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Les enjeux socio-politiques autour de la gestion de la radio communautaire de Kandi dans le contexte de la décentralisation

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par Adioh Daouda TIDJANI
Université d'Abomey-Calavi - Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) 2016
  

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CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE LA RADIO COMMUNAUTAIRE

DE KANDI.

Ce troisième chapitre évoque les conditions d'installation d'une radio communautaire et son mode de fonctionnement dans le contexte de la décentralisation.

1- Contexte de la radio communautaire : la ruralité comme facteur favorable à l'émergence des radios communautaires

Les articles 41 et 42 de la loi 97-010 du 20 Août 1997, portant libéralisation de l'espace audiovisuel au Bénin autorise désormais l'initiative privée de création de médias audiovisuels. Ils disposent que les radiodiffusions sonores privées non commerciales sont, entre autres, des radiodiffusions sonores locales et communautaires et par vocation des radiodiffusions de proximité, culturelles ou scolaires. Selon les dispositions de ces mêmes articles, elles doivent être à but non lucratif, de type associatif ou appartenir à une personne physique ou morale ayant satisfait aux conditions prévues par la loi.

Ainsi, avec le vote de la loi sur la démonopolisation des ondes intervenue en août 1997, une première vague de licences d'exploitation des fréquences a été autorisée aux opérateurs privés. La deuxième vague de fréquences autorisées en juin 1999, a permis l'émergence dans le paysage radiophonique, d'une dizaine de radios privées. En 2003, la troisième vague de licences a vu l'installation de près d'une quarantaine de radios privées. Avec, la quatrième et dernière vague survenue en 2013, une dizaine de radios privées a obtenu des licences.

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Ces chiffres indiquent que dans le secteur des médias et de la communication, le Bénin fait partie des pays de la sous-région ouest africaine où la liberté de presse est en nette progression. Classé 124ème sur 166, le Bénin a fait ces vingt dernières années, des avancées significatives en matière de pluralisme médiatique.

Ainsi, l'engouement pour l'outil radiophonique est de plus en plus grandissant. Cela se justifie par le fait que six (06) béninois sur dix (10) vivent en campagne (soit 61,14%)4. Dans ce contexte caractérisé par la ruralité, où l'analphabétisme est dominant et les moyens d'information en langues nationales rares. La radio de proximité s'est révélée très utile et très importante face aux services de la Télévision ou de la Radiodiffusion Nationale et de la presse écrite qui n'ont longtemps pas pu atteindre les régions rurales. Elle se heurte à des difficultés de distribution et de langue.

1-1- Le contexte législatif

Le Bénin est devenu pays pionnier en matière de libéralisation des ondes avec un cadre législatif relativement clair et organisé. Les fondements juridiques de la libéralisation des ondes se trouvent tout d'abord, dans la Constitution du 11 décembre 1990 qui consacre la liberté de la presse et met sur pied l'instance de régulation chargée d'en assurer la protection : la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC) ; il y a la loi relative à l'instance de régulation de 1992 (loi organique 92-021 du 21 août 1992) relative à la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication ; et puis , on assiste à l'installation des membres de la HAAC dans leurs fonctions. Finalement, il est question de la loi du 20 août 1997, (loi 97-010) portant sur la libéralisation de l'espace audiovisuel. Toutefois, la procédure pour libéraliser le secteur durera

4 Source : Troisième Recensement Général de la Population et de l'Habitat, 2002. Etant donné que les résultats désagrégés du quatrième Recensement Général de la Population et de l'Habitat, 2014 ne sont pas encore disponibles au niveau de l'INSAE.

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jusqu'en 1997, avec le vote de loi et la démonopolisation effective des ondes au Bénin.

Depuis 1997, le cas du Bénin se caractérise par une situation assez exemplaire d'une libéralisation réelle des ondes, encadrée par une instance de régulation autonome (la HAAC) composée de neuf (09) membres nommés par différentes institutions comme suit : trois (03) nommés par le Président de la République

(un communicateur, un juriste et une personnalité de la société civile) ; trois (03) personnes nommées par le bureau de l'Assemblée Nationale (un communicateur, un juriste et une personnalité de la société civile) ; trois (03) personnes nommées par les professionnels de l'Audiovisuel et de la communication (deux journalistes professionnels dont l'un de l'audiovisuel et l'autre de la presse écrite et, un technicien des télécommunications).

