est pensé,
sous-entendu). Ce type de comportement est très fréquent entre
les individus. L'AT nomme cela les « jeux psychologiques », dont
voici deux exemples empruntés à René de Lassus, de son
livre précité.
Niveau social (ce qu'il se dit)
1ère personne : « Je crains que ce ne soit trop cher
pour vous.
Ou « Voulez-vous voir ma collection de disques ? »
Réponse de la 2ème personne : « Je
vais tout de même le prendre ! »
Ou « Avec plaisir, j'adore la musique ! »
Niveau psychologique (ce qui est sous-entendu)
1ère personne : « T'as l'air bien trop fauché
pour te payer ça ! »
Ou « Viens flirter chez moi ! »
Réponse de la 2ème personne : «
Qu'est-ce qu'il se croit celui-là ! »
Ou « D'accord. Moi aussi j'en ai envie. »
Deux règles se déduisent donc de tous ces
exemples. Les transactions parallèles, c'est-à-dire entre deux
Etats du Moi identiques de deux personnes différentes, peuvent durer
indéfiniment. Et les transactions croisées, c'est-à-dire
entre deux Etats du moi différents de deux individus différents
débouchent sur une rupture.
57René de Lassus, L'Analyse
Transactionnelle, p. 71 à 75, Marabout, 1991
37 | P a g e
Notons simplement que ces transactions peuvent se partager en
transactions positives et négatives. Celles-ci se subdivisent encore en
sept autres transactions classées parmi les plus fréquentes,
quatre transactions positives et trois négatives, sur la base de
transactions ok - ok c'est-à-dire je suis ok - tu es ok, et de
transactions ok - non ok c'est-à-dire je suis ok et tu n'es pas ok. Nous
n'aborderons pas cela dans cette thèse, car les éléments
ci-dessus me paraissent suffisants pour partager mes idées et mes points
de vue.
Dirigeants, managers, collaborateurs, personnel de
l'organisation, sont ainsi quotidiennement confrontés à ces types
de transactions. Il est nécessaire pour chacun d'analyser rapidement ces
transactions, et peu importe le message de l'échange, conserver un
comportement assertif afin de ne pas envenimer la situation. Ce comportement
assertif peut se traduire par l'utilisation de son Moi Adulte pour poursuivre
l'échange, notamment dans le cas où l'individu se sentirait
agressé, lésé, insulté ou rabaissé. Cette
attitude assertive permettra de ne pas trop endommager les relations
interpersonnelles, quelle que soit la relation hiérarchique entre les
individus.
2) Les relations hiérarchiques : le manager face
à son N+1
Nous nous intéresserons ici aux relations
hiérarchiques entre le manager et sa hiérarchie,
c'est-à-dire avec l'équipe de Direction. Ces relations
impliquent, comme dans tout type d'échange, qu'à un moment
donné une des parties, voir les deux, se trouvent face à des
difficultés spécifiques à leur position.
Il est de rigueur de dire qu'un manager doit assumer
« Ses responsabilités aux quatre points cardinaux
: le management au sud c'est-à-dire la gestion de la relation avec ses
collaborateurs et son équipe, mais également aux trois autres
points cardinaux. Au nord, dans la relation avec sa hiérarchie, à
l'est et à l'ouest, dans ses relations transversales, en particulier
dans un rôle de manager hors hiérarchie et non plus en tant que
responsable hiérarchique. »58
Nous ne nous intéresserons ici qu'au management du
nord, nous aborderons le sujet de la relation du manager / dirigeant avec ses
collaborateurs au prochain point. Le management de l'est et de l'ouest ne
rentrent pas ici dans notre sous-partie, car il s'agit de management
transversal, sans lien hiérarchique apparent. Un tableau
récapitulatif sera visible à la fin de cette sous-partie, afin de
distinguer les différences entre ces différents managements de
points cardinaux et responsabilités inhérentes.
Le manager et sa hiérarchie, l'équipe de
Direction, doivent se trouver dans une relation claire, une relation
d'échanges. Cette situation suppose donc que le manager sois à
même de gérer sa relation vis-à-vis de l'équipe de
Direction, en sachant se positionner face à son N+1 et en étant
capable de développer sa maturité relationnelle. Se positionner
face à son N+1 signifie avoir conscience de son degré de
maturité relationnelle.
58 Anne Launay & Jean-Pierre Testa
L'intelligence managériale, p.169, ESF Editeur, 2011
38 | P a g e
Stephen R. Covey, a employé quatre intentions dans la
relation59 pour illustrer les différents niveaux de
maturité relationnelle, que nous allons énumérer :
· Perdant - gagnant : dans cette situation le manager va
porter plus son attention sur les besoins et les intérêts de sa
hiérarchie que sur les siens
· Gagnant - perdant : dans cette situation c'est le
contraire, le manager va s'intéresser d'abord à ses besoins et
à ses intérêts, laissant ceux de sa hiérarchie
quelque peu de côté
· Gagnant : le manager ne tiendra compte que de ses
intérêts et de ses besoins, sans s'attarder sur ceux de ses
supérieurs
· Gagnant - gagnant : les intérêts et les
besoins de chacune des deux parties seront pris en considération par le
manager
Dans la situation perdant - gagnant, le manager est soumis
à une forme de dépendance, dans le sens où il attend un
signe de sa hiérarchie avant d'agir. Le manager est ici incapable de
prendre des initiatives. Seule une forte stimulation le fera agir.
Dans le cas gagnant - perdant, le manager est
contre-dépendant. Dans cette situation de malaise, le manager tient une
position constamment opposée à sa hiérarchie, lui
reprochant aucun soutien, aucune clarté d'organisation, mais de son
côté il n'est pas non plus force de proposition.
Dans le paradigme gagnant, le manager est indépendant.
Cela se traduit par une attitude limite désinvolte, dans le sens
où il agit comme s'il était seul à prendre les
décisions, comme s'il était patron de son entreprise. Il ne tient
aucunement compte des directives, attentes, besoins et intérêts de
sa hiérarchie.
Une situation gagnant - gagnant suppose une participation
active du manager. Il est interdépendant. Il prend des initiatives,
émet des propositions et analyse son environnement avant de
décider et d'agir.
Il ne va pas sans dire que la situation de maturité
relationnelle est celle d'interdépendance. Développer sa
maturité relationnelle permettra au manager d'entretenir de meilleures
relations avec ses supérieurs hiérarchiques et de mieux la
gérer sur le long terme. Le manager, pour sortir de ces situations
inconfortables, doit s'habituer à penser « NOUS », et pour ce
faire il est nécessaire de trouver un juste milieu entre le « JE
» et le « VOUS », respectivement il faut que le « JE »
s'adapte pour entrer dans une relation de co-construction, et que le «
VOUS » se transforme en prises d'initiatives de la part du manager. La
situation de contre-dépendance peut s'améliorer si le manager
accepte de tenir compte et ainsi de comprendre l'objectif de sa Direction et
s'implique dans l'organisation.
Pour qu'une relation durable s'instaure entre le manager et
ses supérieurs hiérarchiques, il est indispensable que les
besoins soient clarifiés dès le début de la relation, pour
éviter des problèmes relationnels pouvant provenir d'une mauvaise
adéquation entre le degré d'autonomie professionnelle du manager
et le style de management employé par sa hiérarchie. Deux besoins
sont fréquents notamment lorsque l'on entame une nouvelle
carrière dans une nouvelle entreprise. Le manager a certes son bagage
professionnel derrière lui, a certes de nombreuses années
d'expérience et le savoir, savoir-faire, savoir-
59 Stephen R. Covey, Les 7 habitudes des gens qui
réalisent tout ce qu'ils entreprennent, Editeur First, 2005
39 | P a g e
être et savoir-évoluer nécessaires pour
occuper les fonctions de ce poste, mais il faut être conscient, qu'en
étant nouveau dans une entreprise, même un manager
expérimenté est un manager débutant. Je souhaite
préciser que le terme de « débutant » n'est nullement
utilisé de façon péjorative. Il symbolise simplement le
niveau du manager dans CETTE entreprise le jour de la prise de ses fonctions.
Cette situation faire généralement naître deux types de
besoins : le besoin d'être managé, aussi étonnant que cela
puisse paraitre, et le besoin d'être aidé.
Chaque individu est différent lorsqu'il change de
milieu, lorsqu'il découvre un nouvel environnement, ainsi sa
capacité d'adaptation sera plus ou moins rapide, de même que sa
capacité à maitriser les nouveaux aspects qui l'entourent, ce qui
aura un impact sur son autonomie sur une mission ou dans la prise de
décisions. Il attendra donc de la part de sa hiérarchie un style
de management en accord avec sa situation et il sera amené à
demander de l'aide ou des conseils à ses supérieurs dans sa
recherche de solutions face à une situation soulevant un
problème.
Ces premières étapes sont primordiales pour
pouvoir espérer une relation saine sur le long terme, mais pour
contribuer à cette réussite, le manager doit être capable
de gérer efficacement les relations avec son N+1. Il est donc
nécessaire que le manager fasse état à son
supérieur s'il y a un problème, une incompréhension, une
inadéquation entre la façon dont il est managé et son
autonomie professionnelle, etc.
Pour que cette relation nouvellement née perdure, trois
éléments sont à garder à l'esprit. Il est important
d'apporter un feed-back à son supérieur hiérarchique. Le
feed-back permet d'énoncer des éléments négatifs,
comme des besoins non satisfaits, par exemple. Une méthode simple est la
méthode DESC60. Il s'agit de Décrire la situation,
d'Exprimer le problème inhérent à cette situation, de
Solutionner, c'est-à-dire que le manager proposera des solutions
à son supérieur, et enfin d'expliquer à son N+1 les
Conséquences apportées par les solutions fraichement
proposées. Le second élément dont il faut faire usage, est
la définition de la relation entre les deux parties, en termes
d'autonomie souhaitée, de communication, de reporting, etc. Le
troisième et dernier élément, non pas des moindres,
concerne l'adaptation du manager au style de management de son supérieur
hiérarchique.
Nous venons de découvrir les aspects inhérents
aux relations entre le manager et son supérieur hiérarchique,
dans le cadre d'un management hiérarchique. Les autres types de
management, de projet et transversal, ne nous intéressent pas dans cette
thèse, mais voici simplement un tableau61, comme outil de
comparaison, résumant les spécificités de chaque mode de
management, afin d'en repérer les différences majeures.
60 Anne Launay & Jean-Pierre Testa
L'intelligence managériale, p.177, ESF Editeur, 2011
61 Anne Launay & Jean-Pierre Testa
L'intelligence managériale, p.169, ESF Editeur, 2011
40 | P a g e
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe10.png)
3) Les relations hiérarchiques : le manager face
à ses collaborateurs
Les relations entre le manager et ses collaborateurs
présentent des similitudes avec les relations entre le manager et ses
collaborateurs. La différence fondamentale réside
néanmoins dans le fait que le manager, contrairement à son
supérieur hiérarchique, a pour fonction de supporter ses
collaborateurs, dans le sens de coacher, mais aussi de veiller et d'encourager
à la cohésion d'équipe. Nous développerons ces
points dans la dernière partie de cette thèse.
Les managers, pour être efficaces face à leurs
collaborateurs, doivent développer des comportements managériaux
efficients. Après avoir clarifié leurs besoins avec leur
supérieur hiérarchique, et assouvi ces besoins, les managers ont
pu développer leur maturité relationnelle ainsi que leur
autonomie professionnelle. Forts de ces compétences, ils sont capables
de d'encourager leurs collaborateurs à faire de même. Cela passe,
rappelons-le, par une adaptation de leur comportement, de leur style de
management, aux caractéristiques de leurs collaborateurs, par la
transmission de feed-backs, outil intéressant de progression
générale, mais aussi en tenant compte des motivations
individuelles, des besoins et intérêts de chacun, sans oublier de
déléguer progressivement quand le moment est propice.
Des outils ont été mis en place afin d'aider le
manager, de lui fournir des repères pour comprendre ses comportements
managériaux et pour les adapter au mieux aux caractéristiques
individuelles de ses collaborateurs. Nous présenterons ici la typologie
de Cegos et les niveaux logiques de Robert Dilts.62
62 Anne Lautay & Jean-Pierre Testa,
L'intelligence managériale, p. 76, ESF Editeur, 2011 (pour la
typologie de Cegos, les auteurs ont trouvé leur source dans le livre
Les nouveaux styles de management, écrit par Jean-Louis
Muller)
41 | P a g e
Cette typologie de Cegos se construit à partir de deux
dimensions. Ces deux critères sont des notions que le manager doit
intégrer simultanément dans son comportement avec ses
collaborateurs pour être compétent. L'engagement vers les
résultats et coopérations sont donc deux éléments
fondamentaux au bon déroulement de ces relations. Le tableau suivant en
reprend les spécificités. 63
Engagement
|
|
Coopération
|
Mission, contributions, activités et tâches
|
|
Ambiance, esprit d'équipe et sentiment
d'appartenance
|
Techniques, processus et procédures
|
|
Prise en compte des remarques et suggestion du personnel
|
Qualité perçue par les clients internes
externes
|
et
|
Actualisation et développement des
compétences
|
Productivité et optimisation des coûts
|
|
Conditions matérielles et psychologiques du
travail
|
Organisation et gestion
|
|
Information et synergies
|
Contribution aux progrès
|
|
Motivation et implication
|
Préservation et consolidation des valeurs
ajoutées
|
/
|
Nous retrouvons dans ce tableau récapitulatif des
notions dont nous avons fait état précédemment, comme par
exemple la connaissance des besoins des individus, la mise en place
d'objectifs, la confiance en soi, la nécessité de feed-back, etc.
