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Le dessin du bonhomme chez des enfants autistes : quatre études de cas à  l'association burkinabè d'accompagnement psychologique et d'aide à  l'enfance (abape).

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par Wendpanga Daniel OUEDRAOGO
Université Ouaga 1 Professeur Joseph Ki-ZERBO - Maitrise en psychologie clinique et pathologique 2015
  

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1.1.3 Dessin en psychologie et en psychopathologie

Cette partie aborde principalement les différents stades du développement du dessin chez l'enfant, les différentes applications du dessin en psychologie ainsi que les liens qui existent entre les caractéristiques du dessin et certains troubles psychiques.

1.1.3.1 Développement du dessin chez l'enfant

· Les stades de Luquet

Luquet (1927) fut l'un des premiers à s'intéresser aux dessins des enfants. Ses recherches ont porté sur une monographie des dessins de sa fille Simonne. Il définit le dessin comme un système de ligne dont l'ensemble a une forme, un ensemble de traits dont l'exécution a été déterminée par l'intention de représenter un objet réel que la ressemblance avec cet objet soit obtenue ou non. Pour lui le dessin a deux principales destinations. Le dessin peut être exécuté pour le plaisir qu'elle procure à l'oeil. Il affirme : « L'enfant dessine pour s'amuser. Le dessin est pour lui un jeu comme les autres et qui s'intercale parmi eux » (Luquet, op.cit., p.13).Même si l'enfant considère le dessin comme un jeu, ce jeu constitue une activité sérieuse. En outre, le dessin peut concerner la reproduction d'un objet déterminé.

Pour Luquet, l'enfant ne représente dans ses dessins que ce qui fait partie de son expérience et ce qui s'est offert à sa perception. En examinant les dessins d'un même enfant, on peut constater que chacun des défauts que présentaient les dessins antérieurs disparaissent avec le temps. Cette évolution du dessin comporte des périodes de stagnation et même de régression. Il propose la notion de réalisme pour caractériser le dessin enfantin. Le réalisme du dessin concerne la nature de ses motifs et des sujets dont il traite. Il distingue quatre stades dans le développement du dessin chez l'enfant. Ce sont :le réalisme fortuit, le réalisme manqué, le réalisme intellectuel et le réalisme visuel.

- Le réalisme fortuit (Vers 2ans)

Au début, l'enfant fait des tracés sans intention de faire une image. Pour lui, faire un tracé c'est exécuter des mouvements de la main, ces mouvements sont comparables à n'importe quel mouvement qu'il effectue d'habitude. Il s'agit ici d'une sorte de décharge de l'énergie neuromusculaire dont le plaisir incite l'enfant à recommencer. Lorsque l'enfant voit les traces, il se rend compte que c'est sa production, une manifestation de sa personnalité. Il prend alors conscience qu'il possède un pouvoir créateur et décide alors intentionnellement de recommencer. On passe alors d'une production fortuite à une production intentionnelle. Cependant, on en est toujours au stade de traits dépourvus de signification. L'enfant reconnait ensuite qu'il y a certains de ses tracés qui ressemblent à quelque chose qu'il a déjà vu, à une image réelle ou à un objet quelconque : le tracé devient donc la représentation de l'objet.

Pour Luquet (1927), l'enfant à ce stade ne songe même pas à reproduire l'objet réel du fait qu'il est convaincu que sa tentative serait d'avance vouée à l'échec. Progressivement, chaque tracé de l'enfant reçoit une interprétation flottante car celui-ci applique au tracé le nom d'une chose quelconque dont il a l'idée dans l'esprit au moment du gribouillage. Le même tracé peut recevoir successivement plusieurs interprétations différentes. Puis l'enfant devient capable de produire d'une manière constante des tracés toujours sans intentionnalité qu'il essaie de perfectionner à travers quelques additions et des reprises. Il finit alors par acquérir la faculté graphique totale car il est capable d'annoncer son intention (ce qu'il va faire), d'exécuter et d'interpréter ses tracés.

- Le réalisme manqué (3-4 ans)

Cette étape est marquée par une imperfection générale du dessin ou incapacité synthétique. A ce stade, l'enfant veut que son dessin soit réaliste mais il n'arrive pas à le reproduire. Le premier obstacle est une immaturité physique qui ne lui permet pas de bien diriger et limiter ses mouvements graphiques de manière à donner à son tracé l'aspect souhaité. Le second obstacle concerne une discontinuité de l'attention enfantine. L'enfant ne reproduit que très peu les détails de l'objet représenté bien qu'il est conscient de leur existence. Il cherche à représenter tous les détails dont il songe et en fonction du degré d'importance qu'il accorde à telle ou telle partie de l'objet. Des détails viennent s'ajouter au dessin précédent dès qu'ils attirent l'attention de l'enfant. Lorsqu'il dessine un détail, il ne pense plus à ce qu'il a tracé auparavant.

