Accès au financement par les micros, petites et moyennes entreprises à Goma.( Télécharger le fichier original )par Wassy Tshikama Musorongi Université de Goma - Licence 2014 |
INTRODUCTIONLe marché du financement des Micro, Petites et Moyennes Entreprises est presque inexistant en Afrique Subsaharienne et l'accès au financement représente au loin la contrainte rencontrée par les nombreuses MPME1(*) de la République Démocratique du Congo. Ici, les taux d'intérêts sont tellement élevés au point de décourager les potentiels demandeurs de fonds pour les affaires. Dans les banques commerciales, les taux débiteurs nominaux moyens et annuels sont à 17% en Francs Congolais et 15% en United State Dollars par an2(*). Maintenant que souffle le nouveau vent de la libéralisation d'entreprises publiques (orienté par la Banque Mondiale) et de la promotion de l'initiative privée en République Démocratique du Congo par l'amélioration du climat des affaires, l'accès au financement demeure un des éléments déterminants pour l'innovation et la croissance, particulièrement pour la création des entreprises et lors des premières étapes de leur développement. Les contraintes financières auxquelles doivent faire face les créateurs et dirigeants des Micro, petites et moyennes entreprises sont en grande partie liées aux risques et faiblesses qui les caractérisent, les institutions financières accordant priorité aux clients corporate. Parmi les obstacles qui les attendent se trouvent principalement : l'asymétrie d'information et le manque d'accès, de garantie et de caution des crédits car elles n'ont pas d'antécédents à faire valoir pour les obtenir3(*). Pas surprenant donc que 45% des firmes en Afrique citent l'absence de financement comme une contrainte majeure4(*). Pour le cas précis de la République Démocratique du Congo, l'instabilité politique, les pillages ainsi que les différentes guerres d'agression au pays et en Province du Nord-Kivu en sont les causes premières. Ces interminables crises à l'Est du pays couplées d'un manque criant des politiques stratégiques plus techniques que bureaucratiques ont amplifiées la fragilisation du système financier congolais. Selon les résultats d'une étude à Kinshasa, une grande frange des micros entrepreneurs ont pour principales sources de financement les fonds propres et les crédits informels5(*). Ces mécanismes de financement sont cependant, peu fiables, peu prévisibles, très limités et ne garantissent pas de ce fait, l'épanouissement de ces entreprises vue la modicité des sommes prêtées et des échéances de remboursement très écourtées, voire des cautions et garanties difficiles (ou simplement impossible) à trouver. En conséquence, la plupart de MPMEs se développent lentement, restent dans le secteur informel et sont très sensibles aux changements de l'économie et du marché. Il a pourtant été démontré au cours des cinquante dernières années que les Petites et Moyennes Entreprises sont des vecteurs principaux du développement des nations. Qu'il s'agisse des pays industrialisés ou des économies émergentes et celles en développement, elles constituent les sources essentielles de la croissance économique, de dynamisme et de flexibilité de l'économie des pays. Ce qui oblige qu'une attention toute particulière soit accordée à celles-ci pour leur promotion ainsi que leur épanouissement6(*) dans cet environnement économique national sous la menace des politiques internationales de mondialisation économique7(*). En effet, contrairement à ce que s'imaginent nombreux dirigeants politiques, les Petites et Moyennes Entreprises constituent des unités motrices du tissu économique d'une région, ville, ou pays, et peuvent contribuer au moins durablement au développement des emplois, des revenus et même de la culture locale8(*), beaucoup mieux que ne le peuvent les Sociétés Multinationales. Il y a donc matière à réflexion, si l'on note qu'en RDC, l'épargne constitue le moyen le plus risqué de perdre sa fortune en raison de faillites et disparitions assez fréquentes de banques et IMF congolaises sans plus de possibilité de se faire sauver par la Banque Centrale du Congo qui en a pourtant la charge9(*). Dans ce travail il sera question d'examiner la problématique d'accès au financement des PME dans la ville de Goma. Puisque la PME est, au loin, catalyseur du développement économique de la RDC, Quelle proportion des demandes de financements des Micros, Petites et Moyennes Entreprises ont-elles obtenues satisfaction auprès des Agences d'intermédiation financière de Goma, au cours des 12 mois passés ? Quelle est l'échelle centésimale des Micros, Petites et Moyennes Entreprises de la ville de Goma en besoin de financement au cours des 12 prochains mois ? Et en définitive, quelle corrélation existerait-il entre l'âge de l'entreprise et ses possibilités d'obtention du financement auprès d'une agence d'intermédiation financière en ville de Goma ? Partant de ces questions qui ont guidé notre étude, trois hypothèses nous ont sautés aux yeux : (1) Puisque que 45% des firmes en Afrique citent l'absence de financement comme une contrainte majeure10(*), nous admettons que seuls moins de 5 MPME de Goma sur 10 auraient de même accès au financement. Cette hypothèse tire sa formulation de l'asymétrie de l'information consistant pour les agences de financement à considérer globalement que les PME sont pleines de risques, souvent par manque d'informations fiables à leur égard. (2) En vertu du fait que la fonction financière dans l'entreprise est pareille au coeur, ou l'argent comme du sang dans une entreprise, nous préférons nous figurer que 100% des Micros, Petites et Moyennes Entreprises établies