Cela nous montre bien qu'il est impératif de suivre une démarche
de l'intérieur vers l'extérieur pour remplir son rôle de
manager d'une manière efficace.
Ci-dessous la typologie de Cegos des styles de management,
aussi appelée cartographie des styles de management.64
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe11.png)
63 Anne Launay & Jean-Pierre Testa
L'intelligence managériale, p.76, ESF Editeur, 2011
64 Anne Launay & Jean-Pierre Testa
L'intelligence managériale, p.76, ESF Editeur, 2011
42 | P a g e
L'axe vertical correspond à l'engagement et l'axe
horizontal à la coopération.
La place de la « bulle » par rapport à l'axe
vertical indique le degré d'implication du manager dans ses actions.
Vers le haut, le manager aura un degré d'implication personnelle
élevé, et au contraire, vers le bas, le manager s'effacera plus,
laissant de l'autonomie à ses collaborateurs.
La place de la « bulle » par rapport à l'axe
horizontale renseigne sur le degré de coopération du manager avec
ses collaborateurs. Vers la gauche, le manager sera très
procédurier, et traitera les problèmes individuellement avec
chacun de ses collaborateurs. A l'opposé, une « bulle » vers
la droite, illustrera un manager qui communique et recherche la
coopération de chacun, l'émergence d'idées communes et la
cohésion d'équipe.
Il faut garder à l'esprit, que pour qu'un style de
mangement soit efficace, il doit être adapté à la situation
du moment présent. Il se peut que le lendemain, le manager doivent
adopter un tout autre style de management en raison d'un imprévu, d'un
impondérable, et ce jusqu'à ce que la situation redevienne «
normale ». De manière générale, il est important que
le manager trouve un juste milieu entre l'engagement et la coopération.
Il doit toujours penser à l'impact financier de ses décisions,
ainsi qu'aux conséquences sur le personnel de l'organisation, sur ses
collaborateurs, mais également au stress que telle décision lui
apportera.
Dans le cas où le manager se rend compte que son style
de management ne porte pas ses fruits, ou pire, que ses effets sont contraires
à ce qu'il envisageait, il est important de changer très
rapidement de cap. Cela consiste en la première action à
entreprendre, mais ce n'est pas tout. Il est aussi fondamental de comprendre
les raisons de cet échec. Robert Dilts a imaginé une pyramide
illustrant cinq niveaux logiques65, pour expliquer ces
déconvenues.
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe12.png)
65 Anne Launay & Jean-Pierre Testa
L'intelligence managériale, p.77, ESF Editeur, 2011
43 | P a g e
Ce modèle, suit notre logique, il permet de
révéler les comportements du manager de l'intérieur vers
l'extérieur.
Commençons donc avec l'aspect spirituel, qui permet au
manager d'identifier le sens qu'il donne à sa vie professionnelle, par
des questionnements intérieurs tels : que représente pour moi la
réussite professionnelle ? À partir de quel moment, de quels
éléments considèrerai-je que j'ai réussi ?
L'identité s'apparente ici à l'identité
professionnelle. Il s'agit par exemple de la fonction, du poste occupé,
du nom de l'entreprise, etc.
Les croyances et les valeurs font référence aux
opinions, aux appréciations que le manager porte sur les autres, sur le
monde, mais également aux éléments qui incitent ses
comportements.
La capacité englobe les compétences, les
aptitudes inhérentes au manager, desquelles il a conscience. Il peut
ainsi s'agir du savoir, du savoir-faire, du savoir-être, et du
savoir-évoluer.
Le comportement fait appel à ce qui est observable.
Cela concerne donc autant ce que le manager dit ou fait, que ce qu'il ne dit
pas ou ne fait pas.
L'environnement représente les éléments
qui interagissent avec le manager. Il est composé des différents
interlocuteurs internes et externes, tout comme de facteurs matériels et
immatériels.
Rédigeons à présent un exemple pouvant
illustrer ce modèle en partant de l'intérieur vers
l'extérieur :
« Mon objectif est d'aider mes collaborateurs à
être performants (spiritualité). J'occupe le poste de manager dans
l'entreprise x (identité). Je crois en les compétences de mes
collaborateurs (croyances) et je respecte leurs besoins respectifs (valeurs).
Je suis à même de rendre mes collaborateurs plus autonomes et de
les aider à gagner en maturité relationnelle (capacité).
J'organise des réunions de brainstorming pour connaître leurs
idées et favoriser le travail en équipe (comportement). Tout cela
a permis à mes collaborateurs d'être plus autonomes et confiants,
ils s'occupent donc de nouvelles missions (environnement). »
Ainsi, pour adopter un comportement managérial
efficace, le manager doit partir de son intérieur vers
l'extérieur, passant par ces différentes étapes de
connaissance de soi. Nous retrouvons ici tout l'intérêt de se
connaitre soi-même pour pouvoir manager une équipe
efficacement.
C. Un management adapté et adaptable
Le manager, face à ces différentes situations,
doit souvent changer son fusil d'épaule, tout en gardant une ligne de
conduite cohérente. Chaque manager dispose aujourd'hui de son propre
style de management, inspiré néanmoins de grandes
théories. Nous nous pencherons sur les quatre principaux styles de
management puis nous étudierons les nouvelles fonctions du manager.
44 | P a g e
1) Du management directif au management persuasif
Le style directif rentre parfaitement dans ce que l'on appelle
l'OST, Organisation Scientifique du Travail. Il repose sur la division du
travail, sur la productivité et sur l'unité de commandement
hiérarchique. Nous devons l'OST à des théoriciens tels
Taylor et Fayol en France.
Le style directif est employé dans une situation
managériale où le collaborateur ne sait pas et ne veut pas
travailler. Ce type de management à adopter face à un
collaborateur qui manque d'assurance face à une tâche à
accomplir (peur de ne pas être à la hauteur, peur de perdre le
client, peur de ne pas être fait pour le poste). L'objectif est de
relativiser, de nuancer le regard du collaborateur sur son appréhension
de la situation. Il ne s'agit pas de plaindre le collaborateur ou de pleurer
sur son sort. Il faudra que le manager se questionne sur l'aide à lui
apporter, mais aussi sur les moyens et pratiques à mettre en oeuvre pour
dépasser ce sentiment de peur et ce manque de confiance en lui.
Le manager peut proposer au collaborateur un apprentissage
portant sur l'acquisition de connaissances (savoirs), de compétences
techniques (savoir-faire) et comportementales (savoir-être).
L'apprentissage du savoir peut se faire à travers des
supports écrits sur les caractéristiques du produit, un dessin,
ou un graphe...
Le savoir-faire peut s'acquérir à travers la
présentation du cadre de l'action suivant la chronologie des
différentes procédures qui doivent être maitrisées.
Egalement par la visualisation de manière globale des actions devant
être entreprises par le collaborateur. De même que le manager doit
réaliser l'action devant le collaborateur non seulement pour lui montrer
que c'est réalisable mais aussi pour favoriser la
modélisation.
L'apprentissage du savoir être est l'axe le plus
difficile à mettre en oeuvre car il renvoie à la confiance en
soi. Il peut passer par des séminaires de développement personnel
ou de coaching.
Le manager doit ainsi garder à l'esprit que le
management directif permet au collaborateur de reconnaître et d'accepter
un sentiment (généralement de peur), de lui faire exprimer ce
sentiment et les conditions à mettre en oeuvre pour qu'il puisse le
dépasser. Le management directif trouve aussi son utilité quand
il s'agit de décrire les comportements et procédures permettant
la réalisation de certaines tâches par le fait de montrer
l'exemple en accomplissant la tâche devant le collaborateur. Le manager
peut ainsi la lui faire faire sous contrôle jusqu'à ce que le
geste juste soit intégré. Des rendezvous fréquents peuvent
également être planifiés pour valider l'apprentissage et
valoriser les efforts et la réussite ainsi que la qualité du
travail réalisé.
Le point commun entre le management directif et le management
persuasif est le suivant : le collaborateur ne veut pas travailler. La
différence fondamentale est que ce dernier est compétent.
Il s'agit ainsi d'identifier la raison de ce refus afin
d'apporter la réponse appropriée. La cause peut être dans
l'action proprement dite dont la personne n'accède pas ou ne partage pas
la logique mais elle peut être totalement extérieure à
l'action pour un problème de forme. L'intervention du manager doit
être rapide. Il doit provoquer un échange avec le collaborateur en
le centrant sur la finalité de l'engagement demandé. Le
45 | P a g e
collaborateur doit comprendre l'intérêt de
l'action voire la nécessité de la mettre en oeuvre. Très
souvent, la non motivation ne trouve pas sa source dans l'action proprement
dite mais dans la manière dont cette action a été
amenée et présentée. Cette frustration a
généré des comportements rebelles significatifs d'un cycle
de résistance. Le meilleur moyen pour favoriser l'expression et
l'évacuation du ressentiment est que le manager commence par faire
valoir sa vulnérabilité, qu'il reconnaisse sa maladresse, son
erreur, sa précipitation. Le blocage trouvait certainement sa source
dans un problème de forme et non de fond. Il importe que le manager
assume ses responsabilités.
Ainsi, les pratiques du management persuasif consistent
à repérer les comportements défensifs, à en prendre
la responsabilité, à en faire exprimer les ressentiments et
à trouver un terrain d'entente pour atteindre l'objectif.
Nous avons vu, au cours de cette thèse
différents outils et moyens pour suivre de telles pratiques
managériales. Nous pouvons à présent mettre un nom sur le
style de management faisant appel à ces outils.
2) Du management participatif au management
délégatif
Le mode participatif est apparu lorsque des études ont
prouvé que la prise en compte du salarié en tant que « sujet
psychologique » renforçait la motivation de ce dernier et
permettait une meilleure rentabilité économique à
l'entreprise. Notons tout de même que le modèle participatif est
arrivé en réaction au style directif, qui ne prenait pas assez en
compte l'aspect humain des salariés. Le management participatif a ainsi
amené une touche d'humanisme dans les organisations.
Le management participatif s'emploie donc dans une situation
où le collaborateur cherche à apprendre, à progresser,
à acquérir de nouveaux savoirs, et savoir-faire. Le succès
de la résolution d'un problème dépendra de la bonne
formulation du cadre de l'objectif à traiter et de la décision
à prendre.
Il existe différentes techniques permettant au manager
d'associer le collaborateur au processus d'apprentissage. Cela peut passer par
la présentation de toutes les manières de réaliser une
action en variant les comportements et pratiques habituelles, par la
détection et l'élimination des comportements inadéquats
mais aussi en expliquant au collaborateur les pratiques attendues et les
pratiques mises en oeuvre dans d'autres situations, dont on a pu
apprécier les résultats positifs.
Dans le cadre d'un apprentissage nouveau, le manager gagnera
à segmenter l'objectif en étapes intermédiaires qui
deviennent des objectifs à part entière. Cette parcellisation
permettra de réaliser l'ampleur de l'apprentissage et de favoriser le
maintien de la motivation du collaborateur. Cet apprentissage se
réalisera par l'approche successive des procédures et des
comportements à mettre en oeuvre.
Pour résumer, nous pouvons dire que la pratique du
management participatif consiste à définir l'objectif, à
valider la compréhension et obtenir l'accord du collaborateur, à
lui demander la manière et les moyens qu'il compte mettre en oeuvre et
à définir un plan d'action. Un rendez-vous de validation pourra
être planifié, il permettra autant à valider les actions
entreprises qu'à valoriser le collaborateur.
46 | P a g e
Notons que le management participatif s'identifie au contexte
du coaching, conduisant le coach à faire émerger chez son
interlocuteur les solutions, les pratiques lui permettant d'exprimer son
potentiel pour atteindre ses objectifs.
Lorsque le collaborateur devient autonome professionnellement,
et qu'il a acquis cette maturité relationnelle, il peut être
envisageable de passer à un autre style de management : le management
délégatif.
Déléguer une action, c'est responsabiliser un
collaborateur. C'est effectuer un transfert de pouvoir de prise de
décision. La délégation ne porte pas sur des tâches
d'exécution, mais sur une délégation d'un « morceau
» de pouvoir.
La délégation est un contrat de résultat
et non de moyen. Le collaborateur s'engage sur un résultat à
atteindre conformément à certains critères
prédéfinis, les moyens mis en oeuvre lui appartiennent. La
délégation renvoie à la notion de responsabilisation et de
résultat. L'exécution correspond à une logique
d'obéissance et de moyens.
Nous pouvons donc considérer que la pratique du
management délégatif consiste pour le manager à : donner
la finalité attendue au collaborateur, à faire valoir le
résultat attendu, à lui en préciser le cahier des charges.
Le manager devra également définir les critères de
résultat et planifier un rendez-vous pour validation du résultat,
durant lequel il exprimera sa confiance dans son collaborateur.
Il ne s'agit pas de définir les moyens, les
procédures ni les comportements conduisant au résultat mais de
d'énoncer au collaborateur les éventuelles contraintes, comme des
consignes de sécurité par exemple.
Le véritable rôle du manager est donc de donner
aux collaborateurs l'envie de faire mieux et de créer un environnement
de travail qui leur permet de se dépasser. Les meilleurs managers font
le maximum pour supprimer les obstacles qui empêchent leurs
collaborateurs de faire leur travail. Ils s'organisent pour obtenir les
ressources et la formation dont ceux-ci ont besoin pour être efficaces et
plus performants. Cette évolution constante des besoins, des attentes et
des volontés au sein des organisations a attribué de nouvelles
fonctions aux managers.
3) Les nouvelles fonctions du manager
Notons que traditionnellement, le manager doit remplir 4
fonctions qui sont de planifier, d'organiser, de diriger et de
contrôler.
Aujourd'hui, cela a évolué, de nouvelles fonctions
lui incombent.
La première est de donner de l'énergie. En
effet, les managers d'aujourd'hui jouent un rôle de catalyseur.
Lorsqu'ils veulent voir quelque chose arriver, ils savent le déclencher.
La plus importante qualité du manager est la capacité à
inspirer les autres. Il doit être l'étincelle qui enflamme les
esprits, il doit représenter les efforts pour créer une
société vraiment performante. Un bon manager crée
davantage d'énergie qu'il n'en consomme. Au lieu d'utiliser
l'énergie de la société, il la canalise et l'amplifie.
Dans toutes ses interactions, il recueille l'énergie naturelle de ses
collaborateurs et la développe de sorte que ceux-ci en aient davantage
qu'au début de l'interaction. Le management devient un processus de
transmission de la passion que le manager a pour la société sous
une forme que les collaborateurs comprennent et apprécient. Ceux-ci
deviennent donc tout aussi passionnés
47 | P a g e
que lui et il lui suffit de laisser leur énergie agir.
Un manager efficace crée une vision attrayante, celle d'une
société qui donne envie d'être le plus performant
possible.
La seconde fonction est de pratiquer l'empowerment.
Contrairement à ce que disent certaines rumeurs, l'empowerment ne va pas
à l'encontre du management. C'est un autre mode de management. Le
manager continue à créer une vision, à fixer des objectifs
et à déterminer des valeurs communes. Mais il doit établir
une infrastructure, une formation, qui va dans le sens de l'empowerment.
Même si tous les collaborateurs ne sont pas intéressés par
ce concept, le manager doit fournir un environnement favorable à ceux
qui souhaitent mettre leur créativité et leur expertise
personnelles au service de la société. Un bon manager permet
à ses collaborateurs de faire du bon travail. C'est une fonction vitale
du management, car même les meilleurs managers ne peuvent pas tout faire
eux-mêmes. Pour atteindre les objectifs de la société, ils
sont tributaires des compétences de leurs collaborateurs. Le management
efficace consiste donc à optimiser les efforts de tous les membres d'une
équipe en les orientant vers un but commun. Nous développerons
davantage cette notion dans la troisième partie de cette
thèse.
La troisième nouvelle fonction du manager est de
soutenir. Pendant longtemps, le rôle du manager a consisté
à donner des ordres, à s'assurer qu'ils étaient
respectés et à rendre les autres responsables de tout manquement.
Mais ce rôle a bien évolué. Le manager n'est plus un chien
de garde, un officier de police ni un bourreau. Pour les collaborateurs, il
s'agit davantage d'un coach, d'un collègue ou d'un mentor. La principale
préoccupation du manager d'aujourd'hui est de créer un
environnement de travail positif, dans lequel chaque individu se sentira
valorisé et sera plus productif. Pour favoriser un environnement
positif, il faut favoriser l'esprit d'ouverture à tous les niveaux de la
société. Les collaborateurs doivent pouvoir faire part de leurs
idées et de leurs préoccupations, ils doivent même y
être encouragés. Dans un environnement ouvert, tout individu se
sent libre de s'exprimer, sans craindre de sanction. Les managers doivent
également se soutenir mutuellement. Les rivalités entre services
n'ont plus leur place dans la société moderne. Les entreprises ne
peuvent plus se permettre d'entretenir ces comportements dysfonctionnels. Tous
les membres d'une société du sommet au bas de l'échelle
doivent comprendre qu'ils jouent dans la même équipe.
La quatrième et dernière principale nouvelle
fonction du manger est de communiquer autant avec la Direction qu'avec ses
collaborateurs. La communication est sans doute le moteur de toute
société. Les managers qui ne communiquent pas efficacement
négligent l'un des rôles essentiels du management car la
communication est la fonction clé du manager. L'information est le
fondement du pouvoir, et à une époque où tout
s'accélère, elle doit être communiquée aux
collaborateurs plus rapidement que jamais. L'évolution constante que
connaît l'entreprise nécessite une communication immédiate.
Avec la généralisation de l'e-mail, de la messagerie vocale et
autres nouveaux modes de communication, les managers n'ont plus d'excuses.
Eric Berne, fondateur de l'Analyse Transactionnelle nous
rapporte que : « Ce n'est pas le nombre de coups de marteau qui compte
mais donner le coup de marteau au bon endroit. »66 Cela
signifie simplement qu'il faut utiliser la bonne méthode de management,
au bon moment, celle adaptée à la situation et surtout celle
reflétant notre personne, étant en accord avec nos pensées
et nos convictions managériales et personnelles. Si elle
66 Anne Launay & Jean-Pierre Testa
L'intelligence managériale, p.9, ESF Editeur, 2011
48 | P a g e
correspond à ces critères, nous saurons donc
bien employer cette méthode, et cela lui apportera la
crédibilité et les chances de fonctionner.
Nous avons pu remarquer que la place de l'individu dans les
organisations a énormément évolué, et que ce
dernier est davantage considéré comme membre à part
entière de l'entreprise. Sa position dans cette dernière est
devenue plus agréable, plus motivante grâce à
l'intérêt que les dirigeants et managers ont porté à
la connaissance de l'individu en tant que personne, mais également en
tant qu'acteur au sein de l'équipe, une équipe soudée, qui
avance dans le même sens pour accomplir un objectif commun. Nous nous
pencherons, dans cette troisième et dernière partie, sur les
outils, moyens et méthodes que l'organisation met au service de ses
employés pour renforcer leur performance et leur développement
personnel, permettant dans un même temps de fortifier les liens entre ces
derniers et de dynamiser la cohésion de groupe.
III. Outils de Performance et de Développement
Personnel
Dominique Chalvin, dans son livre Apprenez à vous
connaitre67, indique qu'il est important que
« Le salarié devienne acteur de l'entreprise.
L'entreprise joue sur les complémentarités des individus.
Travailler à faire de vos collaborateurs des êtres
différents et complémentaires c'est leur garantir une
identité, une place dans le groupe. »
Pour que le salarié puisse devenir véritablement
acteur de l'organisation, cette dernière va devoir non pas le «
tordre » mais lui « enseigner les moyens de cultiver ses
prédispositions, ses différences, son potentiel
»68, à travers diverses méthodes et
techniques.
A. Théories et Méthodes
Nous revenons pour ce point à certains aspects
spécifiques de trois grandes méthodes, auxquelles nous avons
déjà fait référence au cours de cette thèse.
Il s'agit de l'Analyse Transactionnelle, de la Programmation Neurolinguistique
et de l'Ennéagramme.
1) L'Analyse Transactionnelle : outil d'amélioration
des relations de travail
René de Lassus, dans L'Analyse
Transactionnelle69, nous explique que « notre tout premier
pouvoir, c'est de considérer que toutes les tentatives de communication
que les autres nous envoient sont des invitations à entrer en
communication avec nous. » Etant donné que ce sont des invitations
nous avons le droit de les accepter comme de les refuser. Dans le milieu
professionnel, il n'est pas vraiment possible de les refuser, mais nous pouvons
nuancer notre acceptation. Il est capital, pour le bien-être des
salariés, qu'ils soient collaborateurs ou managers, et même pour
le dirigeant, que chacun connaisse et tienne compte de l'avis de l'autre. Si
tel n'est pas le cas, des tensions inutiles risquent d'apparaitre
67 Dominique Chalvin, Apprenez à vous
connaitre, p.63, ESF Editeur, 2010
68 Dominique Chalvin, Apprenez à vous
connaitre, p.61, ESF Editeur, 2010
69 René de Lassus, L'Analyse
Transactionnelle, p. 200, Marabout, 1991
49 | P a g e
et de mettre à mal l'ambiance de travail et la
cohésion de groupe. L'AT propose l'outil « confrontation OK »
pour nuancer l'acceptation de l'invitation, c'est-à-dire pour
communiquer une idée différente de l'autre, ou dénoncer un
problème dans son comportement. L'AT expose néanmoins quatre
règles pour que la confrontation soit considérée comme
« OK ». La première règle est l'absence de jugement de
la partie « adverse », car le but est de solutionner le
problème soulevé et non d'envenimer la situation par un jugement
mal venu. La seconde consiste en l'expression claire des faits
reprochés. La troisième fait appel au ressenti de la personne
lésée. L'individu doit ici expliquer en quoi le comportement en
question lui déplait. La dernière règle est la demande
explicite d'un comportement de remplacement, c'est-à-dire d'un
comportement, d'une attitude visant à éviter que ce
désagrément se reproduise. Dans une organisation, il n'est pas
attendu des collaborateurs, managers et dirigeants qu'ils s'aiment ! Le minimum
est qu'ils s'apprécient et surtout qu'ils se comprennent. Le terme de
« s'apprécier » signifie ici, que ces derniers puissent
entretenir une relation OK-OK, construite de transactions OK-OK (dont nous
avons parlé dans la seconde partie de cette thèse). « Se
comprendre » renvoie ici à l'emploi de leur Moi Adulte pour
répondre à l'invitation, plutôt que d'employer leur Moi
Parent, qui, rappelons-le, émet plus ou moins 70% de jugements dans sa
communication. Le Moi Adulte comprendra le sens de ce qui se dit, ce qui est
tout à fait indispensable pour qu'il y ait une compréhension et
une communication efficace.
Il s'agit ainsi de communiquer à l'aide de transactions
positives Adulte - Adulte. Cette façon de communiquer prend toute son
importance notamment pour transmettre des informations pertinentes, claires et
précises, pour échanger des informations simples et utiles, pour
s'assurer de la bonne compréhension des objectifs mais également
pour formuler convenablement les problèmes à traiter. Dans
d'autres cas, par exemple pour soutenir, conseiller ou encourager les
collaborateurs, les managers, les transactions Parent Bienveillant - Enfant
peuvent être utilisées. Les transactions Enfant - Enfant sont
également de mise, indispensables à l'équilibre du
personnel de l'organisation et impossibles à faire disparaitre
totalement. Elles apportent régulièrement des erreurs, des
tensions, des conflits et des jeux psychologiques, qui sont de vrais «
coûts cachés » pour les entreprises. Les jeux psychologiques
sont une sorte de dénigrement implicite de la personne avec qui l'on
communique. Des phrases à double-sens sont employées paraissant
anodines au niveau social mais ayant un sens caché au niveau
psychologique.
L'Analyse Transactionnelle a établi quatre
règles générales70 qu'il serait
intéressant d'appliquer lors de toutes les confrontations. La
première est de reconnaitre les sentiments ou émotions
inhérentes à la confrontation. La seconde consiste à
raisonner avec une transaction Adulte - Adulte dans la direction du sujet
à traiter, et cela afin d'éviter d'être face à un
jeu psychologique. Si cela ne suffit pas, la troisième règle nous
intime de revenir avec insistance à une transaction Adulte - Adulte. La
quatrième règle propose de laisser s'exprimer notre Moi Enfant au
moment qui nous semble le plus opportun. Le Moi-Enfant a besoin de
s'extérioriser dans une telle situation, mais il est
préférable de la faire de façon consciente et au moment
choisi, plutôt qu'au mauvais instant, risquant de nous
pénaliser.
S'apprécier et se comprendre sont donc les
ingrédients de base dans une entreprise pour s'offrir les uns les uns un
climat psychologique de travail positif. En effet, nous nous accorderons tous
pour dire qu'un climat de travail lourd n'engendrera que des tensions,
70 René de Lassus, L'Analyse
Transactionnelle, p. 231, Marabout, 1991
50 | P a g e
des erreurs de part et d'autres, des conflits inutiles et si
« facilement » évitables. Il faut ainsi privilégier un
climat porteur, qui incitera aux réussites, à la motivation du
personnel, à l'autonomie relationnelle, à la maturité
professionnelle et à la créativité, situation propice
à la cohésion d'équipe et au renforcement des liens entre
les membres de cette dernière.
L'Analyse Transactionnelle nous a donc apporté un
nouvel outil qu'est la confrontation « OK », pour améliorer
nos relations professionnelles et aller vers une bonne entente avec notre
équipe. D'autres outils, différents de l'AT, offrent aussi des
pistes intéressantes pour toucher cet objectif de renforcement continuel
de la cohésion d'équipe en entreprise.
2) Devenir des « Super-Communicants » grâce
à la Programmation Neurolinguistique PNL
Selon Anthony Robbins, « La communication est un pouvoir.