En 2013, une dizaine de radios privées ont obtenue de nouvelles fréquences suite à l'appel à candidature lancé par la HAAC5. Le tissu radiophonique s'est donc élargi. En ce qui concerne les 36 radios non commerciales, les situations sont variées. Cependant, on constate globalement une grande vulnérabilité économique et technique, une dépendance très forte de l'aide extérieure ou à une personnalité pour le renouvellement des équipements et une difficulté à fidéliser les personnels qualifiés. Les niveaux d'implication des communautés bénéficiaires sont très différents selon le mode de gestion de la station et la sincérité de sa vocation communautaire. La structuration du secteur relativement avancée, a été freinée par des conflits de leadership. Les succès sont à chaque fois liés au moins à l'un des trois facteurs suivants : la qualité du ou de la chef de station, le niveau d'appropriation de la station par la communauté et /ou la présence d'une élite locale déterminée et impliquée ou encore l'accompagnement par un projet sur une durée donnée.

5 Loi n° 13-08/HAAC/14/02/2013

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1-2- Les contraintes de la radio communautaire

Bien que la radio communautaire soit une forme de radio de service public, elle a une approche différente des radios classiques. Son objectif principal est de faire du public son principal partenaire, en l'impliquant dans tous les aspects de la gestion et de la réalisation de programmes. Elle lui propose des émissions qui contribuent au développement et au progrès social de la communauté. Une conception qui est particulière de l'information, du divertissement et de l'éducation. A la différence des médias traditionnels, l'information dans une radio communautaire n'est pas traitée comme un fait isolé ou un événement unique : elle est plutôt partie intégrante d'un processus continu et en devenir, qui sert de terreau au changement et au développement de la communauté.

Dans ce sens, la radio communautaire de Kandi FM est l'une des radios située dans le Nord Bénin, plus précisément dans la Commune de Kandi qui couvre un espace auditif de 100 Kilomètres de diamètre. Par rapport à la situation de la radio communautaire au Bénin en relation avec le cadre législatif et toutes les radios d'ailleurs, les ondes ou les fréquences d'émissions font partie du domaine public. Par conséquent, ce sont les gouvernements qui sont chargés de réguler leur utilisation et de les attribuer dans un souci d'intérêt public, d'équité et de transparence conformément aux directives des conférences de planification administrative de l'UIT. Les politiques nationales générales des médias doivent respecter les mêmes règles. Mais, ce n'est pas toujours le cas dans les pratiques. La législation nationale qui régit les radios communautaires est très incohérente. Les radios communautaires ont du mal à évoluer parce que la législation est soit, insuffisante quant aux outils principaux d'exercice de la profession, soit incohérente. D'une part, les radios communautaires jouent naturellement leur rôle en fournissant des informations nécessaires à la satisfaction des besoins et des intérêts du large éventail ethnique, culturel et linguistique qui existe dans la plupart des communes et du pays. D'autre part, les gouvernements ont peur que

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la liberté d'expression des ethnies et des groupes linguistiques n'ébranle l'unité nationale.

La liberté affirmée par les textes fondamentaux de la République est éprouvée par les insuffisances caractérielles de ceux qui la réalisent. Les causes de cette situation résident pour une part importante dans l'encadrement légal de la presse Béninoise. Mais, il faut noter que la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC) essaie de corriger l'insuffisance de formation à la base des animateurs grâce à l'aide que l'Etat attribue à la presse et son rôle de régulateur des dérives. La FERCAB (Fédération des Radios Communautaires et Affilié du Bénin) et l'URCAB (Union des Radios Communautaires du Bénin) au sein desquelles se regroupent les radios, organisent aussi des formations en appui aux radios communautaires et défendent également leurs conditions et leurs intérêts afin qu'elles s'améliorent. La liberté de presse est reconnue et garantie par l'Etat. Elle est protégée par la HAAC dans les conditions fixées par une loi organique qui permet à cette institution de veiller au respect de la déontologie en matière d'information et à l'accès équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels d'information et de communication.

La radio communautaire respecte à la lettre cette loi et travaille en étroite liaison avec la HAAC qui reçoit ses grilles de programmes au fur et à mesure qu'elle change et à qui elle paie des redevances. La loi organique n° 92-021 du 21 août 1992 relative à la HAAC qui stipule que toute personne a droit à l'information. Et que nul ne peut être empêché, ni interdit d'accès, ni inquiété de quelque façon. Que ce soit dans l'exercice régulier de sa mission aurait pu être un bon outil pour l'animateur dans son milieu pour la recherche de l'information nécessaire à son auditoire. Mais, cette loi ne définit ni ne détermine ses sources ; ce qui limite l'animateur de la radio dans son élan.

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2- Statut de la radio Kandi FM

Selon la typologie des médias que proposent les textes de la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC), l'agenda de la presse et de la communication, l'Union des Journalistes de la Presse Privée du Bénin (UJPB), les prospectus de l'Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB) sur les radios et ceux de l'Institut Kilimandjaro, on distingue en République du Bénin, les organes de service public, la presse privée, la presse institutionnelle et la presse internationale.

La radio Kandi FM fait partie de la presse privée et conformément à la loi n° 97010 précitée, des radiodiffusions sonores privées non commerciales. Cette dénomination de la HAAC regroupe des chaînes privées de radiodiffusion d'horizon et d'origine divers comprenant aussi bien des radios à vocation religieuse que des radios de proximité. Il convient donc de préciser que la radio Kandi FM est considérée à juste titre comme une radio communautaire tant du point de vue de sa structure que de son fonctionnement.

Indépendamment du propriétaire légal, les politiques, la gestion et la programmation de la station de radio relèvent de la responsabilité de la communauté si celle-ci entend en faire une véritable radio communautaire. Généralement, un conseil communautaire ou un conseil d'administration représentatif de la communauté est chargé de définir la politique générale, tandis que l'administration quotidienne et les décisions opérationnelles sont laissées à l'appréciation du directeur de la radio choisi par la communauté (voir en annexe 2 photo1 et 2 de la station vue de face et de profil).

2-1- Structure administrative

L'organisation administrative de la radio comprend le Conseil d'Administration (CA), organe de gestion, le Bureau de session et le service de la radio, organe exécutif qui assure les prestations du groupe de presse. Le conseil

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d'administration est composé de dix-neuf (19) membres (voir en annexe3) élus par l'Assemblée Générale (AG) pour un mandat de trois (03) ans renouvelable. Il siège une fois tous les trois (03) mois en session ordinaire mais il peut avoir de session extraordinaire. Le CA reçoit les rapports de son bureau qui veille en permanence à la bonne observance des dispositions statutaires et au respect de la ligne éditoriale de la radio.

Pour faciliter son fonctionnement, le Conseil d'Administration donne mandat au comité de gestion composé de trois (03) membres CA (le Président et/ou le Vice-Président, le Secrétaire administratif et le Trésorier Général) et le Directeur. C'est ce comité qui doit désormais assurer la gestion de la radio à travers son Directeur.

Le service de la radio est composé du directeur de la station, du chargé des programmes, du rédacteur en chef, du chargé des relations publiques, de deux (02) techniciens et des animateurs. A l'exception du directeur de la station et les agents permanents, les autres sont des collaborateurs extérieurs, les stagiaires et les correspondants locaux. Au rang des animateurs on distingue les collaborateurs extérieurs (recrutés sur la base du bénévolat), les personnes ressources volontaires participant à l'exécution des programmes (voir en annexe 4).

2-2- Fonctionnement de la radio Kandi FM

En ce qui concerne la gestion, la radio communautaire est par principe gérée par les membres de la communauté qui en assurent le contrôle général. Il est évident que l'ensemble de la communauté ne peut pas s'impliquer en permanence. Par conséquent, elle a besoin d'une sorte de structure de direction qui représente les différentes composantes de la communauté. Généralement, on crée un comité chargé d'assumer ce rôle. Quelle que soit l'appellation de cette structure, ses membres doivent être conscients du fait qu'ils sont responsables devant la communauté dans son ensemble et devant chaque composante de cette

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communauté qu'ils représentent. Leurs décisions concernant le fonctionnement et la programmation doivent être démocratiques et transparentes (UNESCO, 2001).

Au plan pratique, la gestion opérationnelle de ces radios relève de directeurs recrutés généralement au sein de la communauté mais sans les qualifications de base requises pour la mission qui leur est confiée. En effet, les directeurs des radios pour la plupart, ont une formation universitaire dans un domaine général et une expérience en journalisme variant d'un acteur à un autre (INSTITUT KILIMANDJARO, 2012).

