4) Le changement de statut de la S.M.É.P. et la
naissance de la C.É.V.A.A. a) Projet des structures nouvelles de
l'action missionnaire
En novembre 1968, l'assemblée générale de
la S.M.É.P. charge son Comité élu en Juin, de
préparer les réformes des structures de la Société.
Elle prit fin le 31 octobre 1970. Le comité de la Société
se réunit de nouveau le 2 novembre 1970. Au cours de cette
séance, il étudie la résolution adoptée par
l'assemblée, concernant le nom de l'organisme international qui devra
remplacer la S.M.É.P. Ainsi, l'expression «Communauté
Évangélique d'Action Apostolique» fit son entrée dans
l'histoire. La première partie, contenant dix-sept articles est
consacrée à la « Communauté Évangélique
d'Action Apostolique » et la deuxième partie avec seize articles
concerne le « Département Évangélique Français
d'Action Apostolique ». L'article 2 du projet énumère les
Églises qui ont constitué la C.É.V.A.A., qui sont, et
c'est une liste provisoire en début de son existence :
- l'Église Évangélique du Cameroun ;
- l'Union des Églises Baptistes et
Évangéliques du Cameroun ;
- l'Église Protestante Méthodiste du Dahomey ;
- les Églises Protestantes de France (Église de la
Confession d'Augsbourg, d'Alsace et
de Lorraine, Église Évangélique
Luthérienne de la France, l' Église Réformée
d'Alsace et de Lorraine, l'Église Réformée
de France, la Fédération des Églises
Évangéliques Baptistes, l'Union Nationale des
Églises Réformées Évangélique s
Indépendantes)
- l'Église Évangélique du Gabon ;
- l'Église Évangélique du Lesotho ;
- l'Église de Jésus-Christ à Madagascar ;
- l'Église Évangélique de la Nouvelle
Calédonie ;
- l'Église Protestante Évangélique de
Polynésie Française ;
- les Églises Suisses Romandes qui ont constitué
leur département missionnaire ;
129 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques
d'une jeune Église », p.180.
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- l'Église Évangélique du Togo ;
- l'Église Évangélique de
Zambie130.
Le fait que l'É.É.C. se classe en tête de
cette énumération, se justifie par le rôle primordial
qu'elle a joué pour l'avènement de la Communauté, surtout
à travers le dynamisme de son Secrétaire Général le
pasteur Jean Kotto. Après, c'est l'U.É.B.C. Cela rentre dans le
même ordre d'idées. Car, au moment de son appel en 1964, le
pasteur Jean Kotto était aussi le Secrétaire
Général du Conseil des Églises Baptistes et
Évangéliques du Cameroun (C.É.B.É.C.). Et, c'est
cet organisme, qui était en charge de gérer les oeuvres de
témoignage chrétiens communes à l'É.É.C et
à l'U.É.B.C. Les statuts postérieurs de la
Communauté ainsi que les modifications de certains articles, garderont
la même disposition, c'est-à-dire, avec l'É.É.C. en
tête, suivie de l'U.É.B.C., de la liste des Églises membres
de la C.É.V.A.A. Cependant, dans un document datant du 21 au 28 juin
1986 à Maputo au Mozambique, le règlement intérieur de la
C.É.V.A.A., mentionne l'Église Protestante Méthodiste au
Bénin en tête de liste, suivie respectivement en deuxième
et troisième position de l'É.É.C. et de l'U.É.B.C.
Pourquoi ce changement ? Etait-ce une tentative d'ignorer le rôle
primordial joué par l'É.É.C. dans la création de la
Communauté ? Selon Emmanuel Tchuindjang, cela pourrait se justifier par
le fait qu'à l'époque de la rédaction de ce document,
c'est un Béninois de l'É.P.B.M., en la personne de Samuel
Aklé, qui était l'un des secrétaires de la
C.É.V.A.A., en charge de l'échange des
personnes131.
Le nouvel organisme missionnaire en gestation qu'était
la C.É.V.A.A s'attribuait donc quelques tâches qui sont
consignées à l'article 6132 du projet de structures
nouvelles de l'Action Missionnaire. Il est dit que la a C.É.V.A.A a une
triple responsabilité :
a) mener une réflexion continue sur la signification
de l'Évangile et sur la mission de l'Église, établir une
politique générale d'action apostolique et assurer une
unité d'action ;
b) établir la liste des tâches qui seront prises
en charge en tenant compte d'une part des demandes et des besoins
exprimés par chaque Église ou organisme, d'autre part des
ressources disponibles en Hommes et en argent ;
c) décider des voies et moyens de l'exécution
de ces tâches, soit en les confiant à des Églises ou
organismes, soit en les prenant elle-même en charge, et veiller à
leur réalisation.