Ceux qui en maitrisent l'emploi peuvent modifier la notion qu'ils ont du monde
et la notion que le monde a d'eux. » Détenir le pouvoir c'est avoir
la capacité d'influencer les décisions et le comportement des
autres. Notons que le pouvoir dispose de cinq piliers : l'attente d'une
récompense (monétaire ou sociale), les contraintes et les
craintes (présence de menaces et de punitions), la
légitimité conférée par des normes et des coutumes
(pouvoir de la démonstration, par exemple la capacité à
remplacer un salarié malade, le respect et l'identification à la
personne qui détient le pouvoir et pour finir, la connaissance des
expériences, des compétences et des pratiques du leadership. La
PNL nous donne les outils pour exercer ce pouvoir de communication. Avant toute
chose mentionnons la définition que les théoriciens de la PNL
donnent à « relation de communication ». « Il y a
relation de communication entre humains quand cette rencontre suscite une
réaction émotionnelle ou tient compte des réalités
émotionnelles (ou des sentiments) d'au moins un protagoniste de la
communication. »71 Cette définition ne nous étonne pas, nous
en avons fait état tout au long de cette thèse. René de
Lassus ajoute à cela, comme nous avons déjà pu le traiter
dans notre partie sur les transactions dans l'Analyse Transactionnelle, «
Prendre en considérations les émotions, les sentiments, ne
signifie pas obligatoirement qu'il faut aimer les gens avec qui nous
communiquons. »72 Il faut ainsi s'imposer la rigueur suivante :
avoir égard des réalités émotionnelles de nos
interlocuteurs avec la nuance de ne pas s'impliquer personnellement. L'Analyse
Transactionnelle nous a appris que nous nous trouvons ou risquons de nous
trouver très souvent dans des jeux psychologiques, ces jeux
psychologiques ne sont autres qu'une relation d'influence poussée
à l'extrême. Nous avons vu que la communication est un pouvoir, et
que le pouvoir est un exercice d'influence, cela signifie que dans chaque
relation de communication, verbale ou non verbale, nous nous trouvons dans une
relation d'influence. Je tiens à préciser, que l'expression
« relation d'influence » n'a pas ici un sens péjoratif. La PNL
nous donne donc des outils pour mieux communiquer, pour devenir des «
Super-Communicants », ou plutôt pour nous sensibiliser aux
capacités déjà présentes en nous... Cela
signifierait-il que nous sommes des « Super-Communicants » en
puissance sans nous en rendre compte ?! René de Lassus nous le confirme
et nous le prouve de la manière suivante : « Nous disons tous
à certains interlocuteurs des phrases commençant par «
Dites-vous bien... » ou « Essayez d'imaginer... » et « Que
ressentirez-vous si... » »73. Nous avons donc simplement
besoin d'une « mise à jour » de nos compétences, de
l'acquisition de certains détails, et de faire plus attention à
notre façon de communiquer pour devenir des « Super-Communicants
». Voici donc la recette pour s'élever au niveau d'un «
Super-
71 René de Lassus, La communication efficace
par la PNL, p.18, Marabout, 1992
72 René de Lassus, La communication efficace
par la PNL, p.19, Marabout, 1992
73 René de Lassus, La communication efficace
par la PNL, p.37, Marabout, 1992
51 | P a g e
Communicant ». Deux choses primordiales sont à
garder à l'esprit : rien n'est laissé au hasard et pour ce faire
un plan, un processus est suivi minutieusement, il pourrait s'agir d'un cahier
des charges de la communication ! Les « Super-Communicants » agissent
également par présupposés et selon les règles de
politesse (que tout le monde connait), comme nous allons l'étudier.
La première étape est d'établir un lien
puissant avec notre interlocuteur, je dirai même un lien puissant et
invisible. En effet, il s'agit de porter son attention vers tous les
détails de notre interlocuteur, aussi insignifiants qu'ils puissent
paraitre de premier abord. Cela passe par les mouvements des yeux, les
mouvements du visage et du corps, le rythme respiratoire, etc. Cela concerne
l'analyse de la communication non-verbale. Il en va de même pour la
communication verbale, l'analyse doit être aussi fine, aussi
poussée. La PNL appelle cette analyse la « calibration ». La
somme de ces analyses, de la communication non-verbale et verbale, porte en PNL
le nom de « synchronisation physique et verbale ». Cette
synchronisation passe aussi par l'attitude du « Super-Communicant »,
qui va se synchroniser physiquement avec son interlocuteur. Cela signifie que
le « Super-Communicant » va adopter la même posture physique,
les mêmes gestes que son collaborateur, comme s'il s'agissait de
symétrie, d'un reflet dans un miroir ! En plus de s'accorder
physiquement avec son interlocuteur, le « Super-Communicant »
s'accorde verbalement, linguistiquement c'est-à-dire qu'il emploiera les
mêmes termes notamment en ce qui concernes les verbes et les mots les
plus importants de la phrase (ces termes sont appelés prédicats)
dans une reformulation, voulant signifier à son interlocuteur qu'il a
bien compris son message. Il arrive que les « Super-Communicants »
synchronisent les prédicats avec le système sensoriel de leur
interlocuteur, c'est-à-dire qu'ils utilisent des termes en rapport avec
nos cinq sens, comme par exemple « je vois ce que vous voulez dire...
», « j'entends bien votre problème... », « je sens
vos émotions... », etc. Une fois ce lien puissant établit
par la calibration et renforcé par la synchronisation physique et
verbale, les « Super-Communicants » se concentrent sur la conduite,
partie importante de cette première étape. René de Lassus
déclare 74que la conduite c'est
« L'action qui consiste à amener son interlocuteur
là où l'intervenant se propose de la faire parvenir (à se
sentir mieux, à écouter, ou à acheter). »
Cette conduite permet alors de diriger la communication
à notre aise. Notons que cela est très utile lors d'une vente,
car la phase de négociation s'en trouve simplifiée.
La seconde étape consiste à établir un
cadre et à fixer des objectifs. Cette étape demandant de la
rigueur permet de s'astreindre à une ligne de conduite et de ne pas
s'éparpiller. Le cadre définit, il en sera de même avec les
objectifs. Il est toujours plus aisé d'atteindre son but si l'on sait
où l'on va. Le « Super-Communicant » va ainsi s'appliquer
à déterminer les objectifs auxquels son interlocuteur souhaite
accéder, en le questionnant, afin que ses buts, ses attentes, soient
énoncés clairement en « objectifs réalistes, positifs
et spécifiques. » Pour illustrer ce propos, j'emprunte
l'exemple75 que René de Lassus a employé :
« Il s'agit de « transformer le « voeu »
trop diffus de Paul Durand : « Que ça aille mieux entre mon fils et
moi ! » en : « Je souhaite dialoguer clairement - c'est-à-dire
d'une façon où lui et moi nous nous comprenons - au sujet de ses
études, c'est-à-dire :
74 René de Lassus, La communication efficace
par la PNL, p.47, Marabout, 1992
75 René de Lassus, La communication efficace
par la PNL, p.50, Marabout, 1992
52 | P a g e
écouter son point de vue, donner le mien et
négocier un compromis satisfaisant pour nous deux. Pour cela je veux
disposer de 3 heures pendant lesquelles nous ne soyons pas
dérangés. »
La troisième étape est une recherche de
ressources qui serviront à la quatrième étape dite
d'intervention. Il est ici question d'accéder aux ressources internes de
son interlocuteur (souvenirs, expériences, imagination,
créativité) et à ses ressources externes (ses
observations, ses demandes formulées à son entourage, à
ses collaborateurs par exemple). La calibration permet à chaque instant
de vérifier que l'interlocuteur est en contact, c'est-à-dire que
sa tête et son esprit sont bien présent, qu'il est prêt
à réfléchir dans le sens voulu par le «
Super-Communicant ».
La quatrième étape d'intervention repose sur le
choix d'une « technique », sur le « modèle » que le
« Super-Communicant va utiliser pour interpeller son interlocuteur. Il
pourra par exemple mettre à profit la « confrontation » propre
à l'AT que nous avons étudiée précédemment,
ou encore se servir de la « visualisation créatrice ». La
« visualisation créatrice » constitue la capacité que
nous avons à nous imaginer entrain de d'accomplir une action, de
réussir cette action, qui pouvait nous paraitre compliquée
jusqu'à ce moment. De nombreux sportifs l'utilisent seuls, ou à
l'aide d'un coach mental. Pour ma part, j'emploie cette technique en
équitation pour mémoriser un parcours mais aussi pour me
réconforter, m'encourager en me convaincant que je suis capable de le
réussir. Une autre méthode ayant aussi porté ses fruits
est connue sous le nom de « dissociations » ou « associations
». Si un facteur de la réalité extérieure a un impact
négatif sur l'individu, ce dernier sera victime d'une association de son
esprit, qu'il faudra éliminer. Cela arrive lorsqu'une situation
donnée laisse un mauvais souvenir dans l'esprit de l'individu, et
qu'à un moment futur ces éléments ayant provoqués
le malaise, ressurgissent dans une situation différente, provoquant
à nouveau ce malaise, en raison du mauvais souvenir inhérent
à ces facteurs déclencheurs. Le « Super-Communicant »
agira en redonnant confiance à son interlocuteur et en faisant en sorte
qu'il ancre un bon souvenir dans son esprit en liaison avec ces facteurs. Il
l'aidera ainsi à créer une situation heureuse. Cette
méthode s'applique généralement en thérapie, mais
peut aussi trouver son utilité dans les relations professionnelles,
lorsque le manager devra soutenir un de ses collaborateurs dans une situation
similaire où ce dernier a déjà échoué.
Le « Super-Communicant » pourrait s'arrêter
à cette quatrième étape car l'intervention a pris fin,
mais dans un souci de jusqu'au-boutisme, deux étapes s'ajoutent. Il
s'agit de s'intéresser aux décisions et aux changements que
l'interlocuteur va prendre et appliquer, que René de Lassus nomme «
Un pont vers le futur », puis d'une « vérification
écologique » impliquant que les « Super-Communicants »
vérifient que les modifications que va opérer l'interlocuteur sur
son environnement n'aient pas d'effets néfastes.
3) Aspirer à « l'Intégration » et
limiter la « Régression » grâce à
l'ennéagramme
Comme nous l'avons traité dans la première
partie de cette thèse, l'ennéagramme est avant tout un outil de
connaissance de soi, mais qui dit connaissance de soi, implique
également la connaissance de l'autre. Cette connaissance
réciproque simplifie donc les relations entre individus. Nous sommes
alors à même de déceler une situation professionnelle
positive d'une situation professionnelle négative vécue par un
collaborateur. Dans l'espace-temps de ce moment heureux, nous communiquons plus
facilement avec les autres, nos transactions sont qualitatives, les risques que
nous prenons sont mesurés, et le climat
53 | P a g e
environnant est sain, agréable et nous porte vers
l'avant. Selon l'ennéagramme - et la psychologie classique - nous sommes
« en intégration » avec nous-même et avec ce et ceux qui
nous entoure(nt). En phase d'Intégration nous manifestons notre «
force principale » et la « vertu » de son type. Ces situations
doivent être privilégiées par les dirigeants et managers
pour favoriser la cohésion d'équipe et renforcer les liens entre
ses membres. A l'opposé de l'Intégration, l'ennéagramme
nous présente la Régression. Il s'agit de la situation contraire.
Nous nous sentons mal dans notre peau, nous perdons en motivation, en harmonie
avec nous-même et de ce fait avec les autres. La communication avec nos
interlocuteurs, managers, dirigeants, personnel de l'entreprise, est beaucoup
plus compliquée, mauvaise, conflictuelle, si ce n'est quasiment
impossible. Nous tombons dans la Régression dès qu'une situation
de stress apparait et que nous ne la gérons pas d'une manière
efficace, opportune. Pour l'ennéagramme, ces situations sont les plus
propices pour qu'une dépendance à notre « compulsion »
et à notre « tendance principale » (aussi appelée
passion) se crée. Sous l'influence de notre « compulsion » et
de notre « tendance principale », nous en extérioriserons les
caractéristiques souvent avec fierté voir orgueil, ce qui aura
comme effet d'envenimer un peu plus la situation. Que l'individu soit en
Intégration ou en Régression, il utilise des «
mécanismes de défense », présents en lui et
forgés durant son enfance. Ces mécanismes ont pour but de «
s'en sortir » face aux pressions et exigences diverses de la vie et des
personnes, ils sont devenus des réflexes majoritairement inconscients
à force de les répéter. Chacun des neufs types
décrits dans l'ennéagramme, que nous avons expliqués dans
la première partie de cette thèse, sont reliés à un
des mécanismes de défense.
Une « compulsion » d'après sa
définition est : un « Besoin interne impérieux d'accomplir
un acte que la conscience refuse. »76 En d'autres termes, il
s'agit d'une force intérieure qui pousse l'individu à accomplir
un acte, provoquant une angoisse plus ou moins prononcée. Cette
compulsion grandit en nous depuis notre plus jeune âge, s'attribuant la
place de « seconde nature », comme si nous étions en quelque
sorte conditionnés. Cela explique pourquoi il est si compliqué de
la distinguer en nous. Certaines conditions inhérentes à des
situations spécifiques nous permettent de l'identifier, comme par
exemple lorsque nous nous surprenons à dire : « Je veux
éviter de me mettre en colère... » ; notre compulsion sera
alors la colère. La difficulté est d'en prendre conscience au
moment où la situation est en cours. Nous pouvons faire un rapprochement
avec la double-accommodation77, vue en première partie de
thèse, dans le sens où, lorsqu'Evelyne Dentz nous explique de
quoi il s'agit, elle nous informe que nous ne sommes pas conscients de ce
« brassage intellectuel » mais que face à un tableau abstrait
nous pouvons en prendre conscience.
76 Source :
www.psychologies.com
77 Cf page 9, I. A. 1) La Double-Accommodation
54 | P a g e
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe13.png)
Chaque type de l'ennéagramme a une compulsion lui
correspondant, il s'agit de l'ennéagramme des compulsions
d'évitement dont en voici une illustration.78
La « tendance principale », quant à elle, est
« Un état », « une émotion »
(une façon d'agir et une manière d'être) qui nous tient
sous son emprise - c'est pourquoi de nombreux auteurs ont
préféré le terme de « passion », (...) qui
dépend directement de notre compulsion (...) et concourt à la
renforcer. »79
En situation de stress, il est quasiment impossible de faire
abstraction de notre tendance principale, tant elle est dominante et
généralement nous en sommes que peu conscients. Voici une
représentation de l'ennéagramme des tendances, correspondant
à chacun des neuf types.
78 Source : http://www.manager-go.com/
79 René de Lassus, L'ennéagramme,
p.77, Marabout, 1997
55 | P a g e
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe14.png)
Nous venons de traiter les deux schémas des principaux
ennéagrammes liés à l'individu en situation de
Régression. Attardons-nous à présent sur leurs deux
opposés, l'ennéagramme des vertus et celui des forces
principales.
Le terme de « vertu » est employé par
l'ennéagramme pour désigner la situation où l'être
humain se trouve dans de « bonnes conditions »
générales, qu'il s'agisse de la vie professionnelle, sociale ou
familiale. L'individu fait alors usage de qualités émotionnelles
positives, ce qui a un impact positif sur ses relations avec autrui. Chaque
type détient sa vertu, voici l'ennéagramme y correspondant.
La « force principale » correspond à
l'énergie positive (talent) la plus visible, active et présente
chez l'individu. L'ennéagramme suivant en est une illustration.
56 | P a g e
B. L'environnement interne de l'organisation
L'ennéagramme nous a sensibilisé au fait que les
situations de stress nous amènent à être « en
régression » avec nous-même et avec les autres, situations
qu'il faut limiter et éviter un maximum en entreprise (et bien entendu
aussi dans la vie de tous les jours !). Nous nous intéresserons alors
ici à la gestion du stress, du temps et des situations conflictuelles,
puis nous nous demanderons comment il est possible d'accroitre notre leadership
grâce à l'equi-management.
1) Gestion du stress et du temps
La gestion du stress fait partie intégrante des
qualités requises d'un manager efficace. Un manager performant doit
posséder une connaissance de soi suffisante pour savoir qui il est,
comment il fonctionne et ce qu'il souhaite faire. Il doit ainsi adopter une
démarche de l'intérieur vers l'extérieur, trame de notre
thèse. C'est également ce que Robert Dilts propose à
travers sa pyramide des niveaux logiques vu dans la seconde partie de ce
mémoire80. Le fait de se connaitre permet à
l'individu, au manager, aux collaborateurs, de cultiver un stress positif,
facteur de réussite, et de limiter le stress négatif,
destructeur. Nous verrons que la réponse à la question «
comment gérer son stress ? » a pour réponse principale
« en gérant son temps ! »
Selon l'agence européenne pour la
sécurité et la santé au travail81, le stress
est ressenti lorsqu'un déséquilibre est perçu entre ce qui
est exigé de la personne et les ressources dont elle dispose pour
répondre à ces exigences. Cela montre bien que le stress est
fonction de la sensation personnelle éprouvée par l'individu face
à une situation, qu'il se sent capable de surmonter ou non, en raison de
la présence de différents facteurs. Cette situation engendrera
des pensées et des comportements adaptés ou non, qui dirigeront
l'individu dans un stress positif ou négatif. Il s'agit bien là
de notre façon de réagir à une situation donnée,
qui est déterminante du type de stress auquel nous devrons faire face.
Notons que l'accumulation de stress et de réponses non-adaptées
à ce dernier, peuvent entrainer l'individu vers une forme
d'épuisement appelée communément « burnout ».
Par « situation donnée » nous entendons une situation,
prévue ou imprévue, vécue ici dans une organisation. Il
peut être question d'une tâche nouvelle à réaliser
pour le manager, le collaborateur, ou encore le dirigeant, il peut s'agir d'un
problème avec un des plus importants clients, mais également d'un
changement majeur que la Direction souhaite opérer dans l'organisation.
Dans le cas de la nouvelle tâche à réaliser par le manager,
il est primordial pour ce dernier de déterminer, comme nous l'avons vu
précédemment, s'il éprouve le besoin d'être
managé ou aidé par son supérieur pour accomplir cette
tâche. Dans la situation problématique avec un des clients les
plus importants, il serait d'usage de réunir les acteurs principaux
inhérents à cette situation afin qu'ils mettent leur
énergie en commun pour trouver une solution adéquate. Pour ce qui
concerne le changement dans l'organisation, souhaité par l'équipe
de Direction, il convient pour cette dernière de conduire le changement
de manière adéquate, en respectant les étapes importantes,
afin que le personnel en comprenne les raisons et l'accepte. Pour renforcer la
cohésion dans une telle situation, il serait intéressant de faire
participer le personnel à ce changement. La
80 Cf. p.42 Pyramide des niveaux logiques de Robert
Dilts
81 Source :
https://osha.europa.eu/fr
57 | P a g e
résistance serait moindre, car les employés
(cadres, managers, collaborateurs, main d'oeuvre) se sentiraient
impliqués. Notons que le stress « oblige l'organisme à
s'adapter aux tensions qu'il provoque naturellement et que cela coûte de
l'énergie. »82 Les conséquences d'un mauvais
stress interfèrent sur la vie professionnelle et personnelle des
individus. La personne en proie à cette situation de stress est
perturbée, ne se sent pas en harmonie ni avec elle ni avec les autres,
n'est pas ou plus motivée, perd en créativité, en forme
physique et psychologique. Cela crée en elle une réaction
réflexe pour préserver son intégrité. Ainsi, elle
se replie sur elle-même pour se protéger et ses actions sont
« dictées par la peur ». L'efficacité professionnelle
est inexistante et les conflits interpersonnels s'enveniment. Pour sortir de
ces situations et tenter de les éviter, il faut à tout prix
« gérer son stress en satisfaisant ses besoins ». Cela renvoie
inévitablement à la hiérarchisation des besoins d'Abraham
Maslow que nous avons étudié précédemment. Cette
possibilité d'accéder à la réalisation de ces
besoins, tient en grande partie au style de management de l'organisation. Le
manager doit ainsi être capable de manager convenablement son
équipe et pour se faire il est nécessaire qu'il organise
convenablement son temps. Nous en conviendrons, un stress positif, bien
géré, permet de s'adapter aux situations, de prendre le recul
nécessaire pour agir de la meilleure façon qui soit, de
communiquer avec ses collaborateurs, d'être enthousiaste aux changements
et d'entrainer ses collaborateurs vers la performance. Ce sentiment de
puissance est un excellent stimulant, car il est contagieux et cela dynamise
les membres d'une équipe.
Une enquête sérieuse83 affirme que les
managers européens ne sont que 21% à consacrer plus de 50% de
leur temps au management de leurs équipes. Il semblerait que les
managers s'occupent principalement avec des tâches de reporting et de
gestion de conflits. Être manager signifie manager une équipe,
c'est-à-dire animer cette équipe. Cela implique une certaine
proximité avec leurs collaborateurs, et donc de leur accorder du temps,
afin de limiter les situations de stress. En effet, comme nous l'avons
déjà stipulé au cours de cette thèse, l'individu a
besoin de stimulants, signes de reconnaissance, que l'Analyse Transactionnelle
appelle « strokes ». En accordant du temps à ses
collaborateurs, un manager leur procure les strokes nécessaires à
leur bien-être, réduisant leur stress car il répond
à leur besoin de reconnaissance (situé juste en dessous du besoin
ultime de réalisation de soi de la pyramide de Maslow). Il est important
de garder à l'esprit que le temps n'est pas ou plus une « ressource
quantifiable qui se gère » car chacun dispose de 24 heures dans une
journée, et il est illusoire de vouloir « gagner du temps »,
mais il faut aussi comprendre que le temps n'est pas une « ressource
externe à l'individu ». En effet, l'individu est libre de choisir
ce qu'il fait et comment il le fait, c'est-à-dire qu'il gère
lui-même le temps qui est important pour lui. Dans cette optique, le
temps et sa gestion vient de l'intérieur et il est relatif, subjectif
pour chacun d'entre nous. En acceptant cette vision des choses, le manager peut
« assurer le leadership personnel de son temps »84 Il
s'agit de la capacité à traiter plusieurs choses à la
fois, de ne pas se laisser impressionner par les imprévus, ni de se
laisser influencer par les évènements de sa vie personnelle, mais
également de la capacité à gérer les
priorités. Accepter cette démarche de l'intérieur vers
l'extérieur suppose également de définir avant tout qui
l'on est, qui l'on veut être, avant de se demander ce que l'on veut faire
ou avoir. Cela nous ramène à nouveau aux niveaux logiques de
Robert Dilts. Détenir le leadership personnel de son temps signifie
aussi en
82 Anne Launay & Jean-Pierre Testa,
L'intelligence Managériale, p.38, ESF Editeur, 2011
83 Enquête CEGOS 2010 sur les pratiques
managériales en Europe
84 Anne Launay & Jean-Pierre Testa,
L'intelligence Managériale, p.52, ESF Editeur, 2011
58 | P a g e
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe15.png)
prendre la responsabilité. Il est important de
considérer l'existence d'un temps choisi et d'un temps subi, notions
diamétralement opposées. Le temps subi se caractérise par
l'attitude d'un individu attribuant à l'environnement la
responsabilité des évènements qui se produisent et la
mésaventure qui les accompagne. L'intérêt de l'individu est
ainsi plus porté sur les « contraintes » de la situation. A
contrario, une personne qui choisit son temps, va se demander ce qu'elle
choisit de faire, c'est à dire comment elle peut utiliser au mieux le
temps qui lui est imparti, considérant donc ce dernier comme une «
donnée ». Voici un tableau illustrant les différences
fondamentales entre un manager qui essaye de gérer son temps (temps
subi) et un second qui est leader personnel de son temps (temps
choisi).85
Pour bien gérer son temps, il est nécessaire de
le structurer. C'est ce qu'Éric Berne, a souhaité faire en
imaginant six modes de structuration du temps86, dont en voici la
représentation.
85 Anne Launay & Jean-Pierre Testa,
L'intelligence Managériale, p.54, ESF Editeur, 2011
86 Anne Launay & Jean-Pierre Testa,
L'intelligence Managériale, p.56, ESF Editeur, 2011
59 | P a g e
Le retrait est une attitude solitaire, situation durant
laquelle les échanges sont réduits à néant. Le
manager peut en avoir besoin pour traiter un dossier de fond.
Les rituels sont des coutumes routinières, comme par
exemple les formes de politesse lorsque l'on arrive sur son lieu de travail
où l'on salue nos collaborateurs.
Les passe-temps sont des « échanges informels sur
des sujets peu impliquant ». Ils permettent une approche du collaborateur
tout en douceur, pour attester de son humeur et s'y adapter pour la suite de la
communication.
Le mode « activité » permet de mettre des
informations en commun dans le but d'avancer dans un projet, de solutionner un
problème, par exemple.
Les modes « lâcher-prise » et « jeux
conflictuels » sont antonymiques. Le lâcher-prise est l'aspect
positif et jeux conflictuels, comme son nom l'indique, est un aspect
négatif. Ces deux modes sont ceux à travers lesquels le
collaborateur perçoit le plus de signes de reconnaissance (strokes).
Durant un mode de lâcher-prise, l'individu se détend, s'exprime
librement, se sent à l'aise, partage ses idées, et prend le
risque de se dévoiler. Ces relations sont sous le signe de la confiance
et du respect, sans jugement quelconque. Atteindre une telle situation n'est
pas aisé, mais pour ce faire, le cheval peut être un excellent
allié, car comme nous l'avons déjà dit plus haut dans
cette thèse, le cheval ne porte pas de jugement. Le lâcher-prise
pousse à l'ouverture et à l'enrichissement mutuel, il est un
« booster » pour évoluer positivement dans ses relations avec
les autres. A l'opposé, les conflits sont de véritables armes de
destruction massive. Ils naissent dans les malentendus et les sous-entendus, et
sont très souvent emprunts de jugements.
Un manager qui a conscience de ces modes de structuration du
temps et qui en maitrise les éléments peut communiquer plus
facilement et plus efficacement avec ces collaborateurs en individuel, lors
d'entretien d'évaluation, ou en collectif lors de réunion et
envisager la gestion des conflits avec un regard plus serein. Les entreprises
peuvent proposer à leurs collaborateurs des stages de teambuilding,
répondant à leurs attentes et à leurs besoins respectifs.
Dans le cadre de la gestion du temps et du stress, la société
Manacoach, a imaginé une activité des plus extrêmes,
à laquelle les fonctionnaires de la Commission européenne ont pu
goûter. En effet, durant deux jours, ils ont été face aux
flammes d'un incendie réel au cours desquels ils avaient pour objectif
commun de retrouver les blessés, de maitriser et d'éteindre le
feu. Ils doivent s'organiser pour ne pas perdre de temps et communiquer
efficacement dans un environnement stressant. La gestion du temps et du stress
se trouvent améliorée à travers ces
exercices.87
2) Gestion des situations conflictuelles
Les conflits apparaissent généralement lorsqu'un
groupe, une équipe, est réunie afin de travailler ensemble sur un
dossier, sans avoir au préalable défini un mode commun de
structuration du temps. Il s'agit de s'organiser et de définir ensemble
d'une répartition des tâches, selon des objectifs clairs,
précis et bien définis, comme nous l'avons étudié
précédemment.
87 Source : exemple issu du magazine « Management
», p.88, paru en Septembre 2014
60 | P a g e
La première tâche pour le manager consiste
à distinguer s'il s'agit d'un désaccord ou d'un conflit. Le
désaccord se traduit par une mésentente entre deux ou plusieurs
protagonistes sur des faits, sur l'interprétation de ces faits, sur des
objectifs, sur la méthode pour atteindre ces objectifs ou sur des
valeurs. Ces intervenants vont échanger ensemble, à l'aide de
leur Moi Adulte respectif, afin d'arriver à une solution confortable
pour tous. Un conflit présente dans un premier temps, ces mêmes
caractéristiques. Il s'y ajoute par contre, dans un second temps, une
charge émotionnelle très importante, rendant la communication
très compliquée voire impossible. Les collaborateurs sont
tellement impliqués émotionnellement dans l'affaire en question,
qu'ils en perdent leur capacité d'analyse rationnelle, ils deviennent
impuissants face à leurs émotions. Il incombe au manager de
gérer l'aspect relationnel et émotionnel de la situation.
Notons qu'il existe quatre niveaux différents du
conflit88. Le niveau psychologique, relatif aux comportements d'une
personne ; le niveau interpersonnel, relatif aux relations entre les personnes
; le niveau sociologique, relatif à la situation dans laquelle se
trouvent les protagonistes et aux alliances existantes entre eux ; puis le
niveau organisationnel, relatif au mode d'organisation, c'est-à-dire des
structures et du fonctionnement de l'entreprise.
Les conflits prennent leur source dans trois types de
situations : lorsque les responsabilités de chacun et les ressources
sont mal distribuées, lorsque le système de récompense est
contradictoire avec la stratégie suivie par l'entreprise, et lorsque
l'organisation du travail et la répartition des tâches crée
un malaise. Cette organisation du travail comporte deux éléments
sous-jacents : le degré d'autonomie dans l'activité
accordé aux collaborateurs et la dépendance des collaborateurs
les uns aux autres pour réaliser un objectif.
Nous avons parlé des jeux psychologiques à
travers l'Analyse Transactionnelle, et noté qu'il est plus prudent
d'éviter une telle situation. Le triangle dramatique de
Karpman89 illustre la raison pour laquelle il vaut mieux s'abstenir.
Il propose de comprendre la dynamique du conflit, en partant des jeux
psychologiques définis par Eric Berne. Nous admettrons que le terme
« jeux » renvoie à l'aspect répétitif de la
situation, aménageant une certaine habitude de fonctionnement. Chacune
des personnes a un rôle de prédilection, dans lequel elle rentre
sans problème.
Voici l'illustration de ce triangle dramatique.
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe16.png)
Persécuteur Sauveur
Victime
88 Anne Launay & Jean-Pierre Testa,
L'intelligence Managériale, p.117, ESF Editeur, 2011
89 Anne Launay & Jean-Pierre Testa,
L'intelligence Managériale, p.127, ESF Editeur, 2011
61 | P a g e
Le « persécuteur » indique ce qu'il faut faire
et être à partir de l'Etat du Moi Parent. Si la « victime
» n'est pas consentante, il risque de se mettre en colère. Le
persécuteur ne reconnait pas la valeur des autres.
La « victime » emploiera son Etat du Moi Enfant, soit
pour apitoyer son interlocuteur (persécuteur et / ou sauveur), soit en
s'opposant de manière quasi-systématique à son «
persécuteur », soit en le provoquant.
Le « sauveteur » va apporter un secours à partir
de son Etat du Moi Parent.
Steve Karpman a aussi imaginé un triangle de la compassion
permettant de sortir du jeu ou d'éviter d'y rentrer.
Volonté
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe17.png)
Permission Soutien
Contrairement au triangle dramatique, le triangle de la
compassion comporte une base stable. Il s'agit d'identifier la «
volonté » de la victime à chercher une solution pour sortir
de son rôle, en l'incitant à utiliser son Etat du Moi Enfant. Le
« soutien » correspond à l'encouragement du sauveur,
grâce à son Etat du Moi Parent. Le persécuteur accordera sa
« permission » à la victime de faire comme elle le souhaite,
à travers son Etat du Moi Parent également.
La résolution des conflits n'est pas chose facile. Le
manager doit donc repérer rapidement les différents niveaux de
conflits, analyser la situation et réfléchir comment il peut agir
pour que la situation rentre à nouveau dans l'ordre. A l'aide des
niveaux d'ouverture et d'écoute, il pourra prendre la température
du degré émotionnel investi par chacun des protagonistes. Il sera
ainsi à même d'inciter ces derniers à employer l'Etat du
Moi qui convient dans l'objectif de résoudre ce conflit. Pour
détenir cette influence sur ses collaborateurs, le manager doit exercer
son leadership, sans quoi ses actions ne seront pas prises en compte à
leur juste valeur.
De même que pour la gestion du temps et du stress, des
sociétés proposent des stages de teambuilding aux chefs
d'entreprises et à leurs collaborateurs souhaitant améliorer leur
intervention dans la résolution de conflits. La société
Once Upon A Game a pensé une approche intéressante pour
améliorer la gestion des situations conflictuelles. Il s'agit d'une
chasse aux trésors à l'aide d'outils numériques comme les
smartphones et tablettes tactiles. Les collaborateurs du site
seloger.com ont testé cette
activité originale, qui leur a permi de se découvrir les uns et
les autres sous un autre angle et de renforcer les liens entre
62 | P a g e
eux. Ce stage permet de limiter l'impact des tensions au moment
où elles apparaissent, et après un conflit, cela permet de les
apaiser.90
3) Accroitre son leadership
Les nouvelles fonctions du manager et l'environnement de
l'entreprise ont permis à ce dernier d'exercer un leadership,
c'est-à-dire de détenir un certain pouvoir. Nous pouvons
définir le leadership comme un exercice d'influence d'une
autorité qui cherche à inspirer la conduite des autres ou
d'influer sur celle-ci, dans le but de les amener à réaliser de
plein gré et avec enthousiasme, des objectifs bien définis. Le
leadership doit donc toute sa crédibilité au travail en
équipe. Rappelons qu'une équipe c'est un groupe de deux ou
plusieurs individus, présentant une organisation structurée ou
non, dans le but de réaliser un objectif commun. Il est à noter
que le niveau de collaboration peut varier. Ainsi, il existe trois niveaux pour
accroitre l'efficacité d'une équipe : par l'effort, par les
aptitudes et par les connaissances. Certaines stratégies axées
sur le rendement peuvent aussi intervenir positivement dans cette
démarche. Sur les cinq styles de leadership, que le leadership
autocrate, paternaliste, démocratique, collégial et le
laisser-faire, deux d'entre eux peuvent servir de base aux managers. Il s'agit
du leadership démocratique, où le manager encourage ses
collaborateurs à prendre part dans les processus décisionnels. Il
n'impose pas non plus ses idées, mais il en discute avec ses
subordonnés avant de prendre une décision. Il favorise le travail
en équipe et apporte un soutien moral à ses collaborateurs et les
aide à s'épanouir en leur offrant une bonne ambiance de travail
et un degré fort d'autonomie. En effet, il ne vérifie pas le
travail accompli, il leur fait confiance, tout en s'assurant néanmoins
que les tâches effectuées soient coordonnées et que chacun
oeuvre pour la réalisation d'un objectif commun. Le style
collégial qui s'inspire beaucoup du style démocratique, est aussi
une bonne entrée en matière pour le manager. L'autonomie, la
loyauté, l'amitié, et les relations de travail étroites
occupent une place primordiale dans son service. Ce manager collégial
privilégie le travail d'équipe à travers lequel chacun des
membres apporte ses qualités, ses compétences et ses
intérêts particuliers. Un leadership paternaliste pourrait
être envisagé dans la situation où le collaborateur ne sait
faire et ne veut pas faire. En effet, un manager paternaliste prend soin de ses
collaborateurs en leur proposant plusieurs stimulants comme un salaire
attrayant, des relations de travail saines, d'excellentes conditions en termes
d'avantages sociaux et tout autre élément leur permettant
d'améliorer leur situation financière. Le seul bémol est
que les collaborateurs manquent d'autonomie car s'ils n'agissent pas
conformément aux ordres du manager, ce dernier les réprimande.
Les styles autocrate et laisser-aller, n'appartiennent à mon humble
avis, pas réellement à l'idée que l'on a du leadership,
dans le sens où dans ces deux cas, car, respectivement, soit il n'y a
aucun travail en équipe et le manager agit comme un dictateur, soit le
manager se désintéresse totalement du travail à faire et
de ses collaborateurs, agissant ainsi comme un anti-leader. En effet, Kotler en
1980 a défini les 9 qualités d'un leadership qui sont les
suivantes : le désir de prendre des responsabilités, la
persévérance dans la poursuite des objectifs, la prise de risque,
l'initiative dans les relations sociales, l'acceptation des conséquences
et décisions de ces actes, l'aptitude à faire face au stress et
situations extrêmes, la volonté de faire front et la
capacité à structurer son environnement. Notons que le rôle
principal du manager est de maintenir l'ordre dans un groupe, et celui du
leader consiste en l'essor du changement, c'est-à-dire qu'il a pour but
entre autres d'améliorer les conditions de travail de ses
collaborateurs, d'inspirer une vision partagée, de donner des
90 Source : exemple issu du magazine « Management
», p.88, paru en Septembre 2014
63 | P a g e
possibilités et des moyens d'actions, de
développer la coopération (gestion des conflits), et de
développer la communication et de diffuser l'information (clarté,
précision). Un bon manager n'est pas forcément un bon leader,
mais le but c'est qu'il le devienne, en approfondissant ses connaissances, en
écoutant - tenant compte - et répondant aux besoins de ses
collaborateurs, en les comprenant et en les motivant, mais aussi en maitrisant
les processus de prise de décisions. Accroitre son leadership passe
également par l'instauration d'un climat de confiance, ayant un impact
quasi-immédiat sur les relations interpersonnelles au sein d'une
équipe. La qualité du climat dépend de deux
éléments, sur lesquels le manager peut intervenir. Il s'agit de
sa capacité à mettre en place et à développer des
relations personnalisées et de proximité avec ses collaborateurs
et de manifester un certain degré de confiance à l'égard
de son équipe. Pour entretenir une relation personnalisée avec
ses collaborateurs, le manager doit veiller à la qualité de son
contact avec eux, c'est-à-dire que le respect, l'ambiance chaleureuse,
les attentions doivent être de mise. Le regard, le ton de la voix, la
gestuelle, toute la communication verbale et non-verbale doit inspirer la
sérénité et le sentiment de bien-être mutuel. Nous
pouvons considérer la qualité du contact comme « la
manifestation de l'intelligence du coeur »91,
c'est-à-dire comme l'intelligence émotionnelle, vu au
début de cette thèse. Le sens de l'écoute, la pertinence
des propos, le respect des engagements, et la transmission de feedback sont
autant de prérequis du manager pour établir une relation
personnalisée avec ses collaborateurs. Les leaders sont donc des «
gagneurs, combatifs et déterminés qui aiment entrainer les autres
au succès. » 92 Le manager qui accroit son leadership peut devenir
un bon leader, ces capacités lui ouvrent la voie pour renforcer les
liens entre les membres de son équipe, intensifiant davantage sa
cohésion, mais aussi pour l'entrainer vers la gloire, car grâce
à ces caractéristiques la performance de son équipe sera
décuplée.
Les entreprises, ont aujourd'hui la possibilité de
proposer à leurs collaborateurs de participer à des stages pour
accroitre leur leadership. Pour cela, elles peuvent faire appel à la
société Horse Concept. Serge NGUYEN, Directeur Marketing
International chez Hermès Parfums, y a pris part et semble très
satisfait comme nous pouvons le lire dans le commentaire qu'il a laissé
sur le site internet de la société.93
« Ce stage de management avec les chevaux, équi
formation ou équi coaching avec
l'équipe de PCH-Concepts, fut une parenthèse
enchantée.
Le média cheval et le séminaire sont
très opérationnels et adaptés. Les exercices de leadership
en centre équestre avec les chevaux et le coaching individuel m'ont
beaucoup apporté sur le plan de la confiance en soi et de l'affirmation
de soi. Cet équi management, ou équi séminaire de
développement personnel, m'a permis de mieux m'affirmer et a
modifié sensiblement mes comportements professionnels de manager,
au-delà de mes espérances. »
91 Source : cours de management, citation de Yahn
Mangematin, ancien doyen de la Faculté de Droit, Economie et
Administration de Metz
92 Lionel Bellenger & Philippe Tramond, Comment
manager demain ?, p.262, ESF Editeur, 2014
93 Source :
www.horse-concept.com
64 | P a g e
C. Développement personnel et performance ?
Le développement personnel de l'individu,
c'est-à-dire toutes les étapes menant à la
réalisation de soi, à une satisfaction personnelle, à une
attitude sereine, à la confiance en soi et à l'estime de soi, est
bien entendu dépendant de la vie professionnelle qu'il mène. Une
vie professionnelle épanouie apportera un développement personnel
accompli. Mais ce développement personnel, n'est -il pas lié
à la performance individuelle et de groupe dans l'organisation dans
laquelle l'individu évolue ? C'est ce que nous nous proposons
d'étudier à présent.
1) Du manager-coach à l'équipe
performante
Nous avons, tout au long de cette thèse, mis en exergue
les rôles capitaux des dirigeants et des managers, afin de diriger leurs
équipes et de pousser leurs collaborateurs à développer
leur autonomie professionnelle, leur maturité relationnelle et leur
intelligence managériale. Les nouveaux rôles ainsi endossés
par les managers, les ont poussés à abandonner leur posture de
managers classiques et à devenir des managers-coach.
L'accélération du rythme des changements de l'environnement des
organisations, la pression concurrentielle et la mondialisation ont
amené les managers à devoir s'organiser différemment. Il
leur a été nécessaire de mobiliser et de développer
les ressources de leurs collaborateurs, comprenant leurs savoirs (savoir,
savoir-faire, savoir-être et savoir-évoluer). Le manager-coach va
ainsi s'appuyer sur ses compétences émotionnelles,
relationnelles, situationnelles et ses techniques managériales pour
piloter son équipe vers la performance en incitant ses collaborateurs
à donner le meilleur d'eux-mêmes. Notons que pour constituer une
équipe performante, le manager va agir à trois niveaux au sein de
l'organisation. Il agira en effet sur les besoins de l'organisation, sur les
besoins de l'équipe et sur les besoins de chacun des membres du groupe.
Nous devons cette répartition à John Adair94,
spécialiste britannique du leadership. Ces trois types d'attentes,
permettent selon lui, de mener à bien un travail d'équipe, et ses
apports sont d'une aide précieuse pour résumer les tâches
à remplir par le manager dans cette configuration. Voici comment John
Aldair représente les trois types de besoins d'équipe.
![](Comment-l-entreprise-peut-elle-renforcer-la-cohesion-d-equipe18.png)
Besoins de l'organisation
Besoins des individus
Besoins du groupe
94 Anne Launay & Jean-Pierre Testa,
L'intelligence managériale, p.160, ESF Editeur, 2011
65 | P a g e
Répondre aux besoins de l'organisation passe par la
définition claire des objectifs de l'unité, par une communication
précise de ces objectifs à l'ensemble des membres de
l'équipe, par la mise en place d'un plan d'action, par la
répartition des rôles et des ressources en fonction des
capacités et des compétences de chacun, par le suivi et le
contrôle de la qualité et des performances et par l'ajustement si
nécessaire du plan d'action.
Répondre aux besoins de l'équipe est
réalisable grâce à la mise en place de règles de
fonctionnement du groupe, grâce à l'édification d'un esprit
d'équipe, grâce à l'encouragement mutuel, grâce
à une motivation commune et à un plaisir de travailler en
équipe. L'identification de relais dans le groupe, c'est-à-dire
que chacun des membres est un leader à tour de rôle dans
l'équipe, la préservation d'une excellente communication dans
l'équipe et la valorisation de chacun par le manager et par les
collaborateurs entre eux, sont d'autant plus d'atouts pour que l'équipe
s'entende à merveille et s'apprécie, ce qui renforce bien entendu
les liens entre les membres.
Pour répondre en même temps aux besoins
individuels, le manager devra prendre soin d'écouter et de tenir compte
des problèmes personnels de chacun. Il est aussi d'une importance
capitale, qu'il reconnaisse le travail fourni par chaque membre de
l'équipe, individuellement, ainsi que son degré d'implication et
les performances qu'il a obtenu. Le manager aura aussi tout
intérêt à repérer et à développer les
potentialités individuelles de chacun des membres de son
équipe.
L'individu dans une équipe sera ainsi encadré
par un manager-coach, lui indiquant le chemin pour s'impliquer dans son travail
et ainsi réussir à se dépasser, à se
réaliser en tant que personne à part entière et en tant
que maillon important dans une équipe. Ses besoins d'estime et de
reconnaissance (strokes) seront ainsi satisfaits. Nous remarquons donc que par
la performance, c'est-à-dire en ayant conscience que nous sommes
performants, conscience acquise grâce à notre manager-coach, nous
pouvons agir sur notre développement personnel de façon
positive.
2) Un management collaboratif et responsabilisant
Le management responsabilisant a pour but de susciter, parmi
les collaborateurs, de la créativité, de la
réactivité et de la flexibilité. Ces trois aspects sont
les clés pour créer un climat propice à l'innovation.
Notons que l'innovation n'est pas innée ; elle est apportée par
un apprentissage c'est à dire à travers l'assimilation de
diverses techniques, mais également par la pratique c'est-à-dire
via l'habitude d'exercer, l'expérience. A ce stade la confiance en soi
est aussi importante car elle permet une liberté de création
favorisant le suivi de son instinct. Cet instinct est aussi connu sous le nom
d' « intelligence pratique »95. Cette intelligence
pratique implique « d'apprendre à détecter et
redécouvrir des solutions dans les ressources à portée de
main, d'oser recombiner ces ressources pour de nouvelles fins à imaginer
en cours d'expérimentation, de laisser s'établir un rapport
émotionnel intime avec les ressources disponibles et de cultiver sa
capacité à porter attention à son environnement. »
Nous ainsi entrés dans une nouvelle ère, celle du management
alternatif, en réponse aux limites du management participatif face
à la vitesse accrue des changements de l'environnement et à
celles des rationalisations scientifiques du management par la performance. Il
a ainsi fallu se diriger à tâtons vers un management
95 Lionel Bellenger & Philippe Tramond, Comment
manager demain, p.181, ESF Editeur, 2014
66 | P a g e
certes responsabilisant mais également collaboratif
à travers lequel les managers doivent fonder leur autorité sur
l'écoute, l'intuition et le travail d'équipe comme nous l'avons
vu plus haut.
L'idée est alors de sensibiliser les équipes au
pacte qu'elles acceptent de signer avec leur manager, avec le dirigeant mais
aussi avec l'organisation toute entière, au détriment du contrat
connu de tous. Ce pacte les rend responsables de leurs actes et de leurs
impacts à tous les niveaux de l'organisation. Les managers et leurs
collaborateurs prennent ainsi en quelque sorte les rênes de l'entreprise,
et agissent comme une équipe d'entrepreneurs. Le pacte est ainsi un
« Accord collectif sur un engagement réciproque
des membres d'une équipe. Le respect fonde la confiance mutuelle. (...)
Se lancer dans l'établissement d'un pacte fait réellement vivre
une expérience collective de prise de décision à un groupe
: collecte d'informations pour alimenter la discussion, confrontation des
opinions et des raisonnements, recherche d'un accord consensuel plus ou moins
précis et élargi, formulation écrite des engagements du
pacte. »96
Ce pacte a ainsi des effets bénéfiques sur les
signataires, leur apportant de la reconnaissance, d'un point de vue individuel,
mais favorisant également la cohésion au sein des équipes,
et de par sa valeur pédagogique permet aux membres du groupe d'honorer
la définition de l'équipe, dans le sens où toutes les
armes leurs sont données afin d'agir ensemble en vue de
l'accomplissement d'un objectif commun, voulu de tous.
Nous constatons donc que le travail se voit doté d'une
dimension beaucoup plus humaine qu'à ses débuts avec Mayo, Mc
Gregor, Maslow et Herzberg, visant à redonner du sens « à la
contribution des équipes et un regain de discernement dans les
décisions, c'est-à-dire de l'esprit de partage avec des
arbitrages. »97. Une transition notable a donc lieu, permettant
l'élaboration d'un nouveau management, appelé « slow
management », et débouchant sur une « slow attitude ».
Lionel Bellenger et Philippe Tramond nous donnent quelques pistes de «
slow attitude » dans leur ouvrage intitulé Comment manager
demain. Il s'agit donc « de ne plus faire de l'optimisation à
tout prix une finalité ; d'organiser le travail en fonction d'objectifs
raisonnables et discutés ; de se donner comme priorité de na pas
aller au-delà de ce que l'on a prévu pour garder du temps et de
l'énergie pour réfléchir ou faire autre chose... ou ne
rien faire ; de développer le principe de coresponsabilité entre
parties prenantes (dirigeants, investisseurs, actionnaires, clients,
collaborateurs...). » Le « slow management » a pour but
l'épanouissement humain ; il tient compte des émotions des
individus, membres de l'organisation, membres de l'équipe, afin de
créer des relations saines et durables entre chacun d'entre eux tout
comme entre chacun des acteurs de l'entreprise, comme cités ci-dessus.
Cette nouvelle dimension du management offre un bel avenir aux organisations
qui prendront la peine de s'y intéresser et de le mettre progressivement
en place. La motivation de leur personnel n'en sera que décuplée,
car cet état d'esprit collaboratif apporte de la confiance, de la prise
de responsabilité, de la coopération et un équilibre juste
au sein de l'organisation.
96 Lionel Bellenger & Philippe Tramond, Comment
manager demain, p.185, ESF Editeur, 2014
97 Lionel Bellenger & Philippe Tramond, Comment
manager demain, p.201, ESF Editeur, 2014
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3) S'investir en Empowerment
Nous avons employé le terme « confiance »
plus d'une vingtaine de fois tout au long de cette thèse, en parlant de
« confiance en soi », de « confiance du manager en ses
collaborateurs », « du manager qui de par sa confiance en lui donnera
confiance à ses collaborateurs », mais nous n'avons que très
peu évoqué la façon dont les managers, les collaborateurs,
les acteurs internes de l'organisation pouvaient développer la confiance
dans l'organisation et les uns dans les autres. Rappelons que sans confiance,
la cohésion d'équipe et le renforcement des liens dans un groupe,
ne sont que des groupes de mots sans action assez significative pour être
retenue.
L'empowerment, beaucoup plus qu'un simple concept permettant
à tous d'être en confiance avec eux-mêmes, avec leurs
collaborateurs et avec l'organisation, est un véritable outil donnant
à chacun le pouvoir d'aider l'organisation à atteindre ses
objectifs, tout en se réalisant soi-même et en vivant une
expérience incomparable de cohésion d'équipe.
Trois auteurs, John P. Carlos, Alan Randolph et Ken Blanchard,
nous livrent trois clés simples pour qu'une organisation, et ses acteurs
s'investissement d'empowerment. Ces auteurs nous proposent la définition
suivante de ce concept : « L'empowerment permet d'exploiter la richesse
des capacités humaines sous-employées dont les organisations
doivent tirer profit pour survivre dans ce monde d'aujourd'hui de plus en plus
complexe et dynamique. » 98 Cette notion de « capacités
humaines sous-employées » nous renvoie à ce que nous
expliquions plus haut, au sujet de l'intelligence pratique. Nos trois auteurs
ajoutent :
« L'empowerment est bénéfique pour
l'organisation et pour les employés eux-mêmes. Ils sont plus
conscients de leurs buts au travail et dans la vie, et leur implication se
traduit directement par une amélioration continue des systèmes et
des procédés dans leur milieu de travail. Dans une organisation
vouée à l'empowerment, les employés apportent au travail
avec enthousiasme le meilleur de leurs idées et de leurs initiatives
tout en éprouvant un sentiment de propriété et de
fierté. De plus, ils agissent de façon responsable et font passer
les intérêts de l'organisation en premier.»99
S'investir d'empowerment permet aussi aux managers, et
à leurs collaborateurs de développer leur maturité
relationnelle, notamment en prenant des initiatives, à laquelle nous
avons également fait référence tout au long de
thèse, mais aussi de remplir avec brio les neuf qualités d'un
leadership définies par Kotler en 1980100. Notons que,
même si l'implication de tous les acteurs de l'organisation est
indispensable pour réussir à basculer vers une organisation
investie d'empowerment, ce concept repose néanmoins sur des valeurs
transmises du haut vers le bas, c'est-à-dire venant de l'équipe
de direction ou du dirigeant, à destination des managers et de leurs
collaborateurs tout comme à destination de tous les autres acteurs, peu
importe leur niveau hiérarchique dans l'organisation. Il faut donc que
l'énergie soit insufflée du sommet stratégique vers la
technostructure, vers le personnel de support logistique et vers la ligne
hiérarchique qui l'insufflera au centre
98 John P. Carlos, Alan Randolph & Ken
Blanchard, Comment réussir l'empowerment dans votre organisation,
p.11, Edition Un monde différent, 1997
99 John P. Carlos, Alan Randolph & Ken
Blanchard, Comment réussir l'empowerment dans votre organisation,
p.11, Edition Un monde différent, 1997
100 Cf p.60 III.B.3) Accroitre son leadership
68 | P a g e
opérationnel. Nous devons ces cinq
éléments de base d'une entreprise à H. Mintzberg. Le
sommet stratégique prend des décisions stratégiques et
correspond au dirigeant et à l'équipe de Direction. La
technostructure comporte ceux qui pensent et qui organisent l'organisation,
c'est-à-dire les analystes et les experts qui contribuent à cette
dernière en agissant sur le travail des autres. Le personnel de support
logistique représente une fonction support, c'est-à-dire que ces
membres vont apporter les moyens pour mettre en place les décisions. La
ligne hiérarchique d'où émanent les décisions
tactiques, comprend l'ensemble des responsables assurant le relai entre le
sommet stratégique et le centre opérationnel ; le centre
opérationnel regroupant les opérateurs dont le travail est
directement lié à la production des biens et des services de
l'organisation et d'où proviennent les décisions
opérationnelles. Nous verrons par la suite, que les niveaux
hiérarchiques disparaitront pour créer une organisation «
plate », où chacun agit comme s'il s'agissait de sa propre
entreprise et où tous les individus qui sont en interaction les uns avec
les autres, mais aussi avec la clientèle de l'entreprise, sont
considérés comme étant au sommet.
