C- La première assemblée de la
Conférence des Églises de Toute l'Afrique, Kampala (Ouganda),
1963.
À la fin de l'année 1961, vingt-deux nations
sont pleinement indépendantes en Afrique, avec une population globale de
130 millions environ sur 190 millions d'africains. C'est dire que la
décolonisation de l'Afrique au Sud du Sahara avançait avec une
grande accélération. Dans ce contexte, muni du message aux
Églises d'Ibadan, le comité provisoire, à la tête
duquel se trouvait le Docteur M'Timkulu, se met à
réfléchir pour trouver des réponses à la question
de savoir quel rôle doit jouer l' Église dans l'édification
de ces nouvelles nations au cours de cette période de formation, pour
s'assumer en vue de se développer en vraies communautés
chrétiennes171.
À cet effet, le Docteur M'Timkulu, homme d'action, fait
de nombreux voyages à travers l'Afrique. Selon le rapport de Kampala, il
est difficile de trouver un seul endroit en Afrique
169 Ce comité était composé de personnes
suivantes : Sir Francis Ibiam, Esther L. Cocker, Jean Keller, Jean Libikulu,
Henry Makulu Stefano Moshi, Julio J. Miguel, Alan S. Paton, T. Rasendrahasina,
Georges W. Carpenter., in E. Tchuindjang,«Les expressions
oecuméniques d'une jeune Église», p.252.
170 Engagement, la deuxième Assemblée de la
C.É.T.A., " Abidjan 69 ", p. 17.
171 La Conférence de Kampala, 1963, p.8.
72
qu'il n'avait visité. Il rapproche aussi la
pensée et les conceptions de nombreux chefs
d'Églises172.
La première conférence des Églises de
Toute l'Afrique, se tient à Kampala en Ouganda, du 20 au 30 avril 1963.
Elle a été surtout et en premier lieu, dans sa nature, une «
Assemblée constituante des Églises de toute l'Afrique ».
Aussi a-t-elle adopté des textes de base, des fonctions, des structures
et les commissions de la C.É.T.A. Elle a également placé
des hommes à leur tête.
À Kampala, pour éviter toute équivoque
pouvant laisser croire qu'on vise à faire de cet organisme de
coopération une « super- Église », l'Assemblée
constituante adopte la nouvelle appellation suivante : Conférence des
Église s de Toute l'Afrique (C.É.T.A.). Le préambule de sa
constitution, adoptée le 24 avril 1963, stipule :
Les Églises et les conseils chrétiens d'Afrique,
signataires du présent document, convaincus que le dessein de Dieu
à l'égard des Églises d'Afrique est qu'elles vivent
ensemble dans une commune obéissance envers lui, pour l'accomplissement
de sa volonté dans le monde, ont constitué la Conférence
des Églises de Toute l'Afrique (C.É.T.A.). Cette
conférence est une communauté de consultation mutuelle et de
coopération dans la communion de l'Église
Universelle173.
1) La base et les fonctions de la C.É.T.A.
La C.É.T.A. est une association fraternelle
d'Églises qui confesse le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et
seul sauveur, selon les écritures, et s'efforcent d'accomplir ensemble
leur vocation commune, à la gloire du seul Dieu, Père, Fils et
Saint-Esprit.
Quant aux fonctions de la C.É.T.A., elles sont les
suivantes :
- rappeler sans cesse aux Églises et conseils
chrétiens les exigences de l'Évangile, concernant leur vie et
leur mission, pour l'évangélisation, le témoignage dans la
société, le service et l'unité. À cette fin, elle
encourage les Églises et les conseils chrétiens à
établir entre eux des échanges de vue et des activités
communes ;
- promouvoir un programme commun d'études et de
recherches ;
- favoriser dans les Églises d'Afrique des relations
plus étroites et un échange d'expériences par des visites,
des consultations, des conférences et la diffusion d'informations ;
- aider les Églises à recruter, échanger
et placer le personnel, à utiliser d'autres ressources pour leur
permettre de poursuivre leur tâche commune de la façon la plus
efficace ;
172 La Conférence de Kampala, 1963, p.8.
173 Ibid., p.69.
73
- aider les Églises dans leur tâche commune de
formation de cadres laïcs et pastoraux, pour la mission actuelle des
Églises ;
- sans porter préjudice à sa propre autonomie,
collaborer, d'une manière qui leur convienne mutuellement, avec le
Conseil OEcuménique des Églises et d'autres organismes
analogues.
Ce sont là la base et les six fonctions de la
C.É.T.A. Il y a lieu de constater qu'elles sont les mêmes que
celles du C.O.É. De ce fait, la C.É.T.A. semble être autre
chose que le C.O.É. sur le continent Africain. Elle a été
créée pour être entre les diverses dénominations qui
existent en Afrique, une communauté de consultation mutuelle et de
coopération dans la communion de l'Église universelle, en
attendant l'unité souhaitée.
Aujourd'hui la C.É.T.A. se consacre plus
particulièrement à la justice sociale (lutte contre la
pauvreté), à la lutte contre le sida, et aux relations
internationales en mettant en avant l'économie, l'éthique et la
morale. L'objectif est d'intégrer les Églises locales dans un
réseau international cohérent174.
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