Comprendre le concept de conscience en classe de philosophie au lycée : approche phénoménologique.( Télécharger le fichier original )par Sylvère Gildas NGOMO École Normale Supérieure de Libreville - Master 2 2016 |
INTRODUCTION GENERALELa préoccupation principielle de la phénoménologie est le retour à la conscience, c'est d'ailleurs en cela que la conscience se veut être l'objet de la phénoménologie. Jeanne Hersch, dans le souci de mettre en lumière la célèbre formule d'Edmund Husserl, le retour aux choses mêmes, marquait déjà : « Sa devise bien connue `'Allons aux choses
mêmes!'' n'appelle nullement à un réalisme naïf. Elle
signifie qu'il est indispensable de saisir l'essence de la conscience si l'on
veut comprendre comment un `'étant quel qu'il soit devient accessible
à la conscience intentionnelle''1(*) ». Ceci pour dire que la base de toutes connaissances en phénoménologie serait la saisie de l'essence de la conscience comme donatrice de sens aux objets et au monde. Cela revient à dire que la conscience occupe une place importante en phénoménologie. Aussi, dirions-nous qu'il n'y aurait pas de phénoménologie sans la description des actes et des données de la conscience, mais qu'il n'y aurait pas non plus de compréhension profonde du concept de conscience sans impliquer ou appliquer une forme de phénoménalisation de celle-ci. Il y aurait donc une sorte de consubstantialité entre la phénoménologie et la conscience. A bien comprendre, il serait très difficile objectivement de comprendre le concept de conscience sans se référer à la phénoménologie qui en a fait son objet d'étude. De ce fait, si nous nous sommes donné pour tâche de mieux comprendre le concept de conscience, l'approche phénoménologique nous semble assez pertinente. Ceci en ce que finalement le concept de conscience est indissociable de la phénoménologie, car le concept conscience permet même de dire ce qu'est la phénoménologie. D'ailleurs, Husserl écrit ceci à propos de la définition de la phénoménologie : « Mettre au claire dans son principe la nécessité du retour à la conscience, déterminer de manière radicale et expresse le chemin et les procédures de ce retour, délimité (...) explorer (...) le champ de la subjectivité pure, voila ce que signifie la phénoménologie.2(*) » Cette citation montre clairement en quoi le concept de conscience peut nous permettre de définir la phénoménologie, et donc de comprendre la relation directe qu'il peut y avoir entre la conscience et la phénoménologie, étant donné que toute la phénoménologie n'est finalement que retour à la conscience. Tout ceci pour montrer finalement qu'il est fondamental de se fonder sur la phénoménologie afin de comprendre le concept de conscience. Car, la phénoménologie serait l'une des voies privilégiées afin de comprendre le fonctionnement de la conscience. C'est donc à juste titre que Sartre dit « La phénoménologie est une étude scientifique et non critique de la conscience3(*) ». En clair, la phénoménologie se serait donc donnée pour tâche l'analyse scientifique du concept de conscience. Il s'agit bien évidement ici de mettre en lumière la nécessité d'un retour à l'approche phénoménologique pour mieux comprendre l'essence et le sens du concept de conscience. C'est clairement dans cette logique d'idées que nous nous sommes proposé d'intituler notre travail de recherche « Comprendre le concept de conscience en classe de philosophie au lycée : Approche phénoménologique ». Le sujet, tel que formulé, se propose donc d'interroger le concept de conscience dans son logis, c'est-à-dire, sous la lueur d'une approche fondamentalement phénoménologique. Clairement énoncé, notre sujet a donc pour vocation d'aborder le concept de conscience sous l'angle de la science de la conscience. Nous sommes pour notre part convaincus de l'importance de travailler sur ce sujet, aussi, l'objectif de ce travail est double : d'une part, comprendre le concept de conscience sur une approche phénoménologique. D'autre part, procéder à une initiation à la phénoménologie en classe de philosophie au lycée. L'intérêt de l'étude ce sujet réside dans le fait de déjà ramener la compréhension du concept de conscience en phénoménologie toute en initiant les élèves de classe de philosophie au lycée à cette doctrine qu'est la phénoménologie. Le concept de conscience doit donc être ramené et compris dans sa perspective phénoménologique, étant donné que la phénoménologique fait de la conscience en philosophie une affaire sérieuse. La conscience, dans les programmes de classes de philosophie au lycée reste un concept central, cela sous-entend bien évidement que la compréhension des autres concepts dépend de la saisie de cette dernière. D'où l'intérêt de son examen et le souci de bien la comprendre. Notre travail sera construit autour de quelques questions fondamentales, auxquelles la recherche des réponses fera l'objet de notre argumentaire. De ce fait, qu'est ce que la conscience dans son acception générale ? Quel serait l'enjeu de l'étude du concept de conscience en philosophie ? Qu'est ce que la conscience dans sa perspective empiriste, métaphysique et existentialiste ? Qu'est ce que la conscience phénoménologique a proprement parlé, et en quoi elle se distinguerait des autres approches ? Dans quel sens la saisie du concept de conscience dans son acception phénoménologique, via la notion d'intersubjectivité, peut nous aider à mettre en oeuvre une éducation au vivre ensemble, afin de lutter contre la xénophobie et le tribalisme en classe de philosophie au lycée ? En vue de la recherche des réponses à toutes ces questions fondatrices, il convient d'adopter certaines stratégies et certains moyens d'investigations. Pour notre part, nous avons délibérément fait le choix de se fonder sur des lectures et la documentation pour le travail théorique, et sur les entretiens et questionnaires pour le travail pratique afin d'intégrer la dimension professionnelle à notre travail. Concernant notre cadre théorique, nous avons construit notre réflexion dans le sillage de certains auteurs tels que : Edmund Husserl, Jean Paul Sartre, Merleau-Ponty etc. Dans l'objectif de faire le point sur les concepts utilisés pour répondre à la problématique choisie, de cerner les différentes pensées des auteurs de référence, puis de confronter les différentes pistes dégagées, nous nous sommes proposé d'adopter en même temps un plan par point de vue ( consistant à présenter chaque point de vue) et un plan par aspects et critères ( consistant à la sélection des angles d'approches). De ce fait, notre argumentaire s'articulera autour de quatre grandes parties, chacune des parties comptant environ trois sous parties. La première partie s'intitulera « Approche générale, critique et enjeu de l'étude du concept de conscience en philosophie ». Dans cette partie il sera question d'une approche générale du concept de conscience, et d'élucider l'enjeu de l'étude du concept de conscience en philosophie. « Le concept de conscience selon les courants de pensée philosophiques » sera le titre de notre deuxième partie. Nous tenterons dans cette partie de mettre en lumière la perspective empiriste, métaphysique et existentialiste de la conscience. Comme troisième partie on aura le centre du travail à proprement parler : « Approche phénoménologique du concept de conscience ». Dans celle-ci nous allons naturellement mettre en exergue la vision phénoménologique du concept de conscience, tout en montrant en quoi celle-ci serait distincte des autres représentations. La quatrième partie sera intitulée « Perspective pratique : approche phénoménologique du concept de conscience comme piste de solution aux problèmes de xénophobie et du tribalisme à travers la notion d'intersubjectivité dans les classes de philosophie au lycée ». Dans cette dernière nous allons montrer comment ce travail théorique, philosophique et scientifique peut nous aider à résoudre certains problèmes pratiques d'ordre social, en l'occurrence la xénophobie et le tribalisme. * 1 HERSCH J., L'étonnement philosophique. Une histoire de la philosophie, Paris, Gallimard, 2011, p.398. * 2 HUSSERL E., Notes sur Heidegger, Paris, Les Editions de Minuit, 1993, p.94. * 3 SARTRE J.P., cité par De COOREBYTER V., SARTRE la transcendance de l'Ego et autres textes, Paris, Vrin, 2003, p.95. |
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