CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE LA RADIO COMMUNAUTAIRE
DE KANDI.
Ce troisième chapitre évoque les conditions
d'installation d'une radio communautaire et son mode de fonctionnement dans le
contexte de la décentralisation.
1- Contexte de la radio communautaire : la
ruralité comme facteur favorable à l'émergence des radios
communautaires
Les articles 41 et 42 de la loi 97-010 du 20 Août 1997,
portant libéralisation de l'espace audiovisuel au Bénin autorise
désormais l'initiative privée de création de médias
audiovisuels. Ils disposent que les radiodiffusions sonores privées non
commerciales sont, entre autres, des radiodiffusions sonores locales et
communautaires et par vocation des radiodiffusions de proximité,
culturelles ou scolaires. Selon les dispositions de ces mêmes articles,
elles doivent être à but non lucratif, de type associatif ou
appartenir à une personne physique ou morale ayant satisfait aux
conditions prévues par la loi.
Ainsi, avec le vote de la loi sur la démonopolisation
des ondes intervenue en août 1997, une première vague de licences
d'exploitation des fréquences a été autorisée aux
opérateurs privés. La deuxième vague de fréquences
autorisées en juin 1999, a permis l'émergence dans le paysage
radiophonique, d'une dizaine de radios privées. En 2003, la
troisième vague de licences a vu l'installation de près d'une
quarantaine de radios privées. Avec, la quatrième et
dernière vague survenue en 2013, une dizaine de radios privées a
obtenu des licences.
50
Ces chiffres indiquent que dans le secteur des médias
et de la communication, le Bénin fait partie des pays de la
sous-région ouest africaine où la liberté de presse est en
nette progression. Classé 124ème sur 166, le
Bénin a fait ces vingt dernières années, des
avancées significatives en matière de pluralisme
médiatique.
Ainsi, l'engouement pour l'outil radiophonique est de plus en
plus grandissant. Cela se justifie par le fait que six (06) béninois sur
dix (10) vivent en campagne (soit 61,14%)4. Dans ce contexte
caractérisé par la ruralité, où
l'analphabétisme est dominant et les moyens d'information en langues
nationales rares. La radio de proximité s'est
révélée très utile et très importante face
aux services de la Télévision ou de la Radiodiffusion Nationale
et de la presse écrite qui n'ont longtemps pas pu atteindre les
régions rurales. Elle se heurte à des difficultés de
distribution et de langue.
1-1- Le contexte législatif
Le Bénin est devenu pays pionnier en matière de
libéralisation des ondes avec un cadre législatif relativement
clair et organisé. Les fondements juridiques de la libéralisation
des ondes se trouvent tout d'abord, dans la Constitution du 11 décembre
1990 qui consacre la liberté de la presse et met sur pied l'instance de
régulation chargée d'en assurer la protection : la Haute
Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC) ; il y a la loi
relative à l'instance de régulation de 1992 (loi organique 92-021
du 21 août 1992) relative à la Haute Autorité de
l'Audiovisuel et de la Communication ; et puis , on assiste à
l'installation des membres de la HAAC dans leurs fonctions. Finalement, il est
question de la loi du 20 août 1997, (loi 97-010) portant sur la
libéralisation de l'espace audiovisuel. Toutefois, la procédure
pour libéraliser le secteur durera
4 Source : Troisième Recensement
Général de la Population et de l'Habitat, 2002. Etant
donné que les résultats désagrégés du
quatrième Recensement Général de la Population et de
l'Habitat, 2014 ne sont pas encore disponibles au niveau de l'INSAE.
51
jusqu'en 1997, avec le vote de loi et la
démonopolisation effective des ondes au Bénin.
Depuis 1997, le cas du Bénin se caractérise par
une situation assez exemplaire d'une libéralisation réelle des
ondes, encadrée par une instance de régulation autonome (la HAAC)
composée de neuf (09) membres nommés par différentes
institutions comme suit : trois (03) nommés par le Président de
la République
(un communicateur, un juriste et une personnalité de la
société civile) ; trois (03) personnes nommées par le
bureau de l'Assemblée Nationale (un communicateur, un juriste et une
personnalité de la société civile) ; trois (03) personnes
nommées par les professionnels de l'Audiovisuel et de la communication
(deux journalistes professionnels dont l'un de l'audiovisuel et l'autre de la
presse écrite et, un technicien des
télécommunications).
En 2013, une dizaine de radios privées ont obtenue de
nouvelles fréquences suite à l'appel à candidature
lancé par la HAAC5. Le tissu radiophonique s'est donc
élargi. En ce qui concerne les 36 radios non commerciales, les
situations sont variées. Cependant, on constate globalement une grande
vulnérabilité économique et technique, une
dépendance très forte de l'aide extérieure ou à une
personnalité pour le renouvellement des équipements et une
difficulté à fidéliser les personnels qualifiés.
Les niveaux d'implication des communautés bénéficiaires
sont très différents selon le mode de gestion de la station et la
sincérité de sa vocation communautaire. La structuration du
secteur relativement avancée, a été freinée par des
conflits de leadership. Les succès sont à chaque fois liés
au moins à l'un des trois facteurs suivants : la qualité du ou de
la chef de station, le niveau d'appropriation de la station par la
communauté et /ou la présence d'une élite locale
déterminée et impliquée ou encore l'accompagnement par un
projet sur une durée donnée.
5 Loi n° 13-08/HAAC/14/02/2013
52
1-2- Les contraintes de la radio
communautaire
Bien que la radio communautaire soit une forme de radio de
service public, elle a une approche différente des radios classiques.
Son objectif principal est de faire du public son principal partenaire, en
l'impliquant dans tous les aspects de la gestion et de la réalisation de
programmes. Elle lui propose des émissions qui contribuent au
développement et au progrès social de la communauté. Une
conception qui est particulière de l'information, du divertissement et
de l'éducation. A la différence des médias traditionnels,
l'information dans une radio communautaire n'est pas traitée comme un
fait isolé ou un événement unique : elle est plutôt
partie intégrante d'un processus continu et en devenir, qui sert de
terreau au changement et au développement de la communauté.
Dans ce sens, la radio communautaire de Kandi FM est l'une des
radios située dans le Nord Bénin, plus précisément
dans la Commune de Kandi qui couvre un espace auditif de 100 Kilomètres
de diamètre. Par rapport à la situation de la radio communautaire
au Bénin en relation avec le cadre législatif et toutes les
radios d'ailleurs, les ondes ou les fréquences d'émissions font
partie du domaine public. Par conséquent, ce sont les gouvernements qui
sont chargés de réguler leur utilisation et de les attribuer dans
un souci d'intérêt public, d'équité et de
transparence conformément aux directives des conférences de
planification administrative de l'UIT. Les politiques nationales
générales des médias doivent respecter les mêmes
règles. Mais, ce n'est pas toujours le cas dans les pratiques. La
législation nationale qui régit les radios communautaires est
très incohérente. Les radios communautaires ont du mal à
évoluer parce que la législation est soit, insuffisante quant aux
outils principaux d'exercice de la profession, soit incohérente. D'une
part, les radios communautaires jouent naturellement leur rôle en
fournissant des informations nécessaires à la satisfaction des
besoins et des intérêts du large éventail ethnique,
culturel et linguistique qui existe dans la plupart des communes et du pays.
D'autre part, les gouvernements ont peur que
53
la liberté d'expression des ethnies et des groupes
linguistiques n'ébranle l'unité nationale.
La liberté affirmée par les textes fondamentaux
de la République est éprouvée par les insuffisances
caractérielles de ceux qui la réalisent. Les causes de cette
situation résident pour une part importante dans l'encadrement
légal de la presse Béninoise. Mais, il faut noter que la Haute
Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC) essaie de
corriger l'insuffisance de formation à la base des animateurs
grâce à l'aide que l'Etat attribue à la presse et son
rôle de régulateur des dérives. La FERCAB
(Fédération des Radios Communautaires et Affilié du
Bénin) et l'URCAB (Union des Radios Communautaires du Bénin) au
sein desquelles se regroupent les radios, organisent aussi des formations en
appui aux radios communautaires et défendent également leurs
conditions et leurs intérêts afin qu'elles s'améliorent. La
liberté de presse est reconnue et garantie par l'Etat. Elle est
protégée par la HAAC dans les conditions fixées par une
loi organique qui permet à cette institution de veiller au respect de la
déontologie en matière d'information et à l'accès
équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux
moyens officiels d'information et de communication.
La radio communautaire respecte à la lettre cette loi
et travaille en étroite liaison avec la HAAC qui reçoit ses
grilles de programmes au fur et à mesure qu'elle change et à qui
elle paie des redevances. La loi organique n° 92-021 du 21 août 1992
relative à la HAAC qui stipule que toute personne a droit à
l'information. Et que nul ne peut être empêché, ni interdit
d'accès, ni inquiété de quelque façon. Que ce soit
dans l'exercice régulier de sa mission aurait pu être un bon outil
pour l'animateur dans son milieu pour la recherche de l'information
nécessaire à son auditoire. Mais, cette loi ne définit ni
ne détermine ses sources ; ce qui limite l'animateur de la radio dans
son élan.
54
2- Statut de la radio Kandi FM
Selon la typologie des médias que proposent les textes
de la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC),
l'agenda de la presse et de la communication, l'Union des Journalistes de la
Presse Privée du Bénin (UJPB), les prospectus de l'Office de
Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB) sur les
radios et ceux de l'Institut Kilimandjaro, on distingue en République du
Bénin, les organes de service public, la presse privée, la presse
institutionnelle et la presse internationale.
La radio Kandi FM fait partie de la presse privée et
conformément à la loi n° 97010 précitée, des
radiodiffusions sonores privées non commerciales. Cette
dénomination de la HAAC regroupe des chaînes privées de
radiodiffusion d'horizon et d'origine divers comprenant aussi bien des radios
à vocation religieuse que des radios de proximité. Il convient
donc de préciser que la radio Kandi FM est considérée
à juste titre comme une radio communautaire tant du point de vue de sa
structure que de son fonctionnement.
Indépendamment du propriétaire légal, les
politiques, la gestion et la programmation de la station de radio
relèvent de la responsabilité de la communauté si celle-ci
entend en faire une véritable radio communautaire.
Généralement, un conseil communautaire ou un conseil
d'administration représentatif de la communauté est chargé
de définir la politique générale, tandis que
l'administration quotidienne et les décisions opérationnelles
sont laissées à l'appréciation du directeur de la radio
choisi par la communauté (voir en annexe 2 photo1 et 2 de la station vue
de face et de profil).
2-1- Structure administrative
L'organisation administrative de la radio comprend le Conseil
d'Administration (CA), organe de gestion, le Bureau de session et le service de
la radio, organe exécutif qui assure les prestations du groupe de
presse. Le conseil
55
d'administration est composé de dix-neuf (19) membres
(voir en annexe3) élus par l'Assemblée Générale
(AG) pour un mandat de trois (03) ans renouvelable. Il siège une fois
tous les trois (03) mois en session ordinaire mais il peut avoir de session
extraordinaire. Le CA reçoit les rapports de son bureau qui veille en
permanence à la bonne observance des dispositions statutaires et au
respect de la ligne éditoriale de la radio.
Pour faciliter son fonctionnement, le Conseil d'Administration
donne mandat au comité de gestion composé de trois (03) membres
CA (le Président et/ou le Vice-Président, le Secrétaire
administratif et le Trésorier Général) et le Directeur.
C'est ce comité qui doit désormais assurer la gestion de la radio
à travers son Directeur.
Le service de la radio est composé du directeur de la
station, du chargé des programmes, du rédacteur en chef, du
chargé des relations publiques, de deux (02) techniciens et des
animateurs. A l'exception du directeur de la station et les agents permanents,
les autres sont des collaborateurs extérieurs, les stagiaires et les
correspondants locaux. Au rang des animateurs on distingue les collaborateurs
extérieurs (recrutés sur la base du bénévolat), les
personnes ressources volontaires participant à l'exécution des
programmes (voir en annexe 4).
2-2- Fonctionnement de la radio Kandi FM
En ce qui concerne la gestion, la radio communautaire est par
principe gérée par les membres de la communauté qui en
assurent le contrôle général. Il est évident que
l'ensemble de la communauté ne peut pas s'impliquer en permanence. Par
conséquent, elle a besoin d'une sorte de structure de direction qui
représente les différentes composantes de la communauté.
Généralement, on crée un comité chargé
d'assumer ce rôle. Quelle que soit l'appellation de cette structure, ses
membres doivent être conscients du fait qu'ils sont responsables devant
la communauté dans son ensemble et devant chaque composante de cette
56
communauté qu'ils représentent. Leurs
décisions concernant le fonctionnement et la programmation doivent
être démocratiques et transparentes (UNESCO, 2001).
Au plan pratique, la gestion opérationnelle de ces
radios relève de directeurs recrutés généralement
au sein de la communauté mais sans les qualifications de base requises
pour la mission qui leur est confiée. En effet, les directeurs des
radios pour la plupart, ont une formation universitaire dans un domaine
général et une expérience en journalisme variant d'un
acteur à un autre (INSTITUT KILIMANDJARO, 2012).
Il faut souligner que, depuis son installation la radio a
connu quatre (04) directeurs à savoir : BONKANO Aboubacar, SINAYERO
Aboubacar, MIDOU Yaya et GUININ ASSO Inoussa. Parmi ces directeurs, seuls
BONKANO Aboubacar et GUININ ASSO Inoussa étaient titulaires
respectivement d'une maîtrise en Allemand et en Géographie, et
d'une expérience professionnelle en communication. Quant à
SINAYERO Aboubacar, il avait un DUELII en Sociologie-Anthropologie et MIDOU
Yaya le baccalauréat plus deux (02) ans en lettres modernes.
2-3- Sources de financement
Parmi les sources de financement de la radio Kandi FM figurent
la redevance acquittée par les auditeurs, les versements de
particuliers, les contributions des organisations ou des autorités
locales, et les recettes pour les annonces personnelles. Conformément
à la Charte de l'Association Mondiale des Radiodiffuseurs Communautaires
(AMARC), certaines lois stipulent qu'aucune source de revenus ne devrait
contribuer à plus de 50% des recettes d'une radio. Le financement par
les partis politiques ou par d'autres groupes d'intérêt
particuliers est expressément interdit dans certaines
législations.
57
Au Bénin, selon la convention relative aux licences
d'exploitation signée entre la HAAC et les promoteurs de
radiodiffusions, les bénéfices provenant des publicités
dans les radios non commerciales ne doivent pas dépasser 20% de leur
budget de fonctionnement (Wilfrid et François, 2013 :40). Mais, la
réalité est tout autre au niveau de la radio Kandi FM. En effet,
les ressources financières de la radio devraient provenir des
cotisations de la population selon la convention signée entre le
promoteur et la HAAC. Certes, ces cotisations ne sont pas
régulières parce que la population estime que c'est le devoir des
« trois acteurs » : la mairie, l'Association de Développement
de Kandi, et l'Union des producteurs de coton. Or, cette population participe
déjà à des cotisations au niveau de ces deux
dernières structures.
La radio Kandi FM finance ses activités sur fonds
propres et sur les dons. Elle tire ses recettes des prestations qu'elle propose
à ses usagers. Ces prestations concernent les annonces et
publicités, les disques demandés, les reportages et les contrats
d'émissions diffusées sur ses antennes par les Organisations Non
Gouvernementales et des groupes religieux. La grille des prestations se
présente comme suit (voir grille tarifaire en annexe 5).
La radio Kandi FM n'est pas subventionnée par l'Etat.
Même l'Union Sous-Préfectorale des Producteurs qui peut
revendiquer la paternité du média ne dispose pas d'un budget
alloué au fonctionnement de la radio. A titre illustratif, la Radio
Kandi FM ne disposait d'aucun véhicule de fonction. Cependant, elle
bénéficie des dons sporadiques provenant des
mécènes ou d'organisations de la société civile. Il
est à noter aussi que dans le cadre de la coopération
décentralisée, la radio a bénéficié de dons
en matériels.
Au niveau des organismes d'appui au secteur de la
communication au Bénin, le Bureau de la Coopération Suisse au
Bénin à travers le Programme d'Appui Suisse à la
Communication Communautaire (ASCCom) est l'un des partenaires
58
privilégiés en radio de proximité. En
effet, l'ASCCom a assuré le renforcement des capacités techniques
en journalisme et management des différents directeurs qui se sont
succédé au niveau de la radio Kandi/FM. De même, elle a
équipé la station de matériels tels que : le groupe
électrogène, d'ordinateur. Elle contribue chaque année
à la réfection du bâtiment de la radio. Par ailleurs,
l'ASCCom a contribué à la réalisation d'études
d'auditoire des onze (11) radios qu'elle appuie au Bénin.
2-4- Personnel de la radio Kandi FM
Le personnel représente le visage humain de la radio.
La présentation du personnel renseigne bien sur le respect du profil
recherché et rassure sur la qualité des prestations du
média.
Les agents permanents travaillent moyennant un salaire
mensuel. La radio Kandi FM emploie onze (11) agents permanents dont trois (03)
femmes assumant les rôles d'animatrices d'émissions, de relations
publiques/ de technicienne et de secrétaire comptable. Sur les huit (08)
agents masculins, deux (02) jouent le rôle de techniciens tandis que les
six (06) animent plusieurs rubriques. En moyenne, un animateur de la radio
Kandi FM a, à sa charge cinq (05) émissions qu'il anime dans sa
langue de compétence. On dénombre un (01) animateur en
français et quatre (04) animateurs en langues locales.
Cette équipe du service de la radio est d'un niveau
d'instruction relativement moyen. Le directeur de la station est titulaire d'un
DESS en gouvernance et démocratie / Gestion des projets ; huit (08)
agents ont un niveau d'études secondaire (CEP et plus) tandis que deux
(02) agents n'ont pas dépassé le primaire. En dehors du
directeur, aucun de ces agents n'avait reçu une formation initiale en
journalisme radio. Mais, ils ont acquis progressivement de la compétence
grâce aux stages de formation organisés
régulièrement à leur intention.
59
La population apprécie d'ailleurs positivement les
émissions réalisées qui sont, pour la plupart
diffusées en langues locales. La liste exhaustive décrivant le
profil de chaque animateur est présentée en annexe 6.
En règle générale, la programmation et
les contenus des émissions de la radio Kandi FM concordent moyennement
avec les occupations et préoccupations des auditeurs. En effet, 57,4%
des auditeurs se déclarent satisfaits de la planification et 50,92% des
contenus mais respectivement 35,93% et 25,93% se déclarent satisfaits
dans certains cas ce qui élève le taux relatif de satisfaction de
85 à 90% (Institut Kilimandjaro, 2012 :81).
2-5- Profils des collaborateurs
extérieurs
Les collaborateurs extérieurs ne sont pas des agents
à proprement parler de la radio puisque leur contribution repose sur le
principe du bénévolat. Mais, leur participation est non moins
importante dans la mesure où il s'agit de personnes compétentes
dans les domaines où elles sont régulièrement
sollicitées.
La radio Kandi FM emploie au total sept (07) collaborateurs
extérieurs qui sont tous de sexe masculin. Il ne s'agit pas de
professionnels de média mais ils possèdent chacun une
expérience en communication dans les métiers qu'ils exercent.
Leur contribution est un véritable apport qualitatif dans la mesure
où leur niveau d'études est relativement élevé
allant du niveau CEP et plus. En moyenne, un collaborateur extérieur de
la radio Kandi FM a, à sa charge, une
(1) émission qu'il anime dans sa langue de
compétence. On dénombre deux
(2) collaborateurs extérieurs en français et cinq
(05) en langues locales.
Parlant des correspondants locaux, il s'agit pour la plupart
des personnes choisies démocratiquement par la communauté et qui
sont engagées pour un travail de bénévolat contribuant
ainsi au développement du milieu d'origine. Il constitue en quelque
sorte des relais entre la radio et la localité de provenance des
auditeurs. On dénombre au moins un (01) correspondant local par
60
arrondissement sur les dix (10) que compte la commune de
Kandi. Ils ont un niveau d'instruction relativement moyen, le CEP ou le BEPC.
Ils ont essentiellement deux (02) missions à savoir : la collecte des
prestations sollicitées par les auditeurs de leur localité et
enfin l'envoi d'informations à la station (voir en annexe 7).
2-6- Programme d'activités de la radio Kandi
FM
La radio Kandi FM émet tous les jours de la semaine. Du
lundi au vendredi, elle ouvre les antennes à partir de 06 heures 00 et
suspend les émissions à 12 heures 00. Les émissions
reprennent leur cours à 17 heures 00 pour s'achever à 23 heures
00.
Les samedis et dimanche, l'ouverture d'antenne débute
à 07 heures 00 et s'achève à 12 heures 00 en
matinée. La diffusion reprend à 17 heures 00 l'après-midi
jusqu'à 24 heures. La masse horaire hebdomadaire de diffusion est de
5.040 minutes.
La grille des programmes est susceptible de modification dans
le temps. Cependant, les réaménagements de la grille n'affectent
pas les émissions principales qui sont permanentes depuis 2010. La
grille complète des émissions est présentée en
annexe14.
En parcourant cette grille des programmes, on constate que les
émissions sont diffusées dans huit (08) langues dont les temps
d'antenne respectifs indiquent les principaux groupes socioculturels
ciblés par le média.
61
Tableau 3 : Répartition des temps
d'antenne en fonction des différentes langues.
LANGUES DE DIFFUSION
|
TEMPS D'ANTENNE HEBDOMADAIRES EN MINUTE
|
POURCENTAGE
|
Français6
|
1445
|
39,1069
|
Dendi
|
610
|
16,5087
|
Bariba
|
540
|
14,6143
|
Mokolé
|
485
|
13,1258
|
Peulh
|
390
|
10,5548
|
Boo
|
120
|
3,2476
|
Yoruba
|
60
|
1,6238
|
Fon
|
45
|
1,2178
|
TOTAL
|
3695
|
100
|
Source : Enquête de terrain.
La répartition des temps d'antenne selon les
différentes langues locales montre que les groupes socioculturels Dendi,
Bariba, Mokolé et Peulh constituent les principaux groupes cibles du
média puisque ces langues à elles seules, monopolisent 54,80% du
temps de communication. Les trois (03) autres langues (Boo, Yoruba et Fon),
paraissent marginales puisqu'elles occupent moins de 7% du temps d'antenne
hebdomadaire.
2-7- Genèse de la radio Kandi FM
La mise en place en République du Bénin d'un
environnement institutionnel favorable à l'expression libre de l'opinion
sous quelque forme que ce soit au sortir des années quatre-vingt-dix,
marque un nouveau départ de la presse. « Tout journal ou
écrit périodique peut être publié, sans autorisation
préalable ni dépôt de cautionnement, après
déclaration prescrite par l'article 5 de la présente
6 S'il semble, à première vue paradoxale
pour un média de proximité que le français occupe plus
l'antenne que chaque langue locale, cela s'explique par la grande part
d'antenne dont bénéficie le « journal parlé »
(510 minutes par semaine. Soit 35,29% du temps d'antenne des émissions
en français).
62
loi ».7 Ajoutée à cette
disposition juridique, la loi n° 97-010 du 20 août 1997 portant
libéralisation de l'espace audiovisuel qui autorise désormais
l'initiative privée de création de médias audiovisuels. Ce
nouvel environnement politico-juridique voit éclore une floraison de
groupes de presse.
2-7-1- Une gouvernance locale politisée de la
radio : l'installation du Conseil d'Administration (CA) sur fond de tension
politique
L'idée de la création d'une radio communautaire
remontait à l'ère de la période démocratique. Bien
qu'existant sur papier depuis les années 90, la radio FM de Kandi n'a
démarré ses émissions en 2004 que grâce à
l'apport financier tripartite de l'Union Communale des Producteurs (UCP), de la
Coopération Villefranche-Sur-Saône et de la Mairie.
Initiée par l'Association de développement
IRIBONSE qui en est la promotrice depuis plus d'une décennie, la radio
FM de Kandi n'a démarré effectivement que le 24 janvier 2004, un
an environ après les élections communales et municipales.
Ainsi, la radio a toujours fonctionné sous
l'autorité directe de la Mairie, qui a procédé au
recrutement du personnel de la radio, tordant, de ce fait, le cou à la
procédure normale, situation qui a d'ailleurs été
dénoncée par la communauté muselée. Pour se
rattraper, la Mairie a enclenché le samedi 25 septembre 2004, le
processus d'installation de son Conseil d'Administration avec la
désignation théâtralisée des représentants
des `'différentes couches socioprofessionnelles» devant
siéger au sein dudit Conseil. Juste la semaine qui a suivi ces
différentes désignations, et au moment où les
représentants devaient se retrouver pour leur installation et choisir
les membres du tout nouveau bureau, une délégation de la HAAC,
conduite par le Président, Feu Ali ZATO, fit une descente dans le
7 Loi n° 60-12 du 30 Juin 1960 sur la
liberté de la presse. Cette loi mise en veilleuse pendant le
régime du parti unique a été réactivée suite
au retour en régime démocratique en 1990.
63
département de l'Alibori. Suite à la
séance de travail qu'elle a eue avec le Conseil communal de Kandi, la
procédure d'installation déclenchée a été
qualifiée de biaisée et a connu une suspension nette par la HAAC
(le journal L'Alibori, 2004).
Après le rendez-vous manqué du 11 novembre 2004
où le Conseil d'Administration de la radio communautaire, FM/Kandi
devrait être installé, la HAAC a fixé un nouveau
délai après lequel, si le Conseil n'était pas
installé, la radio serait mise sous scellée.
C'est ainsi que le samedi 11 décembre 2004, le Conseil
a été finalement installé à l'issue d'une
assemblée générale qui a eu lieu à la maison des
jeunes et de la Culture de Kandi. Cette AG a mobilisé près de 150
personnes dont 120 représentants des arrondissements, soit 12 par
arrondissement. Le Maire de la commune, ses adjoints et la plupart des membres
du Conseil communal étaient aussi de la partie. Après la
cérémonie d'ouverture présidée par le Maire
Alassane Séidou, un présidium de trois (03) membres a
été mis sur pied pour diriger les travaux. Il fallait alors
amender et adopter les textes fondamentaux de la radio puis élire les
membres du conseil d'administration. La première partie des travaux a
été ébauchée ; les textes n'ont pas pu être
adoptés avant que la passion des élections ne prenne très
tôt, le pas sur leur étude. C'est l'article 23 des statuts qui a
ouvert le bal des débats qui ont duré plusieurs heures ; cet
article est relatif à la composition du Conseil d'Administration. Selon
l'article, le CA de la radio FM Kandi doit comporter 13 membres dont trois
désignés par les organisations paysannes, un (1) par la mairie et
un (1) par l'Association de Développement, promotrice de la radio. Les
huit (08) autres membres restants devant être élus parmi les
représentants des arrondissements. L'élection de ces derniers a
posé assez de problèmes. L'assemblée
générale a finalement décidé que les
arrondissements se retrouvent selon les zones ethniques pour désigner
leurs représentants. Le choix a été très facile du
côté des Mokollé et des Bariba
64
venus des arrondissements ruraux. Cependant, chez les
représentants des arrondissements du centre, il a été
très compliqué, âprement discuté ; avant d'aboutir
à un consensus. Les (08) huit désignés se sont joints aux
cinq autres pour former à huis clos le bureau du Conseil. A la fin du
processus, c'est GUETIDO Amadou qui a été élu
président du premier Conseil d'Administration de la radio et
Yérima Patrick, le secrétaire administratif ; Orou Goh Issifou, a
été élu trésorier général. Ce CA a
dirigé la radio pendant trois (03) ans. Avant son installation, la
situation était très délicate. A l'origine, il y avait un
affrontement ouvert entre les frères Séidou. L'un usant de son
titre de Président de l'Association de Développement, promotrice
de la radio FM/Kandi au nom de laquelle il part à la conquête
logique de celle-ci, et l'autre désirant installer son
hégémonie à travers la seule et même radio qu'il se
vante d'avoir installée.
Chacun voulant s'accaparer la radio, on a assisté
à des guerres de paternité ayant pour conséquences des
interruptions d'émissions radiophoniques et la baisse de recettes au
niveau de la station.
2-7-2- La recherche de résolution de conflit au
niveau de la radio Kandi FM
Le congrès des 17 et 18 décembre 2004,
organisé par l'Association de Développement Iribonsè a
servi de cadre pour réunir tous les protagonistes. Les thèmes
abordés au cours de ce congrès sont : le consensus politique ;
les affaires économiques et socioculturelles. Très tôt les
participants ont compris que la décentralisation instaurait le pouvoir
politique local, la compétition politique et qu'il fallait taire les
querelles intestines, conjuguer les efforts afin d'amorcer le
développement réel de la commune.
Par ailleurs, la radio Kandi FM a été
secouée par une crise qui a démarré en décembre
2006. Le 03 Janvier 2007 le président du Conseil d'Administration a
procédé à la fermeture unilatérale de la radio sans
donner les motifs de sa décision. Les agents ont été
violentés et les portes fermées de force. Suite à cet
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évènement malheureux. Pour la même
perspective, le samedi 20 Janvier 2007 une réunion du bureau
exécutif national de l'Association de Développement IRIBONSE a
été tenue à Kandi. Cette rencontre a permis de prendre une
importante décision : la suspension des activités du conseil
d'administration de la radio. Ainsi, un comité ad 'hoc de 11 membres a
été mis sur pied en vue de la gestion des affaires courantes de
la radio pour une période transitoire de trois semaines. Ce
comité de crise est chargé de réviser les textes
fondamentaux de la radio et de renouveler le conseil d'administration. Un
directeur intérimaire a été désigné ; le
recrutement dans le même délai par test de nouveaux agents et d'un
directeur. Le mardi 10 Avril 2007, on note une reprise timide des
émissions de la radio Kandi FM.
Depuis lors, malgré les multiples missions de la HAAC
à Kandi, et les séances de travail à l'Antenne
Régionale, la radio continue de traîner les séquelles de
cette crise. Si au début, c'était une crise de succession des
membres du Conseil d'Administration, aujourd'hui, les responsables de la radio
n'ont plus la main mise sur le personnel. Déjà, trois (03)
directeurs se sont succédé et le 13 Avril 2013, les agents sont
allés en grève. Pour maintenir le calme précaire qui
existe aujourd'hui, le Conseil d'Administration de la radio a pris des
engagements devant la délégation de la HAAC conduite par son
1er Rapporteur d'alors, le 25 juin 2013 à Kandi. Il
s'agissait entre autres : d'assumer pleinement ses responsabilités et de
donner la primauté à l'application des textes régissant la
radio.
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