Sous-section 2 :
Stratégie d'accompagnement des créateurs d'entreprises
Les structures étatiques d'aide à la
création d'entreprises offrent aux jeunes porteurs de projet une aide
que l'on peut situer à deux niveaux. Dans un premier temps, l'aide peut
consister en un appui à la constitution de l'entreprise et ensuite, en
une orientation des jeunes entrepreneurs pour une meilleure gestion de leurs
entreprises. Le propos ci-dessous recueillisauprès de l'une de ces
structures, illustre bien le fait :
L'aide que nous apportons va dans deux sens. D'abord la
formation et la mise à disposition des fonds. Nous avons tout un
mécanisme d'accompagnement, de l'idée d'entreprise à la
matérialisation de cette idée en business plan jusqu'à la
mise à disposition des fonds, et ensuite, nous les aidons à se
constituer et à gérer l'entreprise qu'ils viennent de
créer.
La mise à disposition des fonds prend deux formes
principales. La structure peut octroyer un montant bien déterminé
à l'entrepreneur pour financer sa création ou encore aider
celui-ci à obtenir le financement d'une institution internationale. Le
première forme de mise à disposition des fonds est une aide
« pour la création des micros entreprises, des petits
projets ». Le montant peut aller « de 20 000 0000
GNF à 50 000 000 GNF ».Les institutions internationales
partenaires de ces structures offrent un financement dont la
valeur« dépend du coût global du
projet » présenté par le jeune entrepreneur.
L'accès à l'appui des structures
étatiques d'aide à la création d'entreprises dépend
en grande partie de quatre conditions. Il faut : 1) être jeune,
2) de nationalité guinéenne, 3) porteur de projet et 4) accepter
se soumettre à l'idée de se faire accompagner par une institution
de promotion d'emploi des jeunes.
La durée de l'accompagnement fourni par les structures
étatiques est flexible. De la soumission du projet par le jeune
entrepreneur à la formation de celui-ci, peuvent s'écouler trois
(3) mois. Ces trois (3) mois sont mis à profit « pour
préparer le jeune à affronter le marché de
l'entrepreneuriat »nous disait l'un de nos
interviewés. Après la mise à disposition des
fonds, la durée de l'accompagnement « dépend de la
durée du projet qui peut aller de dix-huit mois à trois ans par
exemple ».
L'appui accordé par ces structures est gratuit. Seul le
montant du financement est à rembourser et généralement
avec un intérêt dont le taux est très faible en comparaison
àceluides banques. À propos de ce montant, l'une des structures
interviewées déclare : « C'est un crédit
révolving que nous avons et non une subvention. Quand on te donne de
l'argent pour financer ton entreprise, au retour il faut que tu puisses payer
cet argent avec un taux d'intérêt qui n'est pas
considérable comme les institutions bancaires. »
L'appui des établissements financiers à la
création d'entreprises est fonction de la catégorie à
laquelle elles appartiennent. Certains financent la création et le
développement de l'entreprise, tandis que d'autres ne financent
uniquement que son développement et non sa création.
En plus de l'octroi de prêts, les établissements
financiers orientent également les porteurs de projets. Ils leur
prodiguent des conseils et les aident à structurer leurs projets.
L'aide que nous apportons aux porteurs de projets
d'entreprises, en général c'est qu'ils nous demandent de
réévaluer leurs projets, de les lire, peut-être de leur
donner des conseils, leur apporter un accompagnement financier. Ce que les
gens oublient, c'est que la banque n'est pas là pour seulement donner de
l'argent. La banque peut aussi aider un promoteur à le structurer. Elle
peut aider un promoteur en lui donnant des conseils sur le choix de ses
partenaires par exemple. Donc, nous donnons parfois des conseils, des conseils
d'ordre financiers, bref, tous types de conseils qu'on peut donner.
Le cas spécifique des institutions de microfinance
fonctionnant sur le principe des coopératives est
particulièrement intéressant. Elles offrent un éventail de
solutions à leurs membres qui souhaitent développer leurs
affaires. En plus d'octroyer une aide financière sous forme de
prêt, un appui à l'organisation et une formation à la
gestion de l'entreprise, elles font aussi un accompagnement ennature.
L'accompagnement en nature se fait de la façon
suivante. On peut recevoir des coopératives de pêche par exemple.
Quand elles viennent, ce n'est pas de l'argent qu'on leur donne. On leur
demande ce dont ils ont besoin pour faire avancer leurs activités. Il
peut s'avérer que leur besoin soit de disposer de filets de pêche,
de moteur hors-bord, de pirogues, etc. À notre tour, au lieu de leur
donner de l'argent pour acheter ces équipements, nous les achetons
nous-mêmes et les mettons à leur disposition.
Comme développé précédemment,
l'aide apportée par ces établissements ne tient pas
forcément compte de l'âge de celui qui la sollicite. Les
établissements financiers offrent des produits/services à tous
ceux qui ont l'âge requis par la loi pour disposer d'un compte bancaire.
À la seule différence que ces institutions proposent des
produits/services adaptés aux besoins des clients.
Les membres des institutions de microfinances qui fonctionnent
sur le principe des coopératives ont droit à tous lesservices
qu'elles offrent. La plupart de ceux qui adhèrent à ces
coopératives sont des femmes, des jeunes, des organisations
non-gouvernementales et parfois des entreprises. Ces institutions appuient le
développement des entreprises qui existent déjà et non
celles qui sont en phase de création.
Nous, nous assistons des ONG, des organisations, des
groupements, des sociétés ou des organismes, mais pas celles qui
sont en phase de création. Nous assistons des ONG, des organisations,
des groupements, des sociétés ou des organismes de femmes qui
existent déjà, qui n'ont pas de moyens pour se développer
ou qui sont vers la faillite. Nous venons pour leur donner un coup de main pour
qu'ils se développent et ne tombent pas ou encore pour qu'ils
élargissent leurs activités. C'est le cas particulier des
commerçants.On ne donne pas de l'argent à quelqu'un pour qu'il
commence son commerce. Non ! Mais si tu es commerçant
déjà avec un capital de cinq millions, nous on peut venir
auprès de toi pour que tu accroisses ton commerce. On augmente tes cinq
millions à dix millions, par exemple.
Les établissements financiers octroient des prêts
aux entrepreneurs en fonction de certains paramètres. Les banques
primaires ne fixent généralement pas un montant maximum pour le
prêt à accorder à un porteur de projet. Leur financement
est fonction de la vision du projet, de sa rentabilité, de son
coût et des garanties de paiement. L'accès à un prêt
important auprès d'une institution de microfinance fonctionnant sous
forme de coopérative dépend en grande partie de
l'ancienneté du membre dans la coopérative (institution de
microfinance).
Ça dépend du projet et de la
fidélité de son porteur à notre coopérative. Toi tu
as fait un an, deux ans, trois ans avec nous, tu as
bénéficié d'un prêt, de deux prêts avec nous,
on ne peut pas te donner cinq millions et donner cinq millions à
quelqu'un qui est venu hier. Nous nous partons d'abord de la confiance. Il faut
travailler avec nous, avoir notre confiance et puis encore travailler avec. Le
montant dépend du projet. C'est de 100 000 GNF au minimum
à5 000 000 GNF en fonction de la durée, de la
fidélité, en un mot,de ce que tu as avec nous.
Outre cela, celui qui souhaite avoir un prêt
auprès de la coopérative de crédit doit au
préalable avoir épargné au moins 20 à 30% du
montant qu'il souhaite emprunter.
Les conditions d'accès aux prêts sont nombreuses
et varient d'une institution financière à l'autre et de la
catégorie à laquelle elle appartient. Fondamentalement, les
banques accordent un prêt à un porteur de projet après
avoir analysé son projet. Cette analyse porte dans un premier temps sur
le projet. L'un des représentants de ces structures nous a
confié:
Les conditions d'accès à la banque ou au
financement de la banque, c'est exclusivement le respect des procédures
de la banque. Il faut avoir la maitrise de ce que l'on veut
faire parce que c'est ce qui est le plus important. Avoir de
l'expérience et la logistique dans ce qu'on veut faire, avoir les hommes
qui peuvent porter le projet, qui peuvent conduire votre affaire. Lorsqu'on a
tout ça, on regardera ce que le projet apportera. Bref c'est l'analyse
du projet qui est la pièce fondamentale. Parce que c'est un
investissement que nous voulons faire dans ton projet.Donc nous chercherons
à savoir ce que le projet nous donnera en retour en termes de
profit.
Une fois que le banquier est rassuré de la
rentabilité et de la faisabilité du projet, il procède
à une seconde analyse. Celle-ci aura pour objet, le porteur de projet.
Le banquier cherchera à se rassurer que « le promoteur a
une bonne moralité, qu'il dispose des garanties (hypothèque par
exemple) et que le secteur de financement est un secteur dans lequel la banque
a défini un quota dans son budget »,nous confiaitl'un des
interviewés.
Les taux d'intérêt et les assurances sont
d'autres paramètres que la banque prend également en
considération. Le banquier et le porteur du projet doivent s'accorder
sur un taux avantageux pour chacun. L'approche de la banque sur les taux
d'intérêt dépend de la nature du prêt
sollicité par le porteur de projet. Le taux diffère selon que le
prêt soit à court, moyen ou long terme.
La durée de l'accompagnement d'un porteur de projet
dépend des besoins spécifiques qu'il exprime. Il peut concerner
la structuration de son projet ou sa nature même.
L'échéance de remboursement du prêt dépend du rythme
de génération des flux financiers du projet. L'analyse du projet
permet au banquier de déterminer la capacité de l'entrepreneur
à rembourser le prêt àl'échéancier
convenu.
|