Après ces quelques explications nous pouvons aborder la
première clé, consistant à partager l'information avec
tous. Il s'agit de l'information sur la façon dont « vont les
affaires - les profits, les pertes, les budgets, la part de marché, la
productivité, les défauts, etc. », que les informations
soient sensibles ou non, confidentielles ou non. Ces informations doivent
être connues de tous, c'est-à-dire de tous les membres de
l'organisation appartenant à tous les niveaux cités ci-dessus.
Cela peut paraitre effrayant, choquant et nous interpeler fortement, mais
« il n'y a meilleur moyen de montrer aux gens qu'on leur fait confiance
que de partager avec eux l'information de nature délicate.
»101 En effet, si un collaborateur se rend compte que son
manager et / ou les membres de son équipe ne lui font pas confiance, sa
prise de décision ne pourra pas être efficace et il perdra en
estime de soi, en confiance en lui et en ses collaborateurs. Alors que,
rappelons-le, la confiance réciproque est nécessaire pour qu'il y
ait une bonne cohésion d'équipe. Il faut que chacun des acteurs
de l'organisation ait conscience que leurs collaborateurs ont confiance en eux
et qu'ils croient en leurs compétences, car seulement à partir de
ce moment, les individus concernés pourront être investis
d'empowerment. La confiance qui leur ait donnée en leur transmettant
absolument toutes les informations de l'organisation, va leur permettre d'agir
en personnes investies d'empowerment. « Sans information les gens ne
peuvent pas agir de façon responsable. Les gens informés sont
obligés d'agir de façon responsable. »102 Ainsi,
d'être informés permet aux membres de l'organisation de comprendre
la situation actuelle en termes clairs, leur permet d'être plus
responsables quant à leurs agissements, et les incitent à agir
comme s'ils étaient propriétaires de l'organisation. Ce partage
d'informations est la première pierre de l'édifice pour
bâtir la confiance dans toute l'organisation et ainsi mettre fin à
la façon de penser hiérarchique traditionnelle. Partager
l'information consiste en la base, mais cela ne suffit pas. Les membres de
l'organisation, après avoir été informés, sont
soucieux de faire évoluer positivement les choses, chacun à son
niveau et muni de ses propres compétences mais pour cela, ils ont besoin
de structure. Cette structure se matérialise par des limites. Voici donc
la seconde clé qui est de créer de l'autonomie grâce aux
limites. Celles-ci sont
101 John P. Carlos, Alan Randolph & Ken Blanchard,
Comment réussir l'empowerment dans votre organisation,
p.47, Edition Un monde différent, 1997
102 John P. Carlos, Alan Randolph & Ken Blanchard,
Comment réussir l'empowerment dans votre organisation,
p.48, Edition Un monde différent, 1997
69 | P a g e
simplement des lignes directrices permettant à tous de
concentrer leur énergie dans la même direction. Il est alors
important de communiquer une vision convaincante afin que ces limites
fixées servent de support et ne soient pas perçues comme des
contraintes. Une vision convaincante
« Fait appel aux sentiments et à l'intelligence
des membres de l'organisation et les captive. Cela cristallise leurs besoins,
leurs désirs, leurs valeurs et leurs croyances. Pour exprimer une vision
convaincante, il faut exprimer clairement l'idée que l'on se fait de
l'avenir, une image qui clarifie le but de l'organisation - le genre d'affaire
que l'on fait et qui fait la lumière sur les valeurs qui nous
guident.»103
Ces valeurs correspondent bien évidemment aux lignes
directrices et doivent être transmises afin que tous les
considèrent comme leurs propres valeurs, comme leur Leitmotiv.
Cet état de fait est possible lorsque tous les membres de l'organisation
participent à la clarification des valeurs, par le partage de toute
l'information et par la communication d'une vision convaincante. Cela permet de
définir clairement les objectifs de chacun, avec l'avantage que chacun
des membres de l'organisation est conscient de l'impact de sa contribution dans
l'entreprise. Cette situation permet à tous de se sentir libres de
s'exprimer, qu'il s'agisse de points positifs comme de points négatifs
à améliorer, car ne permettant pas l'empowerment, dans un but de
progresser ensemble. Ainsi, l'ensemble de l'organisation, à tous les
postes, est concerné par la vie de l'entreprise et par ses
résultats. Georges Clémenceau a dit : « Pour prendre une
décision, il faut être un nombre impair et trois c'est
déjà de trop. » Les auteurs cités ci-dessus,
affirment le contraire à travers l'empowerment : « Les
équipes investies d'empowerment peuvent faire plus que des individus
investis d'empowerment, et de ce fait, des équipes informées et
compétentes peuvent remplacer l'ancienne hiérarchie ». Nous
avons là notre troisième et dernière clé :
remplacer la hiérarchie par des équipes autonomes. Une
équipe autonome se compose de plusieurs individus compétents et
investis d'empowerment, qui sont responsables d'un processus ou d'un produit.
Ils s'occupent de la planification, de l'exécution et en pilotent la
totalité. Chacun détient la même part de
responsabilité que son collaborateur, le leadership est exercé
à tour de rôle dans l'équipe, mais c'est l'équipe
toute entière qui prendra une décision consensuelle. Les
employés sont tous des maillons de l'organisation, ils comptent tous les
uns sur les autres, tout en sachant travailler en autonomie et prendre des
décisions de la même manière, comme si l'entreprise leur
appartenait. Nous nous rendons compte, qu'une entreprise investie d'empowerment
ne peut que fonctionner si chacun de ses membres est aussi investi
d'empowerment, la cohésion d'équipe étant ici primordiale
pour que ce type de management fonctionne.
Un des procédés de l'empowerment est donc
d'apprendre aux autres ce qu'ils peuvent faire pour devenir moins
dépendants les uns des autres, et moins dépendants de la
hiérarchie. Il s'agit là du summum de l'autonomie relationnelle
et de la maturité professionnelle. L'empowerment est également
une sorte de délégation dans le sens où il s'agit pour les
managers et les gestionnaires de transférer progressivement de plus en
plus de responsabilités aux équipes afin qu'elles deviennent de
plus en plus autonomes. Cela leur permet, en tant qu'individus,
d'accéder à la réalisation de soi, et en même temps
d'être un acteur important de l'organisation en l'aidant à se
développer et à augmenter son degré de
103 John P. Carlos, Alan Randolph & Ken Blanchard,
Comment réussir l'empowerment dans votre organisation, p.57, Edition
Un monde différent, 1997
70 | P a g e
performance. Il est tout de même à noter qu'au
début du processus d'empowerment, les membres de l'organisation se
retrouvent démunis face à ce nouveau type de management. Ils ont
ainsi besoin d'être encadrés, et cela passe, à chaque
étape, par un des différents types de leadership, que nous avons
énoncés précédemment. De manière
générale, il faut employer le leadership directif dans un premier
temps, non pas en imposant une façon de faire, mais plutôt en se
concentrant sur l'amélioration des compétences, qui par la suite,
permettront d'obtenir des équipes autonomes.
L'empowerment semble ainsi être l'outil de management
offrant les meilleures conditions de travail aux membres de l'organisation,
leur permettant d'évoluer dans des équipes autonomes au sein
desquelles les liens sont très forts, tout comme avec le reste des
membres de l'organisation. L'avantage pour l'organisation est alors double,
dans le sens où plus les employés s'épanouissent dans
l'entreprise, plus ils deviennent performants pour cette dernière. Il
s'agit, non pas d'un cercle vicieux, mais plutôt d'un cercle vertueux. Il
est ainsi possible, à travers l'empowerment, d'une part de renforcer les
liens entre les membres d'une organisation, d'améliorer la
cohésion d'équipe, sans que, d'autre part, cela se fasse au
détriment des performances de l'organisation. L'empowerment permet donc
des transactions gagnants - gagnants.
Cette troisième et dernière partie, nous a
permis d'entrer dans les coulisses du management et de ses différentes
approches, et d'étudier les opportunités qui s'offrent aux
entreprises pour permettre à leurs salariés de renforcer les
liens entre les membres d'une équipe, dans une perspective de dynamiser
la cohésion de groupe. A travers l'empowerment, nous sommes allés
au summum de la cohésion de groupe, nous pourrions même parler de
cohésion de l'organisation toute entière, où chacun des
membres est considéré avec la même importance, qu'il soit
issu du sommet stratégique, de la ligne hiérarchique, de la
technostructure, du personnel de support logistique ou du centre
opérationnel104.
104 Cf les 5 éléments de base dans une entreprise,
H. Mintzberg, p.64 III.C.3) S'investir en Empowerment
71 | P a g e
Conclusion
La compréhension en tant qu'individu est la base de
toute relation. Elle permet en effet d'analyser et de mieux comprendre le
comportement et les attitudes de chacun d'entre nous, et de soi-même en
premier lieu. Forts de ces connaissances, l'individu dans le collectif, nous
parait moins « étranger » à nous-même, et nous
sommes plus compétents pour appréhender son comportement dans sa
relation avec les autres et pour l'aider à la gérer, en
connaissance de cause. Cette démarche, devrait, à mon avis,
être entreprise par les managers, par les dirigeants d'organisation, par
les directeurs de ressources humaines, afin de mieux cerner les individus qui
sont membres de l'organisation, lors d'entretiens d'évaluation et aussi
au quotidien, mais également les postulants, lors des entretiens de
recrutement.
Une connaissance approfondie de l'individu et des individus,
est ainsi une clé importante pour soutenir et renforcer la
cohésion de groupe. En effet, la façon de communiquer avec l'un
ne fonctionnera pas nécessairement avec l'autre. Or une grande partie
des conflits nait à partir d'une mauvaise communication. Comment
pouvons-nous communiquer de façon claire et efficace, si nous ne nous
connaissons pas nous-même et si nous ne comprenons pas le fonctionnement
de base de notre / de nos interlocuteur(s) ?!
Ces conflits interpersonnels trouvent leur solution, comme
nous l'avons étudié dans cette thèse, à l'aide de
l'emploi d'outils de communication comme l'Analyse Transactionnelle, la PNL
Programmation Neurolinguistique, l'Ennéagramme, etc. Une fois le conflit
résolu, les collaborateurs sont généralement à
nouveau capable de travailler ensemble dans une bonne ambiance et de
(re)créer des relations saines et durables entre eux. Comme nous l'avons
énoncé au cours de cette thèse, les collaborateurs dans
une organisation ne doivent pas s'aimer, mais il est important qu'ils se
comprennent et qu'ils s'apprécient. Les managers et les dirigeants sont
présents pour piloter le tout, intervenir en cas de conflit et agir de
façon à limiter les conflits et à améliorer ces
relations interpersonnelles.
La connaissance et la compréhension des individus sont
des bases, mais d'autres outils existent, notamment l'empowerment, qui semble
être le summum, le nec plus ultra de la cohésion d'équipe
alliant développement personnel et performance de l'entreprise. Nous
pouvons néanmoins nous demander si cette aplanissement de
l'organisation, où la hiérarchie a été
remplacée par des équipes autonomes peut durer dans le temps, et
également quelles sont les limites de l'empowerment ?
72 | P a g e
Bibliographie
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pages, 2011 Dominique Chalvin, Apprenez à vous connaître,
ESF Editeur, 126 pages, 2010
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L'ennéagramme, Poche Marabout, 261 pages, 1997
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1998
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Fabien & Patricia Chabreuil, L'ennéagramme,
dynamique de croissance et d'évolution, Institut français de
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?, Editions Belin, 126 pages, 2008 Isabelle Claude, Le cheval, miroir de
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Devenez Cheval, Collection Hommes de cheval, 122 pages, 2009
Ulrike Dietmann, Le cheval guérisseur de l'homme,
Edition Le courrier du Livre, 200 pages, 2013
Document écrit par Anna Griève,
Présentation succincte de onze notions clés de la
pensée de Jung,
www.adequations.org , 11
pages, 2008
Document rédigé par VRPS Consulting, Les Etats
du moi,
www.analysetransactionnelle.fr
, 5 pages, 2014
73 | P a g e
Document issu du site
www.16-types.fr/modele-MBTI-0-introduction.html,
L'indicateur Jungien MBTI, il s'agit d'un résumé
réalisé à partir de livres de référence sur
le sujet, 3 pages
Document issu du site
www.16-types.fr/modele/modele-MBTI-5-8-fonctions.html
, Les 8 fonctions cognitives de Jung, il s'agit d'une synthèse
réalisée à partir de livres de référence sur
le sujet, 14 pages
Power Point d'Isabelle Waltzing
www.uqac.ca/pminier/cognit/emotion/iemot.ppt
, 107 slides
74 | P a g e