Luquet considère que l'attention de l'enfant dans cette phase s'épuise vite parce qu'elle doit songer à ce qu'il faut dessiner et contrôler les mouvements graphiques par lesquelles la représentation se fait. Le dessin est achevé pour l'enfant lorsque son attention est épuisée même si le dessin semble incomplet pour l'adulte qui l'observe. Dans cette phase on note également des défauts dans les éléments représentés, des disproportions, des exagérations de dimensions, des disjonctions, des extériorisations et des inclusions de détails, une mauvaise relation des parties représentées. L'imperfection générale du dessin disparait progressivement au fur et à mesure que l'attention de l'enfant se développe.

- Le réalisme intellectuel (4-10 ans)

Dans le réalisme intellectuel, l'enfant considère que son dessin ressemble à l'objet représenté s'il contient tous les éléments réels visibles ou invisibles (c'est-à-dire tout ce qui y est) de cet objet. Il cherche à donner dans le dessin la représentation la plus complète et la plus fidèle. Parfois, ce réalisme intellectuel peut pousser l'enfant à représenter des éléments abstraits qui n'existent que dans son esprit. En fait, à ce stade l'enfant ne dessine que pour sa propre satisfaction et s'il lui arrive de présenter ses dessins à l'adulte c'est pour montrer son habileté à dessiner à ce dernier.

C'est à ce stade qualifié d'apogée du dessin enfantin que l'enfant commence à ajouter des légendes à ses dessins mais qu'il ne sait pas encore écrire. Il considère le nom de l'objet comme un de ses caractères au même titre que ses différentes parties, celui-ci doit donc figurer dans le dessin.

Les dessins de l'enfant sont aussi caractérisés par :

Ø La transparence qui consiste à figurer dans le dessin des éléments invisibles de l'objet comme si ceux qui les masquent sont devenus transparents (par exemple des meubles d'une maison visibles de face, le corps du bonhomme visible sous ses vêtements ou sous les couvertures d'un lit).

Ø Le plan qui consiste à figurer l'objet par sa projection sur le sol, comme s'il était vu de dessus. Ce type de représentation est surtout appliqué aux maisons vu de l'intérieur.

Ø Le rabattement qui consiste à rabattre de chaque côté les supports des objets (pieds des animaux, des meubles, les roues des voitures).

Luquet considère que la fin du dessin enfantin est caractérisée par une renonciation au réalisme intellectuel comme mode de représentation graphique des objets et la volonté de se conformer à l'apparence visuelle. Ce dépassement n'est pas une tâche facile car il est possible de rencontrer des adultes dont les dessins révèlent qu'ils n'ont pas dépassé le stade du réalisme intellectuel.

- Le réalisme visuel (Vers 12 ans)

L'exécution du dessin à ce stade se soumet à la réalité de l'objet tel qu'il est perçu. L'enfant a en quelque sorte atteint la période adulte et ses dessins tendent à se perfectionner par l'apprentissage de certaines techniques spéciales. Le réalisme visuel suppose une exclusion des procédés à l'oeuvre dans le réalisme intellectuel. C'est ainsi que l'opacité (suppression dans le dessin des détails objectivement invisibles) se substitue à la transparence et la perspective (qui consiste en une modification de la silhouette d'un objet ou d'un détail vu de face ou de coté) au rabattement.

La narration graphique apparaît alors sous plusieurs formes: une scène ou plusieurs scènes de l'histoire sur le même dessin ou encore un mouvement décomposé dans le même dessin. Le point critique de ce dernier stade est que maintes fois, le réalisme intellectuel vient s'y substituer.

L'examen du dessin par Luquet nous a permis de comprendre la psychologie de l'enfant qui selon lui est influencée par des facteurs extrinsèques (la société, la famille) et intrinsèques (absence des leçons de l'expérience, prédominance de l'instinct). En outre, Luquet considère que le dessin peut et doit intervenir dans l'explication de la réalité psychique de l'enfant. Il affirme : « Par le sérieux avec lequel il s'applique à ses dessins, par les facultés qu'il y met en oeuvre, l'enfant forge, si l'on peut le dire, son organisme psychique. » (Luquet, 1927, p.182). Luquet pense que l'enfant utilise la couleur de façon réaliste ou décorative. L'utilisation de la couleur est réaliste lorsqu'elle est conforme à l'objet (plante, ciel, eau) et décorative quand l'objet est d'une autre couleur.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote