Eglise evangélique du cameroun et coopération internationale (1957-2007)( Télécharger le fichier original )par Moise NKAPMENI NGAPET UNIVERSITE DE YAOUNDE I (ENS) - DIPES II 2015 |
Source : L'Appel n° Spécial Synode Général de l'É.É.C., 1999, p.11. En 1977, une réunion extraordinaire du Synode Général avait adopté une nouvelle constitution de l'Église stipulant que le président général aurait le mandat de diriger une équipe de cinq membres ou bureau de l'Église, et d'exercer l'autorité administrative sur toute l'Église et avec l'extérieur, fonction qui était auparavant réservée au secrétaire général de l'Église. Les statistiques jusqu'en 2007 montrent une nette évolution de ses fidèles. Ainsi de 50 050 membres en 1957, elle est passée successivement à 100 000 en 1967, à 150 000 en 1972. En 1995, lors de la célébration du 150ème anniversaire de l'arrivée de l'évangile au Cameroun, le chiffre d'un million cent soixante-quinze mille membres était avancé96. En 1999, l'É.É.C. comptait cent cinquante mille membres dont six cent mille étaient membres communiants97. En 2005, l'É.É.C. avait 2,5 millions de membres inscrits, 300 pasteurs, 96 L'Appel n°8, janvier-février 1997, p. 9. Ce chiffre semble être celui de la population liée d'une manière ou d'une autre à l'É.É.C. Le chiffre de sept cent mille membres semble être plausible. 97 L'Appel, n° Spécial, 43è Synode Général, p. 4. 39 environ 450 évangélistes qui desservaient près de 700 paroisses, dont une dizaine à Yaoundé98. L'É.É.C. est présente sur l'ensemble du territoire national. Jusqu'en 2007, elle comptait quinze Régions Synodales qui sont : Bamboutos et Mezam, Centre-Sud, Est, Grand-Nord, Haut-Nkam, Menoua, Mifi-Koung-Khi-Hauts-Plateaux, Moungo-Nord, Moungo-Sud, Ndé-Mbam et Inoubou, Nkam, Noun-Nord, Noun-Sud, Wouri, Sanaga Maritime et Océan. B. Les organes dirigeants de l'Église Évangélique du CamerounDans une structure pyramidale, du bas vers le haut, les paroisses sont regroupées en districts. L'organe délibérant du district est appelé consistoire. C'est une assemblée composée des anciens des paroisses, des responsables d'activités et des oeuvres de témoignage chrétien du district. Un ensemble de districts constituent une région synodale. Les régions synodales sont coiffées par le Synode Général. Organe Suprême de l'É.É.C., le Synode Général, a la charge des Intérêts de l'Église, il élit les membres du Bureau de l'É.É.C. et les membres du Conseil Synodal Général. La politique définie par le Synode général est mise en oeuvre par quatre organes exécutifs à savoir : - le Bureau de l'Église, composé de cinq membres, qui se réunit une fois par mois ; - le Bureau élargi, qui comprend les cinq membres du Bureau et douze membres élus, qui se réunit une fois par trimestre ; - la Conférence synodale nationale, qui se réunit une fois par semestre ; - le Conseil Synodal Général qui comprend tous les membres de la conférence synodale nationale, les responsables d'oeuvres, les trésoriers et les coordinateurs régionaux. Il se réunit deux fois l'an. Des sous-commissions sont instituées par le Synode général pour préparer les projets de décisions pour la Commission Exécutive dans les domaines ci-après : Mission, Évangélisation et vie spirituelle, oeuvres, finances, discipline, bourses, élections.99. C. Les oeuvres de témoignage chrétien ou Service et partagePour vivre pleinement sa foi, l'É.É.C. a créé des oeuvres de témoignage. Ces oeuvres visent à continuer l'action évangélique pour le développement et l'édification de tout Homme et de tout l'Homme. La création des oeuvres est initiée par la paroisse, le district, la région, la 98 J. J. Bauswein et Lukas Vischer (éd.), International Organisations. Grandrapids, Cambridge, Wim B. Eedmans, 1999, p. 99. 99 www.eeccameroun.org, consulté le 14 novembre 2014. 100 C. Tchapi Tchapi, La formation et l'encadrement chrétien de la jeunesse, exemple de l'Église Évangélique du Cameroun, mémoire de Licence en Théologie, F.T.P.Y., 1984, pp. 68-84. 40 commission exécutive, le synode général. L'encadrement et la supervision administrative et technique des oeuvres sont assurés par les directions nationales d'oeuvres, travaillant en étroite collaboration avec les conseils d'anciens, les responsables de district ou de région où sont implantées ses oeuvres. L'enseignement maternel et primaire est dispensé dans 186 écoles qui fonctionnent avec près de neuf cents enseignants pour trente-huit mille élèves. L'enseignement secondaire et technique est dispensé dans treize établissements par cinq cents professeurs à dix mille quatre cents élèves. Les soins médicaux assurés par l'É.É.C. sont dispensés dans cinq hôpitaux (Douala, Ndoungué, Bangwa, Mbouo-Bandjoun et Foumban) et cinquante dispensaires et tenus par vingt-et-un médecins. L'action sociale de l'Église est présente sous la forme d'un Centre d'enfants abandonnés à Ntolo dans le département du Moungo et du Centre d'Animation, de Formation, de Recherche et d'Appui au Développement (C.A.F.R.A.D.), basé à Douala. Ce centre se veut être un outil d'intervention en milieu urbain et péri-urbain. Le Département de l'Éducation Chrétienne (D.É.C.), crée en 1960, couvre plusieurs domaines de l'Église en rapport avec la formation chrétienne : culte d'enfants, révision des cahiers bibliques pour enfants, arts, culture et recherches hymnologiques, liturgie, cahiers de liturgies et de chants (« Chantons »), rédaction d'un catéchisme évangélique « Suis-moi » et d'un manuel pour maître, aumônerie pour des cahiers sur la Bible et l'histoire de l'Église édités par les éditions CLÉ, formation des chefs de chorales, retraites pastorales, formation théologique des laïcs, documentations et recherches théologiques100. D- Les partenaires de l'Église Évangélique du CamerounAu lendemain de son autonomie, l'É.É.C. a noué des relations avec plusieurs structures Églises au-delà des frontières du Cameroun, ce qui constitue en fait son champ des relations internationales. On peut citer entre autres : - Alliance Reformée Mondiale (A.R.M.) ; - Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C. É.V.A.A.) ; - Conférence des Églises de Toute l'Afrique (C. É.T.A.) ; 41 - Conseil des Églises Protestantes du Cameroun (C.É.P.C.A.) ; - Conseil OEcuménique des Églises (C.O.É.) ; - Département Français d'Action Apostolique (D.É.F.A.P.), Service Protestant de mission- - Département Missionnaire des Églises Protestantes de Suisse Romande (DM-Echange et Missions) ; - Église Évangélique de Westphalie en Allemagne ; - Église Réformée de France (É.R.F.) ; - Églises Protestantes Unies aux Pays-Bas (É.P.U. /P.B.) ; - Mission Allemande aux Marins (M.A.M.) ; - KERKINACTIE, Pays-Bas. - Mission Évangélique Unie (M. É.U.) ; - Service des Églises Évangéliques en Allemagne pour le Développement (É. É.D.). À l'analyse, l'authenticité de l'É.É.C. réside de ces influences missionnaires étrangères, qui posent aujourd'hui le problème des relations entre les Missions européennes et le christianisme autochtone. De ce fait, l'Église Évangélique du Cameroun constitue un laboratoire où des expériences nouvelles d'une dimension oecuménique et d'un enracinement réciproque se font jour : une ouverture au monde, un sens de l'évangélisation lointaine. 5. 42 CHAPITRE II :
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Pays |
Nom de la jeune Église |
Années |
Cameroun |
- Église Évangélique du Cameroun (É.É.C.) - Union des Églises Baptistes et
Évangéliques du |
1957 1957 |
Madagascar |
Église Évangélique de Madagascar |
1958 |
Togo |
Église Évangélique du Togo |
1959 |
Nouvelle Calédonie |
Église Évangélique de Nouvelle Calédonie |
1960 |
Tahiti |
Église Évangélique de Tahiti |
1960 |
Gabon |
Église Évangélique du Gabon (E.E.G.) |
1961 |
Zambie |
Église Évangélique de Zambie |
1964 |
Source : E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une Église du tiers-monde », p. 153, modifié par ordre chronologique.
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Comme nous pouvons le constater, en 1964, toutes les Églises du champ de mission de la S.M.É.P. étaient devenues autonomes. De ce fait, la question urgente qui se posait était celle
de savoir, ce qu'allait devenir cette société
missionnaire, créée pour envoyer les
missionnaires dans les
territoires d'Outre-Mer. Autrement dit, fallait-il la dissoudre ou l'orienter
vers une nouvelle voie, en mettant en place des nouvelles structures ? Cette
préoccupation de l'avenir était d'abord celle de son
président Marc Boegner, et ensuite de son directeur Charles Bonzon.
Devant cette situation, les jeunes Églises font entendre leurs voix. A cette interpellation, elles répondent par le biais du pasteur Camerounais Jean Kotto alors Secrétaire Général de l'Église Évangélique du Cameroun, à travers un discours devenu célèbre, et qui est une référence pour la marche vers la création de la C.É.V.A.A.
B- Les événements ayant abouti à la naissance de la C.É.V.A.A.
Avant d'analyser l'appel du pasteur Jean Kotto, étudions d'abord sommairement sa biographie.
Jean Kotto est né en 1918 d'un père évangéliste. Il a vécu de 1918 à 1987. Il exerce comme instituteur à l'école des catéchistes de Ndoungué, puis comme professeur au Collège inter-missionnaire de Libamba. Après des études de théologie à Paris, il est consacré pasteur le 17 octobre 1954 et devient enseignant de Théologie à Ndoungué. En 1957, il est simultanément élu premier Secrétaire Général de l'É.É.C. autonome et du Conseil des Églises Baptistes et Évangéliques du Cameroun (C.É.B.É.C.). Il demeure Secrétaire Général de l'É.É.C. jusqu'en 1977, année où il est élu Président de cette Église. Il restera à ce poste jusqu'en 1987, année de son décès. Au sein des Organisations oecuméniques, il a occupé les postes ci-après : Président du Conseil d'Administration de la Faculté de Théologie Protestante de Yaoundé de 1967 à 1987, président de la Fédération des Églises et Missions Évangéliques du Cameroun (F.É.M.É.C.) de 1972 à 1987, membre du Conseil de la C.É.V.A.A et du Comité Central du C.O.É. Jean François Zorn qui donne cette brève biographie dans l'Encyclopédie du Protestantisme, le qualifie de « personnalité la plus marquante du protestantisme africain francophone de l'après-guerre de 1939 à 1945 »122. Bien plus, Le
122P.Gisel et L. Kaennel (dir.), Encyclopédie du protestantisme, Quadrige, P.U.F., 2ème édition, 2006 p. 731.
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pasteur Jean Kotto parvient à renouer des liens de l'É.É.C. avec l'ancien partenaire qu'était la Mission de Paris. Parmi les missionnaires français et suisses qui, suivant cet appel, ont été envoyés dans l'Église Bamiléké, il faut noter les noms des pasteurs Gérard Bach à Dschang, Jacques Roehrich et Eugène Porret à Bafoussam.
Photo n°2 : Le Pasteur Jean Kotto, premier Secrétaire Général, artisan des relations internationales de l'É.É.C.
Source : Annexes, J.P. Messina et J. V. Slageren, Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Paris/ Yaoundé, Karthala/CLÉ, 2005.
Plus important encore, en 1964, à l'Assemblée Générale de la S.M.É.P., répondant à la sollicitation au sujet son avenir, Jean Kotto lance un vigoureux appel en faveur de la dissolution de cette structure missionnaire en vue de pouvoir créer une Action Apostolique
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Commune (A.A.C.) aux Africains, Océaniens et Européens. Le but fut atteint en 1971 par la création de la Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C. É.V.A.A.)123.
Ainsi, à la question de savoir si les jeunes Églises étaient prêtes à participer par certains de leurs membres, pasteurs et laïcs, à des équipes que la S.M.É.P. constituerait en vue d'une Action missionnaire commune, la réaction de tous est positive. Mais Jean Kotto donne à cette question une portée nouvelle. Une action missionnaire commune ? C'est la question qui est posée. La réponse est donnée par l'affirmative. Pour le pasteur, il faut constituer une nouvelle société, un nouvel organisme missionnaire. Avec les Églises d'Europe qui ont soutenu jusqu'alors la Mission de Paris et les jeunes Églises qui, en relation avec elles, sont alors devenues autonomes, elles seraient appelées à concevoir, à élaborer et à mener en commun l'ensemble de leurs activités communes. C'est une communauté nouvelle, intercontinentale, supranationale et supra raciale que le pasteur Jean Kotto souhaite que l'on mette sur pied, à la place de la S.M.É.P. son Assemblée Générale accepte donc ce voeu, à la suite d'un long entretien qui fut parfois très émouvant.
Cet appel est comme un détonateur, comme une graine semée prête à germer, pousser et donner un grand arbre. Par cet acte, le pasteur Kotto oriente les esprits vers des formes nouvelles que pourraient revêtir le service de la S.M.É.P. : l'union de nouveaux labeurs des Église s qui ont soutenu, jusqu'en 1964 la S.M.É.P. et de celles qui sont nées de son action missionnaire dans les pays d'Outre-mer.
À son retour au Cameroun, Jean Kotto entame la sensibilisation à l'É.É.C. en général et auprès des pasteurs responsables des paroisses et districts, des présidents des Régions Synodales, des délégués régionaux du Synode Général, des directeurs des oeuvres de témoignage chrétien, en particulier. Dans cette sensibilisation à la base, il reprit l'exposé fait à Paris, l'expliqua et le développa. Puis, le projet fut porté à la connaissance des délégués au Synode Général, organe suprême de décision de l'É.É.C., au cours de sa session de Yaoundé, en février 1965. C'est ainsi qu'après avoir entendu et discuté l'exposé présenté par le pasteur Jean Kotto, le Synode Général adopta à l'unanimité le principe d'une Action Apostolique Commune au niveau de l'Afrique et jusqu'aux extrémités du monde124. Par cette décision importante, l'Église venait de prendre une lourde responsabilité qui l'engageait dans une
123 Encyclopédie du protestantisme, p. 731.
124 J.M.É., janvier 1965, p. 168.
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nouvelle perspective de sa mission au Cameroun, en Afrique et dans le monde entier. Désormais, l'É.É.C. est embarquée dans l'Action missionnaire commune.
Le Synode Général ayant donné le feu vert à engager l'É.É.C. dans l'Action Apostolique Commune, le pasteur Jean Kotto initie une consultation à l'échelon très réduit entre le Gabon et le Cameroun. Elle se tient à Douala les 7 et 8 mai 1965, pour préparer la grande réunion d'étude qui doit se tenir dans la même ville, le 31 octobre jusqu'à la première semaine de novembre.
La première consultation se tient à Douala du 24 au 27 octobre 1965 à l'initiative de l'É.É.C. Elle regroupe tous les présidents et les secrétaires généraux issus du travail de la S.M.É.P. ou en étroite collaboration avec elle. Ainsi, les plus hautes autorités des neuf Églises d'Afrique, de Madagascar et du Pacifique s'y retrouvent. Elles sont accueillies à la paroisse du Centenaire de l'É.É.C., pour un service cultuel émouvant. Des séances de travail se succèdent à un rythme rapide, faisant apparaître entre tous les délégués, un accord total sur le principe de l'Action Apostolique Commune.
Le communiqué final montre bien le travail accompli au cours de ces différentes journées. Il indique aussi le sérieux des discussions et les différents stades de la réalisation de ce projet exaltant125. Ce communiqué envisage comme mode d'action :
- une action permanente dans les pays encore non évangélisés ou peu évangélisés ;
- une action temporaire au service des Églises souhaitant qu'un travail d'évangélisation soit entrepris dans leur propre pays.
Dans les deux cas, des équipes multiraciales seraient à l'oeuvre, après avoir été soigneusement formées dans des centres choisis. Cet effort ne se limiterait pas seulement aux pays des jeunes Églises, mais pourrait aussi bien se développer en Europe dans la mesure où les Églises de France ou de Suisse leur feraient appel.
La seconde consultation se tient à Paris le 05 novembre 1965, à la veille de la 138ème assemblée générale. Elle regroupe les présidents et les secrétaires généraux des nouvelles Églises. Sous la présidence de Marc Boegner, un entretien vivant et fraternel aboutit à une acceptation sans réserves du principe de l'Action126.
En présence des résultats positifs de Douala et de Paris, le Comité de la S.M.É.P. décida, dans sa séance du vendredi 05 novembre 1965, qu'une place importante soit faite les jours
125 Semaine Camerounaise, n°98 du 25 décembre 1965, pp. 2 et 4 ; J.M.É., septembre 1965, pp. 238-239. Bibliothèque U.P.A.C. de Yaoundé.
126 J.M.É., décembre 1965, p. 223.
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suivants dans le programme de l'assemblée, à la question de l'Action Apostolique Commune. En 1965, c'est l'engagement des Églises d'Outre-Mer au projet de l'Action Apostolique Commune et le voeu de l'assemblée générale de la S.M.É.P.
En 1966, les Églises de France et de Suisse décident de participer à l'entreprise de l'A.A.C. En effet, l'A.A.C. est à l'ordre du jour du Synode National de l'Église Réformée de France, réunie à Clermont Ferrand, du 31 avril au 02 mai 1966. Au courant de la même année, les autres Églises membres de la Fédération Protestante de France, dans le cadre du Département des relations extérieures, donnent leur accord complet au projet de l'A.A.C. et s'engagent à y participer activement. De leur côté, les équipes de Suisse Romande regroupées dans leur développement missionnaire, adoptent elles aussi une attitude positive.
Toujours en 1966, se tient la seconde consultation préparatoire de l'A.A.C. Cette fois, la rencontre eu lieu à Lomé au Togo du 15 au 18 janvier 1966. Le principe de cette Action étudié et accepté, il faut cette réunion pour donner corps au projet. La consultation de Lomé donna les grandes lignes de la mesure à entreprendre. Elle procède aussi à une première étude du problème d'évangélisation de l'ethnie Fon du Togo.
En 1967, la première équipe de l'A.A.C. se constitue. Ce qui signifie que le projet est arrivé au stade des réalisations concrètes. La première équipe entre en fonction le 22 novembre 1967. Les membres de la commission d'Évangélisation du Sud-Ouest du Dahomey (C.É.S.O.D.)127 résidant au Togo et au Dahomey ont le privilège de présenter les six équipiers de la première opération de l'A.A.C. à l'Église Protestante Méthodiste du Dahomey128. La première équipe de l'A.A.C. est composée des acteurs suivants :
- Mlle Denyigba du Togo, Animatrice Sociale, célibataire et âgée de 23 ans ;
- M. Matthieu Zinhouin du Dahomey, âgé de 30 ans, marié, appartenant à l'ethnie Fon et Evangéliste de l'Église Protestante Méthodiste du Dahomey ;
- Mésak Tchakounté, 35 ans, marié et père d'un enfant, licencié en Théologie à la
Faculté de Théologie de Paris et Pasteur à l'Église Évangélique du Cameroun;
- Georges Kelly, 28 ans, Pasteur de l'Église Évangélique de Tahiti, marié et père d'un enfant. Il était parallèlement Animateur de Jeunesse ;
- Pierre Tissot, 50 ans, célibataire, Pasteur de l' Église Réformée de France;
- Ernerst Rakotoarison, 24 ans, célibataire, Instituteur de l'Église Évangélique de Madagascar ;
127 Tel est le nom officiel de l'entreprise d'évangélisation en pays Fon au Dahomey.
128 Protestants Atlantique, mai 1970, p. 2. Bibliothèque U.P.A.C. / Yaoundé.
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- une septième équipière vint en janvier 1968 se joindre aux six autres. Il s'agit de Mlle Marguerite Frey, Infirmière Suisse Alémanique129.
Comme on peut le constater, c'est une équipe multiraciale, intercontinentale et inter ecclésiastique, comme l'avait souhaitée le pasteur Jean Kotto dans son discours d'appel. Bien plus, dans l'équipe se trouve un pasteur Camerounais, Mésak Tchakounté, de l'É.É.C.
En novembre 1968, l'assemblée générale de la S.M.É.P. charge son Comité élu en Juin, de préparer les réformes des structures de la Société. Elle prit fin le 31 octobre 1970. Le comité de la Société se réunit de nouveau le 2 novembre 1970. Au cours de cette séance, il étudie la résolution adoptée par l'assemblée, concernant le nom de l'organisme international qui devra remplacer la S.M.É.P. Ainsi, l'expression «Communauté Évangélique d'Action Apostolique» fit son entrée dans l'histoire. La première partie, contenant dix-sept articles est consacrée à la « Communauté Évangélique d'Action Apostolique » et la deuxième partie avec seize articles concerne le « Département Évangélique Français d'Action Apostolique ». L'article 2 du projet énumère les Églises qui ont constitué la C.É.V.A.A., qui sont, et c'est une liste provisoire en début de son existence :
- l'Église Évangélique du Cameroun ;
- l'Union des Églises Baptistes et Évangéliques du Cameroun ;
- l'Église Protestante Méthodiste du Dahomey ;
- les Églises Protestantes de France (Église de la Confession d'Augsbourg, d'Alsace et
de Lorraine, Église Évangélique Luthérienne de la France, l' Église Réformée
d'Alsace et de Lorraine, l'Église Réformée de France, la Fédération des Églises
Évangéliques Baptistes, l'Union Nationale des Églises Réformées Évangélique s
Indépendantes)
- l'Église Évangélique du Gabon ;
- l'Église Évangélique du Lesotho ;
- l'Église de Jésus-Christ à Madagascar ;
- l'Église Évangélique de la Nouvelle Calédonie ;
- l'Église Protestante Évangélique de Polynésie Française ;
- les Églises Suisses Romandes qui ont constitué leur département missionnaire ;
129 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.180.
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- l'Église Évangélique du Togo ;
- l'Église Évangélique de Zambie130.
Le fait que l'É.É.C. se classe en tête de cette énumération, se justifie par le rôle primordial qu'elle a joué pour l'avènement de la Communauté, surtout à travers le dynamisme de son Secrétaire Général le pasteur Jean Kotto. Après, c'est l'U.É.B.C. Cela rentre dans le même ordre d'idées. Car, au moment de son appel en 1964, le pasteur Jean Kotto était aussi le Secrétaire Général du Conseil des Églises Baptistes et Évangéliques du Cameroun (C.É.B.É.C.). Et, c'est cet organisme, qui était en charge de gérer les oeuvres de témoignage chrétiens communes à l'É.É.C et à l'U.É.B.C. Les statuts postérieurs de la Communauté ainsi que les modifications de certains articles, garderont la même disposition, c'est-à-dire, avec l'É.É.C. en tête, suivie de l'U.É.B.C., de la liste des Églises membres de la C.É.V.A.A. Cependant, dans un document datant du 21 au 28 juin 1986 à Maputo au Mozambique, le règlement intérieur de la C.É.V.A.A., mentionne l'Église Protestante Méthodiste au Bénin en tête de liste, suivie respectivement en deuxième et troisième position de l'É.É.C. et de l'U.É.B.C. Pourquoi ce changement ? Etait-ce une tentative d'ignorer le rôle primordial joué par l'É.É.C. dans la création de la Communauté ? Selon Emmanuel Tchuindjang, cela pourrait se justifier par le fait qu'à l'époque de la rédaction de ce document, c'est un Béninois de l'É.P.B.M., en la personne de Samuel Aklé, qui était l'un des secrétaires de la C.É.V.A.A., en charge de l'échange des personnes131.
Le nouvel organisme missionnaire en gestation qu'était la C.É.V.A.A s'attribuait donc quelques tâches qui sont consignées à l'article 6132 du projet de structures nouvelles de l'Action Missionnaire. Il est dit que la a C.É.V.A.A a une triple responsabilité :
a) mener une réflexion continue sur la signification de l'Évangile et sur la mission de l'Église, établir une politique générale d'action apostolique et assurer une unité d'action ;
b) établir la liste des tâches qui seront prises en charge en tenant compte d'une part des demandes et des besoins exprimés par chaque Église ou organisme, d'autre part des ressources disponibles en Hommes et en argent ;
c) décider des voies et moyens de l'exécution de ces tâches, soit en les confiant à des Églises ou organismes, soit en les prenant elle-même en charge, et veiller à leur réalisation.
130 J.M.É., août-septembre 1971, p.180. U.P.A.C. / Yaoundé.
131 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p. 182.
132 J.M.É., août-septembre 1971, p. 191.
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Ce sont là les lignes directrices de l'Action missionnaire de la nouvelle Communauté qui remplacera la S.M.É.P.
La deuxième partie du projet de structures nouvelles de l'Action missionnaire fut consacrée au Département Évangélique Français d'Action Apostolique (D.É.F.A.P.). Comme on peut le constater par le projet de structures nouvelles de l'Action missionnaire, ce sont deux organismes qui se sont mis sur pieds. L'un international, dénommé Communauté Évangélique d'Action Apostolique (C.É.V.A.A), l'autre national Français, le D.É.F.A.P. Le projet précisa la nature et la fonction de ce dernier. La nécessité de créer cet organisme français émana du fait que l'idée en cours dans les milieux oecuméniques dont les Églises françaises étaient imprégnées, était l'intégration de la Mission dans l'Église. En bref, dans ce projet, le D.E.F.A.P apparut en gros comme l'organe qui poursuivrait dans les Églises de France, l'oeuvre de la S.M.É.P., en liaison avec la C.É.V.A.A. Aujourd'hui, on aime bien présenter le D.É.F.A.P. en France comme le Service Protestant de la Mission et des relations internationales.
b) Dissolution de la S.M.É.P. et création de la C.É.V.A.A.
