2. FACTEURS NEURO-BIOLOGIQUES
a. Neuroanatomie
Absentes chez de nombreux malades, on retrouve certaines
anomalies de l'encéphale qui sont aussi présentes hors de la
schizophrénie, au cours d'autres maladies mentales, ou même chez
des sujets normaux ; et on ne sait pas si elles préexistent
à la maladie ou si elles en sont la conséquence (16).
Les études neuro-anatomiques, récentes, révèlent
des anomalies de la substance grise (les corps cellulaires et des glies), et de
la substance blanche (les fibres nerveuses, axones et dendrites, permettant la
communication entre les neurones) dans le cerveau des patients
schizophrènes : déficit oligodendrocytaire, perte de
myéline (17,16 ,41).
b. Neurobiochimie
L'implication de facteurs biochimiques dans la
schizophrénie est suspectée depuis longtemps sans que leur
primaire ou secondaire n'ait pu être déterminée.
L'hypothèse dopaminergique est encore, à l'heure
actuelle, la mieux étayée. D'autres neurotransmetteurs
(sérotonine, glutamate, noradrénaline, GABA, et neuropeptides)
sont venus enrichir les données biologiques de ce trouble
(7).
La dopamine reste le coeur des hypothèses
biochimiques concernant la schizophrénie. Au niveau
cérébral, les neurones dopaminergiques issus de l'aire tegmentale
ventrale et de la substance noire se projettent vers les zones
antérieures du cerveau de façon divergente. La reconnaissance
d'un rôle central de la dopamine dans les phénomènes
psychotiques est fondée en particulier sur l'efficacité des
neuroleptiques qui sont des bloqueurs dopaminergiques, et sur les effets
observés avec les psychostimulants à action dopaminergique, qui
sont capables d'induire des symptômes psychotiques(31).Les
perturbations pourraient être plutôt la conséquence de
déséquilibre entre structures, et en particulier entre
structures corticales « cortex préfrontal » et structures
sous-corticales « noyau accumbens, striatum, amygdale »(7
,16).
Un taux plasmatique de la dopamine élevé serait
corrélé avec la symptomatologie positive et un taux plasmatique
bas lorsque la symptomatologie négative prédomine. Une
hypo-dopaminergiepré-frontale serait à l'origine d'une
hyper-dopaminérgiemésolimbique. Les expressions comportementales
des changements d'activité dopaminergique sont dus non pas à une
augmentation ou à une diminution, mais plutôt à une
modification de l `équilibre fonctionnel que les voies dopaminergiques
créent entre les structures innervées(3 ,7 ,16).
La sérotonineest apparentée par sa
formule à plusieurs psychotomimétiques (16); des
études ont retrouvé une densité diminuée du
récepteur « Rcp 5-HT2A et 5-HT2C » au niveau du cortex frontal
et d'autres études ont montrés une augmentation de cette
densité du « Rcp 5-HT2A » dans le cortex préfrontal et
temporal (31).Le système sérotoninergique interagit de
façon étroite avec le système dopaminergique et on ne peut
distinguer, au vu des données actuelles, si les perturbations
sérotoninergiques sont une cause ou une conséquence du
dysfonctionnement dopaminergique (3 ,7 ,16).
L'hypothèse d'un déséquilibre
cortico-sous-cortical mettant en jeu un hypofonctionnement
sérotoninergique préfrontal et une hyperactivité
sérotoninergique sous-corticale est mise en avant. L'effet
psychomimétique des agonistes sérotoninergiques et l'action
antipsychotique seraient en faveur d'un hyperfonctionnement
sérotoninergique sous-corticale avec la «symptomatologie positive
» (31).Les observations concernant une association entre un
taux faible de 5-HIAA dans le LCR et une atrophie corticale, ainsi qu'une
réduction de la densité des Rcp 5-HT2 et des sites de recapture
au niveau du cortex frontal, pourraient-elles être en faveur d'un
hypofonctionnement sérotoninergique préfrontal dans « les
symptômes négatifs »(3).
L'adrénaline et la noradrénaline
(NAD)dérivent elles aussi d'un acide aminé, par
hydroxylation de la dopamine, la tyrosine, qui se transforme en
dopamine, précurseur de la noradrénaline. Cette
dernière paraît être le médiateur principal de toute
la série dans le cerveau.Il existe des interactions entre les
systèmes dopaminergiques et noradrénergiques(3 ,16).
La NAD stimule la libération de dopamine via des récepteurs beta
adrénergiques. Une augmentation des taux de la NAD au niveau des
structures limbiques et dans le LCR est notée chez des patients
Schizophrènes.Cette augmentation est corrélée avec les
symptômes positifs pour certains, et avec les symptômes positifs et
négatifs pour d'autres(3).
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