130 J.M.É., août-septembre 1971, p.180.
U.P.A.C. / Yaoundé.
131 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques
d'une jeune Église », p. 182.
132 J.M.É., août-septembre 1971, p. 191.
57
Ce sont là les lignes directrices de l'Action
missionnaire de la nouvelle Communauté qui remplacera la
S.M.É.P.
La deuxième partie du projet de structures nouvelles de
l'Action missionnaire fut consacrée au Département
Évangélique Français d'Action Apostolique
(D.É.F.A.P.). Comme on peut le constater par le projet de structures
nouvelles de l'Action missionnaire, ce sont deux organismes qui se sont mis sur
pieds. L'un international, dénommé Communauté
Évangélique d'Action Apostolique (C.É.V.A.A), l'autre
national Français, le D.É.F.A.P. Le projet précisa la
nature et la fonction de ce dernier. La nécessité de créer
cet organisme français émana du fait que l'idée en cours
dans les milieux oecuméniques dont les Églises françaises
étaient imprégnées, était l'intégration de
la Mission dans l'Église. En bref, dans ce projet, le D.E.F.A.P apparut
en gros comme l'organe qui poursuivrait dans les Églises de France,
l'oeuvre de la S.M.É.P., en liaison avec la C.É.V.A.A.
Aujourd'hui, on aime bien présenter le D.É.F.A.P. en France comme
le Service Protestant de la Mission et des relations internationales.
b) Dissolution de la S.M.É.P. et création
de la C.É.V.A.A.
Le 30 novembre 1971, le glas sonna pour la S.M.É.P. Sa
dissolution est prononcée lors de sa 143ème et
dernière Assemblée Générale. Son dernier
président, Jean Courvoisier, la reconnaît en ces propos : «
Dans l'histoire contemporaine du protestantisme de langue française, une
grande dame s'efface aujourd'hui : la Société des Missions
Évangéliques de Paris qui, constituée à Paris le 04
novembre 1822, aurait eu dans douze mois et cinq jours, 150 ans133
». À partir de ce moment, la S.M.É.P. se prolongea dans un
organisme français, le D.É.F.A.P., et donna naissance à un
organisme international, la C.É.V.A.A. Faisant un témoignage
à ce sujet, Maurice Pont, directeur de la S.M.É.P., nommé
un an auparavant, en remplacement de Charles Bonzon dira : « Il n'y a ni
mort, ni disparition, mais transformation et renouvellement
»134. Comme pour dire, qu'il y a dans la dissolution de la
S.M.É.P., une continuité et une nouveauté. Ce qui se
poursuit, c'est le D.É.F.A.P, service protestant de mission et de
relations internationales, qui poursuivra dans les Églises de France
l'oeuvre de la S.M.É.P., en liaison avec la C.É.V.A.A. Ce qui est
nouveau, c'est la C.É.V.A.A, dont le premier secrétaire
général, le malgache Victor Rakotoarimanana, donne un
aperçu de ses activités et des Églises qui la composent en
ces termes :
La C.É.V.A.A est une communauté d'Églises
ayant chacune son autonomie, son identité, sa situation
particulière. Mais, dans cette diversité, toutes ces
Églises ont accepté délibérément de
133 J.M.É., octobre, novembre et décembre
1971, p.199. 134Ibid, p. 194.
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marcher ensemble, de s'engager ensemble pour la cause de l'
Évangile et pour annoncer le salut d'aujourd'hui135.
C'est ainsi que la structure missionnaire dont rêva le
pasteur Jean Kotto, secrétaire général de
l'É.É.C., dans son appel de 1964, devint une
réalité par la naissance de la C.É.V.A.A. L'idée de
base de la C.É.V.A.A. était donc : « Par le partage, aider
les Églises de plusieurs continents à mieux vivre et
témoigner leur foi chrétienne dans notre monde d'aujourd'hui
»136. Celle-ci regroupe actuellement 35 Églises
protestantes réparties dans 24 pays en Afrique, en Amérique
Latine, en Europe, dans l'Océan Indien et dans le
Pacifique137.
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