Le 30 novembre 1971, le glas sonna pour la S.M.É.P. Sa dissolution est prononcée lors de sa 143ème et dernière Assemblée Générale. Son dernier président, Jean Courvoisier, la reconnaît en ces propos : « Dans l'histoire contemporaine du protestantisme de langue française, une grande dame s'efface aujourd'hui : la Société des Missions Évangéliques de Paris qui, constituée à Paris le 04 novembre 1822, aurait eu dans douze mois et cinq jours, 150 ans133 ». À partir de ce moment, la S.M.É.P. se prolongea dans un organisme français, le D.É.F.A.P., et donna naissance à un organisme international, la C.É.V.A.A. Faisant un témoignage à ce sujet, Maurice Pont, directeur de la S.M.É.P., nommé un an auparavant, en remplacement de Charles Bonzon dira : « Il n'y a ni mort, ni disparition, mais transformation et renouvellement »134. Comme pour dire, qu'il y a dans la dissolution de la S.M.É.P., une continuité et une nouveauté. Ce qui se poursuit, c'est le D.É.F.A.P, service protestant de mission et de relations internationales, qui poursuivra dans les Églises de France l'oeuvre de la S.M.É.P., en liaison avec la C.É.V.A.A. Ce qui est nouveau, c'est la C.É.V.A.A, dont le premier secrétaire général, le malgache Victor Rakotoarimanana, donne un aperçu de ses activités et des Églises qui la composent en ces termes :
La C.É.V.A.A est une communauté d'Églises ayant chacune son autonomie, son identité, sa situation particulière. Mais, dans cette diversité, toutes ces Églises ont accepté délibérément de
133 J.M.É., octobre, novembre et décembre 1971, p.199. 134Ibid, p. 194.
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marcher ensemble, de s'engager ensemble pour la cause de l' Évangile et pour annoncer le salut d'aujourd'hui135.
C'est ainsi que la structure missionnaire dont rêva le pasteur Jean Kotto, secrétaire général de l'É.É.C., dans son appel de 1964, devint une réalité par la naissance de la C.É.V.A.A. L'idée de base de la C.É.V.A.A. était donc : « Par le partage, aider les Églises de plusieurs continents à mieux vivre et témoigner leur foi chrétienne dans notre monde d'aujourd'hui »136. Celle-ci regroupe actuellement 35 Églises protestantes réparties dans 24 pays en Afrique, en Amérique Latine, en Europe, dans l'Océan Indien et dans le Pacifique137.
Les statuts adoptés dans la C.É.V.A.A. mentionnent l'É.É.C. en tête de la liste des Églises qui ont institué la Communauté des Églises membres138. La présence de l'É.É.C. au sein de cette Communauté va se faire ressentir.
1) Les responsabilités assumées par les fidèles et membres au sein de la C.É.V.A.A.
Le Secrétaire Général de l'É.É.C., le pasteur Jean Kotto a été membre du Conseil de la Communauté. Paul Soppo Priso, un laïc très engagé de l'É.É.C., décédé le 25 mai 1996 à Paris, a été pendant douze ans, membre de la Commission Financière de la C.É.V.A.A. Le pasteur Charles Emmanuel Njiké, Président Général de l'É.É.C. de 1992 à 1998, âgé de 65 ans, a assuré la présidence de cette Organisation durant un mandat, c'est-à-dire de 1993 à 1996. Il avait été élu à l'issue de son conseil annuel tenu à Tahiti en Polynésie Française du 21 juin au 2 juillet 1993. Cette nomination a fait un grand écho dans la presse, puisque, depuis la création de la C.É.V.A.A. en 1971, c'est la première fois qu'un Africain occupe ce poste. L'hebdomadaire Protestant Le christianisme au XXè siècle consacre, dans sa parution du 31 octobre au 6 novembre 1993, deux de ses précieuses pages139 à une interview au pasteur Charles Emmanuel Njiké. Ce journal rapporte l'événement même avec un titre frôlant la publicité : « Grande première à la C.É.V.A.A : son président est Africain! ». De même, le journal L'Appel, organe International d'information et d'expression de l'Église Évangélique du Cameroun, à la une de son numéro Double 25-26 de juin septembre 1993 titre : « C.É.V.A.A : Un Tiers-Mondiste au fauteuil! ».
135 V. Rakotoarimanana, " La communauté et son espérance" in J.M.É., n° 7, 8 et 9, 1974, p. 7. 136La CEVAA Pourquoi faire ?, p. 3.
137www.cevaa.org. Consulté le 26 janvier 2015.
138 J.M.É., octobre, novembre et décembre 1971, p. 227.
139 Le christianisme au XXè siècle, n°422, 31 octobre-2 novembre 1993, pp. 6-7. Archives Michel Ngapet.
59
Bien plus, l'É.É.C. accueille la réunion du comité exécutif, puis du conseil de la C.É.V.A.A., au Centre Polyvalent de Mbouo-Bandjoun du 18 juin au 1er juillet 1995. Au cours de ses assises, le Président de la C.É.V.A.A., le pasteur Charles Emmanuel Njiké exhorta les délégués à ne pas perdre de vue les impératifs de la devise de la Communauté à savoir : témoigner, servir, partager140.
La participation des femmes de l'É.É.C. au sein de cette Communauté n'est pas en reste. En effet, une délégation des femmes du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes (D.U.F.C.) de l'É.É.C., a pris part au lancement officiel de la caravane des femmes pour la paix, organisée par la C.É.V.A.A, à Marrakech au Maroc, le 25 mai 2006. Cette caravane a séjourné en terre camerounaise du 13 au 31 octobre 2007, et est accueillie par les Églises locales membres de la C. É.V.A.A., dont l'É.É.C. L'étape du Cameroun a pour thème : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jean 14 : 27)141.
En ce qui concerne la vie financière de l'É.É.C. à la C.É.V.A.A., le tableau ci-après indique sa participation financière. Dans ce tableau sont mentionnées les subventions que l'É.É.C. a reçues de la C.É.V.A.A. La participation, c'est pour le budget de la Communauté. Quant aux subventions, elles sont destinées à la formation, aux groupes, au traitement des ouvriers et autres, ainsi qu'au fonctionnement.
140 CEVAA Infos, n°20, juillet 1995, p.7. U.P.A.C. / Yaoundé.
141 L'Appel n°29, juillet-décembre 2007, p.51.
60
Tableau n°3 : Participation financière et subventions reçues par l'É.É.C. à la C.É.V.A.A. de 1977 à 1990.
Années |
Budget (recettes versées
par |
Subventions en |
Sources |
1977 |
150 000 |
- |
J.M.É., 1979, supplément n°12, p.30. |
1978 |
150 000 |
- |
J.M.É., 1979, p.30. |
1979 |
200 000 |
- |
J.M.É., 1979, supplément n°4, p.30. |
1980 |
- |
764 0040 |
J.M.É., 1979, p.31 |
1981 |
200 0000 |
1 102 630 |
J.M.É., 1980, supplément n°4, p. 40. |
1982 |
200 000 |
1 226 390 |
J.M.É., 1981, p.18. |
1990 |
200 000 |
1 137 140 |
J.M.É., décembre 1989, n°5, p.65, p. 18. |
Ce tableau est donné à titre indicatif, juste dans le but de montrer que l'É.É.C. a été active dans la vie financière de la C.É.V.A.A. Les espaces vides signifient que les chiffrent qui devraient se trouver ne sont pas mentionnés par ces journaux.
La C.É.V.A.A. intervient aujourd'hui dans plusieurs domaines d'activités au rang desquels :
- l'animation théologique : la parole de Dieu au peuple de Dieu ;
- la formation des cadres de l'Église ;
- l'échange de personnes entre les Églises membres ;
- la communication et l'information : aider les Églises membres à mieux communiquer ; - la justice et les droits de l'homme.
L'échange de personnes entre les Églises membres de la C.É.V.A.A. est effectivement vécu dans le cas de l'É.É.C. Ainsi, la C.É.V.A.A., par l'intermédiaire du D.É.F.A.P., a eu à envoyer et continue d'envoyer des Coopérants de Service National (C.S.N.) ; des Volontaires
61
d'Aide Technique (V.A.T.) dans les Églises partenaires. Ces envoyés sont : les enseignants, les théologiens, les médecins, les gestionnaires, les agronomes, les techniciens, les animateurs, les formateurs, etc. Il y a aussi l'échange de personnes en groupe, des voyages de quelques semaines. Certains de ces voyages s'inscrivent encore dans le modèle Nord-Sud, puisque c'étaient des voyages sans réciprocité. D'autres ont été des voyages Sud-Sud. L'É.É.C. a reçu plusieurs de ces envoyés comme le récapitule le tableau ci-après:
Tableau n°4: Liste de quelques envoyés de la C.E.V.A.A. à l'E.E.C. de 1986 à 1993.
Envoyés |
Qualité |
Structures d'accueil |
Années |
Etienne Lebbois |
Enseignant |
Collège Evangélique Thomas Noutong de Bangangté |
1986 |
Isabelle Slienger |
Enseignant |
Collège Evangélique Thomas Noutong de Bangangté |
1986 |
Nicolas Thérond |
Enseignant |
Collège Protestant de Ndoungué |
1986 |
M. et Mme Aurenche |
Enseignants |
Collège Alfred Saker de Douala |
1993 |
M. et Mme Landry |
Médecins |
Hôpital Protestant de Bangwa |
1993 |
Source : compilation d'informations du J.M.É. et de L'Appel de 1987 à 1993.
La liste est loin d'être exhaustive, elle est mentionnée ici à titre indicatif.
On peut noter les voyages avec réciprocité comme celui du groupe des jeunes de l'Église Réformée de France basée à Charente, à l'É.É.C. en 1985, le camp Franco-Camerounais de 1996-1997, où 23 jeunes et 8 adultes de l'Église Réformée de Nice se sont rendus au Cameroun, dans le cadre d'un échange sous forme de camp de travail, parrainé par la C.É.V.A.A. et le D.É.F.A.P.142
En somme, la présence de l'É.É.C. demeure active au sein de la C.É.V.A.A. Comme l'avait si bien déclaré le pasteur Charles Emmanuel Njiké, « l'idée de la C.É.V.A.A. n'est pas née en France, mais bien au Cameroun, au sein de l'Église Évangélique de ce pays »143. Elle y est profondément active, ainsi qu'au sein de son pendant allemand qu'est la Mission Évangélique Unie.
142 Mission, Mensuel Protestant de Mission et de Relations Internationales, n°67, 15 janvier 1995, p. 7. 143Le christianisme au XXè siècle, p.6.
62
La Mission Évangélique Unie (M.É.U.) est la traduction en Français du sigle Allemand V.E.M., qui est l'abréviation de « Vereinigte Evangelische Mission » et qui se traduit en Anglais « United Evangelical Mission ». Comme la C.É.V.A.A., la M.É.U. est une Communauté d'Églises en mission. La M.É.U. ou V.E.M. est donc la version Allemande de la C.É.V.A.A. Nous étudierons dans cette partie, la naissance et l'évolution de la M.É.U, la vie de l'É.É.C en son sein et ses oeuvres dans cette Église.
La M.É.U. est le résultat de la fusion de la Mission Rhénane avec la Mission de Bethel en Allemagne. Cette fusion s'est produite en 1971. La M.É.U. fut constituée par des Églises autonomes et ses anciens territoires missionnaires, qui devinrent donc des Églises partenaires dans la mission. La M.É.U. peut alors être considérée à juste titre, comme la C.É.V.A.A, version allemande. En effet, ces deux organismes se sont constitués la même année et leurs partenaires sont des Églises autonomes des territoires missionnaires d'autrefois et les Églises d'envoi de ces missions. En 1971, le concept « Unis en Mission » fait son apparition et est amorcé. Mais, ce n'est qu'en 1978, à l'occasion du 150ème anniversaire de la Mission Rhénane, que les délégués de toutes les Églises partenaires déjà enregistrées, se réunissent à Béthel/Bielefeld. Ils y adoptent le programme « Unis en Mission ». Son objectif est de permettre aux Églises partenaires de « Croître ensemble » 144 pour une communion oecuménique.
De 1978 à 1988, un comité de continuation planifie un certain nombre de programmes destinés à intensifier la coopération théologique, financière et l'échange du personnel entre les Églises partenaires. En 1988, à Mülheim en Allemagne, à l'occasion d'une autre consultation, un autre comité « Unis en Mission » est élu. Ce comité a pour tâche de formuler des suggestions concrètes pour les nouvelles structures de coopération entre les Églises145. En 1993, fut adopté unanimement la nouvelle constitution au Botswana. Enfin, en 1996 à Béthel, la M.É.U. est transformée en Communauté Internationale d'Églises. Les pays partenaires sont : la Namibie, le Botswana, la Tanzanie, le Rwanda, le Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo), l'Indonésie, Hongkong, la Chine, le Sri Lanka, les Philippines, l'Allemagne et le Cameroun. Comme on peut le constater, ces pays sont répartis sur trois
144 Rapport Assemblée Générale, V.E.M., 1996, p.12.
145 Ibid.
63
continents à savoir : l'Afrique, l'Asie et l'Europe. La carte qu'a dressée la M.É.U. et qui montre la situation géographique de ses Églises partenaires se présente la manière suivante :
Carte : Répartition mondiale Églises membres de la M.É.U/V.E.M.
0 100 km
O
S
E
Source : Agenda Vereint Zur Mission (Unis en Mission), 1993.
Trente-trois Églises sont membres de la M.É.U. La répartition générale par continent est la suivante : quatorze Églises en Asie, treize Églises en Afrique et six Églises installées en Allemagne.
Bien avant, la mission était à sens unique : les pays du Nord vers les pays du Sud. Par la suite, la maturité des Églises d'Afrique et d'Asie amène la M.É.U. à revoir l'idée de « Mission ». Unis en Mission, dont le siège est à Wuppertal, en République Fédérale d'Allemagne, regroupe les chrétiens en route vers une nouvelle Communauté, dans le cadre du partenariat et de l'ouverture oecuménique.
64
La vision de la V.E.M. consiste en un changement de forme dans les relations de donateurs et de bénéficiaires, qui deviennent alors des partenaires dans un réseau mondial d'Églises. Désormais, toutes ces Églises prennent part à la mission commune de Dieu. Cette vision aboutit au constat selon lequel un organe international assurera la responsabilité de la Mission, qui jadis, était uniquement celle des sociétés missionnaires d'un pays du Nord, l'Allemagne.
Les objectifs de la M.É.U. sont exposés par son président, le Révérend Docteur Ulrich Beyer :
Toutes les trente-trois Églises de la V.E.M., plus l'Institut Von Bodelswingh de Bethel visent : une croissance commune pour devenir une Communauté servant la Mission de Dieu dans le monde : en partageant les responsabilités dans la conception de programmes, les prises de décisions et la réalisation de ceux-ci. Chacun des partenaires a des qualités à offrir et des besoins à satisfaire. A travers ce partage des potentialités et des nécessités, nous grandiront ensemble pour former une Communauté de partage, dans laquelle nous apprendrons à nous entraider dans notre mission commune. Chacun avec ses dons et ses facultés, accordés par Dieu à chacun d'entre nous en ce
146
moment précis.
Ainsi, les Églises partenaires de la M.É.U. s'engagent dans une Communauté Unie dans l'adoration, la connaissance et le service.
- les programmes de visite réciproque, comme témoignage de l'unité en Christ et aussi comme moyen de témoignage de la foi de la Communauté aux autres ; comme moyen d'apprécier sa propre mission à travers l'engagement des Églises visitées ; comme moyen de partager avec les autres, différents dons et charismes reçus de Dieu ; comme moyen de s'inciter et de s'encourager à mieux s'appliquer à la tâche missionnaire ;
- l'échange d'expériences en tant que moyen d'étendre ses horizons ; de découvrir des solutions locales aux problèmes locaux ; de se corriger mutuellement dans un climat de fraternité, sans complexe aucun ;
- l'échange de personnel Sud-Sud, dans la perspective de la recherche de l'expérience du personnel Nord-Sud, Sud-Nord ; de rapprocher davantage les collaborateurs du contexte dans lequel ils sont appelés à oeuvrer, et par là, de faciliter la recherche des
146 Unis en Mission n°1, juin 1993, p. 3.
65
solutions plus adaptées ; d'une nouvelle forme de collaboration entre les collaborateurs du Nord et du Sud, en tant qu'envoyés d'une même mission ;
- les jumelages sont encouragés au sein de la M.É.U., comme expression de la volonté d'entretenir des relations de partenariat entre ses Église s membres.
En résumé, la M.É.U. est une communauté d'Églises partenaires dans la Mission, qui se sont engagées à croître ensemble pour former une Communauté Unie dans l'adoration, la connaissance et le service ; à partager leurs dons, leurs visions et leurs responsabilités ; à appeler les femmes et les hommes à la repentance et à la vie nouvelle, à témoigner du royaume de Dieu en luttant pour la justice, la paix et la sauvegarde de la création.
L'Église Évangélique du Cameroun est un vieux membre de la M.É.U.147. Les premiers contacts de l'É.É.C. avec cette Communauté se seraient produits après 1975, année où l'Église Évangélique de Westphalie en Allemagne, membre de la M.É.U/ V.E.M., commence à entretenir des relations avec l'É.É.C. A cet effet, une délégation allemande, conduite par l'Evêque Thimme, alors Président de cette Église, se rend en visite à l'É.É.C. Les rapports de l'É.É.C. avec cette Église seront évoqués au chapitre suivant.
La première consultation de la M.É.U. à laquelle participe pour la première fois une délégation de l'É.É.C., est la consultation francophone de la M.É.U. à Goma en ex-Zaïre (actuel République Démocratique du Congo), du 24 au 27 février 1992. Les délégués officiels de l'É.É.C. sont : Samuel Kondji, Trésorier Général de l'É.É.C. de cette époque et le Pasteur Emmanuel Ouafo, alors président de la Région Synodale de la Mifi à Bafoussam. A cette rencontre, on projette une autre consultation qui va se tenir au Cameroun en 1993. Elle se tient effectivement du 25 février au 6 mars 1993 à Mbouo-Bandjoun. Bien plus, la configuration de la M.É.U. se précise avec treize Églises membres en Afrique, dont le Cameroun ; quatorze en Asie et six en Allemagne148.
Après l'adoption en 1993 au Botswana de la nouvelle constitution de la M.É.U., l'É.É.C. concrétise son adhésion aux principes et aux programmes de cette Communauté d'Églises partenaires dans la mission. Elle le fait, en ratifiant ses statuts le 3 février 1995, lors du 39ème Synode Général à Bafang149.
La présence de l'É.É.C. dans les responsabilités au sein de la M.É.U., des visites et consultations se présente ainsi qu'il suit :
147 L'Appel n°33, mars 1995, p. 25.
148 L'Appel n°38, août 1995, pp. 26-27.
149 Ibid.
66
- Madame Madeleine Tiki Koum, présidente du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes (D.U.F.C.) de l'É.É.C. a été membre du Comité Exécutif ;
- le pasteur Sadrack Djiokou y a été délégué des jeunes et plus tard Secrétaire Exécutif, région Afrique de la M.É.U., et responsable du projet Évaluation Générale de l'É.É.C. ;
- l'É.É.C. a droit, compte tenu du nombre de ses membres, à deux délégués aux rencontres et consultations. A l'Assemblée Générale de juin 1996, y assistent, du côté de l'É.É.C. le Président, le pasteur Charles Emmanuel Njiké, les pasteurs Jean Samuel Hendjé Toya, comme deuxième délégué, Sadrack Djiokou, et Mme Madeleine Tiki Koum.
À la consultation régionale, zone Afrique reçue par l'É.É.C. à Douala du 20 au 25 mars 1995, les participants de l'É.É.C. sont : les pasteurs Charles E. Njiké, Jean Samuel Hendje Toya, et M. Samuel Kondji ; l'un des trois membres du bureau de cette consultation, Madeleine Tiki Koum et Pascal Fossouo, secrétaire du bureau.
À la consultation de Bukobo en Tanzanie du 14 au 19 mars 1996, le Pasteur Hendje Toya est élu Coordonnateur Régional de la M.É.U., avec résidence à Kigali au Rwanda150.
L'É.É.C. a abrité du 31 mars au 4 avril 1995 le Comité Exécutif de la M.É.U et la conférence régionale Africaine de cette organisation. Deux grandes rencontres riches et fructueuses qui ont permis aux divers délégués d'Afrique, d'Asie et d'Allemagne présents à ces assises, d'étudier ensemble la nouvelle vision du travail de partenariat, les échanges de collaborateurs entre Églises et les projets missionnaires communs qu'ils envisagent. Des moments intenses de partage présidés par le Secrétaire Exécutif du Département Afrique de la Mission Évangélique Unie, le Dr. Kakule Molo151.
Le Groupe de Travail des femmes (G.T.F.) de la M.É.U est une réalité au sein de l'É.É.C. Il est engagé à fond dans le programme Justice, Paix et Sauvegarde de la Création. Ce groupe a à son actif, le séminaire international qui a eu lieu à Batié (Ouest-Cameroun) en Janvier 1997 sur le thème "Églises et Droits de l'Homme, rites de veuvage au Cameroun". Cet événement a été un succès grâce à la participation des femmes, de leurs témoignages et de la qualité des exposés152.
150 M. Tiki Koum, "Assemblée Générale " de la V.E.M. / Unis en Mission, 2-9 juin 1996 à Bethel en Allemagne, in L'Appel, n° Spécial, juillet 1996, p.22.
151 Ibid n°35, mai 1995, p. 7.
152 C. Modi Din, "É.É.C. / Unie en Mission : mariage sans nuages", in L'Appel, n° spécial, 43ème Synode Général, 1999, p. 27.
67
La M.É.U, fidèle à sa vocation de partage dans le cadre du partenariat, a organisé du 18 août au 17 septembre 2006 un stage linguistique au Centre Linguistique de Bamenda dans le Nord-Ouest du Cameroun153. En outre, l'É.É.C. a été représentée, en 2007, à un séminaire de formation sur le journalisme à l'endroit des correspondants du bulletin "Echo de la mission", organisé par la M.É.U. / Région Afrique, à Dar-es-Salaam en Tanzanie, Afrique de l'Est154.
L'É.É.C. a déjà eu à exécuter plusieurs programmes de la M.É.U. C'est le cas de la solidarité avec la Rwanda lors du génocide de 1994. En effet, une somme de trois millions de francs CFA155 en faveur de ce pays a été collectée en 1994. Ce qui a valu à l'É.É.C., à travers son Président, le Pasteur Charles E. Njiké, une salve d'applaudissements, lors de l'Assemblée Générale des hauts responsables des Églises d'Allemagne en conclave avec le Comité Unis en Mission à Béthel en novembre 1994156. Ceci s'est passé, à la suite du rapport du président qui a évoqué cette solidarité avec la Rwanda.
En plus, l'É.É.C. participe financièrement au fonctionnement de la M.É.U. Ceci peut se justifier par la lecture d'une requête de l'É.É.C. en 1996, qui exhorte son Président Général de négocier à la baisse le pourcentage de sa participation au fonctionnement de la M.É.U., compte tenu de ses difficultés financières157.
La M.É.U. a aidé à la construction de plusieurs temples de l'É.É.C., surtout dans le Nord Cameroun. On peut citer le temple Martin Luther de Garoua, les temples de Ngaoundéré et de Garoua, etc. Elle s'est également impliquée dans la construction de l'Institut Supérieur de Théologie Protestante de Ndoungué, de la case de passage à la Direction Générale de l'É.É.C. à Douala-Akwa. Elle a surtout aidé au financement de l'É.É.C. à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (C.N.P.S.). De même, elle est intervenue au Centre d'Animation, de Formation, de Recherche et d'Appui au Développement (C.A.F.R.A.D.) basé à Douala. Elle a fourni du matériel didactique pour le développement du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes.
Avec la M.É.U., on a assisté au démarrage des échanges Sud-Sud entres les pasteurs, les femmes, les jeunes et autres mouvements.
153 C. Modi Din, "É.É.C. / Unie en Mission : mariage sans nuages", in L'Appel, n° spécial, 43ème Synode Général, 1999, p. 27.
154 L'Appel, n°26-27, mars 2007, p. 45.
155 Lettre de remerciement adressée au 13 Régions Synodales de l'É.É.C. par le Président Général, le pasteur C.E. Njiké, in L'Appel n°31/32, décembre-janvier 1995, p.3.
156 L'Appel n°33, mars 1995, p. 24.
157 L'Appel n°2, avril 1996, p.8.
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La M.É.U. soutient également financièrement l'É.É.C. C'est ainsi qu'elle a accordé en 2007, une aide ponctuelle aux ouvriers de petits revenus, comme l'indique la résolution 2007/35 du 51èmeSynode Général de l'É.É.C., portant Remerciement à la M.É.U.158.
Tout ceci montre que, l'É.É.C. est entrée entièrement dans la M.É.U. Cette Communauté internationale d'Églises unies dans la solidarité, le partage et l'échange, dans le strict respect de chaque partenaire. A travers la M.É.U., l'É.É.C. est devenue une Église missionnaire dans le monde, en partenariat avec les Églises du Nord et du Sud.
Au demeurant l'É.É.C., est membre des organisations oecuméniques internationales comme le C.O.É., la C.É.V.A.A. et la M.É.U. Qu'en-est-il de son action sur le continent Africain ?
La C.É.T.A. est une organisation oecuménique Africaine, née dans un contexte spécifique en Afrique et à laquelle fait partie l'É.É.C.
À la création de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique, le climat politique sur le continent en général et dans l'Afrique au Sud du Sahara en particulier est marqué par les processus de décolonisation. En effet, dès mars 1957, le Ghana avait obtenu son indépendance. À cette époque, il était clair, qu'avec la montée des nationalismes, le Ghana devait constituer la tête de file des autres territoires qui ployaient encore sous le joug de la colonisation. Une ère nouvelle s'ouvre alors en Afrique Subsaharienne sur le plan politique. Ainsi, au fur et à mesure que les nouveaux États naissent, ils vont chercher à devenir membres des Nations Unies, à prendre une place dans le concert des Nations et à assurer leurs responsabilités dans l'organisation de leurs affaires.
Dans l'Église en Afrique, les grandes espérances et promesses ne sont pas seulement politiques. A l'intérieur des Églises, il y a aussi de profonds mouvements. Les longues années de direction missionnaire ont permis d'établir des Églises dans différents pays d'Afrique, mais aussi de préparer des responsables nationaux, capables de continuer la tâche, selon une démarche qui devait refléter la contribution que l'Afrique pouvait apporter à l'héritage de
158 L'Appel .n°028, avril-juin 2007, p.30.
69
l'Église universelle. On recherche avec assiduité les occasions d'un authentique partage du fardeau des responsabilités et d'une démonstration de la maturité de beaucoup d' Églises.
Ainsi, dans ce climat d'attente, il était de bon ton que les Églises se rassemblassent, pour se découvrir mutuellement, partager leurs expériences et leurs espérances, dresser une stratégie commune, mais aussi se remettre en question compte tenu de nombreuses étiquettes dues aux divisions et aux particularismes159. C'est l'idée à la base de ce qui va devenir la Conférence des Églises de Toute l'Afrique. Cette communauté oecuménique continentale qui réunit aujourd'hui plus de 120 millions de chrétiens africains, de 174 Églises nationales et conseils régionaux. C'est l'une des organisations régionales du Conseil OEcuménique des Églises160.
C'est en 1955 que l'idée d'une organisation regroupant toutes les Églises d'Afrique vient à l'esprit d'un jeune professeur Luthérien de Tanzanie, Joseph Kibéra161. L'idée du choix du Nigéria pour abriter cette première rencontre préparatoire ressort du discours d'ouverture de Sir Francis Ibiam162. Il déclare ceci :
Grâce à Dieu et à l'hospitalité de l' Église Presbytérienne du Canada, ma femme et moi avons pu visiter le Canada de septembre à novembre 1956. Et c'est là que j'entendis pour la première fois parler d'un projet de conférence de toutes les Église s africaines, qui serait tenue quelque part en Afrique. Le Dr. Georges W. Carpenter, secrétaire du Conseil International des Missions à New-York, me consulta à ce sujet et me demanda si la conférence pourrait avoir lieu dans le Nigéria. Je répondis oui et dis que le conseil chrétien du Nigéria serait heureux de recevoir cette conférence. Une invitation en règle fut faite plus tard au Conseil International des Missions. Et, c'est pourquoi par la grâce de Dieu, nous sommes tous ici aujourd'hui163.
À travers cet extrait du discours de Sir Francis Ibiam, nous saisissons un pan de l'histoire du choix du Nigéria comme pays devant abriter la première conférence des Églises d'Afrique.
La conférence se tient du 11 au 18 janvier 1958 à Ibadan au Nigéria. Elle regroupe deux cents représentants des Églises provenant de 25 pays d'Afrique. Ils y discutent de l'unité de l'Église et d'autres défis de l'Afrique du moment. C'est pour la première fois qu'une conférence des Églises d'Afrique a une grande influence sur l'Église en Afrique. Ici, pour la
159 Rapport du secrétaire général de la C.É.T.A., in Engagement, Rapport officiel de la 2ème Assemblée Générale de la C.É.T.A à Abidjan du 1er au 12 septembre 1969, p. 16. U.P.A.C. / Yaoundé.
160 fr.wikipédia.org/wiki/CETA, consulté le 20 février 2015.
161 Il eut cette vision après le succès enregistré par la conférence générale des Églises Luthériennes d'Afrique à Maranga en cette même année 1955. Le succès de cet événement lui fit penser que le moment était venu d'organiser une rencontre générale de toutes les Églises protestantes Africaines.
162 Sir Francis Ibiam était le Proviseur de Hope Waddel Training Institution de Calabar au Nigéria. C'est lui qui présida cette première conférence des Églises africaines. Lorsque la résolution fut prise à la fin de la conférence de constituer un comité provisoire pour pérenniser les fruits de celle-ci, il figura par les dix membres.
163Ibadan : conférence des Églises d'Afrique, Paris, boulevard Arago, 1958, p. 10.
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première fois, l'Église en Afrique trouve sa voix, en ce sens que la conférence fut dominée par les délégués Africains. Cela se passe ainsi car, la conférence avait été convoquée dans le but exprès de fournir aux chefs des Églises Africaines l'occasion de s'exprimer sur les problèmes de l'Église164. A cette rencontre, on relève la présence de vingt-cinq territoires africains. Les délégués viennent des territoires suivants : Angola, Congo-Belge, Cameroun, Égypte, Éthiopie, Afrique Équatoriale Française, Gambie, Ghana, Côte d'Ivoire, Kenya, Togo, Lesotho, Libéria, Madagascar, Mozambique, Nigéria, Nyassaland, Rhodésie du Nord, Rhodésie du Sud, Sénégal, Soudan, Tanganyika, Ouganda165. Ce sont les délégués des Églises de ces pays qui participent à la conférence. Certaines Églises à l'instar l'Église Évangélique du Cameroun sont déjà autonomes, d'autres ne le sont pas encore. Les participants et les invités à la conférence sont limités à deux cents. En fin de compte, ils sont cent quatre vingt neuf166. On a ainsi pu enregistrer :
- 96 représentants de membres d'Églises en Afrique dont 74 Africains, 16 Africaines et 6 européens représentant les Églises « Blanches » d'Afrique du Sud ;
- 48 missionnaires des pays non Africains dont 46 blancs, un noir et un Asiatique ;
- 45 membres du personnel, consultants et visiteurs d'Europe et d'Amérique et Nord, dont 5 noirs, 6 asiatiques assistants en tant que délégués fraternels de l'Assemblée du Ghana.
La conférence compte 96 Africains, 92 Européens et 7 Asiatiques. Ceci concorde avec l'intention primitive du comité d'organisation qui a insisté, avant l'envoi des invitations que la moitié des délégués soit des représentants d'Église s africaines. C'est ce qui a fait dire à Kampala en 1963, que la conférence d'Ibadan était la réunion la plus représentative des chrétiens africains.
En plus du message adressé aux Églises d'Afrique, on formule de toutes parts le voeu ardent que les résolutions de cette conférence ne se fondent pas et que se maintienne l'esprit fraternel qui y a régné. D'autres conférences aussi sont prévues. Mais, le désir de maintenir un lien entre les différentes régions et Églises fut exprimé167. Pour donner vie à ce voeu, la conférence décide de la création d'un comité de continuation et d'un secrétariat général ou de l'un d'eux seulement168. La tâche principale de ce comité de continuation consiste à ouvrir la voie, préparer le terrain et semer les graines qui s'épanouiraient en une floraison d'Église s
164 Conférence de Kampala, 1963, conférence des Églises de Toute l'Afrique Kit we (Zambie), p.5.
165Ibadan : Conférence des Églises d'Afrique, 1958, p.9.
166Ibid, p.7.
167Ibadan, 1958, p. 9.
168Ibid, p.22.
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chrétiennes et autres organismes, forts et coopérants, soucieux de témoigner Christ en Afrique, et témoins vivants de l'unité du Christ en Afrique.
Pour les délégués présents, il est clair qu'Ibadan est le commencement et non une fin en soi. Ils quittent Ibadan, le regard tourné vers l'avenir. Chacun rentre dans son propre pays en entrevoyant la possibilité d'une coopération et d'une unité plus grande.
Avec le comité provisoire169 qui est constitué pour maintenir le lien fraternel entre les différentes Églises d'Afrique, la voie est tracée pour la création d'un organisme permanent de travail commun entre les Églises d'Afrique. Ce comité, constitué pour continuer les travaux d'Ibadan, a été actif pendant les cinq ans de son mandat : tour d'horizon de la recherche théologique en Afrique, études sur les changements sociaux rapides, assemblée de cinq jeunes à Nairobi au Kenya pour une étude serrée du thème « Liberté sous la croix », longue consultation sur le foyer chrétien et vie familiale, conférence de Salisbury sur les moyens de communication aux masses. Ces efforts, ainsi que d'autres auxquels les Églises ont participé aident les membres du comité à prendre conscience des possibilités immenses du travail en commun pour mener à bien ce qu'aucune Église, travaillant indépendamment, ne peut accomplir170.
À la fin de l'année 1961, vingt-deux nations sont pleinement indépendantes en Afrique, avec une population globale de 130 millions environ sur 190 millions d'africains. C'est dire que la décolonisation de l'Afrique au Sud du Sahara avançait avec une grande accélération. Dans ce contexte, muni du message aux Églises d'Ibadan, le comité provisoire, à la tête duquel se trouvait le Docteur M'Timkulu, se met à réfléchir pour trouver des réponses à la question de savoir quel rôle doit jouer l' Église dans l'édification de ces nouvelles nations au cours de cette période de formation, pour s'assumer en vue de se développer en vraies communautés chrétiennes171.
À cet effet, le Docteur M'Timkulu, homme d'action, fait de nombreux voyages à travers l'Afrique. Selon le rapport de Kampala, il est difficile de trouver un seul endroit en Afrique
169 Ce comité était composé de personnes suivantes : Sir Francis Ibiam, Esther L. Cocker, Jean Keller, Jean Libikulu, Henry Makulu Stefano Moshi, Julio J. Miguel, Alan S. Paton, T. Rasendrahasina, Georges W. Carpenter., in E. Tchuindjang,«Les expressions oecuméniques d'une jeune Église», p.252.
170 Engagement, la deuxième Assemblée de la C.É.T.A., " Abidjan 69 ", p. 17.
171 La Conférence de Kampala, 1963, p.8.
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qu'il n'avait visité. Il rapproche aussi la pensée et les conceptions de nombreux chefs d'Églises172.
La première conférence des Églises de Toute l'Afrique, se tient à Kampala en Ouganda, du 20 au 30 avril 1963. Elle a été surtout et en premier lieu, dans sa nature, une « Assemblée constituante des Églises de toute l'Afrique ». Aussi a-t-elle adopté des textes de base, des fonctions, des structures et les commissions de la C.É.T.A. Elle a également placé des hommes à leur tête.
À Kampala, pour éviter toute équivoque pouvant laisser croire qu'on vise à faire de cet organisme de coopération une « super- Église », l'Assemblée constituante adopte la nouvelle appellation suivante : Conférence des Église s de Toute l'Afrique (C.É.T.A.). Le préambule de sa constitution, adoptée le 24 avril 1963, stipule :
Les Églises et les conseils chrétiens d'Afrique, signataires du présent document, convaincus que le dessein de Dieu à l'égard des Églises d'Afrique est qu'elles vivent ensemble dans une commune obéissance envers lui, pour l'accomplissement de sa volonté dans le monde, ont constitué la Conférence des Églises de Toute l'Afrique (C.É.T.A.). Cette conférence est une communauté de consultation mutuelle et de coopération dans la communion de l'Église Universelle173.
La C.É.T.A. est une association fraternelle d'Églises qui confesse le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et seul sauveur, selon les écritures, et s'efforcent d'accomplir ensemble leur vocation commune, à la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
Quant aux fonctions de la C.É.T.A., elles sont les suivantes :
- rappeler sans cesse aux Églises et conseils chrétiens les exigences de l'Évangile, concernant leur vie et leur mission, pour l'évangélisation, le témoignage dans la société, le service et l'unité. À cette fin, elle encourage les Églises et les conseils chrétiens à établir entre eux des échanges de vue et des activités communes ;
- promouvoir un programme commun d'études et de recherches ;
- favoriser dans les Églises d'Afrique des relations plus étroites et un échange d'expériences par des visites, des consultations, des conférences et la diffusion d'informations ;
- aider les Églises à recruter, échanger et placer le personnel, à utiliser d'autres ressources pour leur permettre de poursuivre leur tâche commune de la façon la plus efficace ;
172 La Conférence de Kampala, 1963, p.8.
173 Ibid., p.69.
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- aider les Églises dans leur tâche commune de formation de cadres laïcs et pastoraux, pour la mission actuelle des Églises ;
- sans porter préjudice à sa propre autonomie, collaborer, d'une manière qui leur convienne mutuellement, avec le Conseil OEcuménique des Églises et d'autres organismes analogues.
Ce sont là la base et les six fonctions de la C.É.T.A. Il y a lieu de constater qu'elles sont les mêmes que celles du C.O.É. De ce fait, la C.É.T.A. semble être autre chose que le C.O.É. sur le continent Africain. Elle a été créée pour être entre les diverses dénominations qui existent en Afrique, une communauté de consultation mutuelle et de coopération dans la communion de l'Église universelle, en attendant l'unité souhaitée.
Aujourd'hui la C.É.T.A. se consacre plus particulièrement à la justice sociale (lutte contre la pauvreté), à la lutte contre le sida, et aux relations internationales en mettant en avant l'économie, l'éthique et la morale. L'objectif est d'intégrer les Églises locales dans un réseau international cohérent174.
Lors de la 5ème Assemblée de la C.É.T.A., tenue à Lomé au Togo en 1987, on adopte les
nouvelles structures se présentant ainsi qu'il suit :
- l'Assemblée ;
- le Comité Général ;
- le Comité Exécutif ;
- le Comité des Finances ;
- les Institutions et Départements ;
- les Administrateurs accrédités175.
Ainsi donc, l'Assemblée de Kampala est le démarrage effectif de cette organisation
oecuménique panafricaine. C'est elle qui adopte la constitution, crée les commissions et met
en place les structures d'action permettant le fonctionnement de la C.É.T.A. C'est à Kampala
que s'élabore l'organigramme de cette Communauté et c'est là-bas que sont élus aussi les
quatre membres de son bureau pour un mandat de quatre ans.
Depuis sa fondation en 1963, la C.É.T.A. tient son Assemblée Générale tous les cinq ans
et organise des réflexions sur des thèmes précis. Jusqu'en 2003, elle avait déjà tenue huit
174 fr.wikipédia.org/wiki/CETA, consulté le 20 février 2015.
175Lomé 1987 « Vous serez mes témoins », Rapport officiel, 5ème Assemblée de la CÉTA, p. 217.
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assemblées générales dont la huitième eu lieu cette même année à Yaoundé au Cameroun. La neuvième était programmée en 2008 à Maputo au Mozambique.
L'É.É.C. a été présente à la conférence préparatoire pour la création de la C.É.T.A à Ibadan au Nigéria en 1958. Cette conférence se tient un an après son autonomie. Elle y participe et y apporte même une contribution. En effet, le pasteur Thomas Ekollo fait et présente une étude sur le rapide changement social au Cameroun176. Cette étude du pasteur Ekollo porte sur trois points principaux : l'engagement politique du chrétien, le mode de vie chrétien dans les villes et le mode de vie chrétien dans les régions rurales.
Bien plus, à la conférence constitutive de la C.É.T.A., à Kampala en 1963, l'É.É.C. prend une part effective et active. En effet, le pasteur Eugène Mallo est l'un des vice-présidents de cette Assemblée. Il présente quelques mois après les assises, une réflexion critique dans le Journal des Missions Évangéliques de mars 1964, aux pages, 63 à 68. Il fait aussi une mise au point de l'Assemblée à l'intention des lecteurs de la Semaine Camerounaise, dans le numéro 46 du 1er juillet 1963. Un autre participant à cette conférence du côté de l'É.É.C. est son secrétaire général, le pasteur Jean Kotto. Il est nommé au cours de cette Assemblée, Président du Comité Général de la C.É.T.A. pour l'Afrique Occidentale d'expression française, et comme responsable du comité général de la commission I des cinq commissions de la C.É.T.A., créées à Kampala177. Cette Commission I a pour sujet d'étude, dans les mois à venir, la vie de l'Église avec trois sous-thèmes : forme du culte, foi et constitution ; l'évangélisation y compris l'évangélisation urbaine ; la formation pour le ministère et la formation pour le laïcat. C'est dans le cadre de cette responsabilité qu'il rédige un article intitulé « Le rôle de l'Église dans l'Afrique nouvelle », paru dans la Semaine Camerounaise178.
En plus, Jean Kotto fait quatre études bibliques sur la notion biblique de la liberté, un aspect du thème de l'Assemblée : « Liberté et unité en Christ. »179. Le pasteur Thomas Ekollo fut élu comme suppléant du pasteur Kotto au Comité Général180.
De Kampala (1963) à Addis-Abeba (1998), l'É.É.C. a toujours pris une part active aux Assemblées à travers ses représentants.
176Ibadan, 1958, pp. 183-184.
177 La Conférence de Kampala, 1963, p. 78 et p. 82.
178 Semaine Camerounaise, 1er Octobre 1963, p. 2.
179 La Conférence de Kampala, 1963, pp. 19-21.
180 Semaine Camerounaise n°43.
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Pour les services dans les institutions spécialisées de la C.É.T.A., signalons que le pasteur André Moussanga Epée, journaliste, a été, de 1993 à 1997, Administrateur-Directeur du Service d'Information des Églises d'Afrique à Lomé au Togo181.
L'É.É.C. est un membre actif de la C.É.T.A., depuis ses origines. Ses fils et filles y ont occupé des fonctions importantes à l'instar de : président, vice-président, membres suppléants du Comité général et exécutif, etc.
Relevons tout de même que l'É.É.C. a reçu du 14 au 19 novembre 1992 une délégation pastorale oecuménique de la C.É.T.A. au Cameroun. Cette délégation est conduite par Monseigneur Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix de 1984, et président de la C.É.T.A. Il est accompagné durant cette visite au Cameroun par le pasteur José Chipenda, du pasteur André Jacques, représentant de l'Alliance Réformée Mondiale de la Fédération Protestante de France, de Mme Fleur Houston du C.O.É. Il assiste aux célébrations cultuelles oecuméniques organisées au Temple de l'É.É.C. du Centenaire à Douala182. Cette délégation n'a eu de cesse d'exhorter au retour au calme et à la réconciliation entre toutes les forces politiques du pays. Cette tournée s'est achevée par un entretien avec le Président Paul Biya183.
En somme, comme on peut si bien le constater, après son autonomie, l'Église Évangélique du Cameroun s'est lancée vers un vaste champ de coopération internationale. Son ouverture sur le monde s'est faite sous l'inspiration de son esprit oecuménique. Cet esprit s'est manifesté à travers son adhésion aux organisations oecuméniques internationales et africaines. De surcroît, cette collaboration de l'É.É.C. à l'échelle mondiale, s'est tout de même poursuivie avec certaines Églises installées dans quelques pays d'Europe dans le cadre de ses relations bilatérales.
181S.I.E.A. Info est un bimestriel publié à Lomé sous la direction de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique. Il s'agit d'une agence de presse panafricaine pour l'ensemble des Églises d'Afrique francophone
182Entretien avec C. Emmanuel Njiké, Président Honoraire de l'É.É.C., 88 ans, Douala, le 28 novembre 2014. 183C.E. Njiké, "Pour un Monde Nouveau", Douala, Joseph Merrick Centre, p. 43.
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CHAPITRE III :
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Fruit des Missions protestantes européennes, l'Église Évangélique du Cameroun, après son autonomie, ne s'est pas totalement détachée de ses pères fondateurs. Elle est donc restée attachée à ces Missions, ceci par le biais de certaines Églises et autres Organismes missionnaires installés en Europe. Cette collaboration rentre en droite ligne de l'ambition démesurée de l'É.É.C. d'étendre son aura sur la scène internationale.
Dès lors, quels sont les partenaires européens de l'É.É.C. depuis son autonomie ? Quelle a été la nature de ces relations ? Et quelles ont été les retombées de cette coopération dans la marche de cette Église ?
Aussi, sera-t-il question dans ce chapitre, d'étudier la coopération bilatérale de l'É.É.C. avec certaines Églises et autres organisations non gouvernementales (O.N.G.) installées en Europe. De ce fait, dans ce continent, l'É.É.C. a des liens avec les Églises installées en Allemagne, en Hollande, en Italie, en Suisse et en France. Dans ces trois derniers pays, l'É.É.C. a des partenaires. Mais, leurs relations sont vécues de manière indirecte au sein de la C.É.V.A.A. et autres organisations inter-ecclésiastiques internationales auxquelles ils font ensemble partie. Ainsi, nous nous intéresserons spécifiquement ici, aux rapports de l'É.É.C. avec les Églises d'Allemagne et des Pays-Bas. Mais, relevons en passant que, bien que collaborant aussi avec l'É.É.C. au niveau de la C.É.V.A.A., l'Église Vaudoise d'Italie est depuis quelques années, en partenariat avec elle dans le cadre de l'oeuvre sanitaire. Cette précision est faite dans le discours du pasteur Franco Tagliero, de l'Église Vaudoise d'Italie, et représentant de la C.É.V.A.A. lors du culte de clôture du 47ème Synode Général de l'É.É.C., en mars 2003 à Nkongsamba184.
184 L'Appel Spécial, n°15, avril-mai 2003, p.7
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En République Fédérale d'Allemagne, l'É.É.C. a plusieurs partenaires. Il s'agit de l'Église Évangélique de Westphalie, de la Mission de Brême, et de l'Evangelical Zentralstelle Für Entwicklungshilfe (E.Z.E.), Association Protestante de Coopération pour le Développement.
Avant d'examiner les origines de la coopération entre ces deux Églises, ainsi que ses retombées, faisons d'abord la connaissance de l'Église Évangélique de Westphalie.
L'Église Évangélique de Westphalie est une Église protestante installée dans l'État Fédéré de la Rhénanie Nord-Westphalie, en République Fédérale d'Allemagne. L'État de Rhénanie Nord-Westphalie avait une population estimée à environ18 080 000 millions d'âmes en 2004185. Son économie, assez dynamique et prospère, est basée sur l'agriculture, l'élevage, l'industrie de transformation, sans oublier la Ruhr, qui à elle seule constitue l'épine dorsale de l'économie allemande.
L'Église Évangélique de Westphalie couvre un territoire de 20 105 kilomètres carrés, à peu près la superficie de l'État d'Israël. Elle est organisée en Régions Synodales et en comptait en 1993, trente trois (33). Cette même année, elle avait 3 256 335 fidèles, dispersés dans 643 paroisses, et 1385 groupes choraux. Mille trois cent cinquante-neuf pasteurs avaient la charge de ses différentes paroisses et 240 postes spéciaux des régions186. Aujourd'hui, cette Église compte 2 551 667 membres, pour 1 438 pasteurs répartis dans 546 paroisses187.
Comme toute Église responsable et tournée vers l'avenir, l'Église Évangélique de Westphalie met l'accent sur la prédication de l'Évangile. Elle entretient également une oeuvre diaconale importante à travers le Centre des handicapés de Bethel, les institutions de Wittekindschop, des jardins d'enfants, des Stations diaconales, des hôpitaux, des foyers et
185 "État Rhénanie Nord-Westphalie" ® Encarta ® 2009. Microsoft Corporation 2009, consulté le 1er mars 2015.
186 Ces quelques statistiques viennent des documents remis par l'Église Évangélique de Westphalie à l'équipe de l'É.É.C. qui s'y est rendue en visite du 1er au 14 juin 1993 et dressées par le pasteur Hans Edjenguele Ngoupa, Secrétaire Général de l'É.É.C d'alors, in L'Appel n°25-26, p. 22.
187 www.oikoumene.org. Consulté le 25 février 2015.
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divers autres centres de formation. Église missionnaire, l'Église Évangélique de Westphalie a son siège à Wuppertal /Bethel. Elle s'occupe tant de la mission intérieure qu'extérieure. En outre, elle est membre de l'Église Allemande, du Conseil OEcuménique des Églises et est en relation avec bien d'autres Églises à travers le monde188.
Les origines lointaines de cette relation remontent à la période de l'oeuvre d'évangélisation de la Mission de Bâle au Cameroun. Cette Mission a donc laissé une empreinte dans l'É.É.C. cette trace a été et est assez profonde dans la région côtière du pays, peuplée du grand groupe ethnique Sawa, qui utilise la langue Duala comme langue liturgique. Les Sawa constituent l'un des groupes influents de l'É.É.C. à côté des Bamiléké et des Bamoun. Cette empreinte s'illustre à travers plusieurs faits et gestes, qui montrent les liens originels de l'É.É.C., son appartenance à la Mission de Bâle. On avait ainsi, les expressions comme «Église Bâloise» ou « Basel », pour désigner l'Église Évangélique du Cameroun. Après son autonomie, l'É.É.C. renoua ses relations avec l'Allemagne, et en particulier avec la grande Église de la région de Westphalie.
Ainsi, à partir de 1975, des contacts permanents existent entre les deux Églises à travers des relations directes d'Église à Église, des envoyés, des visites de part et d'autres.
La première visite date de 1975, visite au cours de laquelle, une délégation de l'Église Évangélique de Westphalie, forte de trois personnes et conduite par l'Evêque de Thimme, Président de cette Église, rend visite à l'É.É.C. Celle-ci marque en effet le début effectif de la coopération entre ces deux Églises. En 1979, une délégation de l'É.É.C. rend à son tour visite à l'Église Évangélique de Westphalie.
Ces contacts permanents se poursuivent en 1981 par la deuxième visite de l'Église Évangélique de Westphalie à l'É.É.C. Sa délégation, forte de six personnes est conduite par le Docteur Von Sterglitz, surintendant de la Région Synodale de Dermundt et Président de la Mission Unie de Westphalie (V.E.M.)189. Puis s'en suit une troisième visite en 1983 dirigée
188 www.oikoumene.org. consulté le 24 novembre 2014.
189 L'Appel n°1, octobre-novembre 1987, p.8.
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par l'Evêque Preiss, qui avait remplacé l'Evêque Thimme à la présidence de l'Église Évangélique de Westphalie.
Ces deux dernières visites de l'Église Évangélique de Westphalie à l'É.É.C. ont eu quelques retombées. Ainsi, l'Église allemande a supporté le financement de nombreux projets de l'Église Évangélique du Cameroun. De ce fait, elle a participé à la mise sur pied de ses structures actuelles et a commencé à lui envoyer du personnel. À cet effet, l'aide financière au fonctionnement de l'Église Évangélique de Westphalie à l'É.É.C., de 1982 à 1987 dépasserait largement 110 millions de francs CFA190. En outre, plusieurs réalisations en infrastructures de l'É.É.C. portent l'estampille allemande. On peut citer entre autres :
- le temple Ekel installé du quartier 6 de Nkongsamba, dédicacé en 1981 ;
- le centre paroissial de la même ville ;
- le Centre Polyvalent de Mbouo-Bandjoun ;
- le Collège Protestant de Ndoungué par Nkongsamba ;
- la Ferme-Ecole de Bagam à l'Ouest du pays,
- le Centre Social de Lobethal dans la Sanaga-Maritime ;
- le foyer des femmes de Njo-Njo à Douala, etc.191.
De même, la clôture du temple de la paroisse du Centenaire à Akwa-Douala et qui abrite la Direction Générale de l'Église Évangélique du Cameroun, la construction de la barrière autour de ce temple, les logements de certains responsables, ainsi que les aménagements au Centre d'accueil de Bonaku et du presbytère centrale, n'ont pas échappé à l'attention des Allemands. Bien plus, au courant de cette même décennie1980, l'Église Évangélique de Westphalie a aidé l'Église Évangélique du Cameroun en équipements matériels et sociaux. À cet effet, elle a pourvu quelques une de ses Régions Synodales en véhicules de marque Suziki et procéda à l'étude du transfert de la caisse de retraite de l'É.É.C. à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (C.N.P.S.), Caisse des prestations sociales de l'État du Cameroun192. Elle a tout de même pris à coeur le projet d'évangélisation de la treizième Région Synodale de l'É.É.C., créée en 1986 et qui couvre le Grand-Nord Cameroun. Pour cela, elle a consenti consentir près de 160 millions de francs CFA193.
190 L'Appel n°1, octobre-novembre 1987, p.8.
191 Ibid.
192 Ibid . 193Ibid.
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Dans le domaine de l'enseignement primaire et maternel, l'assistance allemande s'est matérialisée par l'envoi du personnel pédagogique et par l'assainissement, un temps soit peu de la situation catastrophique de 1984194.
La décennie 1980 a aussi vu l'intensification de la coopération d'aide avec les organismes allemands. Par exemple, l'association "Brot Für die Welt" (Pain pour le Monde) fit de l'oeuvre sociale oecuménique à Maképé-Douala, sa chasse gardée. Elle consacra près de 42 millions de francs CFA pour les activités de cette oeuvre, pendant la période allant de 1984 à 1988195. Le service ophtalmologique de l'Hôpital Protestant de Ndoungué, ne fut pas en reste, dans cette contribution allemande à l'épanouissement financier, infrastructurel et social de l'É.É.C. Il bénéficia quant à lui de l'aide de la "Christoffel-Blinden-Mission"196.
On note également au cours de cette décennie l'envoi du personnel de l'Église Évangélique de Westphalie à l'É.É.C. Aussi recensa-t-on :
- Messieurs Strasse et Horst Veiher, respectivement animateur du Centre Polyvalent de Mbouo-Bandjoun et Chef de service financier à la Direction Générale de l'É.É.C. de 1984 à 1988197 ;
- le pasteur Strauss, Directeur du foyer du Marin à Douala, secondé par le diacre Hegeler ;
- le pasteur Bartelle Burkhard, qui arriva à Garoua en février 1989 pour y exercer un ministère dont la durée, prévue pour six ans, fut interrompue en avril 1990.
Entre cette troisième visite et celle de la décennie 1990, on enregistre deux visites de l'É.É.C. chez son partenaire allemand. La première fut celle du Trésorier, Samuel Kondji et du chef de service financier de l'É.É.C., qui entreprirent une tournée européenne au compte de l'Église, en octobre-novembre 1980. Le but de ce voyage était d'expliquer à l'Église Évangélique de Westphalie, la gestion et les efforts financiers de l'É.É.C., afin de la rendre plus crédible. Ensuite, ce fut le tour du bureau de l'É.É.C. de se rendre à Westphalie-Rhénanie en Allemagne, sur invitation de l'Église Évangélique Westphalie en 1988. La délégation de l'É.É.C. était conduite par le pasteur Moïse Lamère, élu Président Général de l'É.É.C. le 1er février 1987. La délégation camerounaise fut accueillie par le nouveau président de l'Église de Westphalie, Linneman.
194 L'Appel n°1, octobre-novembre 1987, p.8.
195 Ibíd. n°1, p.8.
196 Ibíd.
197 Ibid. n°19, avril-juin 1992, p.30.
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Durant la décennie 1990, on assiste à la continuité de ces visites alternées entre les deux Églises. Elles se poursuivent, avec un rapprochement accentué des Allemands. Cette période s'ouvre par la quatrième visite de la délégation allemande au Cameroun198. Celle-ci se déroule du 30 janvier au 6 février 1990. Cette délégation a à sa tête le Dr. Martin Linnemann. Il est accompagné du pasteur Jurgen Kanz, Secrétaire Exécutif pour l'Afrique francophone de la Mission Évangélique Unie, de monsieur Ernst Tilly, proviseur de Lycée et de madame Heide Redenz, juriste, tous deux membres du Conseil de l'Église Évangélique de Westphalie. Au programme de cette visite, figurent des déplacements à Ndoungué, Nkongsamba, Bafoussam-Mbouo, Bandjoun-Chefferie, Bangangté, Douala, Yaoundé et Garoua199. L'étape de Garoua inaugure la visite des partenaires allemands au Nord du Cameroun. Ils parcourent également plusieurs localités de l'Ouest. C'était une visite d'imprégnation des réalités de l'É.É.C. Le 5 février 1990, vers la fin de ce séjour, eut lieu une séance de travail entre la délégation allemande et le bureau de l'É.É.C. selon le journal L'Appel, cette séance de travail permit aux partenaires de lever de légers nuages visant à assombrir le ciel de la collaboration et d'examiner, en tenant compte des expériences passées et de l'avenir de celle-ci. De nouveaux jalons sont posés dans ce partenariat entre les deux Églises.
Au terme de cette quatrième visite de l'Église Évangélique de Westphalie à l'É.É.C., répondant à une question sur la continuité des relations entre les deux Églises, le Präses Linnemann, déclara que son Église continuerait, autant que par le passé, à apporter son soutien à la 13ème Région Synodale de l'É.É.C. basée au Grand-Nord, eu égard à ses réalités, marquées par la pauvreté des femmes, etc.200.
Les retombées de cette quatrième visite sont significatives. En effet, en 1991, lors de la consécration de cinq nouveaux pasteurs de l'É.É.C. à Garoua, l'Église Évangélique de Westphalie a envoyé le pasteur Jurgen Kanz pour la représenter. A cette occasion, le Président Général de l'É.É.C., le pasteur Charles Emmanuel Njiké, évoque les projets que les Allemands ont en cours et qui sont axés sur : « le fonctionnement de la région du Nord, l'assistance à apporter aux paroisses de l'arrière-pays qui ont un grand besoin de soutien financier et d'une éventuelle prise en charge des salaires des ouvriers de cette région encore à l'état de pauvreté »201.
198 L'Appel n°9-10, janvier-février 1989, pp.14-15.
199 Ibid., Janvier-avril 1990, p. 14.
200 Ibid., p.15.
201 Ibid., n°14, janvier-avril 1991, p.13.
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Une cinquième visite de l'Église Évangélique de Westphalie a lieu à l'É.É.C. du 7 au 14 janvier 1992. Trois personnes forment cette délégation conduite par le Dr. Beyer, pasteur et Secrétaire Général de cette Église202.
En 1993, plus précisément du 1er au 14 juin, une délégation de quatre membres du bureau de l'É.É.C., conduite par son président, le pasteur Charles Emmanuel Njiké, se rend en Allemagne, sur invitation de l'Église soeur de Westphalie. Cette visite de l'É.É.C au sein de cette Église est significative, comme le déclare le pasteur Hans Edjenguele Ngoupa : « C'est donc à cette Église qu'était destinée notre visite, non pour connaître et apprécier les réalités profondes, mais pour un dialogue et un partage des élèves et surtout pour lui soumettre nos problèmes, nos inquiétudes, nos préoccupations dans notre Église. »203. La délégation a eu à visiter le nord de la Westphalie, en particulier l'usine électrique et la mine de charbon (transformation du charbon en énergie électrique) ; la ville historique de Munster, ainsi que certaine institutions de l'Église Évangélique de Westphalie parmi lesquelles le Lycée Nathan Soderblom à Espellcam ; le centre des handicapés de Bethel, fondé par le pasteur Bodelschwingh et qui a pour vocation de s'occuper de tous ceux qui souffrent, des épileptismes, des inadaptés sociaux ; le siège du mouvement des femmes chrétiennes à Soest, semblable au Département de l'Union des Femmes Chrétiennes de l'É.É.C., et qui a un impact social dans la vie de l'Église de Westphalie204.
Les retombées de cette dernière visite sont remarquables et déterminantes dans la marche de l'Église Évangélique du Cameroun. Ainsi, on peut noter dans le communiqué final lu et signé par les deux parties :
1- le jumelage effectif entre la région de Soest de l'Église de Westphalie et de la 13ème région de l'Église Évangélique du Cameroun ;
2- la construction d'un centre de santé et d'une école maternelle à Garoua au Centre Martin-Luther ;
3- le creusage de quelques puits dans la région du Grand-Nord ;
4- L'envoi prochain d'un missionnaire à Garoua avec cahier de charges ;
5- Possibilité de renégocier l'aide de Westphalie à certaines de nos institutions, en particulier notre ordre d'enseignement, etc.205.
Ce communiqué, à la limite montre qu'il y a eu échange de vues entre les deux Églises, échange qui a permis que certains points soient retenus, en vue d'une mission commune et
202 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuménique d'une jeune Église », p.219.
203 L'Appel, n°25-26, p. 22.
204 Ibid.
205 Ibid.
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pour sauver et aider à l'avancement de l'oeuvre parmi les hommes et en fonction des moyens disponibles ou à chercher.
S'il faut faire une remarque sur ces accords, nous dirons que ce sont encore des accords de coopération à sens unique Nord-Sud206.
La sixième visite de l'Église Allemande à l'É.É.C. a lieu du 28 avril au 6 mai 1994. Elle est marquée par la dédicace du Temple du Centre Martin Luther à Garoua le 1er avril 1994. La délégation de l'Église Évangélique de Westphalie comprend cinq personnes au rang desquelles : Mme Redenz, responsable des femmes au sein de son Église, le Docteur Kakule Molo, de nationalité Zaïroise et Secrétaire Exécutif de l'agence missionnaire, le pasteur Beyer, chef de Département de l'oecuménisme, le pasteur Yung, animateur théologique et enfin le Dr. Martens, Vice-Président laïc207. Cette délégation a séjourné surtout dans le Nord-Cameroun et a parcouru plusieurs de ses localités. Elle a rendu visite aux autorités administratives et traditionnelles. C'est ainsi qu'elle a touché du doigt, les problèmes inhérents à la 13ème Région Synodale de l'É.É.C., dans les domaines spirituel, économique et social208.
Photo n°3: Une vue partielle de la délégation de l'Église de Westphalie en visite Cameroun en 1994.
Source : L'Appel n°29, mai - juin 1994, p. 14.
206 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p. 220.
207 L'Appel n°29, mai-juin 1994, pp.14-15 et pp.26-29.
208 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.221.
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Le 1er mai 1994, jour de dédicace du Temple du Centre Martin Luther de Garoua, est l'occasion pour les uns et les autres d'exalter ce joyau qui est un véritable symbole de la présence de l'É.É.C. dans le Grand-Nord du Cameroun et de magnifier l'excellente coopération de l'É.É.C. avec l'Église Évangélique de Westphalie209. Cette collaboration jusqu'alors, a eu des actions concrètes notamment :
- le jumelage effectif et opérationnel entre la Région de Soest de l'Église Évangélique de Westphalie et celle du Grand-Nord de l'É.É.C, dont le dixième anniversaire de partenariat a été célébré, à travers plusieurs manifestations, en juin 2006 à Garoua210 ;
- l'aide pour le fonctionnement de la Région du Grand-Nord et la réalisation de petits projets ;
- le Grand-Nord a reçu un missionnaire Allemand, chargé de l'animation théologique, en la personne au pasteur Matthias Elsermann, qui sillonna, du 6 au 9 juillet, le district de Maroua, ainsi que M. Reiner Rumohr, écrivain et Historien émérite, et qui a été Conseiller financier de l'É.É.C., ayant séjourné au Cameroun de 1993 à 2006211 ;
- une délégation de la Région Synodale du Grand-Nord (13ème) conduite par son président, le pasteur Pierre Tayo, s'est rendue en Allemagne en 1996, et en retour, une délégation de six personnes de la Région Synodale de Soest avec à sa tête son président, le pasteur Manfred Selle, a effectué une visite dans le Grand-Nord du 10 au 25 octobre 1996.
Les relations entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique de Westphalie se sont aussi exprimées dans le cadre du partage et des échanges entre les enfants. Ainsi, lors du Jubilé marquant les cinquante ans d'autonomie de l'É.É.C., se sont tenues des rencontres de partage d'expériences entre les cultes d'enfants des Églises Évangéliques de Westphalie en Allemagne et du Cameroun dans les Régions Synodales du Wouri et du Centre-Sud-Est212. De ce fait, un échange d'expériences eu lieu, le 9 mai 2007, au foyer de jeunesse d'Akwa à Douala, entre les responsables nationaux de Westphalie conduits par le pasteur Kerstin Othmer Haake, et du Cameroun avec le pasteur Joseph Békima Mboulè, responsable national du culte d'enfants à l'É.É.C. C'était en présence des moniteurs et enfants venus très nombreux213.
209 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.221.
210 L'Appel n°26-27, mars-août 2007, p. 41.
211 L'Appel n°25, mai-juillet 2006, p.21.
212 L'Appel n°29, juillet-octobre 2007, p.29.
213 Ibid.
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L'année 2000 a enregistré une visite de l'Église Évangélique du Cameroun à l'Église Évangélique de Westphalie en Allemagne. En effet, sous la conduite du Président Général, le pasteur Joseph Mfochivé, une délégation de l'É.É.C. s'est rendue en Allemagne à la rencontre du partenaire allemand. Au cours de cette visite, les déplacements étaient nombreux et productifs. Avec les responsables locaux, notamment le Präses Manfred Sorg, le Dr. Ulrich Möller, Directeur des Relations OEcuméniques, le président de la région de Soest, le pasteur Manfred Selle, le pasteur Joseph Mfochivé et les siens ont eu le pain sur la planche : la formation des ouvriers et des laïcs, le partenariat réciproque, la coopération, l'échange, l'enseignement, les femmes, le développement, l'oecuménisme, la diaconie, et faire connaissance214.
Photo n°4: La délégation de l'É.É.C. en Allemagne en 2000 et certains de leurs hôtes.
Source : L'Appel n° 4, juillet-août 2000, p.20.
En fin de compte, l'étude de la coopération entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique de Westphalie, permet de remarquer que, à l'exception des visites alternées entre ces deux Églises, cette coopération est restée à sens unique, avec des initiatives et des actions unilatérales venant très souvent de la partie allemande. Les entraves à la communication,
214 L'Appel n°4, juillet-août 2000, p. 19.
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notamment l'accessibilité moins aisée des Camerounais à la langue allemande, pourrait justifier cet état de choses. Qu'en est-il des relations avec la Mission de Brême ?
Les relations de l'É.É.C. avec la Mission de Brême sont liées à la Mission Allemande aux Marins (M.A.M.) et se déroulent principalement dans le cadre du Foyer du Marin à Douala. Ce foyer est chargé de l'aumônerie des marins. En d'autres termes, la Mission de Brême intervient à l'Église Évangélique du Cameroun et s'occupe particulièrement du Foyer du Marin.
Les liens de l'É.É.C. avec la Deustche Seemans Mission ou en français Mission Allemande aux Marins remontent en décembre 1964. En effet cette Mission est entrée en contact avec les responsables de l'É.É.C de l'époque, pour leur demander d'assister les marins, c'est-à-dire, les hommes qui travaillent en mer et qui sont au service des navires. Un protocole d'accord fut donc conclu entre l'É.É.C. et la Deustche Seemans Mission. Cet accord prévoit la construction d'un foyer, qui doit constituer une assistance évangélique auprès des marins. Autrement dit, ce Foyer doit avoir pour rôle d'assurer un cadre sécuritaire aux marins arrivés au Port Autonome de Douala215. En outre, aux termes de cet accord, la gestion administrative et financière est dévolue à la M.A.M., l'É.É.C. assurant seulement la responsabilité spirituelle216.
Ainsi, le Foyer du Marin de Douala est construit en 1965 et inauguré en 1966. Les travaux de construction de cette oeuvre, qui ont duré un an, ont coûté quarante millions de francs CFA217. Il s'agit d'un immeuble de deux étages disposant de :
- une chapelle ;
- 23 chambres et appartements climatisés ;
- une piscine ;
- un billard ;
- une restauration rapide (barbecue) ; - une librairie en bordure de piscine ;
215 Entretien avec Bruno Njoume Ebene, 55 ans, Pasteur de l'É.É.C., Yaoundé, 23 mars 2015.
216 L'Appel n°22, novembre-décembre 1992, p.10.
217 Ibid.
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- des aires de jeux.
Photo n°5 : Vue principale du Foyer du Marin de Douala.
Source : Cliché réalisé par Moïse Nkapmeni Ngapet, le 8 mai 2015 à Douala.
D'après ses initiateurs de 1850, la mission auprès des marins a son fondement biblique dans le livre des Actes de Apôtres. Ce texte révèle que, Paul, considéré comme le premier pasteur des marins, leur vint en aide au cours d'un naufrage en mer, en leur donnant à manger218. Ainsi, tous les foyers des marins219, à l'instar du travail de l'apôtre Paul, exerce une activité à la fois diaconale et sociale auprès des marins.
Depuis 1966, le témoignage évangélique rendu au Foyer du marin de Douala garde des mêmes actes et gestes :
218 Sainte Bible, Acte 27, versets 27 à 44, Version Louis Second, publiée par l'Alliance Biblique Universelle (A.B.U.), 2001, pp. 1130-1131.
219 On estime à a peu plus de 275 le nombre des foyers des marins allemands dans le monde.
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- le travail du pasteur commence dans le bateau par une visite méthodique pour déceler ceux qui sont dans le besoin, leur prêcher l'évangile. Le but est d'aider le marin dans son corps, son âme, bref l'Homme dans sa globalité ;
- les marins dans le besoin, repérés et informés, sont conduits au foyer. Le foyer joue pour eux un lien important de contacts, de divertissements, d'achats des produits locaux. Il leur permet parfois de prendre contact par le téléphone, avec leurs familles demeurées dans leur pays d'origine ;
- le foyer assure aussi les visites aux marins hospitalisés ou emprisonnés. Les responsables du Foyer sont en quelque sorte considérés comme des avocats ou des interprètes des marins auprès des autorités de la sécurité, les autorités consulaires et religieuses. C'est un véritable travail de cure d'âme, doublé d'un travail d'information, que le foyer fait auprès des marins ;
- enfin, en matière d'échanges et de souvenirs, le foyer s'occupe de la vente des timbres, du service de change, de l'approvisionnement sur place de quelques objets d'art. Les statistiques de l'année 1988 mentionnent que le foyer s'est occupé de 800 à 1 000 marins par mois, a visité 970 bateaux amarrés au port de Douala, et a accueilli 10 150 marins. Depuis sa création, le foyer du Marin de Douala n'a été dirigé que par des cadres européens, particulièrement les allemands et aussi un Alsacien220. Ceci pourrait justifier l'affirmation de Jaap Van Slageren selon laquelle « l'Église Évangélique du Cameroun est ouverte sur le monde où la collaboration entre Noirs et Blancs est vécue »221.
Les plus connus des envoyés dans cette collaboration entre l'É.É.C. et la Mission Allemande aux Marins de la Mission de Brême sont : le diacre Bott, M. Kuhl, les pasteurs Thiesbonnekam, Strauss, Walter Wettach, Henri Becker.
Le directeur du foyer est envoyé par la Mission de Brême et en est d'office membre. S'il est pasteur de l'Église Évangélique, c'est son bureau qui l'installe. De ce fait, le pasteur Walter Wettach et son épouse Ulrike Zelmer Wettach étaient arrivés en fin mai 1990 à Douala, pour prendre la direction du foyer du Marin, sis au quartier Bonadibong. Son contrat avec le foyer du Marin de l'Église Évangélique du Cameroun était prévu pour six ans. Il avait été installé dans ses fonctions par le bureau de l'Église le 20 juillet 1990222. Deux ans plus tard, le pasteur Walter fut remplacé par le pasteur Henri Becker, de nationalité française.
220 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.224. 221J.V.Slageren, Les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun, p.285. 222 L'Appel n°12, août-septembre 1990, p. 25.
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Il fut installé par le président de l'É.É.C, le pasteur Charles Emmanuel Njiké. Il devait désormais diriger cette grande institution, oeuvre issue de la collaboration Germano-Camerounaise, une collaboration entre la Deustche Seemans Mission et l'Église Évangélique du Cameroun, qui date de 1966, date de l'inauguration de cette maison d'accueil223. Tout en évoquant la mission du nouveau directeur et son statut, le pasteur Njiké lui dit « qu'il fait désormais partie de la grande famille des pasteurs de la région synodale de Douala.»224.
D'après le contrat (bail emphythéotite) passé entre l'É.É.C. et la Mission Allemande aux Marins, Le foyer du Marin reviendra, au bout d'un certain nombre d'années de fonctionnement à l'É.É.C.225. Ce foyer est aujourd'hui une oeuvre de témoignage et un symbole de la vitalité oecuménique de l'Église Évangélique du Cameroun. A l'échéance de ce contrat, la gestion du Foyer passera entre les mains des Camerounais. C'est sans doute ce qui a justifié l'envoi en stage en Allemagne du pasteur Njoume Ebene Bruno en 1998. Il sera le tout premier Camerounais de l'É.É.C. à être formé au service des marins. A son retour en 1999, il sera nommé directeur adjoint du Foyer du Marin jusqu'en 2000.
Ainsi, l'ouverture de l'É.É.C. vers la Mission de Brême lui a révélé un autre aspect de son ministère : l'encadrement, l'évangélisation ou l'aumônerie des marins. C'est peut-être ce qui a motivé le regard de l'É.É.C vers l'E.Z.E.
Il existe entre l'É.É.C et l'Evangelical Zentrastelle Für Entwiecklunlgshilfe, des relations bilatérales. Avant de les analyser, étudions d'abord les origines et les objectifs de cette structure.
L'Evangelical Zentrastelle Für Entwiecklungshilfe ou association protestante de coopération pour le développement, est une organisation non gouvernementale (O.N.G.), fondé en Allemagne en 1960226. Elle est née de la volonté des Églises d'Allemagne d'étendre leur témoignage au développement. Pour cela, elles vont être soutenues par le gouvernement fédéral, qui les encouragera dans cette initiative, en leur allouant des fonds publics, pour renforcer leur solidarité. L'E.Z.E. est donc issu des Églises luthériennes, réformées, unies et
223 Ibid, p.10.
224 Ibid.
225 Entretien avec Bruno Njoume Ebene, 55 ans, Pasteur de l'É.É.C., paroisse de Melen, Yaoundé, 23 mars 2015.
226 L'Appel n°36, juin-juillet 1995, p.18.
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méthodistes d'Allemagne. Son budget administratif est assuré par l'Église Évangélique d'Allemagne (E.K.D.).
En matière de partenariat, l'E.Z.E. soutient les activités de développement menées par des Églises ou associations ecclésiastiques dans environ cinquante pays à travers le monde. Il a également des contacts avec des organismes oecuméniques à l'instar de l'I.C.E.O. aux Pays-Bas, la Christian Aid en Grande Bretagne, la Church World Service aux États-Unis d'Amérique, le Conseil OEcuménique des Églises (C.O.É.) et la Fédération Luthérienne Mondiale227.
L'E.Z.E. a ses objectifs. Aussi participe-t-il à la réalisation de nombreux programmes dont les priorités sont :
- l'aide aux groupes les plus pauvres de la société ;
- la participation active de la population ;
- l'encouragement de l'autonomie des peuples.
Ses secteurs d'activités sont entre autres :
- l'éducation, notamment les programmes d'alphabétisation et d'éducation des adultes ; - la formation professionnelle ;
- la santé avec le soutien au programme de santé communautaire, la prévention-éducation, l'amélioration des infrastructures sanitaires et le perfectionnement des médecins traditionnels ;
- l'agriculture où l'E.Z.E. accorde une priorité aux programmes de développement avec meilleur accès aux sources des populations rurales défavorisées ;
- en matière d'artisanat et de commerce, l'E.Z.E. favorise la création d'emploi à travers le développement de l'artisanat, du commerce et des petites et moyennes entreprises (P.M.E.) ; il soutient également les programmes qui visent l'amélioration de la commercialisation, de l'approvisionnement, des conditions de crédits, de l'équipement ; le développement communautaire intégrant les activités sociales et économiques font aussi partie de ses priorités.