en ville de Goma exprimerait un besoin réel de financement au cours des 12 prochains. (3) Considérant que globalement les agences d'intermédiations financières congolaises s'imaginent les MPME comme risque ; considérant également le niveau généralement bas de capacité financière des banques congolaises pour diverses raisons, nous avançons l'hypothèse que l'âge des MPME n'influerait en rien sur les possibilités d'obtention de financement auprès des offreurs de fonds oeuvrant en ville de Goma. Le but assigné à cette étude consiste donc à contribuer à la diversification de l'économie congolaise à travers le développement du secteur privé et tout particulièrement en rendant possible son accès (assez facile) au financement principalement à moyen et long terme. Parce qu'en fait, le diagnostic montrera les grandes entreprises ne rencontrent pas en ce domaine de difficultés spécifiques11(*). Dès lors, nos efforts seront consacrés aux PME et TPE établies en ville de Goma et s'étalera sur 2 ans soit de 2014 à 2016. Il nous parait fondamental de préciser d'emblée que bien qu'un nombre important de contraintes liées au climat des affaires inhibe encore l'épanouissement des entreprises en RDC, il existe même présentement des projets dignes de considération car relativement rentable, mais qui ne peuvent accéder au financement. Il y a donc rationnement du crédit. La démarche suivie est assez classique. Elle s'est, dans un premier temps, basée sur : (i) une approche inductive portant en partie sur des entretiens avec les acteurs concernés, afin de recueillir les appréciations des banquiers et celles des entrepreneurs12(*); (ii) la conception d'un questionnaire de recherche pour outil de collecte de données ; (iii) la définition d'un échantillon de recherche à tirer aléatoirement et recueil des données sur le terrain ; et enfin (iv) le traitement et analyse des résultats collectés. L'approche a également été déductive, se référant aux principes dégagés par les expériences réussies dans d'autres lieux ainsi qu'aux « bonnes pratiques » en la matière. La principale difficulté à laquelle nous avons été confrontées est la surcharge du travail dans le cadre de nos activités professionnelles, alors qu'un mémoire de licence nécessite un important investissement en temps. En plus, la mobilisation des entrepreneurs à enquêter nous a été un casse-tête car ils sont très souvent en déplacement. Il nous a fallu plus de temps que prévu et donc plus de patience dans la collecte de données. Le Diagnostic de la situation en RDC (Chapitre premier) a été effectuésà deux niveaux : le premier porte sur l'examen de la demande de financement c'est-à-dire les projets et leurs promoteurs, et le second concerne les dispositions des organismes financiers c'est-à-dire les institutions financières à caractère bancaire et non bancaire. Ces deux aspects étant toutefois tributaires d'un phénomène plus global constitué par le « climat des affaires ». Au Chapitre deuxième, nous avons présenté la monographie de notre milieu d'étude - la Ville de Goma. Le rappel de l'approche méthodologique de l'étude, le traitement des données, les analyses et commentaires des résultats, mais également d'un petit point sur la vérification des hypothèses constitueront un dernier niveau de ce travail de recherche. * 1 J. LEFILLEUR (2008), Comment améliorer l'accès au financement pour les PME subsaharienne, Ed. Deboeck Supérieur, p153-174. * 2 D. MUTOMBO (2014), Emission International du Lundi 30 Juin 2014 sur Radio France International. * 3 A. BAGARD (2013), Le financement des PME innovantes dans une économie mondialisée ou comment financer aujourd'hui notre avenir, General finance, p14-15. * 4 INTERNATIONAL FINANCE CORPORATION, World Bank Group (2013), Accès au financement en Afrique Subsaharienne, p11. * 5 E. G. KINTAMBU MAFUKU (2008), facteurs de transition : de la micro entreprise à l'entreprise capitaliste moderne, Cadseria, Kinshasa, p.3 * 6 Les altermondialistes font remarquer la nécessité pour chaque région de consolider son identité, structurer son économie en créant ses propres moyens de production (PME) de façon que la mondialisation soit fondée sur « tous unies en un seul monde dans le respect des particularités économiques, sociales, politiques et culturelles ».Problème : Si un pays n'a pas assez de PME pour sa production locale, elle perdra toute possibilité d'en avoir. * 7 Référence faite à la théorie de la mondialisation de l'économie, où la création d'usine dans un pays donnée empêchera ipso facto la création d'une usine similaire dans le pays voisin de même groupement régional. * 8 STALET, cité par Victor WENDO (2012), Entrepreneuriat et PME, Notes de cours inédits, FSEG, UNIGOM, p14 * 9 Journal L'oeil de l'économiste (Avril 2015), Affaire faillite de Baraka Prece, la BCC glisserait vers l'escroquerie, p1. * 10 INTERNATIONAL FINANCE CORPORATION, World Bank Group (2013), Accès au financement en Afrique Subsaharienne, p11. * 11 Banque Africaine de Développement - Fonds Africaine de Développement (2009), Etude sur l'amélioration de l'accès au financement des petites et Moyennes Entreprises, Décembre, p2. [Les grandes entreprises sont généralement des multinationales assises généralement sur des bases financières acceptables. Dès lors, il devient moins risquant pour les intermédiaires financiers (banques) de leur lever des grosses sommes demandées par les sociétés-mères. Tandis que les PME (étrangères ou congolaises) n'ont rien de tous ces avantages et ne peuvent donc rivaliser.] * 12A noter que la TMB n'a pas pu décrocher notre demande d'entretien pour collecte des données. |
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