Il faut souligner que, depuis son installation la radio a connu quatre (04) directeurs à savoir : BONKANO Aboubacar, SINAYERO Aboubacar, MIDOU Yaya et GUININ ASSO Inoussa. Parmi ces directeurs, seuls BONKANO Aboubacar et GUININ ASSO Inoussa étaient titulaires respectivement d'une maîtrise en Allemand et en Géographie, et d'une expérience professionnelle en communication. Quant à SINAYERO Aboubacar, il avait un DUELII en Sociologie-Anthropologie et MIDOU Yaya le baccalauréat plus deux (02) ans en lettres modernes.

2-3- Sources de financement

Parmi les sources de financement de la radio Kandi FM figurent la redevance acquittée par les auditeurs, les versements de particuliers, les contributions des organisations ou des autorités locales, et les recettes pour les annonces personnelles. Conformément à la Charte de l'Association Mondiale des Radiodiffuseurs Communautaires (AMARC), certaines lois stipulent qu'aucune source de revenus ne devrait contribuer à plus de 50% des recettes d'une radio. Le financement par les partis politiques ou par d'autres groupes d'intérêt particuliers est expressément interdit dans certaines législations.

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Au Bénin, selon la convention relative aux licences d'exploitation signée entre la HAAC et les promoteurs de radiodiffusions, les bénéfices provenant des publicités dans les radios non commerciales ne doivent pas dépasser 20% de leur budget de fonctionnement (Wilfrid et François, 2013 :40). Mais, la réalité est tout autre au niveau de la radio Kandi FM. En effet, les ressources financières de la radio devraient provenir des cotisations de la population selon la convention signée entre le promoteur et la HAAC. Certes, ces cotisations ne sont pas régulières parce que la population estime que c'est le devoir des « trois acteurs » : la mairie, l'Association de Développement de Kandi, et l'Union des producteurs de coton. Or, cette population participe déjà à des cotisations au niveau de ces deux dernières structures.

La radio Kandi FM finance ses activités sur fonds propres et sur les dons. Elle tire ses recettes des prestations qu'elle propose à ses usagers. Ces prestations concernent les annonces et publicités, les disques demandés, les reportages et les contrats d'émissions diffusées sur ses antennes par les Organisations Non Gouvernementales et des groupes religieux. La grille des prestations se présente comme suit (voir grille tarifaire en annexe 5).

La radio Kandi FM n'est pas subventionnée par l'Etat. Même l'Union Sous-Préfectorale des Producteurs qui peut revendiquer la paternité du média ne dispose pas d'un budget alloué au fonctionnement de la radio. A titre illustratif, la Radio Kandi FM ne disposait d'aucun véhicule de fonction. Cependant, elle bénéficie des dons sporadiques provenant des mécènes ou d'organisations de la société civile. Il est à noter aussi que dans le cadre de la coopération décentralisée, la radio a bénéficié de dons en matériels.

Au niveau des organismes d'appui au secteur de la communication au Bénin, le Bureau de la Coopération Suisse au Bénin à travers le Programme d'Appui Suisse à la Communication Communautaire (ASCCom) est l'un des partenaires

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privilégiés en radio de proximité. En effet, l'ASCCom a assuré le renforcement des capacités techniques en journalisme et management des différents directeurs qui se sont succédé au niveau de la radio Kandi/FM. De même, elle a équipé la station de matériels tels que : le groupe électrogène, d'ordinateur. Elle contribue chaque année à la réfection du bâtiment de la radio. Par ailleurs, l'ASCCom a contribué à la réalisation d'études d'auditoire des onze (11) radios qu'elle appuie au Bénin.

2-4- Personnel de la radio Kandi FM

Le personnel représente le visage humain de la radio. La présentation du personnel renseigne bien sur le respect du profil recherché et rassure sur la qualité des prestations du média.

Les agents permanents travaillent moyennant un salaire mensuel. La radio Kandi FM emploie onze (11) agents permanents dont trois (03) femmes assumant les rôles d'animatrices d'émissions, de relations publiques/ de technicienne et de secrétaire comptable. Sur les huit (08) agents masculins, deux (02) jouent le rôle de techniciens tandis que les six (06) animent plusieurs rubriques. En moyenne, un animateur de la radio Kandi FM a, à sa charge cinq (05) émissions qu'il anime dans sa langue de compétence. On dénombre un (01) animateur en français et quatre (04) animateurs en langues locales.

