CHAPITRE VII :
INTERPRÉTATION DES DONNÉES
Ce chapitre porte sur l'interprétation des
données collectées et analysées de la présente
étude. Le chapitre est composé de deux (2) sections. La
première traite des facteurs qui contribuent au développement de
la culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises. La seconde
quant à elle traite des facteurs qui constituent un obstacle au
développement de l'entrepreneuriat.
Section 1 : Facteurs
contribuant au développement de la culture entrepreneuriale et de
l'entrepreneurship des jeunes de Conakry
En nous servant du paradigme des traits individuels, nous
avons pu mettre en exergue plusieurs facteurs qui contribuent au
développement de la culture entrepreneuriale et de la création
d'entreprises chez les jeunes de Conakry. Les différentes variantes du
paradigme utilisées sont : les entrepreneurs viennent
généralement de familles où un membre est ou a
été entrepreneur ; les entrepreneurs viennent de milieux qui
valorisent l'entrepreneuriat ; la carrière professionnelle, la
propension à l'autonomie et le niveau d'instruction favorisent le
passage à l'acte entrepreneurial.
Sous-section 1 :
Entrepreneur : fruit de son milieu
Un entrepreneur se forge à partir des influences de son
milieu. Aussi, un milieu qui valorise l'entrepreneuriat développe
l'envie d'entreprendre des individus qui y vivent (Fortin, 2002).
Développer la culture entrepreneuriale et in fine
l'entrepreneurship, dépend dans une large mesure des influences du
milieu. Cela est vrai dans le cas des jeunes de Conakry. Nos analyses nous ont
amené à deux (2) rôles joués par ces influences sur
le phénomène entrepreneurial.
Premièrement,les jeunes de Conakry qui sont issus de
familles d'entrepreneurs ont une culture entrepreneuriale plus
développée que les autres. Il y a 61.29% d'entre eux qui pensent
que la carrière entrepreneuriale est la meilleure qui soit, 96.77%
désirent créer une entreprise dans le futur et 88.88% pensent
pouvoir y arriver dans les cinq prochaines années.
Cette envie d'entreprendre aussi significative chez les jeunes
de Conakry s'explique par le fait qu'ils sont généralement
influencés par les entrepreneurs qui sont de leurs familles. Ils les
considèrent comme des modèles à imiter et sont
fréquemment incités à entreprendre par les encouragements
qu'ils reçoivent de leur part. C'est ainsi que 76.84% de ceux qui ont
une opinion positive de l'entrepreneuriat déclarent avoir
été encouragés par un proche.
En plus, la croyance en la possibilité de passer
à l'acte entrepreneurial en moins de cinq ans est plus significative
chez les jeunes qui viennent d'une famille d'entrepreneurs ou d'un milieu qui
encourage les jeunes à l'entrepreneuriat. Les jeunes qui pensent arriver
à cet objectif représentent 88.88% de ceux qui viennent de
familles d'entrepreneurs, 85.6% de ceux qui ont été
encouragés par leurs familles à entreprendre et 65.36% qui
pensent que l'entrepreneuriat est valorisé par leur entourage. Il
s'ensuit donc que les entrepreneurs sont créés par leur
milieu.
Deuxièmement, les jeunes créateurs d'entreprises
de Conakry venant de familles où, au moins, un membre est entrepreneur
sont les plus nombreux. De nos résultats, il ressort que 74.51% des
jeunes entrepreneurs qui viennent de ce type de famille. Aussi, nous en
déduisons qu'il existe une espèce de reproduction des statuts
sociaux (Passeron et Bourdieu, 1964) dans les familles d'entrepreneurs de
Conakry.
Ces analyses confortent deux variantes du paradigme des traits
individuels. Il s'agit de la variante qui explique que les entrepreneurs
proviennent généralement de familles où les parents ou
l'un des proches sont dans les affaires ('Gasse et D'Amours, 2000) et de celle
qui explique que le milieu immédiat influence largement la
création d'entreprises '''(Mezhoudi, 2001).
Cependant, il ne faut pas en conclure que le
phénomène entrepreneurial est génétique. La famille
et l'entourage constituent des facteurs qui prédisposent à
l'entrepreneuriat. Par conséquent, il ne faut pas les considérer
comme des conditions sine qua non à la création
d'entreprises. Siomy (2007) expliquait d'ailleurs que le fait de penser qu'il
faut appartenir à une famille ou un clan d'entrepreneurs pour devenir
entrepreneur est un mythe.
Seulement, la famille et le milieu contribuent largement au
lancement de l'entrepreneur. Ce qui explique le fait qu'il y ait plus de jeunes
entrepreneurs venant de familles d'entrepreneurs à Conakry que d'entre
ceux venant des familles dans lesquelles il n'y en a aucun.
Boutillier et Dokou (2006), expliquent également que la
famille contribue de plusieurs façons au développement de
l'entrepreneurship. Elle offre à l'entrepreneur son soutien financier,
matériel et surtout psychologique (à partir des conseils et la
participation au fonctionnement de l'entreprise). Ce soutien est un facteur
déterminant dans la création de l'entreprise. Cela se
vérifie également dans le cas des jeunes de Conakry.
Les jeunes de Conakry qui ont créé des
entreprises déclarent avoir été appuyés
financièrement par les membres de leur famille. Cet appui a
contribué à accroître les capacités de financement
de leurs projets entrepreneuriaux. Par exemple, toutes les entreprises (100%)
que des jeunes ont créées en utilisant plus de
40 000 000 GNF dans les investissements ont
bénéficié de l'aide financière d'un membre de la
famille de l'entrepreneur. La moitié (50%) de celles qui ont
utilisées entre 31 millions et 40 millions GNF a également
bénéficié de cet appui.
En outre, la conviction de pouvoir bénéficier
d'un appui financier de la part des membres de sa famille pour son projet
entrepreneurial, développe la valorisation de la carrière
entrepreneuriale et le désir d'entreprendre chez les jeunes. Ainsi,
67.39% d'entre eux valorisent la carrière entrepreneuriale et 67.79%
veulent créer leurs propres entreprises.
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