227 L'Appel n°36, juin-juillet 1995, p.18.
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L'E.Z.E. est l'un des partenaires les plus anciens de l'É.É.C. Leurs relations remonteraient en 1966228. En effet, l'inauguration le 27 mai 1966 du Collège Alfred Saker de Douala, reste un repère phare pour situer les premières années des relations de coopération entre l'É.É.C. et l'E.Z.E229. Dans son discours, le directeur de l'époque, Le pasteur Ekollo précise que ces réalisations ont été possibles grâce à d'importantes subventions conjointes des Églises Suisses, de la coopération technique suisse, du fonds d'aide et de coopération française et de la centrale évangélique pour le développement de Bonn, en Allemagne230. En clair, l'E.Z.E. a participé à la construction du collège Alfred Saker de Douala.
S'il est certain que l'E.Z.E. a financé la construction du collège Alfred Saker de Douala, il est aussi acquis que par la suite, et dans la même direction, il continue et participe au financement d'autres oeuvres de l'É.É.C. Dans cette lancée, un accord-cadre entre les deux partenaires est signé en 1995, lors de la visite d'une délégation du bureau de l'É.É.C. à Bonn en Allemagne. L'E.Z.E. est donc l'un des partenaires qui a le plus réalisé des projets dans l'É.É.C., dans les domaines aussi divers que l'enseignement, la communication, l'oeuvre médicale, l'oeuvre agricole, etc. Et de ce fait, cette assistance aura été pour beaucoup dans le rayonnement de certaines des oeuvres de l'É.É.C. L'exemple le plus patent est le Centre polyvalent de Mbouo-Bandjoun qui commença à fonctionner en 1980, centre de renommé qui aura longtemps été le centre d'accueil et de formation continue de tous les départements de l'É.É.C.231. On peut aussi citer la rénovation du Foyer de Jeunesse Protestante d'Akwa à Douala, la rénovation de la Direction de l'É.É.C. et des logements des responsables, le soutien de l'oeuvre médicale dans la lutte contre le S.I.D.A, l'équipement du Département Communication Information en service depuis 1987, le Collège Évangélique de Baleveng, etc.232.
Bien plus, dans le cadre des visites de travail, M. Rudolf Heinrichs-Drunhans, de l'office central protestant pour l'aide au développement, a effectué le 6 décembre 1992 une visite de travail au sein de l'Église Évangélique du Cameroun233. Ses entretiens avec le bureau de
228 Entretien avec Emmanuel Elouti, 66 ans, pasteur de l'É.É.C, Yaoundé, 13 juin 2014.
229 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Eglise », p.226.
230 J.M.É., août-septembre 1966, p.180.
231 L'Appel n°36, juin-juillet, 1995, p.15.
232 Ibid. n°29, mai-juin 1994, p. 31.
233 Ibid n°17, octobre-décembre 1992, p.15.
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l'É.É.C. ont porté sur les projets concernant l'enseignement, l'école pilote notamment, ainsi que sur des sujets d'intérêt commun234.
Cependant, cette vieille coopération entre l'É.É.C. et l'E.Z.E. depuis les années 1966 a connu un problème entre 1992 et 1993235. Les causes de cette situation restent encore sombres. Ce problème serait parti du changement du directeur du centre polyvalent de Mbouo-Bandjoun en juillet 1993 ; directeur très estimé par les partenaires allemands. Devant cette situation, les Allemands cessent de soutenir le centre polyvalent, avec l'arrivée du nouveau directeur, et partant d'autres oeuvres aussi.
Le 6 mai 1994 l'É.É.C. et l'E.Z.E signent un projet d'accord-cadre de coopération. Le but de cet accord cadre est de rénover le partenariat entre les deux institutions tout en préservant l'indépendance et l'entière responsabilité de chacune dans la prise de décisions relatives à son fonctionnement236. Il y est précisé entre autres, que les deux parties sont tombées d'accord sur la nécessité d'une concertation préalable dans les changements d'intérêt mutuel à la tête des institutions ou oeuvres dans lesquels l'E.Z.E. participe matériellement ou financièrement237. Ceci semble étayer la rumeur ci-dessus selon laquelle, la brouille entre l'É.É.C. et l'E.Z.E., vient du changement d'un directeur d'une institution à laquelle, l'E.Z.E. participait matériellement ou financièrement.
À travers cet accord-cadre de coopération signé par le pasteur Charles Emmanuel Njiké et le représentant de l'E.Z.E., Rudolf Heinrichs, la solution commença à se dessiner. Cette signature a eu lieu en présence des divers responsables des oeuvres et mouvements de l'É.É.C. que soutient l'E.Z.E. : enseignements primaire et secondaire, oeuvres médicales et agricoles, communication, centre polyvalent de formation de Mbouo-Bandjoun, C.A.F.R.A.D., etc.238.
La solution à la brouille, amorcée au Cameroun en 1994, se poursuivit à Bonn en Allemagne en 1995. Ainsi, le 8 juin 1995, le projet d'accord-cadre de coopération signé au Cameroun et qui jette les bases d'une nouvelle orientation de la coopération entre l'É.É.C. et l'E.Z.E., fut ratifié239. Le document de cette ratification est signé par le pasteur C. E. Njiké, Président de l'É.É.C. et M. Wadhem, Directeur de Programme de l'E.Z.E. Sont témoins de cet événement, du côté de l'É.É.C. : le pasteur Hans Edjenguélé Ngoupa, Secrétaire Général
234 L'Appel n°17, octobre-décembre 1992, p.15.
235 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.227.
236 L'Appel n°29, p. 31.
237 Ibid.
238 Ibid. n°29, p. 31.
239 L'Appel n°29, p. 31.
17.
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de l'É.É.C., Claire Yolande Essombé, représentante du Département de la Communication. Du côté de l'E.Z.E., on a M. Rudolf Heinrichs et Mme Anne-Marie D. Navers, tous deux responsables du Département Afrique de l'E.Z.E.240.
À travers cet acte, le moment est venu de situer un cadre qui permettrait aux deux partenaires de redynamiser et de vivifier leurs relations. Le pasteur Njiké a émis le voeu que cette coopération soit pérenne, et surtout que l'E.Z.E. participe activement aux besoins de formation des cadres et du personnel de l'É.É.C.241.
Au demeurant, les relations l'É.É.C. avec l'Allemagne se traduisent à travers la coopération qu'elle entretient avec les Églises et O.N.G. installées dans ce pays entre autres l'Église Évangélique de Westphalie, la Mission de Brême et l'Evangelical Zentrastelle Für Entwiecklunlghilfe (E.Z.E.). Cette traduction des expressions oecuméniques de l'É.É.C. vers l'extérieur s'est aussi ressentie aux Pays-Bas.
(1961-2004)
L'une des relations privilégiées de l'É.É.C., est celle qu'elle entretient avec l'Église Réformée des Pays-Bas. En effet, l'Église Évangélique du Cameroun a des relations très étroites avec cette Église d'Europe depuis les années 1961. Aussi évoquerons-nous dans cette partie la Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas (M.É.R.P.B.) en Afrique et au Cameroun, les débuts, l'évolution, les contributions de cette Église dans l'É.É.C., le refroidissement ainsi que les problèmes des liens entre ces deux Églises.
L'intérêt des missions néerlandaises pour l'Afrique commença vers la fin des années cinquante242. En effet, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, il était devenu difficile, voire impossible aux Missions néerlandaises d'envoyer les missionnaires en Asie, notamment en Indonésie, compte tenu de la traversée difficile de la décolonisation. Il fallait trouver une alternative. À cet effet, le Comte S.C. Van Randwicjck, Secrétaire Général du Conseil de la Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas (C.M.É.R.P.B.), et le Docteur Van Der Horst,
240L'Appel n°29, p. 31 241Ibid.
242 Eglise Réformée des Pays-Bas, Vision et réalité, Rapport d'orientation du Conseil de Mission, Oegstgeest, p.
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Secrétaire Médical du Comité, font un voyage de prospection en Afrique Occidentale du 10 décembre 1960 au 24 février 1961. Ce voyage les conduit au Sénégal, au Ghana, au Nigéria et enfin au Cameroun, où l'Église Évangélique du Cameroun avait signalé un besoin urgent de missionnaires étrangers pour faire marcher ses hôpitaux, l'Ecole de Théologie de Ndoungué, l'aumônerie des écoles et la formation des évangélistes et des pasteurs243.
L'Église Réformée Néerlandaise (en Néerlandais : Nederlandse Hervormde Kerk ou NHK) est la dénomination d'une Église chrétienne réformée qui exista depuis les années 1570. Le 1er mai 2004, elle fusionne avec deux autres Églises néerlandaises(l'Église Réformée dans les Pays-Bas et l'Église Évangélique Luthérienne du Royaume des Pays-Bas) pour former l'Église Protestante dans les Pays-Bas (Protestantse Kerk in Nederland, ou PKN). Avant cette année, l'Église Réformée Néerlandaise comptait deux millions de membres organisés en 1 350 congrégations. Une minorité des membres de l'Église choisit de ne pas être partie prenante à la fusion. Ces anciens membres organisèrent l'Église Réformée Restaurée (Hersteld Hervormde Kerk)244.
L'arrivée des missionnaires hollandais à l'É.É.C. répondait à un voeu de ses dirigeants, d'apporter une solution à la crise que connaissait l'Église dans la région Bamiléké à l'Ouest-Cameroun. De ce fait, à l'Assemblée Générale de la Société des Missions Évangéliques de Paris, tenue les 3 et 4 décembre 1960, le pasteur Jean Kotto, Secrétaire Général de l'É.É.C., exprime dans son exposé, les besoins urgents de l'É.É.C. pour les débuts de l'année 1961. Il décrit la situation qui prévaut dans la région Bamiléké en déclarant :
...Nous avons décidé de lancer quatre "commando" d'évangélisation dans l'ensemble du Bamiléké pour un temps limité, allant d'un à deux ans. Ces commandos seront composés de pasteurs de diverses régions, mais dans chacun d'eux, il est nécessaire d'avoir un pasteur théologien évangéliste de choc, ayant le sens de l'organisation, pour aider techniquement ses collaborateurs245.
Il poursuit son propos en disant : « ... Il nous faut de toute urgence une équipe médicale de secours pour le Bamiléké, deux médecins dont un chirurgien, une sage-femme, une infirmière, pour reprendre le travail dans l'hôpital de Bangwa »246. Dans ce même exposé, le pasteur Jean Kotto souligne les préoccupations de la jeunesse de l'É.É.C., notamment en ce
243 J. V. Slageren, Mémorial des premiers missionnaires néerlandais venus au Cameroun, in Église Évangélique du Cameroun, Cinquante ans d'autonomie, Félicitations de la part des Pays-Bas, 2007, p.2.
244 fr.wikipédia.org/wiki/ERPB, consulté le 07 mars 2015.
245 Voie Nouvelle, S.M.E.P., 1961, p.20.
246 Voie Nouvelle, S.M.E.P., 1961, p.30.
247 J.M.É., septembre 1961, p.183.
248 Entretien avec David Nono, 75 ans, Ancien d'Église, Bangwa, 22 décembre 2014.
249 Idem.
250 Exposés présentés par Charles Bonzon, à l'Assemblée Générale de la S.M.É.P. les 13 et 14 décembre 1961, pp.35-36.
251 J. V. Slageren, Mémorial des premiers missionnaires néerlandais, p.2.
252 J.M.É.,
septembre 1961, p.182.
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qui concerne son éducation et l'enseignement théologique. Précisément, le corps missionnaire dont avait besoin l'É.É.C. de toute urgence à cette époque, devrait comprendre des pasteurs, des médecins et infirmiers, des encadreurs de jeunesse, des enseignants de collèges et de théologie, des imprimeurs, des journalistes et des libraires. Soulignons que l'É.É.C. n'était pas la seule Église à solliciter les missionnaires de la S.M.É.P. Cette dernière était donc débordée par les demandes, et il devenait difficile pour elle de satisfaire les seuls besoins de l'É.É.C.
Compte tenu de cette situation et avec l'accord de la S.M.É.P., l'É.É.C. entra en contact avec le C.M.É.R.P.B. C'est alors ainsi que la Mission de l'Église Réformée de Hollande commença à participer aux côtés de la S.M.É.P. dans l'É.É.C.247. Bien plus, le Conseil de Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas, poursuivait, en liaison avec l'É.É.C. et le Comité de Direction de la S.M.É.P., la façon dont ils pourraient le plus efficacement possible, mettre un certain nombre de missionnaires à la disposition de l'É.É.C. A cet effet, dès le mois de février 1961 le docteur Jan Le Grand, a été envoyé à l'hôpital de Bangwa, comme missionnaire de la S.M.É.P., accompagné de son épouse248. Il s'agissait là d'une mesure provisoire, en attentant que l'étude en cours soit achevée249.
Il en découle donc qu'au départ, c'était sous le couvert de la S.M.É.P. que les premiers missionnaires hollandais furent envoyés à l'É.É.C. La S.M.É.P. favorisait ainsi les relations entre l'É.É.C.et la M.É.R.P.B. Un rapport de Charles Bonzon, alors Directeur de la S.M.É.P. le soulignait en ces termes : « l'Église Évangélique du Cameroun est en effet, avec notre accord, entrée en relation directe avec ce conseil (C.M.É.R.P.B.) et le pasteur Kotto a rendu récemment visite à cette Église ... Ainsi se dégage entre l'Église au Cameroun et l'Église en Hollande une collaboration dont nous rendons grâce à Dieu. »250.
En novembre 1961, Le pasteur Jean Kotto se rendit aux Pays-Bas pour signer un contrat de coopération missionnaire au nom de l'É.É.C. avec le Conseil de Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas. Pour marquer l'importance de cette alliance, il fut reçu par la reine-mère, l'ancienne reine, la princesse Wilhelmine, dans son palais royal251. Cette visite eu des retombées puisque, au mois de septembre de la même année, une première envoyée directe de la Mission Hollandaise arriva. Il s'agit de Mlle Kruijt, infirmière, qui s'installa à l'hôpital de Bangwa252.
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L'année 1961 fut donc l'année qui inaugura la collaboration entre l'É.É.C. et l'Église Réformée des Pays-Bas. Elle est aussi l'année de l'exercice des activités des premiers missionnaires hollandais dans l'É.É.C. Désormais, cette Église d'Hollande fut disposée à mettre du personnel et des fonds au service de l'É.É.C. Cette collaboration vécu de manière sereine, mais fut entachée de quelques incompréhensions entre 1977 et 1987.
Vers la fin des années 1970, les rapports entre l'É.É.C. et l'Église Hollandaise ont connu quelques perturbations et tensions. Il s'agit là d'une crise qui n'a pas entraîné de rupture entre les deux. L'une des sources de tension entre les deux Églises avait trait à la gestion des projets. Les propos du pasteur Hollandais Hollemans, qui a travaillé dans la formation des laïcs de l'É.É.C. de 1976 à 1979, notamment au Centre construit à cet effet à Bonabéri-Douala, étayent ce climat tendu. En effet, il déclare dans un article :
L'Église Réformée a jusqu'à maintenant été responsable pour la mise en oeuvre et/ou le financement, en partie ou total de certains projets au sein de l'É.É.C., et elle a mis aussi du personnel à sa disposition. Chaque tentative de l'Église Réformée des Pays-Bas, de mettre en discussion le point de départ de ces projets et la mise en disposition du personnel peut-être interprétée par l'É.É.C. comme une ingérence dans sa politique interne d'Église autonome, comme aussi un essai d'imposer des idées européennes par l'intermédiaire du robinet de l'argent253.
L'É.É.C. était donc jalouse de son autonomie. Elle accusait les missionnaires Hollandais de s'ingérer dans les affaires internes, en voulant agir comme à l'époque de la Mission. Ce que les Hollandais n'appréciaient pas du tout.
Une autre source de tension réside dans le détournement des fonds donnés par les Hollandais. Des fonds, destinés à certains projets, et dont la gestion était confiée aux Camerounais. C'est le cas de l'argent pour la construction du foyer Protestant de Nkongsamba, des fonds de coopération hollandaise pour les hôpitaux, entre autres254.
Bien plus, plusieurs événements désagréables rendaient la coopération difficile entre les deux partenaires :
- les tensions entre les missionnaires hollandais et les ouvriers locaux dues aux différences de traitement matériel, notamment en ce qui concerne les moyens de déplacements dont bénéficiaient plus ces étrangers ;
- le manque ou l'insuffisance d'encadrement de ces missionnaires par l'É.É.C.
253 C. J. Hollemans, Quelques réflexions sur la place d'un expatrié au sein de l'Église Évangélique du Cameroun, Bonabéri-Douala, mars 1979, p.4. Archives Michel Ngapet.
254 E. Tchuindjang, « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église », p.239.
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Ces faits désagréables entre les deux parties ont été vécus et ressentis. Les relations difficiles entre le pasteur Hollemans et son assistant au centre de formation des laïcs, le pasteur Emmanuel Elouti, peuvent l'illustrer. Ces deux ouvriers vécurent et se séparèrent d'une manière qui ne servit pas la cause de l'Évangile255.
Les envoyés néerlandais se sont plaints auprès de leur Église. Il s'est suivi un entretien qui a eu lieu à Foumban le 10 mars 1977 avec la délégation de l'Église Réformée des Pays-Bas qui est venue assister aux festivités marquant le XXè anniversaire de l'autonomie de l'É.É.C256. Cet entretien a porté sur les relations entre les deux Églises. Le rapport de cette rencontre est discuté le 13 octobre 1977 à Oegstgeest, lors de la session du Conseil de Mission 257. Au cours de cette session, le Secrétaire Général du Département Missionnaire, Bootsma, souligne :
Qu'il y a une tension entre l'Église du Cameroun et le Conseil de Mission de l'Église Réformée des Pays-Bas, dont l'envoyé missionnaire devient victime. Puis, il pensa qu'il fallait un entretien avec l'Église du Cameroun. Pour la réussite d'un tel entretien, il est d'importance, selon lui, que les envoyés missionnaires soient impliqués dans l'ordre du jour qu'il faudra dresser258.
Suite à ces discussions, le Conseil prend les résolutions suivant lesquelles les envoyés devront dans l'avenir donner des informations qui serviront à établir la politique générale à leur Église, et que les relations entre les deux Églises devront être fixées dans une consultation une fois tous les deux ans.
Dans le même ordre d'idées, s'est tenue une rencontre entre une délégation officielle de l'Église Réformée des Pays-Bas et le bureau de l'É.É.C. les 16 et 17 mai 1978 à Foumban. Le rapport de la délégation hollandaise a été discuté au Conseil des Missions du 14 septembre 1978. La remarque selon laquelle les points essentiels concernant le travail des envoyés hollandais au sein de l'É.É.C. n'a pas été bien définis a été relevée. Selon le conseil, ses points essentiels sont au nombre de quatre :
- la vision commune entre l'É.É.C. et l'É.R.P.B. ;
- l'envoi de missionnaires qui coopèrent en toute modestie ;
- la continuité de la collaboration en respectant le moratoire ;
- le renforcement du dialogue continu dans le travail de l'envoyé.
En outre, lors du Synode Général de l'É.É.C. tenu à Bafoussam en 1979, quelques résolutions sont prises et qui dénotent une certaine tension entre les deux partenaires. Il est dit entre autres que :
255 Entretien avec Emmanuel Elouti, 66 ans, pasteur de l'É.É.C, paroisse Essos, Yaoundé, 13 juin 2014.
256 C.J. Hollemans, p.5.
257 Ibid.
258 Ibid.
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- l'É.É.C. est une Église autonome qui doit établir sa propre politique. Les Hollandais qui viennent, doivent se conformer à cette politique. Ils doivent se soumettre à la hiérarchie qui a été fixée par la constitution de l'Église ;
- l'envoyé Hollandais ne doit pas introduire de nouvelles idées ou doctrines, car, elles seraient cause de troubles.
Par ailleurs, ce même synode approuve aussi la décision de la Commission Exécutive de demander à l'É.R.P.B. huit envoyés pasteurs. Ceci démontre tout simplement que les critères de collaboration devaient être révisés comme le reconnurent plus tard les pasteurs Hollemans et Pier Magre. Ce dernier, répondant à la question d'un journaliste, qui voulait savoir la cause de la rupture entre les deux Églises à mi-parcours, déclare :
Tout d'abord, je voudrais dire que je ne suis pas content quand on parle de rupture. Il convient de souligner que dans le cours des années les choses ont changé. On a pas fait assez attention, on a pas vu à temps ces changements de sorte qu'on a fini par avoir un manque de communications, un manque de relations dans le domaine de la réflexion qui a trop longtemps duré et qui, à un certain moment a causé la crise dans la relation259.
Bref, la crise sans rupture dans les relations entre l'É.É.C. et l'Église Réformée des Pays-Bas était causée par :
- la mauvaise gestion et le détournement des fonds mis à la disposition de l'É.É.C. pour
les projets ;
- le manque des cahiers de charges des envoyés hollandais ;
- l'ingérence des envoyés hollandais dans la politique générale de l'É.É.C. ;
- le complexe des ouvriers locaux ;
- le manque de communication et de réflexion
- les incompréhensions entre le bureau de l'É.É.C. et les envoyés hollandais
- le vieillissement des critères solides de collaboration.
Dès 1987, la situation commença à s'apaiser. En effet, une délégation de l'Église
néerlandaise forte de quatre personnes se rend au Cameroun. Elle est composée de :
- Karel Blei, pasteur et Secrétaire Général de l'É.R.P.B. ;
- Mme Den Tex, Vice-Présidente du Conseil des Missions,
- Pier Magre, pasteur et Secrétaire pour l'Afrique du Conseil de Mission ;
- le pasteur Johannes Roldanus, membre du Conseil de Mission et professeur d'Histoire
à la Faculté de Théologie d'Utrecht260.
Cette délégation a eu des entretiens avec le bureau de l'É.É.C. Ces entretiens ont porté
essentiellement sur la mise sur pieds des nouvelles bases de la coopération entre les deux
259 L'Appel n°1, p.5.
260 L'Appel n°2, janvier-février 1988, pp.14-16.
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Églises. Ainsi, les pourparlers avec la Hollande ont abouti. Les malentendus ont été dissipés et une nouvelle lune de miel se profilait à l'horizon. Un protocole d'accord a été signé261.
Après dix ans de piétinement, la coopération entre l'Église Évangélique du Cameroun et l'Église Évangélique des Pays-Bas est repartie sur des bases solides.
Ce personnel est composé essentiellement de médecins, de pasteurs et de professeurs de Théologie.
À l'hôpital protestant de Ndoungué, on a enregistré entre 1962 et 1986 les médecins Hollandais suivants : Van Bergeck de 1962 à 1967, Bas Van Wijk (1965-1972), Gerard Van Noort (1973-1981). À l'hôpital protestant de Njissé à Foumban, le Dr. Eric Van Geer fut Médecin-Chef de 1980 à 1988. Il est à relever à son actif le développement prodigieux de cette structure sanitaire, avec la construction d'un bloc sanitaire, d'un bâtiment pour le logement du personnel et l'agrandissement du centre de santé de Baïgon262. Il a été suivi par le Dr. Berend Jansen-Jansen comme Médecin-Chef de cet hôpital entre 1989 et 1993.Cette liste de médecins hollandais à l'É.É.C. est loin d'être exhaustive. Elle est évoquée ici à titre illustratif.
Pour ce qui est des professeurs de théologie, plusieurs, de renommée ont enseigné à l'ancienne École de Théologie de Ndoungué, aujourd'hui Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses de Ndoungué. Il s'agit entre autres de :
- Johannes Roldanus, professeur d'Histoire de l'Église. Il fut Directeur de cette École de 1970 à 1975 et Secrétaire associé du Conseil d'Administration du projet de l'École de Théologie Unie ;
- Bakker, professeur de Dogmatique, qui aura marqué la plupart des étudiants et pasteurs de l'É.É.C. qui l'ont rencontré pendant leur formation ;
- Ruurd Veldhuis, professeur de Théologie à Ndoungué de 1975 à 1979 ;
- Le Dr. E. Jansen Schoohoven
En outre, l'Église Hollandaise a mis au service de l'É.É.C., plusieurs de ses pasteurs. Quelques noms peuvent être cités :
261 L'Appel n°2, janvier-février 1988, pp.14-16.
262 Ibid, p.13.
100
- Pier Magre, pasteur missionnaire à Mbouda et Nkongsamba de 1963 à 1972 et Secrétaire pour l'Afrique de 1983 à 1995 ;
- Jaap Van Slageren (1963-1974). Il s'est beaucoup intéressé à l'É.É.C. au point d'en étoffer la littérature à travers plusieurs ouvrages dont celui sur les origines de l'Église Évangélique du Cameroun paru en 1972. Ces ouvrages ont inspiré nos recherches ;
- Jan Schipper, pasteur missionnaire à Nkongsamba entre 1963 et 1969 ;
- Mme Jansen Mechteld. Elle est la toute première femme pasteur à travailler dans une paroisse de l'É.É.C. Elle exerça comme pasteur à la paroisse de Njissé II à Foumban de 1989 à 1993. Son ministère bouleversa certaines mentalités encrées au sein de l'É.É.C., marquées par le refus de former les jeunes femmes au ministère pastoral. C'est ainsi que la décision historique fut prise à la Commission Exécutive de 1992, d'inscrire quelques femmes et jeunes filles dans les institutions de formation en Théologie. Le ministère de cette dame apporta une solution au problème du ministère pastoral des femmes à l'É.É.C. Il fut donc un détonateur à l'effectivité de la consécration des femmes au ministère pastoral à l'É.É.C.
Il y a lieu de noter que, la consécration des femmes au ministère pastoral à l'É.É.C. est une contribution indéniable des relations entre elle et l'Église Réformée des Pays-Bas.
L'É.R.P.B. n'envoie pas seulement le personnel à l'É.É.C. Elle fait aussi de nombreux dons et octroie des fonds pour son développement infrastructurel, matériel, pour la formation des cadres, des personnes dont elle a besoin pour sa mission au sein de la société camerounaise. Cette assistance concerne :
- toutes les formations sanitaires de l'É.É.C. (hôpitaux, centres de santé, maternités, etc.) ainsi que la formation des aides-soignants à Ndoungué où l'É.R.P.B. a mis à la disposition de cette formation une Hollandaise ;
- la Ferme-École de Ndoungué ;
- le Foyer Protestant de Nkongsamba ;
- la réfection de la grande maison du Centre Social de Ntolo, dont les travaux ont coûté la somme dix-neuf millions de francs CFA263 ;
- la Direction du Culte d'Enfants à Ndoungué ;
- de nombreuses bourses d'études. Ainsi, pour la décennie 1990, les pasteurs HendjeToya, Isaac Kamta, Pascal Fossouo en ont été bénéficiaires ;
263 J.M.É., 1975, pp.30-33.
101
- le recyclage des pasteurs depuis 1990, etc.
Le tableau ci-après indique le budget que l'É.R.P.B. adopta pour l'année 1997 :
Tableau n°5 : Subventions de l'É.R.P.B. à l'É.É.C. en 1997.
Rubriques |
Budget (en francs CFA) |
||
Fonctionnement Département Union des Femmes Chrétiennes (D.U.F.C.) |
2 |
500 |
000 |
Formation D.U.F.C. |
8 |
100 |
000 |
Recyclage des pasteurs |
2 |
500 |
000 |
Ecole de Théologie de Ndoungué |
18 330 000 |
||
Formation des laïcs |
2 |
630 |
000 |
Centre d'Etudes |
5 |
000 |
000 |
Femmes des Pasteurs |
3 |
500 |
000 |
Formation féminine |
2 |
000 |
000 |
Fonctionnement |
5 |
200 |
000 |
Ferme-Ecole de Ndoungué |
5 |
000 |
000 |
Centre Social de Ntolo |
7 |
000 |
000 |
Culte d'Enfants |
4 |
000 |
000 |
Formation des handicapés à Baham |
7 |
000 |
000 |
Département de la Jeunesse |
6 |
250 |
000 |
Département de la Communication |
4 |
000 |
000 |
Total : |
64 680 000 |
Source : Service Financier de la Direction Générale de l'É.É.C., 1997.
Au regard de cette somme importante, on constate que cette Église Hollandaise apporte une grande contribution au budget de l'É.É.C. Grâce à ce soutien, développement de l'É.É.C. se trouve rehaussé264.
Les femmes n'ont pas été en reste dans cette coopération. Ainsi dans le cadre des liens qui unissent l'É.R.P.B. et l'É.É.C., est née une série d'échanges entre les femmes de cette Église et le Département de l'Union des Femmes Chrétienne (D.U.F.C.) de l'É.É.C.265. De ce fait, du 9 au 29 novembre 1992, une délégation de six femmes de différentes régions de
264 Entretien avec Michel Ngapet, 66 ans, Pasteur de l'É.É.C., Bapi/Bafoussam, 26 décembre 2014.
265 L'Appel n°31-32, janvier 1995, p.21.
102
l'É.R.P.B. ont séjourné au Cameroun. Deux années après, il revenait aux femmes du D.U.F.C. d'effectuer une visite similaire aux Pays-Bas. De ce fait, le 7 septembre 1994, une délégation de six femmes de l'U.F.C., représentant les treize régions synodales de l'É.É.C. s'est envolée pour les Pays-Bas. Cette délégation était constituée de Mme Madeleine Mandou, secrétaire régionale du Centre-Sud et Est, Mme Françoise Ndame, responsable de la commission de développement, Mme Nzeukeng Anne, présidente régionale de l'U.F.C. de la Région Synodale de la Menoua, Mme Bang Berthe, secrétaire de paroisse dans la Région Synodale du Nkam, Mme Rosine Ekotto, secrétaire régionale du PABB et Mme Louise Moussadi, membre du Bureau National du D.U.F.C. Au cours des trois semaines qu'a duré leur séjour, ces dames ont effectué des visites dans les différents centres et oeuvres de l'É.R.P.B., notamment les écoles, les centres de santé, les fermes, les serres de fleurs de tomate. Elles ont également rencontré des responsables ecclésiastiques des différentes régions266 comme l'indique la photographie ci-après :
Photo n° 6: Une délégation des femmes du D.U.F.C. en visite en Hollande en 1992
Source : L'Appel n°31-32, janvier 1995, p. 21.
266 L'Appel n°31-32, janvier 1995, p.21-23.
267L'Appel n°1, p.6. 268Ibid.
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Le partenariat entre l'É.É.C. et l'Église néerlandaise se déroule dans le sens classique les relations Nord-Sud. Ces relations sont à sens unique car, on constate une intervention unilatérale du partenaire européen vers le partenaire africain qu'est l'É.É.C. Cela traduit par l'envoi des missionnaires hollandais à l'É.É.C., et l'inverse n'est pas possible.
De ce fait, une résolution du Synode Général de Bafoussam en 1979, recommande une organisation de l'échange réciproque du personnel des deux Église s. Cependant, comme avec l'Église Évangélique de Westphalie. Cette coopération s'est heurtée au handicap majeur de la communication, notamment la langue. Le personnel de l'É.É.C. pouvant se mettre en partie au service de l'Église hollandaise, insuffisant à l'É.É.C, est évoqué. En effet, s'il est facile et possible pour un Hollandais d'apprendre le Français et venir travailler à l'É.É.C., l'inverse est très difficile. Il n'est pas facile pour un Camerounais d'apprendre le Néerlandais et de se mettre au service de l'Église Réformée des Pays-Bas. De même, du côté des hollandais, on soulève ce même problème de langue. C'est le cas de Mme Den Tex, Vice-Présidente du Conseil des Missions qui explique ceci :
C'est une question dont on a déjà parlé il y a plusieurs années ; il y a sept ans, nous l'avons évoquée. Encore maintenant, nous en avons parlé de la possibilité que par exemple, des pasteurs camerounais viendraient chez nous quelques temps pour parler, faire connaître les problèmes du Cameroun, des Église s du Cameroun, parler aux chrétiens de notre Église . Certainement, il y a cette possibilité267.
Pour Mme Den Tex, la mission à double sens est possible. Elle signale aussi un autre aspect de celle-ci :
En ce moment, un autre aspect que nous avons entrevu, c'est qu'on essaie d'avoir des visites réciproques non seulement des personnes au niveau du bureau, mais des pasteurs régionaux, des membres de l'Église de part et d'autre ; non seulement des Pays-Bas au Cameroun, mais aussi du Cameroun aux Pays-Bas268.
Ici, Mme Den Tex parle évoqua seulement les envoyés de courts séjours. Qu'en est-il des envoyés Camerounais de longs séjours ? Pour le pasteur Pier Magre, cela est difficile parce que l'Église Réformée des Pays-Bas n'a pas une commission des ministères qui place les pasteurs. Ce sont les paroisses elles-mêmes qui font appel à un pasteur et qui discutent avec lui de son travail. L'Église centrale n'a pas beaucoup de possibilité d'intervenir. La paroisse est en quelque sorte souveraine. Bref, des envoyés camerounais en Hollande pour des courts
104
séjours, celle optique était possible, mais pour des longs séjours de plusieurs années, elle était difficile.
Comme on peut le constater, depuis son accession à l'autonomie, l'Église Évangélique du Cameroun coopère sur la scène internationale, notamment en Europe. Dans ce continent, elle entretient des relations bilatérales directes avec des Églises et autres Organisations Non Gouvernementales à caractère ecclésiastique, installées surtout en Allemagne et aux Pays-Bas. Cette coopération bilatérale de l'É.É.C. se déroule de manière sereine et dans le respect mutuel des différents partenaires, malgré quelques petits incompréhensions recensées de part et d'autres.
Ainsi, la coopération internationale de l'É.É.C. depuis 1957 s'est faite sous deux axes : la coopération multilatérale au sein des organisations ecclésiastiques internationales ; et la coopération bilatérale, effectuée de manière directe avec ses partenaires d'Europe. Dès lors, quelle évaluation peut-on faire de cette ouverture de l'Église Évangélique du Cameroun au monde ?
105
L'esprit oecuménique qui a animé l'É.É.C. depuis son autonomie, l'a amené à s'ouvrir au monde. De ce fait, de 1957 à 2007, l'É.É.C s'est lancée dans un vaste champ de relations internationales. Ainsi, elle a coopéré hors du Cameroun dans le cadre des organisations inter-ecclésiastiques internationales et continentale. De même, la collaboration bilatérale s'est manifestée à travers des rapports directs avec certaines Églises et autre Association de développement ou Organisation non gouvernementale basés en Europe, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas.
Dès lors, cinquante années après son autonomie, quelle évaluation, quel bilan peut-on faire de la coopération internationale de l'É.É.C. ? En d'autres termes, de quoi l'É.É.C. a-t-elle bénéficié de son réseau de partenaires ? Qu'a-t-elle apporté e retour à ce réseau de partenaires ? Quels sont les problèmes que l'É.É.C. a rencontrés et quelles sont les difficultés auxquelles elle a fait face ? Quelle offensive diplomatique a-t-elle adopté et comment définir le cadre de coopération pour une présence plus ouverte au monde ?
Les réponses à ces différentes interrogations nous amèneront à présenter, dans ce chapitre, le bilan c'est-à-dire, les apports réciproques de l'É.É.C. et de son réseau de partenaires internationaux, les retombées de la coopération internationale de l'É.É.C., les problèmes qu'elle a connus dans cette coopération.
Il est question dans cette partie d'analyser les apports réciproques entre l'É.É.C. et son réseau de partenaires multilatéraux et bilatéraux.
106
Après son admission comme membre du C.O.É.. en 1959, l'É.É.C. y manifesta sa présence d'une manière palpable. L'action de l'É.É.C. ainsi que les responsabilités de ses fidèles et membres au sein de cette Organisation ont été très significatives. En effet, elle a toujours pris une part active aux différentes rencontres organisées par le C.O.É., notamment aux assemblées générales. C'est le cas de sa participation à la troisième assemblée générale du C.O.É. tenue en 1961 à la Nouvelle Dehli. Le Secrétaire Général et représentant officiel de l'É.É.C., le pasteur Jean Kotto y était membre du Comité Central. A travers lui, l'É.É.C. parraina l'entrée de l'Union des Églises Baptistes et Évangélique s du Cameroun (U.É.B.C.) et de l'Église Évangélique du Gabon au sein du C.O.É. De même, l'É.É.C. fut présente à la réunion de la Commission des Missions et de l'Évangélisation du C.O.É. organisée à Mexico, au Mexique, en 1963 toujours par le biais de son délégué le pasteur Kotto. Il y fit un exposé sur la croissance de l'É.É.C. avec la campagne entreprise en pays Bamiléké à l'Ouest-Cameroun. À Upsal en Suède en 1968, les pasteurs Jean Kotto et Eugène Mallo ont marqué d'une pierre blanche la participation de l'É.É.C. à la quatrième assemblée générale du Conseil. C'est grâce à elle que parrainé et intégrée l'Église Protestante Africaine (E.P.A.) du Cameroun, comme membre associé du C.O.É.
Bien plus, les filles et fils de l'É.É.C. ont apporté une contribution significative au fonctionnement du Conseil OEcuménique des Églises. C'est le cas du pasteur Emmanuel Elouti qui a travaillé dans la Commission Mission et Evangélisation de 1986 à 1998. Certains fidèles et membres de l'É.É.C. ont participé aux sessions de formation organisées à l'Institut OEcuménique de Bossey à Genève en Suisse. Parmi eux on peut citer le pasteur Eugène Mallo, ainsi que les pasteurs Emilienne Tuébou, Madeleine Mbouté et Emmanuel Tchuindjang, respectivement en 1996 et en 1997.
Comme nous l'avons signalé plus haut, l'É.É.C. a été l'un des initiateurs de la C.É.V.A.A. Cela s'est fait à travers l'appel mémorable lancé par le pasteur Jean Kotto, en 1964, en faveur de la dissolution de la S.M.É.P., en vue de pouvoir créer une Action Apostolique Commune (A.A.C.) aux Africains, Océaniens et Européens. De ce fait, au sein de la C.É.V.A.A., l'É.É.C. a assumé les responsabilités qui lui étaient dues. Ainsi, le pasteur Jean Kotto, Secrétaire Général de l'É.É.C. d'alors, fut membre du Conseil de la Communauté. Paul
107
Soppo Priso, laïc très engagé de l'É.É.C., fut pendant douze ans, membre de la Commission Financière de la C.É.V.A.A. Bien plus, et c'est un fait marquant des relations internationales de l'É.É.C, le pasteur Charles Emmanuel Njiké, Président Général de l'É.É.C. de 1992 à 1998, a assuré la présidence de cette Organisation durant un mandat, c'est-à-dire de 1993 à 1996. Cela à l'issue de son conseil annuel tenu à Tahiti en Polynésie Française du 21 juin au 02 juillet 1993. Par cette représentation, l'É.É.C., fut effectivement mise au devant de la scène internationale. Le pasteur Charles Emmanuel Njiké exerça son mandat sans faillite, tout en préservant les intérêts de la Communauté269. En outre, l'É.É.C. qui a accueilli les réunions du comité exécutif et du conseil de la C.É.V.A.A. du 8 juin au 1er juillet 1995.
Les femmes ont aussi été les véritables actrices du rôle joué par l'É.É.C. au sein de cette Communauté. En effet, une délégation des femmes du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes (D.U.F.C.) de l'É.É.C., a pris part au lancement officiel de la caravane des femmes pour la paix, organisée par la C.É.V.A.A, à Marrakech au Maroc, le 25 mai 2006. Cette caravane a séjourné en terre camerounaise du 13 au 31 octobre 2007, et a été accueillie par les Églises locales membres de la C.É.V.A.A., dont l'É.É.C. L'étape du Cameroun avait pour thème : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jean 14 : 27)270.
En ce qui concerne la participation de l'É.É.C. à la vie financière de la C.É.V.A.A., le tableau ci-après récapitule, sa contribution financière au budget de la C.É.V.A.A entre 1977 et 1990 :
Tableau n°6: Recettes versées par l'É.É.C. à la C.É.V.A.A. de 1977 à 1990.
Années |
Budget (recettes versées par
l'É.É.C. |
Sources |
1977 |
150 000 |
J.M.É., 1979, supplément n°12, p.30. |
1978 |
150 000 |
J.M.E, 1979, p.30. |
1979 |
200 000 |
J.M.E, 1979, supplément n°4, p.31. |
1981 |
200 000 |
J.M.E, 1980, supplément n°4, p.40. |
1982 |
200 000 |
J.M.E, 1981, p.18. |
1990 |
200 000 |
J.M.E, décembre 1989, n°5, p.65, p. 18. |
269 Entretien avec Mbatzin Henri, Pasteur É.É.C., 55 ans, Messa-Yaoundé, 11 avril 2015.
270 L'Appel n°29, juillet-décembre 2007, p.51.
108
Ce tableau est donné à titre indicatif, juste dans le but de montrer que l'É.É.C. a été active dans la vie financière de la C.É.V.A.A.
Dans les champs d'action de la C.É.V.A.A., l'É.É.C. prit part à l'échange de personnes entre les Églises membres de cette organisation. Elle envoya des pasteurs dans des Églises membres. C'est le cas du pasteur Mésak Tchakounté envoyé au Bénin et du pasteur Jacques Ndensi à Dakar au Sénégal. L'É.É.C. a reçu plusieurs envoyés de la C.É.V.A.A., par l'intermédiaire du D.E.F.A.P., notamment des Coopérants du Service National (C.S.N.) ; des Volontaires d'Aide Technique (V.A.T.) dans les Églises partenaires. Ces envoyés sont : les enseignants, les théologiens, les médecins, les gestionnaires, les agronomes, les techniciens, les animateurs, les formateurs, etc.
Bref, la présence de l'É.É.C. demeure active au sein de la C.É.V.A.A. Comme l'a si bien déclaré le pasteur Charles Emmanuel Njiké, « l'idée de la C.É.V.A.A. n'est pas née en France, mais bien au Cameroun, au sein de l'Église Évangélique de ce pays »271.
La Mission Évangélique Unie est l'une des organisations inter-ecclésiastiques internationales où l'É.É.C. est particulièrement très active. Après l'avoir intégré en 1975, elle n'a pas manqué d'y jouer un rôle déterminant. En effet, l'É.É.C a participé aux diverses rencontres organisées par cette association. C'est le cas lors de la première consultation francophone de la M.É.U. tenue à Goma (actuel République Démocratique du Congo), du 24 au 27 février 1992. Les délégués officiels de l'É.É.C. furent : Samuel Kondji, alors Trésorier Général de l'É.É.C. de cette époque et le Pasteur Emmanuel Ouafo, alors président de la Région Synodale de la Mifi à Bafoussam. L'É.É.C a également accueilli la consultation régionale, zone Afrique de la M.É.U. à Douala du 20 au 25 mars 1995.Les fidèles et membres de l'É.É.C. ont assumé des responsabilités au sein de la M.É.U. On peut citer : Madame Madeleine Tiki Koum, présidente du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes (D.U.F.C.) de l'É.É.C. qui a été membre du Comité Exécutif ; le pasteur Sadrack Djiokou qui y a été délégué des jeunes et plus tard Secrétaire Exécutif, région Afrique de la M.É.U. Le pasteur Jean Samuel Hendje Toya fut élu Coordonnateur Régional pour l'Afrique de la M.É.U. avec résidence à Kigali au Rwanda272, lors de la consultation de Bukobo en Tanzanie du 14 au 19 mars 1996.
271 Le christianisme au XXè siècle, p. 6.
272 M. Tiki Koum, "Assemblée Générale " de la V.E.M. / Unis en Mission, 2-9 juin 1996 à Bethel en Allemagne, in L'Appel, n° Spécial, juillet 1996, p.22.
109
Bien plus, l'É.É.C. a abrité du 31 mars au 4 avril 1995 le Comité Exécutif de la M.E.U/V.E.M. et la conférence régionale Africaine de cette organisation. Deux grandes rencontres riches et fructueuses qui ont permis aux divers délégués d'Afrique, d'Asie et d'Allemagne présents à ces assises, d'étudier ensemble la nouvelle vision du travail de partenariat, les échanges de collaborateurs entre Église s et les projets missionnaires communs qu'ils envisagent. Des moments intenses de partage présidés par le Secrétaire Exécutif de Département Afrique de la Mission Évangélique Unie, le Dr. Kakule Mollo273.
Le Groupe de Travail des femmes (G.T.F.) de la M.E.U est une réalité au sein de l'É.É.C. Il est engagé à fond dans le programme Justice, Paix et Sauvegarde de la Création. Ce groupe a à son actif, le séminaire international tenu à Batié (Ouest-Cameroun) en Janvier 1997 sur le thème "Église s et Droits de l'Homme, rites de veuvage au Cameroun". Cet événement a été un succès grâce à la participation des femmes, de leurs témoignages et de la qualité des exposés274.
La M.E.U, fidèle à sa vocation de partage dans le cadre du partenariat, a organisé du 18 août au 17 septembre 2006 un stage linguistique au Centre Linguistique de Bamenda dans le Nord-Ouest du Cameroun275. En outre, l'É.É.C. a été représentée, en 2007, à un séminaire de formation sur le journalisme à l'endroit des correspondants du bulletin "Écho de la mission", organisé par la M.É.U. / Région Afrique, à Dar-es-Salaam en Tanzanie, Afrique de l'Est276.
L'É.É.C. a déjà eu à exécuter plusieurs programmes de la M.É.U. C'est le cas de la solidarité avec la Rwanda lors du génocide de 1994. En effet, une somme de trois millions de francs CFA277 en faveur de ce pays avait été collectée en 1994. Ce qui a valu à l'É.É.C., à travers son Président, le Pasteur Charles E. Njiké, une salve d'applaudissements, lors de l'Assemblée Générale des hauts responsables des Église s d'Allemagne en conclave avec le Comité Unis en Mission à Béthel en novembre 1994278. Ceci se passa, suite au rapport du président qui avait parlé de cette solidarité avec la Rwanda.
De même, l'É.É.C. participe financièrement au fonctionnement de la M.É.U. à travers ses contributions au budget et à l'exécution de plusieurs programmes.
Comme on peut le constater, l'É.É.C. a été un membre actif de la M.É.U. Elle a et continue à oeuvrer au bon fonctionnement de cet organisme en participant ses différentes
273 L'Appel n°35, mai 1995, p. 7.
274 C. Modi Din, "É.É.C. / Unie en Mission : mariage sans nuages", in L'Appel , n° spécial, 43ème Synode
Général, 1999, p. 27.
275 Ibid.
276 L'Appel, n°26-27, mars 2007, p. 45.
278 Ibid. n°33, mars 1995, p. 24.
110
rencontres, à travers ses fidèles et membres. Elle y apporte tout de même sa modeste contribution au budget de la Mission.
L'É.É.C fut un membre constituant de Conférence des Églises de Toute l'Afrique. En effet, elle a été présente à la conférence préparatoire pour la création de cette Communauté à Ibadan au Nigéria en 1958. Cette conférence s'est tenue un an après son autonomie. Elle y a participé et y a apporté même une contribution. Le pasteur Thomas Ekollo, l'un de ses délégués à cette réunion présenta une étude sur le rapide changement social au Cameroun279. Cette étude portait sur l'engagement politique du chrétien, le mode de vie chrétien dans les villes et le mode de vie chrétien dans les régions rurales.
Bien plus, à la conférence constitutive de la C.É.T.A., à Kampala en 1963, l'É.É.C. a pris une part effective et active. Elle y a été représentée par le pasteur Eugène Mallo qui était l'un des vice-présidents de cette Assemblée et le pasteur Jean Kotto qui a été nommé au cours de cette Assemblée, Président du Comité Général de la C.É.T.A. pour l'Afrique Occidentale d'expression française, et également comme responsable du comité général de la commission
I des cinq commissions de la C.É.T.A., créées à Kampala280.
Au sein donc de cette Organisation, les élites de l'É.É.C. y ont occupé plusieurs fonctions. C'est ainsi que, pour les services dans les institutions spécialisées de la C.É.T.A., le pasteur André Moussanga Epée, journaliste, a été, de 1993 à 1997, Administrateur-Directeur du Service d'Information des Églises d'Afrique (S.I.É.A. Info) à Lomé au Togo281. L'É.É.C. est un membre actif de la C.É.T.A., depuis ses origines. De la conférence préparatoire pour la création de la C.É.T.A. à Ibadan au Nigéria en 1958, à son Assemblée Générale Yaoundé au Cameroun en 2003, en passant la conférence constitutive de Kampala en Ouganda (1963) et aux assemblées générales d'Abidjan en Côte d'Ivoire (1969), de Lusaka en Zambie (1974), de Nairobi au Kenya (1987), de Harare au Zimbabwé (1992), d'Addis-Abeba en Ethiopie (1997), l'É.É.C. prit toujours une part active aux Assemblées à travers ses représentants. Ses fils et filles y ont souvent occupé des fonctions importantes à l'instar de : président, vice-président, membres suppléants du Comité général et exécutif, etc.
279Ibadan, 1958, pp. 183-184.
280 La Conférence de Kampala, 1963, p. 78 et p. 82.
281 Il s'agit d'une agence de presse panafricaine pour l'ensemble des Églises d'Afrique francophone.
111
Le réseau de partenaires bilatéraux de l'Église Évangélique du Cameroun est constitué des Églises et organisations de développement basées en Europe. Ils se recensent en Allemagne (Église Évangélique de Westphalie, Mission de Brême, l'Evangelical Zentrastell Für Entwiecklunlghilfe (E.Z.E.), l'Evangelischer Entwicklungsdienst) et en Hollande particulièrement avec l'Église Réformée des Pays-Bas devenue en 2004 Église Protestante aux Pays-Bas. Avec ceux-ci, l'É.É.C. collabore de manière directe c'est-à-dire sans intermédiaire comme c'est le cas, avec d'autres Églises, dans le cadre des organisations inter-ecclésiastiques internationales ou continentale.
Parler de l'apport ou alors de la contribution de l'É.É.C. à ces différents partenaires bilatéraux, relève de la gageure. Selon le pasteur Richard Priso Moungolè, Vice-Président de l'É.É.C., on ne saurait véritablement parler de collaboration de l'É.É.C avec ses partenaires européens. Pour lui, il s'agit d'un partenariat raté qui n'avait rien à voir avec les échanges réciproques comme c'est dans tout partenariat. C'est plutôt des « rapports de maître à élève qui s'assimilent à un prolongement de la domination coloniale, un parternalisme conforté par une assistance matérielle et financière, un partenariat superflu caractérisé par un flou artistique dans le parcours»282. Il s'agit des relations Nord-Sud qui se sont toujours déroulées à sens unique. Les partenaires ont toujours focalisé leur assistance à l'É.É.C. sur les axes financiers et matériels, sans toutefois mettre l'accent sur l'aspect spirituel, voulant tout le temps imposer leurs points de vue qui ne cadre pas toujours avec nos réalités locales, car, dit-on, «qui paie commande »283. Ainsi, en dehors de quelques des visites alternées entre l'É.É.C. et ces Églises européennes partenaires, les initiatives et les actions ont toujours été unilatérales, venant très souvent des étrangers.
À la vérité, la coopération bilatérale de l'É.É.C. a été une collaboration de « donneur-receveur » ou de donateur et de bénéficiaire et non une relation gagnant-gagnant, comme c'est le cas dans les relations internationales classiques. On a assisté à une intervention unilatérale du partenaire qu'à une bilatéralité des relations. Cela s'est manifesté par l'envoi des missionnaires Hollandais, Allemands et Français et à l'É.É.C., et l'inverse n'a été possible à L'É.É.C qu'à quelques exceptions près et qui parfois se voués à l'échec. C'est le cas par exemple du pasteur Jules Ehawa, envoyé missionnaire de l'É.É.C.au début des années 1970, à l'Église Réformée de France, une mission qui s'est mal passée284 et qui s'est achevée avant
282 Entretien avec Richard Priso Moungolè, 62 ans, Pasteur, Yaoundé, 27 mai 2015.
283 Idem.
284 Entretien avec Isaac Kamta, 59 ans, Pasteur, Yaoundé, 12 mai 2015.
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l'échéance prévue. Ceci a aussi été le cas avec les pasteurs Mésak Tchakounté et Jacques Ndensi envoyés de la C.É.V.A.A. respectivement au Bénin et au Sénégal285. L'É.É.C. a plus reçu qu'elle en a ou pas apporté. Ceci peut-être à cause de son manque de maturité, à sa mauvaise organisation dans ce domaine, contrairement à ses partenaires qui sont mieux organisés, mieux bâtis, matériellement et financièrement préparés.
Au demeurant, depuis son autonomie, l'É.É.C. a été un véritable acteur des relations oecuméniques internationales. Elle est membre à part entière de plusieurs organisations inter-ecclésiastiques internationales et continentale. Elle a tout de même collaboré de manière directe avec certaines Église s et associations installées en Allemagne. Ces différentes coopérations ont eu plusieurs retombées dans la marche de cette Église.
L'ouverture de l'É.É.C. au monde n'a pas été une semence sans moisson. Durant les cinquante années de son autonomie, l'engagement de l'É.É.C. dans les relations oecuméniques internationales a eu un impact indirect, des suites considérables dans sa marche. Etant donné que les objectifs des différentes coopérations n'étaient pas les mêmes selon qu'elle a collaboré avec l'un ou l'autre partenaire. Ainsi, les retombées de la coopération internationale de l'É.É.C. peuvent s'observer sur les plans spirituel et de la formation, social, matériel et infrastructurel.
L'É.É.C. a tiré grand profit de sa collaboration avec ses partenaires extérieurs, au niveau de son champ spirituel et de la formation. En effet, l'intégration de l'É.É.C. au sein des organisations inter-ecclésiastiques lui a permis d'accroître son esprit oecuménique de base. Ces organisations regroupent en fait plusieurs Églises chrétiennes de différentes confessions, notamment les protestants, les méthodistes, les anglicans et même les catholiques. A travers les partages d'expériences dans les alliances confessionnelles mondiales, les animations théologiques avec les Église s de plusieurs continents, l'É.É.C. vit et témoigne pleinement la foi chrétienne dans monde d'aujourd'hui, comme le stipule l'idée de base de la C.É.V.A.A.
285 Entretien avec Isaac Kamta, 59 ans, Pasteur, Yaoundé, 12 mai 2015.
113
Cette expression oecuménique internationale s'est aussi ressentie sur le plan interne. De ce fait, au plan national, l'É.É.C. entretient d'excellentes relations avec les Église s de confessions différentes à l'instar des autres Églises protestantes présentes au Cameroun. Elle est membre du Conseil des Églises Protestantes du Cameroun (C.E.P.C.A.), né des cendres de la Fédération des Églises et Missions Évangéliques du Cameroun (F.É.M.É.C.), dont le pasteur Joseph Mfochivé, alors président de l'É.É.C., a été président à sa mort en 2006286.
La formation a aussi été l'un des axes importants de la coopération internationale de l'É.É.C. Ainsi, plusieurs ouvriers et laïcs de cette Église ont bénéficié de la formation par le biais de la coopération internationale. L'Institut OEcuménique de Bossey, institution du Conseil oecuménique des Églises et creuset de l'oecuménisme pratique a accueilli et formé quelques pasteurs de l'É.É.C. à l'instar des pasteurs Eugène Mallo (très anciennement), Emmanuel Tchuindjang, Madeleine Mbouté et Emilienne Tuébou. Bien plus, les envoyés missionnaires à l'É.É.C., de par leurs différentes formations, ont concouru à l'amélioration et au relèvement du niveau des ouvriers (Pasteurs, Délégués Pastoraux, Pasteurs Proposants, Évangélistes,) et autres fidèles et laïcs. C'est le cas des missionnaires théologiens envoyés à l'École de Théologie de Ndoungué, aujourd'hui Faculté de Théologie et des Sciences Religieuses, l'École Biblique de Foumban, et d'autres dans les différentes régions synodales. On a aussi enregistré des enseignants, des médecins, des infirmiers et aide-soignants, des gestionnaires, des techniciens, les animateurs agricoles, etc.
Il y a lieu de noter que, la consécration des femmes au ministère pastoral à l'É.É.C. est une contribution indéniable des relations internationales de l'É.É.C. En effet, Mme Jansen Mechteld, missionnaire d'origine hollandaise de l'Église Réformée des Pays-Bas, fut la toute première femme pasteur à travailler dans une paroisse de l'É.É.C. dans la paroisse de Njissé II à Foumban, de 1989 à 1993. Son ministère bouleversa certaines mentalités encrées au sein de l'É.É.C., marquées par le refus de former les jeunes femmes au ministère pastoral. Le ministère de cette dame apporta une solution au problème du ministère pastoral des femmes à l'É.É.C. Il fut donc un détonateur à l'effectivité de la consécration des femmes au ministère pastoral à l'É.É.C. Le ministère pastoral des femmes à l'É.É.C. aujourd'hui est une réalité incontestable. Les femmes pasteurs y occupent même les hautes responsabilités au sein de l'Église.
286 Entretien avec Guy Leintu, 50 ans, Pasteur É.É.C., Messa-Yaoundé, 21 mai 2015.
114
Il est question ici de l'éducation, de la santé et de l'oeuvre sociale. Avec ses partenaires internationaux, l'éducation à l'É.É.C. a été rénovée. En effet, plusieurs infrastructures de l'enseignement primaire et secondaire appartenant à l'É.É.C. ont été mises en place avec l'aide venant de l'extérieur. C'est le cas du Collège Alfred Saker de Douala-Deido, fleuron de
l'éducation au Cameroun, dont la construction en 1966,
avait été possible grâce à
d'importantes
subventions conjointes des Église s Suisses, de la coopération
technique suisse, du fonds d'aide et de coopération française, de
la centrale évangélique pour le développement de Bonn, en
Allemagne287, ainsi que de l`Evangelical Zentrastelle Für
Entwiecklunlgshilfe (E.Z.E.) Comme nous l'avons vu au chapitre
précédent.
Photo n°7: Le Collège Alfred Saker de Douala, fleuron de l'éducation à l'É.É.C.
Source: Cliché réalisé par Nkapmeni Ngapet, le 07 mai 2015.
On peut également citer le Centre Polyvalent de Mbouo-Bandjoun, le Collège Protestant de Ndoungué par Nkongsamba, le Collège Évangélique de Baleveng par Dschang qui portent
287 J.M.É., août-septembre 1966, p.180.
115
l'estampille de l'Église Évangélique de Westphalie et de l'E.Z.E. en République Fédérale d'Allemagne.
Avec l'envoi des missionnaires enseignants étrangers dans les établissements d'enseignement secondaire, la qualité de l'enseignement s'est améliorée. Ceci a été effectif avec les envoyés de la C.É.V.A.A. au Collège Évangélique Thomas Noutong à Bangangté, au Collège Alfred Saker de Douala, au Collège Protestant de Ndoungué.
Dans le domaine de l'enseignement primaire et maternel, l'assistance allemande s'est matérialisée par l'envoi du personnel pédagogique et par l'assainissement, un temps soit peu de la situation catastrophique de 1984288.
Pour ce qui est de la santé, l'oeuvre a été aussi dense et intense. Toutes les formations sanitaires de l'É.É.C. (hôpitaux, centres de santé, maternité, etc.) ainsi que la formation des aides-soignants à l'Hôpital Protestant de Ndoungué, portent l'empreinte de la coopération étrangère. En effet, l'Ex-Église Réformée des Pays-Bas y a envoyé des médecins et des infirmiers. Le service ophtalmologique de cette structure a bénéficié de l'aide de la "Christoffel-Blinden-Mission", une O.N.G. d'origine allemande.
Quant à l'oeuvre sociale, elle a connu une forte intensification de son action avec les partenaires extérieurs. Ainsi, la construction des centres sociaux de Lobethal dans la Sanaga-Maritime et de Ntolo près de Nkongsamba a été réalisée avec l'aide de la coopération internationale. La décennie 1980 a aussi vu l'intensification de la coopération d'aide avec les organismes allemands. L'association allemande "Brot Für die Welt" (Pain pour le Monde) a consacré près de 42 millions de francs CFA pour les activités de l'oeuvre sociale oecuménique de Maképé à Douala entre 1984 et 1988289.
Les partenaires étrangers de l'É.É.C. se sont tout de même investis dans la fourniture de l'eau potable aux populations. De ce fait, l'Église Évangélique de Westphalie a construit des forages d'eau dans la région du Nord dans le cadre du jumelage de la région de Soest en Allemagne et Région Synodale du Grand-Nord, treizième Région de l'É.É.C, qui couvre les régions administratives de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord.
La coopération de l'É.É.C avec ses partenaires internationaux a entraîné l'essor des infrastructures de qualité en son sein. Ainsi, l'É.É.C. a bénéficié de la construction des structures confortables à la mise en oeuvre des missions qui sont les siennes. La M.É.U. a aidé
288 J.M.É., août-septembre 1966, p.180.
289 L'Appel n°1, p.8.
116
à la construction de plusieurs temples de l'É.É.C., surtout dans le Nord Cameroun : le temple Martin Luther de Garoua, les temples de Ngaoundéré et de Garoua, etc. Elle s'est également impliquée dans la construction de l'actuelle Faculté de Théologie et des Sciences Religieuses de Ndoungué, de la case de passage à la Direction Générale de l'É.É.C. à Douala-Akwa. Elle a surtout aidé au financement de l'É.É.C. à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (C.N.P.S.) ; elle est intervenue au Centre d'Animation, de Formation, de Recherche et d'Appui au Développement (C.A.F.R.A.D.), centre d'insertion des jeunes désoeuvrés de basé à Douala ; elle a fourni du matériel didactique pour le développement du Département de l'Union des Femmes Chrétiennes. Le Centre polyvalent de Mbouo-Bandjoun, centre de renommé qui aura longtemps été le centre d'accueil et de formation continue de tous les départements de l'É.É.C. est une retombée palpable de cette coopération notamment avec l'E.Z.E. et l'Église Évangélique de Westphalie. De même, la rénovation du Foyer de Jeunesse Protestante d'Akwa, de la Direction de l'É.É.C. et des logements des responsables, l'équipement du Département Communication Information en service depuis 1987, portent la marque allemande. On peut aussi relever la construction du Centre Martin Luther de Garoua.
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Photo n°8: Siège de l'É.É.C. à Akwa-Douala, rénové par l'E.Z.E.
Source : cliché réalisé par Moïse Nkapmeni Ngapet, le 08 mai 2015 à Douala.
Les partenaires internationaux de l'É.É.C. lui ont également apporté une assistance financière. Cette assistance a participé à la mise en place de certain nombre de projets et à la résolution de plusieurs tâches au sein de l'Église. Ainsi, par le biais des subventions ou alors de l'aide directe, certaines organisations et même les partenaires bilatéraux ont offert des dons en espèces (argents) à l'É.É.C. Le tableau ci-après indique par exemple les subventions apportées par la C.É.V.A.A. à l'É.É.C. entre 1980 et 1990.
118
Tableau n°7 : Subventions reçues par l'É.É.C. à la C.É.V.A.A. entre 1980 et 1990.
Années |
Subventions (en |
Sources |
1980 |
764 0040 |
J.M.É., 1979, p.31. |
1981 |
1 102 630 |
J.M.É., 1980, supplément n°4, p. 40. |
1982 |
1 226 390 |
J.M.É., 1981, p.18. |
1990 |
1 137 140 |
J.M.É., décembre 1989, n°5, p.65, p. 18. |
Dans l'évaluation générale de ses cinquante années d'autonomie avec ses partenaires, les statistiques suivantes ont été dressées, dans le but de présenter la contribution financière des partenaires au projet d'évaluation générale de l'Église Évangélique du Cameroun de 1957 à 2007.
Tableau n°8 : Contribution des partenaires à l'évaluation générale de l'É.É.C.
Partenaires |
Contribution au budget en |
Église Évangélique Westphalie, Allemagne |
45% |
Mission Évangélique Unie, Allemagne |
20% |
Evangelischer Entwicklungsdientst, Allemagne |
15% |
Communauté Évangélique d'Action d'Apostolique, France |
10% |
KERKINACTIE, Pays-Bas |
5% |
Église Évangélique du Cameroun |
5% |
Source : Evaluation générale de l'Église Évangélique du Cameroun (1957-2007), 2009.
Cependant, compte tenu de la conjoncture internationale devenue délicate, cette assistance apportée à l'É.É.C. par ses partenaires internationaux, sous forme de financement connaissent sans doute une chute. Le pasteur Philippe Girardet, responsable des projets à la C.É.V.A.A., évoquait déjà cette probable situation, à l'occasion de la première conférence des partenaires de l'É.É.C. en mars 2009. Il déclarait :
Le partenariat Nord-Sud va sans doute se poursuivre. En même temps, il faut savoir que les ressources venant du Nord vont être en baisse. Compte tenu de la situation sociale et politique dans les Église s traditionnelles du Nord qui étaient des partenaires privilégiés des Église s du Sud, notamment l'É.É.C., il est indispensable que les Église s du Sud parviennent petit à petit à diminuer leur dépendance à la fois pour le fonctionnement, mais aussi dans les oeuvres. Il faut
119
désormais développer, accompagner les Églises du Sud, pour qu'elles puissent développer leurs propres sources de financement290.
Ainsi, compte tenu de la conjoncture que vivent les Églises partenaires du Nord, la coopération devrait se limiter à un simple accompagnement des Églises du Sud, notamment l'É.É.C. vers leur autonomie financière et de fonctionnement.
Certes, grâce à sa coopération avec ses partenaires extérieurs, l'É.É.C. aura grandi en maturité. Église du tiers-monde comme le relevait Emmanuel Tchuindjang, son expérience s'est accrue sur plusieurs aspects. Son développement, aussi bien spirituel que matériel s'est accentué et s'est intensifié. Cependant, l'É.É.C., dans son champ d'actions internationales a fait face à plusieurs difficultés.
L'É.É.C. dans son action sur la scène internationale a rencontré de multiples problèmes. Ces difficultés peuvent en des problèmes structurels et liés au fonctionnement des relations.
Il s'agit ici des problèmes liés à l'organisation interne de l'Église. Parmi ceux-ci, on peut recenser :
- le non respect des cahiers de charge ;
- la mauvaise gestion ;
- le manque de communication et de réflexion.
Ces cas se sont manifestés entre 1992 et 1993 lorsque les relations entre l'É.É.C. et l'E.Z.E. ont connu un moment de perturbation. En effet, le non respect du cahier de charge serait à l'origine de cette disconvenance. Tout serait donc parti du changement du directeur au Centre Polyvalent de Mbouo-Bandjoun, centre de renommé qui a longtemps été le centre d'accueil et formation continue de la majorité des départements opérationnels de l'É.É.C. Il est à relever que ce Centre a été construit avec l'assistance de l'E.Z.E. et dans les clauses de gestion de cette structure, les partenaires allemands aurait un droit de regard sur la gestion de cette structure. Cependant le changement d'un directeur par l'É.É.C. n'aurait pas été approuvé par les partenaires allemands, ce qui provoqua une brève crise entre les deux partenaires.
Ces problèmes se sont également matérialisés entre l'É.É.C. et l'E.R.P.B. L'une des sources de tension entre les deux Église s avait trait à la gestion des projets. Dans ce cas,
290 L'Appel n° 31, mars 2009, p. 37.
291 Certaines sources très discrètes indiquent que la même somme mise à la disposition de l'Eglise du Togo a été utilisée à bon escient que l'édifice construit reflète véritablement le montant alloué.
120
l'É.É.C. semblait vouloir préserver son autonomie. En effet, elle accusait les missionnaires Hollandais de s'ingérer dans les affaires internes, en voulant faire comme s'ils étaient encore au temps des Missions. Ce que les Hollandais n'appréciaient pas du tout.
Un autre problème réside dans la mauvaise gestion des fonds alloués par les partenaires ; des fonds destinés à certains projets et dont la gestion était confiée aux Camerounais. C'est le cas de l'argent pour la construction du Foyer Protestant de Nkongsamba, des fonds de coopération hollandaise pour les hôpitaux, des fonds alloués par la M.É.U. pour la construction du Centre Martin Luther de Garoua291, entre autres. Cet ensemble de dysfonctionnements ont amené certaines oeuvres à disparaître, c'est le cas de certaines fermes-écoles, et aussi à mettre d'autres en difficulté.
Il y a lieu de relever le manque d'ouverture des ouvriers, des laïcs et même des fidèles de l'É.É.C. vers d'autres Église s partenaires extérieurs. L'É.É.C. a accueilli des pasteurs missionnaires Allemands, Hollandais, qui ont séjourné au Cameroun de manière permanente. Pourquoi pas les ouvriers de l'É.É.C. en séjour permanent au sein de ces Église s étrangères ? Les pasteurs de l'É.É.C. sont en manque d'une expérience internationale, ce qui les poussent à solliciter les postes de responsabilités plus rentables en se livrant à des pratiques qui vont à l'encontre de l'éthique pastorale et de l'Église toute entière.
Plusieurs événements désagréables ont rendu la coopération difficile entre l'É.É.C. et ses partenaires. Des tensions entre les missionnaires, notamment hollandais et les ouvriers locaux ont souvent éclaté au grand jour. Ceci a souvent été causé par des différences de traitement matériel, notamment en ce qui concerne les moyens de déplacements dont bénéficiaient ces étrangers. Cette situation favorisait le complexe des ouvriers locaux qui se voyaient plus lésés au détriment des envoyés étrangers.
Le manque de communication, notamment la langue est aussi à relever. En effet, les véritables partenaires extérieurs de l'É.É.C. ne sont pas d'expression française. Ce qui bloque les échanges entre les deux parties. Ce problème s'est répercuté avec les Allemands de l'Église Évangélique de Westphalie et les Hollandais de l'E.R.P.B. En effet, le personnel de l'É.É.C. pouvant se mettre en partie au service de l'Église hollandaise, est insuffisant. S'il est facile et possible pour un Hollandais ou un Allemand d'apprendre le Français et venir travailler à l'É.É.C., l'inverse n'est pas facilement acceptable pour les européens. Pour eux, il
121
n'est pas facile pour un Camerounais d'apprendre le Néerlandais ou l'Allemand et de se mettre au service des Églises des pays du Nord, non francophones. De même, du côté des hollandais, ce problème de langue avait été soulevé. Mme Den Tex, Vice-Présidente du Conseil des Missions de l'Église Réformée des Pays-Bas, expliquait déjà ceci :
C'est une question dont on a déjà parlé il y a plusieurs années ; il y a sept ans, nous l'avons évoquée. Encore maintenant, nous en avons parlé de la possibilité que par exemple, des pasteurs camerounais viendraient chez nous quelques temps pour parler, faire connaître les problèmes du Cameroun, des Églises du Cameroun, parler aux chrétiens de notre Église. Certainement, il y a cette possibilité292.
La possibilité dont parle Mme Den Tex consiste en une bonne organisation des relations entre les différents partenaires. L'É.É.C. devrait mettre l'accent sur un renforcement des capacités des ouvriers et laïcs sur ses a relations extérieures pour une plus grande efficacité de sa diplomatie.
Bien plus, selon le pasteur Priso Moungolè, les Églises d'Afrique en général et l'É.É.C. en particulier ont pris en main les clés de l'évangélisation. Le moment est venu pour les missionnaires d'ouvrir leurs portes à l'évangélisation venant de l'Afrique, compte tenu de la crise spirituelle dont font face les sociétés occidentales de nos jours293.
En fin de compte, il y a lieu de relever que le bilan de l'É.É.C. dans les relations internationales est mitigé. Aux retombées multiples, surtout matérielles qui en sont découlées, sont se jointes plusieurs difficultés dues à des incompréhensions et à une mauvaise structuration de ses relations avec ses partenaires.
292 L'Appel n°1, p.6.
293 Entretien avec Richard Priso Moungolè, 62 ans, Pasteur, Yaoundé, 27 mai 2015.
122
Le thème étudié a porté sur : « L'Église Évangélique du Cameroun (É.É.C) et la coopération internationale (1957-2007) ». Il était question pour nous de montrer l'action de l'Église Évangélique du Cameroun sur la scène internationale, durant les cinquante années de son autonomie, ainsi que l'impact de la coopération internationale la marche de cette Église.
Il en ressort que, l'engagement de l'É.É.C. dans les relations internationales s'est manifesté de deux manières : sur l'axe multilatérale et sur l'axe bilatérale. Les relations multilatérales de se sont exprimées au sein des organisations inter-ecclésiastiques internationales et continentales. De ce fait, l'É.É.C. est membre à part entière du Conseil OEcuménique des Églises, organisme crée en 1948 et auquel elle a adhéré en 1959 à l'issue d'une longue période d'échanges épistolaires entre le pasteur Jean Kotto, son Secrétaire Général d'alors, et le Dr. W. A. Visser't Hooft, Secrétaire Général du C.O.É. de cette époque. L'É.É.C. y a pleinement été active et y a joué le rôle propre à tout membre d'une telle organisation. En outre, l'É.É.C. est membre initiateur de la C.É.V.A.A. Il y a lieu de relever sa contribution à l'avènement de cette Communauté, à travers le pasteur Jean Kotto, véritable artisan des relations internationales de l'É.É.C. En fait, en 1964, il lança un vibrant appel au sujet de la dissolution de la Société des Missions Évangéliques de Paris, créée en 1822, et son remplacement par une Action Apostolique Commune (A.A.C.) aux Africains, Océaniens et Européens. Cet appel connut un vibrant retentissement. Avec la création de la C.É.V.A.A. le 30 octobre 1971. L'É.É.C. a évolué au sein de cette Communauté à travers sa participation aux assises et autres rencontres, les responsabilités assumées par ces fidèles et membres. Sur ce point, le fait le plus exaltant de l'É.É.C. dans les relations internationales, est l'élection du pasteur Charles Emmanuel Njiké, Président Général de l'É.É.C. de 1992 à 1999, en qualité de Président de la C.É.V.A.A., en 1992. Cette élection eu un grand écho médiatique, puisque c'est pour la première fois que, depuis sa création, un Noir accède à un tel poste de responsabilité au sein de cette organisation. La vie de l'É.É.C. dans cette Communauté fut remarquable. Bien plus, l'É.É.C. est un adhérent de la Mission Évangélique Unie (M.É.U.), pendant allemand de la C.É.V.A.A. Cette association, mise sur pied en 1971 et dont le siège se trouve à Wuppertal en République Fédérale d'Allemagne, regroupe plusieurs Églises d'Afrique, d'Asie et d'Allemagne autour du programme « Unis en
123
Mission ». Son but est de permettre aux Églises partenaires de « croître ensemble ». Depuis son adhésion en 1975, l'É.É.C. y est effectivement présente. Elle est un membre actif à travers son engagement et le rôle déterminant qu'elle y joue. Sur la sphère continentale, l'É.É.C. est membre constituant de la Conférence des Églises de Toute l'Afrique (C.É.T.A.), créée en 1963. Dans cette organisation, l'É.É.C. a fait valoir son esprit oecuménique avec les Églises chrétiennes d'Afrique. Membre de première heure de la C.É.T.A., l'É.É.C participe à son bon fonctionnement.
En ce qui concerne les relations bilatérales de l'É.É.C., il s'agit des relations directes que cette Église a eues avec les communautés chrétiennes installées en Europe, notamment en Allemagne et en Hollande. En Allemagne, l'É.É.C coopère avec l'Église Évangélique de Westphalie, avec qui elle a des échanges très fructueux. La création de la treizième région synodale de l'É.É.C qui regroupe les régions du Grand-Nord du Cameroun est une retombée palpable de cette collaboration. Cette région est aujourd'hui jumelée à la région de Soest en Allemagne. Un autre partenaire Allemand de l'É.É.C est la Mission de Brême avec qui elle collabore dans le cadre de la Mission Allemande aux Marins, à travers le Foyer du Marin basé à Douala. L'Evangelical Zentrastelle Für Entwiecklungshilfe ou association protestante de coopération pour le développement, organisation non gouvernementale, fondée en Allemagne en 1960 n'est pas en reste. Cette O.N.G. qui soutient les activités de développement menées par des Églises et associations ecclésiastiques, est un vieux partenaire de l'É.É.C. Elle a participé au financement de plusieurs oeuvres dans l'É.É.C. Du côté de la Hollande, le partenaire privilégié a été l'Église Réformée des Pays-Bas. Avec ce partenaire, l'É.É.C. a véritablement grandi en maturité et ses oeuvres sont visibles. Pratiquement, tous les domaines (spirituel, formation, social, etc.) ont été touchés. De surcroît, la relation de l'É.É.C avec cette Église, bien qu'ayant été affectée par une crise, mais sans rupture, fut un détonateur au ministère pastoral des femmes à l'É.É.C., avec Mme Jansens Mechteld, première femme pasteur d'origine hollandaise à exercer à l'É.É.C.
La coopération internationale qu'a entretenue l'É.É.C. de 1957 à 2007 a connu néanmoins quelques difficultés. L'É.É.C. s'y est heurtée à plusieurs problèmes d'ordre structurel notamment le non respect du cahier de charges, la mauvaise gestion des projets, le manque de communication et de réflexion, etc.
Cependant, pour une meilleure visibilité de sa coopération internationale, l'É.É.C. gagnerait à mettre en place une bonne organisation des relations avec ses partenaires internationaux. Elle devrait également favoriser l'ouverture de ses ouvriers, de ses laïcs bref
124
de ses fidèles, à ses échanges internationaux de sorte qu''ils en soient imprégnés et les vivent effectivement. Car, le constat est clair, cet axe de la vie de cette Église reste encore du domaine réservé de certains cadres, sinon du bureau de l'Église. Il est donc question pour l'É.É.C. de :
- dynamiser et élargir son cadre de partenariat à travers une offensive diplomatique et une présence plus importante au sein des organisations oecuméniques internationales, continentales, et autres organisations de développement ;
- définir le cadre de coopération avec les différents partenaires en établissant des accords cadre de partenariat ;
- renforcer les relations directes Sud-Sud ;
- se faire connaître au monde à travers une présence internet et améliorer son système de communication en direction de l'extérieur.
Bref, comme le recommande le pasteur Isaac Batome Henga, Président Général de l'Église Évangélique du Cameroun, l'É.É.C. doit, à l'extérieur :
Redynamiser et élargir le partenariat avec toutes les Église s et organisations susceptibles de renforcer son témoignage évangélique et l'aider à atteindre ses objectifs missionnaires à travers une offensive évangélique et une présence de plus en plus importante de notre Église au sein des organisations d'Église s294.
294 I. Batomen, Discours de clôture des activités marquant les 50 ans d'autonomie de l'É.É.C., 13 mai 2007, Douala, in L'Appel n° 29, juillet-décembre 2007, p. 37.
-
125 |
a) Archives Nationales de Yaoundé
- 2 A.C., 9197, Installation de la Mission Protestante Française, 1917-1919. - A.P.A. 10167/J, Mission Évangélique de Paris, 1944-1945.
b) Archives Université Protestante d'Afrique Centrale
- Rapport de la Conférence des Missionnaires, 1922.
- De Nairobi à Vancouver, Rapport du Comité Central à la 6ème assemblée du C.O.É. - Rapport officiel de la 6ème assemblée du C.O.É., 1961.
- Rapport officiel d'Upsal, liste des participants.
c) Archives privées
? Archives privées Emmanuel Tchuindjang
- Lettre datée du 16 mai 1957 écrite par W.A. Visser't à Jean Kotto.
- Lettre de Martin à Mikolasek du 29/4/1953, Archives de l'É.É.C., Douala/Affaire Muishe-Martin.
- Lettre de Bonzon à Mikolasek du 19 janvier 1954, Correspondance Paris-Douala. - Lettre de Visser't Hooft adressée au pasteur Jean Kotto le 05 novembre 1958. - Lettre du 25 mai 1959 adressée par Jean Kotto à W. A. Visser't Hooft.
- Lettre du 05 novembre 1957 adressée à l'É.É.C. par le Secrétaire Général du C.O.É.., le Dr. W.A. Visser't Hooft.
- Lettre du 22 avril 1959 adressée au pasteur Jean Kotto par Visser't Hooft, S.G. du C.O.É.
- Rapport Assemblée Générale, V.E.M., 1996.
126
? Archives privées Michel Ngapet
- Église Réformée des Pays-Bas, Vision et réalité, Rapport d'orientation du Conseil de Mission, Oegstgeest.
- Constitution de l'Église Évangélique du Cameroun adoptée au Synode Général de Mbouda le 06 Mars 1998.
- Rapport du Secrétaire Général de l'É.É.C., Jean Kotto à la Commission Exécutive, janvier 1967.
- Rapport des Synodes Régionaux Bamoun-Bamiléké 1918-1926, 1932, 1946. - Cahiers Églises Bamoun-Grassfields 1918-1926.
? Archives privées Isaac Kamta
- Lettre adressée au Comité Directeur de la S.M.É.P. par les délégués de la Commission Synodale Régionale de l'É.É.C. et les membres de la Commission Exécutive de la Conférence des Missionnaires après la réunion du 20 au 25 septembre 1956.
- Rapport de la Commission Synodale du 28 janvier 1925. - Rapport officiel, 5ème Assemblée, Lomé, 1987.
- Rapport du secrétaire général de la C.É.T.A., in Engagement, Rapport officiel de la 2ème Assemblée Générale de la C.E.T.A à Abidjan du 1er au 12 septembre 1969.
- Exposés présentés par Charles Bonzon, à l'Assemblée Générale de la S.M.É.P. les 13 et 14 décembre 1961.
d) Journaux
- CEVAA Infos, n°20, juillet 1995.
- Dikalo n° spécial, 1945
- Flambeaux. Revue bimestrielle destinée aux pasteurs, n° 32, septembre-octobre 1958.
- J.M.É., septembre 1961.
- J.M.É., janvier 1965.
- J.M.É., août-septembre 1966.
- J.M.É., octobre 1967
127
- J.M.É., août-septembre 1971.
- J.M.É., octobre, novembre et décembre 1971
- J.M.É., 1975.
- Journal Officiel du 4 avril 1951.
- L'Appel n°1, octobre-novembre 1987.
- L'Appel n°2, janvier-février 1988.
- L'Appel n°4, juillet-septembre 1988
- L'Appel n°9-10, janvier-février 1989 et janvier-avril 1990.
- L'Appel n°12, août-septembre 1990.
- L'Appel n°14, janvier-avril 1991.
- L'Appel n°17, octobre-décembre 1992
- L'Appel n°19, avril-juin 1992.
- L'Appel n°22, novembre-décembre 1992.
- L'Appel n°29, mai-juin 1994.
- L'Appel n°31-32, janvier 1995
- L'Appel n°33, mars 1995.
- L'Appel n°35, mai 1995.
- L'Appel n°36, juin-juillet 1995.
- L'Appel n°38, août 1995.
- L'Appel n°2, avril 1996.
- L'Appel n° Spécial, juillet 1996.
- L'Appel n°8, janvier-février 1997
- L'Appel, n° Spécial, 43è Synode Général, 1999.
- L'Appel n°4, juillet-août 2000.
- L'Appel Spécial, n°15, avril-mai 2003
- L'Appel n°25, mai-juillet 2006.
128
- L'Appel n°26-27, mars-août 2007.
- L'Appel n°29, juillet-décembre 2007.
- L'Appel, n°028, avril-juin 2007.
- L'Appel, n°26-27, mars 2007.
- L'Appel n° 31, mars 2009.
- Le christianisme au XXè siècle, n°422, 31 octobre-novembre 1993.
- Le Monde non Chrétien, ancienne série, n°6, décembre, 1934.
- Mission, mensuel Protestant de Mission et de Relations Internationales, n°67, 15
janvier 1995.
- Protestants Atlantique, mai 1970.
- Questions Internationales n°29, janvier-février 2008.
- Semaine Camerounaise n°43.
- Semaine Camerounaise, 1er Octobre 1963.
- Semaine Camerounaise n° 57 du 8 janvier 1964.
- Semaine Camerounaise, n°98 du 25 décembre 1965.
- Voie Nouvelle, S.M.É.P.
- "Unis en Mission" n°1, juin 1993.
e) Sources numériques
- www.eeccameroun.org consulté le 14 novembre 2014.
- www.cevaa.org Consulté le 26 janvier 2015.
- "État Rhénanie Nord-Westphalie" ® Encarta ® 2009. Microsoft Corporation 2009.
- fr.wikipédia.org./wiki/COE. - fr.wikipédia.org/wiki/COE. - fr.wikipédia.org/wiki/CETA. - fr.wikipédia.org/wiki/ERPB.
129
f) Sources orales
Noms et prénoms |
Age |
Sexe |
Fonction |
Date et lieu de l'interview |
Elouti Emmanuel |
66 ans |
Masculin |
Pasteur |
13 juin 2014 à Yaoundé |
Kamta Isaac |
62 ans |
Masculin |
Pasteur |
12 mai 2015 à Yaoundé |
Kenmogne Abestine |
40 ans |
Féminin |
Pasteur |
11 mai 2015 à Yaoundé |
Leintu Guy |
50 ans |
Masculin |
Pasteur |
21 mai 2015 à Yaoundé |
Manyaka Valery |
54 ans |
Masculin |
Pasteur |
18 mai 2015 à Yaoundé |
Mbatzin Henri |
56 ans |
Masculin |
Pasteur |
11 avril 2015 à Yaoundé |
Ngapet Michel |
66 ans |
Masculin |
Pasteur |
26 décembre 2014 à Bapi |
Njiké Charles E. |
88 ans |
Masculin |
Président Honoraire É.É.C. |
28 novembre 2014 à Douala |
Njoume Ebene Bruno |
60 ans |
Masculin |
Pasteur |
23 mars 2015 à Yaoundé |
Nono David |
75 ans |
Masculin |
Ancien d'Église |
22 décembre 2014 à Bangwa |
Nono Kepatou |
67 ans |
Masculin |
Pasteur |
24 mars 2015 à Douala |
Priso Moungolè Richard |
62 ans |
Masculin |
Pasteur/Vice- Président de |
27 mai 2015 à Yaoundé |
130
g) Thèses et mémoires
- Tchuindjang, E., « Les expressions oecuméniques d'une jeune Église du tiers-monde : l'Église Évangélique du Cameroun 1957-1997, une vitalité pluridimensionnelle ? », Thèse de Doctorat en Théologie, Yaoundé, F.T.P.Y., 2000.
- Kamta, I., « Renaissance de l'Afrique et Évangile, l'héritage de Joseph Merrick et de la chrétientéé Afro-jamaïcaine dans la mission sociale et politique de l'Église au Cameroun (1850-1920) », Thèse de Doctorat en Théologie, F.T.P.Y., 2003.
- Kenmogne, J., « Finance et développement de l'Eglise : cas de l'Église Évangélique du Cameroun », Mémoire de Maîtrise en Théologie, F.T.P.Y., 1996.
- C. Tchapi Tchapi, La formation et l'encadrement chrétien de la jeunesse, exemple de l'Église Évangélique du Cameroun, mémoire de Licence en Théologie, F.T.P.Y., 1984.
a) Ouvrages méthodologiques
- Beaud, M., L'art de la thèse, Paris, La Découverte, 2011.
- Guidere, M., Méthodologie de la recherche, Paris Ellipses, 2004.
- Halkin, L., Initiation à la critique historique, Paris, L'Harmattan, 1980.
- Samaran, C., L'Histoire et ses méthodes, Paris, Encyclopédie de la Pléiade.
- Varel, H., La présentation matérielle d'un manuscrit dactylographié, Paris, Nathan, 1989.
b) ouvrages spécialisés
- Messina, J. P. ; Slageren J.V., Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Paris/Yaoundé, Karthala/CLÉ, 2005.
- Slageren, J.V., Les origines de l'Église Évangélique du Cameroun, missions européennes et christianisme autochtone, Yaoundé, éd. CLÉ, 1972.
c) Ouvrages généraux
- Abwa, A., Cameroun : histoire d'un nationalisme 1884-1961, Yaoundé, CLÉ, 2010.
- Allégret, É., La Mission du Cameroun, Paris, 1924.
- Anonyme, Lomé 1987, Vous serez mes témoins, Rapport officiel de 5ème Assemblée Générale de la C.É.T.A., 1988.
1901.
131
- Bauswein, J. J. ; Vischer L., International Organisations. Grandrapids, Cambridge, Wim B. Eedmans, 1999.
- Cox, F. A., History of the Baptist Missionary Society, from 1792 to 1842, London, 1842, II.
- Grob, F., Témoins Camerounais de l'Evangile, Yaoundé, CLÉ, 1967.
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- Heimlinger, P., Examen critique des «origines de l'Église Évangélique du Cameroun» de Jaap Van Slageren, renéotypé, Ribeauvillé-France, 1976.
- Johnston, H., George Grenfell and the Congo, Vol. I, London, 1908.
- Kangé Ewanè, F., Semence et moisson coloniales. Un regard d'Africain sur la colonisation, Yaoundé, éditions CLÉ, 1985.
- Ki-Zerbo, J., Histoire de l'Afrique Noire d'hier à demain, Paris, Hatier, 1972. - Lewis, Th., These Seventy Years, an Autobiography, London, 1929.
- Marcel, H., Briser les barrières, Nairobi, 1975.
- Mehl, R., Missions protestantes et décolonisation, SMÉP, Paris, 1964
- , Décolonisation et Missions Protestantes, Paris, 1964.
- , Traité de Sociologie du Protestantisme, Neuchâtel, 1965.
- Nouvelle Dehli 1961, Conseil OEcuménique des Églises, Neuchâtel (Switzerland ), Delachaux et Niestlé, 1962.
- Obenga, T., "Sources et techniques de l'histoire africaine. Aperçu général", J. Ki-Zerbo (dir.), Histoire Générale de l'Afrique, UNESCO, T1, 1980, p. 108.
- Oettli, W., Gegenwärtige Missionprobleme, Basel, 1911.
- Sainte Bible, Version Louis Second, publiée par l'Alliance Biblique Universelle (A.B.U.), 2001.
- Schaap, Y., L'histoire et le rôle de la Bible en Afrique, Dokkum, éd. Groupes missionnaires, 2000.
- Scheve, E., Die Mission der deutschen Baptisen in Kamerun, 1884-1901, Berlin,
- Modi Din, C., "É.É.C. / Unie en Mission : mariage sans nuages", L'Appel, n° spécial, 43ème Synode Général, 1999, p.27.
132
- Schlatter, W., Geschichte der Basler Mission, Basel, 1916, III.
- Studia Ethnographica Upsaliensa XXXI, Lund, 1968.
- Underhill, E. B., Alfred Saker, Missionary to Africa, a Biography, London, 1884.
d) Les articles
- Brutsch, J.R., " Les Débuts du Christianisme au Cameroun ", Études Camerounaises,
n°33-34, 1951.
- |
, " Fernando-Poo et le Cameroun ", Études Camerounaises, n°43-44, 1954. |
- Comber, I. J., "Explorations inland from Mount Cameroun", in proceedings of the Royal Geographical Society, april 1879.
- Conférence de Kampala, 1963, conférence des Églises de Toute l'Afrique Kit we (Zambie).
- E. Schule, " Im Lander der Bali ", in Evangelisches Missions-Magazin(E.M.M.), p.196.
- Engagement, la deuxième Assemblée de la C.É.T.A., « Abidjan 69 ».
- Hollemans, C. J., Quelques réflexions sur la place d'un expatrié au sein de l'Église Évangélique du Cameroun, Bonabéri-Douala, mars 1979.
- Ibadan : conférence des Églises d'Afrique, Paris, boulevard Arago, 1958.
- Kamta, I., 10 mars 1957, Comme si vous y étiez, Recueil des textes rassemblés et présentés par le Révérend Dr. Isaac Makarios Kamta, Douala, Joseph Merrick Centre, 2007, p.5.
- Kamta, I., "Réalisations héritées des Missions", in L'É.É.C., n° spécial 43è Synode Général, 1999, p.22.
- Leenhardt, M., " La conquête de la Liberté Religieuse dans les Colonies Françaises ", in Le Monde non Chrétien, ancienne série, n°6, décembre, 1934, p.26.
- Mallo, E., Questions actuelles. L'oecuménisme in " Comme les Flambeaux ". Revue bimestrielle destinée aux pasteurs, n° 32, septembre-octobre 1958.
133
- Ngando Nsangué, " L'oeuvre Baptiste du Cameroun ", 1945, Dikalo, Journal édité par la Mission Protestante Française au Cameroun, numéro spécial, 1945, pp. 87-91.
- Oeschner de Conick, E., «L'oeuvre aux Grassfields ", in J.M.É., 1935.
- Rakotoarimanana, V. " La communauté et son espérance " in J.M.É., n° 7, 8 et 9, 1974, p.7.
- Slageren, J.V., "Mémorial des premiers missionnaires néerlandais venus au Cameroun", in Église Évangélique du Cameroun, Cinquante ans d'autonomie, Félicitations de la part des Pays-Bas, 2007, pp. 2-3.
- Tiki Koum, M., "Assemblée Générale " de la V.E.M. / Unis en Mission, 2-9 juin 1996 à Bethel en Allemagne, L'Appel, n° spécial, juillet 1996, p.22.
- Vielhauer, A., " Missionanfänge in Bagam ", in E.M.M, 1914.
h) Les dictionnaires édités
- Dictionnaire Larousse 2008.
- Dictionnaire Universel, 4ème édition Hachette EDICEF, 2002.
- Encyclopédie du protestantisme, Presse Universitaire de France, 2ème édition, 2006.
- Le Nouveau petit Robert de la langue française 2009.
- Le Petit Larousse 2008.
i) Guide méthodologique
- Guide méthodologique pour la rédaction des thèses, mémoires, ouvrages et articles, Yaoundé, CEPER, 2006 (publié par le Département d'Histoire de la Faculté des Arts, Lettre et Sciences Humaines de l'Université de Yaoundé I).
ANNEXES |
I- LA NAISSANCE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN 14
135
TABLE DES MATI?RES |
SOMMAIRE i
DÉDICACE iii
REMERCIEMENTS iv
LISTE DES SIGLES, ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES v
LISTE DES ILLUSTRATIONS viii
RÉSUMÉ x
ABSTRACT xi
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
I- RAISONS DU CHOIX DU SUJET 1
II- OBJET ET INTÉRÊT DU SUJET 2
1) Objet du sujet 2
2) Intérêt du sujet 2
III- DÉFINITION DES CONCEPTS 3
IV- JUSTIFICATION DES BORNES CHRONOLOGIQUES 5
V- REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE 6
VI- CADRE SPATIO-TEMPOREL DE L'ÉTUDE 9
VII-PROBLÉMATIQUE 10
VIII- ORIENTATION MÉTHODOLOGIQUE 10
IX- DIFFICULTÉS RENCONTRÉES 11
X- PLAN DU TRAVAIL 12
CHAPITRE I : PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU
CAMEROUN 14
136
A- La période des missions 14
1) Le début du christianisme au Cameroun : la Mission 14
Baptiste de Londres (1841-1884) 14
2) L'expansion du christianisme à l'intérieur pendant la période 22
Coloniale allemande : la Mission de Bâle (1886-1915) 22
a) La Mission de Bâle contre la Native Baptist Church 23
b) Le développement de la Mission de Bâle à Douala 25
c) La pénétration de la Mission de Bâle à l'intérieur 26
d) La Mission de Bâle dans les Grassfields 27
e) La naissance de l'Église de Foumban 28
f) La fondation de la station de Bagam 28
B- La brève période d'autonomie (1915-1917) 29
C- L'engagement de la Société des Missions Évangéliques Paris (1917-1957) 29
1) L'organisation de l'oeuvre de la Société des Missions 30
Évangéliques de Paris au Cameroun 30
2) Le mouvement vers l'intérieur 32
D- L'évolution vers l'autonomie de l'Église Évangélique du Cameroun 32
1) La situation financière critique de la S.M.É.P. à partir de 1940 32
2) L'adoption de la constitution de 1949 33
3) La proclamation de l'autonomie de l'Église Évangélique du Cameroun 34
II- L'ORGANISATION DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUEDU CAMEROUN 37
A- La représentativité de l'É.É.C. 38
B- Les organes dirigeants de l'Église Évangélique du Cameroun 39
C- Les oeuvres de témoignage chrétien ou Service et partage 39
D- Les partenaires de l'Église Évangélique du Cameroun 40
CHAPITRE II : L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN AU SEIN DES
ORGANISATIONS INTER-ECCLÉSIASTIQUES INTERNATIONALES ET
CONTINENTALE (1959-2007) 42
137
OECUMÉNIQUE DES ÉGLISES (C.O.É) 42
A- Les initiatives de l'É.É.C. pour l'adhésion au Conseil OEcuménique des Églises 44
B- La vie de l'É.É.C au sein du Conseil OEcuménique des Églises 46
COMMUNAUTÉ ÉVANGÉLIQUE D'ACTION APOSTOLIQUE 48
A- Contexte historique de la création de la C.É.V.A.A 49
B- Les événements ayant abouti à la naissance de la C.É.V.A.A. 50
1) L'appel du Pasteur Jean Kotto . 50
2) La phase de sensibilisation à l'Église Évangélique du Cameroun 52
3) Les différentes consultations 53
4) Le changement de statut de la S.M.É.P. et la naissance de la C.É.V.A.A. 55
a) Projet des structures nouvelles de l'action missionnaire 55
b) Dissolution de la S.M.É.P. et création de la C.É.V.A.A. 57
C- La vie de l'É.É.C. au sein de la C.É.V.A.A. 58
1) Les responsabilités assumées par les fidèles et membres au sein de la C.É.V.A.A. 58
2) La participation de l'É.É.C. dans les champs d'action de la C.É.V.A.A. 60
III- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE DE LA 62
MISSION ÉVANGÉLIQUE UNIE (M.É.U. / V.E.M.) 62
A- Naissance et évolution de la M.É.U. 62
B- Vision, objectifs, programmes et projets de la M.É.U. 63
1) Vision de la M.É.U. 63
2) Objectifs de la M.É.U. 64
3) Les programmes de la M.É.U. et leur mise en exécution 64
C- La vie de l'É.É.C. au sein de la Mission Évangélique Unie 65
D- Les oeuvres de la M.É.U. dans l'É.É.C. 67
138
IV- LA COOPÉRATION OECUMÉNIQUE CONTINENTALE : L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN, MEMBRE CONSTITUANT DE LA
CONFÉRENCE DES ÉGLISES DE TOUTE L'AFRIQUE (C.É.T.A.) 68
A- Contexte historique de création de la C.É.T.A. 68
B- De l'idée à la création de la C.É.T.A. : la conférence préparatoire 69
d'Ibadan, 1958. 69
C- La première assemblée de la Conférence des Églises de Toute 71
l'Afrique, Kampala (Ouganda), 1963. 71
1) La base et les fonctions de la C.É.T.A. 72
2) Structures et Commissions de la C.É.T.A. 73
3) L'évolution de l'É.É.C. au sein de la C.É.T.A. 74
CHAPITRE III : LA COOPÉRATION BILATÉRALE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN AVEC LES ÉGLISES ET ORGANISATIONS
EUROPÉNNES 76
(1961-2007) 76
I- L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN ET L'ALLEMAGNE 77
A- La coopération entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique de Westphalie 77
1) Présentation de l'Église Évangélique de Westphalie 77
2) Les origines de la coopération entre l'É.É.C. et l'Église 78
Évangélique de Westphalie 78
3) Les visites alternées entre l'É.É.C. et l'Église Évangélique 78
de Westphalie et leurs retombées 78
B- L'ouverture de l'Église Évangélique du Cameroun vers la Mission de Brême :
l'aumônerie des marins 86
1) Les rapports de l'É.É.C avec la Mission Allemande aux Marins 86
2) Les services du Foyer du Marin 87
3) Le fonctionnement du foyer du Marin 88
139
C- La coopération bilatérale entre l'Église Évangélique du Cameroun et Evangelical
Zentrastelle Für Entwiecklunlgshilfe (E.Z.E.) 89
1) Origine et objectifs de l'E.Z.E. 89
2) Le fonctionnement et les retombées des relations entre L'É.É.C et l'E.Z.E. 91
3) La crise dans les relations entre l'É.É.C. et l'E.Z.E. (1992-1993) 92
L'ÉGLISE REFORMEE DES PAYS-BAS (1961-2004) 93
A- La Mission Hollandaise vers l'Afrique et le Cameroun 93
B- Les débuts des relations entre l'É.É.C. et l'Église Réformée 94
des Pays-Bas (E.R.P.B.) 94
C- Le refroidissement des relations entre l'É.É.C. et l'E.R.P.B. (1977-1987) 96
D- Participation tous azimuts de l'Église Réformée des Pays-Bas au développement de
l'É.É.C. 99
1) Le personnel hollandais à l'É.É.C. 99
2) Les contributions de l'Église Réformée de Hollande dans l'É.É.C. 100
E- Les problèmes des relations entre l'É.É.C. et l'E.R.P.B 103
RELATIONS INTERNATIONALES (1957-2007) : ÉVALUATION GÉNÉRALE 105
ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN 105
A- L'apport de l'É.É.C. au sein des organisations inter-ecclésiastiques internationales 106
1) Au sein du Conseil OEcuménique des Églises 106
2) La contribution de l'É.É.C. au sein de la C.É.V.A.A. 106
3) La participation de l'É.É.C. au sein de la M.É.U. 108
4) La contribution de l'É.É.C. à la C.É.T.A. 110
B- L'apport de l'É.É.C. à son réseau de partenaires bilatéraux 111
MARCHE DE L'ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE DU CAMEROUN 112
A-
140
Sur les plans spirituel et de la formation 112
B- Dans le domaine social 114
C- L'oeuvre matérielle et infrastructurelle 115
D- L'assistance financière 117
INTERNATIONALE 119
A- Les problèmes structurels 119
B- Les problèmes liés au fonctionnement des relations 120
CONCLUSION GÉNÉRALE 122
SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 125
ANNEXES 134
TABLE DES MATI?RES 135