Cette équipe du service de la radio est d'un niveau d'instruction relativement moyen. Le directeur de la station est titulaire d'un DESS en gouvernance et démocratie / Gestion des projets ; huit (08) agents ont un niveau d'études secondaire (CEP et plus) tandis que deux (02) agents n'ont pas dépassé le primaire. En dehors du directeur, aucun de ces agents n'avait reçu une formation initiale en journalisme radio. Mais, ils ont acquis progressivement de la compétence grâce aux stages de formation organisés régulièrement à leur intention.

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La population apprécie d'ailleurs positivement les émissions réalisées qui sont, pour la plupart diffusées en langues locales. La liste exhaustive décrivant le profil de chaque animateur est présentée en annexe 6.

En règle générale, la programmation et les contenus des émissions de la radio Kandi FM concordent moyennement avec les occupations et préoccupations des auditeurs. En effet, 57,4% des auditeurs se déclarent satisfaits de la planification et 50,92% des contenus mais respectivement 35,93% et 25,93% se déclarent satisfaits dans certains cas ce qui élève le taux relatif de satisfaction de 85 à 90% (Institut Kilimandjaro, 2012 :81).

2-5- Profils des collaborateurs extérieurs

Les collaborateurs extérieurs ne sont pas des agents à proprement parler de la radio puisque leur contribution repose sur le principe du bénévolat. Mais, leur participation est non moins importante dans la mesure où il s'agit de personnes compétentes dans les domaines où elles sont régulièrement sollicitées.

La radio Kandi FM emploie au total sept (07) collaborateurs extérieurs qui sont tous de sexe masculin. Il ne s'agit pas de professionnels de média mais ils possèdent chacun une expérience en communication dans les métiers qu'ils exercent. Leur contribution est un véritable apport qualitatif dans la mesure où leur niveau d'études est relativement élevé allant du niveau CEP et plus. En moyenne, un collaborateur extérieur de la radio Kandi FM a, à sa charge, une

(1) émission qu'il anime dans sa langue de compétence. On dénombre deux

(2) collaborateurs extérieurs en français et cinq (05) en langues locales.

Parlant des correspondants locaux, il s'agit pour la plupart des personnes choisies démocratiquement par la communauté et qui sont engagées pour un travail de bénévolat contribuant ainsi au développement du milieu d'origine. Il constitue en quelque sorte des relais entre la radio et la localité de provenance des auditeurs. On dénombre au moins un (01) correspondant local par

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arrondissement sur les dix (10) que compte la commune de Kandi. Ils ont un niveau d'instruction relativement moyen, le CEP ou le BEPC. Ils ont essentiellement deux (02) missions à savoir : la collecte des prestations sollicitées par les auditeurs de leur localité et enfin l'envoi d'informations à la station (voir en annexe 7).

2-6- Programme d'activités de la radio Kandi FM

La radio Kandi FM émet tous les jours de la semaine. Du lundi au vendredi, elle ouvre les antennes à partir de 06 heures 00 et suspend les émissions à 12 heures 00. Les émissions reprennent leur cours à 17 heures 00 pour s'achever à 23 heures 00.

Les samedis et dimanche, l'ouverture d'antenne débute à 07 heures 00 et s'achève à 12 heures 00 en matinée. La diffusion reprend à 17 heures 00 l'après-midi jusqu'à 24 heures. La masse horaire hebdomadaire de diffusion est de 5.040 minutes.

La grille des programmes est susceptible de modification dans le temps. Cependant, les réaménagements de la grille n'affectent pas les émissions principales qui sont permanentes depuis 2010. La grille complète des émissions est présentée en annexe14.

En parcourant cette grille des programmes, on constate que les émissions sont diffusées dans huit (08) langues dont les temps d'antenne respectifs indiquent les principaux groupes socioculturels ciblés par le média.

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Tableau 3 : Répartition des temps d'antenne en fonction des différentes langues.

LANGUES DE DIFFUSION

TEMPS D'ANTENNE HEBDOMADAIRES EN MINUTE

POURCENTAGE

Français6

1445

39,1069

Dendi

610

16,5087

Bariba

540

14,6143

Mokolé

485

13,1258

Peulh

390

10,5548

Boo

120

3,2476

Yoruba

60

1,6238

Fon

45

1,2178

TOTAL

3695

100

Source : Enquête de terrain.

La répartition des temps d'antenne selon les différentes langues locales montre que les groupes socioculturels Dendi, Bariba, Mokolé et Peulh constituent les principaux groupes cibles du média puisque ces langues à elles seules, monopolisent 54,80% du temps de communication. Les trois (03) autres langues (Boo, Yoruba et Fon), paraissent marginales puisqu'elles occupent moins de 7% du temps d'antenne hebdomadaire.

2-7- Genèse de la radio Kandi FM

La mise en place en République du Bénin d'un environnement institutionnel favorable à l'expression libre de l'opinion sous quelque forme que ce soit au sortir des années quatre-vingt-dix, marque un nouveau départ de la presse. « Tout journal ou écrit périodique peut être publié, sans autorisation préalable ni dépôt de cautionnement, après déclaration prescrite par l'article 5 de la présente

6 S'il semble, à première vue paradoxale pour un média de proximité que le français occupe plus l'antenne que chaque langue locale, cela s'explique par la grande part d'antenne dont bénéficie le « journal parlé » (510 minutes par semaine. Soit 35,29% du temps d'antenne des émissions en français).

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loi ».7 Ajoutée à cette disposition juridique, la loi n° 97-010 du 20 août 1997 portant libéralisation de l'espace audiovisuel qui autorise désormais l'initiative privée de création de médias audiovisuels. Ce nouvel environnement politico-juridique voit éclore une floraison de groupes de presse.

2-7-1- Une gouvernance locale politisée de la radio : l'installation du Conseil d'Administration (CA) sur fond de tension politique

L'idée de la création d'une radio communautaire remontait à l'ère de la période démocratique. Bien qu'existant sur papier depuis les années 90, la radio FM de Kandi n'a démarré ses émissions en 2004 que grâce à l'apport financier tripartite de l'Union Communale des Producteurs (UCP), de la Coopération Villefranche-Sur-Saône et de la Mairie.

Initiée par l'Association de développement IRIBONSE qui en est la promotrice depuis plus d'une décennie, la radio FM de Kandi n'a démarré effectivement que le 24 janvier 2004, un an environ après les élections communales et municipales.

Ainsi, la radio a toujours fonctionné sous l'autorité directe de la Mairie, qui a procédé au recrutement du personnel de la radio, tordant, de ce fait, le cou à la procédure normale, situation qui a d'ailleurs été dénoncée par la communauté muselée. Pour se rattraper, la Mairie a enclenché le samedi 25 septembre 2004, le processus d'installation de son Conseil d'Administration avec la désignation théâtralisée des représentants des `'différentes couches socioprofessionnelles» devant siéger au sein dudit Conseil. Juste la semaine qui a suivi ces différentes désignations, et au moment où les représentants devaient se retrouver pour leur installation et choisir les membres du tout nouveau bureau, une délégation de la HAAC, conduite par le Président, Feu Ali ZATO, fit une descente dans le

7 Loi n° 60-12 du 30 Juin 1960 sur la liberté de la presse. Cette loi mise en veilleuse pendant le régime du parti unique a été réactivée suite au retour en régime démocratique en 1990.

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département de l'Alibori. Suite à la séance de travail qu'elle a eue avec le Conseil communal de Kandi, la procédure d'installation déclenchée a été qualifiée de biaisée et a connu une suspension nette par la HAAC (le journal L'Alibori, 2004).

Après le rendez-vous manqué du 11 novembre 2004 où le Conseil d'Administration de la radio communautaire, FM/Kandi devrait être installé, la HAAC a fixé un nouveau délai après lequel, si le Conseil n'était pas installé, la radio serait mise sous scellée.

C'est ainsi que le samedi 11 décembre 2004, le Conseil a été finalement installé à l'issue d'une assemblée générale qui a eu lieu à la maison des jeunes et de la Culture de Kandi. Cette AG a mobilisé près de 150 personnes dont 120 représentants des arrondissements, soit 12 par arrondissement. Le Maire de la commune, ses adjoints et la plupart des membres du Conseil communal étaient aussi de la partie. Après la cérémonie d'ouverture présidée par le Maire Alassane Séidou, un présidium de trois (03) membres a été mis sur pied pour diriger les travaux. Il fallait alors amender et adopter les textes fondamentaux de la radio puis élire les membres du conseil d'administration. La première partie des travaux a été ébauchée ; les textes n'ont pas pu être adoptés avant que la passion des élections ne prenne très tôt, le pas sur leur étude. C'est l'article 23 des statuts qui a ouvert le bal des débats qui ont duré plusieurs heures ; cet article est relatif à la composition du Conseil d'Administration. Selon l'article, le CA de la radio FM Kandi doit comporter 13 membres dont trois désignés par les organisations paysannes, un (1) par la mairie et un (1) par l'Association de Développement, promotrice de la radio. Les huit (08) autres membres restants devant être élus parmi les représentants des arrondissements. L'élection de ces derniers a posé assez de problèmes. L'assemblée générale a finalement décidé que les arrondissements se retrouvent selon les zones ethniques pour désigner leurs représentants. Le choix a été très facile du côté des Mokollé et des Bariba

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venus des arrondissements ruraux. Cependant, chez les représentants des arrondissements du centre, il a été très compliqué, âprement discuté ; avant d'aboutir à un consensus. Les (08) huit désignés se sont joints aux cinq autres pour former à huis clos le bureau du Conseil. A la fin du processus, c'est GUETIDO Amadou qui a été élu président du premier Conseil d'Administration de la radio et Yérima Patrick, le secrétaire administratif ; Orou Goh Issifou, a été élu trésorier général. Ce CA a dirigé la radio pendant trois (03) ans. Avant son installation, la situation était très délicate. A l'origine, il y avait un affrontement ouvert entre les frères Séidou. L'un usant de son titre de Président de l'Association de Développement, promotrice de la radio FM/Kandi au nom de laquelle il part à la conquête logique de celle-ci, et l'autre désirant installer son hégémonie à travers la seule et même radio qu'il se vante d'avoir installée.

Chacun voulant s'accaparer la radio, on a assisté à des guerres de paternité ayant pour conséquences des interruptions d'émissions radiophoniques et la baisse de recettes au niveau de la station.

2-7-2- La recherche de résolution de conflit au niveau de la radio Kandi FM

Le congrès des 17 et 18 décembre 2004, organisé par l'Association de Développement Iribonsè a servi de cadre pour réunir tous les protagonistes. Les thèmes abordés au cours de ce congrès sont : le consensus politique ; les affaires économiques et socioculturelles. Très tôt les participants ont compris que la décentralisation instaurait le pouvoir politique local, la compétition politique et qu'il fallait taire les querelles intestines, conjuguer les efforts afin d'amorcer le développement réel de la commune.

Par ailleurs, la radio Kandi FM a été secouée par une crise qui a démarré en décembre 2006. Le 03 Janvier 2007 le président du Conseil d'Administration a procédé à la fermeture unilatérale de la radio sans donner les motifs de sa décision. Les agents ont été violentés et les portes fermées de force. Suite à cet

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évènement malheureux. Pour la même perspective, le samedi 20 Janvier 2007 une réunion du bureau exécutif national de l'Association de Développement IRIBONSE a été tenue à Kandi. Cette rencontre a permis de prendre une importante décision : la suspension des activités du conseil d'administration de la radio. Ainsi, un comité ad 'hoc de 11 membres a été mis sur pied en vue de la gestion des affaires courantes de la radio pour une période transitoire de trois semaines. Ce comité de crise est chargé de réviser les textes fondamentaux de la radio et de renouveler le conseil d'administration. Un directeur intérimaire a été désigné ; le recrutement dans le même délai par test de nouveaux agents et d'un directeur. Le mardi 10 Avril 2007, on note une reprise timide des émissions de la radio Kandi FM.

Depuis lors, malgré les multiples missions de la HAAC à Kandi, et les séances de travail à l'Antenne Régionale, la radio continue de traîner les séquelles de cette crise. Si au début, c'était une crise de succession des membres du Conseil d'Administration, aujourd'hui, les responsables de la radio n'ont plus la main mise sur le personnel. Déjà, trois (03) directeurs se sont succédé et le 13 Avril 2013, les agents sont allés en grève. Pour maintenir le calme précaire qui existe aujourd'hui, le Conseil d'Administration de la radio a pris des engagements devant la délégation de la HAAC conduite par son 1er Rapporteur d'alors, le 25 juin 2013 à Kandi. Il s'agissait entre autres : d'assumer pleinement ses responsabilités et de donner la primauté à l'application des textes régissant la radio.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille